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FILLEULS DE LA VILLE DE MONCONTOUR.

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Moncontour, autre membre du duché de Penthièvre, trouva ses deux filleuls dans la même famille, celle des Le Paige.

Le Paige, nous dit M. Pol de Courcy (Nobiliaire de Bretagne), sieur de la Villeurvoy et de l'Etang, paroisse de Plélo, de Kermerien, paroisse de Goudelain, de Penquer et de Kergrist, blasonnent : d'argent à l'aigle de sable becquée et membrée de gueules. A la Réformation de 1668, ils se présentent divisés en deux branches.

Quoiqu'il n'y ait qu'un intervalle de moins de dix années entre la Réformation et la date où nous trouvons ceux de Moncontour, nous ne savons à laquelle de ces deux branches les rattacher. Des trois personnages maintenus à l'état de noblesse, aucun, en effet, n'est dit sieur de Kervastoué.

Nous savons, du moins, que c'est dans la dernière moitié du XVIIème siècle qu'ils vinrent, dans la personne d'Arthur Le Paige, s'établir à Moncontour pour y remplir des fonctions dans la magistrature.

Quant à l'origine de la qualification de Sieurs de Kervastoué qu'ils joignent à leur nom, nous remarquerons le 16 juin 1685, un des enfants d'Arthur, Pierre-François, tenu sur les fonts à Moncontour, par une demoiselle Françoise Durand, dite dame de Kervastoué, demeurant à la Maison du Chesne, en Brehand-Moncontour, comme marraine et qui figurait déjà à côté de lui, en 1678, au baptême, en l'église de Brehand, d'un Vincent-François Jocet, fils d'écuyer René Jocet et demoiselle Janne Boscher, demeurant aussi à la Maison du Chesne, et d'autre part, un Vincent Mouëzan, sieur de Kervastoué, son mari, parrain, cette même année, le 8 décembre, de Vincent Boulain. Ce Vincent Mouësan, de la paroisse de Saint-Aubin de Rennes, avait en effet, épousé le 30 avril 1658, dans l'église, de la paroisse de Chavagne, dlle Françoise Durand, dlle des Perrières, aussi de Rennes.

Ces Moisan, Mouësan ? Srs de Kerbino, de Pemprat, du Roudounou, paroisse de Plouisy ; de Kervegan, de la Vieuville et de Quillihamon, paroisse de Quimper-Guezennec ; de Kerouriou, de Kervastoué, paroisse de Brehand-Moncontour ; du Leslay, paroisse de Plouezal, qui portaient : « Bandé ondé d'hermines et de gueules de six pièces », furent déboutés à la Réformation de 1668 dans les personnes de Rolland, Sr de Kerbino, de René, Sr de Pemprat, et de François, Sr du Roudourou, tous les trois habitants de Guingamp.

On peut donc croire que c'est, par suite d'une alliance avec les Mouësan, ou, plutôt, par acquêt de ceux-ci que les Le Paige sont devenus possesseurs de la terre de Kervastoué.

Le premier que nous rencontrons est Arthur Le Paige, écuyer, sieur de Kervastoué. Alloué, dès 1678, de la juridiction, il était marié à demoiselle Jeanne de Pelan, dont il eut au moins onze enfants : Jean-Marie, sieur des Aulnays, inhumé en l'église le 1er avril 1726, époux de dame Charlotte du Chastel, fille aînée de François du Chastel, chevalier, sieur de la Villebasse, la Martinais, Tremeur..., et de demoiselle Fleuriane de la Roue, remariée, en 1729, à Jacques-Louis-Marie Mouësan, sieur de la Villemorin, de la Villebasse, du Guecot, du Châtelet..., dont Françoise-Charlotte Le Paige, née le 2 août 1717, morte le 5 septembre 1789 ; Nicole-Jeanne, 4 septembre 1683 ; Hierosme-Silvestre, que nous allons retrouver ; Pierre-François, 16 juin 1685, nommé par demoiselle Françoise Durand, dame de Kervastoué ; Gilette, 13 novembre 1686, vivant en 1711 ; Maurice-Artur, Avocat en la Cour, marié le 18 novembre 1724, 30 ans, avec dame Renée-Suzanne Rouxel, dame douairière de Kermenenan, veuve d'écuyer François-Louis Daën ; Pierre, 30 décembre 1696, nommé le 30 janvier 1697 ; Augustin-Gilles, 18 février 1700, nommé par Jean-Marie et Gilette Le Paige, ses frère et soeur ; Joseph, 4 mai 1701, vivant en 1762, dit chevalier de Kervastoué, et enfin, deux enfants en 1690 et en 1693, qui ne vécurent point.

Le seigneur de Kervastoué mourut en 1704 et fut inhumé en l'église Saint-Mathurin le 13 juillet, âgé de environ 52 ans.

Hierosme-Silvestre Le Paige, écuyer, sieur de Kervastoué, naquit en 1684.

« Le sixiesme jour d'aoust mil six cents quatre vingt quatre a esté baptisé par moy, Louis Bault, recteur, Hierosme-Sylvestre Le Paige, né le troisiesme jour dud. mois et an, fils d'escuyer Arthur et dame Janne de Pelan, sa compagne, Sieur et dame de Kervastoué, ses père et mère, demeurant en cette ville de Moncontour ; parrain a esté Messire Guillaume-Sylvestre Le Mintier, chevalier, Sieur des Granges et y demeurant, et dame Elisabeth Le Paige, dame de Kerohan (épouse de Messire François-Marie Le Chaponier), demeurant en la ville de Guingamp ».

Hierosme-Silvestre Le Paige acquit, en 1709, des héritiers d'écuyer François Le Camus, sieur de Coëtanfao, décédé le 4 juin 1707, l'Office de Sénéchal de Moncontour.

Il était marié en 1714, avec demoiselle Françoise-Suzanne-Marie Daën de Kermenenan.

Les Daën, sieurs de Kermenenan : « d'argent à trois têtes de daim de sable couronnées d'or », avaient produit à la Réformation deux branches, qui avaient été déclarées nobles. Nous ignorons à laquelle rattacher l'épouse du sénéchal, mais nous sommes portés à croire qu'elle descendait plutôt de celle de François Daën, sieur de Kermenenan, époux de Françoise Perenno. En tous cas, par l'acte de mariage de Angélique-Françoise Daën, sa soeur, nous connaîtrons les noms de ses père et mère. « Angélique-Françoise Daën (née vers 1711), fille de Messire François-Louis, sieur de Kermenenan, et de dame Renée-Suzanne Rouxel, mariée en 1741, âgée de 30 ans, par vénérable et discret Messire Pierre Daën, abbé de Saint-Jacut, à Messire Pierre-Anne Le Saige, sieur de Crémeur, fils de Messire Jean-Thomas Le Saige, sieur de la Villebrune, en présence de Messire François Daën, sieur du Sep, son oncle, et de Messire François-Louis Daën [Note : Messire François Louis Daën, chevalier, seigneur de Kermenenan, époux vers 1726 de demoiselle Marie-Françoise-Jeanne Scot, fille d'écuyer Jacques et dame Jacquemine-Charlotte Poulain, née le 14 mai 1710, et tante du filleul de Saint-Malo, en eut six enfants, dont : Jacques-François, 13 novembre 1727, nommé par Messire Jacques Scot, sieur de Balvéry ; Pierre-Louis, capitaine des vaisseaux du Roi, chevalier de Saint-Louis, Chef des Classes de la Marine dans les évêchés de Saint-Brieuc et Tréguier, marié le 16 avril 1787, à Saint-Brieuc, à demoiselle Alexandrine-Victoire Le Vicomte, née le 29 décembre 1762, fille de Messire Charles-Pierre Aubin et demoiselle Jeanne-Françoise Piveron de Morlat, veuve de Messire René-Amateur Hamon, sieur de la Villerault ; Jacques-André, 9 mars 1733, nommé par André-Joseph et Anne Scot, dame de la Touche, époux de demoiselle Marie-Jeanne-Françoise Bizien du Lezart, dont : deux filles et deux fils mariés à Lamballe : Renée-Marie-Jeanne-Angélique, le 12 frimaire an V (10 février 1797), à Louis-Alexandre-Marie-René-François de Tréméreuc, sieur du Meurtel ; Mélanie en 1807, à Monsieur Joseph-Marie-Laurent-Louis Paturel, sieur de la Moinerie ; Emmanuel-François-Rose-Marie, 15 juillet 1775, nommé le 30 janvier 1776, et Alexandre Marie, le 11 février 1811, époux de Mademoiselle Pélagie-Jeaune-Françoise Bertho. Enfin Mathurin-Hubert, le quatrième, né le 2 février 1736, nommé le 8 juin 1743. Les derniers enfants furent des filles : Angélique-Silvie, 25 août 1737, nommée par écuyer Jérôme-Sylvestre Le Paige et dame Angélique-Françoise Daën, dame de Kermenenan, épouse de Messire Jean-Thomas Le Saige, sieur de la Villebrune, 25 août 1737, Religieuse de Saint-Thomas de Villeneuve, + le 21 avril 1778 et inhumée dans la Chapelle de l'Hôpital de Lamballe, et Marie-Agathe, 6 septembre 1739, nommée par deux pauvres], sieur de Kermenenan, son frère (Registres de la paroisse de Saint-Mathurin de Moncontour).

Elle était soeur, en outre, ainsi qu'on le voit ici et dans la délibération de la Communauté de Ville de 1719, où il est dit beau-frère du sieur de Kervastoué, et désigné pour être le parrain de son fils, de Messire François-Louis Daën, époux de Marie-Françoise Scott, et vraisemblablement de demoiselle Claude-Françoise Daën, mariée vers 1691, à Messire François-Gabriel de Derval, sieur de Vaucouleurs et de la Gromillaie, dont un enfant nommé en 1698 par Messire François-Louis Daën, Sr de Kermenenan et qui fut, elle-même, marraine en 1718 d'une fille de Messire Hierosme-Silvestre Daën, à laquelle elle donna son nom.

Du mariage de Hierosme-Silvestre Le Paige et de dame Françoise-Suzanne-Marie Daën, sont sortis six enfants : Marie, dame de Kervastoué, morte le 23 novembre 1751, âgée de 36 ans ; Hierosme-Noël-François, 25 janvier 1717, nommé par Messire Jean-François Daën, sieur de Lep, et dame Charlotte-Renée du Chastel, dame des Aulnais ; Claude-Françoise, 18 novembre 1718, nommée par François Le Chapelier, et dame Françoise Daën, dame de Vaucouleurs, dlle de la Villeouet, et vivant en 1671 ; Louis-François-Jean-Martin-Moncontour, qui sera le filleul ; Charles-Yves Thibault, 23 mars 1724, que nous retrouverons ; Jeanne-Marie-Julienne, 11 avril 1726, dame de Kervastoué, morte le 27 avril 1754, 28 ans, et Angélique-Marie (ou Moricette), qui devint la femme de Messire Jean-Baptiste Couppé, sieur des Essarts, veuf de dame Renée-Elisabeth du Quengo de Tonquédec, d'où une fille, demoiselle Sylvie-Joseph Couppé, épouse le 31 janvier 1760, en l'église de Saint-Mathurin de Moncontour, en présence de Messire Jérôme-Silvestre Le Paige, sieur de Kervastoué, son aïeul, et de Messire Charles-Yves-Thibault Le Paige, son oncle, Messire Jean-Baptiste du Rocher, sieur de Beauregard, fils de Messire Amaury-Joseph et de dame Catherine Arnaud, de la paroisse du Roncier, de Josselin.

Lorsque les Membres de la Communauté et les Bourgeois de Moncontour, qui savaient que la délivrance de la dame Sénéchale était proche, apprirent que l'enfant attendu était arrivé, désireux de montrer à leur premier magistrat toute la déférence qu'ils professaient pour lui, ils se réunirent aussitôt et prirent la délibération suivante :

« 12 novembre 1719. A l'assemblée de la Communauté de Moncontour, tenue en manière accoutumée et dubment convoquée où se sont trouvés les soussignants ayants voix dellibérative et autres soussignans, A esté de la part de noble homme, Jean Eudo, sieur du Bois, Scindic de cette Ville et Communauté de Moncontour remontré qu'il a eu advis de l'heureux accouchement de Madame la Séneschalle de cette ville, Il a convoqué la Communauté de s'assembler et de l'acompagner pour aller ensemble en felliciter Monsieur le Sénéchal. Duquel les soussignans ayants apris que s'estoit un fils, ils ont suplyé mondit sieur le Sénéchal de trouver bon que la mesme Communauté ayt l'honneur de luy donner un nom, ce que Mondit Sieur le Sénéchal ayant bien voullu accepter, ladite Communauté a prié Messire Louis-François Daën, Chevalier, seigneur de Kermenenan, seigneur dudit lieu, du Sep et autres lieux, beau-frère de mondit Sieur le Sénéchal de nommer ce fils nouveaux-né et de le tenir sur les saints fonds de baptesme au Nom de ladite Communauté et de lui donner le nom de Louis-François, mesme d'y adjouter le nom de Moncontour, sauf à la commère qu'il plaira à mondit Sieur le Sénéchal de choisir de donner tel autre nom qu'elle jugera à propos. Ce que Mondit Sieur de Kermenenan à accepté, et ont mesdits sieurs le Sénéchal et de Kermenenan, mesme les autres soussignants ayants voix dellibérative.
Signé: François-Louis Daën de Kermenenan ; Eudo, sindicq ; Le Tourneur ; Geffrelot, Pr fiscal ; de Rollon, Salmon, Rouault, anciens sindics ; René Martin ; Cosson (ou Colson) ; Triobert ; Rault ; H.-S. Le Paige, sénéchal (père) ; Thebault ; Chauvel ; Loncle ; Le Chapelier ; Le Douaren »
(Registre des délibérations de la Communauté de ville de Moncontour. Mairie de Moncontour).

Cette démarche des représentants de toute la population était trop honorable et témoignait trop de la haute estime en laquelle elle tenait son premier magistrat, pour que celui-ci n'accueillît pas la proposition avec reconnaissance et le surlendemain eut lieu la cérémonie du baptême.

« Louis-François-Jean-Martin-Moncontour Le Paige, né de l'unze de ce mois, vers une heure de l'après disnée, fils de Messire, chevalier, Hierosme-Silvestre Le Paige, chevalier, seigneur de Kervastoué, Sénéchal et premier magistrat de cette juridiction, et de madame Françoise-Suzanne-Marie Daën, dame de Kervastoué, a été baptisé le treise en cette église, parrain Messire Louis-François Daën, chevalier, seigneur de Kermenenan, et noble Jean Eudo, sieur du Bois, syndic en charge, faisant au nom de la Communauté, et marraine, dame Jeanne-Marie Rouxel, dame de Saint-Lorans ; présents les soussignants et autres : Jeanne-Marie Rouxel, François-Louis Daën de Kermenenan, Morin de Pontmartin, Le Tourneur ; Rouault, Eudo, sindic, Thebaut du Boisgnorel, Florian Le Camus, J. Chauvel, Lieutenant ; Geffrelot, Procureur fiscal, de Rollon, Mahè, ancien syndic, Cosson, Gallais, Triobert, Loncle, Rault, René Hemeux, Thébault, Charlotte-Renée du Chastel, Chauvel, Angélique-Françoise Daën, Joseph-Hyacinthe Daën, Mahé, Chapelain, G.-J. Le Paige.
J.-G. Larcher, recteur »
.

Louis-François-Jean-Martin-Moncontour ne vécut point. Nous n'avons point trouvé son acte de décès dans les registres de Saint-Mathurin de Moncontour, sans doute parce qu'il mourut jeune, en nourrice peut-être, dans une autre paroisse, et on n'entend jamais parler de lui dans aucun acte de famille où son nom devrait figurer.

Du reste, c'est son frère cadet, Charles-Yves-Thibault, que nous verrons désormais porter le titre de seigneur de Kervastoué.

Hierosme-Silvestre Le Paige vivait encore en 1769, présent au mariage de sa petite-fille. Silvie-Joseph-Marie Couppé, mais sa femme, dame Françoise-Suzanne-Marie Daën était morte dès le 11 avril 1726, à l'âge de 29 ans en couches de sa fille Jeanne-Marie-Julienne.

Charles-Yves-Thibault, né le 23 mars 1724, « fils d'écuyer Jérôme..., etc., fut nommé le premier janvier 1751, Messsire Mathurin-Jean Le Paige, sieur abbé de Quervastoué, Prieur du Saint-Esprit et Recteur de la paroisse de Plédéliac faisant les cérémonies, et eut pour parrain, très haut et très puissant Messire Charles-Yves Le Vicomte, Chevalier, seigneur comte de Penhoet, sieur Châtelain de Coëtcodu, Langourla, Kerduel, Kerautret, Morisur (?) Kerandraon, Lonsiguel (?) et autres lieux, Maréchal des camps et armées du Roi, Gouverneur des ville et château de Morlaix et pays circonvoisins, représenté par Artur-Maurice Le Paige, oncle paternel, et marraine, très haute et très puissante dame Julie de Barberin de Reignac, dame du palais de la Reine d'Espagne, épouse de très haut et très puissant seigneur Charles-Yves-Thibault, Comte de la Rivière et de Ploeuc, marquis de Vauligny (?), baron de Reignac-sur-l'Indre, Lieutenant-général des Armées du Roi, Sous-lieutenant de la 2ème compagnie des Mousquetaires de Sa Majesté, Commandeur de l'Ordre militaire de Saint-Louis, Gouverneur de Saint-Brieuc, représentée par dame Angélique-Françoise Daën, épouse de Messire Pierre Le Saige, tante maternelle.

Charles-Yves-Thibault Le Paige, écuyer, seigneur de Kervastoué, succéda à son père dans l'office de Sénéchal de la juridiction.

Jouissant à Moncontour d'une haute considération, tant par suite de la situation qu'y avaient occupée ses parents pendant deux générations, des services qu'ils y avaient rendus et de la sympathie qu'ils y avaient acquise et dont nous venons de voir les preuves, que de ses mérites personnels, il devint successivement Maire, puis Miseur de la ville, et, en 1760, la représentait comme Député agrégé et Commissaire aux Etats de Bretagne tenus à Nantes.

Le 17 juillet 1759, Messire Charles-Yves-Marie-Thibault Le Paige vint épouser à Saint-Brieuc, en l'église Saint-Michel « demoiselle Anne-Renée-Elisabeth Drouet, demoiselle de la Villaye, domiciliée de droit de Moncontour et, de fait, des paroisses de Bodéo et de Saint-Michel de Saint-Brieuc, par devant Missire Augustin Thebault, prêtre sacriste de Moncontour, en présence de M. l'abbé Daën, sieur de la Ville-Coleu, chanoine, et de M. l'abbé de la Noue, aussi chanoine » (Reg. paroissiaux de Saint-Michel de Saint-Brieuc).

Cet acte ne nous donne pas le nom des parents de l'épouse. Heureusement, les bans de mariage, publiés dans l'église de Bodéo, le 8 juillet, sont plus explicites à cet égard, et nous apprennent qu'elle était fille mineure de feu écuyer René-Pierre Drouet, et de dame Elisabeth Chapelain, sieur et dame de la Villehaye (Reg. de la paroisse de Bodéo).

Le premier filleul de Moncontour n'ayant pas vécu, les habitants, désireux de le remplacer, profitèrent de l'occasion que leur offrait la grossesse de l'épouse de leur Sénéchal, et allèrent en demander un second à cette même famille, à laquelle ils s'étaient déjà adressés autrefois.

Lorsque Madame de Kervastoué eut heureusement accouché, ils décidèrent de renouveler auprès de son époux les mêmes marques d'estime et d'amitié que leurs prédécesseurs avaient témoignées à son père en le priant de consentir que son premier-né fut tenu sur les fonts par les représentants de la ville, qui lui donnerait son nom.

Messire Charles-Yves-Thibault Le Paige s'empressa d'accepter et « le vingt-neuf septembre mil sept cens soixante, Jérôme-Charles-Moncontour, fils légitime de Messire Charles-Yves-Thibault Le Paige, seigneur de Kervastoué, premier magistrat, Juge civil et criminel de cette ville de Moncontour, ancien Maire de cette Communauté, Commissaire des Etats de la Province, et de dame Anne-Renée-Elisabeth Drouet, dame de Kervastoué, son épouse, né de ce jour, vers les six heures du matin, a été baptizé par moi soussigné recteur ; ont été parain, noble Maître Jacques Monjaret, sieur de Kerjégu, Miseur et ancien Maire, au nom et par procuration de cette Communauté de ce jour, et maraine, damoiselle Emmanuelle-Elisabeth Drouet, dame de la Villehaye, tante maternelle de l'enfant, le père absent, Agrégé de cette Communauté de Moncontour aux Etats de cette province tenants de présent à Nantes ; présents les soussignants et plusieurs autres : Emmanuel-Elisabet Drouet de la Villehaye ; Monjaret, miseur, ancien maire, Angélique Daën de Cremeur, Le Page des Essarts ; Pellant des Aunaux ; Veillet de Kermain, Launay Loncle, Hervet (?) de Lisle Bernard, Le Douaren, de Carloguen, de Grandmaison Mahé, Guillard, Rocabay Le Chapelier, des Perrières Mahé, Eudo, des Alleux Loncle, Deschains Le Chapelier, Le Paige, Le Saige de Cremeur ».

L'année suivante, le 4 avril 1761, la nomination d'une cloche pour l'église Saint-Mathurin, fut pour les habitants de Moncontour, une nouvelle occasion de fêter la bienvenue à Madame Anne-Renée-Elisabeth Drouet. Voici le compte-rendu fait par le recteur de la cérémonie.

1761, 4 avril, « Une cloche, nommée Anne-Marie, parrain Messire Gervais-Philippe-Marie Geslin, chevalier, seigneur de Trémargat, Châtelain de Tréguidel, le Prays et autres lieux, et Président au Parlement, et pour marraine dame Anne-Elisabeth Drouet de la Villehaie, épouse de Messire Charles-Yves-Thibault Le Paige, sieur de Kesvastoué, Commissaire des Etats, Sénéchal de Moncontour, en présence du Clergé de cette paroisse, de Messieurs les Maire et Echevins de cette ville, de Messieurs les Officiers commandants de la Milice invités d'assister à cette cérémonie, tambours battans et drapeaux déployés, et même en présence de Messieurs les Trésoriers tant en charge que nouvellement sortis de fonctions » (Reg. de la paroisse de Saint-Mathurin et Notre-Dame de Moncontour).

Très nombreuses signatures.

Jérôme-Charles-Moncontour ne fut pas plus heureux que son oncle et prédécesseur, Louis-François-Jean-Martin-Moncontour, et, comme lui, mourut jeune.

Jérôme-Charles-Moncontour ne fut pas le seul enfant issu du mariage de Charles-Yves-Thibault Le Paige ; cinq autres naquirent encore après lui, baptisés en l'église Saint-Mathurin de Moncontour : Louis-Arthur-Marie, 25 août 1761, qui eut pour parrain Messire Maurice-Arthur Le Paige, grand-oncle, et pour marraine Claude-Françoise Le Paige, tante ; Joseph-François, 27 novembre 1762, nommé par écuyer Joseph Le Paige, grand-oncle, et dame Françoise-Marie Daën, grand'mère ; Sylvie-Noëlle-Angélique, 25 décembre 1763, marraine dame Angélique (Moricette) Marie Le Paige, dame des Essarts, tante ; Françoise-Anne-Jacquemine, 3 mai 1765, nommée par Joseph-André Daën, oncle, et Françoise-Charlotte Le Paige ; enfin, Anne-Hélène, 2 avril 1766, qui eut pour parrain Messire Hierosme-Silvestre Le Paige, son grand-père.

Que devinrent tous ces enfants ? Eurent-ils le sort de leur aîné ? Vécurent-ils et eurent-ils des alliances ? Continuèrent-ils la lignée, ou la famille s'est-elle éteinte ? Nous l'ignorons.

Le seigneur de Kervastoué et sa femme vivaient encore en 1789, mais la Révolution ayant aboli toutes les juridictions seigneuriales particulières, pour créer une nouvelle organisation judiciaire, Monsieur Charles-Yves Thibault Le Paige se trouva avoir été le dernier Sénéchal de Moncontour.

Terminons en faisant remarquer que le parrainage des villes ne semble pas, en général, tout au moins pour ceux qui nous ont occupé ici, avoir porté le bonheur à leurs filleuls. Tous disparaissent en bas-âge, ou, s'ils vivent quelques années, s'éteignent sans alliance ou, du moins, sans postérité.

(Anne Duportal)

 

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