Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

 Morlaix durant la Révolution

 LES PAROISSES DE MORLAIX

  Retour page d'accueil        Retour page "Morlaix durant la Révolution"       Retour " Ville de Morlaix "  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

LA RÉVOLUTION A MORLAIX.

Au moment de la Révolution, Expilly était recteur de Saint-Martin et avait comme vicaires les abbés Guerlesquin et Le Breton. Il prêta le serment à la Constitution civile du clergé, et devint bientôt évêque constitutionnel du Finistère. Il fut sacré à Paris le 24 Février 1791, et mourra sous la guillotine, à Brest, le 24 Mai 1794. Ses deux vicaires refusèrent le serment, et durent quitter leur paroisse dans les premiers jours de Juillet 1791 ; ils signent une dernière fois, aux registres, le 4 du même mois. M. Guerlesquin resta au pays. Arrêté à Saint-Martin de Morlaix, en l’an VII, par ordre du Directoire, il subit la déportation. Quant à l’abbé Le Breton, il fut déporté en Espagne le 12 Août 1792. Tous deux se retrouvent à Morlaix en 1804.

M. Jean Combot, prêtre à Saint-Martin, refusa également de s’assermenter. Arrêté, le 13 Novembre 1797, à Saint-Thégonnec, il fut exilé en Guyane, et mourut à Conanama, le 9 Octobre 1798.

Avec ensemble, le clergé de Saint-Mathieu refuse le serment : il comprend les abbés Pitot, Le Balch et Le Moine, le premier recteur, les deux autres vicaires (Peyron). A Saint-Melaine, le recteur Le Noanès, lui non plus ne veut rien savoir, tandis que ses vicaires Le Febvre et Lucas se présentent à la grand'messe du 6 Février pour y faire le serment, en même temps que Coty, vicaire de Plouégat-Moysan. Quelques semaines plus tard, l’abbé Lucas voit récompenser son zèle : le 27 Mars, il est nommé par le corps électoral du district de Morlaix recteur constitutionnel de Ploujean.

La station de Carême fut offerte par la municipalité aux prêtres jureurs : MM. Le Febvre, Lucas et Coty. Tous déclinèrent l’invitation, se sentant incapables de tenir convenablement ce rôle : force fut donc de faire appel au Père Saillard, dominicain insermenté (Peyron).

A Saint-Melaine, le dimanche 6 Mars, sommé, par le marguillier Beau, de lire le mandement d'Expilly, M. Le Noanès se récuse. « Que cet abus est outrageant ! gémit le procureur Beau, quel en est le scandale ! un curé refuse en chaire à ses ouailles le pain de vie de son premier pasteur. Puis-je différer, Messieurs, de vous dénoncer ce meurtre ? Ma sensibilité est si profonde que je n’ai que la force de conclure. Que le sieur Le Noanès soit appelé devant vous pour être entendu sur les raisons qu’il peut avoir eu de s’abstenir de lire et de publier la lettre pastorale de M. Expilly... » (Registre de délibérations du corps politique de la paroisse de Saint-Melaine de Morlaix).

Cependant un arrêté du Département groupait les trois paroisses de Morlaix en une seule, et le corps électoral du district nommait, le 27 Mars 1791, curé de Morlaix Maurice Derrien, prêtre conformiste, né à Saint-Melaine, en 1735. Approuvé le 2 Avril par Expilly, l’intrus fut installé le lendemain, dans l’église du Mur, mise à sa disposition. Les recteurs de Saint-Mathieu et de Saint-Melaine continuent d’occuper paisiblement leurs églises, et à Saint-Martin, les abbés Guerlesquin et Le Breton font toujours les offices du culte et donnent les sacrements.

Le 22 Juin, la procession solennelle de la Fête-Dieu eut lieu comme d’ordinaire ; mais, conviés à y prendre part, les prêtres fidèles se gardèrent bien d’assister à la cérémonie, qui, pour comble de malheur, fut troublée par une pluie torrentielle.

Le 7 Juillet, l’abbé Pitot et ses deux vicaires, M. Le Noannès, les abbés Guerlesquin et Le Breton, furent saisis par ordre du Département, et internés, le jour suivant, aux Carmes de Brest, où ils resteront jusqu’au 27 Septembre.

Dès le 6 Juillet à Saint-Melaine, dès le 8 à Saint-Martin, M. Derrien signe aux registres [Note : L’intrus commença à administrer le baptême à Saint-Melalne dès le 2 Mai 1791, et il consigne les actes de ce ministère dans un cahier qui lui appartient exclusivement]. Les deux cahiers de Saint-Melaine portent les signatures suivantes : le 6 Juillet « Beloeil, vicaire de Morlaix » ; le 15 Novembre 1791 : « Y.-M. Le Roux, vicaire de Morlaix » ; le 2 Novembre 1792 : « Derrien, curé de Notre-Dame » ; et en cette même année : « J. M. Plusquellec, vicaire de Morlaix ».

Aux registres de Saint-Martin figurent les signatures qui suivent : 10 Juillet 1791, « David, vicaire constitutionnel de Morlaix » ; 11 Juillet, « Beloeil, vicaire de Morlaix » ; 11 Août, « Le Vey, vicaire de Morlaix » ; 9 Septembre, « A. Chauvière, dominicain conformiste et vicaire de Morlaix » ; 26 Octobre 1792, « David, curé de la trêve de Saint-Martin ».

Sortis de la prison des Carmes de Brest, le 27 Septembre 1791, M. Pitot et l’un de ses vicaires, l’abbé Le Moine, disparaissent de la perspective. Quant à M. Balch, nous le trouvons en Mars 1793, à Zamora, en Espagne, où il a émigré (Manuscrit Boissière, p. 205). M. Le Noanès revient à Saint-Melaine, où il est de nouveau saisi, à la fin de Décembre 1791, puis interné au Château de Brest, d’où il sera déporté en Espagne, le 12 Août 1792 (Manuscrit Boissière, p. 205).

Etabli à Saint-Melaine, Maurice Derrien confie la trêve de Saint-Mathieu à M. Le Vey, et celle de Saint-Martin, à son autre vicaire, David. En Juillet 1793, il est mis en demeure de quitter l’église de Saint-Melaine, qui est réquisitionnée le 19 Octobre suivant, pour servir de magasin des subsistances militaires. Il se retire alors à l’église Saint-Mathieu, pour y célébrer le culte.

Et voici la Terreur. Le 1er Nivôse an II (21 Décembre 1793), les cloches sont descendues de leurs tours et expédiées à Brest pour être fondues. Le 25 (14 Janvier 1794), ordre est donné de détruire les signes de féodalité et de royauté qui se trouvent dans les églises, et de faire disparaître de l’extérieur toutes les statues qui y sont placées. En Janvier et Février 1794, on enlève les grillages des églises supprimées, les croix et les images des Saints, et on interdit au curé constitutionnel de se livrer à quelque manifestation ostensible du culte. Celui-ci cherche refuge dans l’église du Mur. Mais elle devient Temple de la Raison, et il dut la quitter. Le 14 Germinal (3 Avril), on interdit les sonneries de l'Angelus et de l'Agonie. Le 10 Floréal (29 Avril), le citoyen Derrien est convié à déguerpir de l’église de Saint-Martin, où il avait cherché asile, cette église devant servir désormais d’hôpital militaire. Le 16, on expédie à la Monnaie l’argenterie des églises de Morlaix.

« A la date du 9 Thermidor (26 Juillet 1794), écrit M. Le Guennec, toutes les églises de Morlaix étaient désaffectées, sauf peut-être Saint-Mathieu, dernier abri du citoyen Derrien. Les Jacobins et les Capucins étaient transformés en casernes ; Saint-Melaine et le Calvaire en magasins, Saint-Martin et les Ursulines en hôpitaux, les Carmélites en prison ; le Mur, après avoir servi de Temple de la Raison, puis de Temple de l'Etre suprême, était abandonné et dans le plus grand délabrement. Partout, on avait décapité ou renversé les statues, objets de la vénération de nos ancêtres, brisé à coups de marteaux et de pierres les brillantes verrières armoriées, fouillé les tombeaux et troublé la cendre des morts pour arracher aux châsses leur enveloppe de plomb.

Les tours, veuves de leurs cloches, demeuraient muettes. Plus d’enterrements religieux, de sermons, de processions ; à peine une courte messe basse hâtivement récitée, dans un coin d’église dévastée, par un prêtre jureur, et troublée souvent par de grossières incartades comme celle de cet officier qui monta certain jour dans la chaire du Mur pour entonner devant la foule indignée une chanson révoltante.

Cependant, de vaillants confesseurs de la foi, bravant la prison et la mort, étaient demeurés cachés à Morlaix, et à travers mille périls, continuaient à exercer le ministère sacré, célébrant la messe dans les greniers, bénissant les mariages, baptisant les enfants, administrant les mourants. Dans la rue des Bouchers, paraît-il, la messe était dite régulièrement chaque dimanche, en une salle à la porte de laquelle veillait une bande résolue de solides bouchers, leur redoutable couteau à la ceinture. Les espions du District et de la municipalité les tenaient bien au courant, mais ceux-ci, malgré les arrêtés sanguinaires des représentants du peuple, répugnaient à pourchasser les prêtres, et ne s’y décidaient qu’à leur corps défendant. Un seul des ecclésiastiques cachés fut arrêté, c’était un capucin, le P. Joseph de Roscoff, que le tribunal révolutionnaire de Brest envoya à l’échafaud [Note : L’abbé Augustin Clec'h, prêtre de Plestin-les-Grèves, fut arrêté à Morlaix le 20 Juin 1794, et guillotiné à Brest le 1er Juillet suivant, avec Anne Le Prince et Anastasie Le Blanc, ses receleuses (Abbé Le Roux, Prêtres et laïc guillotinés …, pp. 72, 98)].

Le P. Noirot, ancien procureur des Jacobins, fut plus heureux. Il se trouvait chez une vieille dame, lorsque des officiers municipaux se présentèrent pour effectuer dans la maison une visite domiciliaire. Ils, allaient pénétrer dans la chambre où étaient le P. Noirot et la dame lorsque celle-ci eut une inspiration subite. Elle fit asseoir le moine, petit et maigre, sur un fauteuil, se plaça elle-même sur ses genoux, jeta autour d’eux un ample manteau, et reçut tranquillement les commissaires en s’excusant de ne pouvoir quitter son fauteuil à cause de son état de santé. Sans concevoir aucun soupçon, ceux-ci fouillèrent les appartements, puis se retirèrent bredouille » (Le Guennec).

La chute de Robespierre marqua un temps d’arrêt à la persécution religieuse. Vers la fin d'Avril 1795, une chrétienne de Morlaix afferma l’église de Saint-Mathieu, et ne cacha pas son dessein d’y ouvrir le culte public par des prêtres insermentés. A la même époque, trois prêtres fidèles, Lannurien, Savidan et Sannier, se présentèrent à la mairie, et les deux derniers déclarèrent qu’ils exerçaient en ville les fonctions du culte privé. Au cours d'Avril, plusieurs ecclésiastiques paraissent au bureau municipal, pour y faire la déclaration de résidence exigée par la loi, entre autres : Dafniet, les Pères Noirot, Saillart, Pelleter et Ballay, dominicains, Combot, Martel, La Tour, Nigeon et Sannier.

Le 6 Fructidor an III (21 Août), Derrien n’hésite pas à mettre sa signature au bas d’un odieux libellé dénonçant des prêtres réfractaires, adressé à la Convention par un groupe de patriotes morlaisiens, et réclamant la déportation de tous les prêtres n’ayant pas satisfait aux lois.

Un décret du 7 Vendémiaire an IV (28 Septembre 1795), demanda aux ecclésiastiques de reconnaître par serment la souveraineté de l’universalité des citoyens français, et de promettre soumission aux lois de la République. Refusant ce serment, les prêtres insermentés de Morlaix durent de nouveau se cacher, pour éviter la peine de la déportation, prévue par un décret du 4 Brumaire (26 Octobre). L’abbé Derrien et ses vicaires Cotty et Frout [Note : Natif de Saint-Melaine, ancien avocat, fait prêtre par Expilly] firent seuls le serment exigé par la loi. Derrien obtint, le 16 Brumaire, l’église de Saint-Mathieu, abandonnée par les prêtres catholiques, et quelques semaines plus tard l’église des Dominicains.

(H. Pérennès). 

 © Copyright - Tous droits réservés.