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L'ADMINISTRATION RELIGIEUSE A MORLAIX SOUS LES ROIS DE FRANCE

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PAROISSE SAINT MATHIEU.

Nous avons vu plus haut les origines de cette paroisse, qui fut d'abord à la fois une cure et un prieuré, dépendant de l'abbaye de St. Mathieu-Finistère ou St. Mahé Fine-Poterne (Sancti Mathieu de Fine Postremo). A une époque indéterminée, le prieuré fut séparé de la cure : vers 1296, celle-ci perdit encore la confrérie de la Trinité, fondée dans son sein en 1110, et transportée par Jean II à sa collégiale du Mur.

La paroisse était limitée au midi par Plourin, de tous autres côtés par le Jarlo et le Queffleut : elle comprenait la Ville-Close, le faubourg St. Mathieu, les villages Valpinard, Kerdaniel, Traonruz, Belizal, Spernen, Kerneguez, le Château, l'Hospice, Toulgoët, Parcanduc, etc.

Vers 1491, l'église fut rebâtie et la dédicace faite en 1505, par Jean Calloët, évêque de Tréguier : le clocher fut bâti en 1547. On a judicieusement remarqué que cette époque a été en Bretagne celle de la renaissance de l'architecture religieuse, lorsque Anne de Bretagne, devenue reine de France, fit remplacer par de solides et durables constructions, les humbles églises de bois qui couvraient la province.

Avant 1790, le prieuré de St. Mathieu était seigneurie à fief, avec jurisdiction et four banal : il rapportait 1400 livres. La cure n'en rapportait pas plus de 500 : le prieur était en outre gros décimateur.

Le premier curé connu de St. Mathieu, est H. Cillart, vicaire perpétuel (1668) : viennent ensuite de Kerret, prieur et recteur (17..), et de la Touche, recteur. — Pour procureurs nobles (marguilliers), Guillouzou de Trovern (1668), Chaperon : Moreau de Lizieux, lieutenant de la sénéchaussée.

PAROISSE SAINT MELAINE.

L'histoire de cette paroisse est, avec quelques changements de noms propres, celle de la précédente : prieuré dépendant de l'abbaye de Saint Melaine de Rennes et sécularisé on ne sait quand : un prieur gros décimateur avec fief, etc., et un revenu de 1600 liv., et un curé nommé par l'abbé de St. Melaine. Le corps politique (conseil de fabrique) était composé des notables de la paroisse, nommant le procureur noble qui restait en charge tant qu'il lui plaisait.

L'église fut rebâtie à neuf par les paroissiens, en 1489, ainsi que le témoigne une inscription tenue par deux anges, dans le portail du midi.

La paroisse comprenait toute la partie de la ville au nord-est du Jarlo, et dans la campagne, des villages de la Madeleine, Troudoustein (réunis à Ploujean au dix-huitième siècle), Roscongar, Kerhuel, Penanru, la Fontaine Lez, etc.

PAROISSE SAINT MARTIN.

Cette paroisse était, avant 1789, un prieuré dépendant de l'abbaye de Marmoutiers, de l'ordre de Saint Benoit : elle embrassait une vaste étendue de territoire que l'on pouvait diviser en trois parties :

St. Martin proprement dit (ou des champs ), avec les maisons nobles et villages de Pennellé, Lannuguy, Kerserchou, Bigodou, Breventec, Trochoat, Kergavarec, le Roudour, Keriven, Kervaon, etc., St. Germain, Cuburien. — Le tout divisé en trois cordelées, Le Bourg, Trochoat, Keriven :

Ste. Sève ou la trêve, avec Trebompré, Kerveguen, Penvern, Kerret, Penanvern, Coatconval, Coatilezec, Kerprigent, la Fontaine Blanche, le Plessix, etc. :

Enfin, la partie de la communauté de Morlaix comprise dans la paroisse, et que le Queffleut bornait à l'orient : elle comprenait le faubourg St. Martin ou Bourret, la Ville-Neuve, le Clos-Marant ou la Manufacture ; Traonarvilin, lé Porzmeur, etc.

L'administration de cette église offrait ceci de particulier que le procureur noble ne restait que trois ans en fonctions : la première année il faisait la quête, touchait le casuel et faisait les réparations nécessaires : la seconde, il percevait le revenu, et la troisième, il faisait la quête du St. Sacrement : il y avait, par conséquent, toujours trois procureurs nobles en fonctions à la fois.

Le revenu s'élevait, en tout, à 3,600 : il consistait en partie en vieilles maisons dont les réparations absorbaient la rente, dit Daumenil (Mss Dauménil, f. 382-407, passim).

On s'occupa. en 1769, du projet de rebâtir l'église, et l'adjudication en fut faite pour 87,000 livres, dont un tiers au compte du prieur.

Les recteurs connus sont : Y. Noblet, prieur et recteur (1608) : R. de Poulpiquet, recteur (1668) : Dreux, prieur (1674) : Audren : J. de Keroullas.

DOMINICAINS.

Nous avons rapporté au long la fondation de ce couvent, qui fut endommagé par la guerre de Blois et Monfort, et réparé par les soins de Charles de Blois. « Il donna aux frères prescheurs de Morlaix un arbre appellé la Royne, qui estoit dans sa forest du Vhelgoët, duquel arbre on eust pu construire trois manoirs : et malgré les murmures de ses gens, il ordonna à Yves de Guergorlé, garde de ses forests, de faire livrer cet arbre auxdits frères prescheurs » (D. Morice, Actes de Bretagne, II, col. 23).

En 1481, la conduite des moines étant devenue trop scandaleuse, on les mit hors du couvent et on mit à leur place des religieux de la congrégation de Hollande. La ville se montra toujours très bien disposée en faveur de la maison : elle lui accorda pour réparations, en 1539, 200 livres, les deux cinquièmes de son revenu et plus tard des libéralités annuelles de 600 à 2,000 livres. Le couvent finit par chercher un droit où il n'y avait qu'une faveur, et quand le subside annuel même ne se payait pas, il intentait procès à la ville, qui se défendait mollement, et qui finit par lui payer, par accommodement, 3750 livres (1er février 1660). En outre il y avait une somme que l'on nommait l'aumosne et que la ville avait coutume de payer aux Dominicains à chaque élection de maire, elle variait de 60 à 100 et même à 120 livres, malgré un arrêté de la chambre des comptes (25 mai 1629), qui défendait à la communauté de faire aucune aumône aux religieux, sous peine d'amende : défense faite, à ce qu'il paraît, pour mettre un terme légal à de pieuses exigences. Les aumosnes, du reste, avaient cessé vers 1700.

Les pères ou syndics des Jacobins étaient des notables de la ville : ils étaient affiliés à l'ordre, participaient aux prières, et par reconnaissance, veillaient, comme l'on disait alors, au bien temporel du couvent, c'est-à-dire qu'ils se minaient volontiers en libéralités pieuses, dans lesquelles chaque syndic s'efforçait de surpasser celui qui l'avait précédé en attendant que son successeur le surpassât lui-même. « Cet usage s'est insensiblement aboly, dit Daumenil, qui professe peu d'estime pour les Dominicains, et leurs affiliés : il n'y a plus de pères et peut-être qu'un jour il n'y aura plus aussi de mères.

Aujourd'huy les Jacobins n'ont guère de crédit que dans quelques maisons du mitoyen ordre des citoyens et parmi les sœurs du tiers ordre de St. Dominique » (Mss Daumenil, f. 408-415).

Nous n'avons pour prieurs de ce couvent que les F. F. J. Le Boullouch (1598), J. Toulgoët, M. Binard, T. Gaulthier, V. de St. François, F. de Ste Magdelaine, P. Gouicquel (1618-51) : — et pour pères, le sieur de Kerhamon, Y. Abyven, P. de Calloët, Oriot-Runiou (1607-68).

Les Capucins, les Récollets et les Minimes n'appartenant pas au territoire dont nous nous occupons exclusivement aujourd'hui, ne rentrent point dans le cadre de notre ouvrage [Note : Les Capucins, en Ploujean : les Récollels, en St. Martin des Champs : les Minimes, en Plourin].

CARMÉLITES.

En 1619, neuf religieuses flamandes, Carmélites déchaussées, arrivèrent à Morlaix où on les demandait, et mal reçues par l'évêque de Tréguier qui leur défendit le séjour de son évêché, elles passèrent dans celui de Léon, à l'hôtel Kernaou, dans le faubourg de Bourret, où elles logèrent provisoirement. En 1620, on projeta l'établissement de leur maison sur la place St. Martin : mais la peste de 1623 les fit déguerpir de la ville et elles se retirèrent à Lesquiffiou, d'où elles gagnèrent St. Pol-de-Léon. Après un séjour assez prolongé dans le palais épiscopal, elles allèrent à Brest, d'où l'autorité supérieure les renvoya dans leur patrie, et l'établissement projeté avorta pour le moment (Ogée, v. Morlaix).

En 1624, Mme de Kerémar fonda au haut de la rue des Fontaines le couvent de Carmélites Thérésiennes qui existe aujourd'hui : il remplaçait un couvent de Ste Claire fondé du consentement des habitants (12 septembre 1566) : les habitants de Morlaix fondèrent aussi le nouvel établissement « pour remplir le vœu qu'ils avaient fait pour leur délivrance de la peste dont la ville était désolée et pour les préserver à l'avenir ».

En 1790, la maison contenait dix-huit religieuses, treize de chœur et cinq converses ; elle avait un revenu de 3989 livres 16 sols, dont 420 livres sur le trésor, et 346 livres 5 sols 4 deniers sur les aides et gabelles : elle accusait 4402 livres 17 sols de charges (Déclaration du 3 avril 1790).

SOEURS DE LA CHARITÉ.

En 1745, M. Prévost du Boisbilly fonda l'établissement des sœurs de la charité de Saint-Vincent-de-Paul, sur le produit des aumônes prélevées par le conseil de l'amirauté sur les prises faites pendant la guerre maritime, et comme ce revenu était très chanceux par lui-même, le fondateur y ajouta une rente de 161 livres sur ses propres revenus.

Ces sœurs étaient d'abord au nombre de trois, et étaient destinées à secourir à domicile les malades et les indigents des paroisses de St. Mathieu et de St. Melaine. Plus tard, la ville reconnaissant l'utilité d'un pareil établissement, en créa une quatrième pour la paroisse de St. Martin. En 1777, la rente dont nous avons parlé fut remboursée par la familie du fondateur : en 1790 elles furent momentanément supprimées.

URSULINES, CALVAIRIENNES.

La première de ces maisons date de 1640 : elle dut son origine à la famille Thépault de Tréfalégan. L'église et la maison couventuelle ne furent achevées que vingt ans plus tard (1661-64). En 1792, quand la nation s'empara de l'établissement, le couvent contenait dix-neuf mères de chœur et treize converses. — A la même époque, la maison des Bénédictines du Calvaire, fondée en 1626 par la famille de Kerven, contenait douze mères de chœur et sept converses : elle s'occupait, comme la précédente, de l'instruction des jeunes filles (Déclarations nationales, etc.).

Ce couvent avait été la proie d'un violent incendie, qui éclata le 25 février 1636. Une sentinelle qui l'aperçut, s'empressa de crier au secours : on accourut, on enfonça les portes : le feu, après avoir dévoré les infirmeries, avait envahi le reste des bâtiments. Les Bénédictines étaient tellement effrayées par cet accident, qu'elles ne purent même trouver les clés : aussi tout l'édifice, tout le mobilier devinrent la proie des flammes : on ne put sauver que le saint ciboire et le crucifix. Les Calvairiennes se retirèrent à Coetserho et y restèrent jusqu'au rétablissement de leur maison.

COLLÉGIALE DU MUR.

Nous avons suivi la fondation et les premiers accroissements de cette belle basilique sous les ducs de Bretagne, qui ne la virent point achever. La tour, dont on s'occupait en 1426, n'était point achevée en 1533. L'orage du 11 juillet 1618, qui fut si violent qu'on pensoit la fin du monde estre venüe (Albert le Grand), enleva neuf à dix pieds de la flèche : on fit une quête publique pour la réparer.

Les deux cents livres monnaie assignées pour revenus à la collégiale par le fondateur, étant devenues insuffisantes, la ville songea plusieurs fois à les augmenter, et l'affaire, reprise huit fois dans l'espace d'un siècle seulement, fut brusquée en 1656 par le prévôt du Mur qui obtint du roi le quart des deniers d'octroi. Cette surprise indigna la ville, qui s'en plaignit aux états provinciaux. Le prévôt imprima pour sa justification un mémoire où il se comparait à Scipion, à Hannibal, à Philippes de Macédoine ; il se consolait de ses infortunes particulières en se rappelant celles de ces hommes illustres, et finalement il menaçait la commune de l’indignation du ciel et de Dieu justement irrité contre elle de l'impiété de ses airs et de ce qui a été résolu contre sa gloire et le bien de son église. Le doyen fit mieux : il tâcha de prouver de toutes manières que tous les moyens sont bons pour arriver à un but honorable, et se plaignait amèrement des machinations de l'esprit malin qui avait perverti l'esprit des habitants au point de les maintenir dans des résolutions aussi contraires à la gloire de Dieu.

On finit par s'arranger, nous ne savons comment. La collégiale était dans un état assez peu satisfaisant, s'il faut en croire les chanoines, et privée d'office canonial, au lieu d'estre servie par des ecclésiastiques d'honneur et de mérite et par des chanoines bien réglez et bien entretenus. L'âme attristée de cet état vrai ou supposé, le doyen Le Dizeul publia un mémoire qui fit du bruit [Note : Eclaircissement apologétique du dessein de rétablir la fondation du Mur, par Marc Le Dizeul, chanoine doyen du Mur, 1671] et où il promit à la ville, de la part de la Vierge, tant de richesses et de nouvelles bénédictions sur le commerce, que les seuls avantages temporels récoltés en cette vie compenseraient et au-delà tout ce que lui aurait coûté sa dévotion à la reine du ciel.

La ville accueillit favorablement la requête du doyen, et prit une délibération portant en substance ; — que l’on supplierait le roi d'accorder sur les octrois un sol par pot de vin et trois deniers par pot de cidre, formant uue somme de 2400 livres en supplément de fondation, plus 200 livres pour entretien et réparation de l'église : — que pour assujétir davantage les dits chanoines à l'office divin, on demanderait au roi que les portions de ladite église fussent sujettes à la picque au profit des assistants et que, dans la collation des bénéfices, prébendes et cauonicats du Mur, les enfants de la localité fussent préférés aux étrangers. Comme la ville était alors écrasée de dettes, on décida que le supplément ne commencerait à être payé qu'après leur extinction, qui eut lieu en 1687. Jusque-là on avait payé aux chanoines la moitié du supplément pendant une douzaine d'années.

Les chanoines se montrèrent quelque temps satisfaits : ils revinrent en 1752 sur la question délicate d'une augmentation nouvelle, mais ce fut sans succès. Quelque temps auparavant, la ville et la collégiale s'étaient brouillées pour le droit d'élection d'un sacristain. Les chanoines cassent le sacriste nommé par la ville : aussitôt celle-ci intente un procès, allègue quatre-vingts ans de précédents, attaque le chapitre en spoliation des titres de la fabrique, tandis que le chapitre attaque la ville en production de faux titres : l'intendant de Bretagne assoupit l'affaire, qui se reprend un demi-siècle après et reste indécise ou à peu près, grâce à l'arbitrage de l'évêque de Tréguier. — C'était à ces graves intérêts qu'en étaient descendues les fortes municipalités de la Bretagne sous la monarchie absolue du dix-huitième siècle.

Les chanoines du Mur (ils n'avaient ce titre que depuis 1629 : ils étaient auparavant chapelains), les chanoines, disons-nous, étaient des personnages importants : ils avaient le pas sur les recteurs des paroisses urbaines dans les cérémonies publiques, et leur revenu se composait, outre les dons par nous mentionnés, de 1,070 livres en argent et de 50 quartiers de froment : Louis XIV leur avait donné 1,000 livres pour six services annuels pour la feue reine mère ; et ils avaient de plus le produit des aumônes qu'ils enlevaient à la fabrique (1725).

La fabrique avait 850 livres environ de revenu, et 340 pour le louage des chaises. L'administration temporelle appartenait à la communauté, qui nommait trois procureurs nobles tous les trois ans. Ces procureurs s'intitulaient aussi gouverneurs, titre qui fut attaqué vers 1760 par le prévôt comme injurieux à la majesté royale : ils servaient chacun à leur tour. Les premiers connus sont Yvon de la Forest du Roudour, Simon Guechar et Jean Forget, gouverneurs de la chapelle de Notre-Dame-de-Mur (1425-27).

Construite sur un rocher, au sommet duquel conduisait un large escalier de trente-deux marches avec balustrades à jour, l'église de Notre-Dame-du-Mur était irrégulière, peu spacieuse, mais haute, riche et ornée avec goût. On y admirait des galeries d'un beau travail, surtout celle du maître-autel, décorée des armes nationales : les vitraux remplis de sujets religieux et historiques : les six candelabres et les trois lampes d'argent massif, la plus grande brûlant sans cesse : elle avait été donnée, ainsi qu'un beau calice en vermeil, par la duchesse Anne. Le chœur était rempli de figures représentant des personnages historiques, des animaux et des figures grotesques : l'autel était soutenu par des colonnettes de marbre noir et rose, d'un remarquable travail.

On y voyait encore, outre un Christ et deux statues de saint Marc et de saint Louis, une magnifique statue de la Vierge, encore existante : elle est creuse, et en l'ouvrant ou peut y voir un groupe représentant la Trinité, avec des peintures en émail sur les côtés, ressortant sur un fond rouge. La niche qui contenait cette statue était environnée d'ex-voto curieux représentant, qui un sacristain du Mur tombant du haut du clocher sur le rebord de la rivière sans se blesser ; qui un navire faisant naufrage et les marins sauvés par l'intercession de la patrone du lieu, etc.

Le clocher était octogone, haut de cent vingt pieds, sans compter la flèche à jour qui en avait elle-même avec sa croix de fer, cent quarante-trois : quatre jolis clochetons la flanquaient aux quatre angles. L'intérieur contenait quatre cloches, dont la plus grande était un don de la confrérie des texiers ou tisserands, plus la belle horloge à double cadran qui donnait à la fois sur la rue du Mur et la Poissonnerie, et qui carillonnait invariablement l’Ave maria stella. En 1569, le prêtre chargé de l'horloge la brisa, et il en coûta quinze livres dix sols monnaie pour la réparer. Les gages du prêtre qui avait le soin de l'horloge étaient comme ceux de l'horloger, de dix-huit livres : la ville y faisait tes réparations fréquentes que nécessitait son entretien. En 1612, 90 livres : en 1668-69, près de 500 livres. Une horloge neuve, fondue aux Jacobins par J. Guillaume (1691), coûta pour la fonte seule, 3750 livres. En 1739, 1,640 livres de réparations.

La chaire fut refaite en 1610, par Jean Spagnol, et coûta 900 livres : les chanoines, chose inexplicable, empêchèrent pendant neuf ans, qu'elle ne fût placée dans l'église. Les orgues furent renouvelées en 1670, à la charge de la ville.

Le prévôt du Mur, seul dignitaire du chapitre, percevait par an un préciput de 150 livres : le premier connu est Pierre de Penhoët, archidiacre de Plougastel (1486), et le dernier Bahezre de Lanlay (1790) (Daumenil, passim.).

PRÉDICATEURS.

C'est un chapitre important et curieux comme étude de l'esprit local aux seizième et dix-septième siècles, que celui des prédicateurs annuels que la bonne ville aimait tant à entendre dans l'intervalle de ses affaires commerciales et de ses éternels procès. Avant la ligue elle avait établi au Mur des prédicateurs parlant français et devant l'apprendre au peuple. Leurs honoraires n'étaient point fixés : c'était, pour R. Chateueau, docteur en théologie, prédicateur du carême (1570), 120 livrés monnaie : c'est le premier dont il soit question.

De 1590 à 1594, les prédicateurs sont ligueurs, et prêchent par ordre de la Chambre de l'Union. — Les années suivantes, les comptes de miserie se répètent presque invariablement sous cette forme (1596) :

« A dévot religieux Samson B. docteur prédicateur du caresme, 300 livres. — A frère Guillaume Boschu, son compagnon, 24 livres. — A Mlle Le Lay, pour la pension des deux religieux et un domestique, 165 livres. — Au sieur du Porzmeur, qui fil veoir le chasteau au prédicateur, 5 livres 10 sols. —- Pour le dîner donné le jour de son départ, 25 livres ».

Il y avait quelquefois des extraordinaires. En 1606, l'évêque de Tréguier prêche le carême en personne. La ville le choie et l'accable de politesses : elle lui fit présent d'une tenture de cuir doré revenant à environ 1,600 livres (monnaie du temps de Louis XV) : le total des frais monte à 3,000 livres environ.

Ce fut bien pis en 1611, que la ville obtint pour prédicateur du carême, le père Joseph, celui, sans doute qui fut plus tard confident intime et tout puissant du terrible Richelieu ; enfant du pays d'ailleurs (Nouel de Kerven de Guimaëc). Le maire avait écrit vingt-huit lettres coup sur coup pour avoir un capucin, et quand il l’eut obtenu, on fit prendre ses livres et ses paquets de Rennes, par M. du Ruguellou. Laissons parler le caustique maire historiographe de Morlaix. — « Enfin, le R. P. Joseph s'ébranle, il se met en marche, il arrive à Rennes : il arrive, et soudain on dépêche de Morlaix un guide pour conduire sa révérence et pour empêcher qu'elle ne s'égare en route. Le guide à son arrivée trouva le révérend déjà parti ; il avait pris la route de St. Malo : on écrit vite au correspondant, on le prie de veiller à la sûreté du révérend père, et s'il veut venir par terre, de lui donner un guide. Le Père comptait confier à la mer le dépôt chéri des vœux de Morlaix. Les vents contrarièrent longtemps sa révérence et retardèrent la satisfaction de la ville. Enfin le prédicateur prit le parti de venir par terre. Conduit par son guide, déjà il est rendu au Ponthou, et aussitôt une députation solennelle court s'y rendre et le complimenter, accompagnée d'un nombre considérable de notables, de vivres et de rafraîchissements : c'est au milieu de toute cette pompe qu'il entre en triomphe à Morlaix accompagné du frère Archange, suivi et précédé de toute la communauté et de tout ce qu'il y avait de mieux en ville. Il va se reposer dans son logement : il avait été préparé de longue main avec toutes les commodités qu'une attention délicate peut imaginer : lits, matelas, oreillers, traversins, draps fins, et le tout neuf, bois, chandelle, cuisine complète, huile, vaisselle, rien enfin ne fut oublié, et les détails en sont consignés dans les comptes du miseur. Des garde-corps furent placés le long des escaliers.... L'histoire nous laisse ignorer si le prédicateur répondit par ses talents à une réception si brillante et à l'empressement qu'on avait témoigné pour l'entendre : tout ce qu'on sait, c'est que la communauté, revenue de son enthousiasme, chicana le miseur sur les dépenses qu'elle avait ordonnées, et qu'il y eut procès pour leur allocation : ce que l'on sait encore c'est qu'au cours actuel le prix d'un capucin est à meilleur compte ».

Ville marchande et bourgeoise avant tout, Morlaix aimait peu les prédicateurs, et les écoutait moins par goût que par habitude, par mode, par respect pour le culte établi. En 1612, la ville a un procès avec son prédicateur Fraschot et s'accommode avec lui crainte des ruzes et malices dudit sieur Fraschot auprès de l'evesque. L'année suivante la mode retournait aux capucins : on adressait trois députations à l'évêque, qui donnait à la ville le P. Estienne des Feuillatins : on choyait son provincial, on le régalait, on l'accompagnait au Ponthou avec quatre pots de vin et un gigot de mouton, et on lui montrait le château. Tout cet enthousiasme, du reste, déplaisait assez aux froides têtes de la Chambre des Comptes qui, en 1599, supprima cette dépense, « d'autant que c'est aux Recteurs et Curez de prescher la parolle de Dieu à leurs paroissiens, et que ceste nature de deniers n'est affectée à tel usage ».

Les citations suivantes nous donneront des lumières suffisantes pour compléter cette rapide étude.

1595. — « Baillé, suivant l'advis de party de MM. les habitants, 12 livres à M. Samson Birette, pour sa peine d'estre venu en ceste ville pour s'assurer de la chaire pour le caresme ».

1600. — Le théologal de Tréguier vient à Morlaix pour retenir la chaire, avec une lettre de l'évêque pour les habitants : on lui délivre un reçu de sa lettre, « attendant la conférer auxdits sieurs habitants ».

1602. — L'évêque de Léon écrit aux habitants et leur demande la station du carême pour le sieur Benedicty.

1616. — A Criber, greffier, « qui avait esté durant les advents advertir aux bonnes maisons de la ville ceux qui debvoient fournir les disners et collations au prédicateur, » 2 livres 8 sols.

1617. — A Jean Leleyla, piéton, pour ses sallaires et despances d’un voyage fait à Tréguier pour la communauté qui désirait une mission de MM. du chapitre dudit lieu « pour les advant et caresme de l'année présente ».

1642. — Le R. P. Provincial des Recollets remontre que c'est leur rang suivant l'ordre de MM. les habitants de prêcher les avent et carême prochain, et invite la communauté à adviser dessus. Les habitants demandent en conséquence à l'évêque de Tréguier qu'il confére sa mission pour l’avent et le carême à un Père recollet du couvent de cette ville.

Depuis le milieu du dix-septième siècle, on voit les habitants perdre ou abandonner volontairement leurs droits au choix d'un prédicateur : l'évêque le nommait depuis régulièrement, les Recollets et les Capucins gardant toujours à tour de rôle la station de la dominicale (Daumesnil, ch. XXIII, passim).

(Guillaume Marie Lejean).

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