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L'HÔPITAL DE SAINT-MAUDEZ A LESNEVEN

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Deuxième période : de 1680 au XIXème siècle.

Le 26 Juillet 1679, aurait eu lieu, à l’assemblée du corps politique, une délibération touchant les affaires de l'hôpital. Mais les cahiers de la communauté présentent une lacune portant sur toute la période 1660-1680. La partie précédente de ces archives municipales a également failli s’égarer. C’est ainsi que, dans leur séance du 13 Février 1689, les habitants disent ne rien posséder antérieurement à 1680. Fort heureusement, Jacques Miorcec de Kerdanet a pu retrouver, en 1739, au manoir de l'Isle en Gall, près de Plouescat, dans les papiers de MM. du Chastel, la copie des délibérations de 1652 à 1660, moins toutefois les 31 premières pages, perdues, semble-t-il, définitivement [Note : Ces renseignements se trouvent portés sur la 1ère feuille du cahier des délibérations, mairie de Lesneven. — Mais nous devons ajouter que c’est en vain que nous avons nous-même cherché le procès-verbal de la séance du 13 Février 1689].

Néanmoins, une délibération postérieure, du lundi 10 Mars 1681, nous renseigne sur celle du 26 Juillet 1679. On y remontre, en effet, que « l’établissement de l’hôpital général de cette ville s’est fait depuis deux ans et demi environ, que le bâtiment où sont les pauvres est sans autre fermeture que celle de simples portes, qu’il est très petit, sans cour ni jardin, ni autre ceinture de muraille ; que cette ville étant très petite et habitée par peu de personnes aisées, ce n’est pas sans beaucoup de difficultés qu’on y a fait, jusqu’à présent subsister les dits pauvres, n’y ayant pour tout revenu certain que 180 livres de rente, chargé tant de la réparation de la maison que de l’entretien d’un père et chapelain, gouvernant quantes serviteurs, le surplus du fond du dit hôpital ne consistant qu’en quêtes qui diminuent de jour en jour par la pauvreté des habitants, et qu’ainsi ils estiment qu’il serait utile d’obtenir des lettres patentes pour affermir l’établissement dudit hôpital, à moins qu’il ne plaise à Monseigneur le Duc de Chaulnes s’employer auprès de Sa Majesté pour en obtenir 500 à 800 livres sur les deniers communs et le droit de papegaut ».

18 Août 1682. — Depuis trois semaines, on a discontinué de fournir du pain aux pauvres.

C’est que, remontre Gabriel Steven, sieur de Creachsalaun, trésorier de l’hôpital, le fond des quêtes ne suffit pas à moitié, et lui-même ne saurait être obligé à continuer les avances qu’il a faites jusqu’ici.

Les habitants le prient de conserver sa charge de trésorier, mais on remplace sept des anciens directeurs, et les nouveaux dont fait partie, Miss. François Le Reffloch, prêtre, chanoine, seront visiteurs, auront chacun un jour pour leur visite, se choisiront un secrétaire, un distributeur de la passade (?), un directeur pour les pauvres honteux et autres officiers accoutumés.

Qu’on fasse, de plus, un état de ce que les habitants consenti ont à fournir chaque semaine, et à cet effet, que M. le Recteur aille avec le Syndic visiter les maisons.

Lundi 31 Août 1682. — Chaque Syndic sera tenu de présenter son compte aux Etats, ainsi que les diligences qu’il aura faites contre les précédents syndics, à peine de 150 livres d’amende au profit de l’hôpital.

Défense leur est faite de prendre part à l’adjudication des baux des deniers d’octroi, à peine de 1.000 livres au profit de l’hôpital.

19 Juin 1685. — Gabriel Steven, trésorier et gouverneur de l’hôpital, n’en fait plus les fonctions, et le sieur Louis Grall, prêtre et directeur spirituel, qui en a eu quelque temps le soin, ne veut plus se mêler de toucher et distribuer les deniers des recettes.

5 Décembre 1687. — Les Etats, réunis à Saint-Brieuc, ont accordé 127 livres à l’hôpital.

14 Octobre 1689. — Le syndic Sébastien Crouézé de Kerguyomar, député aux Etats à Rennes, est chargé d’y remontrer au maréchal d'Estrées l’indigence et le peu de revenu de l’hôpital, qui n’a environ que 100 livres de rentes léguées par quelques particuliers, et qu’ainsi on ne peut y entretenir les soldats malades.

Qu’il plaise donc au maréchal d’ordonner de prendre, tous les ans, une somme sur les deniers communs pour ledit hôpital.

26 Janvier 1690. — On remontre que l’hôpital ne consiste que dans un petit corps de logis, savoir : une petite cuisine, une chambre au-dessus, lesquelles sont toujours pleines des pauvres de la ville, de l’un et l’autre sexe, l’hôpital n’ayant pour revenu que 180 livres, desquelles il convient payer les gages du chapelain et de la gouvernante, le parsus ne subsistant que par les charités des personnes pieuses, de sorte qu’on est souvent obligé de mettre dehors une partie des pauvres pour mendier, et qu’ainsi ledit hôpital n’est pas en état de recevoir les soldats malades [Note : Quatre compagnies du 1er bataillon du régiment de Mérode venaient d’arriver à Lesneven] lesquels devraient être transportés à l’hôpital général de Brest, ou qu’il soit donné un fond pour bâtir une maison particulière tant pour le logement des dits soldats, fourniture de lits et de draps, qu’autres choses requises pour leur entretien.

Dimanche 31 Décembre 1690. — Il est question, dans la délibération des habitants, du mauvais état du pavé qui va de la Croix-Houarn à la rue du Mur conduisant à l’hôpital et par où passe la procession du Sacre.

Jeudi 9 Novembre 1691. — Demoiselle Anne-Marie Colas, femme de René Le Garrec, sieur de Lézongar, trésorier de l’hôpital [Note : René Le Garrec, sieur de Lézongar. Né en 1655. Procureur, Commis du bureau des saisies. Demeurait rue du Segalen. Nommé administrateur de l’hôpital, le 13 Février 1690. Elu syndic par 12 voix, le 6 Janvier 1692. Député aux Etats à Vannes, du 1er au 23 Octobre 1693. Se fait relever de ses fonctions de syndic, en Avril 1696. Capitaine de la milice bourgeoise, en 1702] dit avoir, en l’absence de son mari, reçu une lettre de M. de Boridal, commissaire du Roi pour les fortifications et les troupes de la province, invitant l’hôpital à recevoir les soldats malades venant d'Irlande [Note : Le roi Jacques II d'Angleterre s’était embarqué à Brest, le lundi 7 Mars 1689, pour l'Irlande. Il devait revenir après sa malheureuse expédition, le 19 Juillet 1690 et à la fin de l’année suivante, 19.000 environ de ses partisans débarquèrent dans ce même port (Cf. Levot, Histoire de Brest, et Bourde de la Rogerie, Inventaire des Archives Départementales du Finistère, t. III, p. LXII)].

L’hôpital, remontre la dite dame, n’a que 150 livres de revenu [Note : Décidément, le chiffre en est bien variable !] ; il n’y a presque point de logement que la cuisine, et au-dessus une chambre de 20 pieds de long sur 14 ou 15 de large, et un petit retranchement pour la séparation des hommes et des femmes, et seulement 5 ou 6 couchettes, actuellement occupées, sans draps ni couvertures ; l’hôpital ne fonctionne que par les aumônes et charités, lesquelles ont bien diminué depuis deux ans, des habitants.

Ceux-ci, délibérant, sont d’avis qu’on remontre au sieur de Boridal la petitesse de la ville, et que la meilleure partie d’icelle consiste en laboureurs, journaliers et gens de métiers qui n’ont pour vivre que leurs salaires quotidiens, que le surplus des habitants, aussi bien que les précédents, sont actuellement chargés de gens de guerre, que le parsus des bourgeois se prétendent exempts du logement des dites troupes, et qu’enfin la ville, n’ayant aucun commerce, n’est pas en état de soutenir, si ce n’est avec peine, les dits gens de guerre qui s’y trouvent actuellement. Quant à l’hôpital, son revenu suffit à peine aux réparations, paiement du chapelain et d’une servante, que l’étendue des logements n’est que pour environ 12 pauvres, dont il y a 8 actuellement, sans autres lits que de mauvaises couchettes de bois, garnies pour toute garniture, de paille et de méchantes bernes. Signé : GRALL, chapelain.

A leur tour, le syndic et le trésorier vont certifier que l’hôpital ne consiste qu’en une petite chapelle, une petite maison ayant cuisine et chambre au dessus où il y a 6 couchettes et 3 petits charlits, et où avec peine, on pourrait mettre en tout 16 lits, qu’on a fait, au bas de la chapelle, pour le logement des hommes, une anti-chambre où on pourrait mettre 10 lits ; que dans la chapelle on pourrait placer 12 couchettes, tous lesquels lits ne pourront raisonnablement contenir que 45 personnes.

Mercredi 26 Novembre 1691. — Le syndic dit avoir été à Brest, avec le sieur de Lézongar, trésorier de l’hôpital, exposer la délibération précédente à M. de Boridal, qui n’a voulu rien entendre, et qui a ordonné de pourvoir au logement de 60 malades, sauf à en diminuer le nombre, suivant la quantité des troupes irlandaises qui débarqueront, et que, pour sa part, il ferait rendre de Brest, 13 lits garnis. Le syndic fait demander aux sieurs Yves Le Normand, sieur de Penlan, et Antoine Boisangé, chirurgien de 1ère classe de la marine, du département de Brest, seuls chirurgiens et apothicaires de cette ville, s’ils veulent se charger des soldats irlandais malades.

En l’endroit s’est présenté, maître Yves Le Normand, chirurgien juré, lieutenant du sieur premier chirurgien du Roi, et commis au rapport, lequel a déclaré que, puisqu’il s’agit du service du Roi, vouloir bien se charger de soigner les dits soldats malades et leur fournir tous les remèdes tant externes qu’internes, moyennant en être payé ; d’autant plus que, servant les pauvres malades de l’hôpital et de la prison, gratuitement depuis 12 ans, cela doit lui faire maintenant donner la préférence.

Maître Antoine Boisangé, maître apothicaire et maître chirurgien, offre aussi de fournir les remèdes de l’une et l’autre profession, pour le service de Sa Majesté, moyennant qu’on lui fournisse des aides suffisantes [Note : A la date du 5 Juin 1708, on lit, dans le Registre des Récollets : « Mort de vénérable Père Corentin Fourdilis, de Brest, âgé de 70 ans. Bon religieux, près de sa conscience. Surpris le samedi soir d’apoplexie et titargie, qui dura 5 jours, nonobstant tout le soulagement que put lui donner maitre Boisanger, notre apothicaire »].

Les habitants décident qu’une commission ira dans toutes les maisons savoir les aides qu’on pourra fournir à l’hôpital, et que les deux médecins travailleront concurremment pour la circonstance.

7 Décembre 1691. — On recevra, à l’hôpital, les malades du détachement de 400 dragons d'Irlande logés en cette ville.

3 Février 1692. — Le syndic (René Le Garrec, sieur de Lézongar), reçoit ordre, de M. de Boridal, d’exiger des personnes exemptes du logement des gens de guerre et des communautés religieuses, des paillasses et des couvertures pour l’hôpital, où se trouvent 63 malades, des troupes irlandaises et des compagnies de marine.

11 Juillet 1692 et 9 Mars 1693. — Ordre de M. de Béchanel, intendant, enjoignant de recevoir 4 soldats irlandais, à l’hôpital.

30 Mars 1694. René Calvez, sieur de Kerambartz, trésorier de l’hôpital général [Note : Conseiller du Roi. Un des procureurs les plus habiles du siège. S’entendant presque aussi bien en architecture qu’en pratique. Fit bâtir, rue Notre-Dame, une maison à deux étages dont on admire encore l’escalier intérieur, tout en belles pierres de taille, et soutenu par des piliers très hardis (Kerdanet, Histoire de Lesneven). — Notaire apostolique et juré crieur, cette charge ayant été annexée à l’hôpital par édit du 4 mai 1693 ; élu maire en 1698 et 1719. Député aux Etats de Bretagne, en 1699, 1701, 1703 en 1707 (à Dinan où il reçut un des 500 exemplaires de l'Histoire de Bretagne de D. Lobineau distribués aux membres de l’assemblée ; en 1709 et en 1720, à Ancenis. Mort en 1742, à l’âge de 81 ans], depuis le dimanche 28 Septembre 1692, remontre aux habitants qu’il a déjà avancé 700 livres de ses propres deniers pour la subsistance des pauvres.

27 Juillet 1698. Le Syndic demande qu’un des agrégés de l’hôpital fasse les fonctions de chasse-gueux, pour empêcher la grande quantité de pauvres qui hantent journellement en demandant l’aumône.

Samedi 17 Avril 1702. — Les habitants disent que la Communauté a déjà versé 600 livres à l’hôpital, en raison de la réunion à cet établissement de l’office de juré-crieur.

29 Décembre 1703. — Le pont des douves, à la sortie du Château, et qui conduit à l’hôpital, est en très mauvais état.

9 Décembre 1704. Le maire, René Calvez, sieur de Kérambartz, dit que, depuis 12 ans, il a avancé, pour nourrir les pauvres, 3.410 liv. 5 s. 7 d., de ses propres deniers. Il demande à être remboursé et remplacé comme trésorier de l’hôpital. Il faudra à son successeur, pour faire vivre les pauvres, un secours de 600 à 700 livres par an, l’hôpital n’ayant pas 400 livres de rente.

Il propose qu’on lève 700 livres par an sur les habitants.

Puis, afin que les pauvres des paroisses voisines cessent de venir en grand nombre et dans les églises troubler le service divin, il serait à propos de prendre deux des hommes de l’hôpital, qui seront revêtus comme les autres chasse-gueux, et à qui il sera fourni une pique ou hallebarde.

Les habitants, voyant sa résolution bien arrêtée de se retirer, décident que, pour avoir des fonds jusqu’au 1er Janvier, il sera fait une quête par les sieurs de Menhoignon, de Lézongar et Bordier.

16 Février 1710. — Le maire, René Calvez, sieur de Kerambartz, remontre qu’en 1704, il accepta de rester en charge comme trésorier et directeur de l’hôpital, parce qu’on lui promettait que des quêtes seraient faites chaque mois. Il y a de cela cinq ans et demi. Or, on a fait en tout deux quêtes ! Comme il est dans des avances très considérables, il demande à être relevé de sa charge et propose qu’on nomme deux gouverneurs, comme autrefois.

Les habitants, acquiesçant, nomment pour trésorier général le sieur Bangy, et pour aide, Pierre Maindorge, aubergiste.

6 Octobre 1711. — Le sieur Michel Bangy est allé demeurer à Brest, et cesse ses fonctions. D’ailleurs, il a reçu à l’hôpital des personnes indignes. Quant à Pierre Maindorge, il a par caprice, fait sortir de l’hôpital un vieux bonhomme de 90 ans, Hervé Le Gac, et un enfant, tous deux natifs de cette ville.

Les habitants décident que les sieurs Recteur et les Bourgeois iront, à l’issue de la séance, voir si les pauvres de l’hôpital méritent d’y rester, et qu’à l’avenir leur avis et consentement sera nécessaire pour les admissions.

5 Juin 1712. — Réparations à l’hôpital. Adjudication des travaux obtenue, à la 17ème bougie, par Jean Charetteur, pour 803 livres.

2 Avril 1713. — L’hôpital est dépourvu de toutes sortes de provisions et peut se dire abandonné.

10 Avril 1714. — Claude-Alain Barbier, chevalier, comte de Lescoat, dit qu’il est maintenu, par sentence de la Cour de Lesneven, à nommer le chapelain sous le bon plaisir de Monseigneur de Léon, et qu’en conséquence, il présente Claude Grall, prêtre, chanoine du Folgoat et de Sainte-Anne de Lesneven (mort le 31 Juillet 1726).

15 Janvier 1715. — Le même seigneur déclare que, pour plusieurs raisons, la nomination faite par les habitants, l’année précédente, du sieur de Kerdreu Marzin [Note : Nicolas Marzin, sieur de Kerdreu, procureur, est dit être en 1720, le plus opulent habitant de Lesneven, où il a fait et fait toujours une fortune considérable, sans avoir passé par aucune charge de ville. Mort vers 1730. Les comptes de la Confrérie des Agonisants dont il faisait partie, portent une recette de 3 livres 10 sols pour un service solennel célébré pour lui], comme trésorier de l’hôpital, ne lui plaît pas. Pour éviter les discussions, il nomme lui-même François Thuillier, marchand [Note : Un sieur Thuillier, est fabrique de Saint-Michel, en 1734-1736. Il y a aussi, vers cette époque, comme avocat, un François Thuillier, fils de Pierre Thuillier, négociant].

On a précédemment indiqué les difficultés surgies entre le seigneur de Lescoet et les habitants de Lesneven relativement à la construction d’une nouvelle église (celle qui subsiste actuellement). Ce différend à peine réglé, d’autres complications allaient naître relativement à l’hôpital. Déjà même sur ce terrain quelques escarmouches avaient eu lieu en 1747-1750. Comme raisons de leurs plaintes, les habitants disaient que la chapelle menaçait ruine, que le logement de l’aumônier était inhabitable, et que les pauvres souffraient. Bien qu’en cette occasion le Sénéchal semblât « être à la tête de la mauvaise dispute faite au comte de Lescoët, » il porta en 1750, à la date du 4 Septembre, la sentence par laquelle le tribunal de Léon faisait droit aux demandes du dit sieur Claude-Alain Barbier de Lescoet, lui reconnaissant le droit de nommer l'Aumônier (ainsi qu’il l’avait fait en 1747, lorsque écartant le candidat des habitants, il désigna Miss. Yves Gourvennec), comme aussi de choisir le prévôt ou trésorier, ainsi que d’assister aux assemblées du bureau.

Sans doute, y eut-il alors de sérieuses améliorations. Car si le 2 Septembre 1751, nous voyons l'Aumônier réclamer des embellissements de loyer, des provisions de bois et de chandelles, et un supplément de gages, sans se contenter des 90 livres de ses prédécesseurs, lesquels n’avaient pas à desservir autant de fondations que lui, par contre le Sénéchal déclare, avec un air de s’y connaître (feu son père ayant été membre du bureau de l’hôpital général de Rennes pendant bien des années), que l’hôpital n’a jamais été si bien administré ; qu’avec 5 ou 600 livres de rente, on y voit toujours 25 ou 28 pauvres bien entretenus, et que le dernier économe sorti de charge le 8 Janvier 1751 (un sieur Guillou de Keranroy) a si bien géré, qu’il laisse un reliquat de 5.300 à 5.400 livres, grande fortune pour un établissement qu’on projetait d’abandonner il y a 50 ans.

Ce beau contentement n’allait pas avoir très longue durée. Car une lettre de Mgr. de la Marche, datée de Léon, le 16 Août 1773, et où l'Evêque annonce à M. de Lescoet son passage à Lesneven, en vue d’un voyage à Ouessant, montre que de fâcheuses questions de préséances ont troublé les réunions du bureau de l’hôpital.

En 1779, le 1er Juin, c’est une lettre de M. de Lescoet à Mgr. de la Marche, disant que les habitants ont profité d’un séjour de deux mois du dit seigneur à Lesquiffiou, pour tenir à son insu deux séances du bureau de l’hôpital, dont on refuse même de lui communiquer les délibérations. En conséquence, il en appelle à l'Evêque, et comme preuve de l’esprit de division des habitants, il écrit que son procureur ayant donné connaissance des propositions épiscopales d’arbitrage, les dits habitants ont tout rejeté.

C’est donc, bel et bien, la guerre qui se rallume. Dans le procès intenté peu après à M. de Lescoet, et dont la reconstruction projetée de l’hôpital fournira le prétexte ; on ne veut lui laisser que le droit d’écusson.

En Janvier 1780, sans en prévenir le sieur de Kerno, les Economes obtiennent du Roi des lettres permettant la dite reconstruction, « toutefois sans nuire aux droits du fondateur ». Semblable autorisation est renouvelée le 13 Juin 1782. A l’occasion de ces lettres s’engage un procès où les habitants soutiendront la nullité des sentences antérieures favorables aux seigneurs de Lescoet comme rendues par juges incompétents, ou encore comme prescrites, n’ayant jamais été exécutées. Procès qu’aura grand peine à terminer l’intervention des personnes les plus respectables.

Non contents de tenir les séances du bureau, comme ils le font depuis 5 ans sans en informer M. de Lescoet, ils excluent formellement, le 25 Avril 1784, M. Testard du Cosquer, son agent dans le pays. Pour aviver toute la querelle il a suffi de quatre têtes exaltées entraînant les autres membres du bureau.

Dans le procès qu’ils intentent alors à M. de Lescoet, à l’occasion du projet de reconstruction de l’hôpital, ils ne veulent lui laisser que les seuls droits d’écusson et d’enfeu. C’est à ce sujet qu’ont lieu, les 14 et 15 Juin 1784, la descente et le procès-verbal de M. de Kervélégan, sénéchal de Quimper.

Une première décision du Présidial de Quimper est défavorable à M. de Lescoet. Son avocat, pourtant, lui laisse entrevoir que la partie peut se gagner à Rennes, car l’affaire n’est pas jugée au fond, vu que seul le mauvais état de l’hôpital et des raisons d’humanité auraient motivé la sentence. A quoi M. de Lescoet répond que, sauf la chapelle qu’on a laissée tomber, les autres bâtiments sont fort bons, et que, en attendant, ce sont les pauvres qui vont pâtir de toutes ces divisions.

Le 9 Septembre 1785, a lieu, au bureau de l’hôpital, une assemblée générale que préside Mgr. de la Marche, évêque de Léon. Il y est arrêté qu’une députation comprenant M. Coat, recteur, M. le Sénéchal, le Maire et le premier Econome, irait vers le chef de la famille de Lescoet, Sébastien-Francis-Joseph Barbier, chef de nom et d’armes, seigneur de Lescoet, Kergoff, etc., pour lui faire part des moyens de conciliation. Monseigneur lui-même s’y joint. Les bases d’une transaction sont adoptées, le lendemain, sous sa présidence, et souscrites par lui, en même temps que par le Recteur, le Sénéchal, le Bailli, Creff de Kermoné, maire, Guymar de Coetidreux, Le Guell, Rousseau, Le Coat, Dubois, anciens maires, Boucher, Brichet, Gouyon, Le Tersec, Theven de Gueleran, échevins, et par cinq avocats : Guymar de Pellain, leur doyen, Jossic, Rouxel, Bellechère, Miorcec-Kerdanet, et Habasque.

On reconnaît que M. de Lescoet est fondateur de l’hôpital et chapelle de Saint-Maudez ou Notre-Dame des Carmes, en qualité de propriétaire de Kerno, et non de Feunteunmean, puis on arrête : 1° que M. de Lescoet jouirait du droit de fondateur dans le nouvel hôpital à construire ; 2° qu’il y aurait ses armes ; 3° qu’il continuerait à nommer l’aumônier — le droit le plus éminent du patron — ; 4° qu’il aurait voix délibérative aux assemblées du bureau et y serait convoqué, et 5° y aurait une place d’honneur ; 6° qu’on lui remettrait un double de l’inventaire des titres ; 7° qu’il aurait droit, lui et ses successeurs à perpétuité, de faire recevoir au dit hôpital, 6 pauvres dont 4 de la ville et 2 étrangers ; 8° qu’il délaisse le droit de nommer ou confirmer à l’avenir le trésorier ou administrateur, et consent que la ville et le bureau fassent reconstruire le nouvel hôpital en un autre emplacement, et fassent tels changements jugés nécessaires, sans être tenus de lui demander son agrément ; 9° que le nouvel hôpital sera reconstruit sur un terrain dépendant de l’ancien, ou sur un emplacement donné par le sieur de Lescoet, fondateur. Au cas où il serait fait quelque opposition à l’un de ces articles, la dite transaction demeurera nulle. En fait, tout a été exécuté ponctuellement et homologué par arrêt.

L’année suivante (1786), M. de Lescoet achetait de M. Thibault de Biannière, la moitié d’un grand champ, d’un courtil, d’une prairie, et en fait don, le 31 Janvier, pour y construire le nouvel hôpital.

Le 21 Février, l'Econome conclut un arrangement avec M. Grée de Villeneuve, propriétaire de l’autre moitié des dits terrains. Quatre jours après, le bureau d’administration invitait M. de Lescoet à poser, en qualité de fondateur, la première pierre et arrêtait que l’édifice s’élèverait sur l’emplacement de l’ancienne crèche pour se prolonger dans les courtil et champ donnés par M. de Lescoet, lequel, au jour de la fondation, posa la première pierre et l’arrosa de trois mille francs.

De plus, en 1788, il fit don des poutres, des bois pour 12 lits, les portes, cloisons, volets, de pierres en grand nombre, et de 150 fr. de quittances, suivant en cela l’exemple de ses auteurs (14 Octobre 1747, et 12 Janvier 1748). Sur son choix, 6 pauvres furent admis ; une copie des inventaires lui fut remise, et ses armes placées dans le nouveau bâtiment. Quant aux aumôniers, il n’eut pas à en nommer, car l’abbé Brichet de Kéramec, placé le 13 Avril 1783, y resta jusqu’à la mort (commencement de la Révolution). A ce moment, M. de Lescoet ayant désiré remplacer les pauvres de son choix, à leur décès, la commission administrative s’y refusa, prétendant que ce droit purement honorifique et dérivant de la féodalité se trouvait aboli par les nouvelles lois. A quoi, M. de Lescoet répliqua que n’ayant jamais eu de principe de fief à Lesneven, où, ci-devant, ville et paroisse relevaient en entier du domaine du Roi, son droit aux 6 lits n’avait pas la féodalité pour origine, mais était un pur droit de propriété ; droit respecté par la loi du 12 Juillet 1790, et le décret consulaire du 16 Fructidor an X. Cette thèse se trouva admise, dans la suite, par le Préfet du Finistère, le 29 Août 1808. Néanmoins, les administrateurs, estimant leur dignité de représentants de 2.400 citoyens blessée par l’obligation de requérir l’approbation d’un simple particulier pour la nomination de 6 pauvres, alors que semblable droit leur restait pour 54 autres, persistèrent dans leur attitude et poursuivirent l’abrogation du règlement de 1786. Ce fut, après bien des alternatives, leur ténacité qui l’emporta, et Cariou pouvait, en 1846, noter dans son manuscrit que maître Daniel de Kerdanet, avocat, avait en vain défendu les antiques droits et privilèges du marquis de Lescoet, héritier des Gouzillon de Kerno.

L’hôpital, ajoute-t-il, contient de 50 à 60 lits, ne reçoit ni militaires, ni enfants trouvés. Ses revenus peuvent s’élever à 6.000 francs.

LES PREMIERS INVENTAIRES.

Le premier que nous possédions porte la date du 8 Août 1505. C’est « l’inventaire des biens que Henry Roy, naguère hospitalier de Lesneven, rend à Guillaume Gozillon, seigneur de Kernou, fait par Yvon Denys à ce commis de Monseigneur l'Evêque de Léon et ses vicaires en présence de Jehan Gozillon, écuyer.

2 galices d’argent avec platines, et 2 d’étain.

3 vêtements entiers pour les 3 autels, avec 4 serviettes. — Un autre vêtement où y a faulte de 2 pièces.

1 bréviaire caducque, en vélin.

1 vieil missal desrompu.

2 autres petits où y a certaines messes dont y a partie en vélin et partie en papier.

1 torche de cire et 6 pilets entamés.

1 lit nommé le lit Monsieur Saint Maudet, où y a une coete, ung traversier, et 1 couverture de bureau.

Au second lit autant.

Au tiers autant ; etc..

Au 7ème lit, nommé le lit Saint Fiacre, 1 coeste de plume, 1 traversier de bale, et 1 couverture de bureau.

18 lincelx (linceuls) et demi pour ensevelir les morts.

14 lincelx usés et perczés dont y a partie d’estouppe.

3 bacins dont l’un bacin est du port de 2 barattées.

Une vache de l'aige de 7 ans ou environ estimée valer XLV sous [Note : Dans l’inventaire de 1506, où on semble s’être borné à copier le précédent, la vache a encore 7 ans ou environ. De même, ce qui concerne les huches est reproduit].

Troize vieulx huges dont y a partie qui ne valent rien que pour le feu.

Troys plats d’estain queulx sont en gaige de neuff blancz au soleil 0 (avec) Hervé Jacob.

Troys escuelles cornues (c’est-à-dire à oreilles).

Ung saussier. Ungne salière.

Et dit que Guenolay Kerdu tient de l’estain dudit hospital environ 43 livres que Didier Le Lagadeuc avait baillé au dit Kerdu.

Reliques qu’on dit être partie des reliques Monsieur Saint Maudet enchassées en argent ».

(Un inventaire de 1273 signale aussi à Quimper une partie d’un bras de saint Maudet. Le bras gauche est conservé à Saint-Jean du Doigt).

Pour Lesneven, ce fut en 1423 que le duc Jean V donna à l’hôpital le bras droit du Saint. Mais en 1887, vu qu’aucun titre n’était joint à la relique, sans réfléchir qu’une vénération ininterrompue de quatre siècles constituait avec le reliquaire l’équivalent de vingt authentiques, on brûla la relique. L’année suivante, les religieuses de l’hôpital obtinrent de Mgr. Dubourg, cardinal de Rennes, alors vicaire capitulaire de Saint-Brieuc, une parcelle des reliques du Saint. C’est cette parcelle qu’on vénère aujourd’hui dans le reliquaire au jour du Pardon annuel [Note : Sur saint Maudez (en français saint Mandé), le saint qui, avec saint Yves, est le plus vénéré en Basse-Bretagne, sur ses chapelles (60 en Bretagne), ses statues, ses reliques, voir Vie des Saints de la Bretagne-Armorique, par Albert Le Grand, édition des Chanoines, p. 606].

L’inventaire du 10 Mars 1506 fourni par Henry Corre, hospitalier, à Guillaume Gouzillon, pour remettre à Jehan du Pan, à présent hospitalier (est), fait en présence de Yves Manach, vicaire de Lesneven, Yvon Gouzillon, Tanguy Melenec, Yvon Tribara, Raoul Coessault, Guillaume Kerendanet.

Le 12 Août 1514, l’inventaire est fourni par Jehan du Pan à Jehan Gouzillon, pour bailler à Alain Asquer en présence de Jean, Yvon, et Guillaume Gouzillon et de Dom Alain Roudaut, prêtre.

On y voit une fustaille de (XII ?) pipes ; un plat d’estain qui est en gage de la censive pour 7 sous.

28 Juillet 1517. — Inventaire par Jehan Gouzillon, recteur de Mezléan, en présence de Henry Mathieu, vicaire de Lesneven et de Paoul de Gouzillon, recteur d'Elestrec.

A la fin : bulles obtenues par feu missire Gabriel Gouzillon, contenant 700 jours de pardon.

8 Novembre 1553. — L'Inventaire à la prise de possession par maître Jehan Abanlay, prêtre, signale « 2 calices d’argent, dont y a en l’une le nom d'Yvon Barz. Item, une relicquere d’étain en laquelle y a reliques de Monsieur Saint Vincent et Monsieur Saint Yves et aultres reliques, — Item, une relicquere d’argent quy est petite, en laquelle l’on dit estre les reliques de Monsieur Saint Maudetz.

2 missales à l’usaige de Paris. 6 lodiers de bureau ; 5 linceuls, dont 2 linceuls de la toile Donge, et les autres de reparou ».

Le dit Jehan Abanlay s’oblige à tout entretenir en due réparation et les rendre et restituer à Benoît de Gouzillon, seigneur de Kerno.

« Fait et gréé sous le scel de la cour de Lesneven à cestes apposé, iceluy gré pris au devant de la claye du cimetière de Saint-Michel ».

Le reliquaire actuel, déjà mentionné dans l’inventaire de 1597, est un bras en vermeil, à peu près de grandeur naturelle. Les doigts de la main sont disposés comme pour bénir. L’anneau abbatial porte des armoiries figurant un pin ? arraché, et en chef un lambel. Au bas du reliquaire on lit : « Ceste a été faict de l’argent des offrandes par Jan Duboys et François Le Hir gouverneurs à présent de l’hôpital de Lesneven » [Note : Jean du Bois décéda en 1597. C’est sans doute son fils Jean du Bois, sieur du Goazvennou, qui devint lieutenant forestier, conseiller du roi et fermier de ses domaines, et qui mourut le 3 Avril 1634 ; sa fille, Jeanne du Bois de Kerannaouet, épousa Guillaume du Poulpry de Lanvengat dont elle eut René du Poulpry, devenu plus tard sénéchal de Lesneven, mort le Mercredi des Cendres, 7 Février 1663, et inhumé aux Récollets. Mais avant lui, sa mère y avait été enterrée le 19 Mars 1638. Ce fut la première inhumation dans cette chapelle. L’autre gouverneur de l’hôpital, François Le Hir, était maître ès arts] (Archives de l'Evêché).

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