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UN INCENDIE A NANTES EN 1680

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« Nous, maire et échevins de la ville de Nantes, savoir faisons que la nuit du mardi seizième d'avril 1680, à aller au mercredi, environ une heure après minuit, nous aurions entendu plusieurs personnes crier dans les rues : au feu, ce qui nous aurait obligé de nous lever, et de nous transporter incontinent sur la rue de la Casserie, où ledit feu aurait pris. Où étant, et vu que le feu avait pris dans la maison d'un chapelier faisant le coin de ladite rue, donnant sur le carrefour Saint-Nicolas, nous aurions incontinent envoyé un des archers de la ville au château, donner avis de cet accident à M. le Comte de Morveaux, lieutenant du Roi dans le comté, et le prier de faire faire ouverture des portes de cette ville, afin que les habitants des faubourgs pussent apporter du secours, ce qu'il aurait aussitôt fait faire, et se serait en personne transporté en ladite rue de la Casserie, où il aurait, de sa part, donné tous les ordres nécessaires. Et en même temps nous aurions fait sonner le tocsin, afin que le peuple s'assemblât pour apporter remède audit feu. Après quoi nous serions séparément transportés chez les charpentiers, maçons et couvreurs de cette ville et faubourgs, même chez les charpentiers des barques et vaisseaux, tous lesquels artisans nous aurions conduits à ladite incendie, afin de couper et démolir ce qui serait jugé à propos. Auxquels nous aurions fait fournir par les maréchaux et serruriers de la ville, les outils nécessaires. Et étant de retour audit lieu de la Casserie, nous aurions vu que le feu avait pris aux quatre coins du dit carrefour de Saint-Nicolas, et gagnait en quatre rues différentes. Et tout le peuple assemblé en très grand nombre criant : à l'eau, et demandant des seaux pour en puiser. Nous aurions incontinent fait commandement à tous les marchands de seaux de faire apporter ceux qu'ils avaient prêts et en état de servir, ce qu'ils auraient fait, avec lesquels il s'est jeté une quantité prodigieuse d'eau.

Nonobstant quoi, et à l'instance de tous les habitants, artisans, et l'ordre donné, le feu continuant toujours d'une si grande force que l'on aurait pendant quelque temps vu toute la ville en hasard, ce qui aurait obligé Messieurs les grands vicaires de faire exposer le Saint-Sacrement dans toutes les paroisses, et fait faire des prières. Incontinent après le feu ayant diminué, sur les huit heures du matin nous serions assemblés, et par l'ordre de mondit sieur le comte de Morveaux, enjoint à tous les capitaines de cette ville et faubourgs, de détacher vingt hommes par jour de leur compagnie, avec leurs hallebardes pour garder autour dudit feu, et empêcher qu'il ne se communiquât, même qu'on n'enlevât les marchandises, meubles et argent ensevelis sous les dites ruines, et commandé à quantité de maçons et gens de métiers de travailler à éteindre entièrement le dit feu, démolir les murailles et les cheminées à demi brûlées, et à découvrir les marchandises, et meubles, auxquels nous aurions fait fournir des pics de fer, des cables de mâts, des pelles de bois, du pain, du vin et de l'argent ; ce qui se continue actuellement, et apparemment continuera encore plusieurs jours, attendu la grande quantité de maisons et de marchandises brûlées.

Et ce jour, samedi vingtième avril, avons pris le nom des personnes mortes et blessées, des logis entièrement consumés par le feu, de ceux qui sont démolis depuis le bas jusqu'au grenier, et du nombre des familles qui logeaient dans les dites maisons. Il s'est trouvé deux femmes mortes, qui se sont jetées d'un troisième étage pour se sauver, et un enfant de sept ans brûlé. Six hommes ensevelis sous les ruines de deux cheminées. Un homme tué d'un soliveau. Quinze hommes blessés, et qui sont en péril de la vie, à l'hôpital. Huit ou dix bourgeois blessés. Quarante-deux maisons entièrement consumées par le feu. Quatorze maisons entièrement démolies. Cent deux familles qui occupaient lesdites maisons, réduites pour la plupart à la mendicité. Et ayant examiné, par estime, la valeur desdites maisons et marchandises perdues, nous croyons, sur le rapport et par la conférence que nous avons eus avec des marchands et architectes, que la perte peut monter à près d'un million ».

 

Au début du XVIIème siècle, beaucoup de maisons nantaises étaient encore en bois. Aussi les incendies étaient-ils fréquents. En 1718, la ville acheta deux pompes sur le produit d'une loterie, autorisée par le roi. Le 16 février 1721, le Conseil d'Etat rendit un arrêt portant règlement des pompes à incendie à Nantes : Chaque pompe sera servie par 8 hommes, et en plus « deux hommes intelligents » seront chargés de diriger les tuyaux vers le feu (article 1er). Chaque propriétaire de maisons produisant au moins 200 livres de revenu) sera tenu de se munir d'un seau de cuir bien conditionné, et de l'apporter au lieu de l'incendie au premier son du tocsin (article 3). Chaque corps de métier sera tenu d'avoir six seaux semblables (article 4). Nul ne pourra être reçu maître dans un métier, ni ouvrir boutique sans avoir fourni à la ville un seau de cuir (article 5).

(De la Nicollière Teijero, Nantes, Incendies et Sauveteurs).

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