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[Note : Il s’agit ici des cahiers primaires, dus aux assemblées des paroisses ; ceux-ci furent fondus par l’assemblée du Tiers-Etat de Nantes en un cahier général du Tiers de la « ville et comté de Nantes », Les cahiers primaires sont conservés aux Archives départementales de la Loire-Inférieure, série C., 565 à 579].

Dans quels sentiments ils furent rédigés.

Chaque paroisse rédigea un cahier de doléances. Dans le Comté nantais, un sentiment intense, unanime, domine tous les autres dans ces cahiers : l'amour du roi, dont la bonté permet au peuple de lui exposer ses souffrances. Mais ces ardents royalistes sont moins Français que Bretons et demandent la conservation des privilèges de la Bretagne. La convocation des Etats-Généraux paraît à tous une urgente nécessité ; mais le sentiment dominant du Tiers n’est pas la haine des privilégiés.

Les modèles des cahiers. — Deux documents essentiels ont inspiré ces cahiers : 1° Les délibérations du Tiers aux Etats de Bretagne en décembre 1788 et surtout une brochure d’origine nantaise, « Charges d’un bon citoyen de campagne » qui fut adressée à toutes les paroisses.

Ce que contiennent les cahiers. — Le paysan du Comté nantais a contre ses seigneurs trois grands griefs : les abus dans la perception des rentes féodales, les vices de la justice seigneuriale, l’usurpation des communaux.

Après ces griefs majeurs, en viennent trois autres presque aussi sensibles : la banalité des moulins, les droits de chasse et de garenne, les corvées seigneuriales ; il faut encore y ajouter les délits de bestiaux et certains abus contraires à la dignité humaine (quintaine). Les plaintes contre l'énormité et l'inégalité des dîmes sont générales.

Le paysan du Comté nantais a aussi à se plaindre de la fiscalité royale. Pour lui le plus lourd des abus royaux est la corvée des grands chemins ; les réclamations contre le franc-fief sont très vives.

En matière militaire, on se plaint de la levée des milices ; les impôts indirects (devoirs) sont l’objet de sévères critiques.

A côté des doléances, les cahiers expriment les principes sur lesquels l'Etat doit être réorganisé : liberté et égalité naturelles, égalité politique des citoyens, respect de la liberté individuelle, humanité des lois pénales, liberté de conscience, liberté de la presse, égalité devant l’impôt, nécessité d’une constitution, etc. (d’après Ch. Jouanny).