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LA FAIENCERIE ET VERRERIE A NANTES

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Nantes, au XVIème siècle, avait vu s'établir une verrerie à la Motte Saint-André (au pied des remparts de la ville de Nantes), par les soins d'un gentilhomme verrier d'Italie, Jean Fer, frère d'Augustin Fer, le fondateur de la verrerie d'Héric. Mais la ville n'avait pas encore de faïencerie. Ce ne fut qu'en 1752 qu'elle s'enrichit de cette nouvelle industrie.

Le 21 février 1751, les sieurs Leroy de Montillier et compagnie présentèrent une requête au Bureau de la ville de Nantes pour obtenir la permission d'élever une fabrique de faïence au bas de la Motte Saint-André, entre la Motte et les murs de la villes (Verger, Archives curieuses de la ville de Nantes, T. III. 130).

Le Bureau fut favorable à leur requête et au mois d'août 1752, la Mairie adressa au gouverneur la lettre suivante : 

« MONSEIGNEUR, Nous apprenons par M. Bellabre, seneschal et maire de cette ville, qui est actuellement à Paris, que le sieur Leroy de Montillé avait présenté une requête au Conseil pour obtenir la permission de faire fabriquer ici toutes sortes d'ouvrages de fayence, et que cette requête vous avait été renvoyée pour avoir votre advis.

La persuasion où nous sommes, Monseigneur, que cet établissement serait très utile à nos concitoyens, nous engage à vous supplier de lui être favorable. Le sieur Leroy a déjà fait de grandes dépenses tant en bâtiments qu'en essais de terres de différentes espèces qui se trouvent aux environs de cette ville et qui sont propres à cette sorte d'ouvrages. Plusieurs d'entre nous sont témoins que ces essais ont réussi et qu'on y pourra fabriquer de la fayence qui aura la propriété singulière de souffrir le feu le plus ardent sans que l'émail en soit aucunement endommagé.

L'intérêt de nos concitoyens se trouve donc ici réuni avec celui du sieur Leroy. Il ferait sans doute une perte immense s'il ne pouvait obtenir la permission qu'il demande, mais nous croyons pouvoir dire aussi avec vérité que le public serait privé par là d'un très grand avantage ».

Avec une telle recommandation la nouvelle manufacture ne pouvait manquer d'être autorisée. Elle prit un développement si rapide que quelques années plus tard, son propriétaire, le Sr. Bellabre successeur du sr. Le Roy, ambitionna pour elle le titre de manufacture royale. Il s'adressa aux Etats de Bretagne qui consignèrent ainsi sa demande dans les registres de leur greffe, à la date du 12 décembre 1760.

« Sur le raport d'une requeste présentée par le sieur Bellabre qui exposoit qu'en 1751, le sieur le Roy de Montellier et compagnie établirent une manufacture de faïance dans laquelle ils en firent fabriquer de toutes les espèces et d'une qualité supérieure à celle des manufactures du royaume ; ce qui porta Sa Majesté à approuver cet établissement par arrest de son conseil du 7 mars 1752 en permettant audit sieur Le Roy de continuer sans interruption de faire fabriquer de la dite faïence ; ce qu'il fit et s'attacha à lui donner la perfection dont elle pouvait être suceptible ;

Que le sieur Bellabre qui a succédé audit sieur Le Roy et compagnie dans la propriété de ladite manufacture, a continué de l'augmenter, tant en ouvriers qu'en bonté et beauté de la faïence, de sorte qu'aujourd'hui et mêmes depuis quelques année, il en fait de toutes espèces et dans telle forme qu'il plaist à ceux qui lui demandent.

Pourquoy et eu égard aux autres motifs exposés dans sa requeste, il réclamait la protection des Etats et les suppliait en conséquence de charger leurs députés et procureur général sindic d'obtenir pour lui au Conseil le titre de manufacture roiale.

De laquelle requeste lecture ayant été faite, les Etats ont chargé et chargent leurs députés et procureur général sindic qui iront à la Cour, de solliciter, pour la manufacture de faïance dudit sieur Bellabre, le titre de manufacture roialle afin de donner un lustre à la dite manufacture et d'y pouvoir mieux contenir les ouvriers, et de faire en conséquence tout ce qu'ils estimeront convenable » (Archives départementales, C. 444, f° 257).

« Il y a tout lieu de croire, ajoute Verger dans ses Archives curieuses, que cette manufacture était près de la rue Royale et du lieu où a été bâtie la maison de M. Bessard du Parc. Quand on en a creusé les fondements, nous y avons vu une grande quantité de débris de poterie moderne » (Verger, Archives curieuses de la ville de Nantes, T. I. 144).

Un acte de vente de l'hôtel situé sur le Cours Saint-André, derrière l'hôtel de la Division militaire, permet de connaître assez exactement l'emplacement de cette faïencerie.

Dans cet acte, du 22 août 1778, Joseph-François de Robineau. chevalier, seigneur de Bougon, et Jean-Vincent son frère, écuyer, vendent pour 130.000 livres à dame Marguerite Roy, veuve de Pierre Cottin, de Saint-Domingue, une maison et hôtel nouvellement construits vis-à-vis le Cours connu précédemment sous le nom de Motte Saint-André, entre maison et hôtel de M. d'Aux, maison au sieur Pineau ; par derrière, maison ou terrain ci-devant fayencerie ; par devant, Cours Saint-André, rue entre deux (Archives départementales, G. 255).

C'est donc derrière l'hôtel d'Aux, occupé en 1898 par la Division militaire, et derrière l'hôtel voisin, que se trouvait l'établissement du sieur Leroy de Montillier.

Cette première faïencerie eut un tel succès, qu'elle excita dès lors une concurrence à laquelle le Bureau de la ville dut remédier.

En 1753, Nantes en était déjà à sa troisième fabrique de faïence. Mais le sieur Lhote, qui avait établi ses fours et fourneaux sans la permission des autorités ni l'autorisation du Roi, en fut pour ses frais. Il présenta inutilement sa réclamation au Bureau. Le Bureau lui répondit « qu'il ne pouvait permettre l'établissement d'une nouvelle fabrique de faïence, parce qu'il y en a déjà deux, et que ce serait causer leur ruine que de souffrir la concurrence d'une troisième. Il se plaignit que le bois de chauffage avait déjà augmenté d'un quart, depuis l'établissement des deux autres manufactures, et que ce serait nuire au public que d'en favoriser une autre. Enfin, comme le sieur Lhote était médecin, il prétendit qu'un médecin ne pouvait devenir un bon fabricant de faïence » (Verger, Archives curieuses de la ville de Nantes, T. III. 144).

Il faut avouer que cette dernière raison était loin d'être aussi bonne que la première. Ceux qui l'alléguèrent ignoraient probablement le début du quatrième livre de l'Art Poétique de Boileau : Dans Florence, jadis, vivait un médecin.

Pour avoir été mauvais médecin, Claude Perrau n'en devint pas moins un excellent architecte. Rien n'empêche qu'on ne sache, tout à la fois, et ordonner de très bons onguents et les faire mettre dans des petits pots de sa façon.

La seconde raison avait alors, à Nantes, quelque valeur. Bien que le pays fût assez boisé, on craignait que de trop nombreuses manufactures ne consumassent plus de bois que les forêts n'avancent à en produire.

Cette crainte de voir manquer ce combustible perce encore dans les lettres d'autorisation d'une seconde verrerie pour la fabrication de cannerettes ou cannettes. Un habitant de la Rochelle ayant voulu, vers 1782, introduire à Nantes cette « branche de commerce très intéressante pour la traite des Nègres », et dont la Hollande avait jusqu'alors la spécialité, ne put faire autoriser sa verrerie qu'à condition de se servir de charbon de terre. On trouvait, du reste, ce charbon dans le pays. Les mines de Nort et de Montrelais étaient depuis quelque temps en pleine exploitation.

Le Bureau de la ville, qui voyait une incompatibilité entre la faïencerie et la médecine, croyait que la première pouvait mieux s'accommoder de la géométrie. Vers cette même époque elle laissa s'élever vis-à-vis de la place Viarme « une manufacture de faïence, entreprise par le sieur Cacaut, le même qui leva le plan de la ville et des faubourgs de Nantes, en 1756 et 1757 » (Dictionnaire géographique, historique, etc... par l'abbé J. Joseph Expilly).

De ces manufactures, aucune n'a laissé de souvenirs. Plus tard, vers l'extrémité de la chaussée de la Madeleine, il s'éleva une autre faïencerie qui, en disparaissant, a du moins eu un avantage. Elle a laissé un nom plus propre à la continuation de l'ancienne rue des Fumiers. Après l'avoir désaffectée, elle en a désinfecté jusqu'au nom (G. Durville).  

Note : A signaler la manufacture de faïence " Derivas et Fourmy " sur le pont de la Madeleine au XVIII-XIXème siècle, tenue par Pierre Auguste de ROSTAING de RIVAS (1756-1820) et son beau-frère Jacques Fourmy. Après le décès à Nantes, en 1820, de P. A. Rostaing de Rivas, la manufacture passera aux mains de son fils Pierre Théodore, et sera exploitée sous la raison sociale " Théodore Derivas ". De nombreux exemplaires de la production de sa faïencerie sont conservés au musée Dobrée de Nantes. 

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