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ROCHEDREUX ET SES SUCCESSEURS A MEILARS

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A son arrivée en 1809, René Rochedreux avait trouvé l’église paroissiale et l’église de Confort en assez bon état, la chapelle de Saint-Jean en ruines. Devant consacrer la majeure partie de son temps aux enfants de l’école, on lui avait adjoint un vicaire, M. Yves Bozec. Mais presque aussitôt on demande que ce vicaire aille tous les dimanches fournir une messe à Pont-Croix. M. Rochedreux fait remarquer que le vicaire répugne à aller dans cette ville. De plus, il lui semble que Meilars (aujourd'hui Meillars-Confort) a, tout autant que Pont-Croix, besoin d'une seconde messe, « vu que la belle chapelle de Confort où elle se dit est le centre de quatre paroisses ». Enfin, si M. Bozec doit aller à Pont-Croix le dimanche, il devient absolument inutile à Meilars, puisqu’il serait absent précisément le jour où les confessions abondent. Pour toutes ces raisons, M. Rochedreux veut garder M. Bozec qui, malgré son apathie et ses scrupules outrés, l’aide beaucoup pour l'école et pour les malades.

Le Recteur se rend compte que si le Curé de Pont-Croix a demandé M. Bozec, c’est sur l’instigation d’un certain D'Esclabissac. Ironiquement, il prie le Curé « d’exhorter son abbé D'Esclabissac qui se flatte de tout obtenir de Monseigneur par le canal de M. Dumoulin à ralentir son ardeur à troubler leur repos. Pourquoi ne se fait-il pas prêtre pour remplir le vide de sa commune ? C’est la réflexion que se permettent les personnes sensées... ».

Sept ou huit mois après, il perdit pourtant son vicaire, et, dès lors, il dut assumer seul la lourde charge de diriger la paroisse et l’école.

Il existait une fondation du 27 Avril 1749 consistant en une messe chantée et un nocturne. Tous les lundis de l’année, cette fondation devait être desservie alternativement dans l’église paroissiale et dans la chapelle de Confort. Il s’y ajoutait une messe chantée et un nocturne à desservir dans l’église paroissiale le jour de la Toussaint. Pour le tout, les prêtres ne reçoivent que 90 livres. Or la distance entre les deux églises — que M. Rochedreux, en exagérant quelque peu, fixe à deux quarts de lieue — est gênante toujours, plus encore par mauvais temps, et la paroisse n’a plus qu’un seul prêtre. Cette fondation est trop assujettissante. Aussi le Recteur demande-t-il à l'Evêque de la réduire, ou d’en augmenter les honoraires, ou d’y faire le changement qu’il jugera le plus convenable.

En 1812, il est chargé, pendant six ou sept semaines, de fournir une messe à Pont-Croix. En 1813, il doit prêcher le Carême à Plogoff, Cléden et Goulien. « Plogoff et Cléden sont sans secours spirituel, n’ayant aucune confiance dans les deux prêtres qui sont à Cléden... Cette dernière paroisse est en proie à la division et au schisme plus que jamais ». Et l’on voudrait qu’il aille essayer d’arranger les choses.

M. Rochedreux quitte Meilars cette même année 1813 pour devenir recteur de Névez. Là encore, il se crée des difficultés. Il demande, en 1819, la desserte de Poullan, l’obtient et ne l’occupe pas. Deux ans plus tard, on le trouve à Port-Louis où il remplit l’office de chapelain. Il reçoit son exeat pour le diocèse de Vannes, mais ne réussit pas à le faire accepter.

Sans fonctions, sans ressources, il se retire, en 1825, avec l’agrément de Monseigneur, à l'Ile-Tudy, qui est sans pasteur depuis 1804. Toujours actif, malgré ses 70 ans, il commence immédiatement les démarches pour faire ériger l'île en succursale, achète, de ses propres deniers, une maison, fait écrire au ministre de la Guerre pour « qu’il donne ordre d’enlever les canons et affûts qui restaient en dépôt dans l’église de l'Ile Tudy ». Pas assez patient pour attendre l’autorisation régulière, le nouveau pasteur se met en devoir de rendre son église habitable, démolit les ruines de la tour qui, séparée de quelques mètres de la nef de l’église, était censée appartenir au Génie militaire. Le procureur du roi s’émeut et veut poursuivre le bouillant recteur. Il se trouva, heureusement, un de ses anciens élèves, avoué à Quimper, pour plaider les circonstances atténuantes et faire arrêter les poursuites. « Jeté jeune à l’étranger par des circonstances qu’il n’a que faire de rappeler, il n’a pas été à même d’apprécier le mérite de l’armement de nos côtes, ni celui des précautions prises pour y parvenir encore s’il en était besoin. A son retour de l’émigration, il n’a été occupé qu’à concourir au rétablissement d’une religion sainte presqu'oubliée. Pasteur ou instituteur suivant les exigences du diocèse, il ne s’est occupé que d’instruction à donner à ses frères jusqu’au moment où la rentrée d’une dynastie chère aux français lui a permis de concourir, même au loin dans de pieuses missions, à une vivification plus parfaite des principes religieux. C’est ainsi qu’il est parvenu, à un âge avancé, sans s’occuper des choses civiles et surtout des règlements locaux auxquels il va être accusé d’avoir porté atteinte... ».

C’est à l'Ile-Tudy, le 28 Novembre 1827, que la mort vint prendre ce lutteur infatigable et lui donner enfin la paix qu’une vie si agitée n’avait pu lui procurer un seul instant.

 

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SUCCESSEURS DE M. ROCHEDREUX.

En quittant Meilars, M. Rochedreux avait, parait-il, déclaré à ses paroissiens qu’ils n’étaient pas à la veille d’avoir un nouveau recteur. En effet, malgré les instances réitérées du maire et du Conseil municipal, la paroisse resta près d’un an sans desservant. Pendant ce temps, M. Charlès, recteur de Mahalon, se charge encore de Meilars. « Ces pauvres gens, dit-il, se jettent sur mes bras. Je leur ai procuré jusqu’ici les secours spirituels que j’étais en droit de leur donner ».

M. Abgrall, prêtre à Pont-Croix, se rendait aussi volontiers à Meilars, de jour et de nuit, toutes les fois qu’on avait recours à son ministère. Il en fut nommé recteur en Juillet 1814, trouva l'église « dans un état alarmant », se lassa vite et, un an plus tard, exprima le désir d’être nommé à Beuzec. Son chirurgien déclara que son client était d’une « constitution débile et nerveuse, susceptible d’être irritée lorsqu’elle serait exposée à un air atmosphérique vif et froid, que l’air de la paroisse de Meylar étant de cette nature, lui est insalubre, et que celui de Beuzec-Cap-Sizun, en qualité d’air natal, lui est salutaire », et M. Abgrall quitta Meilars. Le presbytère restera encore six mois inoccupé.

Lors de la première restauration, les membres du Conseil municipal avaient prêté serment d’obéissance et de fidélité au roi, en ces termes : « Je jure et promets à Dieu de garder obéissance et fidélité au Roy, de n’avoir aucune intelligence, de n’assister à aucun conseil, de n’entreprendre aucune ligue qui serait contraire à son autorité, et si, dans le ressort de mes fonctions, ou ailleurs, j’apprends qu’il se trame quelque chose à son préjudice, je le ferai connaître au Roy ».

Dès le retour de Napoléon de l'île d’Elbe, le Conseil municipal se réunit de nouveau pour prêter le serment prescrit par le décret impérial du 8 Avril 1815. Le maire d’abord : « Je jure obéissance aux constitutions de l'Empire et fidélité à l'Empereur ». Ensuite, chacun des autres a fait de même.

Les conseillers municipaux de Meilars étaient de l’étoffe dont on fait les grands politiciens !

M. Clérec, successeur de M. Abgrall, avait trouvé son presbytère dans un état lamentable : « Ce n’est pas un jardin que m’a laissé mon digne prédécesseur : c’est un misérable champ où tout est à détruire. J’ai du pâturage pour mes ouailles, et pour longtemps ; aussi les ai-je invités à me venir couper l’herbe sous les pieds ». Il ajoute cependant que le voilà dans une des plus jolies maisons qui loge prêtre. « J’ai trouvé ici toutes les commodités imaginables, et ce qu’il y a de préférable à tout cela, la paix et la tranquillité au dedans et au dehors ».

M. Clérec était précédemment recteur d'Audierne où il avait eu maille à partir avec les francs républicains qui tenaient à leur ancien club « comme un teigneux à son bonnet ». « J’ai un bon peuple, dit-il, et il n’y a ici ni Guezno ni Rivet, républicains déhontés, ni, ce qui est encore pire, de Lanvarzin, prétendu royaliste et bouleversant tout, avec le masque qui en impose à des imbéciles... Ah ! si tout le monde était aussi franc que le grand Charlès ! ».

Instruit, énergique, de forte santé, le nouveau recteur avait toutes les qualités requises pour diriger une école, mais il dut se contenter d’éduquer un pauvre clerc sur le compte duquel il écrit à son ami intime, M. Clanche, secrétaire de l'Evêché : « Mon large commensal arriva vers le soir... Quelle colosse Monseigneur m’a envoyé ! Mais quel petit esprit dans un grand corps ! Je viens de lui donner la première leçon, et j’ai vu tout d’un coup que nous n’irions pas à la volée, la mémoire n’est pas plus heureuse que le génie n’est facile. La peinture que le Supérieur m’en a faite est de toute exactitude. Je le crois bon enfant et facile à conduire : je ne demande qu’une grâce, c’est qu’il s’applique sérieusement ; il a certes bien besoin : il compte déjà vingt-sept ans, et à cet âge les ressorts commencent à s’user, même dans ceux qui sont les mieux trempés ; il nous faudra, je crois, bien souvent mâcher châtaigne, et être double et triple répétiteur.... Je n’en tirerai pas grand parti pour le chant... Mon élève est un pauvre écolier en tout genre, et il a besoin de plus d’un maître... ».

M. Clérec aurait désiré beaucoup d’élèves à sa propre image, car il s’aperçoit de plus en plus que « les enfants de la Révolution sont, généralement parlant, de petits monstres... ».

Bientôt, il doit abandonner son unique élève. Son « grand voisin de Mahalon » est frappé en Mars 1817 « d’une furieuse attaque de paralysie et n’est plus qu’un serviteur inutile ». « Cette fatale catastrophe » rend M. Clérec « père de deux peuples et ayant à mesurer plus de 4 lieues d’espace de l’extrémité de Meylars à l’extrémité de Mahalon ».

« J’ai conseillé à mon triste disciple de se retirer chez lui pour un peu de temps, jusqu’après Pâques, et il est parti depuis hier ; il traînait ici depuis mardi la plus ennuyeuse existence. N’ayant pas de quoi se couvrir, il avait été saisi de froid ; tout le temps se passait entre le lit, la table et le feu… ».

En Juin 1817, M. Clérec, toujours chargé de deux paroisses, assure qu’il n’est pas fait pour la campagne. L’année suivante, il est nommé recteur de Saint-Mathieu de Quimper.

Aussitôt, Thomas, maire de Meilars, écrit à l'Evêque : « La nomination de M. Clérec à d’autres fonctions nous a laissés, mes administrés et moi, privés de tout secours pour le spirituel. Notre position vient encore d’être aggravée par la mort de M. Dimizit, desservant de Poullan... Nous n’avons désormais aucune assistance ecclésiastique à espérer. Ayez la bonté, Monseigneur, de prendre en considération notre état le plus critique qui fut jamais, en nous envoyant un ministre dont notre commune a un besoin si pressant. Je me fais garant que tous mes administrés le recevront avec reconnaissance. Nous avons à lui présenter l’un des plus beaux presbytères du canton... Tout est en ordre dans nos églises et le peuple très avide de la parole de Dieu ne laissera son desservant manquer de rien... ».

Le 29 Mars 1819, le maire rédige une nouvelle supplique à l'Evêque : « La pénurie de sujets a sans doute influée sur le défaut d’un desservant à Meilars, c’est la seule cause à laquelle je puisse attribuer le malheur dans lequel mes administrés et moi nous nous trouvons plongés... Sans doute, Monseigneur, vous n’avez pas oublié le logement délicat que nous soignons pour Monsieur notre desservant, les sentiments religieux dont nous nous flattons d’être pénétrés et la difficulté que nous éprouvons à recourir sans cesse, surtout en cas de maladie, à un ministère éloigné de nous et peu assuré. Daignez, Monseigneur, daignez jetter sur nous un eil de compassion et faire enfin habiter l’un des meilleurs presbytères de votre diocèse par un desservant qui fasse cesser l’amertume dont nous sommes abreuvés... ».

Pour répondre aux voeux de la population et pour reprendre l'oeuvre de M. Rochedreux, l’administration diocésaine nomma l'abbé Madec à Meilars. Il importait de développer l’école afin d’avoir, un jour, assez de prêtres pour les besoins du diocèse. De l'aveu de Mgr. Dombideau de Crouseilhes, il y avait, vers cette époque, dans le diocèse de Quimper, 42 paroisses privées de prêtres et beaucoup d’autres sans les vicaires nécessaires (Lettre au ministère de l'Intérieur, 20 Mars 1823).

M. Madec se met aussitôt au travail. Il achète une maison assez grande pour loger une vingtaine d’élèves. En plus du dortoir, elle comprenait une chambre pour le président, une salle d’étude, une assez jolie cuisine. avec deux caves. Il y avait deux crèches dans la cour et un fort bon puits dans le jardin clos de murs et protégé contre les vents du Nord par deux douzaines d’arbres très élevés. Les deux classes du presbytère sont également aménagées et, le 27 Mars 1820, l’institution compte 47 élèves. La plupart sont de Meilars, Mahalon, Poullan et des paroisses rurales du Cap.

Presque tous sont « chambriers », c’est-à-dire reçoivent leurs provisions de chez eux.

Le nombre des élèves augmente encore. En Janvier 1821, ils sont 74. Trois semaines plus tard, 78. Mais les dettes aussi s’accumulent, et le Directeur, menacé d’une vente publique, crie sa détresse à l'Evêque. Il ne voit, dit-il, d’autre moyen de se tirer d’embarras que de remettre l'institution au bureau des Séminaires. C’est alors, le 7 Mars 1822, que Mgr. Dombideau de Crouseilhes écrit à M. Le Coz la lettre suivante : 

« Vous savez que j’ai formé une école à Meylars, près de Pont-Croix... Elle est devenue nombreuse, mais M. Madec était incapable de la gouverner pour le temporel. Nous lui avons fait des avances considérables et nous lui avons prouvé qu’il pouvait faire des bénéfices qui devaient lui donner les moyens de la faire prospérer. Ce n’est que depuis peu de jours qu’il nous a donné la certitude qu’il augmentait chaque année la masse de ses dettes... Je ne vois que vous, Monsieur, qui puissiez prévenir la chute de cet utile établissement. Le logement est agréable et le Cap fournit un grand nombre de sujets.

Je n’ose vous proposer la place de desservant de Meylars, mais cependant ce serait un moyen de plus d’assurer le bien. Je prendrai l’engagement de vous donner un vicaire, quoique la paroisse soit très petite ; il pourrait remplir, en même temps, la place de professeur. Vous auriez le double titre de desservant et de supérieur de l’école.

Enfin, Monsieur, je vous invoque comme le sauveur de cette école ».

M. Le Coz, ancien professeur de Plouguernével, curé de Carhaix, puis de Daoulas, et retiré à cette époque à Pont-l'Abbé, accepta avec la promesse qu’il ne resterait à Meilars que quinze ou dix-huit mois.

Le charme tant vanté du presbytère de cette paroisse ne le séduisit point. Il vit que l’école, en demeurant là, ne pourrait jamais prendre le développement qu’il rêvait. Et, tout naturellement, il songea à réaliser l’idée qu’avait eue M. Rochedreux : transformer en école secondaire l'ancien couvent des Ursulines de Pont-Croix.

Dans l’été de 1822, la foudre tomba sur l’école de Meilars : « Mes enfants, écrit M. Le Coz, ont été épouvantés, renversés, sans autre mal. Ma cuisinière a été aussi renversée et a eu le visage et l'occiput légèrement atteint ; la fille de cuisine a eu les jambes un peu offensées ; j’ai été, moi-même, repoussé à six pas du lieu où j’étais, sans être abattu. Mes fenêtres ont été brisées, la cheminée endommagée, mes livres et mes papiers dispersés, ma chambre remplie d’une fumée infecte, un de mes cadres défait, une tasse de porcelaine brisée, une casserole en cuivre percée, mon oreille gauche rendue un peu sourde. Dieu qui lance le tonnerre comme il soulève les flots a dit au premier comme aux seconds : huc usque venies, etc., tu lui donneras sur l’oreille et pas davantage ; tu le repousseras vers la porte de sa demeure pour lui dire avec force : " Ce n’est pas là que je te veux. Sors et va dans la ville voisine où je veux me servir de toi pour le bien de mon Eglise " ».

L'Evêque comprit que M. Le Coz ne se plaisait pas à Meilars. Et, un beau jour, les habitants de la paisible bourgade n’entendirent plus les ébats bruyants de la gent écolière : élèves et recteur les avaient quittés, refaisant en sens inverse le chemin suivi treize ans auparavant par M. Rochedreux et ses enfants. L’école de Meilars devenait le Petit Séminaire de Pont-Croix.

M. Le Coz, supérieur de Pont-Croix, restait desservant de Meilars sans y résider. Les paroissiens, mécontents d’être ainsi délaissés, adressèrent cette lettre l'Evêque, le 14 Décembre 1822, par l’entremise du maire, Claquin : « Je vous écris pour vous informer de la triste situation où nous nous trouvons. Nous avons pour encore un pasteur mais qui, comme vous le savez, ne réside pas parmi nous. Nous sommes obligés, pour avoir une messe, de lui envoyer tous les dimanches un cheval, ce qui est assez gênant quand nous avons la messe du matin. Mais ce n’est pas là le pire ; si nous avions tous de bons chevaux cela serait encore peu de chose, comme nous n’avons que de jeunes, il pourrait lui arriver quelque malheur, ce qui nous ferait de la peine. De plus, Monsieur Le Coz ne confessant pas, nous nous voyons par là privés des secours spirituels, ce qui pourrait nous arriver même à l’heure de notre mort. C’est cependant une chose bien douloureuse pour plusieurs de mes administrés qui s’approchaient souvent des sacrements, et particulièrement les grandes fêtes, de s’en voir privé : par là plusieurs se négligeront et tomberont dans la tiédeur ; même, on commance déjà à s’en apercevoir, ils seront bientôt froids. Le loup est déjà entré dans la bergerie et commance à y exercer ses ravages. Bon pasteur, venez donc à notre aide, ayez pitié de nous, aidez-nous à sauver nos âmes et donnez-nous le plutôt possible quelqu’un qui puisse encourager les bons, soutenir les faibles et ramener au bercaille les brebis égarées. J’espère, Monseigneur, qu’ayant arrangé notre église comme je vous l’avais promis, et ne vous ayant donné par ailleur comme je le crois aucun sujet de mécontentement, vous aurez égard à nos justes représantations ».

Uniquement préoccupé de son école, M. Le Coz crut, qu’après son départ, la paroisse de Meilars n’avait plus de raison d’être. Tout bonnement, il projeta de la dépecer et de faire cadeau d’un morceau à chacun de ses voisins. Après lui, le déluge ! L’émotion fut grande. Le Conseil municipal, avant même le départ du Recteur, proteste avec énergie. Partager Meilars entre Poullan, Mahalon et Pont-Croix ? Mais à quoi pense-t-on ? Ne sait-on pas assez que « Meilars est séparé de ces différentes communes par des rivières dont les eaux, grossissant en hiver, rendent tout passage et toute communication impraticable pendant cette saison et même pendant une grande partie de l’été ? ». Oublie-t-on que Meilars possède des fondations qui doivent être desservies dans cette paroisse ? Les habitants de Meilars ont-ils démérité ? N’ont-ils pas toujours montré le plus grand respect et une soumission sans bornes aux volontés de leur évêque et su mériter l’estime et l’amour de leurs pasteurs. Qu’on remplace donc au plus vite M. Le Coz puisqu'il va à Pont-Croix !

Les voisins ne se montrèrent pas plus empressés à accepter le don qu’on voulait leur faire. Le Recteur de Mahalon, à qui était destinée toute la partie de Meilars en deça de la route de Douarnenez à Audierne, protesta aussi, trouvant qu’il avait déjà assez de terrain à parcourir dans sa paroisse et ne tenait pas à être obligé de se déchausser l’hiver pour traverser la vallée du Goyen !

Finalement, Meilars resta intact, mais sans pasteur. De nouveau, le 18 Avril 1823, le maire supplie l’évêque d’envoyer un desservant : « Aucune plainte n’a été portée contre les habitants de cette commune, et ils ont toujours été reconnus pour être dévoués à leurs pasteurs et pour s’acquitter avec le plus grand soin des devoirs de leur religion ». Ils n’ont pas encore fait leurs Pâques. Quand et comment les feront-ils si Monseigneur n’a pas égard à leur position et ne leur donne un prêtre ?

Un recteur fut enfin nommé en 1824 : M. Abgrall. Le 29 Mars 1828, il écrit au vicaire général : « Je pourrais bien dire à un ami que la paroisse de Meylars est une pauvre parroisse, ou plutôt une parroisse pauvre, habitée par des pauvres, enfin une seconde terre de Hus habitée pur un Job moderne. Et cependant cette parroisse privée à plusieurs reprises de pasteurs et par conséquent des secours que les offrandes des fidèles fournissent à l’entretien des églises, a fait jusques à présent tous les sacrifices possibles pour la conservation de trois temples, 2 chapelles et une mère-église. Cependant la moitié du toit de l'église-mère, le lambris et le toit du presbytère sont dans un état de délabrement. Les fonds de l’église sont insuffisants pour ces réparations urgentes, et il serait cruel de demander de nouveaux sacrifices à des paroissiens épuisés... ».

Jean-Corentin Bernard, de Plogonnec, succéda à M. Abgrall en 1829, et resta à Meilars jusqu’à 1851.

Le 28 Mars 1836, la tempête renversa le clocher de l'église paroissiale. Le Recteur raconte ainsi la catas­trophe : « Environ les huit heures du matin, le clocher de l’église paroissiale a été entièrement renversé. Les deux cloches ont été brisées en mille morceaux, une partie de la toiture de l’église écrasée et le mur fort endommagé. Heureusement dans le malheur nous n’avons à déplorer la mort de personne. Il n’y a pas même, grâce à Dieu, eu de blessé. J’allais sonner pour la messe, et, à chaque instant quelqu’un passait par l’endroit où la masse de la tour s’est portée. Nous avons encore des dégâts partiels. La perte que nous venons d’éprouver peut être évaluée de 4.000 à 4.300 francs... La paroisse étant petite et pauvre ne pourra pas contribuer pour la moitié à ces dépenses.... ».

On ramassa les débris des cloches pour la refonte, et, l’année suivante, le clocher neuf reçut deux cloches nouvelles qui coûtèrent 196 francs chacune. La plus grande, appelée Nouel-Marie, eut pour parrain et marraine Nouel Losy et Catherine Claquin. La petite, Jean-Marie, Jean Savina et Marie Scuiller. Elles furent fondues par Briens à Morlaix.

En 1846, l'église de Confort reçut une seconde cloche. Elle fut bénite par M. Mercier, curé de Brest, et nommée Angélique-Marie par M. Le Bris-Durest et Mme Louise Madézo. Une autre cloche, d’un poids de 800 livres, provenant des ateliers du Viel ainé, fondeur à Brest, avait été bénite par M. Clérec en 1818.

(abbé M. Parcheminou).

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