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LE CLERGE DE SAINT-GERMAIN-MATIGNON

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Le Clergé de Saint-Germain de la Mer et de Saint-Germain-Matignon en 179O et durant la Révolution.

Nous avons dit que l'Assemblée Constituante supprima la collégiale de Matignon par l'article 20 de sa loi du 12 juillet 1790, or le résultat de cette mesure fut tout autre que celui que l'on aurait pu prévoir ; sans doute, le service religieux cessa à Matignon par suite de la suppression des chanoines, mais cet état de choses ne dura pas bien longtemps. La municipalité de Saint-Germain-Matignon, bien avisée en cela, réclama dès le 26 décembre 1790 que le centre paroissial fut désormais transféré dans l'église collégiale de Matignon. Après quelques pourparlers, les habitants de la ville de Matignon obtinrent gain de cause. Leur collégiale ne fut pas désaffectée comme tant d'autres en 1790-1792 et le clergé de Saint-Germain fut chargé d'y assurer le service religieux.

A la suite du Concordat de 1801 et de la réorganisation religieuse paroissiale qui suivit, il ne fut plus question de Saint-Germain-de-la-Mer. L'église de Matignon fut érigée en cure de seconde classe le 3 février 1803. C'est maintenant le siège du doyenné de ce nom, un des plus considérables de l'arrondissement de Dinan et, de l'antique église de Saint-Germain, il ne reste plus rien qu'une modeste chapelle.

Après avoir retracé à grands traits l'histoire de la collégiale de Matignon et l'avoir conduite jusqu'à l'époque de sa suppression, ne convient-il pas de dire aussi quelques mots du clergé de Saint-Germain en 1790 qui fut chargé de remplacer ses chanoines ? — Alors gouvernait cette paroisse JACQUES-RENÉ-YVES ERNAULT, né à Saint-Malo-de-l'Isle le 27 juillet 1751, du mariage de Jacques, employé dans les fermes du Roi et de demoiselle Mathurine Le Savouroux [Note : Nous nous sommes servis principalement pour établir ces notices des documents de la série Lv. du district de Lamballe, conservés aux Archives des Côtes-d'Armor et des registres d'état civil, ainsi que de nos deux volumes intitulés Manuel pour servir à l'Etude de la persécution religieuse dans les Côtes-du-Nord. Celle référence vaut aussi pour les biographies qui vont suivre].

Ordonné prêtre à Dol, par dimissoire le 16 septembre 1775, il était professeur d'éloquence au collège de Saint-Brieuc lorsqu'il obtint le visa pour le rectorat de Saint-Germain le 31 mars 1786. On relève sa première signature sur les registres de catholicité de cette paroisse le 23 août suivant [Note : Les registres de catholicité de Saint-Germain pour les baptêmes remontent à 1522, « Gilles Chesnel étant subcuré »].

M. Ernault s'associa aux membres du Tiers de sa paroisse dans leur second Cahier de Doléances pour les Etats Généraux, et s'assermenta le 15 février 1791. Désigné peu après comme l'un des vicaires épiscopaux de l'évêque constitutionnel J.-M. Jacob, il s'empressa d'accepter ces fonctions honorifiques. Il vécut dès lors à Saint-Brieuc où, n'ayant pas voulu sous la Terreur abdiquer son état et fonctions, il figure le 28 août 1794 avec son évêque sur la liste des prêtres assermentés détenus à Quintin.

En avril 1795, il avait repris ses fonctions auprès de Jacob et signait avec celui-ci une adresse à ses confrères insermentés qui venaient d'être remis en liberté. Il recevait une pension comme ex-vicaire épiscopal le 27 janvier 1800. Il trépassa à Saint-Brieuc le 1er avril de l'année suivante âgé de 50 ans seulement.

Son successeur à Saint-Germain fut AMATEUR OLIVIER DAYOT, né le 25 janvier 1765, à la ferme de Beauvais en Morieux, de Joseph et de Mathurine Thomas, cultivateurs de profession. Nous le trouvons en quatrième au collège de Saint-Brieuc en 1781. Il obtint un dimissoire pour la tonsure en 1787, et un autre pour la prêtrise le 16 décembre 1789. Nommé peu après professeur de logique au collège de Saint-Brieuc, il fut élu le 18 mai 1791 curé constitutionnel de Saint-Germain-Matignon. Il s'empressa d'accepter ce poste enviable, pour lequel il reçut le 8 juin suivant l'institution canonique de Jacob. Il paraît que les Matignonais ne furent pas unanimement satisfaits de leur jeune curé, car un dimanche matin qu'il célébrait la messe à Saint-Germain-de-la-Mer, « nombre de personnes lui firent un tapage qu'il est difficile d'imaginer et lui lancèrent même de la neige à l'autel par une fenêtre du choeur à laquelle il manquait quelques carreaux » (Registre des délibérations de la municipalité de Saint-Germain-Matignon).

Grâce au secours des autorités civiles, Dayot sut quand même se maintenir à son poste et prêta le 23 septembre 1792 le serment de Liberté-Egalité. Ignorant les délicatesses de conscience, il est cité par Léon Dubreuil comme ayant acheté pour 1.200 livres le 24 janvier 1793, sept pièces de terre qui dépendaient auparavant de l'église d'Andel. Le 2 juillet de l'année suivante, il figure sur un état d'ecclésiastiques assermentés, qui, suivant l'expression des membres du district de Lamballe, « en déposant leurs lettres de prêtrise ont renoncé aux impostures du sacerdoce pour rendre un pur hommage à l'Etre Suprême, à la Nature et à la Vérité obscurcie et avilie sous le voile mensonger et despotique sacerdotal ». Dayot n'eut cependant pas l'audace de se marier : le 31 août 1794, les autorités du district de Lamballe l'indiquent comme « ayant renoncé à son traitement et servant sur les vaisseaux ». Mais il ne devait pas se sentir la vocation de marin : la Terreur passée, il s'empressa de retrouver la terre ferme, et ses amis politiques le firent nommer commissaire du Directoire Exécutif du canton de Planguenoual, fonctions qu'il semble avoir occupées de novembre 1795 à la fin de 1797. Il y fit preuve « d'un civisme épuré » suivant l'expression du temps et mérita les félicitations des hommes au pouvoir (Cf. Chanoine Pommeret : L'esprit public dans le département des Cotes-du-Nord, etc., Saint-Brieuc, in-8°, 1921, p. 355. 371, 391 et 345). 

Sans doute lors de la création de l'école centrale à Saint-Brieuc, quoique nous ne puissions préciser la date, [on parle quelque part de l'an VII (1798-1799)], Dayot obtint au concours la place de professeur de belles-lettres dans cet établissement. Il s'y trouvait encore, le 4 septembre 1802, quand le franc-maçon Boullé, préfet des Côtes-du-Nord, le notait comme « zélé pour l'instruction, de bonnes moeurs, propre à remplir dignement des fonctions dans l'Eglise, mais préférant rester attaché à l'instruction ». Dayot sut cependant vaincre ses répugnances et accepter la cure de première classe de Guingamp, pour laquelle il prêta serment devant Boullé, le 20 juin 1803. Il mourut en fonctions le 21 novembre 1806 ; « le remède Le Roy, écrit B. Jollivet [Note : Jollivet : Les Côtes-du-Nord, in-8, Guingamp, 1854, t. III, p. 162], l'ayant enlevé à son troupeau ». Lors de son trépas, il était vraisemblablement toujours affilié à la loge La Vertu triomphante de Saint-Brieuc, sur la planche à tracer de laquelle il figure en 1804, en qualité de curé de Guingamp.

Après avoir parlé de Messieurs les curés constitutionnels de Saint-Germain-Matignon, disons un mot de leurs vicaires. M. Jacques Ernault, lorsqu'il était recteur de Saint-Germain, avait en cette qualité depuis 1783 Pierre-François Jouan, lequel avait vu le jour à Allineuc le 17 avril 1760. Suivant l'exemple de son pasteur, ce prêtre s'assermenta comme lui et fut élu curé du Plessis-Balisson, minuscule paroisse à laquelle il préféra naturellement celle bien plus importante d'Allineuc, pour laquelle il reçut l'institution de l'évêque Jacob le 25 juin 1792. Nous le retrouvons dès le 27 avril 1794 comme assermenté non abdicataire détenu au château d'Uzel alors transformé en prison. Nous n'essaierons pas de suivre le prêtre Jouan dans toutes les localités où il vécut après sa mise en liberté. Le préfet Boullé dans son enquête de 1803 le signale comme « un bon ecclésiastique, ayant du talent pour la prédication, vivant depuis 18 mois retiré, par crainte des chouans, à Plourivo, où il desservait la chapelle Saint-Jean ».

Son remplaçant à Matignon lui fut de beaucoup inférieur encore. Mathurin Le Goff, c'était son nom, originaire de Pléboulle, était séminariste au moment de la Révolution. Après avoir reçu le diaconat des mains de Jacob le 24 septembre 1791, il fut ordonné prêtre par le même le 17 décembre suivant. Il prêta le serment de Liberté-Egalité en qualité de vicaire de Matignon le 11 octobre 1792, et comme à cette époque, l'avancement était rapide pour les curés assermentés de la partie française des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), il se vit nommer sur les entrefaites curé de Saint-Alban, poste pour lequel il reçut le 17 octobre de la prédite année l'institution de l'évêque Jacob. Sous la Terreur, le malheureux Le Goff, tout éperdu, ne fut capable de rien, sinon de se conformer aux arrêtés draconiens de Le Carpentier. Aussi figure-t-il sur la liste des prêtres abdicataires du district de Lamballe à la même date et dans les mêmes termes que Dayot, mais il ne sut même pas s'en tenir là. Durant son court passage à Matignon [Note : Le chanoine Tréguy dans son volume sur Matignon a donné la liste, p. 49, des prêtres insermentés qui exercèrent le ministère à Matignon au cours de la Révolution. Il s'agit entre autre de P. Bonenfant, Minet, Labbé, Henry, etc ....], Le Goff avait-il ébauché un roman d'amour ? Toujours est-il que le 11 août 1794, cet individu se disant âgé de 29 ans, ex-prêtre et alors préposé aux douanes, épousait à la mairie de Matignon Emilie Samson, âgée de 23 ans, fille de Christophe et d'Elisabeth Samson, de Matignon. Leur lamentable union fut de courte durée. En 1807, Le Goff, après avoir disparu pendant dix ans, assurait-il et abandonné durant ce temps son épouse, implorait sa réhabilitation du cardinal Caprana, légat du Saint-Siège, expliquant que sa femme le recherchait de son côté pour faire prononcer le divorce. Nous ne savons ce qu'il advint de ce peu intéressant personnage et de la suite de sa requête.

Quand la Terreur passée, Jacob, l'évêque jureur, entreprit de réorganiser son diocèse, il nomma, le 24 mars 1797, le vieux GUY-LOUIS LE MÉE, né à Saint-Igneuc le 13 septembre 1728, archiprêtre de Matignon ; mais ce vieillard, qui, recteur de Plévenon depuis 1758, avait grand peine à suffire aux obligations de sa charge, ne s'embarrassa guère de sa nouvelle paroisse, se contentant du titre honorifique qu'on venait de lui décerner sans tenter d'en remplir les fonctions.

Cette situation se perpétua jusqu'à la promulgation du Concordat de 1801. Après toutes les tractations que Mgr Caffarelli dut négocier avec le pouvoir civil, M. GUILLAUME-MATHURIN-MARIE NAIS, recteur de Ruca depuis 1781, prêta serment le 20 juin 1803 en qualité de premier curé de Matignon en communion avec Rome. Ce prêtre, originaire de Gausson, où il naquit le 11 août 1747 de Guillaume et de Rose Haméon, avait, lorsqu'il était recteur de Ruca, manifesté, à différentes reprises, tant en 1791 que l'année suivante, aussi bien son orthodoxie que son énergie, pour lutter contre le schisme constitutionnel, ce qui lui valut, durant plusieurs mois, d'être emprisonné au château de Dinan dont il ne sortit que le 20 septembre 1792 pour subir la peine de la Déportation à l'étranger. 

Revenu à Ruca vers 1797, il y fit dès lors tout le ministère compatible avec les circonstances. Il trépassa à Matignon, vicaire général forain et directeur des missions, le 9 avril 1821, laissant une mémoire vénérée.

Cet intrépide confesseur de la Foi sur lequel les documents ne font pas défaut, aurait mérité une plus longue notice que celle que nous lui consacrons, si ce n'eût été vraiment trop sortir de notre sujet.

Assurèrent le ministère paroissial à Matignon avant l'arrivée de M. Nais : FRANÇOIS ORHAN, né à Ploufragan le 6 mars 1744 de Michel et de Marie Mainguy, lequel avait obtenu le 13 octobre 1781 le visa pour la chapellenie du Fort La Latte, où, en vertu d'une fondation de 1414, il assurait la messe chaque dimanche (Archives d'Ille-et-Vilaine, C. 1907). Déporté pour la Foi le 10 décembre 1792, il revint dans la région du Cap Fréhel après la pacification concordataire. Nous avons relevé sa première signature le 11 janvier 1803, sur le premier registre de Catholicité conservé à la cure actuelle de Matignon. Un peu plus tard, il signe curé d'office, puis enfin le 3 mai suivant, prêtre à Matignon. Il trépassa à Matignon, recteur nommé de Plévenon, le 15 mai 1804, les intrigues des partisans de l'église constitutionnelle à Plévenon l'ayant empêché de prendre possession de son poste, auquel il avait été nommé le 16 janvier précédent.

Figure aussi comme curé d'office sur le registre de Matignon précité du 1er février 1803, CHARLES CHAPELAIN, né à Pommeret le 27 janvier 1737 de François et de Mathurine Renault. Il avait administré à Saint-Germain comme recteur de 1773 à 1786. Transféré cette année au rectorat de Plouguenast, il fut déclaré déchu de ses fonctions comme insermenté le 14 janvier 1792. Contraint de se déporter en Angleterre à cause de sa fidélité à l'orthodoxie, il fut nommé recteur d'Hillion le 16 janvier 1804. Il y mourut le 15 février 1812 (Auguste Lemasson).

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