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La Cathédrale romane de Nantes

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En 931, Guérech, deuxième fils d'Alain Barbe-Torte, fut nommé évêque de Nantes. Il consacra les revenus de l'évêché à la reconstruction de la cathédrale qu'il fit rebâtir, au témoignage de Travers « dès ses fondements ».

Il parait donc bien qu'au moins dans quelques-unes de ses parties, la cathédrale de Nantes ait été refaite à la fin du Xème siècle. C'est à cette reconstruction hâtive et fruste que semblent appartenir deux des chapiteaux actuellement déposés le long du mur septentrional de la cathédrale ; ils sont ornés d'épaisses palmettes qui copient grossièrement l'antique feuillage corinthien. L'un d'eux présente au surplus, des crochets d'angles, d'un dessin assez lourd. Ils sont d'une époque barbare.

La construction de Guérech ne dura pas : un document de 1090 nous affirme, en effet, qu'à cette date la cathédrale était en ruines.

Dans le courant du XIème siècle, pourtant, elle avait été l'objet de réparations de la part des évêques Gauthier II et Budic.

Peut-être, même, pourrait-on rapporter à leur épiscopat la fondation, sinon la construction, de la crypte qui existe actuellement sous le choeur de la cathédrale. Cette crypte, en effet, retrace exactement le plan du choeur de l'église de Saint-Gildas-de-Rhuys. Or le moine Hervé, « le plus illustre de nos maîtres d'oeuvres des Xème et XIème siècles » (G. Furret et Caillé : Les Cathédrales de Nantes, p. 24) à qui l'on attribue l'érection de l'église de Saint-Gildas-de-Rhuys (Note : L'église du prieuré de St-Gildas-de-Rhuys, fondée en 1010, fut consacrée en 1032) travaillait alors à Nantes : il put, au moins, dessiner les plans de la crypte.

L'oeuvre d'Hervé put d'ailleurs être continuée par le moine Vulgrin jusqu'aux environs de l'an 1050. Vulgrin quitta Nantes à cette époque pour devenir abbé de Saint-Serge d'Angers ; il édifia l'église romane de cette abbaye. Nommé enfin évêque du Mans, il y commença la nef de la cathédrale en 1060.

Quoi qu'il en soit de cette hypothèse, la construction de la crypte de la cathédrale de Nantes ne peut être reculée au-delà de l'épiscopat de Benoît de Cornouailles (1079-1112). Cette crypte présente, en effet, tous les caractères d'un édifice du Xème ou du XIème siècle. Elle forme une courte et large nef, terminée par un hémicycle et destinée à supporter le choeur de la cathédrale (Note : Voici quelles sont les dimensions de cette crypte : longueur du grand axe : 10 mètres, largeur de la nef : 9 m. 50 ; hauteur des colonnes : 2 mètres ; largeur minima des fenêtres : 0 m. 12 ; largeur du déambuloire : 3 m. 50). Jusqu'en 1733, elle était recouverte de voûtes d'arêtes que soutenaient quatre colonnes cantonnant l'aire centrale de l'édifice et dix colonnes engagées dans les murs latéraux. Ces colonnes conservées jusqu'à nos jours sont très courtes ; leurs chapiteaux, de forme cubique, sont dépourvus de toute ornementation et coiffés d'un tailloir épais. Les chapiteaux des colonnes engagées sont, au surplus, soulignés d'un astragale. Leurs bases, composées de trois ou quatre tores égaux et superposés, reposent, au centre, sur des socles très plats, et, le long des murs, sur un soubassement continu qui fait le tour complet de l'édifice ; des griffes rudimentaires rattachent les colonnes à leur support. Le pavement était composé, jadis, de larges carreaux de terre cuite, la plupart de forme carrée, quelques-uns de forme losangée.

Le mur de l'abside, toujours debout, est percé de trois fenêtres, étroites comme des meurtrières dans le milieu de l'épaisseur du mur, mais largement ébrasées à la fois vers l'intérieur et vers l'extérieur du vaisseau central.

Autour de ce vaisseau règne une galerie circulaire très vaste, destinée à porter le déambulatoire de l'église supérieure. Cette galerie, flanquée, sur ses deux côtés, de colonnes engagées comme la nef centrale, se couvrait sans doute aussi, de voûtes d'arêtes. Elle était, de plus, bordée de trois absidioles, dont l'une, celle du nord est demeurée jusqu'au XIXème siècle ; celle du fond n'existe plus depuis longtemps, et celle du sud qui eut sa partie supérieure supprimée en 1650, a pu être conservée.

De lourdes portes, dont les gonds se voient encore du côté sud, donnaient passage, à droite et à gauche de la crypte centrale, dans le déambulatoire. Pour remonter du déambulatoire à l'église supérieure, un escalier existait le long du mur occidental, dans le bras du transept aspectant le midi.

Cette crypte, importante et pleine d'intérêt, fut malheureusement mutilée au XVIIIème siècle. En 1733, les chanoines voulurent abaisser le choeur et le sanctuaire dont le pavé s'élevait à 2 m. 30 environ au-dessus du sol de la nef. Sur leur ordre, du consentement de l'évêque Christophe Louis Turpin de Crissé de Sansay, des plans furent dressés par l'ingénieur Gobert, et, sans hésiter, Nicolas Portail, découronna la crypte de ses voûtes et la fit combler de terre et de gravois. Elle demeura dans cet état jusqu'en 1874, année où l'on commença d'y pratiquer des fouilles. En 1884, l'architecte Sauvageot la fit déblayer complètement. On y trouva, enfouie sous l'amas de remblais, dans l'absidiole du sud, une « superbe statue d'évêque, en pierre finement travaillée, remontant au commencement du XIVème siècle... Cette belle figure, couchée, de grandeur naturelle » (L. Sauvageot. — Bulletin de la Société Archéologique de Nantes, 1883, p. 8) provenait vraisemblablement de l'un des tombeaux détruits au XVIIIème siècle. On l'a laissée judicieusement en la même place, sur un massif de maçonnerie simulant un tombeau.

Vers 1885, l'on ménagea sous le nouveau sanctuaire de la cathédrale, au-delà du déambulatoire de la crypte, un vaste caveau destiné à la sépulture des évêques. Le 24 Août 1887, y furent transportés les corps des évêques de Nantes du XIXème siècle, N. N. S. S. Duvoisin, d'Andigné de Mayneuf, Micolon de Guérines et Jaquemet. Plus tard y furent déposés les corps de N. N. S. S. Le Coq, Laroche et Rouard. Une plaque de bronze indique la sépulture de chacun d'eux. Dans le loculus le plus élevé, l'on a placé le coeur de Mgr Fournier, dont le corps repose dans l'église de Saint-Nicolas, et aussi des débris d'ossements recueillis dans la cathédrale après la Révolution [Note : Ces ossements seraient, selon l'abbé Brault, ceux de François II et de ses épouses, et ceux des évêques Turpin de Crissé, de la Muzanchère et Frétat de Sarra. Visite de la Crypte. Bulletin de la Société Archéologique (1905)].

La crypte étant terminée, l'évêque Benoît de Cornouailles éleva sur ses murs le choeur de cette cathédrale romane dont les parties principales ont subsisté jusqu'au XIXème siècle. Il semble bien que le même prélat fit aussi construire la nef (Note : C'est l'opinion de Paul de Berthou : Bulletin de la Société Archéologique de Nantes, 1904, p. 4). Il était, en effet, grand bâtisseur ; étant abbé de Sainte-Croix de Quimperlé en même temps qu'évêque de Nantes, il faisait construire, vers la même époque, l'église de son abbaye avec une crypte à trois nefs. Cette église abbatiale n'est pas sans analogie, dans sa maçonnerie et sa décoration, avec ce que nous connaissons de la cathédrale de Nantes. Celle-ci, autant que nous la pouvons connaître, se composait d'une triple nef, d'un transept assez débordant et d'un choeur avec déambulatoire et chapelles rayonnantes.

La nef, divisée en trois travées, était couverte, si l'on en juge d'après quelques vestiges remarqués en 1887, d'une série de coupoles séparées par de puissants arcs doubleaux. Les bas-côtés étaient voûtés en berceau.

Au-delà de la nef, le transept avait chacun de ses bras doté d'une petite abside : l'une d'elles, au nord, a subsisté jusqu'au XIXème siècle (Gaborit. — Histoire de la Cathédrale de Nantes, p. 14).

La croisée du transept était abritée sous une coupole importante et surmontée d'une tour. La coupole n'est disparue qu'en 1885. La tour, commencée dès le début du XIIème siècle par l'évêque Geoffroy, était une construction massive et carrée, portée par les quatre piliers de la croisée du transept. Une flèche en bois la terminait, qui fut brûlée plusieurs fois, notamment en 1405 et en 1415. C'est alors qu'on décida de bâtir une flèche en maçonnerie. La première pierre en fut posée le 29 juillet 1415. On construisit d'abord, pour y suspendre les cloches, un étage largement ajouré et garni d'arcatures élégantes : ces dernières abritaient des statues géantes, dont quatre ont été conservées [Note : Ces statues qui représentent saint Pierre, saint Paul, sainte Madeleine et, peut-être, saint Martin de Vertou, sont actuellement (vers 1933) au manoir de la Touche. — Ch. Durville : Catalogue du musée lapidaire, p. 106]. Dans la corniche qui surmonte cet étage, le maître d'oeuvre encastra les armoiries de plusieurs évêques de Nantes, notamment celles de Jean de Malestroit qui occupa le siège de 1419 à 1443. Une flèche fut commencée, qui devait être flanquée de quatre clochetons et s'élever à huit ou neuf mètres ; mais elle ne fut qu'amorcée. Provisoirement l'on couvrit la tour d'un toit pyramidal : en 1636, le voyageur attentif qu'était Dubuisson-Aubenay remarqua cette « pointe d'ardoises » qui fut d'ailleurs maintenue jusqu'en 1874 (Dubuisson-Aubenay : Itinéraire de Bretagne : tome II, ch. XI).

L'abside de la cathédrale romane, elle aussi, subsista jusqu'au XIXème siècle. Elle se composait d'un choeur voûté en berceau de plein cintre, et d'un sanctuaire abrité sous une demi-coupole. Dubuysson-Aubenay dit du choeur qu'il est « bas et obscur et d'une matière de pierre dure » ; il dit de la voûte de l'abside qu'elle est « basse et peu creuse,… soutenue sur des colonnes attachées contre la paroi et y suspendues », c'est-à-dire posées sur des culs-de-lampes. Tel en était encore l'aspect au XIXème siècle.

A l'origine, des arcades reposant alternativement sur des piliers et des colonnes faisaient communiquer l'abside avec un déambulatoire sur lequel s'ouvraient trois chapelles. La chapelle médiane, consacrée à la Vierge, était plus profonde que les deux autres. Le choeur était éclairé indirectement par les fenêtres, percées dans les murs du déambulatoire. Au surplus, une série de baies géminées s'ouvrait, au-dessus des grandes arcades, dans le mur de l'abside. Ces baies, dès le début du XIIIème siècle, furent remplacées par trois longues fenêtres. La demi-coupole du fond fut modifiée, elle aussi et garnie de quatre nervures.

Dans son Itinéraire de Bretagne, Dubuisson-Aubenay décrit les chapiteaux du choeur. Ils sont ornés, dit-il, « aucuns d'oiseaux, autres d'animaux, entre autres l'un d'asne jouant de la lyre », et d'un bouc soufflant dans une sorte de cornemuse. Dans le déambulatoire qui encercle le choeur, ajoute-t-il, « il y a des arceaux et voultes à arêtes croisées et cordons plats, d'oeuvre fort hardie ».

Le sanctuaire était séparé du transept par un jubé de bois. L'évêque Daniel Vigier, en 1337, surmonta ce jubé d'un crucifix d'argent et des statues de la Vierge et de saint Jean, également d'argent. Ces figures en métal précieux disparurent en 1733 ; elles furent vendues pour payer les transformations du choeur opérées à cette époque. Au-des­sus du jubé, se dressaient l'orgue et la tribune des chantres ; on les fit disparaître dès le début du XVIIème siècle.

L'extérieur de l'abside de la cathédrale romane fut modifié dans les siècles suivants. En 1658, notamment, l'architecte Tugal Caris recouvrit le chevet d'un simple appentis ; cette toiture ne devait être que provisoire : elle dura plus de deux siècles. Un dessin du début du XVIIIème siècle attribué à Jacques André Portail, montre ce pauvre toit traînant à la suite du clocher pyramidal (Note : Ce dessin se trouve à la Bibliothèque municipale. Cf. aussi : Etudes sur le vieux Nantes, par le chanoine Durville). Les estampes du XIXème siècle le montrent dans le même état. Les chapelles absidales n'y paraissent pas, non plus que dans le plan de Nantes de Nicolas Portail, ou dans le plan du choeur d'avant 1733, donné par Pître de Lisle du Dréneuc (Note : Cf. Association Bretonne, congrès de Saint-Pol, 1888 : plan donné d'après l'original conservé à l'Hôtel de Ville de Nantes). Elles étaient donc disparues, celle du fond dès le XIIIème siècle, lorsque fut modifiée l'abside elle-même, celle du sud au XVIIème siècle, quand fut construite la chapelle actuelle de Notre-Dame-de-Pitié, et celle du Nord, à une époque indéterminée (Cf. Gaborit : Histoire de la cathédrale, p. 30).

Pour être complet, il faut ajouter que la cathédrale romane était munie de nombreux autels ; le choeur, l'abside, les bras du transept en étaient abondamment pourvus ; en outre, il y en avait quatre placés devant les énormes piliers qui soutenaient la coupole centrale et le clocher.

On y voyait aussi des tombeaux d'évêques, semés dans toute la partie haute de la cathédrale, et jusque dans le transept et dans la nef (Note : Dubuisson-Aubenay en donne l'énumération et l'emplacement : Itinéraire de Bretagne, tome II, chap. XI). Un tombeau ducal en albâtre s'y ajoutait, placé dans le milieu du choeur d'avant 1733 : c'était le tombeau du duc de Bretagne, Jean IV de Montfort, décédé le premier novembre 1399. La veuve de ce duc, Jeanne de Navarre, devenue reine d'Angleterre, par son mariage avec le roi Henri V, fit exécuter soigneusement ce tombeau par les artistes anglais Thoma Colin, Thomas Hollewell et Thoma Poppelowe. Elevé dès avant 1408, ce monument présentait la forme d'un massif rectangulaire, orné de fines arcatures trilobées et gablées ; une dalle épaisse de marbre noir, le recouvrait, portant la statue gisante du défunt armé de toutes pièces : « la tête est coiffée d'un heaume pointu, dit l'historien des tombeaux des ducs de Bretagne, Pitre de Lisle du Dréneuc (Les Tombeaux des Ducs de Bretagne, p. 41)... un camail de mailles couvre les épaules, encapuchonne la tête ; deux longues moustaches donnent un aspect martial au Conquérant : Jean IV porte autour du cou le collier de l'ordre de l'Hermine ; ... une dague est passée dans sa ceinture ; au côté gauche pend une épée. Les bras sont recouverts de brassards, les jambes protégées par des cuissards ; sous ses pieds est un chien qui tient une banderole avec la devise « A ma vie » ; la tête du duc repose sur un casque placé en travers ».

La statue de Jean IV fut effritée par les gros antiphonaires qu'on y appuya longtemps sans respect. Le tombeau, lors de son déplacement en 1733, fut vidé et pillé. Le soubassement et la statue furent mis un peu plus à l'est, la figure tournée vers l'autel. La Révolution devait les faire disparaître. La tombe elle-même fut pourtant maintenue en 1733 bien que rétrécie. Elle existait encore au XIXème siècle, et la grande pierre qui la fermait se trouvait placée devant le marchepied du nouvel autel. En 1888, on acheva de détruire le tombeau de Jean le Conquérant, premier duc de Bretagne dans la dynastie des de Montfort. 

(J.B. Russon et D. Duret - 1933) 

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