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CAHIER DE DOLÉANCES DE LOCAMAND EN 1789

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LOCAMAND
Paroisse supprimée, aujourd'hui en La Forêt-Fouesnant.

Note : Locamand était un prieuré dépendant anciennement de l’abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé. Il avait pour annexe un autre petit prieuré : Saint Laurent (Ergué-Armel). En 1681, les deux prieurés furent réunis au collège de Quimper. Le ressort particulier de Saint-Laurent était dans la sénéchaussée de Quimper. La paroisse de Locamand est aujourd’hul, tout entière, dans la commune de La Forêt-Fouesnant et Locamand n’est plus qu’un simple hameau.

Subdélégation de Concarneau. — district de Quimper, arrondissement de Quimper, canton de Fouesnant.
POPULATION. — 60 feux (Procès-verbal ; 750 habitants (OGÉE).
CAPITATION. — 85 cotes (3 l. et au-dessous : 37 ; au-dessus : 48). Total : 416 l. 1. s. 4 d. (capitation, 284 l., 21 deniers p. l. 24 l. ; milice, 37 l. ; casernement, 69 l.)
VINGTIÈMES. — 541 l. 8 s.
FOUAGES. — 9 feux 1/48. Total : 325 l. dont 196 l. 9 s. 4 d. pour f. ext.
CORVÉE. — Route Concarneau-Quimper, 910 toises. Dist. 2 km. 5. Cap. 273 l. Syndic : Pierre Tudal. — Territoire fertile en grains de toutes sortes (OGÉE).
JURIDICTION DU PRIEURÉ DE LOCAMAND
RECTEUR. — Vidal, 650 à 700 l. Décimes : R. 16 l. F. 38 l. — Dîmes au collège de Quimper.
PROCÈS-VERBAL. — Assemblée électorale, le 5 avril, sous la présidence de Vidal, recteur de la paroisse. — Comparants : Pierre Le Tudal de Kerancalvez, Jean Le Guiban, de Lanfili, Louis Le Gac du même village ; Laurent Le Vincour de Kergaban, Louis Bourbigo de Rosbraz, Yves Michelet de Rosbian, Mathieu Ansquer de Keruon, Guillaume Le Corre de Poulmenguy, Mathieu Le Corre de Moguéric, Christophe Ballenoix de Lanphili, Jean Le Gall de Lanphili, Hervé Philippe de Kerampage, René Cujas du Stivel, Guillaume Le Marc, fermier du Prieuré ; François Piriou de Stang-ar-Guyadic, Claude Le Bacon de Penarpont, Laurent. Le Goff de Poulmenguy, Alain Rannou de Galeron, Pierre Caradec de Kerangloédie, Alain Guillou de Kertanniou, Sylvestre Le Floch de Kerphilipot, tous délibérants ou ménagers de La paroisse. — Députés : Pierre Tudal (voir la note qui suit) et Laurent Le Goff.

Note : Tudal (Pierre), cultivateur, syndic des chemins en 1789, maire de Locamand en 1790, fut électeur du canton de Concarneau aux assemblées du département et du district de Quimper en 1791.

[Cahier de doléances de la paroisse de Locamand].

Extrait d'une délibération du général et corps politique des habitants de la paroisse de Locamand, au diocèse de Quimper, assemblés par ordre du roi... Lesquels habitants, de concert avec le recteur de la paroisse :

1° — Se plaignent, qu'eu égard à leur pauvreté, étant presque tous sous le prieuré, à domaine congéable et grevés par une dîme ecclésiastique à la 10ème gerbe, une autre dîme féodale à la 20ème qu'on paie au prieuré depuis la séparation du prieuré de la cure, la dîme rectorale à la 30ème, se trouvent privés de la majeure partie de leurs récoltes et demandent à être soulagés par l'attribution de quelque abbaye du diocèse au collège de Quimper et par l'augmentation de la portion congrue (2) sur les revenus du dit prieuré.

Note : La portion congrue des vicaires est fixée à 250 l. depuis 1778 ; celle des recteurs est de 500 l. En bien des paroisses, la situation des prêtres privés de la dîme paraît assez misérable. En 1766, le maire de Concarneau constate la situation humiliante des prêtres de cette ville : « La situation des sieurs Vidal, Bolloré et Morvan, trois prêtres de Concarneau, est très disgracieuse, parce qu’ils ne peuvent vivre de l’autel. ». Le revenu de chacun d’eux ne dépasse pas 205 l. « La communauté demande vainement pour eux au Parlement l’autorisation de rétablir les quêtes » (A. DUPUY, op. cit., p. 119). — L’édit de 1786 portait la portion congrue des recteurs à 700 l. et celle des vicaires à 350 l., mais cet édit n’était pas encore appliqué en Bretagne, le Parlement de cette province ayant sursis de l’enregistrer.

2° — Il serait encore à désirer qu'on ôtât aux paroissiens la corvée des grands chemins ou que les seigneurs y contribuassent, à proportion de leurs revenus, ainsi qu'aux impôts.

3° — Les paroissiens demandent que la maison presbytérale soit, à jamais, exemple de rachat, centième denier, franc-fief, le presbytère étant fondé, comme le prieuré, à titre de prières et d’aumônes, et qu’il soit défendu désormais aux receveurs des domaines de Sa Majesté de les exiger sur la dite cure.

4° — Il est de toute injustice qu'un recteur, au diocèse de Quimper, paie aux chanoines de la cathédrale les annates, la première année, et soit obligé de paître les brebis et de conduire le troupeau sans pouvoir se couvrir de leur laine et se nourrir du lait du troupeau.

5° — Les paroissiens demandent à être exempts de la suite de moulin et liberté de moudre où ils voudront, en payant quelque chose de modéré, par tête.

6° — Ils demandent encore qu'il n'y ait, pour les redevances qu'ils paient, qu'une seule mesure dons le royaume, celle de Sa Majesté.

7° — Ils demandent que les baux à ferme des seigneurs soient supprimés et les gants et qu'on n'exige précisément que le prix des fermes.

8° — Ils finissent par réclamer de la bienfaisance de Sa Majesté, les mêmes grâces, faveurs, immunités et bienfaits qu'elle accordera aux sujets de son royaume.

Et ont tous déclaré ne savoir signer, exceptés les sous-signants.

Pierre Tudal, Vidal [Note : Le recteur Vidal prêta le serment en 1790], recteur de Locamand, chargé de rédiger la dite délibération.

(H. E. Sée).

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