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LES INCURABLES DU PAYS NANTAIS

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LES INCURABLES DU COMTÉ ET DIOCÈSE DE NANTES.

Au moment d’achever le tableau de toutes les infirmités humaines qui ont ému la compassion de nos ancêtres, je me repens d’avoir mentionné trop brièvement, une institution dont les services mériteraient un long panégyrique. J’ai d’autant plus à coeur de réparer cette injustice, que je n’en vois pas d’autre dans tout le comté nantais qui ait été aussi empressée d’aller au secours des malheureux proscrits de tous les hôpitaux modernes. Après avoir été l’objet de fondations sans nombre dans le cours du Moyen-Age, les maladies incurables et contagieuses furent tout-à-coup délaissées au XVIIème siècle et sacrifiées au profit d’autres misères plus pressantes.

En dehors du Sanitat de Nantes, où l’on admettait parfois quelques dérogations aux règlements, les idiots, les épileptiques, les galeux et les scrofuleux ne trouvaient pas de maison qui leur ouvrît ses portes. Un ecclésiastique de Nantes, du dernier siècle, nommé Gabriel Texier, eut pitié d’eux et créa un hôpital qui est devenu l’établissement de la Grande-Providence, situé rue des Orphelins. Voici ce qu’en dit l’abbé Roullier, aumônier de la communauté, dans une lettre de 1816 :

« La maison de la Providence a eu, comme tant d’autres, de faibles commencements. Elle fut fondée en 1758, sous les auspices de MM. de la Muzanchère et de Sarra, évêques de cette ville, par Jean-Gabriel Texier, prêtre et secrétaire du chapitre de la Cathédrale. Pour commencer son établissement, il appela une dame de la Providence de Tours [Note : Lisez Saumur. L’institut des soeurs de la Providence, de Saumur, est une fondation de Jeanne de la Noue, qui remonte à 1704. Suivant l’abbé Tresvaux, cet ordre aurait fourni aussi des servantes à l'Hôtel-Dieu et au Sanitat de Nantes (Histoire de l’église de Bretagne, p. 632) ], qu’il plaça dans une maison de louage auprès des Petits-Capucins, à l'Hermitage. Cette première supérieure rassembla plusieurs compagnes pour lui aider dans ses travaux et seconder les vues bienfaisantes de M. Texier. Elles demeurèrent à l'Hermitage jusqu’en 1781. Alors, M. Texier leur acheta, avec les épargnes que ces dames avaient faites, la maison qu’elles occupent maintenant [Note : Un état de situation, de 1806, dit que le terrain vendu par M. d’Aux fut acheté 70.000 fr. par l’abbé de Hercé, au moyen d’aumônes recueillies (Archives départementales, série X)]. Ce fut en 1792, que je pris soin de cet établissement. J’en ai augmenté les bâtiments de plus de moitié, et je continue encore d’en faire de nouveaux ; de manière que l’ancienne maison ne sera plus rien en comparaison des nouveaux édifices. Ce qu’il y a de singulier, c’est qu’au milieu des ruines, malgré la fureur et le brigandage, non-seulement elle a subsisté, mais encore elle s’est prodigieusement accrue.... C’est peut-être la seule maison qui est restée debout au milieu des ruines de la Révolution » (Lettre du 27 février 1816. - Archives départementales, série X).

La biographie du P. Grignon de Montfort nous raconte les commencements de la Providence d’une façon toute différente et les fait remonter l’année 1710 : « Une dame de piété, dit-il, lui avoit donné une petite maison dont il foisoit sa demeure ordinaire et qu’il nommoit la Providence, nom qu’elle conserve encore aujourd’hui … Bientôt, il trouva moyen d’acheter une autre petite maison, voisine de la première, pour y retirer les pauvres incurables hors d’état de mendier leur pain. Ainsi furent jetés les fondemens d’un hopital qui manquoit à la ville de Nantes » (Vie de L.-M. Grignon de Montfort, éd. de 1839, p. 226).

Que faut-il penser maintenant de cette seconde version, et auquel des deux récits devons-nous ajouter foi ? Il y a un moyen raisonnable, ce me semble, de mettre d’accord les deux auteurs ; c’est de croire qu’il a existé deux asiles d’incurables à Nantes, au XVIIIème siècle. De part et d’autre, les renseignements sont trop précis pour que nous les appliquions à la même fondation. Dans ce cas, l'oeuvre de l'Ermitage, dont la naissance certaine est du 14 avril 1758, serait moins originale ; elle ne serait que l’imitation d’une entreprise tentée par le P. de Montfort et peu encouragée après son départ ; cependant, elles ne doivent pas se confondre (Tableau de 1807. – Archives départementales, série V). Il y a aussi une autre remarque à faire : la tradition des faits importants ne se perd jamais dans les communautés religieuses. Si le célèbre missionnaire avait présidé à la création de la maison actuelle des Incurables, le souvenir, peu éloigné, s’en serait perpétué jusqu’au temps de l’abbé Rouiller, qui n’aurait pas manqué de nous en transmettre le témoignage dans sa lettre.

Un dernier document va nous dire ce qu’était la maison de la rue des Orphelins, à la fin du siècle dernier, terme de mes recherches.

Cette communauté n’échappa pas, en 1790, aux inquisitions des Commissaires de la Nation, elle fut obligée, comme les autres, de faire sa déclaration devant le district de Nantes. Le bilan, dressé par la supérieure, relate que la maison contenait alors 43 lits, et que la population intérieure se composait de 8 garçons, de 7 filles de l’âge de 7 à 20 ans, attaqués de diverses maladies ; de 8 pauvres garçons et de 30 filles de différents âges. Ces servantes des pauvres, nommées soeurs grises, portaient le costume religieux des sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, par économie, mais elles vivaient indépendantes de toute congrégation. Leur occupation journalière consistait à panser les maladies contagieuses tant des pauvres que des personnes en état de payer pension. « La maison, dit la supérieure, n’existe que par les secours de la charité ; elle ne possède aucuns biens fonds et elle ne dépend que de l’évêque, supérieur-né de tous les hôpitaux de son diocèse » (Inventaire de 1790 – Archives départementales, série Q).

Pendant la session des Etats de Bretagne, qui eut lieu à Nantes en 1764, les trois ordres votèrent une subvention de 1.000 livres en faveur des Incurables. J’ignore quels sont les autres bienfaiteurs de cet établissement (L. Maître).

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