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LES DOMINICAINS DE MORLAIX ET LA RÉVOLUTION

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Lors de la Révolution, le couvent des Jacobins renfermait quinze religieux, dont un document officiel d'Avril 1791 nous fournit les noms :

Pères Julien, — Mathurin Frelaut, 84 ans, — Yves Rolland Lohou, 69 ans, — Claude Goguelin, 55 ans, — Jean Pelleter, 33 ans, — Jean-Marie Tallec, 38 ans, — Jean-Baptiste-Xavier Noirot, 34 ans, — Jean-Marie le Denmat, 36 ans, — Ignace Saillard, 36 ans, — François Omnès, diacre, 28 ans. — Didier Robert, tertiaire, 41 ans, — Guillaume Le Floc'h, 55 ans, sorti du cloître le 15 Juillet 1790, — François Picot, 55 ans, sorti le 26 Avril 1790, — François Carvennec, 42 ans, sorti le 25 Octobre 1790, — Balay, 43 ans, sorti le 25 Juillet 1790, — Coupeau, 30 ans, sorti le 8 Juillet 1790.

En dépit des efforts de la municipalité et du district de Morlaix, pour sauver l'établissement des jacobins, si fréquenté par les fidèles, ce furent les Amis de la Constitution qui finirent par avoir raison, et sous le coup des lois de la Législative contre les religieux, le couvent fut fermé sur la fin de 1792. Six Pères seulement avaient prêté serment : Le Denmat, Ballay, Saillard, Frelaut, Lohou, Picot.

François Carvennec, né à Peumerit-Jaudy, fut le dernier prieur du couvent.

Jean Pelleter naquit à Ploujean le 2 Mars 1757, et reçut la prêtrise en 1781. Retiré à Garlan en 179... il rentra à Morlaix en Mai 1795. En Septembre 1797, voici son signalement : « 5 pieds 4 pouces, cheveux blonds roux, figure pleine, colorée, ne reste guère en place, errant ». Après la révolution il fut vicaire à Lanmeur (1802) puis à Lannéanou (1805). Il mourut en 1811.

François Picot naquit en 1735. Sortant le 26 Avril 1790 du couvent des Dominicains il déclara vouloir résider à Plouézec où il recevra une pension de 800 livres. On lit cependant dans le registre de correspondance du district de Brest, à la date du 18 Février 1791 « le père Picot va se fixer à Recouvrance ».

Le Père Lohou, tombé en enfance, fut transporté à l'hôpital de Morlaix, où il mourut le 19 ventôse an III (9 Mars 1795).

Jean-Pierre Ballay, né au diocèse de Besançon le 2 Décembre 1748, fut ordonné prêtre en 1773. Il quitta la vie commune le 16 Mars 1791. Conduit au château de Brest le 18 Juin 1791, il y prêta serment en même temps que le Père Saillard. Tous deux se rétractent quelques jours après, le 11 Août 1792. On le retrouve à Morlaix en Mai 1795. Il est à Saint-Thégonnec en vendémiaire an VI (Septembre-Octobre 1797), à Morlaix en 1804. Il mourut en Novembre 1813.

Jean-Marie Le Denmat, né en 1754, dominicain, secrétaire du chapitre en 1788, renonça à la vie commune en Juin 1791. Le 30 Août il est constitué vicaire constitutionnel de Saint-Pol-de-Léon.

Jean-Baptiste-Xavier Noirot naquit le 23 Août 1756 à Contre-Eglise, en Haute-Saône, au diocèse de Besançon. Prêtre en 1780, et dominicain à Morlaix, il devint en 1788 procureur de son couvent. Deux ans plus tard il fut nommé professeur de théologie. En 1791 il refuse le serment à la constitution civile du clergé. Le 13 Décembre de cette année, le district de Morlaix écrit à celui de Brest :

« M. Noirot ci-devant Jacobin nous marque depuis quelques jours le plus grand empressement de passer en Espagne... Ses visites récidivées afin de profiter du départ d'un bâtiment pour Cadix, m'a fait naître des suspicions sur son compte ; sa conduite particulière ne nous a pas donné lieu de le soupçonner capable d'exciter des troubles, mais la similité de nom d'un sieur Noirot détenu dans les prisons de Dijon et transféré dans celle d'Orléans, nous fait craindre qu'il fut participant dans l'intrigue du sieur Tardy. Son caractère caché, ses grandes connaissances, son esprit, tout nous engageait à le faire conduire en état d'arrestation, mais la loi le défend. (Vous verrez ce qu'il y a à faire) ».

Le 21 Décembre, le directoire du district de Brest répondait : « Il faut le laisser partir, même sans payer sa contribution patriotique ».

Grand prédicateur, très populaire à Morlaix, le Père Noirot, au cours de la Terreur, se tient caché dans la ville en dépit de la vigilance et des perquisitions des agents du district. Une fois, nous conte M. Le Guennec, il « l'échappa belle. Il se trouvait chez une vieille dame lorsque des officiers municipaux se présentèrent pour effectuer dans la maison une visite domiciliaire. Ils allaient pénétrer dans la chambre où étaient le Père Noirot et la dame, lorsque celle-ci eut une inspiration subite. Elle fit asseoir sur un fauteuil le moine petit et maigre, se plaça elle-même sur ses genoux, jeta autour d'eux un ample manteau, et reçut tranquillement les commissaires en s'excusant de ne pouvoir quitter son fauteuil à cause de son état de santé. Sans concevoir aucun soupçon, ceux-ci fouillèrent les appartements, puis se retirèrent bredouilles ».

Nous constatons la présence du Père Noirot à Morlaix au mois de Mai 1795, en Septembre 1797, et en 1804. Il devint chanoine honoraire (27 Février 1808), et mourut aumônier des Carmélites, le 7 Septembre 1829.

Le Père René Chauvière, survenu en 1790, prêta serment et quitta le couvent le 20 Mai 1791 pour devenir vicaire constitutionnel de Morlaix. Il donna sa démission le 6 Août et fut nommé, en Septembre, curé de Josselin.

A la fin de 1792, le couvent des Jacobins devint une caserne et un atelier pour la fabrication du salpêtre ; l'église servit de magasin. Cette église, le 27 frimaire, an IV (18 Décembre 1795), fut mise à la disposition du clergé assermenté de Morlaix, M. Derrien et ses vicaires, qui y exercèrent le culte jusqu'au concordat. A ce moment elle fut désaffectée et devint une écurie pour la cavalerie. Les enfeux furent maçonnés, ainsi qu'une partie des fenêtres, les dalles du pavage furent enlevées, et l'on exhuma des ossements que des tombereaux évacuèrent. Un plancher établi à la hauteur des chapiteaux acheva de profaner le bel édifice gothique. Quand la remonte quitta Morlaix pour Guingamp, l'église fut cédée à la ville qui en fit une halle aux grains.

En 1874, M. Puyo, maire de Morlaix, fit rétablir la voûte et mettre en état la maîtresse vitre de la façade ainsi que la belle rosace du choeur. A l'étage fut installée la bibliothèque municipale, et quelques années plus tard le musée. Quant à la partie inférieure de l'édifice, elle sert de magasin municipal ; elle est partagée en neuf travées par des piliers de forme octogonale, à chapiteaux ornés de feuillage.

Ce qu'il y a vraiment de remarquable dans cette église dominicaine, composée d'une nef et d'un collatéral, c'est la belle rose du choeur, « immense roue de pierre au tracé délicat et savant, épanouissant en un réseau merveilleux, une ordonnance harmonieuse et compliquée de baies, d'arcatures, de trèfles, de roses polylobées ».

Trois inscriptions en caractères gothiques sont encastrées dans le mur qui avoisine la façade de l'église, Voici la première :

AGGAE ET IEAE DOt

AC M. N. DE CALOET QE HOC

NOVUM OPUS DEDIT I. H. S. FI

A la deuxième on lit :

EN L'HONNEUR DE JÉSUS CEST ÉDIFICE A FAICT

L'AN MCCCC XXIII M. N. DE CALLOET

Et voici la troisième :

HIE EST SOL JUSTITIAE

IHS IN CRUCE PRO

TE DIRE PASSUS.

Des bâtiments claustraux il ne reste plus trace. On aperçoit seulement dans un escalier quelques dalles tumulaires aux armes de Guicaznou et des Coëtquis de Kernéguès.

(Archives de l'Evêché).

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