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CAHIER DE DOLÉANCES DE MATIGNON (anciennement Saint-Germain-de-la-Mer) EN 1789

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CHATELLENIE DE MATIGNON.
(Paroisses de Saint-Germain-de-la-Mer, Saint-Cast, Pléhérel, Plévenon, Plurien).
L'assemblée de la paroisse Saint-Germain-de-la-Mer, chef-lieu de la seigneurie de Matignon, s'est tenue le 29 mars, sous la présidence du procureur fiscal Texier ; son cahier paraît original. Le sénéchal, Pierre-Guillaume Le Restif présida, le même jour, l'assemblée de Plévenon et, le 31 mars, celle de Saint-Cast ; or, si le cahier de cette dernière paroisse emprunte trois articles au cahier de Saint-Germain-de-la-Mer, il en tire un autre du cahier de Plévenon.

SAINT-GERMAIN-DE-LA-MER (aujourd'hui MATIGNON).
Subdélégation de Lamballe.
— Dép. des Côtes-du-Nord, arr. de Dinan, canton et commune de Matignon.
POPULATI0N. — En 1789, près de 200 feux (Procès-verbal) ; — en 1793, 931 hab., y compris Matignon (D. TEMPIER, Rapport... au Préfet, dans volume du Conseil général de Côtes-du-Nord, session d’août 1891, 3ème partie, p. 162).
CAPITATION. — Total en 1770, 1.001 l. 11 d., se décomposant ainsi : capitation, 683 l. ; 21 d. p. l. de la capitation, 59 l. 15 s. 3 d. ; milice, 91 l. 3 s. ; casernement, 167 l. 2 s. 8 d. (Arch. d'Ille-et-Vilaine, C 3981). — En 1778, 244 articles, dont 124 inférieurs à 3 l. (Ibid., C 3982). — Total en 1789, 1.093 l. 16 s. 11 d., se décomposant ainsi : capitation 717 l. 7 s. ; 21 d. p. l. de la capitation, 62 l. 15 s. 5 d. ; milice, 91 l. 13 s. 2 d. ; casernement, 222 l. 1 s. 4 d. (Arch. des Côtes-du-Nord, C 43).
VINGTIÈMES. — En 1787, 2.732 l. 13 s.
FOUAGES. — 21 feux 3/4 1/10. — Fouages extraordinaires et garnisons, 449 l. 3 s. 5 d.
DÎMES. — 1.000 boisseaux de froment.

OGÉE. — A 8 lieues à l'E.-N.-E. de Saint-Brieuc ; à 16 lieues de Rennes ; à 4 lieues 3/4 de Lamballe. — 800 communiants. — Le territoire, borné au Nord par la mer et par l'entrée de la rivière de Frémur, forme une pointe environnée de sable, qui occupe, dans cette partie, beaucoup de terrain ; mais, du côté de Matignon, qui est une dépendance de la paroisse, on voit des terres en labour, fertiles en grains de toute espèce. On n'y remarque point de landes, mais beaucoup de villages ou hameaux et un grand nombre de maisons nobles.

PROCÈS-VERBAL. — Assemblée électorale, le 29 mars, en collégiale de Notre-Dame, paroisse Saint-Germain de la Mer, à l'issue des vêpres, sous la présidence de Pierre-François Texier, procureur fiscal de la juridiction de l'ancienne châtellenie de Matignon, juridiction de Beauoorps et Saint-Cast [Note : Texier était en même temps procureur fiscal de la seigneurie de Calan (Arch. des Côtes-du-Nord, E 1581 et 1582)], le sénéchal étant occupé dans une autre paroisse [Note : Le sénéchal était Pierre-Guillaume Le Restif ; ce même jour, il présidait, en effet, l'assemblée de Plévenon]. — Comparants : Guillaume-François Genty, greffier en chef de cette juridiction ; Jacques Lemaçon ; Louis Baillorge ; Malo Morin de la Chenardais ; Sébastien Le Clancher ; Laurent Hamon ; Julien Le Sage ; Pierre Veillet Hautchamp ; Jean Péan, tous délibérants et composant le général de la paroisse ; — Jacques Gorju ; Laurent Guignen, trésoriers en charge ; — Jacques Lécuyer des Noyers ; Mathurin-Guillaume Prenoir ; Jean Le Clancher ; Julien Helio ; Etienne Martin de Boissy ; Jacques Le Goff Longchamp ; Laurent Sanson ; Jean Sanson ; Georges Souyer ; Joseph Lecoq ; Charles Egault ; François Rouxel ; Gabriel Gorju ; Armel Avenier de la Grée ; Jean Frohard ; Jacques Hamon ; Toussaint Roseray ; Joseph David ; Charles Sanson ; Michel Rouaud ; Vincent Guihart ; Jacques Durand ; Alexis Roulier ; Mathurin Guillard ; Jean Lemessager ; Pierre Lécuyer ; Marc Coupé ; Louis Lemonier ; Jean-Jacques Compère ; Julien Fournel ; Etienne Rebillard ; François Leclerc ; Ange. Hévin ; François Gourdouère ; Charles Frété ; Dominique Rouault, Jean Rebillard ; Germain Hamon. — Députés : Louis Baillorge [Note : Louis Balliorge fut notaire à Matignon de 1776 à 1823 (R. KERVILER, Bibliographie bretonne. t. II, p. 52)] et Malo Morin de la Chenardais. Ceux-ci « ont observé à l'assemblée qu'ils ne pensent pas pouvoir être nommés députés, l'un étant procureur fiscal d'un seigneur et l'autre archiviste d'un autre seigneur ; que d'ailleurs il a déjà été pris un arrêté en cette paroisse qui semble exclure les personnes attachées aux intérêts des seigneurs de pareilles commissions, à laquelle observation l'assemblée a répondu aux dits sieurs Baillorge et Morin que leurs états ne pouvaient les exclure de la commission dont il s'agit, et, en conséquence, a déclaré persister à les nommer pour députés ; d'après quoi lesdits sieurs Baillorge et Morin ont accepté ladite commission et promis de s'en acquitter fidèlement ».

 

Cahier de doléances, plaintes et remontrances de la ville de Matignon, paroisse de Saint-Germain-de-la-Mer, rédigé par tous les soussignés et autres habitants de la ville et paroisse assemblés en l'église collégiale de Matignon, conformément à la convocation faite tant au prône de la grand'messe paroissiale de Saint-Germain-de-la-Mer qu'à l'issue de la grand'-messe collégiale, le matin de ce jour, en exécution des ordres de Sa Majesté et de l'ordonnance de Monsieur le Sénéchal de Rennes.

Par lequel cahier nous désirons et demandons :

1° — Qu'aux Etats généraux, les voix se comptent par tête et non par ordre.

2° — Que les Etats de cette province de Bretagne soient composés de la même manière qu'il a plu à Sa Majesté l'ordonner pour les Etats généraux, et que les voix s'y comptent aussi par tête.

3° — Qu'une des places de procureur général syndic des Etats soit remise à l’ordre du Tiers.

4° — Que celles de greffier et de héraut des Etats soient données alternativement à l'ordre de la Noblesse et à celui du Tiers.

5° — Que la corvée en nature soit suprimée remplacée par une prestation en argent supportable par les trois ordres (1).

Note : La tâche de cette paroisse, sur la route de Lamballe à Dinan, était, en 1788, longue de 1.588 toises ; elle avait son centre à une lieue du clocher (Arch. d’Ille-et-Vilaine, C 4883).

6° — Que la capitation de la Noblesse et celle du Tiers soient jointes et payables au même rôle par les trois ordres indistinctement, de même que le casernement.

7° — Que les décimes (voir note qui suit), le franc-fief et les fouages soient supprimés, et le tout remplacé par un impôt joint aux vingtièmes, en sorte qu'il n'y ait qu'une imposition, à laquelle les biens ecclésiastiques, nobles et roturiers seront assujettis.

Note : D'après le rôle de 1783, le plus récent que nous possédions, le recteur de Saint-Germain-de-la-Mer payait 16 l. de décimes, son curé ou vicaire 3 l. la fabrique 7 l. 7 s. ; treize fondations payaient des sommes minimes (Arch. des Côtes-du-Nord, série G, fonds de l’évêché de Saint-Brieuc).

8° — Que le Tiers soit admis aux charges de magistrature, du militaire et de la marine, sans autre distinction pour le noble que celle du mérite, parce que néanmoins le Tiers admis aux charges principales ne sera, pour raison de ce, anobli.

9° — Que, dans les Commissions intermédiaires, le nombre des commissaires de l'ordre du Tiers soit égal à celui des deux autres ordres réunis.

10° — Que les pensions provinciales soient supprimées.

11° — Que l'ordre du Tiers partage en concurrence avec celui de la Noblesse l'avantage de tous les établissements faits ou à faire par la province pour l'éducation de l'un et l'autre sexe.

12° — Que l'on fasse attention, lors de la répartition des impôts dans les paroisses, que la route de Saint-Malo en Basse-Bretagne par Matignon procurerait à cette dernière ville un certain commerce, mais qu'ayant été depuis deux ans transférée à Plancoët, où elle a entraîné les postes et nombre d'autres habitants, Matignon n'a plus le même avantage qu'il avait auparavant (voir note qui suit).

Note : La grande route de Saint-Malo (Dinard) vers la Basse-Bretagne rejoignait à Lamballe la route de Paris à Brest, après avoir passé par Ploubalay, le Guildo, Matignon et Hénanbihen ; comprise dans le vaste programme de travaux concu par le duc d'Aiguillon, elle avait été presque entièrement refaite, quant, sur la demande des paroisses de Plancoët et de Pluduno, les Etats décidèrent , les 2 et 3 mars 1789, que, tout en conservant et en entretenant cette voie, on dédoublerait une partie de son tracé pour faire passer un embranchement de Lamballe à Ploubalay par Plancoët. Conformément à cette décision, le duc de Duras, commandant en chef de la province, et l'intendant d'Agay rendirent, le 19 juin 1771, une ordonnance qui prescrivait l'ouverture de cette route et réglait la corvée en conséquence. Le principal motif qui avait entraîné la création de la nouvelle route était la nécessité d'éviter le passage du Guildo, « où la mer monte jusqu'à 28 et 30 pieds dans les grandes marées ; le lit de la rivière est vaseux et fort dangereux pour passer à base mer, attendu que bien souvent la rivière change de lit d’une marée à l’autre, de manière qu’il coûterait des sommes immenses pour rendre ce passage assuré ». Peut-être aussi des intérêts particuliers, notamment ceux des seigneurs de la région de Plancoët, ne furent-ils pas étrangers à cette création, mais une très curieuse note rédigée au nom de la comtesse de Rieux montre que des considérations analogues provoquèrent aussi des démarches en faveur du maintien du statu quo. Toutes les paroisses de la région firent valoir des raisons dans un sens ou dans l’autre. Les habitants de Plancoët insistèrent sur l'importance économique et administrative de leur paroisse, et arguèrent de ce que « le passage de mer au Guildo retarde les convois de la grande partie des richesses de cette province, qui sont les toiles des villes de Quintin et d’Uzel que l’on embarque à Saint-Malo ; sans cesse, on entend parler de balles avariées au passage de la mer… ». Par contre, les habitants de Matignon font observer que le passage de la route dans leur petite ville y « a attiré beaucop de marchands, des voituriers et autres gens de différents états, qui vont tous être réduits dans la dernière misère, si on fait passer le chemin par Plancoët » ; de plus, ajoutent-ils, « dans les beaux jours, les voyageurs qui viennent de Basse-Bretagne ne passent point par Lamballe ; ils détournent à Yffiniac sur la gauche et suivent une ancienne voie romaine qui conduit à Matignon par le Chemin-Chaussé », ce qui abrège leur chemin d'une lieue, avantage précieux que leur enlèverait le nouveau tracé (Arch. d'Ille-et-Vilaine, C 4768). Sur la construction des deux routes de Lamballe à Dinard, voy. trois dossiers fort intéressants aux mêmes Archives. C 2302, 4767 et 4768).

Fait et arrêté ce jour vingt-neuf mars mil sept cent quatre- vingt-neuf, à Matignon, sous les seings des soussignés.

[41 signatures, dont celle du président Texier].

 

DÉLIBÉRATION du 9 décembre 1788 (voir note qui suit).
(Arch. commun. de Rennes, Cart. des Aff. de Bretagne, G).
[Le général et notables de Saint-Germain de la Mer, après avoir pris connaissance d'une délibération et d'un arrêté de la communauté de Saint-Brieuc, du 24 novembre (voir note qui suit), qui leur ont été adressés par le maire de cette ville, ont déclaré y adhérer].

Note : Cette délibération fut envoyée à la municipalité de Rennes, le 28 février 1789, par le maire de Saint-Brieuc, Poulain de Corbion (Arch. commun. de Rennes, Cart. des Aff, de Bretagne, G).

Note : Cette délibération a été publiée en grande partie par J. GESLIN DE BOURGOGNE et An. DE BARTHÉLEMY, Anciens évêchés de Bretagne, t. II, pp. 345-348.

En conséquence, ils supplient Sa Majesté de leur accorder : 

1° Que le Tiers Etat soit, aux Etats généraux, en nombre égal à celui des deux autres ordres et y soit représenté par des députés roturiers.

2° Que les voix s'y comptent par têtes et non par ordres.

3° Que, dans l'ordre de l'Eglise, les curés qui auront dix ans d'exercice y soient admis.

4° Qu'aux Etats de la province la même composition ait lieu.

5° Qu'il 'il reste attaché à l’ordre du Tiers une des places de procureur général syndic, dès qu’elle vaquera.

6. Que et celle de greffier des Etats soit donnée au turne entre la Noblesse et le Tiers.

7° Que la corvée soit abolie et remplacée par une prestation en argent payable par les trois ordres.

8° Que les fouages soient également supportables par les ordres.

9° Qu'il soit fait une nouvelle répartition de la capitation, par l'effet de laquelle la Noblesse sera augmentée en proportion des biens qu'elle possède, et qu'il n'y ait qu'un seul et même rôle pour les deux ordres.

10° Que le casernement soit payable par tous les ordres.

11° Qu'à l'avenir les sujets de l'ordre du Tiers soient admis à occuper, selon leurs mérites et leurs talents, toutes places de la magistrature et du militaire.

12° Que l'ordre du Tiers partage, en concurrence avec celui de la Noblesse, l'avantage de tous les établissements faits ou à faire par la province pour l'éducation de l'un et de l'autre sexe.

13° Que l'ordre du Tiers soit affranchi du franc-fief.

14° Que le bail des devoirs soit entièrement réformé et qu'il en soit rédigé un nouveau.

[Il est décidé qu'une expédition de cette délibération sera expédiée à M. Palasne de Champeaux, l'un des députés de la ville de Saint Brieuc].

[Sur le registre, 39 signatures, dont celles de Louis Baillorge, de Morin de la Chenardais, d'Ernault, recteur, de Le Restif, sénéchal, de Texier, procureur fiscal].

(H. E. Sée).

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