Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LES CHAPITEAUX DE L'EGLISE DE LOCTUDY

  Retour page d'accueil       Retour Ville de Loctudy   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

L'église de Loctudy fut construite, croyons-nous, dans la première partie du XIIème siècle.

Les murs sont flanqués extérieurement de contre-forts droits. Les fenêtres anciennes sont étroites, à plein cintre et sans ornements. L'abside est ronde avec trois petites chapelles absidales également rondes, moins élevées. Cette abside est recouverte en pierres plates, sur lesquelles on a placé plus tard. un toit en ardoises.

Intérieurement, l'église est partagée en trois nefs. Chaque pilier séparant la nef principale des collatéraux se compose d'un massif carré, sur chaque face duquel est engagée une colonne élégante. Ces colonnes soutiennent, les unes les doubles archivoltes en fer à cheval des arcades des travées, les autres les arcs doubleaux de la voûte romaine. Au-dessus de chaque arcade, une petite fenêtre étroite, cintrée, sans ornements.

Le chœur, entouré par le prolongement des collatéraux, est formé d'abord par une première travée semblable à celles de la nef, et se termine en un demi-cercle tracé par quatre colonnes isolées et monumentales assez rapprochées. Elles sont surmontées de lourds chapiteaux et soutiennent cinq arcades fort étroites à double archivolte comme celles de la nef, mais extrêmement allongées en fer à cheval. Au-dessus de chaque arcade s'ouvre une petite fenêtre à deux voussures ajourant une galerie pratiquée dans la muraille et formant une sorte de triforium. Dans les chapelles absidales, on retrouve encore d'autres colonnes fort intéressantes.

Les chapiteaux de l'église de Loctudy

Les chapiteaux et les bases de toutes ces colonnes sont fort ornés et tous différents les uns des autres. Etudions d'abord les quatre principales colonnes qui font le tour du choeur et dont les chapiteaux sont très monumentaux.

Le premier, en partant du nord, nous présente un tailloir dont la partie inférieure est couverte par un damier. A chaque coin, la volute classique très amincie en forme de cordon enroulé. Au milieu, la même volute se répétant au-dessous en forme d'X ; le bas du chapiteau entouré d'une couronne de feuilles de palmier ou d'acanthe.

Le second plus remarquable. Tailloir sans ornements. Au-dessous, sur chaque face, quatre volutes, les unes soutenant les angles, les autres le milieu du tailloir. Chaque groupe de deux est réuni sur une même tige sortant d'une sorte de fleur. Au milieu, une croix dont les deux bras horizontaux sont ceux d'une croix pattée ordinaire, mais dont le bras supérieur est allongé et lancéolé comme le haut d'une fleur de lys avec une côte très nettement indiquée. Le pied de cette croix, très mince et très long, sort de la pointe d'un cœur placé la tête en bas. Au-dessous de chaque volute d'angle, un personnage en pied, les bras pendants et vêtu d'une tunique, semble la soutenir. Le bas du chapiteau est orné d'une mince couronne de feuilles de palmier.

Le troisième chapiteau nous présente un tailloir orné, dans sa partie inférieure, d'un entrelac très fin. Au-dessous les quatre volutes, comme dans le chapiteau précédent, sortant par deux d'une fleur ici assez grossière. Des têtes au-dessous des volutes des angles. Entre les fleurs d'où partent les volutes, au milieu du chapiteau, un animal couché de formes assez héraldiques dont la tête est un peu fruste, un boeuf ou un lion. Au-dessous, une rangée de petites volutes émergeant d'une couronne de feuilles de palmier.

Le quatrième chapiteau a un tailloir assez orné dans sa partie inférieure. Chacune des faces présente six rosettes. Au premier coup d'oeil, on est tenté de les prendre pour des croix pattées, mais nous nous sommes assurés par une inspection plus approfondie, qu'entre chacun des bras de la soi-disant croix pattée, il y avait un autre bras ou feuille qui porte le nombre de ces rayons à huit. Au-dessous du tailloir, quatre volutes importantes, une à chaque angle, dont les tiges partent vers le milieu de la face d'un demi-cercle formé par une cordelière surmontant et inscrivant une large feuille de palmier.

Ces quatre chapiteaux présentent la même ornementation sur chacune de leurs faces.

Les bases de ces colonnes sont assez simples. Elles se composent d'un simple tore avec quatre griffes.

Les chapiteaux des colonnes engagées dans les pieds droits des piliers sont moins considérables, comme les colonnes qu'ils surmontent, mais beaucoup d'entre eux sont fort intéressants. Ils sont tous variés ainsi que les soubassements chargés d'ornements et aussi soignés que les chapiteaux eux-mêmes.

Le tailloir est pour tous très simple et sans ornement. Ici encore pas d'uniformité. Il y en a de plus ou moins larges. A tous, sauf un seul dont nous parlerons d'une façon spéciale à la fin, il y a deux volutes plus ou moins fortes, plus ou moins enroulées.

Voici ceux que nous avons cru les plus dignes d'intérêt.

Le N° 1 nous montre des écailles au-dessus desquelles, entre les volutes, se trouve incliné vers la gauche une sorte d'X formé par un cordon enroulé comme les volutes. Au-dessus des deux enroulements supérieurs, un autre petit enroulement.

N° 2. Une croix pattée portant un Christ. A droite et à gauche, sous les volutes, des feuilles de palmier.

N° 3. Les deux volutes sont montées sur une tige qui sort au milieu de la face d'un noeud élégant surmontant une petite quatre-feuille. Sous les volutes, aux angles, sortes de grandes feuilles triangulaires.

N° 4. Au-dessous du tailloir, entre les deux volutes, un élégant petit quatre-feuilles. Le reste du chapiteau est recouvert de petits losanges ou pointes de diamant.

N° 5. Au-dessous des volutes, tiges droites qui semblent les soutenir. Entre les volutes et au-dessous d'elles, deux autres tiges ont dû soutenir un motif qui n'existe plus, mais dont la partie supérieure forme encore un angle sous le tailloir.

N° 6. Une quatre-feuille très nettement dessinée et sculptée, surmontée de deux feuilles lancéolées entre les volutes.

N° 7, Une croix fort large, pattée seulement dans sa partie supérieure, portant un Christ vêtu d'un petit jupon descendant jusqu'aux genoux. Les tiges des volutes sortent derrière les bras horizontaux de la croix, à droite et à gauche du pied de celle-ci petites feuilles de palmier.

N° 8. Ce chapiteau est entièrement différent des autres. C'est le seul qui ne présente pas de volutes. Les deux côtés sont occupés par deux petits personnages soutenant avec leurs bras et leurs têtes un tailloir très mince en forme de tablette. Les têtes sont grosses et grossièrement sculptées. Ils ont, comme vêtement, une tunique s'arrêtant à mi-jambe. Entre les deux, il y avait un motif qu'on ne peut plus distinguer. Fréminville a vu là un chevalier du Temple et un chapelain du même ordre, et entre eux un autel sur lequel était placée une image. Pour lui, ce chapiteau et les croix pattées que nous avons relevées ailleurs, constituent la preuve que les Templiers ont possédé Loctudy et construit l'église que nous voyons.

Cette opinion avait été généralement adoptée jusqu'à ce jour. En quelques mots nous allons exposer les raisons qui nous autorisent à penser que Fréminville s'est trompé.

Saint Tudy, disciple de saint Corentin, avait réuni en ce lieu un certain nombre de moines, et une véritable abbaye y existait avant l'invasion des Normands. Lorsque ceux-ci furent définitivement chassés, un Tiern, revenant de la Grande-Bretagne, s'empara des biens de l'ancienne abbaye demeurés sans possesseurs depuis sa destruction. Vers l'an 1000, époque de grande ferveur, ce seigneur ou l'un de ses successeurs, pris de remords, releva de ses ruines l'église du saint vénéré dans la contrée et y fonda trois prébendes auxquelles il se réserva de nommer les titulaires. Cet état de choses dura jusqu'en 1220.

A cette époque, Hervé du Pont, descendant du fondateur, qui jouissait encore des anciens biens de saint Tudy, les restitua à l'église de Quimper. Par un acte en date du lendemain de l'Epiphanie, 1220, que nous trouvons au cartulaire de saint Corentin, Hervé du Pont déclare que sa mère et lui ont fait abandon de tous les droits qu'ils exerçaient sur l'église de saint Tudy et sur les églises qui en dépendaient, sur leurs possessions, les terres et les hommes et généralement toutes les choses que possédait Yves du Pont avant lui. L'évêque de Cornouaille, Raynaud, fait à son tour cette déclaration significative « J'ai libéré complètement Hervé du Pont et ses hommes des fruits des Eglises perçus depuis le temps de la spoliation ».

Ainsi, après la destruction de l'abbaye et depuis le retour des Bretons en Armorique, les prédécesseurs d'Hervé du Pont ont toujours possédé les biens de saint Tudy. Les nominations des chapelains de la collégiale, qu'ils avaient fondée, étaient faites par eux. A partir de 1220, l'évêque de Quimper reprend la possession de cette église et de ses biens. Il la conserve jusqu'à nos jours. Il n'y a point de place pour les Templiers dont au reste aucun document n'indique la présence dans cette région.

L'étude des bases des colonnes n'est pas moins intéressante et, quoiqu'il y en ait beaucoup de mutilées, il en est encore de fort curieuses et très bien conservées. Nous n'en citerons que quatre qui nous ont paru les plus dignes d'attention.

Dans la première nous voyons un animal passant. Le corps est levreté, la tête un peu forte. Elle est levée comme si l'animal voulait manger les feuilles d'un arbre dont le tronc se dresse derrière lui et se courbe au-dessus de sa tête. Un petit personnage dont la moitié du corps seulement sort du sol, lève le bras pour atteindre le nez de l'animal et l'empêcher sans doute de manger. Sur les coins de la base des croix pattées.

Le deuxième est orné de petits personnages debout sur les angles. Le centre est occupé par une sorte d'encadrement à plein cintre inscrivant un petit trilobe.

Le troisième nous présente deux petits personnages, un homme et une femme, nus et accroupis.

Le quatrième est orné d'un quadrilobe enfermant deux mailles de chaîne fort allongées et posées en croix d'un effet très décoratif.

Les grands chapiteaux de Loctudy sont probablement les plus beaux que le style roman ait produits dans notre région. Aucun de ceux qui subsistent dans nos rares églises romanes ne leur est supérieur. Il y aurait une étude très intéressante à faire sur la genèse et la filiation de ces sculptures et des comparaisons à établir entre ces diverses églises, notamment celles de Sainte-Croix de Quimperlé, de Landevennec et quelques débris d'anciens édifices, comme Perguet ; nous n'avons pas osé nous lancer pour aujourd'hui dans cette voie, ne connaissant qu'imparfaitement certains de ces monuments. Mais nous croyons dès aujourd'hui pouvoir affirmer que le roman en Cornouaille avait produit des œuvres qui ne le cédaient en rien à celles que d'autres provinces ont conservées, et que particulièrement ces quatre chapiteaux de Loctudy présentent de nombreux traits de parenté avec les plus beaux de l'Auvergne et du Poitou (E. Ducrest de Villeneuve).

 © Copyright - Tous droits réservés.