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LOCTUDY ET SON HISTOIRE

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Saint Tudy, éponyme de Loctudy est un des grands moines armoricains du VIème siècle. Son nom est, en effet, associé, dans la Vita Corentini, aux noms illustres de Corentin et de Guénolé. Fit-il un séjour dans l'île de Groix, dont il est le Patron ? Peut-être. Toujours est-il qu’après avoir passé à l'île Tudy, il fonda un monastère à l’endroit qu’occupe aujourd’hui le bourg de Loctudy [Note : Dans son travail sur la Topographie du culte de saint Gildas, M. Largillière signale d’autres établissements du culte de Saint Tudy : à Groix. Loctudy et Port-Tudy, à Palais (Belle-Ile), Loctudy à Pleuven (Finistère), chapelle Saint-Tudy à Riec (Finistère), Loctudy à Ploézal (Côtes-du-Nord, aujourd'hui Côtes-d'Armor), chapelle Saint-Thudy, à Plessala (Côtes-du-Nord, aujourd'hui Côtes-d'Armor), chapelle Saint-Udy. Il faut ajouter la fontaine Saint-Tudy au village de Trenaouer, en Beuzec-Cap-Sizun (Finistère), à 2 km. N.-E. du bourg. Le Saint y est invoqué contre les rhumatismes, A côté se trouve un joli lec'h. Dans le voisinage une crique s’appelle Pors-Tudy. En Cornwall, saint Tudy est le patron d’une grande paroisse rurale, à l'Est de Wadebridge, dans la région septentrionale du Comté].

Ce monastère devint par la suite très riche, puisque son territoire s’étendait jusqu’au pont de la ville actuelle de Pont-l'Abbé, point le plus rapproché par lequel on pût communiquer avec Quimper sans prendre la voie de mer. L’Abbé du monastère avait fait construire la chaussée de l’étang (d’où le nom de Pont-l'Abbé), ainsi que les moulins, qui lui étaient d’un bon rapport. Il percevait probablement, au surplus, un droit général de passage, mais assurément, un droit particulier sur les vins débarqués au port.

Dans la deuxième moitié du IXème siècle, l'abbaye de Saint-Tudy fut ruinée par les conquérants scandinaves. Il est à présumer que les gens du pays s’armèrent pour expulser les Normands, et ceux qui se distinguèrent dans cette lutte se crurent autorisés à administrer pour leur compte les biens du monastère, et à y rétablir le service religieux.

Du nombre des guerriers qui eurent la plus grande part dans l’expulsion des Normands étaient sans doute les seigneurs du Pont, car ils furent certainement les premiers à prendre la direction de cette sorte de restauration.

Vers la fin du XIème siècle, de 1080 à 1100, on constate à Loctudy l’existence de chapelains ou chanoines, groupés en collégiale, ayant à leur tête un Abbé. C’est d’abord Daniel abbas Tudi « qui assiste comme témoin à la donation faite par le duc Alain Fergent, de la terre Knech-Chuki ou du mont-Frugy à Quimper aux religieux de Sainte-Croix de Quimperlé » (D. Placide Le Duc, Histoire de l'abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé, pp. 121, 218, 289) ; puis un nommé Guegun abbatt Tudi, qui signe la donation par Alain Fergent à l’abbaye de Landévennec, d’un verger, d’un moulin et d’un droit de pêche à Châteaulin. Trois quarts de siècle après, dans un acte du duc Conan, de 1162, confirmant les donations d'Alain Cainart à l’abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé figure parmi les témoins au rang des laïques un certain Guinguen dictus abbas St. Tudi.

Ces abbés laïques (Daniel, Guegun) ne seraient, de l’avis de M. Le Men que les seigneurs du Pont, qui auraient coloré de ce titre leur qualité d’administrateurs des biens de l’abbaye, recouvrés par eux sur les Normands. Tel devait être également le chapelain Eudo qu’un acte du Cartulaire de Quimper de 1224 appelle Yves du Pont (Chanoine Peyron, Cartulaire de l'Eglise de Quimper, p. 74). Cet Eudo est témoin (de 1192 à 1202) d’un accord entre Guillaume, évêque de Quimper et la comtesse Constance (Chanoine Peyron, Cartulaire de l'Eglise de Quimper, p. 44).

Dès qu’il prit possession du siège de Saint Corentin, en 1219, avant même d’avoir reçu la consécration épiscopale, l'Evêque Rainaud voulut régler cette question de Loctudy, bénéfice réclamé d’une part par Saint-Gildas de Rhuis, et, de l’autre, se trouvant indûment entre mains laïques.

En 1220, les religieux de Rhuis députèrent leur abbé Hervé vers l'Evêque élu de Quimper, avec mandat spécial de traiter avec lui de l’église de Saint Tudy et de ses appartenances, promettant de ratifier ce qui aurait été décidé (Chanoine Peyron, Cartulaire de l'Eglise de Quimper, p. 64).

Et voici l’accord qui fut signé à Quimper, en avril 1220 :

« A tous les fidèles chrétiens qui liront ces lettres, Hervé, abbé et le couvent de Saint-Gildas de Rhuis, salut dans le Seigneur. Sachez que nous avons terminé comme il suit la longue discussion que nous avions avec l'Evêque élu de Quimper au sujet de l’église de Loctudy. L'Evêque, du consentement du Chapitre, nous accorde un canonicat à perpétuité dans l’église de Saint-Tudy ; M. Geoffroy en possède un second et M. Cadioc un troisième qu’ils garderont durant leur vie, et lorsqu’ils viendront à vaquer, l'Evêque et ses successeurs y pourvoiront, en sorte, que dans la dite église, il y aura dorénavant trois bénéfices ou prébendes canoniales ; nous renonçons pour notre part à toutes nos actions intentées contre l'Evêque, et nous mettons en lieu sûr les titres pouvant servir à le revendication des biens déjà aliénés. De plus, nous jurons obéissance et hommage pour l'église de Saint-Tudy à l'Evêque élu de Quimper et à ses successeurs. Donné à Kemper-Corentin, l’an de grâce 1220, au mois d’avril » (Cartulaire de l'église de Quimper, p. 65).

Nous voyons donc par cet acte, l’église de Loctudy régie, au début du XIIIème siècle, par trois chanoines ou chapelains dont l’un était à la nomination de l'Abbé de Rhuys, et les deux autres au choix de l'Evêque de Quimper.

Restait la question du temporel qui fut réglée à l’amiable, en 1223, entre l'Evêque Rainaud et Hervé, seigneur du Pont, en présence de Josse, archevêque de Tours :

« A tous ceux qui liront les présentes, Rainaud Evêque de Quimper et Hervé du Pont Salut dans le Seigneur ».

Hervé du Pont rappelle que déjà depuis longtemps, lui et sa mère ont résigné leur droit de patronage sur l’église de Saint-Tudy et les autres églises qui en dépendaient, qu’il a restitué à cette église l’impôt sur l’entrée du vin, l’étang des moulins, les terres et les vassaux, voisins de l’église de Saint Tudy (c’est-à-dire le bourg de Loctudy), et tous les autres biens que possédaient Yves du Pont et les autres chapelains qui desservaient l’église de Saint Tudy avant la renonciation de son droit de patronage par Hervé du Pont.

L'Evêque s’engageait de son côté à donner une compensation convenable à l’abbé de Rhuys pour qu’il renonçât à toutes ses prétentions sur l’église de Saint-Tudy ; que si l’abbé de Rhuys ne voulait pas admettre cette compensation, elle serait accordée au clerc qui se chargerait de défendre la cause de l'Evêque contre le dit abbé.

En retour les chanoines de Saint-Tudy avaient à reconnaître que leurs terres, vassaux et autres biens temporels, ils les devaient à la libéralité de Hervé du Pont et de ses prédécesseurs.

L'Evêque donnait quittance à Hervé du Pont et à ses vassaux des revenus ecclésiastiques touchés indûment par eux, depuis qu’ils s’étaient emparés des biens de Saint-Tudy.

Hervé du Pont jura sur les Saints Evangiles d’observer cet accord, lui et ses héritiers à jamais. Et l’archevêque de Tours approuva et confirma la transaction. Donné à Quimper le mardi après l'Epiphanie, l’an de grâce 1223 (Cartulaire de l'église de Quimper, p. 74).

Cet état de choses dura tout le XIVème siècle, mais aux trois chanoines était joint un vicaire pour l’administration de la paroisse. C’est ainsi qu’au Cartulaire de Quimper, en 1368, dans le rôle des bénéfices taxés au profit de la Cour de Rome, nous voyons figurer un vicaire de Saint-Tudy pour 25 livres. Les trois chanoines de Saint-Tudy paient également 25 !ivres (Longnon, Pouillés de la province de Tours). C’est la taxe moyenne des bonnes paroisses.

Le 24 juin 1264, Urbain IV charge l'Official de Paris d’obtenir de l'Evêque de Quimper, pour Messire Jacques, recteur de Ploehinec, un canonicat et une prébende dans l’église de Saint-Tudy (Peyron, Actes du Saint-Siège, p. 10).

Le 12 Janvier 1291, Nicolas IV accorde une indulgence d’un an et 40 jours à ceux qui visiteront l’église de Saint-Tudy (Peyron, Actes du Saint-Siège, p. 11).

En 1350, le seigneur du Pont donne aux chapelains 110 livres de rente sur terres à Lanvourch (Lambourg), treoultre nabat (Penmarc'h) et sainct ignoret de Coetmeur (Saint Honoré de Plonéour). Hervé du Pont exige, par le même acte, que les chapelains disent trois messes dont deux à note dans la chapelle de Saint-Tudy, et une autre sans note à l’hôpital fondé également par lui en l’honneur de Messieurs Saint Jean-Baptiste et Saint Jean l'Evangéliste.

« La messe de l'hôpital doit être dite de bon matin après le second nocturne de Matine ; sera excusé le chapelain qui dira la dite messe de non comparoir à matine. Voulons que chaque chapelain ait un clerc pour demeurer avec lui en son hôtel et pour lui aider à dire l’office, et que chacun des chapelains vienne vêtu de surplis ».

Cette fondation fut confirmée à Avignon où était présent Geoffroy, Evêque de Quimper, en 1372.

L'hôpital dont il est ici question était situé sur le bord de la mer, rive droite, vis-à-vis de Lambourg. Le pignon de la chapelle donnait sur la mer, et on y attachait les navires. Ce ne fut que vers 1745 que l'hôpital fut transféré à Christ en Lambourg, où se trouve en 1927 l’hospice civil, à droite de l’entrée du Pont.

Hervé du Pont fonda dans l’enceinte de son château une chapelle dédiée à Saint Tudy, et il y avait établi six chapelains, au logement desquels il avait également pourvu. L’un des chapelains, sous le titre de sacristain, était comme le doyen de la collégiale.

« Et étaient tous les jours (les chapelains) obligés de dire l’office canonial, et en y allant devaient avoir, leur surplis devant que de sortir de leur logis ; en cas d’absence du service, le secrétaire qui était le chef de ce collège les pouvait mulcter, de ce qui leur revenait de leurs distributions ce jour là, ou de l’heure où ils avaient été absens et se distribuait moitié aux pauvres, moitié aux chapelains présents, si au précédent, il ne s’était purgé par serment d’avoir été légitimement empêché » (Histoire des Carmes en Bretagne dans le Bulletin de la Société Archéologique d'Ille-et-Vilaine, 1892).

En 1385, une contestation s’éleva entre deux clercs de Quimper, Guy de la Tuile et Rioc Penisquin au sujet d’un canonicat en Saint-Tudy, vacant par le décès de Théobald Le Glas. M. Robert de Grignoneria, chanoine de Rouen, auditeur du palais apostolique fut chargé par Clément VII, le 27 mars 1385, de trancher la question et d’adjuger le bénéfice au plus méritant, si aucun d’eux ne peut présenter de titre certain (Peyron, Actes du Saint-Siège, p. 108).

En 1404 Alain de Penquélenec obtient la prébende de Jean Keraer. Sur sa résignation, au cours de la même année, Rodolphe Albi, autre Penquelenec, est nommé à sa place (Peyron, Actes du Saint-Siège, p. 144).

Le 22 avril 1447, Bertrand de Rosmadec, chanoine de Quimper, privé de sa prébende à Loctudy pour avoir adhéré au Concile de Bâle, est remis en posses­sion de son bénéfice (Peyron, Actes du Saint-Siège, p. 165).

Voici maintenant les origines du Couvent des Carmes à Pont-l'Abbé :

« Le 4 mai 1383, sous le règne du duc Jean IV, et l’épiscopat de Gatien, évêque de Cornouaille, Hervé, seigneur du Pont-Labbé, donna aux Carmes une maison et courtil et appartenances, à Keranguen, entre la mer et le marché aux blés, près du courtil du Kerlo. Par quoi les dits frères Carmes eurent à célébrer une messe quotidienne à l’heure de primes pour les âmes du dit Hervé et de sa compagne Perronelle de Rochefort, avec une recommandation solennelle à chaque dimanche.

Le lieu était une péninsule enceinte d’un trait de mer large de 1.000 pas ou plus, qui baignait les murailles du couvent en grande partie, et qui, dans les fortes marées, entrait jusque dans les jardins, et portait des vaisseaux de moyenne grandeur jusqu’au dessus du couvent, près les douves du château, où il y avait une grande chaussée avec des écluses pour retenir l’eau au reflux et faire moudre deux moulins à grain.

L’enclos et les terres adjacentes représentaient 6 ou 7 arpents. Entre le Levant et le Midi, bois de haute futaie sur une petite colline qui fournit des matériaux à bâtir. Au-dessous, les vergers, et, d’un côté et d’autre, les jardins.

Les religieux ayant inconsidérément construit une salle surmontée d’un dortoir joignant la place publique, en éprouvèrent des incommodités, principalement les jours de marché. Alors, par acte du 10 janvier 1538, Jean, baron du Pont-Labbé, leur céda une bande de 12 pieds de large sur cette place tout le long de leur logis. Ils y bâtirent une muraille.

L’église (terminée en 1411), était spacieuse, 125 pieds sur 43. Du côté de l'Evangile, la chapelle de Notre-Dame, égalant l’autel du choeur, était fort claire, avec deux pignons élaborés de très belle pierre de grain en forme de rose, et de même le vitrail du bas de l’église. L’oeuvre était construite avec de grosses pierres de taille, et appuyée de forts piliers surtout du côté de la mer, qui, sans cela, aurait pu y causer des ruines aux grandes marées.

Le couvent était situé en la paroisse de Loctudy, car il n’y avait d’église paroissiale, ni dans la ville, ni ès faubourgs » (Histoire des Carmes en Bretagne dans le Bulletin de la Société Archéologique d'Ille-et-Vilaine, 1892).

Les pièces principales du couvent au point de vue artistique étaient le cloître et l’église.

Le cloître, joyau du XVème siècle, offrait un charmant spécimen de l’architecture ogivale. Les travées étaient constituées par une série d’intersections de cintres, formant des ogives trilobées avec trèfles évidés à jour. Les colonnettes, formées de légers meneaux, s’achevaient en arcs pleins s’enchevêtrant les uns dans les autres.

Trois portes dans le cloître donnaient accès à l’église, dont l'une à arcade ronde, et une autre plus grande, ornée de belles ogives reposant sur des chapiteaux ouvrés. Deux autres portes menaient à l’église et au clocher. Enfin une porte ogivale permettait de passer du cloître à la grande place : elle était ornée de crossettes avec un support fait d’un ange tenant un écusson.

Vers 1880, à l’occasion de la création d’une école publique, les bâtiments claustraux furent vendus. Le cloître fut démonté, et les pierres en furent transportées à Plonéour-Lanvern dans la propriété de la famille Beaupré. En 1901, monseigneur Dubillard, Evêque de Quimper en fit l’acquisition, et sur la fin de la même année, le magnifique cloître des Carmes de Pont-l’Abbé était reconstruit à Quimper, au Grand Séminaire de la route du Calvaire, où on peut encore l’admirer en 1926.

L’église des Carmes est tout particulièrement remarquable par sa façade principale et par la belle rose de son abside. A la façade principale, donnant sur la place des Carmes, on a un grand portail encadré de six colonnettes de chaque côté, continuées par des cordons arrondis formant voussures. Au milieu, sont percées deux portes ogivales séparées par un trumeau auquel s’adossent des colonnettes servant de base à une niche qui a son dais à la naissance des arcades. La flore des chapiteaux au une physionomie à part et nous reporte au porche de Pont-Croix.

Ce portail est surmonté d’une fenêtre à six baies, avec rose rayonnante composant un réseau très délié de trèfles et de quatrefeuilles.

A l’intérieur, l’église se dessine sous la forme d’une immense nef de 10 mètres de largeur sur 45 mètres de longueur, partagée en huit travées par une rangée de hauts piliers à faisceaux de colonnettes, soutenant des arcades très élevées. Il n’y a qu’un seul collatéral au côté nord. Le mur sud de la nef est plein à sa base et percé au haut d’une série de fenêtres. Cette disposition a été adoptée, parce qu’à ce mur méridional s’adossait autrefois le cloître du monastère.

Dans le bas côté nord on peut voir le joli autel de la chapelle Sainte-Anne, possédant trois belles statues en pierre blanche de Sainte Anne, Sainte Barbe et Sainte Apolline. Cet autel fut édifié dans la chapelle Sainte-Anne, autrefois chapelle Sainte-Barbe, à la suite de la cessation de la peste dans la ville de Pont-l’Abbé, en 1633, et du grand pèlerinage votif des habitants de cette ville à Sainte-Anne-d’Auray.

Au haut de ce bas côté se trouvait l’autel à grand retable de Notre-Dame des Carmes, avec la vieille statue de la patronne de l’église.

Mais ce qui frappe surtout les yeux c’est l’immense fenêtre à huit baies du fond de la nef, mesurant 7 m. 70 de largeur, et sa magnifique rosace, percée de 85 ajours différents, offrant absolument le même tracé que la grande rose méridionale de Saint-Pol-de-Léon. Pour se faire une idée plus complète du tracé géométrique si savant et si harmonieux de cette dentelle de pierre, il faut aller l’admirer à l’extérieur, et l’on pourra également se rendre compte de l’aspect monumental de ce grand pignon de l’abside.

La chapelle dite de Saint-Laurent était autrefois en grande vénération à cause des miracles qui avaient lieu à la fontaine voisine, située plus bas, sur le bord de la mer. Cette chapelle ce trouvait désormais en fort mauvais état, et les Carmes commencèrent par la rectifier pour s’en servir tant que durerait la construction de leur église ; elle a existé jusqu’à la fin du XVIIIème siècle et a été transformée en porche au bas côté nord de l’église. Le bois avoisinant s’appelle encore « Bois Saint-Laurent ».

Les Recteurs de Loctudy laissèrent les religieux rebâtir la chapelle et s’y installer. Lorsqu’au bout de six ans, dans les premières années du XVème siècle, Hervé Leuchan s’avisa de faire opposition ou tout au moins de réclamer sa part dans les offrandes faites à saint Laurent, des arbitres furent choisis de part et d’autre, et le différend se termina par une transaction approuvée par Monseigneur Gatien de Monceaux, Evêque de Quimper (14 juin 1412). Il était spécifié que, pour reconnaître les droits de la paroisse, les religieux payeraient cinq sous monnaie au Recteur ainsi qu’à ses successeurs, et leur donneraient à dîner ainsi qu’au clerc qui l’accompagnerait.

Un peu au-dessous de la chapelle de Saint-Laurent, nous dit l'Histoire des Carmes précédemment citée, est un petit cimetière à l’usage des religieux et des personnes dévotes, joignant la muraille de l’ancienne chapelle de Sainte-Barbe, devenue de Sainte-Thérèse. Au-dessus de la chapelle « Tirant vers la mer est une fontaine qui se nomme encore aujourd’hui la fontaine de Saint-Laurent, où se faisaient plusieurs miracles qui causaient une affluence de peuple et spécialement se faisaient des cures de certains maux caduques, en signe de quoi se voit encore dans l'église déjà dite, en la chapelle, une cheminée, et les vivants nous ont asseuré y avoir veu des lits dressés pour les dits malades et y faire leur neufvaine ».

La fondation de l’église des Carmes entraîna par la force des choses la concentration du service religieux entre leurs mains. Loctudy était loin et l’influence des chapelains de Saint-Tudy au Pont-l’Abbé alla toujours s’affaiblissant. Aussi voyons-nous à la fin du XVIème siècle les revenus de la chapellenie de Saint-Tudy annexés au monastère des Pères Carmes. Voici comment la Notice du couvent rapporte cet événement : « La maison du Pont étant tombée, par la multitude des alliances qui ont été en cette maison, qui a changé plusieurs fois de nom, et quelque fois même de religion, les choses peu à peu estant descheues, les logements tout dégradés et finalement achevés de ruiner par les guerres qu’on appelait de la Sainte ligue ou Sainte union contre les hérétiques, le seigneur du Pont qui fut blessé à mort devant Ancenis, étant décédé, et la maison demeurée en minorité, le seigneur de Mercœur, gouverneur de Bretagne, fit assiéger et prendre le château environ l’an 1590, et le mit entre les mains des Espagnols qui achevèrent de tout ruiner hormis la grosse tour du château, et ainsi demeura l’église même (de Saint-Tudy) et tous les logis des chapelains abbatus jusqu’aux fondements, qui encore à présent paraissent fort peu, et ainsy ne se faisait plus aucun office ni se célébrait aucune messe, n’y avait aussi aucun chapelain pour percevoir les fruits qui n’étaient pas grands... Ce fut pourquoi durant la minorité d'Hélène de Beaumanoir, Sébastien de Rosmadec son tuteur baron de Molac présenta aux religieux du couvent des Carmes le revenu du collège des chapelains (de Saint-Tudy) et tous les droits qui en dépendent, le tout accepté par les dits religieux, à condition seulement de chanter deux grand'messes par semaine, l’une le dimanche de l’office de N.-D., et l’autre le mardi de l’office du Saint-Esprit ».

Le tout ratifié le 10 septembre 1622, par la dite dame Hélène de Beaumanoir, et son mari Charles de Cossé, marquis d'Assigné.

Un mémoire de 1683, cité pat M. du Chatellier dans sa notice la Baronnie du Pont nous apprend que ce furent vers le milieu du XVIème siècle, les barons du Pont devenus huguenots qui chassèrent les chapelains de Saint-Tudy et que de ce moment « les Recteurs de Plobannalec et de Loctudy, retirant à eux les paroissiens (de la ville de Pont-l’Abbé) qui étaient privés de leurs pasteurs, et leur faisant l’obligation d’aller à Pasques dans leurs paroisses » créèrent l’état de chose qui conduisit au partage de la ville du Pont, côté midi de la rivière, entre les deux paroisses de Loctudy et de Plobannalec, le faubourg du nord restant dépendant de la paroisse de Combrit, « de sorte, ajoute le mémoire, qu’avant cette annexion aux deux paroisses précitées, les baptêmes se faisaient à l’église tréviale de Lambourg, les noces et les fiançailles dans les chapelles de la ville, et, les enterrements aux Carmes qui prenaient 4 livres 16 sols pour chaque levée de corps ».

« Cet état de chose suscita des difficultés répétées avec les Recteurs de Loctudy et de Plobannalec qui avaient les registres et continuaient à prétendre régir les habitants comme leurs propres paroissiens et à les faire contribuer aux réparations et réédifications de leurs presbytères. L’acquittement des droits curiaux pour inhumations et mariages donna lieu aussi à plusieurs procès que les habitants et la communauté de ville soutinrent en revendiquant le droit de se faire inhumer dans l’église et le cimetière des Carmes ».

A la fin du XVIIIème siècle, Monseigneur Farcy de Cuillé avait songé à trancher la difficulté d’une manière radicale en sollicitant la suppression du couvent des Carmes bien déchu de son antique prospérité, pour établir une paroisse dans la ville de Pont-l’Abbé, mais « les troubles survenus dans les Etats portèrent Monseigneur à attendre » écrit en 1774 M. Le Guillou, recteur d'Elliant à Mgr. de Saint-Luc. Ce dernier ne crut pas la démarche opportune, et les choses restèrent en l’état jusqu’au cataclysme de 1789.

(Archives du diocèse de Quimper et de Léon).

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