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Histoire de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour.

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Sur un des points les plus élevés du plateau dominant la baie de Binic, existait fort anciennement (dès le VIème siècle, dit-on), une chapelle dédiée à Marie, desservie par les ermites de la forêt de Buhen.

Suivant la tradition, cette chapelle n'était pas située à l'emplacement de la chapelle actuelle de Notre-Dame-de-la-Cour, mais à 3 kilomètres plus loin, au lieu dit La Vieille-Cour, ou l'on a retrouvé des débris de constructions au milieu d'un bois taillis, échappé à l'incendie qui dévora la forêt et le château de Buhen, en 1590.

Quoi qu'il en soit, la chapelle de Notre-Dame-de-la-Cour fut commencée à l'emplacement actuel dans la première moitié du XVème siècle. C'est ce qu'indiquent l'architecture de son chevet qui en est la partie la plus ancienne et les écussons enchassés dans sa grande verrière.

Lantic (Bretagne) : chapelle Notre-Dame-de-la-Cour.

MM. Geslin de Bourgogne et de Barthélemy tirent, d'un parchemin découvert par M. De La Borderie, au château de Nantes, la preuve que Jean V, duc de Bretagne (de 1399 à 1442), fut le fondateur de la Chapelle.

Ce document, extrait des registres de la chancellerie de Bretagne de 1464, publié par M. De La Borderie dans les Mélanges d'histoire et d'archéologie bretonne, émane de François II et rappelle seulement que Jean V consacra une rente de un tonneau de froment au service d'une messe perpétuelle à dire chaque semaine à Notre-Dame-de-la-Cour.

On peut on déduire simplement ceci : que la chapelle était commencée sous Jean V puisqu'il la dota.

En tous cas, si Jean V fonda la chapelle, ce qui est très possible, à sa mort, elle était loin d'être achevée. Son fils François Ier lui succéda. Après un règne troublé par ses querelles avec ses frères, et souillé par l'assassinat de l'un d'eux, Gilles de Bretagne, en 1450, bourrelé de remords, il mourut quelques mois après ce crime et on croit que parmi les nombreux dons qu'il fit aux églises pour se le faire pardonner, Notre-Dame-de-la-Cour eut sa part. Il eut pour héritier son frère Pierre II (1450-1457), mari de la pieuse Françoise d'Amboise, auquel succédèrent Arthur III de Richemont (1457-1458) qui régna moins d'un an, puis son neveu François II (1458-1488).

C'est sous le règne de ces trois princes que s'achevèrent les travaux de la chapelle, et de cette époque aussi datent les magnifiques vitraux qui la décoraient avant 1793, et dont une partie seulement existe encore.

Lantic (Bretagne) : chapelle Notre-Dame-de-la-Cour.

Dans ces travaux, la part de Pierre II dut être grande, car un acte de procédure de 1585 [Note : Constituant opposition par 0llivier du Gouray, seigneur de la Côte, à l'acquisition du fief de Lantic par Guillaume de Rosmadec (archives départementales)], cite Pierre II comme ayant construit la chapelle, ce qui n'est pas tout à fait exact, puisque, d'après l'acte de 1664 relaté plus haut, elle était commencée avant lui.

Les trois ducs que nous venons de citer eurent pour collaborateur Jéhan Prigent, évêque de Saint-Brieuc (1450-1472) qui avait des goûts d'artiste, et qui venait d'enrichir à ses frais sa cathédrale de la belle chapelle Saint-Guillaume. Il aida puissamment à terminer le bras de croix de la chapelle de Notre-Dame-de-la-Cour, aussi ses armes figurent-elles a l'extérieur de l'aiguille de pignon de ce bras de croix. Elles portent « d'azur à la fasce d'or accompagnée de 3 mollettes de même ».

Les travaux duraient encore en 1464, puisque en vue de leur achèvement, François II, dans l'acte précité portant cette date, fit remise « aux manants et habitant à la chapelle de Notre-Dame-de-la-Cour, de leurs tailles, fouages et impôts, pendant 6 ans », à charge d'employer la moitié de leur produit à « parachever l'édifice et réparation de la dite chapelle, lequel n'est pas encore accompli ».

A ce moment le chevet et le bras de croix, édifiés avec le plus grand luxe de matériaux et de main-d'oeuvre, étaient achevés depuis plusieurs années. La longère Midi de la nef avec ses arcades, et le bas côté adjacents étaient déjà élevés, et cette partie moind décorée que la précédente mais encore bâtie en pierres de taille, indique déjà une certaine pénurie de ressources. Quant à ce qui restait à faire, c'est-à-dire le pignon Ouest et la longère Nord de la nef en face le bas côté, faute d'argent, on ne songea qu'à le terminer au moins de frais possible.

Renonçant aux voûtes en pierre pour cette partie de la nef et le bas-côté, on leur substitua un lambris en bois, on renonça à la pierre de taille et on construisit en moellon la longère et une partie du pignon Ouest, et on abaissa par économie le niveau des toits, ce qui produisit entre cette partie et celle antérieurement construite, une coupure du plus déplorable effet.

Enfin le pignon Ouest ainsi construit, sans doute mal fondé et surchargé par le poids d'un campanile assez important puisqu'il contenait 3 cloches, donna au bout de quelques années des signes de dislocation et d'affaissement, plus tard des lézardes se produisirent, si bien qu'il s'effondra en 1774.

Mais si le pignon a disparu, la longère Nord subsiste, car contrairement à l'assertion de MM. Geslin de Bourgogne et De Barthélémy, elle ne croula pas en même temps que le pignon, qui seul tomba avec le campanile, entraînant dans sa chute une partie de la charpente et de la couverture de la nef. Cela résulte expressément des faits consignés aux délibérations du Général de Lantic de 1774 [Note : « Le général » de Lantic était le Conseil administratif de la paroisse et de la chapelle de Notre-Dame-de-la-Cour. Il se composait de 12 membres et à l'origine, le recteur et le procureur fiscal de la juridiction de Buhen assistaient à ses délibérations. Les registres de cette assemblée existent aux archives départementales des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor)].

Par la pauvreté de cette longère Nord, on peut juger de l'état de gêne existant au moment de terminer cet édifice si luxueusement commencé.

Quoiqu'il en soit, pour nous, c'est peu après 1564, probablement vers l'année 1570, qui termine la période de 6 ans pendant laquelle François II avait fait remise de leurs redevances aux habitants de Notre-Dame-de-la-Cour, cette chapelle fut terminée.

Lantic (Bretagne) : chapelle Notre-Dame-de-la-Cour.

A partir de ce moment, il faut franchir un siècle, pour retrouver des documents intéressant l'histoire de Notre-Dame-de-la-Cour.

En 1584, Guillaume de Rosmadec, vicomte de Méneuf [Note : Méneuf est situé en Ille-et-Vilaine, commune de Saint-Armel, à 3 lieues de Rennes] en Bretagne, acheta de noble et puissant seigneur Jacques Le Porc de La Porte, baron de Vezin et Pordic, demeurant en son château de Vezin, en Anjou, la terre et seigneurie de Lantic. Ce fief prit alors le nom de Buhen, du nom du château que la famille de Rosmadec habitait dans la forêt de ce nom.

Guillaume s'y retira pour finir ses jours, et installa dans la chapelle de Notre-Dame-de-la-Cour, voisine de son château, un chapitre de 7 chanoines, composé d'un doyen, un chantre, un sous-chantre, un sacriste, un diacre, un sous-diacre et un autre chanoine.

Cette création accrut la réputation du sanctuaire qui, depuis la fin du XVème siècle, avait bénéficié de plusieurs fondations. Le nombre s'en accrut, les familles les mieux posées recherchèrent les emplois de sa fabrique et, en 1587, le 5 avril, ainsi qu'un registre de baptême pieusement conservé en fait foi [Note : Registre des baptêmes de la paroisse de Lantic, de 1537 à 1588. Des registres aussi anciens sont très rares], on baptisa en grande pompe dans le choeur de Notre-Dame-de-la-Cour « Christian Bros, âgé de plus de 30 ans, éthiopien de nation, sarrazin et infidèle de naissance ».

La cérémonie eut lieu en présence « de Messire Guillaume de Rosmadec, de noble escuyer François de Boisgelin et de très grande et notable compagnie de gens d'Eglise, de noblesse et du tiers-état ». Le sacrement fut administré par François Couppé, recteur de Lantic et doyen de la chapelle.

Malheureusement, cette période brillante pour Notre-Dame-de-la-Cour dura peu. Par suite des guerres de la Ligue, dont les effets se firent sentir en Bretagne dès 1584 et à Lantic, en 1589, Guillaume de Rosmadec, partisan, bien que catholique, de Henri IV, encore Huguenot, vit son château de Buhen attaqué et pillé, sa forêt brûlée avec le manoir par les troupes de Mercoeur en 1590 et, réfugié en Angleterre, il ne put rentrer en France qu'à la fin de la guerre. Il se fixa à Saint-Brieuc, où il mourut le 5 avril 1608. Son coeur y fut déposé en un labe qu'il possédait en l'Eglise Saint-Guillaume à côté du grand autel, son corps fut enterré, le 7 avril, à Notre-Dame-de-la-Cour.

Lantic (Bretagne) : chapelle Notre-Dame-de-la-Cour.

Monseigneur l'évêque de Saint-Brieuc, qui était Melchior de Marconnay, fit le service d'enterrement à la Cathédrale, et accompagna le corps jusqu'au bas de la rue de Gouët, où les chanoines de Notre-Dame et le clergé de Plérin l'attendaient pour l'escorter jusqu'à Notre-Dame-de-la-Cour [Note : Récit extrait d'un manuscrit de 1599 à 1609 existant dans les archives de la famille De Boisgelin, et relaté par le registre de paroisse de Lantic], où l'évêque
vint chanter le service d'octave.

On célébra, pour le défunt, 129 messes tant à Notre-Dame qu'à Lantic et aux environs.

Malheureusement, Guillaume de Rosmadec, qui avait fourni des subsides aux chanoines de la collégiale de Notre-Dame-de-la-Cour sur ses ressources personnelles, pendant sa vie, ainsi que le témoignent ses livres de compte (Livres très détaillés, allant de 1587 à 1594 - Archives départementales), oublia d'assurer leur avenir par une fondation perpétuelle, aussi après sa mort, si les chanoines existant à ce moment, probablement soutenus par sa soeur Radegonde, continuèrent de remplir leur charge, ils n'eurent pas de successeurs, et le chapitre disparut par extinction. On n'en trouve plus trace à partir de 1616 où un chanoine de Notre-Dame-de-la-Cour est encore mentionné dans un acte de fondation en faveur de l'église de Lantic, et, dans un procès-verbal portant création à Notre-Dame, de la confrérie du Rosaire, le troisième dimanche d'octobre 1621, on cite le recteur de Lantic et autres prêtres mais pas de chanoines.

La maison qui leur servait d'habitation, prés de la chapelle, n'a été démolie qu'en 1830, pour construire une auberge.

Le mariage de Radegonde de Rosmadec avec Thébault de Boisgelin, qui eut lieu du vivant de Guillaume [Note : En effet, sur le registre précité de baptême, on trouve, en 1588, l'acte de baptême d'un de leurs enfants], transporta à la mort de celui-ci, dans la maison du Boisgelin, les droits des vicomtes de Méneuf sur Notre-Dame-de-la-Cour. Vers le milieu du XVIIème siècle, il y eut des contestations entre Jean du Boisgelin et Jean Geslin, seigneur de Trémargat, relativement a leurs droits respectifs sur la chapelle. Le premier menaçait de faire mettre dehors de Notre-Dame le corps du père du second « y ensépulturé ». Un accord intervint le 1er mai 1645, par lequel Jean Geslin reconnaissait comme seigneurs supérieurs et fondateurs de Notre-Dame les Méneuf, qui, à leur tour, reconnaissaient les Geslin comme fondateurs de la chapelle Saint Sébastien, dans le bras de croix de ladite église.

Ils pourraient y avoir leurs armes, « et même à la maitresse vitre » mais ne pourraient étendre leurs litres [Note : Les litres étaient des draperies décorées d'armoiries, qu'on pendait aux murs extérieurs les jours de procession, comme on fait encore pour la Fête-Dieu] autour de Notre-Dame.

Bientôt les Du Boisgelin abandonnèrent, avec les charges qui en résultaient, les droits que leur donnait sur Notre-Dame-de-la-Cour, le titre de seigneurs de Buhen et ils furent recueillis par les Geslin.

Un demi-siècle s'écoule sans trace d'aucun fait notable dans l'histoire de Notre-Dame-de-la-Cour.

On sait seulement que c'est vers 1727 que disparut le jubé en bois qui servait de clôture entre le choeur et la nef de l'église ; en effet, à cette date, les Geslin veulent actionner les Boisgelin en « réintégrande d'écussons » qui se trouvaient sur le jubé démoli (Archives Départementales).

Les registres du « Général » de Lantic nous montrent qu'au XVIIIème siècle c'est cette assemblée qui nomme le trésorier de Notre-Dame et celui de la confrérie du Rosaire.

Ils nous apprennent qu'en 1769 les rentes et fondations de Notre-Dame atteignaient 201 livres, 3 sols, 6 deniers.

Qu'en cette même année, un maître autel avec tabernacle fut commandé au sculpteur Corlay, auteur du bel autel de l'Annonciation à la Cathédrale de Saint-Brieuc. Cet autel fut payé 475 livres, plus les transports de l'atelier à la Chapelle ; en 1770, le trésorier de la Chapelle rend ses comptes qui se soldent par 1.590 livres en charges et 1.610 livres en décharge.

Le 9 janvier 1774, le trésorier avisa le Général « que le pignon vers le soleil couchant sur lequel est le campanile et les 3 cloches menace ruine ». Le Général décida de faire procéder de suite à la démolition, mais on ne fut pas assez prompt, et 20 jours après le pignon croulait jusqu'au ras du sol en entraînant une partie de la charpente et de la couverture. Les 3 cloches n'eurent pas de mal. On prit immédiatement le parti de construire une tour à la place du pignon et du campanile écroulés (13 février 1754), malheureusement, on s'imagina d'édifier une massive tour carrée, en maçonnerie de moellon, les angles seuls en pierre de taille à bossages, surmontée d'un dôme et d'une flèche en ardoises avec baies les unes cintrées, les autres ovales, bâtisse faite sans goût et sans soin, puisqu'avant d'être terminée elle se lézardait déjà et dût être appuyée en 1775, du côté opposé au bas côté, par 2 éperons, l'un extérieur, l'autre intérieur. « C'est, dit le recteur Gicquel, un ouvrage ridicule pour un monument gothique ». Commencée en 1774, elle fut terminée en 1777 et coûta 8.000 livres.

A la veille de la révolution, « le Général » s'occupe encore de la chapelle. Une chaire fut faite par Léart, menuisier à Châtelaudren en 1784 ; en 1788, le trésorier représente qu'il est indispensable de terminer l'autel du bas côté, commandé au même Léart. En 1789, le Général élit encore le trésorier de Notre-Dame, Yves Collet. Cette délibération marque la fin du « Général » de Lantic.

La révolution de 1793 fit, en l'espace d'un jour, plus de ravage à la chapelle de Notre-Dame-de-la-Cour que n'en avaient causé plusieurs siècles. Le recteur Gicquel raconte, d'après le témoignage de vieillards, témoins oculaires des faits, qu'une bande d'énergumènes armés de marteaux attachés avec des cordes aux extrémités de longues perches, se rua sur la chapelle et brisa la plupart des vitraux, « dont les sujets les offusquaient ». Les anciens pleuraient, suppliant qu'on épargnât le sanctuaire, pendant que les enfants riaient et s'amusaient avec les fragments de verre qui volaient de toutes parts. Le christ qui est érigé sur le placitre, près de la chapelle, fut abattu, les culs-de-lampe des niches extérieures martelés, deux cloches, sur 3 que contenaient le clocher, furent descendues et apportées à Saint-Brieuc.

Les statues ne furent pas brisées, ni aucun objet intérieur endommagé. Les niches extérieures ne devaient pas contenir de statues, sans cela M. Giquel eût mentionné leur disparition.

Les 16 et 17 ventôse an II (7 et 8 mars 1793), procès-verbal d'inventaire fut dressé par Jean Cocho, commissaire-sequestre des biens des fabriques et fondations ecclésiastiques, concernant les objets mobiliers de la chapelle, en présence de François Le Suavé, maire (Archives Départementales).

Le mobilier n'était pas très important. Il se composait, en plus des autels, au nombre de 4, et leurs accessoires, 4 confessionnaux, 1 chaire, 1 tableau du Rosaire et 1 de Sainte-Radegonde, et 23 statues, de 2 calices en argent avec leur patène, une croix de procession argentée, 4 chappes, 11 ornements complets pour la messe, 9 nappes d'autel et 1 de communion, 2 surplis, 3 aubes et 3 amicts, ainsi que divers objets en cuivre et étain, chandeliers, lampes et plateaux, pesant en tout 134 livres.

Dans les 4 troncs, on trouva 37 sols, dont 7 en assignats. A ce moment, on n'avait pas encore enlevé la balustrade en fer servant d'appui de communion, ni la grille plus élevée séparant la nef du choeur, également en fer. Elles furent descellées plus tard et emportées à Saint-Brieuc avec les vases sacrés.

A la suite de ces événements, des 9 verrières du XVème siècle qui décoraient Notre-Dame, 6 avaient entièrement disparu. Les 3 autres, dont la grande vitre du choeur, furent seulement endommagées par la perte de quelques panneaux.

La chapelle ne fut pas vendue, le maire s'y opposa en prétextant qu'il en avait besoin pour ses publications. Lors de la restauration du culte, Monseigneur Cafarelli, évêque de Saint-Brieuc (1802-1815), réclama Notre-Dame-de-la-Cour comme succursale de l'église de Lantic. Cette demande fut approuvée le 25 nivôse an XII (1804) par le 1er Consul.

Le même évêque y célébra, en 1810, le mariage de Mlle Geslin de Bourgogne Polyxène, unique héritière de Geslin et Boisgelin, avec M. Henri Chrestien de Tréveneuc. A partir de ce moment, le château de Bourgogne fut à peu près abandonné, au grand dommage des malheureux de Lantic.

Notre-Dame-de-la-Cour fut elle-même un peu délaissée. Cependant, en 1820, Loyer, peintre à Etables, y fit pour 2.000 fr. de travaux de peinture et dorure des boiseries, autels et statues.

Mais c'est seulement en 1847, qu'à la demande de M. Geslin de Bourgogne, une restauration sérieuse fut entreprise. Il obtint un secours du département pour réparer les verrières, à la condition que le conseil municipal réparât, de son côté, la toiture alors en piteux état.

A ce moment, des trois verrières existant, la maîtresse vitre avait perdu un tiers de ses vitraux. Ce qui en restait n'était retenu que par du mortier de chaux. Les verres détachés des vergettes s'étaient déjetés en dedans et en dehors et une épaisse couche de crasse à l'intérieur, de mousse à l'extérieur ne laissaient plus rien voir des tableaux. Le tout fut nettoyé et consolidé.

A la fin de 1848, M. Gicquel fut nommé recteur. Il s'attacha à seconder M. Geslin de Bourgogne dans ses projets de restauration et grâce à un nouveau secours, on put protéger la grande verrière par un grillage, achever la réparation des toitures, et protéger les contreforts qui dégarnis de dessus et couverts de mousse, herbes et fougères, recevaient une masse d'eau pluviale considérable qui de là s'infiltrait dans les murs. Il ne paraît pas cependant que la situation ait beaucoup changé depuis.

En même temps, on entreprit de débadigeonner les murs, couverts à l'intérieur d'une ignoble couche de chaux, et d'enlever les boiseries autour du choeur, construites au XVIIIème siècle. Pour placer ces boiseries, on n'avait pas craint de faire sauter au marteau les socles des colonnes et toutes les saillies de pierres qui gênaient pour approcher la boiserie des murs. En retirant d'autres boiseries qui recouvraient la longère Est du bras de croix, on découvrit une charmante crédence entourée d'un bandeau saillant, enrichi de feuilles de vigne découpées dans la pierre, du travail le plus délicat, et là aussi on avait abattu en partie, au marteau, les saillies, pour placer une méchante boiserie.

Ces travaux de nettoyage de murs durent jusqu'en 1856.

En 1864, M. Leclerc devint recteur de Lantic. Il se consacra d'une façon spéciale à l'embellissement de Notre-Dame-de-la-Cour.

Dès 1865,  il remplaça la balustrade en bois du choeur et de l'autel Saint-Sébastien par une en fer, sortie des ateliers de M. Hüe, de Saint-Brieuc.

En 1868, il fit repeindre toutes les statues dans le style du XVème siècle.

Il allait continuer quand un malheureux accident vint lui donner les plus graves soucis.

Le 30 décembre 1874 un incendie, allumé par l'imprudence de deux ouvriers, qui, travaillant dans les combles y avaient fait du feu, détruisit les voûtes, la charpente et la toiture du bas côté et la nef en face celui-ci. L'autel Sainte-Radegonde et la chaire devinrent la proie des flammes, et le vitrail de la fenêtre voisine de la chaire, respecté en 1793, vola en éclat par suite de la chaleur de l'incendie. Par bonheur, toute la partie artistique du monument fut préservée.

Il fallut refaire ce qui avait brûlé, M. Le Clerc se mit courageusement à l'oeuvre et il put, avec l'aide de souscriptions volontaires seulement, entreprendre les travaux de 1876, et les mener à bonne fin.

De plus, en 1878 il restaura complètement le grand vitrail du chevet et celui derrière l'autel Saint-Sébastien.

En 1879, il fit placer un maître-autel et des stalles de choeur en harmonie avec le style de la chapelle.

Enfin, il orna de vitraux historiés toutes les fenêtres qui en manquaient en 1884.

Son zèle pour Notre-Dame-de-la-Cour lui a mérité d'y être enterré en 1891.

En 1893, fut inauguré et béni un chemin de croix, style XVème siècle.

Le recteur actuel, M. Le Voyer, dès son arrivée en 1895, eut son attention attirée sur l'état de la tour de la chapelle édifiée en 1777. Déjà lézardée au moment de son achèvement, elle était dans un état de délabrement tel qu'un accident semblable à celui survenu en 1774 était à craindre.

En 1897, on fut obligé de cesser de sonner les cloches, et l'une d'elles tomba même du beffroi que l'écartement des murs avait désassemblé.

Bientôt après, la croix de fer de la flèche s'effondra à son tour.

La démolition s'imposait, et M. Le Voyer dut l'entreprendre et songer à élever un nouveau clocher. Grâce à son initiative et à la générosité de pieux donateurs, un nouveau clocher avec campanille ajouré a été édifié sous notre direction en 1898 et béni en même temps que deux cloches neuves, le 19 février 1899. Cette réfection, qui a entraîné une dépense de plus de 12.000 fr., n'a rien coûté ni à la commune ni à la fabrique.

De plus, l'année dernière (1902), la grande fenêtre du bras de croix dont les méneaux depuis longtemps retenus seulement par des barres de fer transversales menaçaient de s'effondrer, a été restaurée. On a refait les pièces manquant aux meneaux, qui ont été démontés et replacés entièrement, et un vitrail, don de souscripteurs dévoués à Notre-Dame-de-la-Cour, clot maintenant cette baie de grandeur égale à celle du chevet.

D'autres restaurations non moins utiles donneront d'ici à longtemps un aliment au zèle de M. Le Voyer.

Nous avons achevé l'histoire de la chapelle de Notre-Dame-de-la-Cour ; il nous reste maintenant à la décrire.

Des dessins dressés d'après nos relevés, plans, coupes et élévations des diverses façades, ainsi que des détails reproduisant les meneaux et rosaces des principales fenêtres, et les moulures de pierre des piliers, colonnes et voussoirs, ainsi que la reproduction photographique de la verrière du chevet et des parties les plus intéressantes du monument, rendront plus claire et compléteront notre description, en nous permettant de l'abréger.

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Etude Architectonique de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour.

Lantic (Bretagne) : chapelle Notre-Dame-de-la-Cour.

§. 1. — Dimensions générales.

La chapelle de Notre-Dame de la Cour affecte la forme d'une nef à chevet droit, de 30 métres de long sur 7 de large intérieurement, communiquant avec un bras de croix Midi de 9 mètres de longueur sur 6 de largeur, flanqué lui-même à l'Est d'une sacristie, à l'Ouest d'une tourelle avec escalier en pierre conduisant aux combles.

A la suite de cette tourelle la nef se complète du côté Midi seulement par un collatéral ou bas-côté.

Elle est fermée à l'Ouest par le clocher.

La chapelle peut donner place à 7 ou 800 personnes dans la partie libre pour le public. Bien des églises paroissiales n'atteignent pas cette importance. Au chevet et au bras de croix, la hauteur sous voûte est de 11 métres et son faîte de 15. Dans la partie construite en dernier lieu, la hauteur sous voûte n'est que de 10 mètres et son faîte de 12, le bas-côté a 6m 50 de hauteur du pavé au sommet des voûtes, le clocher atteint 25 mètres de hauteur jusqu'à la croix. Les constructions de la première moitié du XVème siècle représentent les 2/3 de l'édifice.

§.2. — Aspect extérieur.

Si nous faisons extérieurement le tour de la chapelle en commençant par le chevet, nous admirons tout d'abord dans celui-ci, à partir de 1m 70 du sol, une baie ogivale de 4m 20 de largeur sur 7m 80 de hauteur, dont les piédroits et l'ogive sont décorés, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, de fines colonnettes aux bases et chapiteaux moulurés et sculptés, séparées entre elles par une gorge et un bandeau, et qui se continuent dans l'ogive par des boudins de même diamètre.

Dans ce riche cadre, se dresse une magnifique claire-voie de pierre, formée de 7 meneaux droits laissant entre eux 6 intervalles couronnés par des arcatures trilobées au-dessus desquelles s'épanouit, suivant un dessin très pur, un tympan flamboyant, si logiquement étrésillonné, qu'il ne peut être que l'oeuvre de constructeurs très expérimentés et très artistes à la fois.

Le pignon du bras de croix Midi se termine aussi par une baie ogivale de dimensions sensiblement égales à celles du chevet et entourée du même cadre, mais le réseau de pierre qui la remplit, divisé aussi en 6 travées par des meneaux droits, est d'un dessin et surtout d'une exécution bien inférieurs. C'est celle que nous avons restaurée l'année dernière, en conservant scrupuleusement les formes, et nous bornant à remplacer les pierres brisées ou rongées par le temps.

Le choeur et le bras de croix étaient éclairés en outre par 4 fenêtres avec un ou 2 meneaux droits et des rosaces du travail le plus délicat. L'une d'elles a été bouchée ; nous donnons le dessin des autres ainsi que celui des meneaux des deux grandes fenêtres du chevet et du bras de croix.

La nef et les angles des pignons sont appuyés par de puissants contreforts, au nombre de 12 dans la partie construite dans la première moitié du XVème siècle. Chacun d'eux porte une niche encadrée par une arcature. Au bas des niches, un cul-de-lampe saillit, finement décoré de figures grotesques différentes pour chacun. Les niches sont surmontées de dais, aussi saillants, à 5 faces finement refouillées et sculptées.

Ces contreforts devaient être couronnés par des pinacles dont on voit encore les souches. Ils ont malheureusement disparu, peut-être même n'ont-ils jamais été finis. Par suite du défaut d'entretien, les glacis de ces contreforts se sont peu à peu couverts de plantes parasites, dont les racines ont désagrégé les maçonneries, de sorte que l'eau y pénètre et par là s'infiltre dans les maçonneries, si bien qu'elle ruisselle à l'intérieur de l'édifice, entraînant une boue d'un noir verdâtre qui souille les parois des murs.

Un treizième contrefort prolongé sert de pignon à la sacristie éclairée par une jolie fenêtre dont les meneaux sont malheureusement brisés en partie.

Entre deux contreforts de la face Nord, a été édifié un charmant porche qui devait à l'origine communiquer avec l'église par une porte bouchée depuis très longtemps. On dit que les magistrats de la seigneurie de Buhen y ont rendu la justice. Il n'existe rien de plus gracieux comme composition et exécution. Les piédroits et voussures sont bandés par des faisceaux de tores formant colonnettes, entre lesquelles s'enroulent des feuilles de vigne et de ronces, et que vient décorer encore une arcature trilobée se détachant en dentelle au pourtour de l'ogive, plusieurs statuettes non sans valeur contribuent en outre à la décoration de ce joli chef-d'oeuvre.

Lantic (Bretagne) : chapelle Notre-Dame-de-la-Cour.

Un toit de pierres en glacis recouvre le tout, mais ce toit comme les contreforts laisse passer l'eau. Signalons encore la porte de la longére Ouest du bras de croix, qui est aussi remarquable par la richesse de ses piédroits et de ses voussures.

Au bas côté Midi, les détails se simplifient excepté à la porte d'entrée de ce collatéral qui conserve encore la richesse de décoration des parties bâties auparavant. On sent qu'arrivé à la hauteur des fenêtres, l'argent a manqué et qu'on a du modifier par économie le plan primitif.

Probablement aussi les premiers maîtres de l'oeuvre avaient quitté le chantier et avaient été remplacés par d'autres moins artistes.

Aussi, aux baies des 3 fenêtres, plus de colonnettes, mais de simples gorges, des meneaux, et des tympans moins refouillés quoiques élégants encore, aux contreforts plus de niches ni d'arcatures, seuls quatre galbes élancés et ornés de puissants crochets sculptés viennent relever cette façade et masquer par un jeu de torts la nudité du long pan de toiture qui couvre sans interruption la nef et le bas côté.

Si nous passons à la longére située en face du bas côté, au Nord, ce n'est plus de la simplicité mais de la pauvreté ; au lieu de ces parements cossus en taille, un mur de moellon couvert d'un mauvais enduit, à la place des baies élancées précédentes des fenêtres courtes et sans grâce, des contreforts d'un seul jet sans ornement d'aucune sorte, une petite porte toute basse et nue, telle se présente cette longére Nord, absolument indigne du reste.

Quant au clocher, nous nous bornerons à en donner le dessin, il dira si nous avons atteint notre but qui était d'édifier avec de modestes ressources une tour qui ne fut pas disparate avec le reste de l'édifice et rappelât les campaniles bretons de la fin du XVème siècle.

Avant de pénétrer dans l'intérieur de l'Eglise, n'oublions pas de signaler la croix du placitre située tout proche, elle est du commencement du XVIIème siècle, et elle porte en alliance les écussons des Boisgelin et des Rosmadec.

Lantic (Bretagne) : chapelle Notre-Dame-de-la-Cour.

 

Lantic (Bretagne) : chapelle Notre-Dame-de-la-Cour.

§.3. — Aspect intérieur.

L'intérieur de Notre-Dame-de-la-Cour n'est pas moins remarquable que l'extérieur. Nous ne parlons pas de la partie de nef, dont les voûtes refaites en bois après l'incendie de 1874 suivant un berceau, ont été sous prétexte de décoration surchargées maladroitement de moulures simulant des arcs ogives, mais des parties construites dans la première moitié du XVème siècle.

La nef ancienne et son bras de croix sont divisés chacun en 3 travées avec voûtes en pierre, de petit appareil soutenus par des arcs doubleaux formerets et diagonaux très moulurés reposant sur de fines colonnettes. Les voûtes sont très aplaties dans le sens de la largeur du vaisseau et offrent cette bizarrerie qu'elles n'appuient pas directement sur les formerets, mais sur un remplissage de pierres appareillées, interposé entre ceux-ci et l'intrados des voûtes (Voir la coupe).

La nef 1ère époque, longue de 12 métres, est séparée de la partie moins ancienne par un arc triomphal en forme d'anse de panier, délicatement profilé comme les piliers qui le supportent, et de 1 mètre de largeur. Cette arcade, qui était autrefois surmontée d'un pignon, a exercé, par sa masse sur ses piédroits, un effort considérable. L'un d'eux, celui de droite, contrebuté par la tourelle, n'a pas bougé, mais l'autre, soutenu par un simple contrefort, s'est écarté de plus de 0m 20 vers le dehors ; par suite, les joints de l'arc se sont ouverts, les claveaux ont glissé, d'où déformation de la courbe qui, aujourd'hui, est à ce point contournée, qu'on éprouve en la regardant l'appréhension de voir le tout s'effondrer, ce qui ne manquerait pas de se produire s'il survenait un nouveau travail dans la culée, et ce n'est pas seulement l'arc qui croulerait, mais avec lui la travée de voûte qu'il supporte.

Cet état n'est pas nouveau, Ogée le signalait déjà en 1843 : par précaution on a enlevé l'aiguille de pignon qui surchargeait l'arcade, et depuis la situation ne s'est pas aggravée, néanmoins elle reste dangereuse, et la réfection de cette arcade, opération délicate et coûteuse à faire, s'imposera à bref délai.

Au-dessus de l'autel principal, est placée la statue en bois de Notre-Dame, objet de la vénération des fidèles.

La Vierge est assise, et cette statue est remarquablement ancienne, car les Vierges assises remontent au commencement du XIVème siècle, ou mieux au XIIIème siècle. Il faut en conclure, puisque la chapelle actuelle ne date que du XVème siècle, que la statue a dû y être apportée d'un sanctuaire plus ancien, ce qui confirme la tradition, soit que cette chapelle ait été à la Vieille Cour, soit qu'elle ait été à l'emplacement de celle actuelle.

Au milieu de plusieurs autres statues insignifiantes, il y en a une à citer, c'est celle de saint Guillaume, portant des vêtements sacerdotaux courts, lesquels ont été usités en Bretagne à la fin du XVIème siècle et au commencement du XVIIème seulement. Elle paraît contemporaine de Guillaume de Rosmadec.

Au milieu de la nef, en avant et prés du choeur, une statue en pierre, de guerrier, portant une armure du temps de Henri IV, est couchée sur un sarcophage Renaissance, en kersanton. La tête nue repose sur un coussin, un lion est couché à ses pieds ; sur la face du mausolée est gravée l'épitaphe suivante « Ci-gît le corps de deffunct messire Guillaume de Rosmadec, Chevalier de l'ordre du Roy, Vicomte de Mayneuf, Saint-Didier, chastelain de Buhen, gouverneur de Vitré, seigneur supérieur et fondateur de cet Eglise ».

Le titre de Fondateur donné sur son tombeau à Guillaume de Rosmadec ne veut pas dire qu'il fonda la chapelle, qui était faite depuis un siècle quand il vint à Buhen. Il faut le prendre dans son sens féodal, et Guillaume y avait droit, en sa qualité de propriétaire du fief surlequel la chapelle était bâtie, tant lui que ses devanciers ou successeurs.

Il n'est donc nullement nécessaire pour justifier ce titre de lui attribuer, comme on l'a fait, la construction d'une partie de la chapelle, qui serait le bas-côté midi et la partie basse de la nef.

C'est là une assertion erronée, car d'abord les livres de compte de Guillaume n'accusent aucune dépense pour cette construction, ensuite, à partir de 1589, la guerre de la ligue, qui entraîna une diminution de ses revenus de plus d'un tiers, lui donna d'autres soucis, son château fut brûlé en 1590 ; il dut s'exiler et, à son retour d'exil, n'habita plus Lantic jusqu'à sa mort.

Enfin, si Guillaume de Rosmadec avait construit le bas-côté midi à la fin du XVIème siècle, il l'eut fait dans un style tout à fait différent de celui de la fin du XVème, car la renaissance avait déjà pénétré en Bretagne à l'époque où il vivait et c'est dans ce style que quelques années après a été édifié son tombeau.

Or, le style du bas-côté de Notre-Dame ne s'écarte pas de celui de la construction primitive. On l'y retrouve tout entier au soubassement et à la porte d'entrée de ce bas-côté, et c'est dans le même style simplifié seulement que sont construites les fenêtres, les arcades et les gables, il n'a rien de celui usité à la fin du XVIème siècle.

L'autel principal, en bois, ainsi que les stalles de choeur est l'oeuvre du sculpteur briochin Guibé ; il a été exécuté en style du XVème siècle, et monté, en 1879, en remplacement de celui édifié par Corlay au XVIIIème siècle. Il est élégant et d'une bonne facture.

Quant à l'autel de Corlay, 1769, qui avait le défaut de ne pas s'harmoniser avec le reste de l'édifice, il a été relégué à la chapelle Saint-Sébastien.

Le troisième autel, dédié à Sainte Radegonde, est sans valeur.

Il en est de même des tableaux.

La sacristie, qui communique avec le choeur par une porte élégamment décorée, est voûtée avec soin en pierres comme la nef, sur plan rectangulaire, avec arcs diagonaux et formerets. Malheureusement, par suite de l'état de la toiture, l'eau y suinte de toutes parts sur les murs en pierre de taille, et on n'y peut rien déposer. Là aussi une réparation s'impose et elle est urgente.

De la nef, on pénètre dans le bras de croix par une double arcade d'une ogive très aplatie. Les deux culées sont formées d'un faisceau de colonnettes ; au milieu, les deux arcs s'appuient sur une pile composée de 4 colonnes accolées, dépourvues de chapiteau, et d'où se détachent, comme les branches d'un arbre, les tores des arcatures.

C'est dans la longère Est du bras de croix, près du pignon, que se trouve la charmante crédence mutilée pour la masquer, par des boiseries dont nous avons parlé plus haut, et au-dessus un groupe en bois représentant Marie tenant sur ses genoux le corps de son fils. Cette piéta remonte au XVIIIème siècle au moins, puisqu'elle figure dans l'inventaire du mobilier de la chapelle qui fut dressé en 1789, sous le nom de Notre-Darne-de-Pitié.

Du bras de croix, on accède à un escalier tournant en pierre qui autrefois se terminait par une tourelle octogonale émergeant des toits. La partie saillante a disparu, pour la couvrir on a simplement prolongé la toiture du bras de croix, rendant ainsi l'accès des combles très difficile. Son rétablissement avec ses proportions premières contribuerait, outre son utilité, à l'embellissement de la façade midi. La tourelle conduisait aussi à la tribune d'un jubé en bois, traversant la nef, par une petite porte qui existe encore. Ce jubé a disparu, comme nous l'avons dit, vers 1727.

La partie basse de la nef est séparée du bas-côté ou collatéral par quatre arcades reposant sur trois piliers cylindriques. Les arcs sont presque plein cintre. D'autres arcades rejoignent les piliers à des demi-piliers accolés à la longère midi, et ceux-ci étant plus courts que les piliers isolés, ces dernières arcades suivent le mouvement de la toiture, en formant une anse de panier inclinée du côté de la longère. Les moulures de ces arcades, comme celles des précédentes, se perdent à leur naissance par pénétration dans les piliers. Les voûtes sont en bois comme celles de la partie de la nef, continue au bas côté et datent aussi de 1874.

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DESCRIPTION DES VITRAUX.

Ce qui a contribué, autant que les beautés de son architecture a étendre au loin la renommée de la chapelle de Notre-Dame-de-la-Cour, ce sont les magnifiques vitraux du XVème siècle qui décoraient ses fenêtres, au nombre de neuf dont les deux grandes fenêtres du chevet et du bras de croix, et sept fenêtres latérales.

Lantic (Bretagne) : chapelle Notre-Dame-de-la-Cour.

 

Lantic (Bretagne) : chapelle Notre-Dame-de-la-Cour. Lantic (Bretagne) : chapelle Notre-Dame-de-la-Cour.
   

Six de ces verrières furent détruites en 1793, les autres, celle du chevet, celle de l'autel Saint-Sébastien et une troisième dans la longère Nord, près de la chaire, furent seules épargnées bien qu'endommagées. L'incendie de 1874 détruisit cette dernière, de sorte qu'il n'en reste plus que deux datant du XVème siècle.

La grande verrière du chevet a été déjà décrite par les auteurs des Anciens évêchés de Bretagne. Large de plus de 4 mètres, haute de prés de 8, elle se divise en 3 parties. La première par en haut comprend le tympan de la fenêtre, la seconde au-dessous est remplie par une riche ornementation architecturale, enfin la partie inférieure est divisée en 18 panneaux, véritables tableaux consacrés à la vie de la Sainte-Vierge, tirée de la légende dorée.

1ère PARTIE. — Dans les vides du tympan, sont peints des anges au nombre de 16, les uns jouent de la harpe ou de la trompette, d'autres brûlent des parfums dans des encensoirs d'or, les autres tiennent à la main des banderolles où sont inscrits les versets les plus beaux du Te Deum, d'autres, enfin, portent les écussons des princes de la famille ducale de Bretagne.

En tête de la vitre, se détache la bannière semée d'hermines pleines et surmontée de la devise : « A ma vie », qui fut celle des ducs de Bretagne depuis François Ier. Au dessous, rangées par ordre hiérarchique, d'abord les armes de Bretagne en alliance avec celle d'Amboise Thouars, rappelant Pierre II et la Vénérable Françoise d'Amboise. Au-dessous : Bretagne et Bretagne, armes du Comte d'Etampes (depuis François II) et de Marguerite de Bretagne.

 Plus bas sont semés les armoiries des bienfaiteurs de l'Eglise, parmi lesquelles, sur une même ligne, les armes de Rosmadec Gouarlot (d'or à 3 jumelles de gueulles) des Geslin en alliance avec les Lalande Calan (d'or à 6 merlettes de sable et d'azur d'une part, un léopard passant d'argent accompagné de sept mâcles d'argent d'autre part).

Ce dernier écusson n'est pas ancien. Il a dû remplacer celui des Leporc de la Porte, barons des Vezins et Pordic, d'où relevait la terre de Lantic avant 1584.

 Sur une autre ligne, un écartelé : 1° de Kermel et de Penhouet (d'argent à 3 fasces de salle, et d'argent à la fasce de gueule d'une part et 2° parti de cet écu avec les Coëtmen (de gueules à 9 annelets d'or).

En dessous, les armes de 2 évêques et de 2 abbés, savoir d'azur à la fasce d'or accompagnée de 3 merlettes de même, qui est Jehan Prigent, évêque de Saint-Brieuc ; — d'argent au sautoir de gueules et accompagné en flanc et en pointe de 3 quintefeuilles et en chef d'un annelet, qui est Jehan de Coatquis, évêque de Tréguier, puis de Rennes — d'azur au cerf passant d'or, qui est Vincent Kerleau, abbé de Bégard, plus tard évêque de Léon et chancelier de Bretagne ; — d'azur à 3 bandes engreslées de gueules chargées de 5 coquilles d'argent qui est Pierre Huet, abbé de Beauport.

Enfin, au-dessous de ceux-là se trouvent 3 autres écussons qui, bien qu'anciens, sont postérieurs à la fenêtre :

1° d'argent à l'arbre de sinople portant le huchet ou olifant de sable, qui est Rougeart de Loquemeau ; 2° de gueules à la croix vidée, clichée et pommelée d'or, qui est Boturel, et 3° d'or avec 3 merlettes de sable, qui est Geslin.

2ème PARTIE. — Dans la 2ème partie, l'architecture est traitée en tons or et sépia : des dais du dessin le plus fin, avec clochetons, pinacles et arcs-boutants surmontent les tableaux de la légende de la Vierge, et de ces six dais, qui rivalisent de richesse au point de vue de la composition, aucun n'est semblable aux autres.

3ème PARTIE. — Les 18 tableaux qui remplissent la 3ème partie sont peints en grisaille relevée de tons or pourpre, carmin et cobalt. En les lisant depuis le haut de gauche à droite, en voici le sujet :

1er rang. — 1er tableau, sainte Anne, mère de la Vierge, est repoussée de l'offrande au temple par le grand prêtre à cause de sa stérilité ; 2ème tableau, sainte Anne se retire confuse pour prier dans la solitude, où un ange vient la consoler et lui annoncer qu'elle deviendra mère ; 3ème tableau, sainte Anne et saint Joachim se rencontrent devant la porte dorée et se rapprochent pour échanger un baiser qui représente le symbole de l'immaculée-Conception ; 4ème tableau, Joachim, qui s'est de son côté retiré sur la montagne pour prier, reçoit d'un ange la promesse d'un enfant et l'invitation d'aller retrouver Anne devant la porte dorée. Il est évident que la logique demanderait que le 4ème tableau fut le 3ème et réciproquement, mais on les a mis ainsi afin que Anne et Joachim, séparés pour prier, arrivent chacun de son côté à la porte dorée, lieu de leur chaste rendez-vous ; 5ème tableau, la Vierge naît. Elle est présentée en maillot à sainte Anne et à saint Joachim ; 6ème tableau, la Vierge enfant se consacre au Seigneur dans le temple, à l'âge de 3 ans ;

2ème rang. — 7ème tableau, avec d'autres enfants, la Vierge apprend à lire devant un prêtre armé d'une verge pour indiquer que même pour la Mère de Dieu l'instruction n'est pas acquise sans quelque amertume ; 8ème tableau, agenouillée, la Vierge prie, un livre ouvert devant elle ; 9ème tableau, la Vierge travaille, elle tisse, et les anges s'empressent autour d'elle, en lui apportant à manger ; 10ème tableau, mariage de Marie et Joseph. Celui-ci tient un lys, symbole de la virginité, dont il se constitue le gardien ; 11ème tableau, l'Annonciation : l'archange Gabriel, agenouillé devant Marie en prières, la salue ; 12ème tableau, Naissance de Jésus-Christ dans la crèche de Bethléem ;

3ème rang. — 13ème tableau, l'Adoration des Mages. Ce tableau est moderne (1878), un seul mage y figure, agenouillé et offrant des présents ; 14ème tableau. Ce tableau est la suite du précédent, il représente les 2 autres mages debout, portant des présents enfermés dans des calices d'or ; 15ème tableau, Présentation de l'Enfant Jésus au temple devant Siméon ; 16ème tableau, Crucifiement le Christ est sur la croix. Au pied de celle-ci, à droite et à gauche, la Vierge et Jean sont agenouillés ; 17ème tableau, la Résurrection. Jésus sort de tombeau une croix à la main ; 18ème tableau, l'Assomption.

Ce tableau est moderne, mais l'ancien ne pouvait avoir que le même sujet, conclusion de cette épopée ; Cette verrière est non moins remarquable comme oeuvre d'art que comme document historique ; les personnages ont environ 0m 55 de hauteur et portent de très riches costumes du XVème siècle. Les artistes qui l'ont exécutée, manquant d'éléments pour reconstituer les costumes du temps ou vivaient leurs personnages, ont naïvement orné ceux-ci de ce qu'ils voyaient autour d'eux de plus beau en fait de vêtements, c'est-à-dire des costumes d'apparat de leurs seigneurs, prêtres et évêques.

L'oeuvre est signée et porte au bas cette inscription « Botor....(Botorel ?), recteur pour le temps, 0llivier Leeoq et Jehan Le Lavenant, vitriers de Lan Tréguier, et la dicte vitre faicte par oblations et aumones ».

On la doit aux mêmes artistes qui habillèrent en 1448 la maitresse-vitre de la cathédrale de Tréguier. Elle n'est pas datée ; M. Geslin de Bourgogne, se basant sur ce que outre les armes de Bretagne elle porte en tête la devise « à ma vie », qui est celle de l'ordre de l'épi, fondé par François Ier, conclut que ce vitrail est antérieur à la mort de celui-ci, décédé en 1450.

M. de Barthelémy, se basant sur ce que le vitrail contient les armes de Jean de Coatquis, évêque de Tréguier, de 1454 à 1464, estime que les armes de tête, avec leur devise, peuvent être non celles de François Ier, mais celles d'un de ses successeurs, et comme ce ne peut être ni Pierre II, ni François II, puisque ceux-ci figurent dans la verrière au 2ème rang, il en conclut que les armes de tête sont celles d'Arthur de Richemont, qui régna de 1457 à 1458 seulement. La verrière serait, d'après lui, de 1458.

Cette dernière opinion semble d'autant plus vraisemblable, que l'évêque Jehan Prigent, dont l'écusson figure dans le vitrail, ne fut élu que le 29 août 1450 et que le duc François Ier était mort depuis le mois de juillet.

Cette verrière a été restaurée avec habileté, en 1878, par la maison du Carmel, du Mans, sous la direction de MM. Hucher et Rathouis. On a remplacé les 2 tableaux, les armoiries et autres pièces détachées qui manquaient, et ajouté au bas, dans les angles, les écussons de Geslin et Tréveneuc, à gauche, de Kergariou et Tréveneuc, à droite, sans doute pour rappeler la part qu'ils ont prise à la dépense de cette restauration.

MM. Hucher et Rathouis ont publié un dessin à grande échelle de la fenêtre absidiale de Notre-Dame-de-la-Cour et de ses vitraux. La verrière, de même époque et probablement des mêmes artistes, placée au-dessus de l'autel latéral du bras de croix (autel Saint-Sébastien), mérite également d'être mentionnée.

La fenêtre a 1m30 de largeur, sur 4m 70 de haut. Elle est divisée en deux parties par un meneau portant une rosace dans laquelle sont les armes de Jehan Prigent.

Comme dans la grande fenêtre, le haut du vitrail est occupé par un motif d'architecture du même style et du même ton, le bas est divisé en 6 tableaux représentant, ceux, à droite, la légende de saint Bernardin de Sienne, ceux, à gauche, celle de saint Nicolas de Tolentino.

A droite, dans le 1er tableau supérieur, statue de Bernardin tenant un ostensoir et un livre.

2ème tableau, 3 mitres avec cette inscription, les 3 mitres signifient comment saint Bernard fut nommé à 3 évêchés qu'il refusa successivement.

3ème tableau. Le saint tient de la main droite un ostensoir et de la gauche un livre ce tableau est moderne et date de 1878.

A gauche, dans le 1er tableau supérieur, Saint Nicolas de Tolentino, vêtu d'une robe brune, tient un livre, au-dessus de sa tête brille une étoile couleur pourpre.

2ème tableau, au milieu des flammes du purgatoire les âmes invoquent le saint en regardant sa statue placée dans le 1er tableau, prés de ces âmes est une inscription incomplète contenant une invocation à Saint Nicolas.

3ème tableau, au bas, Saint Nicolas est à genoux sur un prie-dieu et chante, 3 anges l'accompagnent, l'un joue du haut-bois, l'autre de la harpe et le 3ème déchiffre de la musique. Ce 3ème tableau est également moderne et ne remonte qu'à 1878.

Dans les 2 trèfles qui surmontent les meneaux droits, des anges portent des banderoles avec inscription.

Cette fenêtre fut probablement un don de Jehan Prigent dont elle porte les armes. C'est près d'elle qu'on ramassa, en 1853, un fragment de verre contenant une partie d'une inscription plus étendue, ainsi conçue : « Le Darain jour de septembre.... le de ceans consacrée par Monseigneur Jehan Prigent, évêque.... da jamais en perpétuité ».

Ce fragment de verre fut déposé derrière le maître-autel, où M. Geslin de Bourgogne le retrouva plus tard.

La 3ème verrière, du XVème siècle, que la révolution avait épargnée, portait les armes de Lafeuillée de Langarzeau, avec donateurs à genoux et leur devise « parlez pouez ». Parlez peu.

Quant il eut fait restaurer, en 1878, les anciens vitraux par la fabrique du Carmel, du Mans, M. Leclerc, comme nous l'avons dit, songea à orner de vitraux historiés les autres fenêtres, fermées par de simples vitres depuis la révolution. Il s'adressa pour cette oeuvre à la même fabrique, en 1884, et lui commanda 8 verrières à grands personnages. En voici les sujets en partant du chevet et remontant la nef :

1ère fenêtre, à gauche de l'autel, l'Assomption de la Sainte-Vierge, couronnée par les anges ;

2ème fenêtre, l'immaculée Conception, avec les attributs de la vierge et des légendes en expliquant le sens.

Ces deux fenêtres furent données par les dames de Kergariou et de Tréveneuc, et les armes de ces 2 familles décorent les tympans.

La 3ème fenêtre, moins grande que les précédentes, représente le recteur Leclerc agenouillé devant saint Michel, sans doute pour rappeler son vicariat à l'église de ce nom à Saint-Brieuc. C'est au-dessous de cette fenêtre qu'est son tombeau.

La 4ème fenêtre représente saint Joseph portant l'Enfant-Jésus et sainte Catherine avec un glaive et une roue. Dans le tympan armoiries de Jean Prigent, Bothorel et de Geslin.

La 5ème représente saint Osvald, roi de Nortumberland, revêtu de son armure (c'est le patron de la paroisse de Lantic), et saint Yves, tenant une bourse et un parchemin, dans la rosace les armes écartelées de Bretagne et d'Avaugour.

Dans le bas-côté Midi, la 1ère fenêtre près la tour représente sainte Marguerite pressant un dragon sous ses pieds, et sainte Barbe, avec la tour caractéristique ; dans les trèfles du sommet, armes de Bretagne et de Françoise d'Amboise.

La seconde fenêtre est consacrée à Blanche de Castille, qui porte un modèle de la saine chapelle, et à saint Louis, lequel est revêtu d'une cotte fleurdelysée ; dans le tympan, armes de France et de Bretagne.

La 3ème fenêtre représente sainte Radegonde, à laquelle est dédié l'autel du bas-côté. Elle est représentée guérissant les enfants atteints du mal auquel elle a donné son nom ; dans les trèfles de tête, armes des Rosmadec et alliances. Ces armoiries sont des vestiges restés des vieilles verrières disparues.

De ces vitraux nous nous bornerons à dire qu'ils sont inférieurs aux tableaux refaits pour les fenêtres du XVème siècle, et qu'ils contribuent peu a rehausser la beauté du monument. Il n'est que juste d'ajouter qu'ils pâtissent de leur voisinage et de leur comparaison avec les vitraux des artistes de Tréguier.

Puisque les fenêtres étaient closes, à coup sûr des travaux plus urgents que des vitraux auraient mieux utilisé les sommes qu'ils ont coûté, mais il n'en faut pas blâmer le vénérable recteur, qui dut tenir compte des conditions mises par les donateurs à leurs libéralités.

Il est si agréable de voir ses noms ou ses armes gravés sur l'airain d'une cloche ou exposés aux yeux de tous dans la transparence d'un vitrail, il est si charmant surtout de contempler ses traits reproduits en couleur dans le cadre d'une scène pieuse, qu'on trouve toujours des donateurs pour les cloches et les vitraux, alors qu'ils se rencontrent moins facilement pour les travaux de gros oeuvre, si urgents soient-ils, car ceux-ci ne laissent qu'un témoignage anonyme de générosités qui ont permis de les entreprendre. Ces générosités-là sont assurément les plus méritoires, puisqu'elles sont désintéressées, mais le sentiment qui provoque les autres, s'il est moins noble, est si humain, qu'un petit nombre seulement y échappe et que les meilleurs y succombent, comme il est advenu de l'abbé Leclerc, qui n'a pas résisté au plaisir de léguer son portrait à la postérité, dans un vitrail de Notre-Dame-de-la-Cour.

Le recteur actuel a été entraîné par les circonstances à compléter l'oeuvre de M. Le Clerc, car après la construction du clocher, dans lequel une fenêtre s'ouvre sur la nef, et la restauration de la grande fenêtre du bras de croix, il fallait bien remplir les vides de ces deux baies. Deux verrières y ont été posées.

Celle de la fenêtre du clocher, peinte par M. Laigneau, de Saint-Brieuc (1899) rappelle les patrons (Saint Cornélie, saint Paul, saint François d'Ambroise et saint Yves), les armoiries ou les chiffres des parrains et marraines des deux cloches neuves achetées en 1899 qui, avec une troisième plus ancienne, occupent les baies du campanile.

La verrière de la grande fenêtre du bras de croix est l'oeuvre de M. Champigneule, de Paris (1902).

Les sujets de ses tableaux sont modernes, modernes aussi par suite les personnages, costumes et accessoires.

Dans le tympan, sont semés les armoiries ou initiales des donateurs, avec les écussons de Léon XIII, de Mgr Fallières et de Jehan Prigent à la générosité duquel l'ancien vitrail de cette fenêtre, démolie en 1793, était attribué.

Au centre du même tympan, un prêtre à l'autel élève l'Hostie, et au-dessus, des banderolles déroulées entre les lobes des meneaux, portent des invocations à Jésus-Hostie et au Sacré-Coeur.

Les 6 travées entre les meneaux droits sont divisées en trois scènes représentant : 1° la pêche de Terre-Neuve ; 2° celle d'Islande ; 3° un pèlerinage à Notre-Dame-de-la-Cour, rappelant ainsi les grandes pêches auxquelles se consacrent les marins de la contrée et les manifestations de leur reconnaissance à Notre-Dame-de-la-Cour à la suite d'un danger évité.

La seconde partie est consacrée dans toute la largeur de la fenêtre à représenter la procession du 15 août autour de la chapelle.

C'est qu'en effet, si Notre-Dame-de-la-Cour a perdu ses chanoines, si son enclos où les Seigneurs de Buhen rendaient autrefois la justice, a cessé depuis 1783 d'être fréquenté par les officiers de Justice, les gens de robe et les justiciables, elle est restée, pour les populations du littoral, le sanctuaire préféré, auquel chaque année, le 15 août, la foule accourt en grand nombre, pour témoigner sa dévotion à la Vierge Marie.

Les marins y viennent en toute saison, pour mettre sous sa sauvegarde le voyage qu'ils vont accomplir, ou pour la remercier d'une campagne heureuse, et c'est vers Notre-Dame-de-la-Cour que mainte fois des équipages entiers se sont acheminés, pieds nus, en corps de chemise, en chantant des litanies, pour la remercier, après un voeu fait au milieu de la tempête, et un danger imminent, évité, grâce à sa protection.

Sans remonter plus loin, en 1897, tout un équipage parcourut ainsi en plein hiver, les 6 kilomètres qui séparent Binic de la chapelle, et la confiance en Notre-Dame-de-la-Cour n'a pas diminué, parmi les marins, malgré l'érection de plusieurs chapelles voisines élevées à la Vierge sur divers points du littoral. (J. MORVAN).

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