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EVASION DU CARDINAL DE RETZ (1654)

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Evasion du Cardinal de Retz du château de Nantes (1654).

Le cardinal de Retz, un des chefs du parti de la Fronde, qui commença par être abbé de Buzay, dans le diocèse de Nantes, puis archevêque de Paris, fut, après son arrestation, enfermé au château de Nantes. Lui-même a raconté dans ses Mémoires sa captivité et son évasion romanesque :

« Je me sauvai un samedi 8 août, à 5 heures du soir. Je descendis un bâton entre les jambes, très heureusement, d'un bastion qui avait 40 pieds de haut [Note : Il s'agit du bastion situé entre le place de la Duchesse Anne et le quai]. Mon valet de chambre amusa les gardes en les faisant boire : ils s'amusèrent eux-mêmes à regarder un jacobin qui se baignait et qui, de plus, se noyait. La sentinelle qui était à 20 pas de moi, mais en un lieu d'où elle ne pouvait me joindre, n'osa me tirer parce que, lorsque je lui vis compasser la mêche, je lui criai que je le ferai pendre s'il criait... Deux petits pages qui se baignaient et qui me virent suspendu à la corde, crièrent que je me sauvais et ne furent pas écoutés, parce que tout le monde crut qu'ils appelaient les gardes au secours du jacobin qui se noyait. Nos quatre gentilshommes se trouvèrent à point nommé au bas du ravelin où ils avaient fait semblant d'abreuver leurs chevaux, comme s'ils eussent voulu aller à la chasse. Je fus à cheval moi-même avant qu'il y eût la moindre alarme, et comme j'avais 40 relais posés entre Paris et Nantes, je serais infailliblement arrivé le mardi à la pointe du jour, sans un accident que je puis dire avoir été fatal et décisif du reste de ma vie.

Aussitôt que je fus à cheval, je pris la route de Mauves où nous étions convenus que des amis m'attendraient avec un bateau pour passer... J'avais un des meilleurs chevaux du monde... Mais un gentilhomme à moi, m'ayant crié de mettre le pistolet à la main parce qu'il voyait deux gardes du maréchal qui ne songeaient toutefois pas à nous, je l'y mis effectivement, et, le présentant à la tête de celui qui était le plus près de moi pour l'empêcher de se saisir de la bride de mon cheval, le soleil qui était encore haut, donna dans la platine, la réverbération fit peur à mon cheval ; il fit un grand sursaut, et il retomba des quatre pieds. J'en fus quitte pour l'épaule gauche qui se rompit contre la borne d'une porte. Un gentilhomme à moi me releva : il me remit à cheval, et, quoique je souffrisse des douleurs incroyables, et que je fusse obligé de me tirer les cheveux de temps en temps pour m’empêcher de m'évanouir, j'achevai une course de trois lieues avant que le grand maître qui me suivait à toute bride avec tous les coureurs de Nantes me pût joindre. Je trouvai M. de Brissac et M. de Sévigné avec le bateau. Je m'évanouis en y entrant. L'on me fit revenir en me jetant de l'eau sur le visage. Je voulus remonter à cheval quand nous eûmes passé la rivière, mais les forces me manquèrent, et M. de Brissac fut obligé de me faire mettre dans une grosse meule de foin. Il m'y laissa avec un gentilhomme qui me tenait entre ses bras, et il tira droit à Beaupréau, à dessein d'y assembler la noblesse pour me venir tirer de ma meule de foin... J'y demeurai caché plus de sept heures avec une incommodité que je ne puis exprimer. J'avais l'épaule rompue et démise ; j'y avais une contusion terrible. La fièvre me prit sur les 9 heures du soir. L'altération qu'elle me donnait était cruellement augmentée par la chaleur du foin nouveau.

Un homme de qualité du pays, que M. de Brissac avait éprouvé, vint me prendre sur les deux heures après minuit. Il me mit sur une civière à fumier, et me fit porter par deux paysans dans la grange d'une maison qui était à lui, à deux heures de là. Il m'y ensevelit encore dans le foin ; mais comme j'avais de quoi boire, je m'y trouvai même délicieusement. M. et Mme de Brissac vinrent m'y prendre au bout de 7 ou 8 heures avec 15 ou 20 chevaux et me menèrent à Beaupréau ».

Avec l'escorte réunie dans le pays et celle que lui envoya le duc de Retz, le cardinal put revenir à Machecoul. Il n'y resta que peu de temps, et s'étant embarqué, au Port-la-Roche [Note : Village à 3 kilomètres de Machecoul ; aujourd’hui à 5 kilomètres de la mer] il se réfugia à Belle-Isle, puis en Espagne et en Italie.

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