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PAROISSE DE SAINT-MATHIEU

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LA PAROISSE DE SAINT-MATHIEU (jadis dans l'évêché de Tréguier).

L'église de Saint-Mathieu, ainsi que toutes les autres églises de la ville, était occupée anciennement par des moines. Dans le XIIème siècle, ils signaient moine de Saint-Mathieu, moine de Saint-Melaine, etc. Cette paroisse ou prieuré était la plus ancienne de la ville. Elle comprenait ce qu'on appelait autrefois la ville close et le faubourg dit de Saint-Mathieu, entre les rivières de Kerffleut et de Jarlo, avec les villages Val-Pinart, Kerdaniel, Traonruz, Belizal, Spernen, Kerneguez, le Château, l'Hospice, le Parc-au-duc, etc. C'était un prieuré dépendant de l'abbaye de Saint-Mathieu, — en bas-Léon ou St-Mahé de la fin de la terre — (Sancti Matthœi de fine postremo). — Sant-Vaze fin ar bed. — On ignore l'époque où le prieuré fut acquis à cette abbaye ; on trouve, en 1110, la ratification et la confirmation, faite par Daniel, abbé de Saint-Mathieu, de la confrérie de la Trinité fondée dans cette église, et transférée par Jean II en la collégiale de Notre-Dame-du-Mur.

Voici la teneur de l'acte de fondation de cette confrérie, concédée par Raoul, évêque de Tréguier : « Ce sont ici les noms des frères de la confrérie, qui fut établie à Morlaix, avec l'assistance du St-Esprit, en l'honneur de la Ste-Trinité, de St-Mathieu, apôtre et évangéliste, l'an onze cent dix de l'incarnation de Notre-Seigneur, par concession de Raoul, évêque de Tréguier, Daniel, abbé de St-Mathieu et Hervé, vicomte ». Puis suivent les noms des confrères. « D'abord les moines, Hamon, moine de Saint-Mathieu et prieur de la même place fortifiée et de la même confrérie ; Hervé, moine de Saint-Melaine ; Bili, moine de Saint-Jacques de Morlaix ; les prêtres, Daniel et Halcain Yves, etc. ; les laïques, Hervé, vicomte etc. ; et enfin les femmes, Adevisia et Orven etc. ». Puis suivent les conditions de la confrérie : « Telles sont les règles établies entre eux par les membres de cette confrérie, en tant que les dits moines et clercs se sont placés, eux et leurs biens, sous la protection et la défense d'Hervé, vicomte, et sous le serment des autres frères laïques ; Hervé, vicomte, et tous les confrères laïques eux-mêmes, ont été reçus dans les ordres et les bénéfices des moines et frères clercs ; mais les laïques eux-mêmes ont juré de rester en paix entre eux, et de ne commettre, les uns envers les autres, aucune perfidie, aucune trahison, enfin lorsqu'un membre de la confrérie mourra, ces moines et clercs lui devront une messe annuelle, et les laïques une autre ».

A une époque indéterminée, ce prieuré fut séparé de la cure. Avant la Révolution le prieur était seigneur temporel, il avait fief, juridiction, four banal, et le prieuré pouvait valoir annuellement 1400 livres. Le prieur était gros décimateur et le curé était réduit à la portion congrue [Note : Ici s'arrêtent les notes de Daumesnil sur Saint-Mathieu].

Vers la fin du XVème siècle, l'église fut rebâtie dans le style de la Renaissance, et la dédicace en fut faite, en 1505, par Jean Calloet de Lanidy, évêque de Tréguier ; le clocher fut commencé, en 1548. Cette époque fut pour la Bretagne celle de la renaissance de l'architecture religieuse, lorsque la duchesse Anne, devenue reine de France, dota le pays de nombreuses églises.

Pour avoir quelques documents concernant le prieuré et l'église de Saint-Mathieu, nous sommes obligés de passer au règne de Louis XIV.

Dans la Réformation du domaine du roi, à la date du 4 janvier 1679, nous trouvons l'aveu de Michel Lefèvre, prieur commendataire de l'église paroissiale de Saint-Mathieu, qui consiste, à savoir :

En son manoir prioral, avec sa cour, son jardin et son verger ; une maison, qui était située dans le quartier de Traoulen et qui servait jadis de moulin, avec son étang ; le four banal de Saint-Mathieu ; une maison près du Marc'hallac'h ; la moitié d'une maison, rue Traoulen et d'une autre, rue des Brebis ; plusieurs chefrentes en nature sur des maisons sises, rue Haute, au Parc Arvor, à la Croix de Monconseil, rue des Bouchers, rue des Archers, sur le lieu de Penanru, sur le convenant Maillard, sur les manoirs de Belizal, du Parc Runiou, de Kerueguez, de Keraret, de Coatmorvan et le moulin du Spernen ; diverses rentes sur l'hôpital, les prêtres de Saint-Mathieu, les dominicains, les chanoines du Mur, la confrérie des agonisants, les calvairiennes, les minimes, la fabrique de Ploujean, la dîme et le casuel du prieuré, dont le revenu s'élevait à 1182 livres, tandis que les charges étaient de 500 livres pour la portion congrue du recteur de Saint-Mathieu, 250 livres pour celle de son curé, et 10 livres pour le bureau diocésain de Tréguier (Archives de la Loire-Inférieure. Réformation du domaine du roi. Sénéchaussée de Morlaix, Saint-Mathieu, vol. 1 page 451).

L'aveu du procureur de la paroisse, lors de la même Réformation est ainsi conçu : « Déclaration [Note : L'orthographe du manuscrit étant fantaisiste, nous avons cru pouvoir corriger quelques mots] et desnombrement de maisons et heritages que noble homme Jean Cozten, sieur du Rascoet, l'an présent procureur noble de l'église et paroisse de monsieur Sainct-Mathieu de ceste ville de Morlaix, y résidant, tient et possède en ladite qualité prochement et roturièrement du roy notre sire et souverain seigneur, soubz le domaine de Morlaix, aux charges et debvoirs cy-après déclarés, laquelle déclaration le dit sieur du Rascoet fournist et présente au roy notre sire et souverain seigneur devant messire François Bouyn, seigneur du Rains, conseiller du roy et maistre ordinaire en la chambre des comptes à Nantes, commissaire député par arrest d'icelle du dixiesme janvier mil six cent soixante-seize pour la réformation dudit domaine, et messieurs les juges du siége royal de Morlaix pour satisfaire à l'ordonnance du sixiesme juillet mil six cent soixante-dix-sept, publiée aux prosnes des grandes messes des paroisses de la ville et faubourgs de Morlaix, les quelz heritages consistent :

Scavoir :

Le terrain soubz l'esglise et cimetière dudit Sainct-Mathieu, la chapelle de Saincte-Marguerite et celle de Sainct-Euerzin y estant au fief du prieur dudit Sainct-Mathieu, le tout cerné au boult à l'orient d'un jardin appartenant à Hervé le Lagadec et consortz, le costé suzain, vers le midy, de plusieurs maisons à divers particuliers s'ouvrantes partye sur la rue des Bouchers et autre partye sur la rue Basse, partye dudit costé, et le boult vers l'occident par ladite rue Basse, le costé soubzain vers le nord, par un boult de rue donnant au prieuré maisons et prés dudit prieuré et la maison des feuillantines dans le dit pré, ayant tout ledit terrain de longueur d'orient à l'occident, murailles comprinses, treize cordes et dix piedz, largeur du dit cimetière, faisant face sur la place de la dite rue Basse, cinquante et huict piedz, murailles comprinses, largeur à l'autre boult vers l'orient contre la chapelle de Saincte-Marguerite, la muraille au costé suzain compriose septante et deux piedz, contenant en tout quarante-deux cordes et demy, trois toises et cinq piedz, suivant le mesurage faict par escuyer, Estienne de la Bouessière, priseur et arpenteur noble, le quinziesme de ce mois.

De plus appartient en fonds à la fabrice de la dite paroisse, une maison size au costé soubzain de la venelle, conduisant de dessus les degrez de l'esglise collégiale du Mur au petit Chasteau, en la paroisse de Sainct-Mathieu, cernée au boult suzain d'une maison appartenant au sieur du Boduic, le boult et le costé soubzain d'une maison et jardin appartenant au sieur Bussonnière, le costé suzain par la dite venelle sur laquelle la dite maison a de face my-muraille au boult suzain comprins dix-sept piedz de largeur, comprins les murailles quatorze piedz, contenant le dit terrain trois toises et trois quartz, suivant le mesurage dudit sieur de la Bouessière, dudit jour quinziesme de ce mois.

Comme aussy ledit sieur du Rascoet en ladite qualité déclare que ladite fabrice jouit du peu de revenu que produisent quelques corps de garde, sentinelles, et petites maisons entre les deux portes de Sainct-Yves, le tout situé dans ladite paroisse, pour l'entretien de ladite église, laquelle n'a que fort peu de revenu d'ailleurs, laquelle maison mentionnée au second article cy-devant a estée transportée à ladite fabrice par noble homme Pierre Coroller, sieur de Kerguelen, par transaction datée du quatriesme septembre 1675 au rapport du soubzsignant Allain, à la charge de payer annuellement la somme de vingt et quatre solz de rente à ladite esglise collégiale Du Mur et aux sieurs chanoines d'icelle, quitte d'autres charges, rentes ny chefrentes, avecque obeissance à sa maiesté comme les autres suietz de son domaine de Morlaix.

Laquelle déclaration ledit sieur du Rascoet en ladite qualité affirme véritable à sa cognoissance, sauf à y augmenter ou diminuer en cas d'erreur ou obmission au payement ou continuation desdites rentes et debvoirs, a affecté et obligé lesditz heritages, cy-devant fruitz et revenus, pour sur le tout estre procédé suivant les ordonnances royales et coutume de ce pays avecque pouvoir à maistre Guillaume Allain, son procureur audit siége de Morlaix et chez lequel il a esleu de domicile de la présenter devant messieurs les commissaires, en requerir acte et qu'il soit enrôlé sur le papier terrier et rôle de la réformation des terres et heritages mouvants de sa maiesté soubz le domaine de Morlaix, ce que ledit sieur du Rascoet a ainsy voulu et consenty et par nous notaires royaux de Morlaix, jugé et condamné de l'autoritté de nos charges, soubz son signe et les nostres, ce jour seiziesme juillet mil six cent soixante et dix-huict : Jean Cozten, Alain Le Roux » (Même réformation).

L'année suivante, eurent lieu pour l'église Saint-Mathieu les déclarations qui sont énumérées en ces termes : Procès-verbal fait dans l'esglise de Sainct-Mathieu. « Nous François Bouyn..., savoir faisons que ce jour quatriesme septembre, mil six cent soixante-dix-neuf, nous nous sommes transporté en l'esglise paroissiale de Sainct-Mathieu pour faire estat et procès-verbal de toutes les prééminences estantes en la dite esglise par mesurage et blasons des escussons qui s'y trouvent, comme aussy de tous droitz honorifiques, prééminences, chapelles, bancs, escabeaux et tombes prohibées... 

Et commençant par la maîtresse vitre de ladite église paroissiale de Sainct-Mathieu, avons remarqué et donné pour cogneu qu'il n'y a d'autres marques en icelle que celles de France et de Bretaigne en alliance, et nous a dit le sieur vicaire qu'on ne faict aucunes prières nominales pour quelques particuliers que ce soit, mais seulement pour la conservation de sa maiesté. Et du costé de l'évangile et du grand autel, il y a une autre vitre où il n'y a autres armes que celles du roy au bas de ladite vitre, et avons aussi donné pour cogneu que dans la ceinture de ladite esglise au plus haut des piliers et arcades, il n'y a d'autres lisières ni armes que celles de France, avec celles de Bretaigne. Et continuant à gauche du costé du dit évangile avons trouvé une première chapelle, dans la vitre de laquelle sont les armes prétendues et qu'on nous a dit estre au sieur de Coatgaric les parler par messire François Jagu, sieur vicaire dudit Sainct-Mathieu et le sieur de Kerrolland le Beau et missire Hervé Traouëz, prestre de ladite paroisse, dans laquelle vitre du costé de l'évangile, où est l'autel de Sainct-Sébastien et Sainct-Roch, avons remarqué au premier soufflet, en armes escartelées d'argent au lion rampant de sable, au premier et quatrième au second et troisième de gueule à l'épée d'argent et aux deux secondz souffletz sont en my-partye d'argent au lion grimpant de sable et d'argent aux anneletz de gueule à l'écu d'azur en quartier, et de même d'argent, au lion rampant de sable et d'argent au chevron de gueule et trois quintes feuilles d'azurés en my-partye, et dans deux autres souffletz , plus bas sont du costé du grand autel les armes susd., cy-dessus et de l'autre costé d'argent au lion montant de sable, avec trois molettes, deux enchef et l'autre en pente. Et avons remarqué au milieu de l'autel un lion rampant avec deux et une molette des mesmes armes les quelz sont aussy en bosse, et nous ont dit les tesmoins ci-dessus qu'il y a deux bancs l'un au proche du pilier, joignant l'autel de Nostre-Dame de Pitié, lequel porte trois piedz de long et deux de large, au dessoubz duquel est une tombe armoyée des mesmes armes, que l'on nous a dite estre celle de Quintin, et de l'autre costé ou pilier vis-à-vis y joignant la chapelle de Sainct-Nicolas, aussi armoyé des mesmes armes, contenant cinq piedz de longueur et quatre de largeur, soubz lequel, il y a deux tombes, dont l'une appartient au dit Coatgaric et Quintin, suivant la déposition des tesmoins cy-dessus, et l'autre au rapport de Maistre Yves le Bras, sieur de Kergrée, appartient au sieur du Kergadou.

Procédant du même costé à l'aisle gauche à l'autel anciennement dict l'autel de Saincte-Catherine, et présentement l'autel de Nostre-Dame des Agonisantz, avons veu et remarqué une vitre, chargée d'un escusson renversé d'une bande de gueule, et au second et troisième soufflet sous les mesmes armes en alliances, en my-partye, scavoir d'argent à la face d'azur, et sont dans l'arcade par dehors, dans le dedans de l'esglise les mesmes armes simples en bosse et dans le pilier qui soutient l'arcade, sert le bénitier de pierre au dessoubz de laquelle vitre est un banc qu'on dit estre dépendant de la mesme seigneurie contenant huict piedz et demy de long et de large, six piedz et demy, au bas du quel sont les mesmes armes en my-partye avec celles de Kergroas et est la déposition des sieurs vicaire, Trouern, Guillouzou, d'Escayer Hervé Keredern, Sr. de Kerscaou, lequel sieur de Trouern a dit y avoir droit.

Et descendant l'aisle de ladite esglise donnant du costé sur la cour du prieuré, avons trouvé une vitre, dans laquelle il y a trois escussons, dans les trois dernières niches. Au premier soufflet sont les armes, en my-partye d'argent, à une boucle et demye de sable, avec une annelette au milieu, de mesme, et second quartier d'argent fretté d'azur, et au second à la droite à my-partye d'argent, fretté d'azur au premier quartier, et au second d'or fasce d'azur au pigeon et merlette aussi d'or, et le troisiesme à la gauche d'argent à trois boucles de sable à un croissant de mesme en chef et une annelette de mesme, et enquis à qui estaient lesdites armes, nous a esté dit de la part de N. H. Jean Cozten, Sr. du Rascoët, qu'il croit qu'elles appartiennent aux Ballavesne, représentés par le Sr. de Mezilly et la demoiselle sa mère qui disparut de ladite chapelle et bancs y restant, et de Guillaume Bouricquen, maistre peintre nous a dit que lesdites armes sont celles de la Forest de Guicaznou et Calloet, au pied de laquelle est un banc contenant quatre piedz de long et deux et demy de large et un petit banc à accoudoir soubz le bénitier, placé dans le pilier de ladite chapelle et armoyé des mesmes armes, contenant ledit petit banc trois piedz et demy de long et de large, un pied et demy, et contient la chapelle sous le fond en longueur quatorze piedz et demy et largeur sept piedz et demy, le pilier en partage de ladite chapelle, comprins suivant le mesurage de Maistre Jean Chrestien, escuyer, Sr. de Mouster, priseur et arpenteur noble.

Et la troisiesme vitre du mesme costé est chargée au milieu d'un escusson de Sinople au sautoir d'argent accompaigné de quatre coquilles de mesme sans autres armes dans ladite vitre, et enquis à qui elles peuvent appartenir, ne s'est trouvé personne qui l'ait déclaré, ny qui les ait advouées, mais que lesdites chapelle, banc y estant, faisant la troisiesme du mesme costé, sont prétendus par le sieur de Parthenay, Kerneguen Morvan et de Rumangouëz et autres particuliers, et fait mesurer ledit banc s'est trouvé contenir de long dix piedz, de large, quatre piedz avec accoudoirs et siége, et ladite chapelle contient de long dans l'estendue de la voulte quatorze piedz de long et de large, sept piedz et demi, y comprins la moitié du pilier avec un banc-dossier de la longueur de ladite chapelle contre la muraille de ladite vitre.

Et continuant la chapelle de Sainct-Yves, faisant la quatriesme, avons trouvé dans la vitre de la quelle, dans la première niche sont les armes de Bretaigne en plein et dans la seconde du costé de l'autel, est un escusson d'argent au sautoir de gueule, à trois roses de mesme et une annelette de mesme en chef, appartenant au Sr. de Kergadiou de Kerneguez, et le troisiesme d'or à six merlettes qu'on dit estre les armes de Tanablouch, et au quatriesme my-partye de Kerneguez sont les armes Guernisac et Quelen qui portent au premier barellé de dix pièces d'argenté, de gueule, et l'autre partye d'or à la fasce de gueule chargé de trois molettes d'argent, et l'autre à l'opposite de mesme, et dans l'autel en plein par advance sont les mesmes armes en bosse en pierre, et dans la dite chapelle, il y a un banc de six piedz et demy de longueur et de largeur quatre piedz, et à la chapelle de longueur seize pieds et demy et de largeur huit piedz et est la dite chapelle close de balustres, les armes de Kerneguez en alliance avec celles de Kergadiou.

Et continuant dans la cinquiesme chapelle, appelée la chapelle de Saincte-Anne et Sainct-Laurent, au plus haut de la vitre d'icelle et au premier soufflet d'icelle, nous a esté dit qu'autrefois y estaient les armes de Bretaigne en plein et on voit encore aujourd'hui le haut d'une couronne ducale, ce qui nous marque estre les armes de Bretaigne et est la déposition des sieurs Cozten, Le Bras et Bouricquen.

Au second de sable un cerf d'or, passant accompaigné de trois besans d'or à la bordure de gueule en my-partye, et l'autre partye de sable à la croix coupée d'argent, accompaignée de trois trèfles de mesme, et dans le troisième soufflet les mesmes premières armes en plein, dans laquelle chapelle, il y a un banc contenant sept piedz et demy de long et de largeur quatre et demy, et ladite chapelle a de longueur quinze piedz et demy et de largeur sept piedz et demy, le quel banc est armoyé des mesmes armes qu'on nous a dites estre celles des Nouël, et au dehors de la dite chapelle joignant les balustres, est placé un banc et escabeau contre la voulte de l'autel, contenant six piedz de long et de largeur deux pieds et demy, la quelle chapelle, banc et tombes au dedans et dehors, on nous a dits appartenir à escuyer Jean et Guy Chrestien, Sieurs du Mouster et de Kerhoïc et à noble homme Guillaume Quémeneur, Sieur de la Bouessière et consortz, qui ont dit avoir depuis il y a longtemps induit pour la propriété.

Et dans la pénultiesme vitre du mesme costé, sont les armes des sieurs Dourdy, Lambert qui portent au premier soufflet de gueule à six besans d'or, trois, deux et un et en abisme une annelette d'argent, et au second soufflet les mesmes armes my-partye d'azur à six roses d'or, trois deux et un, et de l'autre costé à l'opposite du mesme à my-partye d'argent au lion d'azur armé, lampassé et couronné d'or, et au dessoubz du mesme costé avec d'autres qui sont d'argent, au grelier d'azur et sont les armes de Kergus Troffagan, et de l'autre costé à l'opposite sont les mesmes premières armes en my-partye et de Sinople au lion d'argent rampant appartenant au surnom des Jagu, et au bas de ladite vitre, il y a un banc où il paroist y en avoir les autres fois.

Et dans la dernière vitre sont le premier soufflet et sans armes avec un escusson d'attente, le second soufflet du costé des orgues porte en fond d'argent my-partye une hure de sanglier de sable, couronnée d'or et au premier canton une molette de sable et est ledit sanglier armé et l'autre partye d'argent à la fasce de gueule surmontée d'un sautoir d'azur et au dessoubz de la fasce un chevron d'azur a en chef et à la pointe deux trèfles d'azur, et dans l'autre soufflet à l'opposite de mesme et sont les armes des Salaun du Keramoal et des Rigollé en alliance, au dessoubz de laquelle est un banc contenant de longueur sept piedz et de largeur quatre piedz armoyé en my-partye des armes dudit Salaun, et avons remarqué vis-à-vis les mesmes armes en bosse en pierre dans l'autel de Saincte-Monique ou de Nostre-Dame de Consolation et sont en plein les armes dudit Salaun.

De plus avons remarqué que dans la dernière et grande vitre, placée au derrière des orgues, les seules armes au plus bas de ladite vitre de France et de Bretaigne, distinctes et séparées l'une de l'autre.

Et retournant à la chapelle des Cinq Playes, qui est la première du costé de l'épistre, une vitre où sont les armes en plein des Pinart portant d'or à trois fasces ondées d'azur au chef de gueule, chargé d'une pomme de pin d'or et au dessoubz sont les mêmes armes my-partye, chargées d'une bouë de sable, accompaignée de trois croix pattées de sable, et dans les deux autres vitres suivantes sont les mêmes armes, et aux deux costés de ladite chapelle dans les hameaux sont deux tombes, l'une du grand autel, enlevée de terre d'un pied et demy de hauteur et portant de longueur six pieds et demy, et à la droite à l'opposite est un enfeu soubz voulte et arcade, contenant de longueur six piedz et de hauteur de terre un pied et demy et quelques tombes au dedans et au dehors de la dite chapelle, armoyées des mesmes armes, et un banc donnant contre la muraille de la voulte, dans laquelle voulte et pilier sont les mesmes armes en partye comme cy-dessus et contient le dit banc de long cinq piedz et demy et de large quatre piedz et demy y comprins le banc à dos et avons remarqué un prie-dieu sans siège, lequel a quatre pieds de long et deux pieds de large.

Ensuite de laquelle chapelle est autre chapelle dédiée à Saincte Elisabeth, dans la vitre de laquelle sont les armes des Oriot et des Borgne portant escarté au premier et troisiesme d'azur au chevron d'or chargé de trois molettes de gueule, accompaigné de trois estoiles d'argent, deux et une, au second et troisiesme d'azur à trois gresliers, d'or, deux et un, dans l'enclos de laquelle il y a un banc armoryé des mesmes armes avec un accoudoir en avance et a de longueur ladite chapelle quatorze piedz de long et six et demy de large et sont les mesmes armes dans le sablier du lambris de l'autel, soutenu par des angeletz.

La troisiesme chapelle du mesme costé, dédiée à Notre-Dame-de-Callot, contient de longueur le pilier, comprins onze pied, laissant la liberté pour sortir et entrer dans ladite esglise par la porte adjacente et de largeur sept piedz et demy à prendre depuis le fond de la voulte, dans la vitre de laquelle sont les armes de Pénelé en plein, au premier soufflet portant d'or à la pointe ondée d'azur au chevron naissant de gueule et dans le second soufflet du costé de l'autel sont en my-partye les mesmes armes et autres de sable fretté d'or, et au premier quartier en chef d'argent à une croix de gueule et au troisiesme à l'opposite sont les mesmes armes en my-partye et autres de gueule au chevron d'argent, à trois coquilles, deux et un, et sont les mesmes armes gravéez en bosse dans le pilier de ladite chapelle, laquelle appartient au sieur de Pénelé Le Bihan, ainsy qu'il nous a luy-mesme déclaré.

Et continuant dans la quatriesme chapelle, avons veu une vitre qui porte au premier soufflet de sable fretté d'or, cantonné d'or d'un lion rampant de sable et sont les mesmes armes de l'autre costé qui sont de la maison de Kerprigent, et les mesmes armes my-partye aux deux souffleta au-dessoubz au premier de Lanidy Calloet, d'or à la fasce d'azur surmonté d'une merlette de mesme, à l'autre soufflet un escusson en brosse au-dessoubz de l'image de Notre Sauveur des mesmes armes de Kerprigent jadis Le Garrec, et contient icelle chapelle quinze piedz de long et six de largeur, et au dehors de ladite chapelle avons remarqué des tombes armoyées des mesmes armes et un banc dans le dedans de ladite chapelle.

Et entré dans la cinquiesme chapelle, située du mesme costé et tirant vers le bas de l'esglise en l'endroit s'est présenté M. Guillaume Gourgeault, heritier de défuncte damoiselle Marguerite Le Rest, sa grande mère, laquelle a eu le don de ladite chapelle, pour lequel effet il a produit des actes au greffe et est ladite vitre de nombre d'escussons et armoiries en alliance et con­tient ladite chapelle de longueur quatorze piedz et demy, et de largeur sept piedz et demy au dedans de laquelle est un banc.

Et continuant par la chapelle de Sainct-Estienne faite la dernière à l'aisle droite en entrant, dans la vitre de laquelle il y a trois escussons, au premier my-partye d'argent fretté d'azur, au second d'or à la fasce d'azur, surmonté d'un merlet de mesme, au second escusson d'azur au cerf passant d'or et sont les armes de Mezilly Floch et au troisiesme aussy en my-partye d'argent à trois boucles de sable, deux et un, à un annelet en abisme de mesme, surmonté d'un croissant aussy de mesme, et l'autre partye d'argent frettée d'azur et contient ladite chapelle quinze piedz de long et six de largeur, laquelle appartient à Mezilly Floch.

Nous avons travaillé ensuite à la recherche des prééminences et cognoissances des escussons et armoiries posés dans les piliers du dedans de ladite esglise et mesme des bancs qui se sont trouvés tant dans le choeur qu'à la nef de ladite esglise, et commencé par le premier pilier au dedans de la nef, auquel est attaché l'autel de Notre-Dame-des-Anges ou autres fois l'autel de Sainct-Michel, et s'y remarque encore ce jour l'image de Sainct Michel en relief au bas duquel est un banc appartenant à escuyer Guillaume Le Verger, sieur du Cosquer, cogneu mary et procureur des droitz de damoiselle Honore Geffroy, lequel en l'endroit a comparu et soutient la propriété de ladite chapelle, et contient ledit banc de long quatre piedz et demy et de laize cinq et l'estendue de ladite chapelle tient de longueur onze piedz et de large cinq piedz.

Et à l'opposite dudit pilier est un autre pilier du costé de l'évangile où est attaché l'autel de Notre-Dame-de-Pitié qu'on nous a dit appartenir à la dame de Kergadiou Kerneguez où sont ses armes cy-devant descrites dans le retable de l'autel en bois et est attaché un banc contenant de longueur six pieds et six autres pieds de largeur.

Au second pilier du costé de l'epistre et au troisiesme du mesme costé sont les armes en bosse du sieur de la Tour, scavoir : my partye au premier quartier d'azur à la tour d'or, et au second d'azur à la fasce d'or qui sont les armes de Goesbriant, et dans le troisiesme pilier sont les mesmes armes blasonnées, contenant ladite chapelle, d'un pilier à l'autre, onze piedz de longueur et de largeur quatre piedz et demy, où il y a deux bancs contenant chacun d'eux scavoir : l'un quatre piedz de longueur, de largeur deux, et l'autre quatre piedz de longueur et deux et demy de large, et s'est présenté Yves Le Diouguel, sieur de Kernotter qui a signé pour ledit sieur de Partevaux.

Au second autel à l'opposite du costé de l'évangile, est l'image de Nostre-Dame-de-Pitié en relief posée dans une niche, est un banc attaché qui est en dehors de ladite chapelle, contenant quatre piedz et demy de longueur et trois piedz et demy de large, lequel est sans armes et qu'on nous a dit appartenir au sieur du Val, et du costé de l'épistre dudit autel est un petit banc où sont les armes de la famille des Goarantz, empreintes en bois, contenant de long trois piedz et demy et de large deux piedz et demy et, joignant ladite chapelle, il y a un autre banc qu'on nous a dit appartenir à la famille des Diouguel, contenant quatre piedz et demy de long et de large trois piedz et demy, et au dessoubz dudit banc est autre banc joignant le troisiesme pilier où sont les armes en relief de Kergroas portant d'azur à la croix floronée d'argent en my-partye en alliance, le quel banc contient cinq piedz et demy de longeur et de largeur par le boult d'en bas trois piedz et par celuy d'en hault cinq piedz et est audit pilier attachée la chapelle de sainct-Crespin qu'on nous a dite estre de la confrérie des cordonniers, et à l'opposite du dit banc de l'autre costé dudit pilier, avons remarqué un petit banc contenant cinq piedz et demy de longueur et de large trois piedz et demy qu'on nous a dit appartenir aux héritiers de feu Maison Neuve Le Breton.

Et entre le troisiesme et quatriesme pilier est un banc d'osier pour siége, mis par les maistres cordonniers, qui est audevant d'un banc et escabeau que escuyers, Jean et Guy Chrestien, nous ont dit leur appartenir et à leurs consortz, que le banc d'osier est posé sur les tombes desdits advouantz qu'ils ont au nombre de quatre, deux de travers et deux de long, et iceluy banc contenir de largeur six piedz et demy et ne pouvoir faire le mesurage de la longueur estant destruit et déplacé par lesdits cordonniers, contre lesquelz les ditz advouantz font leur réservation, comme ils ont desja fait par leur déclaration.

Et au troisiesme pilier à l'opposite dudit costé de l'épistre est l'image de sainct Tugdual et au dessoubz en bosse les armes des Rigollé et des Levier, en alliance, et avis dudit autel joignant le quatriesme pilier est un banc contenant de largeur au boult d'en hault huict piedz et par le bas cinq piedz et un prie-dieu armoyé des dites armes, portant d'argent à fasce de gueule, à deux sautoirs, et d'azur, et deux feillis de mesme, et l'autre partye d'argent à la fasce d'azur, surmonté d'une colombe aussi de mesme à trois feillis, deux et un, et la fasce chargée d'un croissant de gueule, et du costé de l'épistre de la dite chapelle est un autre banc contenant cinq piedz de large et trois piedz et demy de large qu'on nous dit appartenir au Sr. du Verger Guillemot, et au dit quatriesme pilier autre banc appartenant aux Kergroas armoyé des armes des Kergroas cy dessus descrites my-partye d'or à trois estoiles de gueule et deux croissants de mesme, deux et un en chef et l'autre au milieu contenant de long trois piedz et demy et de large deux piedz et demy.

Et à vis du banc des Rigollé est un autre banc joignant le quatriesme pilier de l'autre costé armoyé des armes des Toulcoet portant d'or à la quinte fascelle d'azur avec un autre escusson en bosse, en alliance des mesmes armes, et contient le dit banc de longueur quatre piedz et de largeur aussi quatre piedz et demy.

Et remontant du costé de l'épistre aux premières arcades et voultes d'icelle esglise, joignant les chapelles de Sainct-Nicolas et autre chapelle suivante cy dessus specifiée, avons trouvé trois bancs, le premier des quelz appartient à damoiselle Jeanne Le Sech, avec ses armes, et deux tombes au dessoubz, qu'on nous a dites appartenir à la dite Le Sech par le sieur de la Villeneuve Jean, le quel banc est en forme de prie-dieu et n'est fermé, contenant de long cinq piedz et de laize trois piedz.

Et au dessoubz du dit chœur est un autre banc appartenant aux de L'Eau et consortz, armoyé et nous a esté déclaré que ce ne sont les armes des dits de L'Eau, le quel contient de long quatre piedz et demy et de laize trois piedz et demy, et un et demy de laize, auprès du quel est un autre banc ; nous ont déclaré appartenir au sieur Quéré, lieutenant de Lanmeur, contenant six piedz et demy de longueur et de large deux et demy, et sont les deux bancs cy-dessus descrits dans l'aisle gauche de l'esglise.

Et descendant le bas de l'esglise à vis de l'autel de l'Ecce Homo, avons trouvé deux bancs, le premier des quelz est armoyé des armes de Barach et de Rosambaou, et contient six piedz de long et quatre de large, au costé du quel à main gauche est un autre petit banc appartenant aux héritiers du sieur de Runescop et armoyé, de ses armes et de celles des Noblet, contenant cinq pieds de long et deux et demy de largeur et au costé un autre petit banc appartenant à damoiselle Françoise de Kermarquer, contenant de long cinq piedz et deux de largeur.

Et au dessoubz au cinquiesme pilier, où est l'autel de Sainct-Jacques sont deux bancs du costé de l'épistre, le premier des quelz appartient au sieur de Boissauveur, contenant cinq piedz et demy de long et deux et demy de laize, armoyé de ses armes, et l'autre banc appartient au sieur de Trouern Guillouzou, armoyé de ses armes, contenant de long cinq piedz et demy, et de laize trois et demy.

Et au dessoubz des dits bancs, entre le cinq et siziesme pilier, il y a cinq autres bancs appartenant à ce que l'on nous a dit, scavoir : le premier au sieur de Pennemon, contenant cinq pieds de long et trois de largeur, celuy au dessoubz appartient à Hervé Mérer, contenant de long cinq pieds et demy et trois de large, le troisiesme appartient au sieur de Rumangouëz et contient cinq piedz de longueur et deux de laize, et celuy au dessoubz au sieur de Kergoz Pinolat, contiens de long cinq piedz et de laize deux et demy, et le cinquiesme nous a esté déclaré ne scavoir à qui il peut appartenir, contenant de long quatre piedz et demy et quatre de large et au bas du cinquiesme banc est une tombe en l'endroit du sixiesme pilier que les sieurs Du Mouster et de Kerhoïc nous ont dit leur appartenir, et sur le quel il y a toujours eu un accoudoir et prie-dieu.

Et remontant au quatriesme pilier du costé de l'épistre, est l'autel de Nostre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, au hault du quel autel sont empreintes en bois et en relief les armes du Sr de Lanidy Calloet, en alliance avec autres, portant d'argent au chevron de gueule avec trois quintes feuilles empiette de Sinople, deux et un, avec une hermine au premier quartier et du costé de l'épistre du dit autel est un accoudoir et prie-dieu sans attache armoyé des mêmes armes des Calloet, et s'est présenté damoiselle Marie Cosson, faisant pour damoiselle Françoise Prigent sa mère, la quelle en l'endroit nous a déclaré s'opposer pour la place du dit accoudoir, estant posé sur une tombe qui lui appartient.

Et à vis du du autel joignant le cinquiesme pilier est le banc du sieur Lanidy, contenant de long cinq piedz et demy et trois et demy de laize, et à l'oppositte du dit autel y a un banc joignant, et du costé de l'épistre du dit autel de l'Ecce Homo, le quel appartient à Jacques Theron, marchand, et contient six piedz de long et trois de large.

Et dévalant au cinquiesme pilier du costé de l'évangile, joignant le banc dudit sieur de Lanidy est un autre banc appartenant au de Coatelaut Collin, armoyé de ses armes, contenant de long six piedz, et de laize trois et demy, au dessoubz duquel est un autre banc, joignant ledit sixiesme pilier, appartenant au sieur Lebartz et consortz, joignant l'autel de Sainct-Joseph qui est au dit pilier, du costé de l'évangile, armoyé d'un calice contenant cinq piedz et demy de long et de largeur trois piedz et au hault du dit pilier est un escusson de gueule à trois coeurs d'or à une estoile de mesme en fasce.

Et finissant par le sixiesme pilier, il y a un banc du costé de l'évangile appartenant à damoiselle de Keridec Rigollé, contenant de long six piedz et de large trois et demy.

Et à l'égard des tombes, n'en faisons un estat particulier ny le mesurage, attendu le grand nombre et que l'esglise en est entièrement pavée, sauf néanmoins aux propriétaires d'icelles à fournir devant nous pour la justification de la propriété. Et nous nous sommes retiré les ditz jour et an que devant cinquiesme de septembre mil six cent septante et neuf (Voir Archives de la Recette de l'Enregistrement. Ms. de la Réformation de la ville de Morlaix, en 1678 et 1679 ; in-folio).

Comme nous venons de le lire, la Réformation porte qu'on voyait un banc avec les armes des Kerret (des femmes de la maison de Guicasnou s'étaient alliées à cette famille) ; autour de ces armoiries on lisait cette devise modeste : QENTA TUD A VOA ER BED - A VOA GUICASNOU A KERRET, c'est-à-dire : « Les premiers habitants de la terre furent les Guicasnou et les Kerret ».

Vers la même époque, c'est-à-dire en 1674, le père Maunoir, missionnaire célèbre, vint prêcher une retraite à Saint-Mathieu où il obtint de nombreuses conversions. Ce père jésuite fut au XVIIème siècle ce que fut au XVIIIème le père Bridaine. Comme ce dernier, il était doué d'une grande facilité d'élocution, d'une imagination vive, d'une sensibilité vraie et préparait avec art l'effet de ses sermons par une mise en scène fort habile.

Le missionnaire, pour ramener à Dieu les âmes égarées, avait composé des tableaux énigmatiques, dont il expliquait les figures multiples au moyen de longues baguettes. Ces images d'un faire barbare étaient effrayantes et bien propres à frapper l'imagination ; nous donnons les titres des tableaux avec quelques-uns des détails les plus caractéristiques.

1. L'état de péché. — L'image représente le coeur d'un pécheur. Au milieu de ce coeur on voit le diable entouré de sept animaux symboliques figurant les sept péchés capitaux, à savoir : un paon (l'orgueil), — un crapaud (l'avarice), — un serpent (l'envie), — un bouc (la luxure), — un porc (la gourmandise), — un lion (la colère), — et une tortue (la paresse).

2. La mort du pécheur. — Couché sur un lit, où il ne peut faire le plus léger mouvement, un homme aux cheveux hérissés s'efforce inutilement de détacher son regard de l'horrible vision de la mort qui plane au-dessus de lui, et accourt un poignard à la main pour lui percer le coeur.

3. L'enfer. — Le pécheur, étroitement garrotté, est étendu sur un gril, feu dessus, feu dessous, et tourmenté par une bande de démons, toujours en quête de nouvelles tortures. Déjà ses yeux sont éteints, consumés, fondus, et, pendant que des serpents enroulés autour de sa tête la percent et lui dévorent la cervelle, un crapaud s'attache à sa bouche et la remplit de sa bave immonde.

4. Le coeur dans l'épouvante. — Un homme tient d'une main une tête de mort, et de l'autre une épée. La première lui représente sa misérable destinée ; la seconde n'est autre que l'effroi qui, comme un fer aigu, lui traverse la poitrine. A la contraction de ses traits on comprend qu'il songe à l'horreur de sa situation, ainsi qu'aux châtiments qui l'attendent s'il ne change pas de vie. La grâce qui le touche peu à peu est figurée par des flammes qui commencent à pénétrer son coeur, tandis que les péchés s'en éloignent et que Satan lui-même bat en retraite, mais avec grâce et en grinçant des dents.

5. La contrition. — Le pécheur se repent ; des larmes baignent son visage, et son ange gardien lui présente deux objets, un crucifix et le livre de sa conscience, pendant qu'une étoile lumineuse semble lui indiquer le bon chemin.

6. Les oeuvres de pénitence. — Au milieu d'un coeur, un crucifix, un chapelet, un livre d'heures, une chapelle, un pain, un pot d'eau, une ceinture de fer, une haire, une discipline, une bourse et l'ange gardien montrant au pécheur la palme de la victoire qu'il tient à la main.

7. L'état de grâce. — 8. L'âme tiède. — 9. La rechute dans le péché. — 10. La persévérance (L. F. Sauvé. Revue celtique tome VIII. D'après la tradition, Le Noblez, inventeur de ces tableaux, les aurait légués au père Maunoir qui les perfectionna).

Le souvenir de ce missionnaire resta longtemps vivant à Morlaix ; son biographe raconte même une résurrection qui aurait eu lieu dans notre ville, grâce à l'intercession du père Maunoir : « Marie Quénécan, servante chez M. Alouin, à Morlaix, reçut à la tête un coup de fusil tiré par mégarde par un domestique. Elle en mourut quelques heures après ; on laissa le corps sans l'enterrer environ vingt-quatre heures. On prépara tout pour l'enterrement. Le corps était enseveli et couvert d'un drap mortuaire, la croix et l'eau bénite étaient à côté de la châsse, les cloches sonnaient, lorsque M. et Mme Alouin eurent l'inspiration de vouer la pauvre Marie Quénécan au père Maunoir. A l'instant même elle ressuscita, et elle s'est bien portée plusieurs années après sa résurrection. L'information juridique de ce miracle fut faite à Plévin, le 11 juin 1685 » (Edm. P. du V. Vie du Père Maunoir).

Le 17 août 1779, eut lieu la bénédiction d'une cloche du poids de 1300 livres. Cette bénédiction fut faite, avec permission de M. l'abbé Borie, vicaire général de Tréguier, par M. Colé devenu plus tard recteur de Saint-Sauveur.

M. l'abbé Pitot était curé de Saint-Mathieu au commencement de la Révolution. Il était estimé et aimé de ses paroissiens par les qualités de son esprit et de son coeur ; sa dévotion avait cette nuance de finesse, de modération, de naïveté et de tolérance que nous trouvons souvent chez les prêtres des derniers siècles. Homme du monde, il était bon, familier avec ceux qu'il regardait comme ses enfants. Il réunissait les jeunes gens, se plaisait à converser avec eux, leur apprenait la musique et avec leur concours il donnait plus d'éclat au cérémonies religieuses. S'il avait la bonté, il avait aussi la fermeté, et nous le verrons se tenir debout devant les autorités, lorsqu'il aura fait ce qu'il croit être son devoir. « Au dix-huitième siècle, on n'avait pas encore inventé ce pédantisme de nos sociétés démocratiques qui demande à l'homme de commencer par se mutiler pour être mieux en harmonie avec ses fonctions, qui ne veut se représenter un magistrat qu'avec une tenue roide et gourmée, et un prêtre qu'avec un visage triste et morose, qui en un mot demande à l'homme de prendre d'abord figure de sot pour mieux porter le masque de sa profession » (Montégut).

Les électeurs de sa paroisse le nommèrent (9 février 1790) membre du conseil général de la commune et il garda ses fonctions municipales jusqu'au mois de novembre (13 novembre 1790) de la même année, où le sort désigna son nom parmi ceux des notables qui devaient être renouvelés. Alors il se rangea du côté de son évêque et n'accepta pas la constitution civile du clergé. Il entra en lutte avec l'administration et resta ferme à son poste jusqu'au jour où un mandat d'arrêt fut lancé contre lui.

Le 23 janvier 1791, le curé de Saint-Mathieu fut déclaré au corps municipal, comme ayant attaqué la constitution, et le conseil prit une délibération à ce sujet :

« Sur ce qu'il est revenu à la municipalité que le Sr. recteur de Saint-Mathieu, après avoir publié la loi relative au serment à prêter par les évêques et autres ecclésiastiques fonctionnaires publics, donnée à Paris, le 26 décembre 1790, et prêché un sermon sur l'Eternité des peines a, lorsque son auditoire se disposait à entendre le reste de la messe crié : Halte-là ! ! et prié de lui prêter une oreille attentive ; que l'auditoire ayant prêté l'attention requise par le prédicateur, celui-ci a dit : 1° qu'il était instruit qu'il circulait dans sa paroisse des brochures dans lesquelles l'on soutenait que tout était bon dans la constitution civile du clergé ; 2° que cette proposition était fausse ; 3° que le décret sur la constitution du clergé tendait à l'hérésie ; 4° qu'il était de son devoir d'en avertir ses paroissiens et qu'il n'y avait qu'à le dénoncer ; 5° enfin qu'on avait tort de dire que les évêques n'osaient improuver hautement cette constitution et que plusieurs d'entre eux avaient réclamé contre cette loi.

La municipalité a été d'avis de faire appeler le Sr. Pitot à son assemblée et lui, mandé par l'un des héraults, porteur d'une carte écrite à cet effet, est venu, lecture lui a été faite dudit rapport, et il a dit que ce qui lui était imputé n'était pas vrai ; qu'il n'avait pas entendu attaquer et qu'il n'avait pas attaqué en effet le décret de l'Assemblée nationale sur la constitution civile du clergé, que ce qu'il avait observé, après son sermon se réduisait aux phrases suivantes : « Mes chers paroissiens, il est à ma connaissance qu'il circule dans cette paroisse diverses brochures, lesquelles contiennent et l'erreur et l'hérésie, je ne crois pas pouvoir me dispenser de vous en dire un mot. Il est dit dans quelques-unes de ces brochures que la constitution du Clergé est évidemment bonne, que personne n'en doute, que nos évêques n'osent pas l'attaquer ouvertement. La vérité est, mes frères, que les évêques de l'Assemblée l'ont attaquée très-ouvertement dans un ouvrage où ils exposent les principes de la doctrine de l'Eglise et que cette pièce est souscrite, ou adoptée par cent dix-neuf évêques. On annonce encore dans ces brochures que les apôtres étaient tous égaux, que Jésus-Christ n'avait pas donné sa puissance particulière à Saint Pierre. Cette proposition a été condamnée comme hérétique et schismatique par l'Université de Paris, en 1617. C'est l'erreur de Dominis [Note : Dominis (Marc-Antonio) le théologien dalmate, né à Arbe, en 1566, mort en 1624. Après sa mort, son cadavre fut déterré et brûlé avec ses écrits par sentence de l'inquisition] énoncée dans la proposition suivante : Disparitas potestatis inter apostolos humanum est inventum, après quoi ledit Sr. recteur de Saint-Mathieu a déclaré par répétition qu'il n'avait pas entendu prêcher et qu'il n'avait pas prêché, en effet, contre le décret de l'Assemblée nationale sur la constitution civile du clergé ; que sa première proposition n'est relative qu'à une erreur de fait, erreur qui est constante puisqu'il est à la connaissance publique que cent dix-neuf évêques ont attaqué la constitution civile du clergé ; que si sa seconde proposition est théologique, il la croit vraie et orthodoxe, et conforme aux sentiments de tous les bons théologiens ».

Une seconde dénonciation fut adressée à la mairie sur les agissements du curé ; le Conseil municipal se réunit et décida qu'il informerait l'administration départementale afin qu'elle prît des mesures sévères à son égard. « M. Guillaume et le Hénaff ont rapporté qu'ayant assisté à la lecture et publication, que, sur le refus de M. Pitot, curé de St-Mathieu, M. Lefèvre, l'un des vic. de St-Melaine étant commis pour faire en l'église dudit St-M, lecture de la loi relative à l'instruction de l'Assemblée nationale sur la constitution du clergé, et de la lettre pastorale de M. l'évêque du Finistère, ils ont vu avec surprise et peine, que ledit Sr. Pitot, curé de St-Mathieu, après avoir lu quelques décrets qui lui avaient été envoyés à publier, au lieu de descendre et céder sur le champ la chaire à M. Lefèvre, a eu l'inconsidération d'annoncer la mission de cet ecclésiastique de manière à prévenir et indisposer l'auditoire contre la lecture qui allait lui être faite, ledit Sr curé de St-Mathieu ayant pris du principe de la liberté des opinions, le prétexte de dire que la sienne n'étant pas pour la légitimité des opérations, que les pièces à lire tendaient à justifier, sa conscience ne lui avait pas permis de se charger de leurs publications : petit prologue le plus déplacé et auquel il y a tout lieu d'attribuer la désertion de l'église de la part d'une grande partie des assistants aussitôt que M. Lefèvre est monté en chaire et, ce qui a été pis, l'attroupement d'une grande quantité de filles et femmes, qui ont fait un bruit indécent dans le portail, pendant la publication faite par M. Lefèvre et à sa sortie avaient l'air disposé à lui manquer, si elles n'avaient été contenues par la présence desdits deux officiers municipaux.

La municipalité ouï ledit rapport et considérant que la conduite tenue ce jour par ledit Sr curé de St-Mathieu doit ramener l'attention sur celle qu'il tint le 23 janvier ;

Que si les réflexions, que ledit Sr curé est convenu avoir proposées à ses paroissiens après son sermon de grand'messe, ledit jour 23 janvier, ne furent pas une attaque ouverte et directe de la constitution civile du clergé, elles furent du moins le hors-d'oeuvre le plus inconsidéré et dans lequel il est même plus impossible aujourd'hui que jamais de se persuader que ledit Sr. curé eût d'autre objet que de prévenir contre cette constitution du clergé ;

Considérant que placées surtout à la suite et comme à l'occasion de la publication, que fit ce jour M. Pitot de la loi du 26 décembre dernier, ses réflexions ne purent manquer d'éveiller le doute des faibles sur la sagesse de cette loi et qu'ainsi par le mal qu'elles opéraient, elles devenaient dans le fait un délit, l'intention de l'effet qu'elles produisirent n'eût-elle pas existé chez ledit Sr. Pitot ;

Considérant que, sans examen des vues, les actions, les prédications et tous ces abus de ministère, qui vont à exciter le désordre, sont ce que les municipalités sont commises pour surveiller en ce moment, dans les ecclésiastiques et qu'il leur est imposé l'obligation de faire connaître ces excès aux corps administratifs supérieurs et, suivant les circonstances, de les dénoncer aux tribunaux ;

Considérant enfin, que le défaut de prestation de serment de la part du dit Sr. Pitot, curé de Saint-Mathieu, quoiqu'on n'entende nullement en tirer d'autre conséquence contre lui, caractérisant avec la déclaration, qu'il a ce matin faite en chaire de ses sentiments, l'improbation la plus marquée de la constitution civile du clergé, il ne peut plus paraître équivoque que ses réflexions du 23 janvier eussent les mauvais objets qu'elles annonçaient assez, mais dont la municipalité se fût plu à voir que par la prestation de son serment et une conduite en conséquence, cet ecclésiastique eût détruit l'idée ; et ce ne fut que par ce motif et dans cet espoir qu'elle remit à délibérer ultérieurement à son égard, le 23 janvier, mais, ces motif et espoir n'existant plus, et M. Pitot paraissant dans des dispositions à ne faire attendre que de nouvelles fautes de sa part : Il a été arrêté que copie de la délibération du 23 janvier et de la présente serait envoyée à l'administration du district et par son canal à celle du département pour par le département être vu et prononcé quelle doit être la conduite de la municipalité relativement aux torts de M. Pitot, ou en tout cas, par le département lui-même pourvu ainsi qu'il appartiendra à la coercition desdits torts et aux moyens d'en prévenir de nouveaux de la part dudit Sr. Pitot et d'éviter les mauvais effets qu'ils pourraient avoir ».

En faisant parvenir cette lettre au directoire du district le maire disait : « Nous vous prions de prendre connaissance et de faire l'envoi au département, avec les observations que vous dictera votre sagesse sur les mesures à prendre, afin de mettre un terme aux inconsidérations de M. le curé de St-Mathieu. C'est avec un vrai regret, que nous les avons vues se renouveler, et nous ne doutons pas que vous en éprouviez autant en les apprenant et vous trouvant obligés de concourir à les réprimer. Il est fâcheux qu'un ecclésiastique aussi estimable force de sortir à son égard des bornes de l'indulgence ; mais elle n'est permise aux hommes publics que jusqu'à un certain point ».

Malgré cette délibération, lorsque le département ordonna, par son arrêté du 21 avril, de remplacer les prêtres non assermentés, la municipalité chercha à gagner du temps et écrivit au département que la conduite assez circonspecte et assez pacifique des prêtres non assermentés et la crainte de s'attirer le blâme de la multitude par l'exécution immédiate de cet arrêté, les engageaient à temporiser. Mais bientôt l'antagonisme entre les prêtres assermentés et les non-conformistes alla en augmentant ; il y eut même des troubles dans les églises, à la suite des quels le maire, M. Le Denmat réunit les conseillers municipaux, le 27 avril 1791, et leur dit : « Aucune commune, Messieurs, plus que celle de cette ville ne s'est montrée digne de la liberté. Energique, dans ses élans, vers ce premier bien de l'homme social, elle a été sage dans les mesures qui peuvent en assurer la conquête, elle ne s'est pas assoupie dans cette indolence honteuse qui préfère la servitude à ce qu'il en coûte pour en briser les liens, mais elle s'est livrée moins encore à cette fureur qui, confondant la licence avec la liberté, et la violence avec la résistance légitime, substitue la force au droit et l'instinct à la justice, et répand partout, avec l'anarchie le ravage et la destruction.

Elle a recueilli, Messieurs, les fruits de ce civisme éclairé au milieu des convulsions qui ont agité tant d'autres parties de l'empire, elle a joui d'une tranquillité constante. C'est sous le joug salutaire des lois qu'elle a conservé cet avantage inappréciable, et c'est sous l'égide dont elles arment l'autorité légitime, qu'elle doit continuer d'en jouir.

C'est à nous, Messieurs, qu'est attribué le soin de l'y maintenir. C'est le plus sacré de nos devoirs, c'est la plus sainte de nos fonctions, nous avons juré de les remplir et nous serons fidèles à ce serment.

Ils ne nous ont imposé jusqu'ici l'obligation d'aucun effort extraordinaire. Ce calme heureux qui a soutenu notre zèle et qui nous a dédommagés, depuis quinze mois, des sacrifices que nous faisons à la chose publique, subsiste même encore malgré les plaintes exagérées de quelques esprits ombrageux et mécontents. Cependant, Messieurs, ne nous endormons pas dans une sécurité trop confiante, il est vrai qu'un esprit d'inquiétude et d'agitation commence à germer dans cette commune ; il est vrai qu'elle a aussi ses tribuns factieux ; il est vrai enfin que la religion et la politique y ont leurs fanatiques zélateurs, ennemis d'autant plus dangereux de l'ordre public, qu'il font des intérêts les plus sacrés, le prétexte de leurs déclamations et de leurs manoeuvres criminelles.

Redoublons donc de surveillance, Messieurs, pour prévenir les atteintes que les promoteurs de discorde et de haine peuvent porter au repos et à l'honneur de cette cité. Quelques actes d'autorité particulière, quelques voies de fait répréhensibles y ont de loin en loin alarmé les vrais amis des lois et de la liberté, nous les avons dévoués à l'oubli. Mais s'ils étaient répétés, si des hommes paisibles et soumis aux lois étaient encore, quelles que soient leurs opinions, attaqués par des arrêtés injurieux, si des motions incendiaires étaient substituées à la voie légale des dénonciations et pétitions, si l'asile de la sûreté pour tout citoyen était violé, si dans nos temples on renouvelait ces scènes de scandale et d'irrévérence, qui insultent à la fois et la religion et l'ordre public, plus d'indulgence, Messieurs, livrons à la vengeance des lois quiconque osera désormais attenter avec cette audace à leurs dispositions tutélaires et à l'autorité légitime qui peut seule en punir l'infraction ».

Après ce discours, le conseil délibéra et arrêta de « proclamer que la liberté des opinions même religieuses étant décrétée, nul ne pouvait être inquiété pour celles qu'il pouvait avoir ; défense à tous citoyens de se porter à l'égard des personnes, ou sur les biens d'un particulier, ni dans les églises et autres édifices publics, à aucun acte de prétendue exécution des lois, à peine d'être punis comme perturbateurs de l'ordre social ».

Nous avons déjà vu, en parlant de l'église du Mur, que l'administration toujours fidèle à cet esprit de modération avait rejeté la pétition qui demandait la fermeture des églises.

Les temps devenaient de plus en plus difficiles et un nouveau maire, M. Diot, venait d'être nommé. A peine était-il installé qu'il reçut un arrêté du conseil du département ordonnant d'arrêter un certain nombre de prêtres, tels que M M. Lannurien, Pitot, Le Noanès, Le Balch, Le Moine, Forestier, Fournier et Ellés, et de les faire conduire à la prison de la ville. Le maire ne voulut pas prendre la responsabilité d'une mesure aussi rigoureuse et réunit, le 3 décembre 1791, son conseil qui prit cet arrêté : « La municipalité considérant que dans des affaires de cette nature, elle n'a d'autre parti à prendre que d'exécuter avec toute l'exactitude possible les ordres qui lui sont transmis par les corps administratifs supérieurs, elle charge M. le maire et le bureau de remplir cette obligation, ce faisant de donner à la force publique, ainsi qu'à tous autres qu'il appartiendra, tous réquisitoires nécessaires et demandés ou indiqués par le directoire, qu'il gardera pour garantie : tel a été l'arrêté du conseil municipal ».

Nous ne savons ce qu'il advint de ces ordres, mais nous sommes porté à croire que plusieurs de ces ecclésiastiques, avertis en secret, purent s'échapper. Toutefois M. Le Noanès fut arrêté, le 26 janvier 1792.

Peu de jours après, c'était encore une nouvelle corvée, la municipalité reçut une lettre du directoire du département, en date du 19 décembre, lui ordonnant de nommer des commissaires pour assister à la descente des cloches des églises supprimées et veiller à la conservation des beffrois. Les commissaires désignés furent MM. Dubois, officier municipal et Granger, citoyen.

Saint-Mathieu n'était plus qu'une simple succursale, confiée à un prêtre constitutionnel, l'abbé Levey dont nous trouvons la signature sur le procès-verbal de l'inventaire de l'église, ordonné par la Municipalité. D'après ce document l'église avait le chœur, dédié à Saint-Mathieu, l'autel de la Communion, celui de la Sainte-Vierge, celui de Saint-Crépin, celui de l'Ecce Homo, celui de Notre-Dame du Refuge, la chapelle de Saint-Jacques, l'autel de Sainte-Anne, celui des Carmes, celui des Croix, celui des Trépassés, celui des Agonisants, celui de la Nativité et dans le portail une statue de la Vierge enfermée dans une niche.

L'église possédait en argenterie une lampe avec ses chaînons ; un bénitier avec son goupillon ; une croix avec huit chandeliers comprenant la garniture du maître-autel ; une grande croix de huit pieds et demi, servant aux processions ; une autre croix à reliquaire, servant pour la procession des rogations ; une autre croix d'environ seize pouces, ayant une portion de la vraie croix ; un reliquaire ; quatre calices et leurs patènes ; deux orseaux et une cuvette ; un soleil d'environ dix-huit pouces ; deux ciboires et la boîte aux saintes huiles ; une Vierge, décorée d'un collier de perles précieuses.

Le 25 nivôse, an II (14 janvier 1794) deux citoyens furent nommés commissaires à l'effet de consommer dans les églises la destruction des traces de royauté et de féodalité qui y pourraient rester, s'il en existait encore et de faire disparaître toutes les statues de l'extérieur des églises. En même temps le citoyen Pitel était chargé de faire descendre les cloches et de les envoyer à la fonderie.

Le 4 pluviôse an II (le 23 janvier 1794), le conseil municipal arrêta que les objets d'argenterie des églises de Morlaix seraient portés à la mairie et mis à la disposition de la République ; en même temps il envoya à la Convention l'adresse suivante : « Représentants du peuple. La République doit son salut à votre courage, à votre énergie. Dans quel point de la France pourrait-on ne pas seconder vos travaux et vos vues? Le commune de Morlaix s'en fait le plus sacré des devoirs, il n'y a pas de sacrifices qui lui aient coûté pour cela. Elle trouve l'occasion d'ajouter aux sacrifices personnels de ses concitoyens. Nous tenons à la disposition de la patrie 369 marcs 3 onces d'argent, provenant d'objets de la desserte du culte catholique. Le progrès lent des lumières dans nos cantons, et les principes de tolérance que vous avez consacrés, nous ont conduits à des ménagements pour ce culte. Mais sa réunion pour la commune dans un seul édifice, au lieu de quatre qu'il occupait, et du rapprochement de la simplicité du premier temps, de cette simplicité que les républicains doivent porter dans tout, ont procuré la ressource que nous vous offrons ».

Cet envoi eut lieu le 13 germinal (2 avril) de la même année. Et par un arrêté du 24 germinal, le conseil municipal fit enlever la croix qui fut envoyée à la fonderie et le linge qui fut porté à l'hôpital général. 

Pendant la Terreur, le tribunal révolutionnaire, siégeant à Brest, condamna à mort et fit exécuter, le 13 messidor, Auguste Clech, prêtre, âgé de cinquante ans, et trois femmes coupables de lui avoir donné asile, Anne et Anastasie Leblanc, tricoteuses, âgées la première de quatre-vingts ans, la seconde de trente-huit, et une marchande, nommée Anne Levron, âgée de vingt-cinq ans, toutes trois demeurant à Morlaix.

Le 11 germinal, an III (31 mars 1795), la Convention rendit sur les cultes un décret dont l'article V était ainsi conçu : « Nul ne pourra remplir le ministère d'aucun culte, dans les dits édifices, à moins qu'il ne se soit fait décerner acte, devant la municipalité des lieux où il voudra exercer, de sa soumission aux lois de la République ». Et nous voyons, dans un acte du 7 messidor, (25 juin), de la même année, les noms des prêtres qui se soumettent à la loi. Ce sont : Jean-Marie Le Vey, David, Etienne-Sébastien Latour, Louis-Laurent Lannurien, Yves Quilgars, Jean-Baptiste-Xavier Noirot, Louis-Guillou Saunier, Pierre-Ignace Saillard, Jean-Pierre Balluz, Maurice Derrien, François Cotty, Yves Savidan, Mathieu Mével, Jean-Marie Etinc, diacre, et Hervé Martel. Un autre prêtre, nommé Forestier, qui ne s'était pas soumis fut arrêté, le 13 messidor.

Le culte catholique continua à se célébrer à Saint-Mathieu jusqu'au 15 brumaire, an IV. A cette époque, le citoyen Le Bozec, agent national, demanda à la municipalité de faire exécuter le décret sur la police extérieure des cultes, rendu le 11 vendémiaire par la Convention, dont l'article 7, titre 3, portait ces mots : « Tout individu qui, une décade après la publication du présent décret, exercera le ministère d'un culte, sans avoir satisfait aux deux articles précédents, subira la peine portée en l'article 6, et en cas de récidive, il sera condamné à dix ans de gêne ». Trois prêtres seulement répondirent à cette injonction, c'étaient les citoyens Derrien, Cotty et Frout, qui exerçaient leur ministère à la section de la Roche. Aucun prêtre de Saint-Mathieu ne se présente ; le conseil arrête le même soir que : « le Directoire sera informé que l'édifice national servant au culte dans la section des Halles, cesse d'être fréquenté par les citoyens, qui en dirigeaient les cérémonies, faute de s'être conformés à la loi qui les concerne et qu'il ait à en disposer, comme il le verra bon pour l'intérêt de la République, dont il est une propriété confiée à son administration particulière ». La guerre s'empara de l'église et en fit un magasin à fourrages. En même temps les plus actives recherches furent faites pour arrêter les prêtres insermentés, qui purent échapper pour la plupart. Cependant l'abbé Le Guern, arrêté [3 prairial, an IV (22 mai 1796)] par la garde nationale, fut conduit au château de Brest ; l'abbé Louis-Guillaume Saunier, fut dénoncé par le citoyen Nicole [3 ventôse, an IV (22 février 1796)], comme se cachant dans la maison de la veuve Roquelin, rue de Bourret, il fut arrêté et conduit de même à Brest de brigade en brigade. Trois vieillards septuagénaires, les abbés Lannurien, Latour et Quilgars obtinrent l'autorisation de rester à Morlaix et furent internés à l'hospice où ils ne devaient avoir d'autre communication qu'avec leurs parents [Séance du 15 brumaire, an V (5 novembre 1796)] et où l'exercice de leur ministère leur était défendu. Une pareille mesure d'humanité fut prise à l'égard des abbés Martel et Leroux [14 vendémiaire, an VI (4 octobre 1797)]. Une dénonciation arriva à la municipalité, contre l'abbé Lannurien « qui s'était permis d'enfreindre l'engagement qu'il avait pris dans le temps devant elle de n'exercer en aucune façon le culte catholique », et par arrêté du 11 germinal, il fut retiré de l'hospice et mis en surveillance dans la maison du citoyen Barazer-Lannurien, son neveu, avec injonction de ne sortir sous aucun prétexte [16 germinal, an VII (5 avril 1799)]. Nous avons appris par la famille que ce vieillard fut ensuite transporté à la prison de Vannes où il mourut. Nous n'avons pas voulu écrire l'histoire des prêtres de Morlaix à cette époque. Nous n'avons fait que prendre les noms de ceux qui se trouvent inscrits dans les registres de délibérations et dans les copies de lettres : les documents judiciaires de cette époque ne se trouvent plus à Morlaix.

Lorsque le Consulat eut mis un terme aux discordes religieuses et que le Concordat avec le Saint-Siége eut été conclu, l'église de Saint-Mathieu fut choisie comme paroisse, et l'abbé Pitot put revenir à la tête de son troupeau. Une succursale fut établie à Saint-Martin et l'église Saint-Melaine devint un oratoire [Délibération du 15 pluviôse an XII (5 février 1804)] desservi par un vicaire de la paroisse.

En 1820, l'église Saint-Mathieu menaçait ruine. M. Frimot, ingénieur de l'arrondissement fut invité par le préfet à venir le visiter et constater si on pourrait la réparer ou s'il fallait la reconstruire [Délibération du 19 septembre 1820]. Après cette visite on vit qu'elle ne pourrait plus servir au culte et elle fut fermée. Alors le conseil [Délibération du 6 février 1821] décida la démolition de l'église et même celle de la tour, heureusement que dans une réunion postérieure, il eut le bon esprit de revenir sur une décision prise un peu à la légère. MM. Pouliquen et Eloury, architectes de la ville, présentèrent un plan qui fut adopté [Délibération du 24 octobre 1821 — 15 février et 22 février 1822] et l'entreprise en fut confiée à M. Charpentier (15 mars 1822) qui se mit aussitôt à l'oeuvre. Les travaux furent reçus par la ville et les comptes approuvés, le 22 août 1827 ; la dépense s'éleva à la somme de 47,560 fr. 72 c.

La même année, la statue de Notre-Dame-du-Mur qui avait été d'abord portée à Saint-Mathieu après la chute de la collégiale, et qui avait été envoyée à Saint-Melaine, lors de la démolition de l'église paroissiale, fut de nouveau rapportée à Saint-Mathieu, le jour de la première communion et mise à l'autel du Sacré-Coeur.

Le 8 avril 1859, une cloche fut bénite à Saint-Mathieu. Elle fut nommée Léoncie-Henriette ; le parrain était M. Cazin de la Trésorerie, représenté par M. Paul de Pascaux, et la marraine, Léontine Kerbriand Postic. 

Une cérémonie du même genre eut encore lieu, le 21 avril 1872. Mgr. Nouvel, évêque de Quimper et de Léon baptisa une cloche, pesant 1358 kilogrammes, fondue par les frères de Ploërmel ; elle eut pour parrain, M. de Meynard, sous-préfet de l'arrondissement et pour marraine, Madame Edmond Puyo ; on lui donna le nom de Camille-Christine.

De dimensions égales à celles de l'ancienne église, qui avait elle-même remplacé celle de l'ancien prieuré, celle-ci n'a aucun caractère religieux, car on ne peut reconnaître cette qualité à deux rangs de colonnes séparant en trois sections longitudinales et sous un toit commun, un assez, vaste édifice à fenêtres en plates-bandes.

Le seul trait d'intelligence qu'il y ait à relever dans le remaniement, ou si l'on veut, la reconstruction de 1827, c'est la Conservation de la tour, monument assez imposant, sur ses lourdes et formidables assises.

A sa base, à une hauteur moyenne de 2 mètres 50, et sur les trois faces accessibles, on lit sur une banderolle ondée, presque continue, l'inscription suivante, gravée en creux en caractères romains de 0.20 cm de haut : L'AN MIL CINQ CENTZ QVABANTE HOVICT, LE DIXIESME IOVR DE IVLLET, FVT COMMÉCÉ CESTE TOVR EN L'HONEVR DE DIEV, DE NOTRE-DAME ET DE MONSIEIGNEVR SAINCT MAHÉ. Ce genre d'inscription d'un emploi très rare ou inconnu, par conséquent original, mérite d'être signalé à l'attention du lecteur : c'est un exemple de commémoration historique ou un exemple d'épigraphie lapidaire qui aura toujours du charme aux yeux de tout homme un peu archéologue de fait, ou d'intention.

Presque à la suite de cette inscription, à l'angle sud-est, à côté de la grille du cimetière et de la porte du clocher, on lit ce distique : MORS TVA MORS CHRISTI, FRAVX (Sic) MVNDI GLORIA CELI, ET DOLOR INFERNI SINT MEMORANDA TIBI. « Pense à ton heure dernière, à la mort du Christ, aux embûches du monde, au bonheur du ciel et aux souffrances de l'enfer ». Ces paroles gravées à l'entrée du cimetière étaient bien propres à servir de thème aux méditations de ceux qui venaient visiter le champ de l'éternel repos.

Une troisième inscription, placée sur le côté nord, porte ce distique en caractères gothiques : PROPRIA QUI SERVIT JUSTE PETIT OEQUA LABORI ET SIMUL E PROPRIIS MUTUAT ET REPETIT. « Celui qui cultive son propre fonds, demande avec justice des fruits en proportion égale à son travail, et en même temps qu'il fait un prêt à sa terre, il en reçoit un intérêt rémunérateur ». Sous ce langage un peu obscur, on peut comprendre que celui qui prête à Dieu sera payé au centuple du bien qu'il aura fait.

A des intervalles bien choisis, cette tour en style de la renaissance est ornée de mascarons, de roses gravées en creux et en relief, de consoles et de niches toutes.., privées de leurs statues qui ont dû être martelées, en 1791, d'après un ordre reçu de Paris. Un écusson blasonné aux armes de Bretagne et placé dans un fronton entrecoupé a échappé à cette destruction, soit qu'on l'y eût oublié ou jugé peu propre à troubler la paix publique.

Comme toutes les tours, celle-ci a une galerie servant de limite à sa plate-forme. Elle est composée de balustres anguleux d'une époque postérieure au reste de l'édifice ; serait-ce un rétablissement de l'ancienne galerie endommagée à l'époque des guerres de la ligue par l'artillerie du château de Morlaix, situé sur une éminence voisine, lorsque les assiégés essayaient de démonter la batterie que le maréchal d'Aumont avait établie en cet endroit.

Cette plate-forme portait aussi une lanterne en granit où étaient placés les timbres de l'horloge ; elle fut démolie, en 1780, après avoir été frappée par la foudre.

Malgré les défauts que nous lui trouvons aujourd'hui, la tour de Saint-Mathieu était regardée comme une merveille, dont le genre était nouveau dans le pays, c'est encore un des plus intéressants monuments de notre ville.

Comme curiosité nous signalerons aussi au rez-de-chaussée, les barreaux de la fenêtre de l'ancienne sacristie, dont l'enchevêtrement ne peut se comprendre qu'en admettant qu'il ait eu lieu au moment de la torsion du fer chauffé au rouge.

Avant de franchir le portique trop simple qui donne accès dans l'église, jetez un regard à votre gauche. et vous verrez à l'entrée du presbytère une petite madone encastrée dans le mur. On lit au-dessous cette inscription en petites capitales : 1662. MARIE FRANÇOIS IAGV DE SA CHARGE ÉTONÉ VOVS OFFRE LE TROVPEAV QVE DIEV LVI A DONÉ.

L'inscription suivante en breton décore le fronton du portique : DEUD OLL D'AM C'HAOUT (Venez tous vers moi).

A l'intérieur, l'église, comme il a déjà été dit, n'a aucun caractère religieux ; ce défaut grave en lui-même, le devient davantage en privant les objets artistiques ou historiques qu'elle renferme, de l'harmonie pour laquelle ils avalent été faits ; c'est ainsi que la statue de Saint-Tugdual, qui reproduit le costume des pontifes contemporains d'Anne de Bretagne, se trouve à demi annihilée, dans son cadre d'étroite menuiserie d'un autre temps. A sa place primitive elle aurait eu la propriété d'évoquer une impression semblable à celle que produit le catalogue des évêques de Bretagne par Albert le Grand, c'est-à-dire d'ouvrir une perspective sur le moyen âge ; mérite réel très-apprécié de nos jours, sous la désignation de musées rétrospectifs.

Une autre statue d'un caractère très-ancien, c'est le grand crucifix qui n'este au bas de l'église : il se rattache à l'invariable art bysantin, c'est dire que les motifs déterminants pour lui assigner une date d'origine plausible manquent complètement, car un ne peut considérer, comme une règle constante dans ce sujet, l'admission d'une demi-tunique ou de quelques plis de draperies qui se rencontrent dans diverses contrées et dans quelques exemplaires appartenant à des siècles non consécutifs. 

Comme la plupart des images exceptionnellement vénérées, ce crucifix a aussi sa légende ; il convient d'ajouter qu'elle est purement locale ; la voici avec les incidents qui la rendaient si intéressante à nos yeux : A une époque inconnue, un navire sorti de l'un des ports d'Italie fut attaqué et pris à l'abordage par des pirates. Lorsque ceux-ci eurent massacré l'équipage, ils voulurent faire de ce Christ l'objet de leurs plaisanteries, ce qui ne leur porta que malheur, car ils périrent tous frappés de la foudre. Le navire s'en alla à la dérive, ballotté par les vents et les flots, et resta pendant longtemps à la merci des éléments. Poussé dans la Manche par les courants, il fut enfin, par un hasard providentiel, rencontré par des pécheurs, en rade de Morlaix. Il était depuis quelques jours dans ce havre sans que les mariniers aperçussent le moindre signe de vie à bord. Enhardis par leurs sentiments d'humanité, ils se hasardèrent à venir offrir leurs services aux gens du navire abandonné, et trouvèrent ainsi l'image vénérée qu'ils transportèrent à Morlaix sur une charrette attelée de deux boeufs. Le trajet s'effectua facilement jusqu'au moment où la charrette se trouva vis-à-vis de l'église de Notre-Dame-du-Mur, là les efforts devinrent inutiles malgré tontes les ressources employées. Alors tous les témoins de ce fait déclarèrent que c'était dans l'église de la patronne de leur cité qu'il fallait placer cette grande image de la rédemption humaine : ce n'est qu'après la Révolution qu'elle a été mise où nous la voyons.

Deux bas-reliefs coloriés, placés aux deux côtés de l'autel du Sacré-Coeur, à l'extrémité du collatéral gauche, en regardant le maître-autel, méritent aussi de fixer l'attention des connaisseurs ; celui qui est du côté de l'épître représente la Cène ; son pendant de l'autre côté est le Lavement des pieds. Dans ce dernier tableau, la draperie du Christ est supérieurement disposée, et d'une exécution peu commune ; cette bonne impression est assez bien soutenue par les attitudes naturelles et variées des apôtres. Les mêmes qualités existent dans la Cène, mais à un degré inférieur. Ces deux ouvrages paraissent avoir été faits dans la première moitié du XVIIème siècle. Très-près de ces sculptures, on remarque la statue de saint Mathieu, dont l'aspect est le même que celui de quantité de figures sculptées ou peintes au XVIIème siècle. Au bas des marches du maître-autel se voient aussi deux candélabres en bois d'environ 2m 50 de haut. Leur composition est aussi riche qu'élégante et l'on peut dire sans exagération que bien des recueils estimés contiennent des modèles de mobilier inférieurs à ceux-ci : dernièrement rafraîchis par l'application d' "Ors",  on peut actuellement les confondre avec des produits de fonte industrielle, ce qui est loin d'ajouter à leur valeur.

Pour les lecteurs désireux de plus amples détails, nous ajouterons que le trépied inférieur de chacun de ces candélabres, orné des attributs de la foi, de l'espérance et de la justice, est de plus soutenu par des serres d'aigle s'appuyant sur des globes ; viennent ensuite des rinceaux et enfin trois tritons qui supportent une guirlande de feuillage : ces figures emblématiques ont le pied appuyé sur un dauphin qui s'enroule autour de leur corps. Quelques autres détails secondaires complètent ces deux charmants ouvrages attribués à un frère convers (Florentin) du couvent des Jacobins de Morlaix, qui les fit au commencement du XVIIIème siècle pour l'église de son couvent, d'où ils ont été transportés où nous les voyons, ainsi que la boiserie des orgues, tout à fait de même provenance. En effet, on y remarque la même ampleur dans le jet des rinceaux, le même goût pour les amortissements ondulés, car ce sont encore des tritons qui servent de consoles et d'ornements au profil du grand corps d'orgue.

Contre la paroi de la même église, du côté de l'évangile, et dans une triste lumière, — dont il a fallu se contenter faute de mieux, — est placé un tableau de 1 mètre 14 sur 1 mètre 46 de largeur. C'est une copie du « Christ et la Cananéenne » par Jean-Germain Drouais, qui le fit à l'âge de vingt et un ans pour le concours de peinture de 1784. Jamais un ouvrage de cette force n'avait jusque-là paru au concours, aussi excita-t-il un véritable enthousiasme, qui valut au jeune Drouais le prix de cette année. « Si l'on considère que la Cananéenne est l'oeuvre d'un tout jeune homme et que c'est une peinture faite en loge, c'est-à-dire sans autre secours que des réminiscences d'atelier, on comprendra l'étonnement des Académiciens. Mais à le juger en dehors de ces considérations, le tableau de Drouais pèche précisément par ce côté académique dont l'Académie fut enchantée. En langage d'atelier, la Cananéenne est le chef-d'oeuvre du " poncif ", c'est le type consacré, le modèle inévitable du prix de Rome. Les souvenirs flagrants du Poussin, les airs de tête empruntés à David, les draperies apprises par coeur, les attitudes obligées, la pantomime juive, tout cela refroidit singulièrement notre admiration. La principale figure, celle de la Cananéenne est, il est vrai, heureusement conçue, expressive, animée, intéressante ; mais le reste est froid, mannequiné. Quant à l'exécution, elle est d'une propreté fade, et rappelle par trop le Bélisaire de David, les chairs rosées du maître, sa teinte gris-perle et cette manière timide, mince et blaireautée, qu'il adopta lorsqu'il eut abandonné celle du Valentin. A cela près, il faut convenir que la Cananéenne est encore la peinture la plus remarquable qui ait été produite par un élève dans les Concours académiques » (Charles Blanc). Ce tableau est un don du gouvernement ; il a été gravé dans le Musée français et dans la collection Landon.

Sur la paroi opposée, près de la porte qui conduit à l'ancien cimetière, on voit un autre tableau qui passe pour une copie de la Magdeleine de Murillo, qu'on voyait dans les salles du Louvre avant 1848. Quoiqu'il en soit, cet ouvrage est expressif et fort bien peint par M. Cottereau.

L'une de ces dernières années, les plafonds de la nef et des bas-côtés ont reçu pour la première fois des peintures d'ornementation. C'était un problème assez difficile à résoudre que d'atténuer par la couleur l'effet de ce qui est plat, bas et défectueux de forme. Il n'est que justice de reconnaître que M. Ayroles La Chapelle, de Morlaix, s'est acquitté de sa tâche avec un vrai talent ; par l'ampleur de ses panneaux décoratifs il a fait preuve de bon goût. Il a aussi obtenu de riches aspects, exempts de bigarrure par l'application judicieuse de la théorie ou plutôt de l'adoption récente dite des « vibrations de teintes » ou en d'autres termes, des variantes d'une même couleur.

A l'extrémité du cimetière s'élève une chapelle, fondée en 1833, [18 avril 1832. Création adoptée par le Conseil] par M. Keramanach, curé de Morlaix, qui prit à coeur de rétablir le vocable de l'ancienne collégiale de Notre-Dame-du-Mur. Il aurait voulu la construire à l'endroit même où s'élevait l'ancien sanctuaire, mais des difficultés qui survinrent, l'obligèrent à renoncer à ce projet, de là le choix de la place déjà citée, où la construction ne tarda pas à s'élever pour être achevée, en 1834.

Bénit par M. Le Gac de Lansalut, recteur de Garlan, le nouvel édifice ne tarda pas à se lézarder et on fut obligé de le restaurer jusqu'en ses fondements. Ces travaux furent activement conduits et on put bientôt procéder à une deuxième inauguration qui eut lieu sous la présidence de Mgr. Sergent, évêque de Quimper et de Léon, après une procession dans laquelle l'image de la patronne de la cité fut triomphalement portée dans les principales rues de la ville, le 4 mai 1857, par quatre prêtres revêtus de dalmatiques.

Toute la décoration extérieure de la chapelle de Notre-Dame-du-Mur se réduit à un portique en granit. Il se compose de deux colonnes et d'un fronton triangulaire, avec de nombreuses réductions de moulures qui permettent à peine d'y reconnaître les éléments de l'ordre toscan. L'intérieur est simple et polychrome.

Notre-Dame-du-Mur tenant l'enfant Jésus dans ses bras, est assise sur un trône en bois de chêne doré que porte un ange aux ailes éployées, posé sur le tabernacle ; à côté se trouvent deux anges portant des candélabres. Cette statue de la Vierge, sans être un travail d'art, est cependant estimable sous le rapport de l'expression et de l'exécution assez soignée des draperies qui sont d'une bonne disposition. Elle offre ceci de particulier que l'intérieur a la forme d'une grotte. Lorsqu'on l'ouvre, on peut y voir un groupe représentant la Trinité, avec des peintures en émail qui ressortent sur un fond rouge. Ces peintures sont d'un style naïf, très-intéressant et qui n'est pas dénué d'un certain caractère artistique.

On voit aussi au-dessus de la porte d'entrée principale un bas-relief qui semble être de la même époque que les sculptures que nous avons admirées dans l'église Saint-Mathieu ; elles sont exécutées selon le même système, et sont probablement de la même main. La scène représente le Golgotha. Le Christ est attaché à la croix entre les deux larrons. Au pied de la croix la Vierge est évanouie et entourée des saintes femmes qui l'ont accompagnée. Malgré la gaucherie relative à l'exécution des figures, c'est une oeuvre qui a bien son mérite par l'ordonnance de la composition et le sentiment dramatique.

Le vitrail de gauche représente la pose de la première pierre de l'église ducale de la collégiale du Mur par Jean II, duc de Bretagne, le jour de l'Assomption, en présence de cinq évêques ; dans celui de droite se trouve le pèlerinage de la patronne de la ville, portée par des jeunes filles en costumes d'artisanes morlaisiennes. Sur les murs et à la voûte, on a peint différents sujets se rapportant à la vie de la Vierge ; vers la porte d'entrée sont représentés les quatre évangélistes. Ces peintures où la poésie s'allie à la simplicité sont d'un pinceau sobre et délicat. Les arabesques fleuries, les broderies décoratives et les ornements variés de la chapelle sont traités avec goût. Ces vitraux et ces peintures sont !'oeuvre de M. Jean-Louis Nicolas qui a surtout cette originalité à nos yeux de n'avoir suivi les leçons d'aucun maître et de s'être formé lui-même. Nous citerons encore à la droite du choeur un petit tableau à trois compartiments qui peut se fermer ; au milieu il y a le Christ en croix et à ses côtés sa mère et la Magdeleine, et enfin un ex-voto, venant de l'ancienne église du Mur. Il rappelle le souvenir d'un enfant qui, étant tombé à l'eau au confluent du Jarlo et du Keffleut, est entraîné par le courant sous le pont couvert du Fardel, lorsqu'il est sauvé par l'intercession de la Vierge. Quant à la tour du Mur et au château, représentés sur le tableau, il sont si peu fidèles que sous ne pouvons y attacher aucun intérêt historique.

Au-dessous du choeur se trouve une crypte avec une statue de Saint Avertin qui est invoqué par les fidèles pour la guérison des maux de tête.

Cette chapelle est visitée par les personnes pieuses, c'est à la patronne de Morlaix que s'adressent les mères qui ont des enfants en langueur pour obtenir leur guérison. A toute heure du jour et de la nuit des cierges brûlent devant son autel et lorsque vous la visiterez, vous pourrez entendre ce cantique en langue de breiz-izel s'élever vers le ciel : Itron Varia ar Vur, Patronez Montroulez Pedit evidomp.

En sortant de la chapelle et au pied de la croix de Mission, nous avons vu quelques pierres tombales. Sur l'une d'elles, on lit : ICI GIST NO. MISSIRE FRANÇOIS JAGU MORT LE 20 DE JUILLET, L'AN 1707 AGE DE 82 ANS APRES AVOIR ESTE PASR. DE C. PARROIS. 42 ANS. 

Les fidèles regardent ce recteur comme un bienheureux et le peuple l'appelle ar vikel-sant, le saint vicaire. De concert avec le père Maunoir, il avait fondé une maison de retraite derrière l'église Saint-Mathieu. Il fut enseveli dans la chapelle Sainte-Marguerite : si cette tombe n'a pas été déplacée, elle nous fait donc connaître l'emplacement de cet oratoire.

La mémoire de ce prêtre est en grande vénération dans la paroisse et les personnes pieuses croient qu'il opère des miracles. Les mères ont l'habitude de rouler leurs petits enfants sur sa tombe afin qu'ils apprennent plus vite à marcher. Plusieurs légendes merveilleuses ont cours dans le peuple sur le bienheureux Jagu, en voici une qui nous a été racontée par un ouvrier de la Manufacture des Tabacs, Vincent Coat, qui connaît toutes les traditions du pays, nous la donnons d'autant plus volontiers qu'elle n'a jamais été publiée : 

Le Saint Vicaire et le Diable. « Du temps que le Vikel sant était curé de Saint-Mathieu de Morlaix, il y avait dans sa paroisse une vieille dame, riche et noble, qui aimait le jeu par dessus tout. Nuit et jour, elle avait les cartes à la main, et quand elle ne trouvait pas d'autre partenaire, elle jouait avec ses domestiques ; quelquefois même elle jouait toute seule. Un dimanche soir du mois de décembre qu'elle était seule dans sa chambre, s'ennuyant et se plaignant de ne pas trouver de joueur sérieux, sa femme de chambre vint lui annoncer qu'un seigneur inconnu, jeune et richement vêtu, demandait à lui parler. Elle donna l'ordre de l'introduire sur le champ, espérant que le ciel lui envoyait quelque partenaire digne d'elle. Et en effet, dès les premiers mots, elle parla de jeu à son visiteur inconnu et lui proposa une partie de cartes. Il accepta tout en s'excusant d'être peu habile et de jouer assez rarement. Il tira de sa poche plusieurs poignées d'or jaune et luisant, tout neuf, qu'il rangea sur la table par piles de cent écus. La partie s'engagea. La vieille dame avait une chance qui l'étonnait elle-même, et l'inconnu, impassible et beau joueur, était sans cesse obligé de recourir à sa poche, d'où il sortait de nouvelles pièces d'or, comme d'une source inépuisable. C'était vraiment merveilleux que de voir tout ce que pouvait contenir cette poche ! Mais la vieille dame tout à son jeu et enivrée par sa chance extraordinaire, n'y faisait pas attention, tant elle était toute gaie et tout heureuse. Dans le transport de sa joie, elle laissa tomber une carte à terre et appela sa femme de chambre pour la lui chercher. La servante prit un flambeau sur la table ; en cherchant la carte tombée, elle vit que le joueur inconnu avait des pieds de cheval. A ce signe elle reconnut que c'était un diable, mais en personne prudente et bien avisée, elle ne poussa aucun cri, remit tranquillement la carte à sa maîtresse et sortit de la chambre. Puis elle courut sur-le-champ au presbytère de Saint-Mathieu, conter le cas au Vikel sant, qui jouissait dans tout le pays d'une grande renommée comme conjurateur. Il était plus de minuit, et pourtant le saint homme veillait encore ainsi que sa servante, car il savait, — sans doute grâce à quelque avertissement du ciel, — qu'on devait venir le chercher, cette nuit-là, pour une affaire importante. La servante du curé introduisit celle de la vieille dame dans la chambre du saint prêtre, où il était en oraison. La servante de la joueuse lui fit connaître l'objet de sa visite. — " Je savais, que vous deviez venir et je vous attendais " lui répondit-il tranquillement. Puis il consulta un gros livre qu'il avait sur son bureau, prit son étole, une burette remplie d'eau bénite et dit ensuite : " Allons, à la grâce de Dieu ! ". La servante le conduisit chez sa maîtresse. Il pénétra tout doucement, sur la pointe du pied, dans la chambre où la vieille dame jouait avec l'autre, à qui elle gagnait déjà un monceau d'or, dont la moitié de la table était couverte. Il se précipita d'un bond sur le joueur aux pieds de cheval, lui mit son étole sur la tête et l'aspergea d'eau bénite, en récitant une oraison. Le démon poussa un cri épouvantable et s'enfuit par la cheminée sous la forme d'une boule de feu : il renversa même le pignon qu'on n'a jamais pu relever depuis ».

Et la vieille dame que devint-elle ? dis-je au conteur. — La vieille dame était tombée évanouie, la face contre terre. Le prêtre la releva, et, quand elle reprit ses sens, elle alla se confesser, puis elle entra dans un couvent où elle mourut comme une sainte. — Et l'argent gagné par elle ? — « Les pièces d'or du diable se changèrent en autant de feuilles sèches, des feuilles de hêtre qu'on jeta au feu, comme on doit y jeter tout ce qui vient du maudit ».

Les vieilles gens de Saint-Mathieu disent encore qu'il avait prédit la Révolution.

Sur la tombe voisine il y a ces mots : CI GIT LE CORPS DE Mre OLIVIER FLOCH, ANCIEN RECTEUR DE BREST, ENSUITE CURÉ DE NOGENT-SUR-SEINE ET DÉCÉDÉ CURÉ DE MORLAIX, LE 8 FÉVRIER 1821, A L'AGE DE 70 ANS. REQUIESCAT IN PACE. Ces deux pierres tombales, qui sont très-simples, portent un calice et une tête de mort avec des os en sautoir. A propos de ces emblèmes de la mort, nous ferons remarquer qu'on ne les trouve pas sur les pierres tombales avant la fin du XVIème siècle, ils ne deviennent abondants que dans le XVIIème et dans le XVIIIème siècle. Au moyen-âge les sculpteurs parlaient de l'immortalité et non de la mort. Dans les siècles de foi, on voit sur les tombes les chiffres entre-croisés qui signifiaient la paix du Christ et ce n'est que lorsque la foi a commencé à s'attiédir dans les âmes, que nous voyons apparaître l'idée du cadavre et de la mort matérielle.

Des Prieurs et Curés de Saint-Mathieu. - Vers 1100. Hamon, moine, qui signe l'acte de la confrérie de la Trinité. - 1538. Yves Guilloser. - 1542. Yves Fabre. - 1549. M. Bonhom. - 1570. Yves Argancher. - 1582. François Corre. - 1586. Guillaume Quintin. - 1589. Yves Hénaff. - 1591. François Laurans. - 1592. Yves Gallic. - 1594. François Lay. - 1610. Goulven Pengam. - 1625. Jean-François Sillau. - 1637. François Menou. - 1659. François Jagu. - 1668. Henri Cillart, vicaire perpétuel. On trouve, en 1680, un Cillart, nommé aumônier de l'hôpital. - 1679. Michel Lefèvre, prieur commendataire de l'église paroissiale de Saint-Mathieu. - 1679. Henri de Kermoné, vicaire. - 1708. G. Collas. - 1730. G. Yves de Keret, prieur et recteur. - 1736. J.-G. Quihery de la Touche. - 1756. G. Cocquart. - 1780. Pitot. Il se retire pendant la Révolution. - 1792. Baron, prieur. - 1791. Derrien, curé constitutionnel. - 1800. Pitot. Il revient après la Révolution. - 1805. Le Dall de Tromelin. Il est nommé vicaire-général. - 1806. Olivier Floch. - 1821. Jean-Louis Keramanach, chanoine honoraire, curé-archiprêtre. - 1860. Hervé-Marie Cloarec, chanoine honoraire. Il est nommé à la cure de Saint-Louis de Brest. - 1873. François Rolland, chanoine honoraire. 

Pour procureurs nobles (marguilliers) nous trouvons Guillouzou de Trouern en 1668 ; Geffroy Berthelot et Pierre Palpré, en 1679 ; Chapperon, Moreau de Lizoreux, lieutenant de la sénéchaussée de Morlaix, vers 1770 (J. Daumesnil).

Ville de Morlaix - Bretagne Voir Histoire des monuments religieux de la paroisse de Saint-Mathieu à Morlaix.

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