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SAINT YVES, RECTEUR DE LOUANNEC

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Il reste comme un nuage sur le départ de saint Yves de Trédrez. Si les habitants de cette paroisse ne surent pas apprécier un tel trésor à sa valeur, ils ont dû se le pardonner difficilement dans la suite. Plutôt donc que d'attribuer ce changement à des motifs qui se sont altérés dans la mémoire du peuple, il est préférable d'en voir la cause dans la volonté de l'Evêque de Tréguier, qui désirait naturellement approcher de sa ville épiscopale, ce savant recteur regardé par tous comme la lumière du diocèse. Yves lui-même pouvait désirer le rapprochement de Kermartin. Là étaient sa maison, sa fortune et aussi sa famille de pauvres dont il cherchait à adoucir la misère. Son père et sa mère étaient morts depuis quelques années, et, comme les autres gentilshommes du pays, il exploitait sa terre du Minihy, dans l'intérêt des malheureux. Il quitta donc Trédrez vers l'an 1293, pour se rendre à Louannec, paroisse très litigieuse, suivant Albert le Grand, où il fut reçu avec les démonstrations de la joie la plus vive.

saint Yves, patron des Avocats et de la Bretagne

Située, comme Trédrez, sur une hauteur qui domine la rade de Perros-Guirec et le groupe des Sept-Iles, l'église de Louannec embrasse, dans son horizon, un des beaux sites du pays trécorrois. Bâtie dans le style roman en sa partie inférieure, elle existait telle que nous la voyons au temps de notre Bienheureux. Il n'y avait qu'un presbytère fort peu spacieux, situé sur un roc, attenant à la chapelle des fonts baptismaux dont il fait partie aujourd'hui. Cette église, agrandie peut-être à cette époque, se compose d'une nef et de deux collatéraux, avec la grande chapelle du Barac'h qui lui sert de transept sud. Elle avait primitivement pour patron saint Emilion, dont la statue sans nom se voit encore à l'un des autels, et plus tard, saint Pierre, sans que nous sachions la raison de ce changement. Aujourd'hui, comme on le conçoit facilement, le patron de Louannec est saint Yves, qu'on y a représenté prêchant en chasuble. Une des chasubles dont s'est servi le saint recteur, est conservée, très précieusement, dans une armoire vitrée accolée à la sacristie. On en a fait de longues et savantes descriptions. Tout porte à croire qu'elle est réellement authentique.

Un très beau porche du XIVème siècle, surmonté d'une flèche en plomb, sert de tour et d'entrée latérale à l'église de Louannec on y voit une statue de saint Yves debout à côté de la sainte Vierge, et au bas de l'église une autre statue du même saint assis entre le riche et le pauvre, comme on le représente ordinairement. Ces statues sont très anciennes, du XIVème au XVème siècle, selon toute apparence. L'église est assez pauvre en décorations. On y remarque cependant, dans la chapelle du Barac'h, un tableau du XVIIème siècle assez bien exécuté, représentant la même scène. Les personnages sont richement habillés et de couleurs très vives. Un autre tableau plus sombre rappelle un trait de la vie de saint Bernard. On y voit la sainte Vierge, tenant dans ses bras l'Enfant-Jésus, et laissant couler une goutte de son lait sur les lèvres de son pieux serviteur humblement prosterné à ses pieds.

A quelque distance du bourg de Louannec, sur le chemin de Kermaria-Sulard, ou Notre-Dame de Liesse, on aperçoit dans une touffe d'arbres verts une chapelle bien modeste, mais très bien tenue. C'est le lieu de Kerallain, autrefois gentilhommière d'une certaine importance. Là, saint Yves, revenant de Tréguier, aurait ressuscité un enfant qui venait de se noyer dans l'étang formé par un ruisseau qui coule encore. Un tableau du XVIIème siècle, qui a quelque valeur, occupe le chevet de la chapelle et donne la physionomie de cette scène touchante. Le saint prêtre a pris entre ses bas l'enfant inanimé qu'on vient de retirer de l'eau. Le père supplie le saint, la mère est abîmée dans sa douleur. Une statue en bois, ancienne aussi, quoique fraîchement peinte, se voit du côté de l'Epitre. Saint Yves tient dans ses bras le cadavre de l'enfant de Kerallain, et c'est la tradition constante au pays, que le recteur de Louannec ressuscita cet enfant, au lieu même où s'élève cette chapelle, qui ne serait qu'un ex-voto, en souvenir de ce miracle. Le silence des témoins, lors de l'enquête de la canonisation et l'omission de ce trait merveilleux dans les biographies de saint Yves, étonnent quelque peu, mais n'infirment en rien la tradition locale. Les parents de cet enfant étaient sans doute morts à cette époque, et le petit ressuscité, dont saint Yves avait un instant retardé le bonheur, était allé les rejoindre au ciel.

Non loin du château du Barac'h, sur la route de Lannion, on voit un reste de dolmen, portant sur la plus grosse pierre, à demi-renversée, une légère excavation qu'on pourrait bien prendre pour l'empreinte d'une pelle. Le saint recteur revenant, dit-on, un peu tard, le soir d'une journée de fâtigue, n'osa pas se présenter au château et se coucha sur cette pierre pour dormir le reste de la nuit. Ce n'était pas d'ailleurs la seule fois que cela lui arrivait, et ce lieu s'appelait déjà le lit de saint Yves. Un cultivateur des environs qui en voulait au Bienheureux, le trouvant couché sur cet étrange lit, allait l'assommer d'un coup de sa pelle. Yves, réveillé par le juron du paysan, put esquiver le coup dont la marque resta sur le granit. On ajoute, que pour punir d'une manière exemplaire la méchanceté de cet homme, Yves changea la couleur de ses cheveux qui étaient noirs, en un rouge éclatant, et condamna à la même punition tous ses descendants, jusqu'à je ne sais quelle génération. Est-ce pour réparer cette brutalité de leur ancêtre qu'ils ont érigé deux beaux calvaires en granit sur les deux principales routes de la paroisse ? L'un est près du bourg et porte le nom d'un recteur de cette famille, et l'autre au bout d'un chemin, non loin de l'endroit où se passa l'histoire de la pelle. Cette histoire a beaucoup de rapports avec celle des fougères d'Yvias. On serait tenté d'y voir des faits s'accordant peu avec la charité bien connue de saint Yves ; mais la Bible nous en fournit de semblables, dans la vie d'Elie qui fit tomber le feu du ciel sur ses ennemis, et d'Elisée où nous voyons des ours sortir du désert pour dévorer les enfants qui avaient insulté le saint vieillard !

Yves allait souvent de Louannec à Kermartin, distant de trois à quatre lieues. On sait très bien le chemin qu'il suivait, et l'on montre encore les endroits où il s'arrêtait pour prier, prêcher ou confesser les pénitents sur les bords de la route.

A moitié chemin, on voit encore aujourd'hui, au centre d'un carrefour, un calvaire en granit qui porte les caractères du XIVème au XVème siècle. Sa base est ornée de plusieurs sculptures en reliefs très prononcés. L'une de ses faces représente un ecclésiastique absolvant un seigneur pieusement agenouillé à ses pieds. C'est sans doute le châtelain dont on découvre un peu plus loin les donjons à moitié ruinés, mêlés au feuillage des arbres verts. Ce calvaire se nomme Croaz ar Skillo.

Un peu plus loin, en s'avançant vers Tréguier; une pierre fait saillie au bas d'un talus, près de la barrière d'un champ. Tout le monde vous dira que là s'arrêtait le saint Prêtre pour finir son office, lire quelques pages des Saintes-Ecritures ou faire son oraison, en attendant qu'il se présentât quelqu'un pour demander l'absolution de ses péchés. Jamais personne ne passe ce calvaire sans faire une prière ; jamais non plus sans baiser ou toucher de la main, et se signer ensuite, cette pierre qui, depuis tant de siècles, a échappé à l'injure du temps et au vandalisme des hommes. Elle est gardée par la foi du peuple, bien plus précieusement qu'elle ne le serait par les vitrines de n'importe quel musée. Dans le champ voisin, un vaste tumulus arrête les regards par la grandeur de sa masse ; mais cette masse ne dit rien ou n'éveille que de sombres souvenirs, et l'humble pierre sur laquelle s'est reposé un saint parle au cœur, inspire la piété et réveille la foi, dans nos tristes jours traversés par tant de misères et de peines !

C'est à peu près à cette époque qu'un seigneur de Quintin, Geffroy Botherel, rapporta de la- Palestine une ceinture de la Sainte Vierge, que lui avait donnée le patriarche de Jérusalem. Dans ce siècle de foi, la présence d'une pareille relique au pays de Bretagne fut un grand événement, et de tout côté on accourait pour la vénérer. Bien des miracles s'opéraient par le contact de cette ceinture, et Geffroy fit construire une belle église à Quintin, pour y déposer ce riche trésor. Le pieux recteur de Louannec, si dévot à la sainte Vierge, se rendit avec quelques-uns de ses paroissiens à la grande fête qui eut lieu à Quintin, à l'occasion de la bénédiction de cette église. Thomas de Kerimel, gentilhomme de Kermaria, fut un de ses compagnons de voyage. Touché par la conversation du Saint, par l'affluence énorme des pèlerins et surtout par la grâce du Ciel., Thomas se convertit entièrement à Dieu et se fit religieux profès, au monastère des Cisterciens de Bégard. Le souvenir de ce pèlerinage, dont faisait partie Derien de Coatalio, est resté gravé dans tout le pays où passa la pieuse caravane de Louannec. A Pontrieux, Lanvollon, Châtelaudren, la dévotion pour le saint prêtre doit son origine au séjour qu'y fit momentanément notre Bienheureux. A Cohiniac en particulier, les habitants redisent encore quelques légendes qu'on a eu la bonne pensée de consigner dans le cahier de paroisse. Le Saint, dit une de ces légendes, ayant trouvé les enfants du bourg allant puiser de l'eau à une fontaine située dans un bas-fond assez dangereux, annonça que pour le lendemain, il aurait changé de place cette fontaine. On ne le crut pas, bien entendu ; mais quel ne fut pas l'étonnement, quand le jour suivant, on trouva la source transportée en un lieu bien plus élevé, où l'on peut depuis ce temps puiser de l'eau sans aucun danger !

A Quintin, les pèlerins durent se loger, comme ils le purent, un peu partout, à cause de la grande affluence des étrangers. On y montrait encore, il n'y a que quelques années, la maison où le Saint avait reçu l'hospitalité, et une inscription déjà ancienne la faisait connaître aux voyageurs. Tout a disparu, si ce n'est le souvenir de saint Yves qui y est conservé par une chapelle érigée en son honneur, et un hôpital portant son nom.

Je ne sais si du temps de Geffroy Botherel la fête de la ceinture se célébrait avec beaucoup de pompe à Quintin. Tout porte à le croire en voyant la dévotion extraordinaire qu'on y a conservée pour cette insigne relique. Le premier dimanche de mai, la ville se transforme en un parterre de fleurs ; les maisons se cachent sous des guirlandes de verdure, et le soir le reflet de sa splendide illumination rejaillit jusque sur les nuages. C'est la procession de la Ceinture conservée dans un magnifique reliquaire d'argent doré ! La vieille collégiale est remplacée par une église superbe, la plus belle sans contredit du pays. Elle est dédiée à la sainte Vierge, mais saint Yves y a déjà une verrière, et peut-être une statue y fera revivre son souvenir.

Après avoir rempli leurs dévotions et vénéré à plusieurs reprises cette ceinture de la Vierge, les pèlerins de Louannec regagnèrent leurs foyers, remplis d'une sainte joie et le cœur tout ému de cette explosion de dévotion pour la Mère de Dieu.

On peut croire que plusieurs amis du recteur de Louannec ou de Geffroy de Kerimel, firent partie de ce pèlerinage, entre autres Geffroy de Cabanac, Dérien de Kerwézec et Auffret du Rumen, dont la conversion ne fut pas moins remarquable que celle de Kerimel. Le premier était un pécheur public et obstiné. On avait souvent entendu le saint pasteur lui reprocher ses désordres, vraiment scandaleux. Enfin il se rendit à ses pressantes instances et devint un parfait honnête homme. Il vivait encore au temps de l'enquête de canonisation, et s'il ne lui fut pas possible de paraître comme témoin, on put du moins le citer comme un exemple de l'influence du saint prêtre sur les âmes les plus endurcies. Le second menait une vie encore plus débauchée. Il était noble et riche, et passait son temps à semer la corruption et le meurtre. Yves, par ses exhortations, son zèle et sa sainteté, le retira du chemin de l'abîme, et le gentilhomme converti se rendit, humble pèlerin, au tombeau des Apôtres, pour expier ses crimes. A son retour il ne chercha plus qu'à réparer par ses pénitences et ses aumônes tout le mal qu'il avait fait auparavant par sa conduite criminelle. Le clerc Auffret du Rumen qui vivait aussi d'une manière peu conforme à la sainteté de son état, rentra en lui-même à la voix de son zélé pasteur, et fit, à pied, le pèlerinage de Rome, pour pleurer ses désordres sur le tombeau des Apôtres. De retour à Louannec, il mérita par sa conduite exemplaire, et sur les recommandations de son pasteur, d'être élevé à la dignité du sacerdoce, et vécut en saint prêtre, jeûnant tous les carêmes au pain et à l'eau.

Yves lui-même continuait ses austérités à Louannec comme à Trédrez, ainsi que sa grande charité pour les pauvres, charité dont les recteurs bretons, nous l'avons dit, ont toujours donné l'exemple, à un degré inférieur peut-être, mais généreusement encore et sans compter.

« Un jour, dit Guillaume de Kersauson, témoin de Louannec, le recteur nous invita à dîner. C'était la cinquième année de son arrivée dans cette paroisse, et la Bretagne souffrait d’une grande disette. Quand nous arrivâmes au presbytère, il n'y avait qu'un seul pain dans la maison, et trois ou quatre pauvres à la porte, attendant l'aumône. Yves prit le pain et en distribua de grandes tranches à ces malheureux affamés. « Arrêtez-le, s'écria le vicaire, ou bien il donnera tout le pain et nous n'aurons rien pour dîner ». Nous n'en fîmes rien, et Yves, qui avait tout entendu, mit de côté la part du vicaire et donna le reste aux mendiants. Le vicaire, qui se nommait Guillaume de Trohas, chercha en vain son morceau de pain qu'il avait déposé sur une petite table, il avait disparu comme le reste, et cependant on n'avait vu personne entrer dans la salle. Tout-à-coup une petite femme, pas plus grande qu'une naine, frappa à la porte, apportant dans son tablier trois grands gâteaux pour les convives du Saint, sans excepter le vicaire. Elle disparut aussitôt, sans qu'il fût possible de savoir ce qu'elle était devenue ».

La disette était si grande, continue le témoin, que les hommes étaient réduits à manger de la terre. Yves en nourrit miraculeusement un très grand nombre, en se privant lui-même jusqu'à rester huit jours sans rien prendre. Conan de Guernabacon fût témoin lui-même d'un de ces miracles. Se trouvant un jour à Louannec, il fut voir le recteur qui l'invita à dîner. Au même moment arrivèrent une trentaine de pauvres gens, tous affamés, n'ayant rien mangé depuis plusieurs jours. Le saint envoya chercher du pain chez le boulanger. On n'en trouva qu'un de deux deniers. « J'en donnerai, dit-il, pendant qu'il y en aura, et Dieu fera le reste ». Il commença donc à en distribuer des morceaux, et il y en eut pour tous. « Je crois bien, dit Conan, que quand bien même il y en aurait eu mille de plus, le pain aurait suffi pour les rassasier tous ».

Il ne suffisait pas de nourrir les pauvres, il fallait encore les habiller, Yves employait à cela tout l’argent dont il pouvait disposer, après ses abondantes aumônes. C'est à Lannion qu'il s'approvisionnait de grosses toiles et de drap à bon marché. Les tailleurs de Louannec en faisaient des vêtements que le bon recteur distribuait à tous les nécessiteux. Pour lui, il ne portait qu'une soutane, d'un tissu grossier, avec une épitoge d'étoffe brune, et quand le besoin du repos se faisait sentir, il se couchait sur la pierre qu'on montre encore dans le jardin du presbytère, attenant à l'église. Si on l'invitait quelque part, dit Guyomar de Kerallain, il faisait en sorte de ne manger que quelques croûtes de pain avec un peu d'eau rougie, quand il ne pouvait boire son eau pure, dissimulant ainsi, aux yeux des convives, ses mortifications habituelles.

Dieu ne voulait pas laisser cachées toutes ces vertus de son serviteur, et ses paroissiens n'ignoraient pas combien sa puissance était grande. Aussi un terrible incendie s'étant allumé un jour, dans un village assez éloigné du bourg, les habitants vinrent en courant demander l'assistance du saint prêtre. Yves se rendit le plus vite possible sur le lieu du sinistre, et trouva ces braves gens en lutte avec les flammes dévorantes, sans pouvoir se rendre maîtres du feu. Le bon recteur demanda un peu de lait, dont il aspergea les toits brûlants. Aussitôt le feu s'arrêta par le plus grand des miracles. Plus tard ce village reconnaissant a voulu porter le nom du bienheureux, sous lequel il est encore connu aujourd'hui.

La renommée porta au loin le bruit de ce prodige, et de tout côté on ne parlait que de la sainteté du recteur de Louannec. Dès qu'on le voyait, on se sentait comme rassuré contre tous les malheurs. A une lieue de Tréguier, la route de Lannion traverse la belle vallée du Guindy. Un pont servait à passer la rivière assez rapide en cet endroit. Ce pont, brûlé dans un incendie, fut appelé depuis Pont-Ars ou pont Losquet. Un charpentier de Langoat, nommé Yves de Kerguézennec, avait fait marché de le reconstruire. Les ouvriers ayant mal pris leurs mesures, coupèrent les poutres beaucoup trop court, et il fut impossible de les mettre en place. Le maître, désolé, mesura et remesura plusieurs fois. C'était en vain. Il fallait abattre d'autres arbres et reprendre tout le travail. Tout-à-coup, on vit arriver le recteur de Louannec, qui se rendait à Kermartin. La confiance commença à revenir. Yves de Kerguézennec lui exposa son embarras en versant des larmes. « Vous n'avez peut-être pas bien mesuré, lui dit le saint prêtre, donnez-moi votre ligne que je mesure moi-même ». Il le fit et trouva les poutres beaucoup trop longues. Peu s'en fallut qu'on ne fût obligé de les diminuer. Les ouvriers ne purent s'empêcher de voir là un miracle éclatant ; ils se jetérent aux pieds de celui qu'ils appelaient déjà un saint, et le remercièrent avec effusion. Yves se contenta de leur dire de vivre en bons chrétiens et continua sa route. C'est le fils même de l'entrepreneur, alors recteur de Mantallot, qui atteste ce prodige comme l'ayant entendu répéter souvent par son père. Ce pont a sans doute été fait et refait plusieurs fois depuis ; mais le souvenir de l'intervention divine à la prière de saint Yves y restera toujours attaché, qu'il soit en bois, en pierre ou en fer, comme maintenant, et nul ne le passera sans invoquer le bienheureux !

(France).

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