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LE CLERGE DE MEGRIT

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CLERGÉ.JEAN-JOSEPH VEILLON, prieur-recteur, a trouvé sa biographie à l'article Evran dont il était originaire. Il périt le 1er août 1794 sur les pontons de Rochefort.

JULIEN-RENÉ LE MARCHAND, vicaire, né le 1er octobre 1758 au village de la Huballerie en Calorgueu, du mariage de Jean et de Marguerite Percevault, fit ses études au collège de Dinan où il se trouvait en quatrième en 1774. Très bien noté au cours de son séminaire, il fut admis à l'examen de prêtrise le 12 mai 1782, mais M. Le Marchand n'avait pas encore atteint l'âge canonique.

On lit pour la première fois la signature de cet ecclésiastique comme vicaire de Mégrit au mois d'avril 1785. Désigné comme curé d'office de Mégrit à la fin de l'année 1787, il se dévoua lors d'une épidémie qui ravagea alors cette paroisse et avança de sa bourse l'argent nécessaire pour fournir à ses ouailles des secours alimentaires et des médicaments. L'intendant de Bretagne le remboursa en 1788. (Arch. I.-et-V., C 1368).

Lors de la Révolution, M. Le Marchand refusa de s'assermenter le 12 mars 1791, déclarant à cette occasion « qu'on lui couperait plutôt la tête que de le faire jurer ». Il signa ensuite l'Exposition des Principes du Clergé du Diocèse de Saint-Malo sur la Constitution civile. Le 5 avril. 1792, le Directoire des Côtes-du-Nord donna l'ordre d'arrêter ce bon prêtre « dont la conduite criminelle », signalée par le district de Broons, ne pouvait plus être tolérée. (Archives C.-du-N., L 161, f° 43.) Afin de se soustraire à l'emprisonnement au château de Dinan, auquel on le condamnait pour son opposition à la Constitution civile, M. Le Marchand jugea prudent de disparaître momentanément : « il s'est évadé et a disparu le 11 avril dernier, sans que je l'ai vu depuis », rendait compte à son sujet le maire Jean Plessis. (Archives C.-du-N., Lm 5, 34).

Bien que doublement sous le coup de la loi, M. Le Marchand fut assez courageux pour ne point s'exiler lors de l'application de celle du 26 août 1792 et demeura dans le pays pour y faire du ministère caché. Malheureusement pour lui, il fut arrêté dans les premiers mois de 1793 à une date que nous ne pouvons préciser et conduit à Saint-Brieuc, où le 14 avril 1793, nous le retrouvons condamné à subir la déportation à la Guyane.

Ce prêtre était incarcéré à la maison d'arrêt de Saint-Brieuc quand le Directoire des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), « vu les difficultés de faire exécuter cette sentence », permit à M. Le Marchand de se joindre aux prêtres auxquels il prescrivait de se déporter aux îles anglaises au milieu d'avril 1793. Voici le signalement qui figure sur le passeport qu'on lui remit à cette occasion : « taille 5 pieds 3 pouces ; cheveux et barbe châtain foncé ; le front haut le nez long et large ; la bouche petite ; la figure ovale ; le menton bien fait, le teint marqué de petite vérole ». Cette tentative pour se dérober aux atteintes de ses ennemis ayant échoué avant sa mise à exécution, l'abbé Le Marchand fut autorisé le 21 mai de cette même année à venir habiter la maison de réunion installée aux Filles-de-la-Croix à Saint-Brieuc. Transféré de là aux Carmélites de Guingamp avec les prêtres sexagénaires ou infirmes, il s'y trouvait encore quand l'administration des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) le comprit parmi les ecclésiastiques destinés à être dirigés sur Rochefort pour être embarqués pour l'Afrique. Mis à bord des Deux-Associés, le 10 juin 1794, M. Le Marchand put résister aux indicibles souffrances que les déportés eurent à endurer sur ce vaisseau, et reçut sa libération le 12 avril 1795. De retour dans son pays natal, M. Le Marchand, reprit peu après auprès de ses ouailles de Mégrit son laborieux ministère, à la grande irritation des autorités de Broons, qui ne tardèrent pas à reprendre leurs persécutions envers lui. Le 6 août 1795 (19 thermidor an III), André-René Le Moine, administrateur du district de Broons perquisitionna avec l'aide de la force armée chez M. Le Marchand, vicaire à Mégrit et saisit ses papiers. L'on y voit que le 15 germinal an III, le Comité de Sûreté générale avait signé l'ordre de relâcher ce prêtre alors détenu à Saintes. La municipalité de cette ville lui avait délivré le 1er floréal suivant un passeport pour rentrer à Mégrit et on lui donna 157 l. pour frais de route. (Lm 5, 91).

Le 21 thermidor an III, M. Le Marchand se soumit aux lois purement civiles de la République (Lm 5, 92). Il adhéra, ce faisant, à la déclaration des prêtres de Rennes approuvée par les Représentants du Peuple ; dont on trouve le texte à la p. XXIV-V de la Vie de l'abbé Carron, in-8°, Paris, 1866. Elle sauvegardait complètement l'orthodoxie des signataires.

Malheureusement les lois du 20 fructidor an III, du 7 vendémiaire an IV et surtout celle du 3 brumaire de cette même année, vinrent rouvrir dans toute son acuité la persécution sanglante. Le vicaire de Mégrit dut une fois encore disparaître. Il semble même qu'il y réussissait assez bien, si l'on en juge par ce qu'écrivait de lui, l'ex-prieur de Bonrepos. Gabriel Huet, devenu commissaire du Directoire Exécutif près de la municipalité de Broons : « C'est un être très dangereux, mais impossible à découvrir », déclarait-il le 8 septembre 1797. (Archives C.-du-N., Lm 5. 115). Sur ces renseignements, le Directoire Exécutif condamna M. Le Marchand le 12 novembre de cette année, à subir encore à nouveau la peine de la déportation, mais il sut cette fois se dérober à toutes les recherches. Ce prêtre, résidait toujours à Mégrit lors de la réorganisation du culte et y remplissait les fonctions de curé d'office, ce qui n'empêcha pas Boullé de le noter dans son enquête comme « bon à faire un vicaire ». Cependant M. Egault ayant refusé la cure de Plélan-le-Petit, Mgr Caffarelli vint à bout de faire accepter M. Le Marchand pour ce poste le 22 juin. 1804. Il y mourut en fonctions le 26 octobre 1809.

Etaient originaires de Mégrit, mais n'y résidaient pas en 1790 :

MM. RENÉ-JEAN DEROUILLAC, supérieur des Clercs du collège des Laurents en 1790, duquel nous avons fait la biographie par ailleurs.

PIERRE-FRANCOIS CHARDON, fils de François et de Louise Le Métayer, né au Plenée en Mégrit le 10 mars 1766, obtint une bourse au Séminaire de Saint-Servan. On l'y note comme « s'exprimant difficilement, ayant une bonne conduite et un bon caractère, manquant plus de connaissance du latin que de jugement ». Ordonné prêtre le 29 mai 1700, M. Chardon fut aussitôt utilisé dans la ville de Saint-Malo.

Cet ecclésiastique, qui ne s'assermenta point, s'exila à Jersey le 18 avril 1792 par le navire Le Southampton, capitaine Le Febvre, en compagnie d'une foule d'autres prêtres malouins qui fuyaient à ce moment les mesures rigoureuses que venait de prendre contre les réfractaires le Directoire d'Ille-et-Vilaine.

M. Chardon vécut quelque temps à Jersey où les listes Lefebvre et Gofviy signalent sa présence. Il passa ensuite en Angleterre et mourut à Londres, âgé de 65 ans, le 24 juillet 1820. (Archives archevêché Westminster, Laity's Directory, année 1821).

Devint recteur de Mégrit le 2 octobre 1804 au départ de M. Julien Le Marchand, l'abbé MATHURIN LE MARCHAND, né à Landujan le 18 novembre 1761, du mariage de Me Guillaume et de Françoise Reculleau. lequel avait reçu la prêtrise le 20 septembre 1788 et fut envoyé ensuite vicaire de Lescouët-sur-Meu. Comme tel, il refusa le serment et au lieu de s'exiler, il se cacha à Dinan, où il passa la Révolution et où il vivait encore en 1803.

M. Le Marchand mourut à Mégrit le 15 avril 1843, âgé de 82 ans. Il était le frère du suivant.

NICOLAS LE MARCHAND, né lui aussi à Landujan le 19 juin 1763 et qui fut ordonné diacre le 18 septembre 1790. Il était demeuré dans sa paroisse natale, lorsqu'en sa qualité d'insermenté, on l'arrêta le 4 novembre 1793. Le surlendemain, ses capteurs, Christophe Cosson (ou Colson) et Pierre Buast de Bécherel, se présentaient devant le Directoire d'Ille-et-Vilaine et réclamaient la prime de 100 l. promise à ceux qui arrêteraient un ecclésiastique.

Le 12 germinal an II (1er avril 1794), le tribunal criminel d’Ille-et-Vilaine tenant compte que la loi des 29 et 30 vendémiaire an II, n'était pas encore promulguée dans son district lors de son arrestation, lui épargna la peine de mort et ne le condamna qu'à la déportation sur la côte ouest d'Afrique ainsi qu'à la confiscation des biens, comme coupable d'avoir été sujet à la déportation et d'être demeuré caché en France. Le 23 septembre 1794, à la veille d'être dirigé sur Cayenne, cet ecclésiastique adressait au président de la Convention une supplique tendant à ne pas subir la déportation à Cayenne, laquelle il datait de la rade de l'île. d'Aix. M. Le Marchand ne fut rendu à la liberté qu'aux débuts de l'année 1795. Il reçut la prêtrise à Paris le 21 septembre 1796.

M. Le Marchand résidait à Dinan en 1803. Il s'en fut vicaire à Mégrit avec son frère en 1804. C'est là qu'il mourut âgé de 62 ans le 21 février 1825.

Vivait depuis quelques années à Mégrit lors de la Révolution, mais n'en était pas originaire, M. PAUL-GÉDÉON RABEC, dont voici l'acte de baptême, reproduit d'après les registres paroissiaux de Cerisy-la-Salle pour l'année 1738, conservés au greffe de Coutances :

« Le 21 mars 1738, a été, par nous prestre soussigné, baptizé, Paul Gédéon Rabec, né de ce jour, du légitime mariage de Pierre et de Catherine Cardin, et a été tenu sur les saints fonds par Louise Cardin, assistée de Marguerite Rabec, et nommé par Me Paul-Gédéon des Landes, prêtre, aumônier de Monseigneur de Coutances. Signé : E. Montaigne, prêtre ; L. Cardin ; Marguerite Rabec ».

Après avoir fait ses études au collège Sainte-Barbe à Paris, M. Rabec reçut de l'évêque de Coutances un dimissoire pour la prêtrise le 1er septembre 1762. Il prit ensuite ses grades en théologie et fut pourvu presque aussitôt d'un canonicat à la collégiale Saint-Guillaume à Saint-Brieuc.

Le 27 juillet 1768, cet ecclésiastique qualifié licencié en théologie, obtint la dignité d'archidiacre ainsi que celle de chanoine théologal de la cathédrale de Dol, dont il prit possession le 30 juillet suivant. Il conserva ces fonctions jusqu'au 21 janvier 1772, date à laquelle, le climat de Dol ne convenant pas à sa santé, il permuta ses bénéfices avec Michel Thoumin des Vauxponts, pour s'en aller occuper à son lieu et place la cure d'Aron, dans le canton actuel de Mayenne, dont il prit possession le 23 juillet 1772.

D'après le Dictionnaire Hist. topogr. et biogr. de la Mayenne, publié par l'abbé Angot, in-4°, Laval, t. III, p. 377, l'évêché du Mans nota M. Rabec « comme bon curé, zélé, charitable, mais de mauvaise santé ». Ces notes concordent du reste assez bien avec ce que ses plus anciens biographes écrivent à son sujet : ils assurent en effet « qu'il se fit remarquer dans son administration pastorale par ses libéralités excessives envers les pauvres, si bien que s'étant grêvé de lourdes dettes, il dut afin de pouvoir les acquitter, résigner sa cure, » qu'il quitta le 28 mai 1782, en se réservant toutefois une pension de 700 l. sur ses revenus. Grâce à la libéralité d'un de ses oncles, M. Jacques Rabec, seigneur du Val en Planguenoual et directeur général de la compagnie des Indes, l'abbé Rabec put cependant se libérer promptement de ses obligations et s'en vint habiter sa propriété du Val-Martel en Mégrit vers 1785.

Lors de la Révolution, M. Rabec se garda bien de prêter serment, obligation du reste auquelle la loi, primitivement du moins, ne l'obligeait pas ; mais bien plus, d'après le Dictionnaire d'Angot « il revint exprès dans le pays de Mayenne pour y travailler contre les fauteurs du serment constitutionnel ».

Atteint par l'arrêté du Directoire des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) du 1er décembre 1792, qui prescrivait soit la déportation, soit l'entrée à la maison de réunion de Saint-Brieuc de tous les prêtres insermentés, M. Rabec à cause de sa mauvaise santé, se décida pour ce dernier parti. Il fit donc viser pour s'y rendre le 12 décembre suivant un passeport par les autorités de Broons sur lequel nous relevons son signalement que voici : « taille 5 pieds et demi, cheveux et sourcils noirs, nez aquilin, grande bouche, teint jaune ». Le Directoire des Côtes-du-Nord, après avoir quelque peu hésité, décida le 15 décembre « que le genre de maladie dont le sieur Rabec est attaqué donnant lieu de craindre pour sa vie durant la traversée, il est autorisé à s'enfermer à la maison de réunion de Saint-Brieuc » (Archives C.-du-N., L 161, f. 134).

Transféré de la maison des Filles-de-la-Croix aux Carmélites de Guingamp aux environs du 20 octobre 1793, M. Rabec ne fut rendu à la liberté que le 3 avril 1795, après avoir subi 27 mois et 18 jours de captivité.

A son retour chez lui, ce prêtre trouva ses biens mis sous séquestre et sa maison au pillage. « On lui avait enlevé ses meubles dont une partie avait été vendue le 21 décembre 1794, son linge, sa pouallerie, ses tonneaux, ses ornements d'église ». Bref, il se trouvait absolument sans ressource le 13 juin 1795 écrivait-il aux administrateurs du Département des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), en priant ceux-ci de bien vouloir lever le séquestre de ses propriétés. Le 3 octobre suivant, il insistait encore pour la restitution de son mobilier. Il ne nous semble pas que ses requêtes aient obtenu grand succès. En tout cas, après ses biens, on devait bientôt même lui ravir la vie.

Les fonctions du culte qu'exerçait M. Rabec dans la paroisse de Mégrit, avaient excité la haine des révolutionnaires broonnais. C'est en vain que les amis de cet ecclésiastique l'avaient conjuré de chercher asile à Dinan après le décret du 4 brumaire an IV, qui remettait en vigueur toutes les lois de sang contre les prêtres réfractaires, il leur répondit que son devoir était de se sacrifier pour le salut des âmes.

Le 28 février 1796, une colonne mobile partie de Broons, se présentait au domicile de M. Rabec au Val-Martel, au moment où ce prêtre achevait de célébrer sa messe. Nous nous contenterons d'abréger le récit très circonstancié que nous ont conservé de leurs exploits, d'après des témoignages contemporains MM. Carron et Guillon, renvoyant aux ouvrages de ces auteurs les personnes qui désireraient plus de détails sur les derniers instants de ce Confesseur de la Foi.

Après avoir fait manger et boire ses assassins, ceux-ci l'entraînèrent dans l'allée de son manoir, en le lardant de coups de bayonnettes, dont on compta après sa mort jusqu'à quatorze blessures sur son cadavre. Puis comme on se disposait à le fusiller, le martyr s'écria : « Soldats qui devez me fusiller, venez m'embrasser, je vous pardonne ma mort ». Emu par tant de grandeur d'âme, un de ces soldats refusa de concourir à son exécution, mais les autres le tirèrent à bout portant, puis ayant complètement dépouillé leur victime et emporté ses vêtements, ils abandonnèrent son cadavre, qui fut inhumé le jour même par Marie Le Hoday, sa servante et ses fermiers dans le cimetière de Mégrit. Une croix indique encore dans cette paroisse le lieu de son trépas.

Voici tout ce que les registres de Mégrit nous ont conservé de la mort de ce saint prêtre. Nous le reproduisons textuellement : « Polle Gédéon de Rabec, cy devant prestre, décédé au Vallé Martel, le vingt huite de feuvrier, vieux stile, a été ynumé le même jour, ager danvironts cinquante huit ans en présence de Jan Lemetayer et de Jan Simon et autre qui ne signe » (sic). Signé : Jan Simon ; Jan Metayer ; Francois Hervelin, officier public.

Chose bien rare dans notre diocèse, on a conservé pieusement dans le cimetière de Mégrit, la tombe de M. Rabec. Nous devons à la complaisance de notre ami M. l'abbé Alfred Carré, originaire de Trédias, et vicaire à Flouer, la description de ce cénotaphe « qui se trouve, nous a-t-il fait savoir, dans le coin formé par la sacristie et le chevet de l'église, côté midi ». Une dalle funéraire très vétuste, d'environ 2 mètres de long sur 0m. 60 de large recouvre les restes du martyr. On peut y lire encore ces mots : « Cy- Git Mr Paul Rabbec, prêtre theologal, né 21 mars 1738, mort 28 Fr 1796 » ; au-dessus un calice est gravé dans la pierre. A une époque plus récente, en tout cas postérieure à 1859, on a exhaussé cette pierre tombale au moyen de 4 piliers en granit et l'on a placé à sa tête une croix, aussi en granit, portant gravée une palme, et au dessous une plaque de cuivre avec cette inscription : « A la mémoire de l'abbé de Rabec, décédé au Val-Martel en Mégrit (C. du-N.), le 28 février 1796 (9 ventôse an IV). Martyr de la Foi ».

Malgré l'absence des pièces officielles, contemporaines, signalant la mort violente de M. Rabec et les circonstances dramatiques dans lesquelles elle se produisit, nous croyons qu'il est impossible d'en révoquer l'authenticité. Marie Le Hoday, la fidèle servante de M. Rabec, que nous voyons s'en aller à Saint-Brieuc porter des secours à son maître emprisonné au cours du mois d'octobre 1793 (Archives C.-du-N., Lm, 5, 73), survécut de longues années à celui qu'elle avait entouré de tant de dévouement. Elle avait été témoin de son trépas, les assassins la forcèrent de s'agenouiller près de ses restes, pour recevoir le coup de la mort. C'est elle qui a renseigné l'abbé Carron ainsi que l'abbé Guillon, les premiers historiographes du Confesseur de la Foi. Rédigées seulement 24 ans après son trépas, leurs relations présentent tous les caractères d'authenticité désirables et nous ne pouvons qu'engager à se reporter spécialement à celle de M. Carron, qui contient une foule de détails édifiants que leur longueur nous a empêché d'insérer.

BIBLIOGRAPHIE. — Carron : Les Confesseurs de la Foi, IV, p. 7 à 15. — Guillon : Les Martyrs de la Foi, IV, p. 394-398. — Tresvaux : La Persécution Révolutionnaire, II, p. 213-217. — Ropartz : Récits Bretons, Saint-Brieuc, in-18, 1859. — Théodore Perrin : Les Martyrs du Maine, in-12, Le Mans, 1830, p. 211-213.

 

Pièces justificatives concernant M. Veillon.Refus de serment de ce prêtre. (Archives C.-du-N., Lm 5, 11.) — « L'an 1791, le 12 mars, en vertu du décret du 26 décembre 1790, nous maire et officiers municipaux de la paroisse de Mégrit, nous nous sommes transportés au prieuré de la dite paroisse où nous avons trouvé le sieur Jean Veillon, prieur de la dite paroisse. Nous luy avons demandé s'il voulait prester le serment mentionné dans le dit décret en date du 26 décembre 1790. Il nous a répondu que sa conscience ne le lui permet pas. Ensuite nous aurions voulu parler au sieur Julien Lemarchand, curé de la dite paroisse. Il ne s'est point trouvé à la maison, mais nous rapportant ce qu'il nous a déclaré dans la « chaise » (sic) de la dite paroisse en présence du public, lequel a dit à haute et intelligible voix « qu'il ne presterait jamais le serment qu'il luy est indiqué, qu'il eut aimé mieux avoir la teste couppée ». Fait et arrêté en double. Le dit jour et an. Signé : Pierre Buart ; Louis Jegu ; Jean Simon, officiers municipaux.

Veillon quitte officiellement sa paroisse. (Archives C.-du-N., Lm 5, 34).

Le maire écrit à son sujet :

« Jean Veilon, nous lui avons doné un passeport le 19 septembre. Il nous a déclaré sortir le 20 pour aler est costé (sic) de Gersé. Je ne scé pas s'il y est âlé mais (sic) je ne le jamais vu depuis. Il nous a toujour fait plus de penne qu'il a pu, en ne laisant aucune ostis consacrée et en defendant a tous les autres pretre de dire la messe a notre paroisse, ny des randre aucun service, mais qui avait ben ordinaire de le faire par cy devant (sic) et il le font expres pour nous punir le plus qu'il peuve, nous ne somme pas bien sil ne nous en vient quelquautre ».

Arrété de déportation rendu le 9 février 1792 contre l'abbé Veillon pur le Directoire dos C.-du-N. (aujourd'hui Côtes-d'Armor) (Archives C.-du-N., L 161, f. 155). — « Le Directoire du Départament délibérant sur l'arrestation de JEAN VEILLON cidevant prieur de la paroisse de Mégrit, amené par la gendarmerie de Saint-Brieuc, qui le tenait de celle de Lamballe et cette dernière de celle de Broons, qui l'a saisi à la métairie du Ros en Mégrit ; considérant que ce cidevant prieur-recteur se trouve sous le coup de la déportation à la Guyane française, conformément à la loi du 26 août dernier, arrête que Jean Veillon sera conduit à la maison d'arrêt de Saint-Brieuc pour y être détenu jusqu'à ce qu'il soit conduit au port qui sera désigné par le Conseil Exécutif ».

 

CLERGÉ CONSTITUTIONNEL. — Mégrit fut longtemps sans curé constitutionnel. Le 10 juillet 1791, Guillaume Lebreton, de Corseul, élu à ce poste, refusa son élection.

Le 4 mars de l'année suivante, Gouinguené, vicaire assermenté à Pleudihen (cf. à cet article), élu dans les mêmes conditions, ne voulut pas davantage accepter. Il en fut de même le 10 mars 1793 de la part de Cyr-Nicolas Cardon, dont nous avons parlé à l'article Saint-Solen. Aussi les habitants de Mégrit furent-ils trop heureux de pouvoir se rabattre sur un de leurs compatriotes.

LOUIS-JOSEPH BUART, vicaire provisoire, naquit à la Ville-ès-Febvre en Mégrit, le 12 août 1737 du mariage de Joseph et de Françoise Le Cerf. Etait-ce parce qu'il était le petit-neveu d'un ecclésiastique que ses parents le destinèrent au séminaire ? — Toujours est-il qu'au jugement des Directeurs de cet établissement, il eut beaucoup de peine à obtenir la tonsure, car il semblait, trouvait-on, « manquer d'aptitude ». Ses études théologiques laissèrent aussi fort à désirer et chose plus grave encore, il paraissait « trop dissipé et pas assez appliqué ». Toujours est-il que l'abbé Buart ne reçut la prêtrise que le 16 janvier 1767 à l'âge de 30 ans.

D'après les dires d'Anatole Le Braz, ce serait cet ecclésiastique, qui en qualité de fils d'un fermier de M. de la Bouëtardaye, aurait béni le mariage de Chateaubriand et de Céleste Buisson le 27 février 1792. Nous n'en avons trouvé, quant à nous, aucune preuve. Tout ce que nous savons de ce prêtre à cette époque, c'est qu'après avoir jusqu'alors demeuré dans l'orthodoxie, il consentit à ce que les municipaux de Mégrit, ses compatriotes, demandassent le 16 mars 1793 « qu'il fut admis à prêter le serment civique, vu qu'il n'a jamais manifesté de sentiments contraires à ceux des bons citoyens et qu'il n'a jamais cherché à recruter des partisans à l'erreur ».

Nous n'essaierons point de savoir ce qu'il avait fait depuis les débuts de la Révolution, ni comment il avait échappé au décret du 1er décembre 1792, qui le condamnait à l'exil comme insermenté, car nous n'avons jusqu'ici trouvé nulle part ces détails.

Toujours est-il, que vraisemblablement sur la demande des habitants de Mégrit, privés à cette époque de tout secours religieux, on demanda pour M. Buart des lettres de vicaire provisoire, qui lui furent adressées par l'évêque Jacob le 15 juin 1793. (Archives C.-du-N., district de Broons, série Lv, carton VII). Désormais, cet ecclésiastique appartenait au clergé constitutionnel.

Le 9 avril 1794, pour éviter d'être incarcéré, il remit lâchement ses lettres de prêtrise et recevait le 8 août de cette année les notes suivantes du district de Broons : « Républicain cultivateur et ami des lois, ayant aidé la municipalité de Mégrit dans l'estimation des terres pour l'impôt foncier. N'est point marié, étant d'un âge avancé ». — Ce prêtre devait persévérer près de trois ans dans cette fâcheuse situation. Il ne se rétracta en effet que vers le mois de juin 1797, si l'on s'en rapporte à ce qu'écrivait le 18 brumaire an VI (21 novembre suivant), le citoyen Marchix, commissaire du Directoire Exécutif près du canton de Mégrit : « Louis Buart fit d'abord le serment et exerça fort longtemps en qualité de vicaire provisoire de Mégrit. Il cessa pendant le chouannage, et la tranquillité un peu rétablie, à la sollicitation de Le Marchand, il s'est rétracté il y a environ cinq mois, en présence d'une grande affluence de peuple qui assistait dans une grange aux cérémonies religieuses de Le Marchand et sa rétractation, quoique dans l'ancien temps, il n'ait pas été un sujet de bon exemple, n'a pas manqué d'endurcir encore bien des pauvres paysans, que lui et son digne collaborateur, travaillent à leur gré ». (Archives C.-du-N., Lm 5, 114).

Malgré toutes nos recherches, nous n'avons pu réussir à découvrir ni la date, ni le lieu du décès de M. Buart. Nous inclinons à croire qu'il n'habitait plus Mégrit à cette époque.

 

SUPPLÉMENT.
RÉCLAMATIONS DU DIACRE NICOLAS LE MARCHAND AU PRÉSIDENT DE LA CONVENTION LE 23 SEPTEMBRE 1794. (Archives Nationales, D III, 108, copie de Dom Anger, 0. S. B).

Nicolas le Marchand, diacre, natif et domicilié de la commune de Landujan, district de Montfort-la-Montagne, a été de tous les citoyens le plus paisible et le plus soumis aux loix ; il n'y a contre lui ni dénonciation, ni délit. N'ayant pas encore fait les derniers pas dans la carrière ecclésiastique, lorsque la nation française s'est régénérée, jamais il n'a exercé aucune fonction ecclésiastique. Jamais il n'a possédé aucun bénéfice, jamais il n'a été pensionnaire de la Nation. A l'époque de la suppression de l'ordre ecclésiastique, il est rentré sans réclamation dans la classe des citoyens. Il a obéi comme tel à toutes les loix qui ont pu le concerner. On s'obstine cependant à le regarder comme sujet à la déportation. Ce ne peut donc être qu'en vertu de sa qualité d'ecclésiastique, mais il ne suffit pas d'être ecclésiastique pour être sujet à la déportation, il faut avoir été réfractaire à une loi, parce que toute peine et surtout une peine aussi grave que la déportation, suppose un délit ; or le citoyen Le Marchand n'a été réfractaire à aucune loi. C'est en vain qu'on lui objecte qu'il n'a pas prêté le serment de liberté et d'égalité conformément à la loi du 15 août : cette loi ne le regardait en aucune manière, elle est étrangère même aux ecclésiastiques. Elle ne parle ni de déportation, ni de prêtres, elle déclare purement simplement déchu de traitement ou pension tout français qui n'aurait pas prêté ce serment dans la huitaine. Il n'a pas prêté un serment qui ne le regardait pas. La loi du 15 août 1792 ne le concerne pas. Le citoyen Le Marchand n'a occasionné aucun trouble dans son département, les corps administratifs ne lui font pas ce reproche, personne n'a demandé son éloignement. Telles sont, citoyen, les observations que je soumets à la sagesse de la Convention. Elles pourront être développées avec plus d'art, mais je me console de mon insuffisance dans la persuasion où je sais que la vérité n'a qu'à paraître pour être accueillie. Veuillez donc les présenter à la Convention, elle ne permettra pas qu'on consomme à mon égard une injustice aussi criante. J'ai déjà été transféré à la rade de Rochefort et je suis à la veille de l'être à l'île d'Aix qui est le lieu du départ pour la Guyane.

(A. Lemasson).

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