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La chapelle de saint Jean à Mûr-de-Bretagne

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La chapelle de saint Jean est située au bord de la route de Mûr à Pontivy à trois kilomètres au sud du bourg, au coin d'un vaste placître dont la majeure partie appartient en commun aux habitants du village voisin : Lisquily. Elle est actuellement en forme de T, de chaque côté du maître-autel et sur le même alignement se trouve un autel de moindre importance ; celui du nord-est de construction relativement récente. La chapelle n'avait autrefois qu'une seule aile, en retour d'équerre du côté sud, l'aile nord a été édifiée au dix-huitième siècle.

La tradition rapporte que cette chapelle a été déplacée. On trouve en effet à plus d'un kilomètre vers le sud-ouest les traces d'une chapelle ancienne dans un pré dépendant de Kermarec, au bas du coteau de Kergoric ; une maison sise tout à côté s'appelle Le Cosquer et est désignée dans les vieux titres sous le nom de Cosquer saint Jean, c'est-à-dire l'ancien hameau de saint Jean ou le hameau de l'ancien saint Jean. Les voisins racontent qu'une pierre qu'on voit parmi les ruines était la table de l'autel et qu'un habitant ayant voulu la briser pour utiliser les débris dans une construction a été tué par un éclat ; tous sont d'accord pour dire que les ruines sont celles d'une chapelle, mais ils sont en divergence pour savoir à quel saint elle était dédiée : ce doute peut s'expliquer par le fait qu'il devait y avoir plusieurs statues de saints dans la vieille chapelle et qu'on a conservé un souvenir plus ou moins exact de ces saints en leur attribuant la chapelle lorsque saint Jean en a eu une autre. On n'est pas bien d'accord dans les environs du Cosquer sur le nom du saint autre que saint Jean qui aurait été titulaire de la chapelle ; son nom plus ou moins estropié par les habitants paraît être saint Ermaux ; un aveu rendu par Mathurin Audren de Kermarec, le 10 septembre 1744, désigne la parcelle où se trouvent les ruines sous le nom de prat-sant-ermaux, ces mots pourraient se traduire en effet par : pré de saint Ermaux, s'il existait un saint de ce nom, mais ils signifient aussi bien pré du saint de Lemaux, c'est-à-dire le pré du saint appartenant autrefois à Lemaux ; cette formule indiquerait que l'emplacement de la chapelle après la translation de saint Jean aurait été baillé à domaine congéable à un nommé Le Maux ; l'inscription au cadastre de cette parcelle et des parcelles voisines sous la désignation de pré du Mault confirme cette hypothèse. Dans tous les cas, le nom du village et la tradition constante suivant laquelle saint Jean et sainte Suzanne ont été déplacés l ‘un sur sa demande, l'autre contre son gré, paraissent établir suffisamment que saint Jean était titulaire de la chapelle du Cosquer. Un habitant de Kermarec avait trouvé un bénitier et des débris de cordages et de fer provenant de la cloche, leur position au milieu des décombres prouvait que la chapelle avait dû s'écrouler, la cloche étant en place ; si l'édifice est tombé de lui-même et d'une façon inopinée, il n'est pas étonnant qu'on en ait conclu que le saint avait par ce moyen manifesté son désir de voir changer la situation de sa chapelle.

La translation doit être fort ancienne ; la chapelle actuelle menaçait ruine au commencement du dix-huitième siècle ; elle existait en 1564, car dans un aveu du fief de Launay-Mûr rendu à cette date, Hervé de Guerguézangor, après avoir exposé qu'il possède un château et deux cents journaux de terre d'un seul tenant entre les domaines de la Roche-Guehennec et la route de Pontivy, ajoute l'énonciation suivante : « desquelles appartenances de Launay-Mûr est située une chapelle de saint Jehan, près et adjacente d'icelle chapelle y a foire le jour de saint Jean-Baptiste, 24 juin, par octroi et consentement du roi, du consentement et permission du vicomte de Rohan ». Cette déclaration n'indique pas explicitement le point où se trouve la chapelle, elle ne peut néanmoins laisser de doute : en effet :

1° L'emplacement actuel est le seul point où se puisse tenir une foire, la situation du Cosquer ne s'y prêterait pas du tout.

2° La chapelle est comprise d'après le titre dans les deux cents journaux qui forment les appartenances du château de Launay-Mûr et qui sont limitées par la route de Pontivy, la chapelle actuelle est bien dans cette situation au lieu que celle du Cosquer est à plus d'un kilomètre de l'autre côté de la route et dans les terres du village de Kermarec.

Julien Le Masson, fabricien, dans le compte qu'il rend en 1715 nous apprend qu'on a pendant l'année placé un retable et raccommodé le devant de l'autel.

Henry Stéphan succède à Le Masson et est maintenu dans ses fonctions trois années de suite, il nous fait connaître les dépenses qu'il a soldées pour les urgentes nécessités et réparations tant de la chapelle que de la tour qui menaçaient prompte ruine ; la toiture est presque entièrement refaite, des maçons et des menuisiers exécutent divers travaux, le clocheton est remplacé, on le couvre d'un dôme en plomb.

Saint Jean n'avait d'autres ressources que les offrandes qui ne s'élevaient jamais à une forte somme, le défaut d'argent empêchait d'entreprendre une restauration qui eût été indispensable, on se bornait à réparer chaque année les parties qui menaçaient de tomber immédiatement, cette situation ne pouvait durer longtemps : le 9 mai 1756, le général donne ordre au fabricien Audren de presser les réparations très urgentes tant pour les murs qu'autres indigences ; il faut faire ce qui sera nécessaire pour la propreté et décence de la chapelle et se mettre à l'oeuvre le plus tôt possible crainte de plus grands inconvénients, ladite chapelle menaçant d’une ruine entière et prochaine. Mais la paroisse de Mûr avait trop à faire à la fois : l'église paroissiale était presque dans le même état que saint Jean ; sainte Suzanne, but de pèlerinage, recevait seule des offrandes un peu importantes, et en ce moment elle consacrait toutes ses ressources à l'édification de sa tour. Le général s'occupe de faire rendre compte aux anciens fabriciens, mais les petits travaux faits pour empêcher une ruine imminente ont absorbé la majeure partie des ressources ; le comte de Noyan, seigneur de Launay-Mûr finit par intervenir et met la paroisse en demeure de réparer la chapelle ; le 25 avril 1765, le général répond à cette sommation qu'il s'est déjà occupé de la question, il reconnaît la nécessité de réparer, se fait fort de représenter les 429 livres 19 sols que saint Jean avait en caisse en 1758 à l'exception de 162 livres dues par un des fabriciens, il charge Le Ralle de procéder aux réparations, passer les marchés nécessaires, l'argent lui sera remis à première réquisition.

On se met à l'oeuvre sans tarder, le premier point est de remplir les formalités requises en pareil cas, de dresser un procès-verbal qui constate les droits existants et les travaux à entreprendre :

Les 27 et 28 août 1762, Joseph René Mat, avocat, faisant fonctions de juge des juridictions de Launay-Mûr et annexes pendant la maladie du sénéchal, assisté du sieur de Saint-Julien, ingénieur à Pontivy, et de M. Julien Videlo, notaire, faisant office de greffier, procède à la visite de la chapelle de saint Jean en présence de Guillaume Le Ralle de Kermarec, fabricien de saint Jean et du sieur Seurot, procureur fiscal, il constate l'état actuel de la chapelle et les réparations nécessaires. Il visite d'abord la porte d'entrée et remarque que le pignon dans lequel elle est ouverte contenant vingt-cinq pieds de largeur doit être repris dans l'encoignure midi sur six pieds de large et onze pieds neuf pouces de hauteur, y compris deux pieds en fondation ; une partie de la pointe de ce pignon, au côté nord, menace ruine et doit être réédifiée sur huit pieds de long et cinq de haut ; la porte est en bon état, elle a en tableau trois pieds neuf pouces de large, six pieds six pouces de haut ; il faut boucher six trous laissés dans ce pignon et jointayer en chaux et sable toutes les pierres. On passe ensuite à la face midi qui a vingt-cinq pieds de longueur à partir de l'encoignure jusqu'à l'angle formé par l'aile du côté couchant ; dans cette partie est percée une porte en pierre de taille, large de trois pieds et demi, haute de six pieds ; l'encoignure de cette face menace ruine prochaine et doit être restaurée sur une largeur de cinq pieds et une hauteur de onze pieds neuf pouces, compris deux pieds en fondations ; il faut aussi jointoyer cette face. La face nord a quarante-huit pieds de long hors oeuvre, neuf pieds neuf pouces de hauteur, elle est percée d'un petit vitrail contenant trois pieds et trois pouces de large sur trois pieds trois pouces de haut, divisé en six panneaux avec chassis de fer ; les vitres blanches, sans armoiries ; sur une longueur de vingt-huit pieds à partir de l'encoignure du vitrail et sur une hauteur de cinq pieds à prendre au-dessous de l'égout de la couverture, le mur surplombe et menace ruine, il faut étançonner et réédifier cette partie, on jointoyera aussi toute cette face. On passe ensuite au pignon levant, derrière l'autel, il a vingt-cinq pieds de large et menace ruine à l'encoignure midi et sur divers points ; il est percé, au milieu, d'un vitrail en pierre de taille séparé par un pied droit aussi de pierre de taille portant en couronne une fleur de lys de pierre ; le panneau de l'aile droite de cette fleur contient un écusson penché portant d'azur à la croix d'or surmontée d'une traverse de gueules de droite à gauche ; au-dessous de cet écusson est la figure du crucifix accompagnée à droite de celle de saint Jean ; dans le panneau supérieur de l'aile gauche de la fleur est la figure de saint Sébastien ; dans le panneau au-dessous de cette figure se trouve l'image d'un ancien chevalier à genoux sur un coussin vert garni d'une houppe rouge, vis-à-vis d'un prie-Dieu rouge sur lequel est un livre ouvert où il paraît lire ; ses mains sont jointes ; de sa bouche sort un écriteau portant ces mots ; Sancta trinitas, unus Deus, miserere mei. Cette figure a la tête nue, elle porte un collier d'émail d'or, brassarts et cuissards de fer, fourreau d'épée violet et sur le tout une cotte d'armes écartelée comme suit : au premier et dernier une croix ancrée d'argent, au second et troisième d'azur semé de macles d'or ; derrière cette figure est celle de saint Jacques, en pied, tenant à la main droite un bourdon, ayant une coquille sur la poitrine, la main gauche appuyée sur l'épaule gauche du chevalier à genoux botté et éperonné. Au-delà du pignon, le pan de mur formant la face de l'aile de la chapelle est en très mauvais état, ainsi que le pignon de cette aile, côté midi ; ce dernier contient vingt-quatre pieds et demi hors oeuvre, il est percé d'un vitrail pareil à celui qui se trouve derrière l'autel ; dans le panneau de l'aile droite de la fleur de lys de ce vitrail, il y a un écusson portant écartelé au premier et quatre d'azur à la croix dentelée d'or, au deux et trois de gueules au lion d'or ; les dimensions de ce vitrail sont, comme pour l'autre, en largeur trois pieds trois pouces sur six pieds neuf pouces de haut ; les murs de ce côté sont hors d'aplomb : de même la face couchant, la charpente et la couverture sont en très mauvais état, il faut démolir les murs, descendre charpente et couverture, les bois pourront servir, on les descendra avec soin ; le vitrail sera proprement reposé ; la reconstruction aura quatorze pieds de long hors oeuvre à partir de l'angle du corps de la chapelle jusqu'à l'encoignure du pignon ; la hauteur de ces murs est du tiers de ceux de la chapelle. La charpente du comble de l'aile de la chapelle a vingt-six pieds de long, elle est en mauvais état, les chevrons sont pourris, en partie cassés ; la charpente doit être refaite à neuf ; l'ardoise et les lattes sont pourries, on les remplacera. La longueur de l'aile sera réduite à quatorze pieds pour la toiture comme pour la muraille. La poutre qui sépare de la chapelle l'aile en question s'est affaissée, sans qu'il y paraisse de fracture, elle est étançonnée d'un pilier de bois sous une sablière avec deux esseliers pour la soutenir, on la laissera dans cet état. A l'intérieur la charpente est divisée en cinq travées de poutres en bon état ainsi que le lambris fait de planches clouées sur chevrons. Toutes les pierres du pavé sont de très mauvaise qualité et en très mauvais état ; on doit relever toutes les pierres, les tailler à nouveau, les replacer sur un bon niveau, elles pourront servir à daller la moitié environ de la surface. La couverture en ardoises du comble a besoin aussi d'une assez forte réparation. Il n'y a sur les murs, poutres, charpentes, retables aucun autre écusson que ceux ci-dessus décrits. Les travaux de réparation dont la nécessité est constatée dans cette visite sont évalués 1.056 livres.

On se mit à l’œuvre, mais le défaut de ressources fit traîner en longueur les réparations ; le 10 juin 1770, le général remet au fabricien de saint Jean le reliquat versé par son prédécesseur pour poursuivre les réparations commencées, on donne récépissé des pièces relatives au procès-verbal de 1762 ; la délibération fait connaître qu'Antoine Guibert, l'entrepreneur qui construisit la tour de sainte Suzanne, avait passé un marché pour exécuter une partie des réparations de saint Jean, et qu'il a donné quittance pour solde de cette entreprise.

Le 9 Janvier 1774, le général donne ordre au fabricien de saint Jean de faire construire une petite chapelle sur la gauche, sauf l'agrément de l'évêque et du seigneur, c'est à dire de faire au nord de l'édifice une aile semblable à celle qui existait déjà au sud et où se trouve l'autel de saint Nicolas. Le 24 juillet de la même année, 600 livres sont remises à Jean Le Ralle, fabricien, pour cette construction ; les 23 avril et 11 juin 1775, le général renouvelle sa décision et Le Ralle remet 16 livres 9 sols 6 deniers, formant le reliquat des six cents livres, à son successeur Joseph Le Masson qui est chargé de poursuivre les travaux ; on continue les réparations à mesure qu'on peut y affecter quelqu'argent ; le 23 juillet 1786, le fabricien de saint Jean fait savoir qu'il a dépensé deux cent quarante neuf livres pendant l'année pour cet objet.

Un reçu du 16 juillet 1815 signé Blévin nous fait connaître que les peintures de saint Jean ont été restaurées moyennant la somme de cent vingt livres.

(René Le Cerf).

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