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LA FOIRE DE LA MARTYRE

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HISTOIRE DE LA FOIRE.

Les oeuvres d’art que nous venons d’admirer ne pouvaient être exécutées sans de grandes ressources. L’église de La Martyre en disposait ; elles lui étaient fournies principalement par, une foire, qui se tenait dans ses dépendances, et qui fut longtemps la plus fréquentée de la province.

Une foire si profitable devait nécessairement exciter des convoitises. Les habitants de Landerneau désiraient la faire transférer dans leur ville. Les seigneurs de Rohan voulurent, à plusieurs reprises, leur donner cette satisfaction et favoriser le chef-lieu de leur principauté aux dépens d’un petit bourg.

Pour conserver leur foire, les tréviens de La Martyre durent souvent recourir aux tribunaux et même aux rois de France. Une requête adressée à Louis XIV, le 5 Août 1667, par les fabriciens, nous mettra suffisamment au courant de l’activité qu’ils déployèrent pour avoir gain de cause. Elle nous fera connaître en même temps l’origine et l’importance de cette foire.

« Les fabriques de l’église de Notre-Dame de La Martyre demandent justice à votre Majesté, pour être restitués contre sentence du 6 Mai 1667 du Parlement de Rennes, qui entérine des lettres de jussion obtenues par surprise de votre majesté, au mois d'Avril, par Dame Marguerite duchesse de Rohan, princesse de Léon, touchant la translation en la ville de Landerneau de la foire appelée de la Martyre, qui se tient de tout temps immémorial au bourg de La Martyre... C’est la ruine d’une des plus belles églises de la province, qui perdra plus de 2.000 livres de rentes, c’est l’abolition d’une des plus anciennes foires et des plus fréquentées du royaume... Dès lors de l’établissement de cette église en succursale, qui fut fait, il y a plus de trois ou quatre siècles (au XIIIème ou au XIVème siècle), il s’y fit quantité de miracles qui appelèrent une si grande affluence de peuples que peu à peu il s’y établit une assemblée solennelle au temps de la Magdeleine qui, depuis fut convertie en l’une des plus célèbres foires du royaume, qui s’appelait la foire franche, d’autant qu’il ne s’y levait aucun péage ni subside » (Archives du Finistère, G 245).

Une enquête faite en 1618, et dans laquelle les principaux marchands sont appelés en témoignage, constate, en effet, « qu’à la foire de La Martyre il vient des vendeurs et des acheteurs de Normandie, de Tours et d'Angers ». Un des témoins, Jean Bellec, maître orfèvre de Morlaix, qui « depuis 18 ans hante ordinairement la foire, trafiquant de vaisselles d’argent et autres orfèvreries », déclare « qu’on y voit nombre de personnes de toutes qualités ; qu’il s’y trouve des marchands étrangers, d'Angleterre, d'Irlande et de Flandre, qu’on y trafique de toutes sortes de marchandises, spécialement de soieries, draps, merceries, che­vaux et bestiaux de toutes sortes » (Archives du Finistère, G 244).

On voit donc que les fabriciens de La Martyre n’exagéraient pas l’importance de la foire dans leur requête au roi, qui continue ainsi :

« Un nommé Alain Le Goff, bâtard de la maison de Rohan, fermier ou receveur de la Seigneurie de Landerneau, qui vivait il y a deux cents ans environ (vers 1450) voulut exiger quelques devoirs sur les marchandises que l’on apportait à cette foire, prétendant la rendre patrimoniale à cette Seigneurie. La dévotion alors se refroidit, les marchands s’abstenant, les cloches furent brisées et partie de la chapelle fut emportée par la tempête, de manière qu’il semblait que le ciel même se voulait opposer à cette innovation ; ce qui obligea Yvon Courtois, prêtre, fabrique, et gouverneur de cette église, de se plaindre de cette innovation et de remontrer ce qui vient d’être dit à Jean vicomte de Rohan, lors puîné de Léon, qui assembla son conseil le 9 d'Août 1476 et passa un acte par lequel il reconnaît que cette foire et assemblée s’est établie de soi-même, sans aucun don ni permission du prince et pour la grande dévotion qu’il y avait à la ditte chapelle, et entretennement d’icelle. Ce sont les termes de l’acte ; il ôte pour jamais pour lui et pour ses successeurs le droit de devoir de plaçage et tous les autres subsides à la charge de quelques services et prières, et par autre acte postérieur, promet au trésorier de la fabrique de faire faire des caves qui sont comme des galeries aux lieux circonvoisins de la chapelle, pour y loger des marchands et pèlerins, pendant les foires et d’en prendre un devoir raisonnable. Depuis lequel temps les foires et assemblées en plus grands concours de peuples, et les marguilliers et les gouverneurs ont reçu des oblations considérables qui ont été employées pour l’augmentation de la chapelle, laquelle est aujourd’hui l’une des plus belles et des plus grandes églises de la province, dont tout la subsistence consiste dans le revenu des dites caves ou galeries et oblations du peuple ; elle serait ruinée si cette foire était transportée à Landerneau ».

« En l’an 1560, Charles IX accorda confirmation de cette foire et érection de deux nouvelles, l’une qui commence le jour de Saint Marc et l’autre huit jours après la fête du Saint Sacrement ; elles ont été encore confirmées par Henri IV en 1607. Dès lors les officiers et habitants de Landerneau en conçurent jalousie et firent courir le bruit que N. S. le duc de Rohan avait obtenu des lettres de translation de l’ancienne foire de La Martyre à Landerneau, et pour divertir les marchands et pèlerins, ils firent semer des billets portant défense de se trouver aux dites foires, ce qui obligea les gouverneurs et les fabriques de prendre des attestations de tous les marchands et des paroisses circomvoisines que les dites foires ne se pouvaient transporter sans que le public et les particuliers en ressentent un très préjudiciable préjudice ».

De fait, un arrêt du Parlement du 8 Mars 1610 donne gain de cause aux fabriciens de La Martyre, et au mois de Juillet de là même année, Louis XIII confirma les trois foires.

Mais, continue le mémoire : « Comme les juges et habitants de Landerneau ont toujours conservé cet esprit de jalousie contre les dites foires et principalement contre la plus ancienne qui est celle de la Magdeleine, au mois de Mai 1642, ils firent une seconde tentative, et sous le nom de la dite dame de Rohan, ils obtinrent de Louis XIII des lettres pour la translation de la dite ancienne foire à Landerneau. Dès que ces lettres furent publiées, les fabriques et marguilliers de La Martyre ayant fourni leurs moyens d’opposition, obtinrent un arrêt du Parlement du 1er Mai 1643, faisant défense de les troubler dans leurs droits. Depuis les dits fabriques ont fait pour plus de 20.000 livres de bâtiments au profit de la dite chapelle et pour la commodité des marchands qui fréquentent la dite foire.

Après tous ces arrêts favorables, il est étonnant que la dame duchesse de Rohan, au mois de Juillet 1665, soit encore allée surprendre votre Majesté en lui supposant des choses tout à fait contraires à la vérité, jusqu’à dire que le lieu où se tient la dite foire est incommode, qu’il n’y a pas de logement pour mettre les marchands et les marchandises, qu’ils ne sont point à couvert, que les marchands sont obligés de se retirer dans des villages éloignés, que. leurs marchandises sont exposées au pillage et au péril des voleurs, et sont rendues beaucoup plus chères en cette considération, qu’elle est obligée aussi bien que ses prédécesseurs de faire le guet par ses vasseaux, et enfin que les juges de Landerneau, en étant éloignés, ne peuvent y apporter l’ordre nécessaire ».

« Or, il est notoire que le lieu de La Martyre est tout à fait commode pour tenir la foire, qu’il y a des galeries très commodes pour les marchands et les marchandises, les marchands ne sont pas obligés de se retirer dans les villages éloignés, d’autant qu’il y a plusieurs hôtelleries dans le bourg capables de recevoir tous les marchands forains qui viennent y débiter ; ils sont à couvert des voleurs, d’autant que tous les habitants du canton font le guet toutes les nuits, et depuis l’ancien établissement de cette foire il n’a jamais été dit que les marchands y aient été volés de la moindre chose... ».

Les requérants auraient pu alléguer à l’appui de leur dire l’enquête de 1618, citée plus haut, dans laquelle tous les témoins affirment que le lieu de La Martyre est très commode pour la foire, se trouvant sur le passage des routes de Léon, de Cornouaille et de Tréguier, que rien n’y a jamais été volé et que durant la foire c’est le sieur de Brézal qui en a la garde pour empêcher tout trouble.

Voici, en résumé, les différentes phases et l’issue du dernier procès. La duchesse Marguerite de Rohan, n’ayant pas réussi en 1642-1643 à transférer la foire de La Martyre à Landerneau, reprit son projet. En Juillet 1665, des lettres patentes de Louis XIV lui accordaient cette translation. Le Parlement de Rennes refusa, le 11 Octobre 1666, l’entérinement de ces lettres, comme n’ayant pas reçu la publication requise.

Les marchands fréquentant les foires de Bretagne protestèrent contre la prétention de la duchesse par un acte du 17 Juin 1667. C’est à la suite de cette protestation que les fabriciens durent adresser une requête au roi, le 5 Août 1667. Cette requête n’ayant pas été prise en considération, les marguilliers firent, le 18 Février 1668, un inventaire des actes et procédures concernant l’établissement de la foire et députèrent à Paris messire Nédélec, curé de La Martyre, muni de ces pièces pour plaider leur cause.

Le 10 Avril 1669, le Parlement de Dijon, confirmant l’arrêt du Parlement de Rennes, donna gain de cause à La Martyre, représenté par Hervé Le Sanquer et Hervé Le Béon, marguilliers, contre la duchesse de Rohan, veuve de messire Henri Chabot duc de Rohan. La duchesse ayant interjeté appel, le même Parlement confirma sa première sentence, le 26 Février 1678, en la condamnant elle, avec le duc son fils, à payer à la fabrique de La Martyre une amende de 12 livres.

La Martyre rentrait en possession de sa foire, retenue par Landerneau pendant la durée du procès. Cependant, un jour de la foire restait acquis à cette ville, le samedi. Et ce samedi, le deuxième de Juillet, qui réunit à Landerneau toute la jeunesse des communes environnantes, s’appelle toujours : Foar-ar-merzer-vian, « la petite foire de La Martyre ».

PROCÈS DU GUET DE LA FOIRE 1718-1723 (Archives de La Martyre).

Le marquis de Brézal, avons-nous vu, avait la garde de la foire. Ce privilège occasionna un autre procès qui mérite d’être raconté.

Si grande était l’affluence des gens qui venaient à la foire de La Martyre, qu’on avait établi une garde pour le maintien de l’ordre. Cette garde avait toujours été commandée par le marquis de Brézal.

Mais lorsque Louis XIV eut établi des charges de syndic et de capitaine dans toutes les paroisses, M. de Kersulguen, seigneur de Kerlorec, se disant co-seigneur et prééminencier de la paroisse de Ploudiry, dont dépendaient les trêves de La Martyre, La Roche, Lokrist. Pencran, Loc-Eguiner, Saint-Julien de Landerneau, acheta cet office, avec le privilège de l’exercer et d’en disposer.

Le 13 Juillet 1704, écuyer F. Deuguet, seigneur de Saint-Dence, en prit possession « au nom du dit seigneur de Kerlorec, mais seulement pour Ploudiry proprement dit, car M. de Kersulguen ne se réservant que les droits de tutelle et de curatelle, faisant abandon à Pencran et à La Martyre des droits et émoluments de la charge, cette charge devant être exercée par les fabriciens des dites églises, sans qu’ils eussent rien à prétendre de leur chef ».

En conséquence, le seigneur de Brézal continua de prendre et d’exercer le commandement du guet de la foire. Mais lorsque en 1718, impliqué dans le complot de Cellamare, il fut obligé de s’expatrier, la garde, au lieu d’être faite par des hommes choisis par chaque cordelée, « fut composée de vagabonds et de gens sans aveu, en partie même domestiques du Seigneur de Brézal, qui, au lieu d’empêcher le désordre et de veiller à la sécurité des marchands, mettaient au contraire tout en usage pour les vexer et en exiger des droits excessifs, et qui surpassent au triple les droits que l’église doit percevoir ».

Les fabriques de la trêve commencèrent par présenter une requête à ce sujet, en 1718, aux juges de Landerneau, par l’intermédiaire de maître Penvern « le vaillant avocat ». Puis le corps politique, après une délibération le 25 Juin 1719, « fit démolir l’escalier en pierre du calvaire, boucher et maçonner portes et fenêtres de la chambre de l’organiste de laquelle les soldats du guet prétendaient jouir en forçant les portes et fenêtres ». De plus ils assignèrent devant la cour royale de Lesneven messire François Joseph, marquis de Brézal et Jacques de Kersaint, seigneur de Coat-Nemprem, qui commandait la garde en l’absence du marquis.

Une ordonnance judicielle de la cour royale de Lesneven, rendue le 23 Avril 1720, et un arrêt définitif en date du 14 Janvier 1723 furent défavorables au corps politique. Il fut établi devant la cour, d’après les enquêtes de 1608 et 1616 que « le marquis de Brézal était en possession par lui et par ses auteurs du droit de guet et de garde et du droit de choisir leurs archers, qui portaient des bandolières garnies de leurs livrées et armoiries desquelles du reste le corps politique était chargé ».

On fit état : 1°) des lettres patentes royales produites au premier procès, datées de 1644, 1610, 1607 et 1560, concernant la foire de La Martyre ; 2°) d’une transaction datée de 1677 entre mesdames de Rohan et de Brézal, transmettant à cette dernière le droit de guet et de garde, reconnu et confirmé à la duchesse par Louis XIV, cette même année 1677, conformément aux lettres primitives obtenues en 1486 du duc de Bretagne François II ; 3°) d’un aveu au roi de 1540 par René vicomte de Rohan, où lui est reconnu le droit de patronage de l’église et de la foire de La Martyre ; 4°) enfin, d’une copie de la donation précédemment faite en 1503, à l’église par les princes de Léon et les seigneurs de Rohan.

Sur quoi, la cour, reconnaissant le seigneur de Brézal commandant né de la foire, condamne la partie adverse à rétablir l’escalier en pierre, à remettre en état le corps de garde, à déboucher et à démaçonner les portes et fenêtres de la chambre y attenant, et à payer une amende de vingt livres. La cour laissait au corps politique le droit de se pourvoir « par les voies de droit contre les soldats malfaiteurs ».

 

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PHYSIONOMIE DE LA FOIRE.

Les foires de La Martyre ne se passaient pas seulement en négoces, c’étaient des jours de grandes réjouissances. « L’on se souvient encore, écrit Pol de Courcy, de la munificence que déployait particulièrement à la foire de La Martyre le marquis de Tinténiac. Dès le matin, un fourgon, attelé de quatre magnifiques chevaux, transportait le service de bouche de Brézal à La Martyre. Des tables étaient dressées, sous des tentes, dans un petit bois attenant au cimetière, et tous les gentishommes, réunis par l’attrait de cette joyeuse fête, venaient y prendre place. Ce jour, le valet du marquis déployait tout son savoir-faire..., et le lendemain, tous les conviés de la veille se réunissaient de nouveau pour une chasse à courre donnée par le marquis. Quoique tout abondât à la foire de La Martyre, écussons et écus sonnants, le cachet propre et distinctif de cette foire, empreint à toutes les pages de son histoire, c’est d’avoir été le rendez-vous de toute la noblesse du pays, attirée là par ses plaisirs, ses affaires et parfois la politique » (Journal l'Océan, 1843).

Un événement politique peut être rapporté à l’appui de cette dernière assertion. Ce fut à la foire de La Martyre, en 1718, pendant la minorité de Louis XV, que les gentilshommes bretons se réunirent pour recevoir les premières ouvertures que leur fit faire le ministre espagnol, le cardinal Alberoni, par l’intermédiaire du prince de Cellamare, ambassadeur d'Espagne, à l’effet d'enlever la régence à Philippe d'Orléans, pour la conférer à Philippe V, son souverain, proche parent aussi de Louis XV. Cette intrigue, conspiration ou conjuration, comme on voudra l’appeler, ayant été découverte, vingt de ceux qui y avaient pris part furent condamnés à mort par contumace, dont quatre décapités à Nantes en 1720 : MM. de Guer Poncalec, ancien page de Louis XIV, de Talhouët, du Couëdic et de Mont-Louis.

Satisfait à ce prix, le régent accorda des lettres d’amnistie aux autres seigneurs compromis en cette affaire, qui s’étaient cachés ou avaient passé la mer. Du nombre de ces derniers, étaient le baron de Penmarc'h et le seigneur de Kersauzon, possesseur de Brézal avant les Tinténiac.

 

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DÉCLIN DE LA FOIRE.

La foire de La Martyre fut à son apogée aux XVème et XVIème siècles. Les tracasseries, suscitées par la duchesse Marguerite de Rohan et d’autres intéressés, pour transférer la foire à Landerneau, et sa translation en cette ville pendant quelques années déroutèrent l’ancienne clientèle. Le déclin de la foire avait commencé. Il s’accentuait au siècle suivant. Dans une délibération du corps politique, en 1747, on résolut de supprimer une rangée de boutiques sur trois qu’on dressait, « parce que les marchands en gros ne venaient plus étaler leurs marchandises à la grande foire ».

La foire restait quand même importante et en 1794 Cambry pouvait écrire : « C’est à la célèbre foire de La Martyre que les Normands venaient surtout acheter des chevaux. On y voyait la plus curieuse exhibition de la race chevaline, un commerce de toiles, bestiaux, beurres, graisses et suifs, qu’on envoyait en abondance jusqu’à Bordeaux et Bayonne ». E. Souvestre assure qu’on comptait à la foire de La Martyre jusqu’à dix à douze mille chevaux.

Vers la fin de l’ancien régime, l’église louait sept à huit cents livres les droits d’étalage. Au cours de la Révolution, la foire restait même bien fréquentée, d’après une déclaration de la municipalité de Ploudiry, séance du 21 Messidor, an III de la République. « Le citoyen Yves Léon, procureur de la République, a dit : citoyens, mes frères, chargés spécialement du maintien de la police et de la tranquillité publique dans l’étendue de cette commune, nous ne saurions prendre trop de précautions pour déjouer les projets barbares des malveillants ; vous savez, nous savons tous que de tous les pays, de vingt, trente lieues à la ronde une foule innombrable de citoyens de tout état se trouve à La Martyre, et puisque cette foire célèbre dure trois, quatre jours, qui pourrait nous répondre qu’il ne se rendrait quelque peloton, de brigands qui attenteraient à la tranquillité publique... » [Note : Au début de la Révolution, le bourg et une partie du territoire de La Martyre avaient été incorporés à la commune de Ploudiry].

Le 10 Juillet 1865, M. Delannoy, recteur de La Martyre, écrivait dans le Journal l'Océan : « Avant, pendant et après, la foire était une affaire d’une quinzaine de jours, dont cinq bien caractérisés autrefois connue aujourd’hui : un jour pour la foire aux chevaux, un jour pour les bestiaux, un jour pour la jeunesse et les gages d'Août, un jour pour le festin des domestiques servis par leurs maîtres, et l’autre jour pour la fête patronale, couronnant le tout, le jeudi, qui fut longtemps le grand jour, le jour par excellence de la foire... A la foire de La Martyre on accourait en foule de toutes parts et de fort loin pour chercher et acheter ce qu’on trouvait à peine ailleurs : orfèvrerie, argenterie, vaisselle plate, vases sacrés, ornements et autres objets d’églises, bijoux, tissus, draperies et dentelles. Le tout était étalé avec art pour la concupiscence des yeux, sous des auvents ou appentis à demeure lon­eant les maisons métamorphosées elles-mêmes eu autant de riches magasins… Naguère encore en 1860, le bourg conservait un remarquable vestige de ces auvents ou appentis, où s’étalaient les marchands étalagistes. La plupart des boutiques étaient sous ces trois rangées parallèles de vieilles maisons basses, reliées par d'anciens pavés, et dont les murs délabrés laissent encore deviner les six files de piliers qui soutenaient ces halles provisoires » [Note : Les anciennes maisons et boutiques, contrairement aux maisons actuelles, étaient perpendiculaires à la route qui traverse le bourg].

A partir des dernières années du XIXème siècle, la foire se borna à un jour et à un marché de chevaux. Ce marché lui-même devient de moins en moins important. 

(abbé Kerouanton)

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