|
Bienvenue |
LE GRAND ROCHER |
Retour page d'accueil Retour page Saint-Michel Retour page Regard d'hier
Le Grand Rocher est le site le plus célèbre de la Lieue de Grève. Il servait de repaire à un dragon.
Voici ce que dit Julien Le Huérou, de Prat (1807 1843) :
Voici le dragon rouge annoncé par
Merlin !
Il vient, il a franchi les marches de Bretagne,
Traversant le vallon, éventrant la montagne,
Passant fleuves, étangs, comme un simple ruisseau,
Plus rapide nageur que la couleuvre deau :
Il a ses sifflements ! parfois le monstre aveugle
Est le taureau voilé dans larène et qui beugle.
Quand sapaise la mer écoutez longuement
Venir sur le vent dest le hideux beuglement.
Le barde Claude Rannou qui tenait une auberge à Saint-Michel-en-Grève prit le nom de Barde de Roch Allaz. En 1886, Maurice Barrès le cite au cinquième rang des poètes de Basse-Bretagne nourris de lesprit français, après La Villemarqué, Luzel, Proux et Quellien.
Rannou naquit à Lanvézéac en 1808 et devint instituteur. En 1837 il était en poste à Saint-Michel-en-Grève où il fut jugé brouillon, mauvais, mal avec lautorité. Or il décida de se présenter aux élections de 1848 pour lesquelles il rédigea une longue profession de foi : Bien-être à tous et pour tous. Il ne recueillit que 595 voix sur plus de 144 000 : 2 dans le canton de Guingamp, 2 à Callac, 365 à Plestin, 1 à Plouaret. Il fut encore plus surveillé et révoqué enfin en 1851. Il tint ensuite un café avec le soutien de son ami le barde Le Scour, marchand de vin à Morlaix. Cest alors quil publia dans le Journal de Lannion plusieurs poèmes : Joie à tous les bardes de Bretagne où il cite Le Jean, Karis, Luzel, Proux, Le Scour, Le Quéré, Charles Le Bras, etc Et aussi La femme du marin, A mon cher pays La Bretagne. Et Teutatès, discours de Fergussoch, recueilli par Fillitoch, bien avant la jeunesse de Jésus-Christ. Il mourut en 1869 et fut enterré au pied du clocher de St Michel. On ne retrouva pas sa tombe.
Elégie
LA FEMME DU
MARIN
(sur un ton triste)
La mer est rude, la nuit est sombre,
Nulle étoile ne brille au ciel,
Et le vent tourné du mauvais côté
Met la guerre dans les nuages.
Isa, ma fille chérie, mon amour,
Prête-moi ton bras pour me fortifier !
Viens, ma fille,oh ! allons sur le
rocher !
Envoyons avec nous des lumières !
Ton pauvre père courant sur son vaisseau
Peut-être alors nous apercevra
.
Une gwerz jadis chantée à Ploumilliau raconte l'histoire de Saint-Efflam et du roi Arthur :
Se promener à la Lieue de Grève ils sont
allés.
Ils sont allés se promener à la Lieue de grève
Pour faire sortir le serpent.
Comme ils étaient déjà prêts
La soif du roi sest emparée.
Et de leau à boire il ny avait pas.
Efflam, quand il vit son besoin, Se mit en oraison.
Trois coups sur lez roc il a frappé
Et de leau à boire il y a eu.
Quand voit le roi ce miracle
Il se frappe trois fois la poitrine.
Marchons hardiment désormais en notre route ;
Je sais à quoi men tenir sur votre puissance.
Alors ils sont allés à la Lieue de Grève pour faire sortir le serpent
Le grand serpent demandait
Quand Efflam sur lui arrivait :
Quel genre de mort me sera infligée ?
La tête la première dans la mer tu seras jeté.
Dans la mer je ne serai point précipité,
A la Roche Rouge je serai traîné.
Près de la Roche Rouge quand il est arrivé
La roche par la moitié sest fendue.
Le serpent au milieu a sauté :
Efflam, Efflam, dites moi
Que me donnerez vous pour me divertir ?
Une sonnerie jai sur moi,
Qui sonne à lheure de midi,
A midi et à minuit
Quand les chrétiens prennent leur repos.
Maintenant, ami, tu resteras là
Aussi longtemps que durera la vie.
Là tu resteras sans boire ni manger
Aussi longtemps que jaurai nom Efflam.
Dans le récit du Barzaz Breiz : Arthur attaque impétueusement le monstre avec sa terrible épée, sa massue à trois têtes, son bouclier en peau de lion. Le dragon un peu blessé se replie en bon ordre. Efflam, avec une courte prière, le renverse. Ce combat dArthur fut le seul quil livra en Armorique.
Nouvelle version : à larrivé de Saint-Efflam, la contrée était païenne habitée par une population dhommes rudes et grossiers qui sappelaient de leur vrai nom les Sidérites (ar Sidérited). Ils étaient idolâtres et avaient leur grand temple à Tréguier. Quand Gestin revint de Rome, Efflam les avait convertis.
Le dragon était une bête étrange et monstrueuse : tête humaine, corps de serpent, queue de poisson. Il habitait au pied de la falaise un trou profond, une caverne mystérieuse communiquant avec lenfer. Dès que le soleil se levait dans le ciel, il sortait de son repaire, rampait sur le sable et soufflait sur tout le parage avoisinant une haleine de flammes et de fumée qui répandait au loin une intolérable odeur de soufre Tous les ans, la veille de Noël, il réclamait une proie humaine de sang royal. On la lui apportait à la tombée du soir au pied du Roch al Laz (la roche du meurtre). On lui livrait aussi les enfants morts sans baptême .Arthur, qui demeurait à Coat-Trédrez, le poursuivit. Il se réfugia dans un autre trou appelé Chapelle Cornic. Arthur déchira des vêtements : « Ohé, serpent ! Si vraiment tu es un sorcier, fais moi un vêtement neuf avec ces haillons ! ». Le dragon met le nez dehors, souffle sur les morceaux détoffe et en fait un habit neuf. Mais Efflam dessine une croix dans lair : désormais le monstre lui appartient. On le traîne de Roch Serf à Roch ru. Un bourrelet de sable marque le trajet. Le dragon demande :
«- Que me donneras-tu pour me divertir ,
- Un biniou, répond Saint-Efflam. Tu nauras le droit den jouer quà midi et minuit. »
Si on entend un bruit fort et prolongé comme un souffle de machine à battre le blé, il convient de ne pas sarrêter, sinon on est enlevé par une lame traîtresse. Il faut appeler Saint Efflam trois fois : Saint Efflam vinniget ! Alors la cloche de la chapelle tinte et la mer cesse de monter.
Encore et toujours le dragon. Voici ce quen dit le baron Taylor :« La Bretagne était alors ravagée par des animaux sauvages et des dragons qui désolaient toute la contrée, surtout le pays de Lannion, couvert dans ce temps là dune grande forêt. Beaucoup de ces dragons avaient été tués par le roi des Bretons, Arthur , qui na pas trouvé son pareil. Quand Saint-Efflam prit terre, il vit Arthur qui combattait, son cheval étranglé gisant à ses côtés rendait le sang par les naseaux. Devant lui se dressait un animal sauvage qui avait un il rouge au milieu du front, des écailles vertes sur le dos, la taille dun taureau de deux ans, la gueule armée de dents blanches et aiguës comme celles du sanglier. »
LApocaypse dit que le serpent-dragon lança de leau après la femme, mais la terre engloutit le fleuve. Le Dragon furieux alla faire la guerre au reste de ses enfants, ceux qui observent les commandements de Dieu. LEglise réduisit les démons à létat desclaves.
En octobre 1867, le poète anglais James Kenward, barde Elyynydd, déclama devant le Congrès celtique de St Brieuc un poème inspiré par Plestin, traduit par Mr Lynch, professeur au Lycée de St Brieuc.
By Plestins strand where wildly
The Atlantic surges toss,
..
Sur cette plage de Plestin, où se brisent,
dans leur furie les vagues de lAtlantique,
sur les hauteurs de Rochellas saint Efflam éleva une croix ;
tant que ses bras miséricordieux domineront les ondes,
le voyageur pourra braver, sans crainte, les périls de lOcéan.
Frères ! vous qui suivez, en pélerins, les pas de la nation celtique,
tenez la croix devant vos yeux,
et ne craignez pas les attaques de lennemi tenez haut la croix
Espérez combattez résistez souffrez ;
vive sera la lutte, assurée la victoire ! »
Les Bardes bretons ont eux aussi chanté le Grand Rocher, par exemple Jean Marie Le Jean dans « Les bardes dArmorique » :
Ha te,roch ar strobinel , pe
welloch Roch Allaz
Et toi, roche de la sorcellerie
Ou mieux roche du meurtre
Envoie nous aussi Rannou
Ce rude breton de tout temps.
Il nous dira sa chanson
Sur la joie de tous les poètes du pays
Et lélégie quil a nouvellement composée ».
Frédéric le Guyader (1847 1926) occupa des postes modestes dans ladministration des Finances, puis il fut conservateur de la bibliothèque de Quimper. Né à Brasparts, il est enterré au cimetière de Kerfeunteun en Quimper ; sa tombe porte un médaillon. Dans un long poème de lEre bretonne, il conte lhistoire de Saint-Efflam :
Au temps dHoël le grand, tout le pays
dArmor
Les monts, les vaux, les bois, les marais, les rivages,
Fourmillait de dragons et de bêtes sauvages.
Saint Pol en délivra lévêché dOccimor.
Mais une hydre effroyable, aux yeux verts striés dor
Dragon long de cent pieds, promenait ses ravages
Sur ce pays très doux, peuplé dicthyophages,
Plestin, où Saint Efflam accosta dans le Trégor.
Hoël parlait, un jour, dun homme à tenir tête
A lApocalyptique et tyrannique bête.
Saint Efflam vint soffrir pour vaincre le Dragon.
Hoël lui dit : Il nest quun seul homme en terre
Qui le puisse dompter : cest le Roi dAngleterre ;
Cest Arthur « Mab Uter », le fils de Pendragon.
Arthur se fit un jeu dexterminer la bête.
Les princes de son temps prenaient souvent le froc.
Lui, lhercule du nord, grandi par la conquête
Chasseur dhommes, chassait aussi lours et lauroch.
Comme Hercule lui-même il combattait nu-tête
Avec une massue ou des quartiers de roc.
Et, buveur colossal autant que rude athlète,
Il vidait un tonneau dhydromel comme un broc.
Saint Efflam conduisit Arthur vers la caverne
Que regardait le dragon, nouvelle hydre de Lerne,
Surpris de rencontrer un Moine en pareil lieu.
Ver de terre, dit en ricanant lHercule,
Où cours-tu quand ici tout le monde recule ?
Cousin, dit Saint Efflam, je nai peur que de Dieu.
Le dragon attendait comme un dogue à la chaîne.
Arthur marche vers lui dun pas tranquille et sûr,
Brandissant les deux mains un chêne au tronc très dur
Quil venait darracher dans la forêt prochaine.
La foudre et le fracas que louragan déchaîne
Font cent fois moins de bruit que le combat dArthur.
Il frappe. Il tonne. Il hurle. Il geint. Mais comme un mur
Le dragon sur son chef reçoit le tronc de chêne.
Alors exaspéré le grand chasseur daurochs
Ramasse autour de lui de gigantesques rocs
Et les jette au dragon, dressé devant son antre.
Mais sans plus sémouvoir de tous ces vains éclats
Ce dragon, à la fin, plus ennuyé que las,
Se couche, baille et dort, étendu sur le ventre.
Devant Hoël, devant tout son peuple assemblé,
Le fils de Pendragon devenait ridicule.
De laurore pourtant jusque au crépuscule
Sous les pas du géant le sol avait tremblé.
Suant, mourant de soif et de honte accablé,
Le lamentable Arthur se dérobe et recule.
Le ver de terre alors succédant à lHercule
Marche au dragon sans arme et nullement troublé.
Les saints bretons faisaient des choses étonnantes :
Saint Efflam prit le monstre aux écailles sonnantes,
Le traîna comme un chien en laisse vers la mer
Et du haut dune roche où vient briser la houle,
Précipita la bête au fond du gouffre amer,
Puis, élevant deux doigts, le saint bénit la foule.
Dans la Vita Euflami publiée au XIème siècle, il est dit que la forêt où à la suite de saint Gestin sétait installé Saint Efflam était sainte et tabou. Efflam consacra tellement ce loc par sa présence quau XIXème siècle encore se manifestèrent de tels miracles que personne nosait ramasser les branches de cette forêt qui pourrissaient à terre ni en casser ou en couper un tronc. Ainsi parle de La Borderie qui indique que ce lieu se nommait Donguel et ne se trouvait pas au voisinage de la fontaine.
Charles le Goffic a consacré au grand rocher un de ses très rares poèmes en langue bretonne :
AR ROCH ALLAZ
Etal ar choz stankou a zo eur garrek glaz
Eur garrek glaz ha krenn hanvet ar Roch Allaz.
Ha war ar garrek ze neb a ra he ziskwiz
A chom vit he vuez disjoaü ha languiz.
Alies meus gwelet nijal tresek ar stank
Gwelet ive techel meus durzunel yaouank ;
.
Auprès des vieux étangs il y a un rocher vert
Un rocher vert, appelé le rocher de lHélas
Et sur ce rocher quiconque fait une pause
Reste toute sa vie triste et peiné.
Souvent jai vu voler vers létang,
Vu aussi senfuir plus dune jeune tourterelle ;
Dans sa robe étincelante, heureuse quand elle arrivait,
Très mélancolique hélas quand elle repartait.
Sous la pierre du destin elle était un instant demeurée
Et depuis le chagrin débordait de ses yeux.
Cette pierre là, hélas pour moi, avant de connaître sa
signification,
Je my suis dans ma jeunesse reposé.
Et voici pourquoi, mon cher Ianick, voici pourquoi
Le bonheur fuitmon âme jour et nuit.
(Traduction M. Priziac)
Nombreux sont les autres écrivains et poètes qui ont décrit ce rocher légendaire. Sans souci dordre chronologique donnons leur la parole :
Anatole Le Braz : « Une grossière croix de bois est plantée tout au sommet doù lon domine un merveilleux panorama de mer. Sur cette croix divers récits ont cours. Les uns voient en elle un ex-voto érigé à la suite dun naufrage. Un navire avait fait côte, une nuit de brume ; matelots et passagers allaient périr. Une femme, une mère qui se trouvait à bord avec ses enfants, invoqua Notre Dame de Bon Secours et aussitôt on vit une forme de montagne qui semblait savancer sur les eaux, enveloppée dun nimbe de lumière. Cétait le Roch Karlès qui situé jusque là très loin dans les terres, se détachait sur lordre de la Vierge du groupe de collines dont il faisait partie et venait à la rencontre des naufragés pour leur permettre de saccrocher à ses flancs ».
Labbé Desportes (XIXème siècle) explique que « le dragon des légendes symbolise sans doute le paganisme terrassé par les saints, lesprit infernal dont la honteuse domination sétend sur le monde. Le Psalmiste na-t-il pas dit aux Justes : Super aspidem et basilicum, et conculcabis leonem et draconem : Tu marcheras sur laspic et sur le basilic et tu fouleras au pied le lion et le dragon. »
Dans la Bretagne touristique, 1928, page 79, Jack-Dal nous conte lhistoire : « Roch-Ellas se dressait au centre de sa courbe comme un éperon rocheux gigantesque ; dernière convulsion de lécorce terrestre aux confins du domaine maritime ; défi vain ; dernière convulsion ; protestation muette contre lenvahissement possible des flots Roch-Ellas ! Le Grand Rocher au pied duquel Efflam le chaste aborda, fuyant dès le soir de ses noces les plaisirs de la cour dIrlande et le charme trop troublant de son épouse Henora. Un dragon furieux sortit de la montagne dès quil aperçut Efflam sur le rivage, mais le saint put le vaincre avec le secours dArtus. Le chef des Chevaliers de la Table Ronde se sentit épuisé de fatigue, et très altéré après le combat. Efflam pria puis frappa de son bourdon un rocher doù jaillit aussitôt une source qui étancha la soif de son compagnon. En mémoire de sa délivrance Efflam fonda un ermitage auprès de cette fontaine miraculeuse. »
En 1884, Gaultier du Mottay écrit que « Au pied du Roch ar Laz on a trouvé un cimetière gaulois contenant nombre de petits cromlechs circulaires senlaçant comme les anneaux dune chaîne, cimetière qui aurait disparu au milieu du siècle dernier » (1839). On y découvrit des vases grossiers recouverts de pierres plates et remplis de cendres et de débris de coquilles. En 1890, lAbbé Le Dantec compose une tragédie : Saint-Efflam victime des Druides. En 1897, labbé Joncourt compose le cantique de Saint Efflam. Celui-ci arrête un sacrifice humain que les Druides offraient à Teutatès sur le sommet du Roch ar Laz. Il convertit la population. Dans la tradition populaire Teutatès est désormais évoqué. Le peuple rime : Teutatès, doué ar patatès !
Vers 1920, parut le roman La Roche qui tue inspiré par le Grand Rocher que lauteur dit être un poste de contrebande. Le nom de lauteur, Pierre Maël, est le pseudonyme de deux écrivains lorientais qui eurent une production abondante : Charles Causse et Charles Vincent. Laction se déroule pendant la Révolution. Elle met en scène une confrérie occulte, la Kerret ar Laz, et un personnage qui se nomme Roger Le Bec, comte de Plestin. Des événements dramatiques ne cessent de se produire de Toul an Héry en Plestin, au château du Taureau en passant par Beg an Fry où a lieu, un débarquement anglais. Une grande bataille sy déroule le 11 septembre 1793, de laube à la chute du jour : « Jamais le Roch ar laz ne justifia mieux son terrible nom de Roche qui tue. Elle tua en effet, et le sable des plages, les galets des criques, les genêts des landes se rougirent de sang Ce fut effrayant. Les Anglais sont de rudes soldats. Ils tinrent deux heures sur ce granit troué comme une écumoire. Ils y laissèrent trois cents hommes avant de remonter dans leurs canots et leurs chaloupes. Les Bretons perdirent un nombre égal de braves. A midi, la bataille durait encore. Mais le comte Roger chassa les habits rouges de toutes leurs positions, reprit le Roch ar laz, la vallée de Pontaryar et Locquirec ».
Après St-Efflam et St-Hénora le Grand Rocher a été habité par le prophète Gwenchlan. Ce barde-poète du Vème siècle, vécut, dit-on, entre Roch Hellaz et Port Blanc, puis au manoir de Run an Goff sur la pente ouest du Menez Bré où il serait enterré (Grégoire de Rostrenen - 1732). Il séjournait souvent sur le Grand Rocher. On peut voir encore sur le Grand Rocher une curieuse roche en forme de patère connue sous le nom de « chaise de Gwenchlan » et du haut de laquelle le devin vaticinait :
Quand le soleil se couche que la mer gronde
Je sais chanter sur le seuil de ma maison.
Quand jétais jeune je chantais
La vieillesse est venue et encore je chante
»
Roch kellaz
Roch Garlan
Roch Allaz, nom donné par Rannou
Roch al laz : la roche du meurtre, nom donné par Luzel
Roch laz
Baudoin de Maison Blanche, dans Recherches sur lArmorique, dit que « le Roc hel-laz est le rocher de limmolation. Le serpent allégorique précipité dans la mer par Saint Efflam nest évidemment que le dolmen, lautel impur, cette table ronde dans laquelle est plantée la croix si fameuse de la Lieue de Grève ».
A. de Barthélémy, dans ses Mélanges de 1853 écrit que « Efflam aborda vis à vis dun grand rocher nommé Hyr Glaz entre Toul Efflam et Locmikel appelé par un poète breton Kerlas, lieu du meurtre ».
B. Jollivet dit en 1859 que « Gwenchlan étant païen, il ne serait pas impossible que le Dragon vaincu ne fut quune image poétique de la lutte que dut avoir à soutenir Efflam, propagandiste de la foi, contre le plus ardent défenseur de lidôlatrie ».
Au siècle dernier les gens de la région déclaraient que le Grand Rocher avait été habité au IIIème siècle par le barde satirique Riwal. Brizeux le cite dans ses « Histoires poétiques » et Prosper Proux, dans « Les bardes de Cambrie » :
Chantez Riwal, le sorcier Riwal,
Le barde satirique
Enfourchant un manche à balai
Pour senvoler au sabbat.
Et la foule des démons qui lentoure
En hurlant à travers les champs
Et les nains noirs de la colline
Entraînés dans leur folle ronde
Et les marsouins aux longs grognements
et les chevaux marins qui hennissent
Sur la cime des vagues écumantes
Quand rugit la tempête et gronde le tonnerre
Et la belle sirène si traîtresse
Moitié femme, moitié poisson
Qui séduit les marins par ses chants
Et fait briser les vaisseaux contre les écueils.
Chantez le pays de la verte Irlande,
Le pays des martyrs et des grands saints :
Efflam, Renan, Ke et Sane,
Saints pleins de foi et de charité
Quand Riwall le rimeur disparut tout à coup
Dans la fosse où déjà sétait pris un vieux loup,
Devant ces blanches dents, devant ces yeux de braise,
Le barde au pied boiteux nétait guère à son aise
Riwall est chez les morts ; que lenfer lui pardonne !
Riwall chez les vivants ne mordra plus personne !
.
Lui qui raillait toujours, certe il ne raillait plus,
Et dans son coin le loup tout piteux et confus,
Ses poils bruns hérissés et sa langue bavante,
Epouvanté, tâchait dinspirer lépouvante
.
Depuis quinze cents ans
Sa mort fait chaque hiver rire nos paysans.
© Copyright - Tous droits réservés.