Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LAZ SOUS LA REVOLUTION

  Retour page d'accueil      Retour "Ville de Laz"  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Dès les débuts de la Révolution, le château de Trévaré dut porter ombrage aux patriotes, mais il était loin de toute surveillance, aussi fallait-il de grandes précautions, pour en approcher sans trop d'émotion dans le pays, c'est ce que nous apprend le rapport suivant d'une perquisition avec la force armée (L. 16).

« L'an 1701, ce jour 29 Juin, nous François-Xavier Baudot, membre du Directoire du District de Carhaix, commissaire nommé par le Directoire à l'effet de dissiper un rassemblement de ci-devant gentilshommes, au château de Trévarez, paroisse de Laz, rapportons ce qui suit :

Nous sommes partis de Carhaix, ce jour à une heure après-midi, avec le détachement du Port-au-Prince... En passant à Châteauneuf, l'officier, commandant le détachement qui y est en garnison, nous a assuré que d'après la conversation qu'il a eue avec les individus réunis à Trévaré, au château, hier au soir, le prétexte de leur rassemblement est une partie de chasse, que néanmoins M. Tinténiac père, s'est livré à lui confier qu'ils avaient à leur disposition 80 hommes, très bons soldats. Le chevalier de Tinténiac a ajouté, que si la descente des Anglais était réelle, ils étaient disposés à combattre contre eux avec ces 80 hommes, sauf ensuite à guider leurs affaires particulières. Qu'ils étaient au nombre de 40 hommes, armés de fusils à deux coups et de pistolets, qu'il y avait de plus des femmes habillées en hommes et armées.

D'après ce renseignement, nous avons requis le dit officier de faire assembler sa troupe aux 5 heures du soir, sous prétexte de retourner à Carhaix, et de partir pour aller se joindre sur la grand'route, au détachement de la garde nationale de Carhaix qui devait arriver à cette époque.

A 5 heures, le détachement de Châteauneuf qui était de 35 hommes et de quelques volontaires de la garde nationale avec 30 cavaliers du 21ème régiment de... descendirent le chemin qui conduit de Châteauneuf à Carhaix. 

Le commandant du détachement avait, dès les quatre heures, envoyé une garde occuper le pont qui conduit à Trévaré, à l'effet d'arrêter tous ceux qui pouvaient aller y donner des nouvelles.

M. Maladan, commandant les 30 cavaliers, m'a déclaré qu'il ne pouvait agir que dans le cas que le drapeau rouge serait déployé, la loi martiale publiée et les municipaux en tête des troupes. Je lui ai répondu que la loi martiale n'était applicable que dans le cas de sédition populaire, dans les bourgs ou ville, que l'exécution en était impossible dans les campagnes, surtout dans le cas présent où il n'était pas question d'insurrection de la commune de Laz, mais d'un attroupement de ci-devant nobles dont aucun n'était domicilié de la municipalité ; que d'ailleurs le succès dépendait du secret et de la célérité de la marche, qui ne pouvait avoir lieu si on traversait Trévaré pour se rendre au bourg de Laz y réunir la municipalité... que s'il persistait dans son refus, il l'en rendait responsable et qu'il allait marcher avec le détachement de Port-au-Prince et la garde nationale.

Alors M. Maladan répondit qu'il était aussi patriote qu'un autre, qu'il n'avait fait ces observations que parce qu'il les croyait fondées sur la loi ; qu'il était prêt à marcher, le Directoire restant responsable de sa réquisition.

Il fut arrêté que je prendrais les devants accompagné d'un brigadier de gendarmerie, que je demanderais l'entrée du château, qu'après avoir communiqué ma commission aux ci-devant nobles, je prendrais connaissance de leurs projets et de leurs forces ; que dans le cas où ils paraîtraient avoir eu des desseins pernicieux je les sommerais de se rendre à Quimper, sous l'escorte d'un piquet, leur garantissant qu'ils n'éprouveraient aucune violence ni insulte.

Que s'ils refusaient cette capitulation je leur déclarerais qu'ils allaient être forcés dans le château ; que pendant ce temps la cavalerie irait se porter dans un lieu où elle pourrait couper la retraite à ceux des ci-devant nobles qui tenteraient de s'enfuir ; que les cavaliers de la gendarmerie se tiendraient à portée du château pour porter les ordres nécessaires ; que chacun des trois détachements de la garde nationale et du régiment de Port-au-Prince investirait le château ; que les officiers défendraient à leurs soldats de commettre aucun dégât.

Ce plan convenu, les détachements se sont mis en marche pour Châteauneuf ; une des sentinelles m'a fait remarquer dans un champ voisin, un particulier nommé Pic, ci-devant de la Mirandole lequel revenait de Trévaré. Le sieur Pic, sur mes réquisitions, m'a répondu qu'il avait été dîner avec les personnes réunies à Trévaré et devait y avoir été le jour précédent, qu'ils étaient en petit nombre, quelques-uns sans armes, les autres n'en n'avaient que de chasse que l'objet de leur réunion était une partie de chasse. Interrogé sur leurs noms, et s'il n'y avait pas donné avis du dessein d'y envoyer des troupes, a répondu qu'il n'était pas obligé de satisfaire à mes autres questions et qu'il n'y répondrait pas.

Attendu son refus, et le soupçon qu'il était allé prévenir les ci-devant nobles de faire retraite, l'avons fait consigner dans sa maison jusqu'à notre retour.

A l'endroit, deux fusilliers nous ont conduit un ecclésiastique non sermenté vicaire du Moustoir, suspecté d'avoir été donner avis de notre projet, au château. Ce soupçon ayant été détruit par les réponses du sieur Guillou, nous l'avons fait relâcher.

Arrivés à une petite futaye, près le château, nous avons aperçu un homme à pied qui fuyait vers le bois ; nous l'avons fait poursuivre, mais en vain, tandis que nous nous rendions seul et sans arme dans la principale cour du château.

A la porte principale, avons trouvé une dame, l'épouse du sieur Mazé, fermier de la terre de Trévaré, et sur nos interrogations, nous a dit que si ceux que nous cherchions n'étaient pas partis, nous devions les chercher dans le corps de logis vulgairement dit le chenil.

Arrivés à la maison désignée, nous avons trouvé quelques paysans de Bannalec et deux charrettes chargées de caisses, matelas, sommiers, valises, etc.

Au rez-de-chaussée, nous avons trouvé des tables dressées dans les deux chambres basses, les débris d'un grand repas et deux domestiques de M. de Tinténiac, qui m'ont déclaré que leur maître était venu avec une douzaine d'amis pour y chasser et s'amuser.

Requis de donner leurs noms, ils nous ont nommé M. de Tinténiac, son fils, M. Bauvoir, M. Kerstrat, M. Briand, chevalier de Saint-Louis, de Quimperlé, M. Keranevel, M. Guernisac, MM. Trémiso, Kerléau, d'Amphernay, Derval, Duvergier père et fils, Le Guével, prêtre non assermenté, qu'ils étaient partis pour Quimerc'h, aussitôt dîner :

En l'endroit, ces détachements ont investi le château.

Entrés, nous y avons trouvé Mme Mazé avec ses enfants et M. Jacob, curé de Laz.

Mme Mazé nous a dit que ces Messieurs, au nombre de 18, armés de fusils, avec leurs domestiques, également armés, Mesdames de Tinténiac, Beauvoir et les demoiselles Geslin, en tout cinq femmes, dont quelques-unes en amazones, étaient venues au château pour s'amuser ; que s'ils avaient des desseins dangereux elle l'ignore, qu'elle n'a pu refuser l'entrée du château à M. d'Ampherney, parent et procurateur de M. Pontbellanger, propriétaire de Trévaré.

Sur ce qui nous a été déclaré par quelques paysans que ces Messieurs étaient allés à Saint-Goazec chez le maire, y avons envoyé un détachement sous les ordres de M. Damey, officier.

Le sieur Hamon, garde forêt... nous a déclaré que ces Messieurs étaient au nombre de vingt maîtres, qu'ils ont chassé et tué une laie, la veille, qu'ils avaient des provisions de bouche pour longtemps, qu'ils avaient reçu plusieurs avis qu'on devait les inquiéter et les enlever, qu'ils avaient pour aumônier M. Guével, ci-de­vant, curé de Locmaria-Berrien, qu'ils sont partis précipitamment après dîner, une heure environ avant notre arrivée.

Nous avons procédé à la visite du château avec M. Lavalette, commandant le détachement de Port-au-Prince, et n'y avons trouvé rien de suspect. Le sieur Damey, revenu de Saint-Goazec, nous a déclaré n'y avoir trouvé personne.

De tout quoi avons rapporté le présent procès-verbal ».

Cette perquisition avait été peu fructueuse pour les patriotes, d'abord parce que leur marche n'avait été si secrète que les intéressés n'aient pu être avertis, et aussi parce que le pays n'était pas encore à la hauteur des nouvelles institutions. Le recteur de Laz, Philippe Jacob, que les patriotes trouvèrent au château de Trévavez, avait refusé le serment, ainsi que son vicaire, M. Henri, ils demeurèrent cependant dans leur paroisse jusqu'à la fin de 1791, demeurèrent cachés dans le pays, mais aussi ils étaient soutenus par toute la population comme l'on peut en juger par cette délibération du Conseil municipal prise le 14 Mars 1792 (L. 129).

« Nous municipaux et notables, sur la demande itérative de tous les individus de la paroisse de Laz, remontrons à MM. du Département, que MM. du District de Carhaix menacent de faire capturer leurs prêtres et surtout le sieur Jacob leur Curé, qu'une persécution sans cause, fait tenir caché depuis trois mois. Nous vous supplions de faire donner au sieur Jacob, bon et vertueux prêtre qui ne nous a prêché que soumission aux lois, toute assurance, pour nous ad­ministrer librement les secours spirituels. Le sieur Jacob notre vigilant pasteur est le seul, de mémoire d'homme qui ait bien connu notre caractère et qui ait su le diriger au bien dans les circonstances les plus critiques ». Jacques Keraval, maire, notables : Michel Henry, Duigou, Corbel, Bizien, Cozic, Le Guével, etc. Jaouen, procureur de la commune ; Le Cloarec, secrétaire-greffier.

Le District de Carhaix essaya de remplacer M. Jacob par un M. Le Coant, constitutionnel, mais celui-ci, de crainte des chouans, ne voulut pas se risquer dans le pays.

Les prêtres fidèles demeurèrent, encore toute cette année 1792, dans ces contrées retirées, plusieurs se laissèrent traquer jusqu'à la fin, d'autres se rendirent d'eux-mêmes en arrestation pour n'être pas réduits à mourir de faim. C'est ainsi que M. Jacob fut amené à prier les gendarmes de venir le saisir, espérant se voir interner à Kerlot, mais de fait il fut conduit dans la maison de justice de Quimper vers le mois d'Avril ou Mai 1793, et c'est de là qu'il arrivait au Département le 31 Mai (L. 73).

« Expose Philippe Jacob, recteur de Laz, que détenu depuis trois semaines à la maison de justice de Quim­per, il demande à être transféré à Kerlot, dépôt com­mun des prêtres réfractaires et infirmes ». M. Jacob allait avoir 60 ans. Le District de Morlaix, ajoute-t-il, qui devait ou payer l'exposant ou le remplacer [Note : Une loi positive autorisait, obligeait même les curés non assermentés à continuer leurs fonctions jusqu'à leur remplacement et leur assurait un traitement. Ce devait être le cas du Curé de Laz] envoyait sans cesse des gendarmes ou des soldats qui pillaient la maison, l'exposant se pourvut au Département qui, par arrêté du 14 Mars 1792 l'autorisa à continuer ses fonctions jusqu'à ce qu'il fut remplacé. Il ne l'a pas été et n'a pas été payé, il a résisté tant qu'il a pu, mais enfin hors d'état de subsister, il s'est retiré dans sa maison natale à un quart de lieue de la paroisse. Mais il n'y pouvait plus tenir, il n'avait pas de pain, ses infirmités augmentaient, il écrivit donc au citoyen Guéguen, de Châteauneuf : « Généreux ami, après ce que vient de me dire mon neveu, il y aurait encore pour moi moyen d'entrer au dépôt à Quimper, consultez là-dessus la brigade de Châteauneuf et venez avec eux vous saisir de ma personne, vous me trouverez chez moi le 9 Mai 1793 ». Jacob, recteur de Laz.

« L'exposant alla lui-même le 10 Mai au-devant d'eux, les engagea à se rafraîchir dans sa maison. Il fut conduit à Châteauneuf, le lendemain on le mena à Carhaix, où il fut jeté tout mouillé dans un cul de basse fosse, d'où on l'a conduit à la maison de justice de Quimper.

L'exposant s'est donc rendu volontairement comme plusieurs de ses confrères admis à Kerlot depuis peu ; il a suivi leur exemple, il compte sur le même asile ».

Cette satisfaction lui fut accordée le 5 Juin, malgré les observations du concierge qui assure qu'il n'a que 53 lits pour coucher 73 prêtres détenus.

De Kerlot, Jacob fut transféré aux Capucins de Landerneau, où les meubles étaient fournis par les dames Kerantrei et Tronjoli. Le 3 Février, après un court séjour en 1793, il fut reconduit dans la prison de Carhaix (L. 125). A Quimper où nous le retrouvons, au mois de Mai 1798, il fut détenu au collège, nous croyons qu'il ne tarda pas à y mourir ; nous n'en trouvons plus trace, lors de la réorganisation du culte. Un prêtre de Laz, Urbain Cléac'h, né à Laz en 1718, prêtre en 1749, n'a pas fait le serment. Détenu à Kerlot et aux Capucins de Landerneau, fit sa soumission en 1793, était nourri chez Henri Le Menthéour, à Saint-Goazec (L. 125) dût mourir avant la fin de la Révolution. Quant au vicaire de Laz, M. Henri, il fut déporté au château du Taureau, le 27 Octobre 1792, et de là à Brême, le 17 Avril 1793 (Archives du diocèse de Quimper et de Léon).

 © Copyright - Tous droits réservés.