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LES ORIGINES DE MONTFORT-SUR-MEU

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« Voyez-vous, au fond de la vallée, ce petit donjon, disait Louis XIV à un courtisan. Il ne vous semble que charmant. Je vous dis qu'il vaut mieux que cela, car il s'y est passé de grandes choses, et son nom vivra longtemps après que le vôtre sera tombé dans l'oubli ». C'est la pensée qui revient en mémoire quand, des hauteurs de Coulon, les regards se portent, en face de la vallée du Men, vers la petite cité de Montfort.

A la voir, du sommet de l'ancien cimetière, elle semble, en vérité, charmante ; elle, aussi, a bonne et fière mine sous les rayons du soleil qui font reluire ses vieux remparts. Là-bas, tout au fond, la grosse tour crénelée qui sert de prison et se détache, sombre et terrible, au milieu des arbres verts ; à côté, le beffroi, menacé de mort violente et dont la nature semble pourtant avoir rajeuni les ruines ; à gauche, l'église paroissiale qui jette, hélas ! une teinte banale sur le panorama, la charmante flèche de la chapelle Saint-Joseph qui donne un aspect plus souriant au paysage et, de loin, semble perdue au milieu d'un immense berceau de verdure ; au premier plan, les maisons jeunes et pittoresquement étagées le long des anciens remparts ; au bas, le bleu, avec ses capricieux méandres, ses eaux parfois un peu troubles, d'où monte le tic-tac des moulins échelonnés sur la rive ; puis, au fond de ce décor, un vaste plateau qui domine la cité, et au sommet duquel rayonne la flèche blanche et ajourée du clocher de Bédée : c'est là la petite ville de Montfort, aujourd'hui chef-lieu d'arrondissement du département d'Ille-et-Vilaine.

Elle aussi ne serait que charmante si elle n'avait son histoire, et non la moins glorieuse, dans les annales de Bretagne. Elle vivra longtemps encore par les souvenirs qu'elle rappelle : ses barons qui occupèrent une place brillante parmi les chevaliers bretons, son château-fort réputé imprenable avant l'invention de l'artillerie, son antique abbaye, sa cane légendaire, son plus illustre enfant que l'Église a placé sur ses autels ; et c'est en toute vérité que l'on peut dire d'elle aussi, comme Louis XIV : Son nom vivra encore alors que beaucoup d'autres cités plus puissantes auront depuis longtemps disparu.

Il y a deux mille ans, ce paysage si pittoresque était une vallée marécageuse que le confluent de deux rivières, près d'un vaste étang, rendait plus malsaine encore. C'était la lisière de cette forêt de Brocéliande, chantée par les bardes, et dans laquelle les druides célébraient leurs mystères sanglants. A cette époque reculée, notre territoire était occupé par les Celtes, peuple vaillant et guerrier dont les oeuvres attestent la puissance et la vitalité. Quelques menhirs, que l'on retrouve près de Montfort, sont les derniers vestiges de cette race éteinte et de ce passé à peu près inconnu. Montfort faisait alors partie, non pas du pays des Rhedones, comme on le croit communément, mais de celui des Curiosolites, dont le centre était la région de Dinan, pays riche et peuplé qui ne tarda pas à tomber sous la domination romaine. Ce fut la ruine de la race celtique. La fiscalité des conquérants épuisa la campagne et dépeupla le territoire, qui devint bientôt une vaste solitude, une contrée à demi-sauvage que plusieurs siècles ne suffirent pas à relever. Quelques historiens locaux ont longuement discuté la présence des Romains à Montfort. Mais on ne trouve ici presque nulle part ces restes de travaux gigantesques, de voies immenses, de camps retranchés qui attestent ailleurs leur présence. Toutefois, un érudit, ancien magistrat du pays [Note : M. Poignand, juge à Montfort. Cependant il paraît certain que les Romains ont habité les environs ; on retrouve encore de nos jours des traces de leur passage. Les médailles trouvées dans le Prélong soin de l'époque gallo-romaine], affirme que la position stratégique de Montfort a dû tenter les Romains. Mais une pareille affirmation nous semble gratuite. La prétendue existence d'un therme romain, au confluent du Meu et du Garun, la découverte même de briques et de ciment anciens, près d'Iffendic, celle de médailles de l'époque gallo-romaine trouvées dans le Prélong, ne suffisent pas pour justifier cette assertion et lui donner un caractère de certitude absolue.

Quoi qu'il en soit, le pays de Montfort, épuisé par la domination romaine, semblait voué à une ruine complète lorsque commencèrent les émigrations bretonnes.

Chassés de leur pays, ces chrétiens du Nord abordèrent sur nos côtes et fondèrent des colonies, entre autres celle du Poutrecoët, dont notre territoire faisait partie [Note : Au VIème siècle, le pays de Montfort est désigné sous ce nom, qui signifie pays au-delà de la forêt. (Voir dom Morice, Preuves, t. 1er ; les Statuts de Saint-Malo et le Cartulaire de Redon)].

Ce fut grâce à eux que le christianisme se répandit et que la lutte commença énergique et implacable contre les restes du paganisme gaulois. A leur tête, dans cette région, était le Breton Méen. Or, à cette époque, on ne comptait guère dans la forêt de Montfort que quelques groupes épars de Celtes ou même de Gallo-Romains que n'avait pu entamer le polythéisme des vainqueurs. Fidèles à leur vieux culte, ils avaient résisté à l'introduction des dieux de leurs ennemis : le druidisme conservait encore de profondes racines et semblait indestructible.

Il fallait donc lutter avec un acharnement sans égal et, au point de vue humain, il paraissait difficile de réussir où les Romains avaient échoué. Cependant saint Méen l'essaya et parcourut la forêt de Montfort, attaquant le culte druidique partout où il en rencontrait des vestiges.

Aussi la vallée du Meu conserve-t-elle encore le souvenir de ses prédications ; Talensac le considère comme son fondateur, et l'on montre encore près de Montfort une pierre druidique que l'apôtre renversa, et du haut de laquelle, dit une naïve légende, il jeta sa hache en s'écriant : « Où ma hache tombera, Méen bâtira! ! » [Note : Cette pierre est située près la Chapelle-ès-Orêve, et la tradition qui s'y rattache rappelle tout simplement les prédications et les travaux de ce grand civilisateur].

D'ailleurs, à cette époque, un futur disciple de saint Méen régnait dans le pays. Judicaël avait une « ville de plaisir » à la place qu'occupe aujourd'hui Boutavent [Note : Ce château était situé entre Iffendic et Saint-Péran et devint plus tard la propriété des comtes de Montfort], et de là il rayonnait dans tout le voisinage. Il se rendait souvent, dit un historien [Note : Voir Lebaud, Histoire, p. 34, 37], sur les rives du Meu, près duquel il avait bâti un château qui n'était, paraît-il, qu'un simple rendez-vous de chasse [Note : C'est ce qui résulte d'un passage de Lebaud et de la légende rapportée dans la vie manuscrite de saint Judicaël. Il est certain qu'un château s'élevait près du gué des Moulins. Était-il situé sur la colline voisine, ou plutôt sur le terrain qu'occupe Montfort même ? Nous pencherions pour cette dernière opinion. Et les anciens historiens disent eux-mêmes que Raoul de Gaël bâtit sa ville sur l'emplacement d'un vieux manoir royal. Il est certain qu'il n'est pas question du manoir du Chtellier, qui est toujours qualifié de palais « in aula Talensac »]. Ce château était situé auprès des moulins actuels et fut vraisemblablement détruit par les troupes françaises qui pénétrèrent en Bretagne à la fin du VIIIème siècle. Quoi qu'il en soit, on comprend que Judicaël ait voulu, à cette époque de foi primitive, fonder une église près de ce petit château, oit il réunissait fréquemment sa cour. Il appela les Bénédictins de saint Méen et les pria de choisir un emplacement favorable. C'est alors qu'ils bâtirent une chapelle au sommet d'un coteau dominant à la fois le Garun, le Meu et l'étang qui baignait alors tout le Nord-Ouest de la vallée. Ce fut là l'origine de la paroisse et du prieuré de Saint-Jean, et par suite de la petite cité de Montfort [Note : C'est une tradition constante, d'ailleurs, dans le pays de Montfort. On comprend que les moines aient choisi le voisinage de l'étang, ce qu'ils faisaient d'ailleurs partout où ils le pouvaient].

Toutefois, l'histoire ne nous a conservé aucune trace de cette fondation, dont ne parlent pas, d'ailleurs, les chartes de cette époque. Mais, du moins, il semble établi, d'après les insinuations des Cartulaires postérieurs, que Saint-Jean [Note : La paroisse Saint-Jean n'avait alors pas d'autre qualificatif, car le nom de Montfort ne fut donné à cette paroisse qu'au XIème siècle, à l'époque de la fondation de Raoul de Gaël. La chapelle Saint-Joseph, la cure actuelle et le cimetière occupent l'emplacement de cet ancien prieuré] existait réellement au VIIème siècle comme établissement des moines de Saint-Méen. Ce prieuré fut-il détruit par les invasions, comme la plupart des monuments de ce temps ? Echappa-t-il aux dévastations et aux pillages des Normands ? Les chroniques sont muettes sur ce point, et les vieilles traditions ne nous offrent que de trop vagues souvenirs pour que nous puissions leur attribuer la valeur de documents vraiment historiques. Ce n'est qu'au XIème siècle qu'apparaît, d'une façon incontestée, le nom de Montfort, et c'est à cette époque seulement qu'eut lieu la véritable fondation. Nous quittons, dès lors, le terrain vague des traditions et des hypothèses pour entrer dans le domaine de l'histoire [Note : Pendant les deux siècles suivants, il n'est plus question dans l'histoire du pays qu'occupe Montfort. C'est l'époque des invasions françaises et normandes, la ruine dans tout le Poutrecoët. Tout fut pillé et saccagé, selon le mot d'un chroniqueur : « Destructa est Britannia ». Ce fut la destruction de la Bretagne].

(E. Vigoland).

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