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LA RUINE ET LE RELÈVEMENT DE MONTFORT-SUR-MEU (1198-1389)

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Au commencement du VIIème siècle, sur la lisière de la mystérieuse forêt de Paimpont, s'élevait, comme nous l'avons dit [Note :  Cf. Chap. Ier. — Lebaud, Histoire de Bretagne], un château royal, dominant une vaste plaine toute parsemée d'étangs, qu'alimentaient les nombreux torrents du voisinage.

C'est là que demeurait parfois le roi Judicaël, et les vieilles chroniques qui ont consacré cette tradition nous ont conservé le souvenir de ce fameux « palais de Boutavent ».

Depuis longtemps il n'en restait plus que des ruines, lorsqu'en 1199, une famille seigneuriale vint s'y réfugier, restaura l'ancien « palais » et y fixa sa résidence. C'était Guillaume de Montfort, petit-fils du fondateur de l'abbaye, qui venait, avec les siens, reprendre possession du manoir de ses pères après la destruction de sa forteresse. Car le château édifié par Raoul de Gaël, et dont l'avenir semblait si brillant et si assuré, venait d'être anéanti cent ans après sa fondation : Montfort n'existait plus.

En effet, en 1198, la paix relative dont jouissait le pays avait été violemment troublée par un évènement qui jeta la terreur en Bretagne et faillit anéantir pour toujours l'œuvre de Raoul.

Richard, roi d'Angleterre, avait juré de s'emparer du prince Arthur, qui venait d'être déclaré Duc dans une Assemblée générale tenue à Rennes, et aussitôt son armée envahit la Bretagne.

Richard, dit un historien [Note : D. Morice, Histoire, II, 331], fit main basse sur tout ce qu'il rencontra ; il brûla et rasa les places qui lui résistaient et employa partout le fer et le feu. Arrivé devant le château de Montfort, il s'en empara sans coup férir ; mais voyant que cette forteresse pouvait lui être utile, il ne la détruisit pas et se contenta d'y mettre une garnison de deux cents hommes.

Guillaume de Montfort comprit qu'il ne pouvait reprendre seul son château. Il s'unit aux sires de Rohan et de Léon et marcha avec eux contre l'armée anglaise. Pendant ce temps, Alain de Dinan réunissait, de son côté, de nombreuses troupes qui s'avancèrent vers Rennes. Mais Montfort était pour lui un obstacle : il résolut d'en faire le siège.

La garnison anglaise résista vaillamment, et, pendant deux jours, elle tint tête à l'ennemi beaucoup plus nombreux qu'elle. Le troisième jour, une brèche fut ouverte du côté de l'étang, et Alain de Dinan pénétra dans l'enceinte du château. Le vainqueur fit mettre le feu à la partie dans laquelle s'étaient réfugiés les défenseurs ; en quelques heures tout fut incendié, et du puissant manoir féodal il ne resta plus qu'un monceau de ruines (1198).

C'est alors que Guillaume n'ayant ni le temps ni le courage de relever sa forteresse, résolut d'habiter le château de Boutavent, qui devint, pendant deux siècles, la résidence des seigneurs de Montfort.

De ce château sont datés la plupart de leurs actes et de leurs contrats, dont plusieurs nous ont été conservés par le Cartulaire de Saint-Jacques [Note : Donations faites à l'abbaye de Saint-Jacques : acte de 1213 ; — acte de convention entre Raoul et Alain, 1285] ; c'est là aussi que Guillaume II mourut sans laisser d'enfants mâles, vers l'an 1230.

Le comté de Montfort, par suite de mariages successifs, passa dans les familles de Rohan et de Montauban. Cette dernière était d'ailleurs une branche cadette des Gaël-Montfort [Note : C'est l'opinion de M. de la Borderie. (Mémoires de la Société Archéologique d'Ille-et-Vilaine)]. Elle joignit donc au fief de Montauban le comté de Montfort, qui ne revint qu'en 1285 à l'un des neveux de Guillaume II, nommé Raoul. Celui-ci attaqua son cousin Alain devant la Cour de Ploërmel, et, après un long procès, réussit à rentrer en possession des biens de sa famille. Alain ne conserva que son fief de Montauban, qui fut, depuis ce temps, définitivement distrait de la seigneurie de Montfort.

L'acte de convention ne fait aucune mention du château de Montfort, qui resta en ruines pendant toute cette période, et les différents seigneurs qui se succédèrent, durant près de cent ans, semblent avoir écarté tout projet de le rebâtir. Il fallut une guerre effroyable pour rappeler à Raoul VI que Montfort était une place importante et qu'il avait tout intérêt à la reconstruire.

En effet, en 1341 éclata la fameuse querelle de la Succession, qui dura plus de vingt ans, à partir de la mort de Jean III, duc de Bretagne. Ce prince ne laissait pas d'enfants, mais il avait une nièce, Jeanne la Boiteuse, mariée à Charles de Blois, neveu du roi de France, et un frère, Jean, comte de Montfort-l'Amaury. Ce dernier fut déshérité par le duc et la femme de Charles de Blois appelée, par testament, au trône de Bretagne. Or, le frère du duc défunt maintint et revendiqua énergiquement ses droits. Ce fut l'origine de cette guerre qui couvrit notre pays de sang et de ruines. L'Angleterre et la France se jetèrent dans la mêlée : les Anglais soutinrent Jean de Montfort et la France prit le parti de Charles de Blois.

Les seigneurs de Montfort [Note : On confond très souvent les deux noms. Et cependant il suffit de lire l'histoire pour voir que Jean de Montfort, le prétendant, était comte de Montfort-l'Amaury et non pas de notre Montfort en Bretagne], quoique portant le même nom que le protégé de l'Angleterre, soutinrent énergiquement les droits de Charles. Raoul VI et son successeur se distinguèrent d'une façon éclatante dans cette guerre. Aussi, pour se venger de leur résistance, Jean de Montfort envahit leurs possessions et mit des garnisons dans les châteaux de Gaël, Comper et Mauron. Alors Raoul, à la suite des troupes françaises, attaqua, dans sa propre seigneurie, les garnisons anglaises, et préféra détruire ses châteaux plutôt que de les voir entre les mains des ennemis.

C'est ainsi que furent anéanties toutes les places fortes du comté de Montfort, dans lequel il ne restait plus une seule forteresse en 1374.

Heureusement, une trêve fut signée l'année suivante, et Raoul en profita pour réparer les ruines qu'avaient faites cette guerre épouvantable.

Ce fut alors qu'il songea an vieux château de ses pères, et qu'il comprit tout le parti qu'on pouvait tirer de la position occupée par Montfort.

Depuis deux cents ans, il n'en restait plus que des décombres. L'incendie avait tout ravagé ; les fortifications étaient dans un état complet de délabrement. Seules, deux petites églises, entourées de quelques maisons épargnées par la guerre, s'élevaient à côté de ces ruines, et le vieux château de Raoul n'apparaissait plus aux habitants que comme un vague et lointain souvenir d'un autre âge.

Raoul résolut de se mettre aussitôt à l'œuvre ; mais la terrible guerre de là Succession avait épuisé son trésor, et l'argent lui manqua tout à coup pour exécuter son dessein.

Alors il demanda à l'abbé de Saint-Melaine, ainsi qu'aux prieurs de Saint-Nicolas, Bédée, Pleumeleuc et Saint-Gilles, la permission d'imposer leurs vassaux pendant deux ans, à partir du 20 février 1376, afin, dit-il lui-même, de faire « fortifier et réparer sa bonne ville et chasteaux de Montfort et Comper ». Il agissait ainsi, ajoute-t-il dans sa lettre, « pour le profit de tous, religieux et autres, qui pourront trouver un asile dans la cité en cas de périls ou de malheurs causés par le sort de la guerre » [Note : Lettre de Raoul de Montfort à l'abbé de Saint-Melaine. 12 mars 1376 (titre de Saint-Nicolas). L'abbé de Saint-Melaine consentit à la demande du comte, à condition que cette permission n'engagerait pas pour l'avenir, et qu'au bout de deux ans l'impôt cesserait d'être levé].

La reconstruction du château demanda, paraît-il, à Raoul plus de temps et d'argent qu'il ne l'avait prévu, et les travaux se prolongèrent pendant treize ans, comme il résulte d'une inscription relevée par dom Lobineau sur la porte même du château [Note : Inscription extraite par M. de la Borderie portefeuille des Blancs-Manteaux. (Biblioth. Nat.) : L'AN : MIL : TROIS : CENT : QUATRE : VINGT : NEUF F. F. RAOUL DE MONTFORT. CESTE. (porte)].

En effet, Raoul ne se borna pas seulement à restaurer le manoir de ses pères ; il voulut faire de Montfort une véritable place de guerre. Il entoura la petite cité de hautes murailles, creusa de larges fossés qu'alimentèrent les eaux du Meu et du Garun, et flanqua de tours très élevées les remparts [Note : La belle tour cylindrique et la porte Saint-Nicolas datent de cette époque]. En 1389, les constructions furent entièrement achevées, et Raoul prit alors définitivement possession de la nouvelle ville féodale, dont il fut ainsi le second fondateur.

(E. Vigoland).

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