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INSTRUCTION PUBLIQUE ET COLLEGE A MORLAIX SOUS LES ROIS DE FRANCE

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La ville avait, dès le seizième siècle, des maîtres d'école de paroisses (Ms. Daumesnil, p. 282) qu'elle payait sur ses revenus : c'étaient en 1592, Jean Larcher prêtre, Hervé Le Mercier et Charles Clou, les deux premiers à 180 livres chacun, et le dernier à 108. L'année suivante, les honoraires des trois maîtres furent portés à 510 livres : en 1594, à 345 seulement : en 1596, on eut quatre maîtres (Le Reflech, Larcher, Le Minorzec et Goulias), les trois premiers à 180 livres : en 1597, Jean Ricou, maître d'école à 32 livres.

Ces maîtres étaient choisis par les habitants des paroisses, et il y avait collation baillée à leur installation : outre les trois maîtres de paroisses, il y en avait un quatrième au collège de St. Nicolas, fondation particulière d'une date incertaine, où nous voyons Jean Camus payé à 120 livres pour huit mois de professorat, et Ollivier Sanquer à 6 livres, pour avoir régenté deux petits enfants pendant deux mois (1603).

En 1597, Le Bihan de Pennelé « comme bon père zélé et affectionné en tout ce qui spécialement concernent l'érudition et instruction de la puerille jeunesse aux lettres et sciances de ceux qui en ont fait ou que par eux après en feront profession en ce bas païs de Bretaigne et dont pour leur en approcher la commodité qui jusques a présent ne leur a été pourveu en ses lieux par l'établissement nouveau d'un collège, » donne à la communauté des nobles bourgeois de Morlaix le lieu noble appelé Crecholy, avec ses logis grandement détériorés, un colombier ruiné, la cour, le jardin, les vergers, les parcs et pièces de terre, les pourpris, franchises, issues, appartenances et dépendances, le tout situé entre le chemin qui mène du bas de la rue de Notre-Dame-de-la-Fontaine au haut de la rue des Vignes et celui qui conduit du haut de la rue des Vignes à la chapelle Notre-Dame. Le tout à condition d'y faire construire un collège et « y établir régents et personnages doctes pour l'instruction de la jeunesse aux lettres humaines, » lesquels régents seront de l'église catholique, apostolique et romaine, et gouverneront le collège à l'instar des collèges de l'université de Paris ; desquels régents ledit seigneur de Pennelé se réserve à lui et à ses successeurs à perpétuité, la présentation et nomination, si bon leur semble s'en prévaloir, avec le droit de faire mettre leurs armoiries aux lieux les plus apparents de l'établissement, sans préjudice aux droits des autres bienfaiteurs à venir du collège : et si les enfants de la maison de Pennelé y sont envoyés, ils auront préférence d'une chambre et étude à leur commodité. Les régents doivent être à la charge de la communauté. Fait aussi condition expresse le donateur, qu'aucun prêtre qui ait charge ni cure d'âme, ni qui appartienne à une des églises de Morlaix ne soit admis dans le personnel, de même que ceux qui ont fondations ou chapellenies à desservir : « et ceux qui seront mis à régenter ne pourront être mis à d'autres affaires sous peine d'en être démis. Si feront leçon et classe pour lecture et interprétation aux plus jeunes enfants du rudiment, dispotaire et syntaxe » et autres livres convenables : ils veilleront à ce qu'on n'explique aux élèves aucun livre entaché d'hérésie. Les membres de la communauté sont chargés de veiller à ce qu'aucun abus ne se glisse dans l'enseignement. — Le prévôt du Mur et deux échevins devaient y faire une visite trimestrielle : le personnel devait se composer d'un principal régent, de deux autres régents (surveillants), d'un maître d'école et d'un bon maître d'arithmétique [Note : Donation du seigneur de Pennelé, Launay et autres lieux (24 septembre 1597. L'original existe dans les papiers de la famille Pennelé), confirmation de 1601].

Le Crécholy resta quelques années aux mains de fermiers (Gourhant, en 1600, Clocher, en 1602) pour dix livres par an : les réparations pour le collège commencèrent en 1609, et coûtèrent, durant cinq ans, environ 5,500 livres. Le procureur du roi avait inutilement mis opposition à cette construction.

En 1610, deux jésuites passant par Morlaix, au retour d'un pèlerinage à St. Jean-du-Doigt, y trouvèrent un accueil qui leur donna l'idée de comprendre Morlaix dans les vastes plans qu'ils formaient à cette époque pour s'emparer de l'instruction publique. Neuf ans après, les PP. Etienne et de Guernisac arrivèrent pour traiter de la cession du collège à la société : et dans l'assemblée du 8 janvier 1619, ils s'engagèrent à donner tous leurs soins à faire fleurir le collège, et à y annexer des bénéfices jusqu'à concurrence de 3 ou 4,000 livres, les 900 livres affectées par la ville au traitement du personnel devant ensuite retourner à la caisse municipale.

L'administration prit la chose sous le point de vue financier, trouva l'établissement grandement nécessaire, utile et proufitable, consentit à tout, abandonna aux révérends pères le soin du collège, les sommes précédemment votées, et demanda une augmentation d'octrois dont les deux tiers seraient consacrés à l'achat d'un emplacement pour le collège projeté, lequel emplacement devait être choisi par la communauté, loin du port, pour la plus grande liberté du commerce. Des commissions furent nommées pour en conférer avec la société et les dignitaires compétents, mais il paraît que des difficultés survinrent, et l'affaire en resta là.

Quelque temps après, la discorde se mit entre le principal et les régents, lesquels faisaient si mauvais mesnage que les escholiers ne pouvoient prouficter aux estudes pendant tout ce discord. La ville nomma des commissaires pour statuer sur ces désordres : mais la peste vint désoler la ville ; le principal déserta avec quelques élèves, et la ville nomma à sa place le premier régent Corre, qui ouvrit ses cours dans la chapelle St. Jacques. Le principal rentra ensuite et fut obligé de payer son suppléant.

Les premiers régents connus du collège sont Du Louet et Y. Louet, payés à 180 livres par an chacun : Fougères, successeur du premier, est installé en 1601, avec collation : De Limbahu, principal régent, à 150 livres par an, avec Cureau, régent au même traitement (1602-3).

En 1604, Crotta, principal, à 900 livres par an, avec collation à la sortie : Barre et Cureau, régents, le second à 151 livres de traitement annuel.
En 1605, Laurans, prêtre, principal à 600 livres, qu'il n'obtint qu'en plaidant. 1606. Pierre de Batz, à 900 livres.
1616. Jean des Bois.
1617. Collebois, qui fut enseveli aux frais de la ville, attendu qu'il n'avait laissé aucuns meubles ni biens pour y subvenir.
1618. Blandin, prêtre, qui ne put être payé qu'en plaidant contre la communauté. — F. Corre de Kerbasquiou, gouverneur.
1660. Marc le Dizeul, chanoine doyen du Mur.
1663. A. T. de la Villefort, principal et régent, marié. On se plaignit durant son administration que les places de régents n'étaient point remplies, que la chapelle n'était point desservie, qu'on n'y disait aucunes messes : et une enquête prouva que ces derniers reproches étaient fondés.
1680 et 1688. G. et P. Le Gall, prêtres de Saint Mathieu.
1700. G. Le Gall, laïque et marié : bon et soigneux administrateur, mais sans lettres et n'étant qu'un maître d'écriture : il fut destitué en 1718.
1718. Loscun, prêtre de Saint-Melaine ; il releva les études négligées sous G. Le Gall et mourut d'une chute faite dans la cour du collège.
1723. Carré, prêtre, ne satisfit pas le public.
Sous son successeur, l'abbé Polozec, dont on vante la capacité, le sieur de Pennelé prétendit à la nomination du principal, nomination que jusque-là la ville s'était toujours arrogée. Le procès n'eut aucune suite, car le collège tomba vers la même époque, soit à cause de ce procès, soit parce que les bâtiments tombaient depuis longtemps en ruine. On avait pourtant dépensé en réparations, vers 1640, 500 livres : en 1644, 400 livres : en 1660, 270 livres : en 1668, 1,200 : en 1701, 900 livres. — Le collège de Crecholy fut ainsi abandonné, et trente ans après un maire de Morlaix écrivait que l'éducation publique avait cessé dans la ville parce que plusieurs habitants qui pouvoient y envoyer leurs enfants n'etoient pas assés riches pour les entretenir ailleurs (Ms Daumesnil, 283-290).

Ce triste état de choses frappa à diverses reprises l'attention des amis éclairés du bien public. En 1764, M. Tilly de Chefdubois, avocat et ex-jésuite, imprimait un mémoire à l'effet de prouver que Penanru-Troudoustein serait avantageusement situé pour rétablir un collège, moyennant un prix suffisant de location ; il se proposait lui-même pour renseignement. Ce projet n'eut aucune suite.

Un mémoire manuscrit de 1778 du corps municipal pour le rétablissement du collège, renferme de curieux détails sur l'instruction publique à Morlaix, avant la révolution [Note : Lu au conseil dans la séance du 2 septembre 1778]. On y voit qu'au dix-septième siècle les externes payaient cinq sols par mois pour tous frais d'éducation : on y lit ces lignes singulières : « Des instituteurs isolés et qui n'ont jamais fait corps, sont difficilement gouvernés. L'autorité d'un principal excite quelquefois la jalousie sans inspirer la soumission..... Un corps religieux accoutumé par état à l'obéissance, semblerait à tous égards plus propre à l'instruction de la jeunesse. Les P. S. Dominicains ont des collèges dans quelques autres villes : ceux de Morlaix se porteraient sans doute à concourir au bien public en se chargeant de l'instruction, leur ordre dévoué aux sciences est digne de cette préférence, et leur couvent est dans une situation avantageuse pour y envoyer les enfants. ».

En 1789, il existait à Morlaix un établissement placé dans une maison appartenant à la ville, et portant le nom de collège : la ville payait à M. Geslin, principal, un modique traitement de 400 livres. Outre le principal, il y avait deux autres maîtres, MM. Corffdir et Le Pichon. On y enseignait l'écriture, la lecture, le latin et le français : le prix de la pension était de 350 livres. Il y avait une quarantaine de pensionnaires et environ cent externes dont beaucoup, à ce qu'il paraît, à titre gratuit.

(Guillaume Marie Lejean).

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