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LE PRIEURÉ DE SAINT-MARTIN DE MACHECOUL

(possession de l'abbaye de Marmoutier)

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On sait peu de chose de l'histoire de cette maison. La plus ancienne donation, faite à Machecoul aux religieux de Marmoutier, dont j'aie trouvé trace, émane d'un particulier nommé Jarnegaud, fils d'Ingres (Jarnegodius filius Ingressi), qui leur donna, sur la fin du XIème siècle, un quartier de terre qu'il tenait en fief, ainsi que les vignes en dépendant, la moitié d'un plessis et une maison forte (domus defensabilis) située dans ce plessis, une maison à Machecoul avec tout son mobilier, le sixième du revenu de deux moulins situés au Frêne , etc. (Bibl. Imp. mss., Bl. Mx, XXXIX, 114). Cette donation assez considérable, comme on le voit, fut faite au temps de Gestin II, seigneur de Machecoul et de Retz, qui vivait environ les vingt dernières années du XIème siècle ; et j'y verrais volontiers l'origine même du prieuré de Saint-Martin de Machecoul. Un autre particulier du nom de Gafier (Guaferius), le duc, Conan III (de 1112 à 1148), Raoul 1er, seigneur de Machecoul et de Retz (de 1150 à 1180 environ), et quelques autres encore sans doute, dont le nom ne nous est point parvenu, augmentèrent par leurs libéralités la fondation de Jarnegaud (ci-dessous, Fonds de Machecoul, 1, 2, 4).

Mais le principal bienfaiteur fut Bernard, fils de Raoul Ier et seigneur particulier de Machecoul dans la fin du XIIème siècle et les premières années du siècle suivant ; il permit aux moines de construire sur leur terre un bourg, où ils tiendraient une foire chaque an, et dont toutes les coutumes se lèveraient à leur profit et seraient les mêmes que celles levées dans l'ancien bourg ou ville de Machecoul (secundum institutionem veteris burgi) au profit du seigneur (ci-dessous, 5) ; Bernard se réserva toutefois, à travers le bourg des moines, une voie de quinze pieds de large où ce qui lui appartiendrait passerait en franchise de toute coutume (Ibid., 6). Cette concession de Bernard donna naissance à un faubourg de Machecoul, assez considérable avant les guerres de 93, et qui s'appelle encore le bourg Saint-Martin. Il confirma au prieuré des donations que lui avaient faites plusieurs de ses hommes (Ibid., 7). Enfin, il accorda aux moines et à leurs gens le droit de passer sans payer aucun péage sur le pont du Pas-Arnoul, qui était, autant qu'il semble, situé à Machecoul, sur le Falleron : il est vrai que les moines, pour obtenir cette exemption, se chargèrent de rétablir eux-mêmes le pont, détruit quelque temps auparavant par Bernard lui-même, à cause des guerres qui désolèrent la Bretagne pendant la seconde moitié du XIIème siècle (D. Mor. Pr. I, 769). Notre fonds de Machecoul renferme, au sujet de ce pont, deux chartes curieuses, mais dont l'interprétation n'est pas partout très-facile (ci-dessous, 3 et 8).

Les titres de ce prieuré fournissent aussi plusieurs renseignements nouveaux, propres à éclaircir et à compléter la suite généalogique des sires de Retz et de Machecoul. Comme cette généalogie est importante pour établir l'ordre chronologique de nos chartes elles-mêmes, il serait vraiment nécessaire de nous y arrêter ; toutefois, crainte de trop surcharger cette simple notice, je renvoie cette généalogie à l'appendice du présent travail.

D'après le livre des bénéfices de Marmoutier, le prieuré de Saint-Martin de Machecoul était pour deux moines seulement ; il payait de pension annuelle à la mense abbatiale de Marmoutier 7 l., et aux offices claustraux 21 s.

TITRES DU PRIEURÉ DE MACHECOUL.

Le fonds du prieuré de Machecoul n'a qu'une liasse, qui contient les pièces suivantes :

1.

XIème S., fin ; ou XIIème S., comm. — Notice relatant qu'un nominé Gafier (Guaferius), a donné aux moines de Marmoutier la terre qu'il possédait à Machecoul, et que les moines tenaient de lui à terrage ou champart. — Orig. parch. très détérioré par l'humidité.

2.

XIIème S. , 1112-1148. — Charte de Conan III, duc de Bretagne. Il confirme aux moines de Marmoutier, établis à Machecoul, l'abandon précédemment à eux fait par son père, Alain Fergent, des coutumes et droits de seigneurie que le comte de Nantes avait (omnes consuetudines comitales, hoc est, frumentagium et biannum, et dominium) sur un quarteron de terre (quarterionis terre) possédé par lesdits moines à Fresnai (apud Fraxinetum) et un demi-quarteron au Port-Fessant (in Porfaifanto). — Orig. parch. était sc.

3.

1153. — Charte de Bernard, évêque de Nantes, notifiant que Garsire, de Machecoul (Garsilius de Machecollo), et après lui son fils Raoul, ont exempté de tout droit de péage tous les colliers (collarii) qui passeraient sur le pont de Machecoul : ad edificationem pontis Machecolli, omnes collarios per eundem pontem de porta Gasnapiœ, quocunque ierint, pretereuntes ab omni cosduma et paagio in perpetuum absolvit. — Orig. parch. était sc.

Nota. Du Cange avait fait des collarii de cette charte l'équivalent des cotarii ou cotiers, ainsi nommés à cause de leur tenure dite coterie ou cotage, comme les bordiers tirent leur nom de leurs borderies ou bordages. Cette explication n'était pas heureuse. Carpentier a voulu la remplacer en disant que nos collarii sont des marchands portant leurs marchandises à leur cou (collum). Je ne sais si cette interprétation vaut beaucoup mieux que l'autre : car l'exemption étant accordée aux collarii en considération de l'aide qu'ils ont prêtée ou devront prêter à la construction du pont de Machecoul, il faut qu'il y ait entre cette œuvre et leur profession un rapport qui ne se trouve guère dans celle du marchand forain parcourant le pays, la balle au dos. Voyez ci-dessous le n° 8.

4.

XIIème S., milieu. — Charte de Raoul, seigneur de Machecoul. Il remet aux moines de Marmoutier à Machecoul un certain droit de manger (prandium) que son père avait injustement exigé d'eux. Pour reconnaître cette concession, le prieur de Machecoul lui donne un cheval de la valeur de 10 livres et 4 livres en argent. — Orig. parch. était sc.

5.

XIIème S., fin. — Charte de Bernard, seigneur de Machecoul.  Il permet aux moines de Saint-Martin de Machecoul de construire un bourg sur leur terre et d'y tenir une foire l'an. — Orig. parch. était sc.
Impr. D. Mor. Pr. I, 541.

Nota. D. Morice a placé cette charte, dans son recueil, vers 1118-1120 ; en quoi il s'est trompé au moins d'un demi-siècle. Car Raoul, père de Bernard, vivait encore certainement en 1161, et ne mourut probablement que vers 1170. (Voir Du Paz, Hist. généalog., p. 237 ; et, à l'appendice du présent Inventaire, la généalogie de la première maison de Retz).

6.

XIIème S., fin. — Charte de Bernard de Machecoul, contenant les mêmes concessions que la précédente, avec certaines clauses explicatives, que la détérioration de l'écriture par l'humidité empêche de connaître exactement. — Origin. parch. était sc.

7.

XIIème S., fin. — Charte de Bernard, seigneur de Machecoul. Il confirme à Saint-Martin de Machecoul diverses donations faites à ce prieuré par quelques-uns de ses hommes, entre autres, par Gautier Au Quer-Fol, Pierre Chaignard, Guillaume Maingui, etc. — Orig. parch. était sc. Cette charte est aujourd'hui divisée en deux fragments.

8.

1214. — Charte de Béatrix, dame de Machecoul. Elle accorde aux moines de Saint-Martin de Machecoul, sur son pont du Pas-Arnoul, libre passage et voie assez large pour qu'une charrette puisse y traverser, aller et retourner, sous la condition ainsi exprimée : tali igitur conditione transitum per eumdem passum concessi, quod prior S. Martini in eodem passus tornum faciet clave firmatum et duas collas et unum fossatum ex utraque parte vie profunditate quatuor pedum et latitudine trium. — Orig.parch. sc. en cire blanche, sur lacs de soie verte et rouge ; sceau ovale représentant, au droit un brochet en pal au revers une dame tenant un faucon. Ce sceau est rompu en plusieurs morceaux.
Extr. D. Mor. Pr. I, 826.

Nota. Il faut encore voir, au sujet de ce pont du Pas-Arnoul, la charte de Bernard, seigneur de Machecoul, impr. par D. Mor., Pr. I, 769, et qui ne se trouve plus dans notre fonds. Elle mentionne aussi le tour (turnus, tornus) qui doit étre établi sur le pont. Lobineau, dans son glossaire (à la fin du t. II de son Hist. de Bret.), a supposé qu'il se pouvait agir d'un tourniquet ; mais on ne voit guère comment un tourniquet eût pu laisser passer les charrettes, s'il avait eu la largeur du pont, ni, dans le cas contraire, pourquoi on l'eût fermé de clef. Je pense qu'il s'agit tout simplement d'une barrière tournant sur un pivot, que l'on n'ouvrait qu'après l'acquittement du péage. Notons cependant que Du Cange, au mot Tornum, cite des textes où ce nom est appliqué à un appareil destiné à tirer les bateaux ; mais je doute qu'il ait ici ce sens. Un autre mot plus embarrassant est colla. Les moines, en retour de leur exemption, sont obligés non-seulement de mettre au pont un tour ou barrière fermant à clef, mais encore d'établir de chaque côté du chemin menant à ce pont un fossé de trois pieds de largeur sur quatre de profondeur et deux collœ. De tous les sens que donne au mot Colla le glossaire de Du Cange, un seul peut convenir ici, et encore faut-il mettre quelque bonne volonté. C'est celui qui fait colla synonyme de collis, colline. Une levée de terre, en effet, n'est qu'une petite colline.

On pourrait donc voir dans nos deux collœ un double rempart en terre, divisé par un petit fossé, et qui bordait le chemin de côté et d'autre, pour la défense du passage ; car, on ne doit pas l'oublier, il y a ici non-seulement un pont, mais aussi un pas (passus Arnulfi), c'est-à-dire un passage fortifié et susceptible d'être défendu contre l'ennemi. Quoi qu'il en soit, je ne donne cette explication de colla que pour une pure conjecture : je ne chercherai point, par conséquent, à en tirer le vrai sens du mot collarius, dont j'ai parlé ci-dessus au N° 3. On ne peut s'empêcher, toutefois, de croire qu'il y a un rapport entre les collarii du N° 3 et les collœ du N° 8 ; mais il semble difficile de le préciser. Je termine par une seule remarque. Dans le N° 3, les collarii sont exemptés du péage sur le pont de Machecoul, parce qu'ils ont aidé ou aideront à le construire et entretenir. Quelque temps après, Bernard de Machecoul, qui avait rompu ce passage pendant la guerre, veut le rétablir ; les moines, cette fois, sont chargés de la reconstruction du pont, de l'entretien du pas avec ses fossés et ses collœ ; ce sont aussi les moines qui obtiennent l'exemption du péage, tandis que des collarii et de leur exemption, pas un mot.

8 bis.

1214. — Charte d'Aimeri de Thouars, mari de Béatrix de Machecoul, et par sa femme seigneur de Machecoul, de même teneur absolument que le N° 8. — Orig. parch. sc. en cire blanche, sur lacs de soie rouge, forme circulaire : au droit il semble qu'il y avait un écu où on ne distingue plus rien, au revers [Note : Je me sers du mot droit et revers, au lieu de scel, et contre-scel, quand les empreintes des deux faces sont de même dimension] un brochet.

9.

1217, le 12 des Calendes de juillet (20 juin). — Charte d'Etienne, évêque de Nantes, où il notifie, qu'Olivier Ménard, clerc, a donné à Saint-Martin de Machecoul tout le droit qu'il avait dans les moulins de la Forêt ou du Bois (in molendinis de Nemore). — Orig. parch. sc. en cire blanche sur double queue, sceau ovale pointu représentant un évêque mitré, crossé, bénissant de la droite ; légende : S. STEPHANI...

10.

1243, le vendredi dans l'octave de la Pentecôte (5 juin). — Charte de Jocelin, archidiacre de Nantes, où il notifie que Hamon le Veneor, chevalier, a donné à Saint-Martin de Machecoul tout ce qu'il possédait à Port-Fessant (in Portu Faifant) dans la terre des moines, sauf 2 s. de rente, lui dus au temps de la moisson pour droit de manger (pro prandio), et par lui légués antérieurement à l'abbaye de Buzai. — Orig. parch. sc. sur double queue, en cire verte ; sceau ovale pointu représentant le sacrifice d'Abraharn, et pour légende : + S. IOSCEL. ARCHID. NANNETE...S.
Contre-sceau : une petite pierre gravée, ovale, représentant un centaure foulant aux pieds un serpent.
Extr. D. Mor., Pr. I, 922.

11.

1879. — Vidimus, sous le sceau de la prévôté de Tours, de quatre chartes pour le prieuré de Machecoul, ci-dessus inventoriées sous les Nos 10, 9, 8 et 7 du présent fonds. — Orig. parch. sc. sur double queue en cire verte ; sceau rond représentant un châtelet formé de trois tours, sur chaque tour, une fleur-de-lys ; légende : SIGILLV… ENSIS. Contre-sceau : même châtelet, et pour légende : + SIGILLV PPOSITVRE TVRON.

12.

1433 v. s., 13 février. — Acte passé par la cour du duc à Loyaux, contenant la baillée faite, pour 5 s. de rente annuelle, par le prieur de Machecoul à Perrot Escuier, du « sexte des blez, et fruiz qui croissent et que a accoustumé à prendre et lever ledit priour par chascun an en un journau de terre sis en la paroisse de Fresnoy, ou fié dudit prieur ». Orig. parch. était sc.

(M. A. de la Borderie).

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