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Vitraux ou verrières de la chapelle Saint-Jacques au village Saint-Léon en Merléac.

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Geslin de Bourgogne a donné, dès 1861, une monographie suffisamment complète de la chapelle Saint Jacques en Saint Léon de Merléac pour qu'il soit inutile d'y revenir. Rappelons simplement qu'une transaction entre le vicomte de Rohan, le chantre de l'église de Quimper et le curé de Merléac, datée du jeudi après Loetare 1317, indiquait que la chapelle venait d'être construite. Elle fut terminée et remaniée beaucoup plus tard, vers la fin du XIVème siècle, comme le prouve notamment l'encadrement de la petite porte du midi qui comporte deux tores parallèles venant se raccorder en sifflet au bas des piedroits, ornement bien particulier à la région et que l'on rencontre également à la chapelle de Langoerat en Kermoroch, à celle de Notre Dame du Tertre à Châtelaudren, à l'église paroissiale de Saint-Laurent, etc..., tous édifices de la fin du XIVème siècle ou des premières années du XVème.

La chapelle Saint-Jacques de Saint-Léon en Merléac (Bretagne).

Sous la Révolution, les verrières de Saint Jacques furent enduites de fiente de vache et d'argile pour les soustraire aux déprédations des colonnes mobiles, ce qui les a malheureusement fort dégradées. Elles ont été déposées pour remise en plomb en 1860 et replacées quelques années plus tard.

La maîtresse vitre, à peu près intacte, et les fragments que l'on voit dans les autres fenêtres sont contemporains et datent du début du XVème, à l'exception de fragments placés dans la fenêtre du chevet, du côté de l'épître, qui sont plus anciens que les autres et présentent tous les caractères du premier quart du XIVème siècle, nous allons donc commencer par cette fenêtre.

I. Vitre du chevet, côté épître.

Dans le tympan, l'on trouve d'abord dans le quatre-feuilles une vierge couronnée, vêtue d'un manteau blanc et d'une robe verte et portant l'enfant teinté de rose. De chaque côté deux angelots sont teintés en jaune sur fond rose ; au-dessus autre angelot moderne en blanc sur fond vert. Les deux mouchettes trilobées au-dessus du quatre-feuilles représentent des dragons jaunes sur bistre.

Dans la lancette gauche, en haut, une crucifixion se détache en jaune sur fond bleu. Elle est placée sous une arcature jaune percée d'ouvertures noires et surmontée de fleurettes jaunes. Une bordure d'époque plus tardive renferme des fleurs de lys jaunes sur fond noir, séparées les unes des autres par des verres bleus ou jaunes.

Dans la lancette droite, en haut, sur un fond rouge et sous une arcature semblable à la précédente, une vierge couronnée portant l'enfant est assise sur un banc à coussins verts. Elle est vêtue d'une robe or et d'un manteau bleu ; l'enfant porte une robe rose ; la bordure est identique à la précédente.

Au-dessous de ce panneau, saint Jean Baptiste en robe jaune se détache sur fond bleu. Un arbre à tronc vert porte des fleurs jaunes.

Tous les personnages de ces trois panneaux ont le visage et les mains colorés en rose.

Au-dessous de ces panneaux, verres losangés avec dessins en grisaille représentant des oiseaux.

Ces panneaux si peu colorés sont dessinés au trait, sans aucun modelé, et peints en teintes plates. Ils paraissent être la copie de ces dessins légèrement teintés désignés sous le nom de « portraits d'encre » qui devinrent abondants au milieu du XIVème et eurent une grande vogue au XVème, nous en retrouverons des exemples. Les cartons s'apparentent aux modèles des enlumineurs parisiens.

Vitrail du chevet de la chapelle Saint-Jacques de Merléac (Bretagne).

II. Maîtresse vitre.

Elle est très importante pour l'histoire des verrières bretonnes puisqu'elle est datée et signée. On lit en effet, au bas et à droite de la vitre, dans un cartouche, l'inscription suivante en lettres gothiques : G béart fist ceste vitre l'an M IIIIc e II (1402).

Ce nom de Béart est bien connu. Imagier et doreur à Rennes, Guillaume Béart travaillait en 1408 pour Saint-Pierre de Rennes. Il appartenait à une famille de peintres verriers rennais. En 1375, Perrot Béart et Raoul Béart travaillaient à la grande vitre de la cathédrale de Rennes ; et, en 1435, autre Perrot Béart travaillait au Rheu, en compagnie de son fils Jamet Béart qui n'était âgé que de 15 ans.

Revenons à la maîtrese vitre de Saint-Léon. Dans le tympan, au centre de la rose, le Christ et tout autour les douze apôtres portant sur des phylactères les douze articles du Symbole. Plus bas, des anges portant également des phylactères ; enfin, plus bas encore, sur fond rouge, des semis de macles rappelant les Rohan, sans doute donateurs de la verrière.

Le vitrail proprement dit est divisé par les sept meneaux de la fenêtre en huit lancettes comprenant chacune sept panneaux, soit au total cinquante six panneaux. Les trois derniers de chaque lancette, soit vingt-quatre panneaux, forment une vaste tenture formée de petits losanges sur lesquels sont représentés en grisaille des chouettes et divers oiseaux. Sur les bordures des lancettes, l'on trouve des couronnes d'or surmontant un M gothique, lettre chère aux Rohan et aux Clisson, ou la lettre M seule, alternant avec des coquilles de saint Jacques.

Les panneaux supérieurs de la seconde rangée représentent huit scènes de la Passion surmontées de dais architecturaux qui constituent la première rangée des panneaux. Ces scènes reposent elles-mêmes sur des architectures qui les séparent des huit autres panneaux historiés à qui elles servent de dais, panneaux sur lesquels sont figurés huit scènes de la vie de saint Jacques d'après la légende dorée.

Il est très remarquable de rencontrer dès le début du XVème siècle cette disposition qui deviendra à peu près générale en Bretagne pendant tout le XVème siècle et durera même au XVIème.

Examinons maintenont plus en détail les panneaux en allant de gauche à droite et de bas en haut.

I. — L'Arrestation de Jésus. Fond damas rouge ; dessous du dais vert.

Le Christ, en robe blanche et manteau bleu, est embrassé par Judas, vêtu d'une robe rouge violacée. Derrière celui-ci, un soldat, en armure avec cotte verte et camail rosé ; à terre, Malchus, en cuirasse bleue, chaperon rouge et chausses rouges. Deux apôtres assistent à la scène, l'un est en robe blanche et manteau vert, l'autre en robe bleue et nimbé de vert.

II. — La Flagellation. Fond damas bleu, dessous du dais vert.

Le Christ, attaché à une colonne bleue claire, porte une auréole rouge. Le bourreau de gauche est vêtu d'une tunique rouge à bandes jaunes et à manches roses ; ses chausses sont de deux couleurs, verte pour la jambe droite et blanche pour la jambe gauche. Le bourreau de droite porte un bonnet vert, une tunique bleue à manches vertes, des chausses rouges et une écharpe violette. Le sol est rose brun.

III. — La Pâmoison de la Vierge (l'un des trois panneaux de la Crucifixion). Fond damas rouge, dessous du dais jaune.

La Vierge, en manteau bleu, est nimbée de vert ; la sainte femme de droite, en manteau vert, est nimbée de bleu ; la Madeleine, en manteau rouge violacé. Au second plan, à gauche personnage en vert nimbé de bleu ; et, à côté, personnage en violet nimbé de jaune, sans doute Nicodème et Joseph d'Arimathie.

IV. — La Crucifixion motif central. Fond damas bleu, dessus du dais vert.

Le Christ, nimbé de rouge, est crucifié entre les deux brigands. Les croix d'or sont fichées sur un sol vert

V. — Saint Jean et le groupe des Juifs. Troisième panneau de la Crucifixion. Fond rouge.

Saint Jean, nimbé de jaune, porte une robe verte et un manteau bleu. Un personnage, de dos, vêtu d'un manteau vert, est coiffé d’un bonnet juif bleu clair à calotte et longue queue rose violacées. Un autre juif est en manteau violet. Sur un phylactère est écrit en lettres gothiques : Vere fuit filius.

VI. — Mise au tombeau. Fond bleu.

Sur un fond bleu, avec arbres verts en boules qu’il convient de remarquer, le Christ est étendu dans un sarcophage bleu clair, la Vierge, en robe rouge et manteau bleu, se penche vers son fils ; Nicodème et Joseph d'Arimathie sont en bonnets et robes rouges. Au premier plan, la Madeleine, en robe rouge violacée, est nimbée de bleu.

VII. — La Résurrection. Fond rouge, panneau moderne.

VIII. — Noli me tangere. Fond bleu.

Le Christ, en manteau bleu et nimbé de vert, tient une croix d'or. La Madeleine, avec ses longs cheveux dénoués et nimbé de bleu, porte un manteau vert.

IX. — Saint-Jacques prêchant. Fond vert.

Le saint, nimbé de rouge et portant une barbe jaune, prêche la foule. Il est vêtu d'une robe bleue avec aumônière d'or, et tient à la main le bourdon jaune de pèlerin avec la gourde. Au premier plan, personnage en bonnet et manteau rouge ; à droite, autre personnage en bonnet jaune et manteau rouge, derrière, personnage en manteau rouge.

X. — Saint Jacques exorcise Hermogène. Fond rouge, dessous du dais jaune.

Le saint, en chapeau blanc nimbé de vert et en robe bleue, exorcise Hermogène, à genoux devant lui et portant un manteau vert et un chapeau rouge sur le dos. Deux démons s'enfuient, l'un rose, l'autre bleu. Sur un phylactère, l'inscription « Accipe bac (ulum) » rappelle le don d'un bâton fait par saint Jacques à Hermogène pour le protéger de l'humeur vindicative des démons.

XI. — Arrestation de saint Jacques. Fond vert, dessous du dais jaune.

Saint Jacques est vêtu comme au panneau IX. Un homme d'armes, en armure avec camail, tabar rouge et or, et, épée, le tient ligoté et le conduit à Hérode Agrippa que l'on voit à droite, coiffé d'un turban blanc et or, vêtu d'une robe blanche et d'un manteau d'or, et chaussé de souliers bleus.

XII. — Décollation de saint Jacques. Fond rouge avec arbres. verts.

Le saint, en robe bleue et nimbe vert, est à genoux, prêt à recevoir le coup fatal. Le bourreau est en bonnet rouge, robe verte et chausses rouges.

XIII. —Transport de la chasse du saint en Galice. Fond vert, dessous du dais jaune.

Sur la mer bleue, dans laquelle sont représentés des poissons verts, vogue une nef brune portant la châsse du saint qu'entourent trois personnages en robes brunes dont l'un est coiffé d'un bonnet bleu. A l'arrière, un ange, en robe blanche et nimbé de rouge, tient le gouvernail.

XIV. — Transport du corps à terre. Fond rouge.

A droite, un château bleu, sur la courtine duquel apparaît la reine Louve en corsage or à manches vertes. La châsse d'or est posée sur un chariot conduit par un personnage en robe brune et traîné par les taureaux indomptés de la reine, devenus doux comme des agneaux et portant le joug. Dans le fond une chapelle d'or.

XV. — Culte de saint Jacques à Compostelle. Fond vert.

Dans un oratoire, la statue du saint, Saint Jacques, en robe blanche et manteau bleu, est assis sur un trône d'or tel que les pèlerins le voyaient à Compostelle. Au premier plan, un pèlerin à genoux, vêtu d'une robe rouge, porte un phylactère avec l'invocation : « S. Iacobe (ora pro nobis) ».

Au second plan, à gauche, un pèlerin en bonnet rouge, robe rouge et manteau bleu ; à droite autre pèlerin en manteau bleu et derrière autre en manteau rouge.

XVI. — Miracle du pèlerin pendu soutenu par saint Jacques. Fond rouge, sol vert.

Saint Jacques, en manteau bleu et, nimbé de vert, soutient le pèlerin pendu en attendant le retour de ses parents qui avaient poursuivi leur pèlerinage à Compostelle. C'est l'illustration du miracle arrivé à Toulouse en 1020 et rapporté par la légende dorée [Note : Plusieurs des scènes de la légende de saint Jacques se voient également dans l'une des belles verrières du XVIème siècle de la chapelle de N.-D. du Cran en Spezet. Le miracle du pèlerin est raconté dans de nombreuses verrières françaises, notamment dans le vitrail de Saint Jacques de Lisieux (XVIème siècle)].

Dans cette verrière, d'un très beau dessin, ainsi que dans les suivantes, les figures et les gestes des personnages ont une parenté très étroite avec certaines miniatures parisiennes du règne de Charles V [Note : Voir, par exemple, les Scènes de l'Histoire Romaine Bibl. Sainte Geneviève, ms. 77 et la reproduction dans C. Couderc. Les enluminures des manuscrits, au Moyen Age, Paris 1927, Pl. XLII].

 

III. Vitre du chevet, côté évangile.

Dans le tympan : Crucifixion. En haut, le Christ, cloué sur une croix d'or et nimbé d'or, se détache sur un fond bleu ; des angelots aux ailes d'or recueillent le sang coulant de ses plaies. De chaque côté de la croix, un soleil rouge et une lune blanche.

Au-dessous, à gauche, sur un fond rouge et vert, se détache la vierge, vêtue d'une robe blanche et d'un manteau bleu ; à droite, également sur un fond rouge et vert, saint Jean, nimbé de bleu, en robe or.

Panneaux : Dans la lancette droite : en haut, sur un fond rouge, une vierge, couronnée d'or, est vêtue d'une robe rose et d'un manteau bleu. Elle est assise sur un trône d'or et tient l'Enfant.

Dans la lancette gauche, sur un fond bleu damassé, les trois rois mages : le plus âgé, à genoux, en robe jaune ; derrière lui, autre roi en manteau rouge, surcot jaune et chausses vertes ; enfin, le troisième, en chausses blanches, surcot jaune, et houppelande verte à manches rouges et col d'hermines.

Au dessous, à gauche, sur un fond rouge, l'Annonciation. La Vierge nimbée de vert, est en robe blanche et manteau bleu ; l'ange Gabriel en robe blanche, manteau jaune et ailes rouges.

Enfin à droite, le quatrième panneau représente la Visitation. La Vierge est en robe blanche, manteau bleu et nimbe rouge ; sainte Elisabeth en voile blanc avec nimbe bleu et manteau rouge violacé.

Le fond vert porte un dessin de damas particulièrement fin, comme l'on en rencontre sur les miniatures parisiennes contemporaines.

 

IV. Troisième fenêtre du collatéral nord.

Dans le tympan de cette fenêtre, charmant tableau de la résurrection de la Vierge. En haut, sur fond bleu, trois anges en robes blanches se penchent sur le linceul sur lequel est étendue la Vierge pour assister à sa résurrection. C'est le thème né à Senlis vers 1190. Au dessus, sur un fond bleu, des anges en robes blanches et ailes rouges tiennent chacun une couronne avec l'inscription suivante sur un phylactère : « Veni sponsa mea accipe coronam ».

 

V. Seconde fenêtre du collatéral nord.

Dans le tympan, Assomption de la Vierge.

Au sommet, sur fond bleu, la Vierge en blanc ; au dessous, des anges thuriféraires blancs se détachent sur un fond rouge ; l'ange de droite a des ailes bleues.

 

VI. Fenêtre du collatéral nord voisine du chevet.

Dans le tympan de cette fenêtre, en haut, dans une gloire d'or, la vierge, en robe blanche et manteau bleu, porte une couronne d'or nimbée de vert. Elle a sur son bras droit l'enfant et tient à la main gauche un sceptre d'or.

Au-dessous, à droite, un ange bleu aux ailes roses se detache sur un fond vert. Il tient un phylactère portant : « Que est ista que ascendit sicut ». A gauche, un saint, nimbé de rouge, en robe blanche et manteau vert, se détache sur fond vert. Il tient un phylactère portant : « Ego vidi mulier em amictam sole ».

Au-dessous, quatre panneaux, dont deux renferment des débris informes. En haut et à droite, un panneau représente le supplice d'une sainte à qui l'on tranche la tête, probablement sainte Barbe. Un roi, en robe rouge, sceptre d'or en mains et couronne d'or en tête, préside l'exécution. La sainte, nue jusqu'à la ceinture, est en robe rouge. Le bourreau porte des chausses de deux couleurs l'une blanche et l'autre bleue, et un justaucorps brun à manches rouges.

En bas et à gauche, sur fond bleu, la Circoncision.

Le grand prêtre est en robe rouge. Sainte Anne, en manteau vert et nimbée de rouge, présente l'enfant ; la Vierge, nimbée d'or et vêtue d'un manteau bleu, porte les colombes.

La maîtresse vitre, qui compte parmi les plus belles de Bretagne, et les fragments que nous venons de décrire sont d'un très beau dessin et font le plus grand honneur à l'atelier rennais de G. Béart (Contribution à l'étude des anciennes verrières - Société d'Emulation des Côtes-d'Armor, 1935).

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