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LE CLERGE DE LANRELAS

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CLERGÉ.JEAN-GUILLAUME BELLOUARD, recteur, vit le jour à Paimpont (I.-et-V., actuelle). Voici du reste l'acte de baptême de ce confesseur de la Foi, extrait des registres paroissiaux de cette localité pour l'année 1725 : « Le 14 février 1725, a esté baptisé par nous sous signé, Jean-Guillaume, fils de Joseph Bellouard et de Mathurine Donon, ses père et mère, [du village] du Cancy, né aujourd'hui. A pour parrain : Joseph Bellouard et pour marraine : Hélène Allaire. Le parrain a signé. Signé : Bellouard. Bordes, curé ».

Le jeune Bellouard fut envoyé étudier chez les Jésuites de Rennes. On le note au Séminaire comme « chantant un peu, pas mal à ses examens, répondant bien et avec jugement ». On lui assura son titre clérical le 9 décembre 1747, quelques jours avant son sous-diaconat. Il reçut la prêtrise le 14 mars 1750. Le 11 août 1773, cet ecclésiastique concourut vainement pour la cure de Plouër. Mgr de Pressigny, évêque de Saint-Malo, le pourvut « pleno jure » du rectorat de Lanrelas le 28 octobre 1789. Il y remplaçait l'abbé Jean Goron, de Tréhorenteuc, fils de Mathurin et Mathurine Eon, lequel fit ses études chez les Jésuites de Vannes, reçut la prêtrise par dimissoire en date du 11 décembre 1743 et fut pourvu au concours de la cure de Lanrelas le 7 juin 1764 à la mort de François Fairier, décédé le 13 mars précédent.

M. A. Dupuy dans son étude La Bretagne au XVIIIème siècle publiée dans le bulletin de la Société Académique de Bretagne, p. 56 et 60 du tirage à part, raconte la cabale dont ce prêtre fut la victime (Archives I.-et-V., C 203). Il dut quitter sa paroisse et séjourner deux ans durant à Rouen chez les Frères de la Doctrine chrétienne où il vivait claustré. La conduite édifiante qu'il mena dans cette maison, eut raison des accusations calomnieuses qui pesaient sur lui : on lui permit de revenir à Lanrelas et de reprendre l'administration de sa paroisse. C'est ce prêtre que bon nombre d'auteurs, y compris M. R. Durand dans sa récente thèse de doctorat, font périr assassiné par les bleus en 1796, se basant sur le récit, inexact en cela, de Tresvaux du Fraval. C'est à ce titre que nous avons ici ouvert une parenthèse à propos de son nom [Note : Les personnes qui avaient accusé l'abbé Goron, se rétractèrent. avant de mourir. — M. Bellouard signe pour la première foi, recteur de Lanrelas le 9 février 1790 sur les registres d'Etat Civil de cette paroisse et la dernière fois le 22 décembre 1792].

A son arrivée à Lanrelas, M. Bellouard trouva le presbytère en si mauvais état d'habitabilité que des réparations urgentes s'imposaient. En attendant qu'elles fussent exécutées, il dut prendre momentanément pension avec son vicaire chez une vieille fille appelée Anne Renouvel, tertiaire du Sacré-Cœur. Le 20 février 1791, le recteur de Lanrelas déclara très nettement à sa municipalité « qu'il ne prêterait jamais le serment qu'on lui demandait, à moins que le pape ne confirme  les décrets sur la Constitution Civile du Clergé ». (Archives C.- du-N., Lm 5, 9).

Le 12 juin suivant, cet excellent prêtre se refusa positivement à donner connaissance à ses ouailles de la première lettre pastorale de l'évêque intrus Jacob et se refusa même à ce que le maire Thominiau en donna lecture. (Arch. C.-du-N., Lm 5, 15).

Cependant, malgré sa fidélité aux bons principes, M. Bellouard demeura dans sa paroisse, faute de trouver un curé constitutionnel pour le remplacer. C'est en vain en effet que l'on avait élu son vicaire à la cure de Lanrelas. Ses principes étaient trop solides pour qu'ils lui permissent d'accepter une telle intrusion. C'est ainsi que le vaillant recteur de Lanrelas était toujours à son poste lors de l'application de la loi du 26 août 1792, qui l'obligeait comme « fonctionnaire public, insermenté sexagénaire », à s'emprisonner à la maison de réunion créée à Saint-Brieuc.

M. Bellouard ne se soumit point à cet ordre et demeura au milieu de ses ouailles jusqu'à ce qu'on ne vint l'en arracher. Cet instant ne devait pas tarder. A la suite de son arrêté du 1er décembre 1792, le Directoire des C.-du-N. (aujourd'hui Côtes-d'Armor) prescrivit le 24 décembre suivant au District de Broons de faire saisir de suite tous les prêtres insermentés de sa région par les brigades de gendarmerie de Broons et de Merdrignac. (Arch. C.-du-N., L 263, f° 12.) En conséquence, le maréchal des logis Pinot et quatre autres représentants de la force armée, arrêtèrent en sa demeure M. Jean Bellouard, le firent monter à cheval et le conduisirent à Broons le 30 décembre 1792. (Arch. C.-du-N., Lm 5, 36).

De cette localité, on le fit diriger de « brigade en brigade », sur Saint-Brieuc, où on l'interna comme un dangereux criminel à la maison de réunion des Filles-de-la-Croix ; il avait alors 66 ans.

Transféré de là aux Carmélites de Guingamp avec les autres ecclésiastiques sexagénaires ou infirmes des Côtes-du-Nord aux environs du 20 octobre 1793, M. Bellouard ne fut rendu avec eux à la liberté, que le Vendredi-Saint, 3 avril 1795, à la suite de l'arrêté des représentants Guezno et Guermeur, en date du 26 mars précédent, après avoir subi 27 mois d'une dure captivité.

Aussitôt libre, ce bon pasteur revint au milieu de ses ouailles qui le revirent avec joie et reprit près d'elles l'exercice de son saint ministère. Il se refusa cependant à signer la formule de soumission « in globo » aux lois de la République, prescrite par la loi du 11 prairial an III (17 juin 1795) et urgée quant à l'application par le décret du 20 fructidor suivant (6 septembre). A plus forte raison n'accepta-t-il pas les obligations imposées par la loi du 7 vendémiaire an IV sur les cultes (27 septembre 1795) et fit-il tout son possible pour détourner ses confrères voisins de se lier par ces formules captieuses et dans lesquelles on pouvait toujours craindre que ne fut blessée l'orthodoxie catholique.

Cependant, expliquait la municipalité de Lanrelas le 25 fructidor an III (11 septembre 1795) : « ce prêtre n'a jamais prêché que la paix et la concorde. Il a toujours obéi à la loi et est encore prêt à s'y conformer, mais ses opinions religieuses ne lui permettent pas de faire la soumission qu'on exige. Du reste, il a cessé ses fonctions. » (Arch. C.-du-N., Lm 5, 96).

Sans doute, l'abbé Bellouard cessa d'exercer dans l'église de Lanrelas, mais il continua quand même de remplir en secret tout le ministère possible auprès de ses paroissiens. Mais sa présence et son influence exaspérèrent les révolutionnaires qui jurèrent sa perte. On le signala aux nombreuses colonnes mobiles qui sillonnaient la région : elles ne devaieni pas tarder à s'en défaire.

« Une troupe de républicains armés », qui assassinèrent le même jour trois autres personnes de Lanrelas, parvinrent à arrêter M. Bellouard le 6 janvier 1796, puis le mirent à mort la nuit suivante, près des ponts de Lanrelas. Voici, reproduit d'après les Martyrs de la Foi de l'abbé Guillon, le récit de la mort de M. Bellouard, tel qu'il avait été recueilli par celui-ci de la bouche de témoin oculaire :

« Des contre-chouans accompagnés de quelques soldats republicains, saisirent l'abbé Bellouard le 6 janvier et le renfermèrent d'abord dans une chapelle située dans le bourg, dite chapelle Saint-Jacques, puis la nuit étant bien avancée, les soldats le firent sortir pour le mener dans un champ voisin, où ils le massacrèrent à coups de baïonnettes. Tout son corps était tellement percé de coups dans le dos, dans la tête, dans les côtés et dans le ventre que ses intestins en sortaient. Quand les barbares l'entendaient prononcer le nom de « Jésus » et de Marie, ils s'écriaient : « Ah, le sacré bougre ! il prononce le nom de Jésus ! Enfonce-lui donc plus avant ta bayonnette ». Au rapport des meurtriers, plus il prononçait le nom de Jésus et plus il recevait de coups de bayonnette. En le conduisant au supplice, ils avaient tous en main des chandelles allumées, comme marque de leur triomphe. Le lendemain matin, ils revinrent voir ce que l'on avait fait et tirèrent sur ceux qui étaient à l'ensevelir, dont l'un fut blessé très dangereusement à la hanche par une balle ».

A défaut d'autres pièces officielles que nous n'avons pas jusqu'ici eu la chance de retrouver, voici relevé sur les registres d'Etat civil de Lanrelas, l'acte de décès de ce saint prêtre :

« Aujourd'hui 17 nivôse an IV républicain (7 janvier 1796), environ 9 heures du matin, par devers moi, Jean Juhel, officier public de la commune de Lanrelas, élu le 27 janvier 1793, etc., etc., est comparu Mathurin Loyat, journalier, demeurant au bourg, lequel assisté de François Le Marchand, cultivateur et de Marie Chicouenne, le premier âgé de 38 ans ; la seconde, âgée d'environ 50 ans, demeurants tous les deux au village du Rochais, susdite commune, lesquels m'ont déclaré à moy officier public, que Jean-Guillaume Bellouart, ci-devant recteur de Lanrelas, est décédé cette nuit, proche les ponts de Lanrelas et qu'il a été tué par une troupe de républicains armés. D'après cette déclaration, je me suis transporté sur le champ au susdit lieu et je me suis assuré du décès du dit Bellouart et j'ai rédigé le présent acte que le dit Mathurin Loyat et les deux témoins ont déclaré ne savoir signer » [Note : « La troupe de républicains armés » était sans aucun doute une colonne mobile, composée de militaires ennemis acharnés à cette époque du clergé catholique orthodoxe].  Fait en chambre commune deLanrelas le susdit jour et an que devant. Signé : J. Juhel, officier public.

Tresvaux du Fraval qui raconte cette même scène à la p. 211 du t. II de son Histoire de la Persécution révolutionnaire en Bretagne, y ajoute quelques détails qui nous semblent très vraisemblables et que voici : « Une colonne mobile arrive à Lanrelas et demande à parler au recteur. Son commandant proteste qu'il ne lui veut faire aucun mal. Néanmoins on refuse de lui dire où il est. Le lendemain, la colonne reparaît sans qu'on eut prévu sa venue. M. Bellouard n'avait pas fui. On le saisit et tout le jour, on le retient prisonnier dans l'église. La nuit venue, on feint de le conduire à Broons, éloigné de quelques kilomètres, mais à quelques pas du bourg, on le transperce de coups de bayonnettes ». Cf. aussi : Le Diocèse de Saint-Brieuc durant la période révolutionnaire, op. cit., I, p. 43, qui spécifie que le champ du martyre, est placé à l'angle formé par les routes d'Eréac et de Broons sur les bords de la Rance.

Il nous semble que la fidélité admirable montrée par M. l'abbé Bellouard à l'accomplissement de ses devoirs, ainsi que son orthodoxie inébranlable qui lui valurent 27 mois de captivité et qu'il couronna par le sacrifice de sa vie, méritent à juste titre à ce prêtre d'occuper une place de choix parmi les victimes religieuses du diocèse de Saint-Brieuc durant la Révolution et, ce ne serait que justice lui rendre si une inscription venait perpétuer son souvenir aux descendants de ceux qu'il a évangélisés au prix de son sang.

MATHURIN MANSEAU, vicaire, fils de Pierre et de Marguerite Chehu, naquit à Loyat (I.-et-V. actuelle), le 5 décembre 1749. Il fit ses études à Saint-Méen. On le note au cours de son séminaire comme « ayant de la voix et du chant, mais passant des examens médiocres ». Il reçut la prêtrise le 29 mai 1779.

Arrivé comme vicaire à Lanrelas au mois de septembre 1789 [Note : Il succédait à l'abbé Lemoine, précédent vicaire, nommé au rectorat de Mauron], M. Manseau, bien loin de vouloir s'assermenter, refusa le poste de curé constitutionnel de Lanrelas, auquel l'avaient élu le 19 juin 1791 les électeurs de Broons. Obligé de s'exiler après la loi du 26 août 1792, il fit viser le 17 septembre suivant un passeport à Broons pour s'embarquer pour Jersey. Nous relevons sur cette pièce le signalement suivant : « taille 5 pieds 1 pouce, cheveux presque gris, sourcils chatains, nez aquilin, bouche moyenne, menton rond, front large piqué de petite verole, barbe grise ».

Le séjour de l'abbé Manseau dans l'île de Jersey fut de courte durée. ll revint d'assez bonne heure à Lanrelas, probablement à l'essai de pacification de 1795 et dés lors se déguisant et se cachant de son mieux, il rendit aux habitants de Lanrelas tous les services possibles, jusqu'à la fin de la Révolution. Son dévouement fut récompensé par une sentence de déportation à la Guyane rendue contre lui le 12 novembre 1797 par le Directoire Exécutif, mais heureusement pour l'intéressé, elle demeura sans effet, faute d'avoir pu le saisir.

L'enquête de Boullé note M. Manseau comme « estimable, paisible, humain ». Nommé recteur de Lanrelas le 16 janvier 1804 au traitement de 800 livres, l'abbé Manseau y mourut en fonctions le 1er septembre 1822 âgé de 73 ans.

(Bibliographie : Victor Pierre : La Déportation ecclésiastique sous le Directoire, op. cit., p. 39).

Etaient originaires de Lanrelas en 1790 et y vivaient à cette époque :

MM. ALEXIS JUHEL, né le 26 février 1734 au village de la Houinelais, du mariage de Me René, procureur fiscal de la Touche-Mesléart et de Anne Eschast. Après avoir étudié chez les Jésuites de Rennes, il reçut la tonsure le 20 septembre 1755. On le note au cours de son séminaire, comme « passant assez bien ses examens, peu de voix, mais sachant passablement son chant ». Il reçut le sous-diaconat en septembre 1757, le diaconat le 11 mars 1758 et le sacerdoce le mois de septembre suivant. M. Juhel vivait simple prêtre dans sa paroisse natale lorsque survint la Révolution. Quoiqu'insermenté on relève son nom sur les registres de catholicité de Lanrelas jusqu'à la fin de 1792. Après le décret rendu par le Directoire des C.-du-N. (aujourd'hui Côtes-d'Armor) le 1er décembre de cette année, les dangers qui le menaçaient s'accrurent notablement, cependant M. Juhel ne tenta pas de passer à l'étranger, mais il dut dès lors se cacher davantage. Ayant abandonné sa maison de la Houinelais, « il se tenait, dit-il, le plus ordinairement dans les champs, dans les genêts et dans les bois ». Cette existence d'un proscrit, si pénible et tout à la fois si remplie de périls, dura pour l'abbé Juhel jusqu'au 3 frimaire an II (23 novembre 1793), époque à laquelle, se confiant aux promesses d'un citoyen Mahé, devenu l’un des principaux agents révolutionnaires de l'Ille-et-Vilaine et naguère encore, au dire de Bertrand Robidou, charlatan, arracheur de dents à Broons [Note : Sur ce Jean-François Mahé, qui signait « sans culotte très décidé », et démonstrateur pour les accouchements, on peut consulter, D' Hervot : La médecine et les médecins à Saint-Malo, in -8°, Rennes, 1906, p. 219 et sq.], ce prêtre, las de l'existence affreuse à laquelle il était réduit, se livra volontairement aux mains de cet homme alors en mission dans la région.

Conduit aussitôt à Saint-Brieuc, après quelques velléités de mesures bienveillantes, qui auraient consisté pour lui à l'interner sans plus aux Carmélites de Guingamp, l'abbé Juhel dut comparaître devant le tribunal criminel des C.-du-N. (aujourd'hui Côtes-d'Armor), qui, vu sa qualité de prêtre réfractaire demeuré en France en violation de la loi des 29 et 30 vendémiaire an II, se montra indulgent à son égard, en ne le condamnant le 6 janvier 1794 qu'à la déportation sur la côte Ouest d'Afrique, ainsi qu'à la confiscation des biens.

Lorsqu'au mois de mars suivant, le Directoire des C.-du-N. (aujourd'hui Côtes-d'Armor) composa le convoi des prêtres destinés à s'embarquer à Rochefort pour l'Afrique, M. Juhel en fit partie, quoiqu'il fût alors sexagénaire. Mais la santé épuisée de ce prêtre ne lui permit pas de supporter les fatigues de ce pénible voyage, M. Juhel expira, écrit M. Lallié, sur la galiote l'Andrée en rivière de Nantes le 10 avril 1794. Il fut inhumé dans le cimetière de Chantenay.

Compléter cette notice par ce que nous avons déjà dit de ce prêtre aux Actes des Prêtres insermentés du diocèse de Saint-Brieuc, in-8°, Saint-Brieuc, 1920. Aux sources que nous y indiquons, ajouter Arch. C.-du-N., reg. L 283, f° 138 ; Lm 5, 55 et 56 et série Q, contentieux des prêtres, liasse n° 32.

PIERRE-MATHURIN LETORT, naquit à Lanrelas, le 3 février 1729 de Mathurin et de Renée Hervé et fit sa philosophie chez les Jésuites de Rennes. Il avait peu de voix, mais connaissait assez son chant. Après de médiocres études théologiques, il fut ordonné prêtre en mars 1754. Cet ecclésiastique habitait en 1790 le village de la Ville-es-Macé et desservait les chapellenies du Temple et des Minettes. Il ne prêta pas serment à la Constitution Civile du Clergé.

M. Letort décéda à Lanrelas et fut inhumé dans le cimetière de cette paroisse le 18 juin 1792.

Etait encore originaire de Lanrelas, M. YVES LEMOINE, né au village de la Houinelais dans cette paroisse le 13 novembre 1746 du mariage de René et d'Amaurye Payoux, lequel étudia à Saint-Méen, mérita la note bien à ses deux derniers examens et reçut la prêtrise le 27 mars 1773.

Sa nomination à la cure de Mauron, alors du diocèse de Saint-Malo, par collation de l'abbé de Paimpont, patron ecclésiastique de cette paroisse, fut attaquée par le département du Morbihan comme entachée de nullité, pour avoir été faite le 27 mai 1790, après le décret de l'Assemblée Constituante supprimant les abbayes.

Bien qu'ayant refusé le serment constitutionnel, M. Lemoine n'émigra pas et demeura caché dans le pays ; aussi les autorités du Morbihan le notent-elles en 1793 comme « fanatique à pendre ».

L'abbé Lemoine fut arrêté le 14 juillet 1799 à la Ville-Martin en Mauron, et condamné trois jours après à la déportation par l'administration départementale du Morbihan. Arrivé à l'île de Ré le 6 août 1799, M. Lemoine reçut sa libération le 19 février 1800 et revint à Mauron le 1er mars suivant. Sa nomination comme curé concordataire de cette paroisse est du 28 octobre 1802. Il démissionna le 28 octobre 1808 et mourut dans cette commune le 20 mars 1820.

Cf. : Arch. Nat., F 7, 7626 (1349) et Arch. du Morbihan, L 136, 328, 857, 858, 1192, 1200 et 1257).

Devint vicaire de Lanrelas vers 1804, M. PIERRE-JEAN BARBIER, originaire de Plumaugat, où il naquit le 6 juillet 1750 de Mathurin et de Mathurine Juguet. Après avoir fait ses études au Collège de Dinan, l'abbé Barbier reçut le sacerdoce le 1er avril 1775, après des études assez médiocres.

Cet ecclésiastique vivait simple prêtre à Plumaugat lors de la Révolution. Les auteurs du Diocèse de Saint-Brieuc, II, p. 403, l'indiquent comme faisant un baptême dans cette paroisse le 29 septembre 1792. M. Barbier ne s'exila point, que nous le sachions, et demeura sans doute caché dans son pays natal tout le temps de la Révolution. L'enquête de Boullé le signale comme insermenté, non déporté et le note « bon tout au plus à faire un vicaire ».

D'après le Nécrologe de l'Evêché, M. Barbier décéda le 11 mai 1811 à l'âge de 62 ans, dans la paroisse de Saint-Jouan-de-l'Isle, surpris par la mort comme il s'en revenait de Dinan.

CLERGÉ CONSTITUTIONNEL.GABRIEL MAUNY, vicaire, était né à Lanrelas, le 13 août 1742, de Joseph et de Marie Janvier. Il fit ses études à Saint-Méen, puis à Dinan. On le note au séminaire commet ayant « peu de voix et de chant, examens passables, pas trop fort pour la prêtrise, sérieusement averti à cette occasion ». M. Mauny reçut le sacerdoce le 16 septembre 1767 et demeura ensuite dans sa paroisse où il habitait le village de Rohan et se livrait à l'agriculture. Il desservait en même temps la chapellenie des Mouchets (se desservant dans l'église paroissiale), pour laquelle il avait obtenu le visa le 26 mars 1785 sur présentation de Guy Pierre Duval, propriétaire de la Touche-Mesléart. Cet ecclésiastique fut dans la nuit du 26 au 27 juin 1791 l'objet d'un vol important : de soi-disant « patriotes », sous prétexte de trouver chez lui des documents contre-révolutionnaires, lui dérobèrent 1.900 l. en espèces, sa montre et toute son argenterie.

Après avoir tout d'abord tenu ferme dans l'orthodoxie, M. Mauny faiblit lorsqu'il se vit comme insermenté condamné à l'exil à la suite de l'arrêté du Directoire des C.-du-N. (aujourd'hui Côtes-d'Armor) en date du 1er décembre 1792. Pour se soustraire à cette peine, il prêta alors le serment de Liberté-Egalité du 14 août précédent, puis quand M. Bellouard fut arraché à sa paroisse le 30 décembre 1792, il accepta de remplir à Lanrelas les fonctions de vicaire provisoire, en vertu des lettres ci-dessous que lui adressa l'évêque Jacob le 12 janvier 1793 : « Citoyen, je vous approuve pour faire les fonctions curiales dans la paroisse de Lanrelas en vous conformant aux lois de l'Etat et suis avec considération votre concitoyen ». Signé : J. Jacob, évêché du Dép. des C.-du-N.

Désormais Mauny appartenait au clergé constitutionnel.

Lors des décrets rendus par Le Carpentier, les 4 mars et 13 avril 1794, contre le clergé constitutionnel, il faut croire que l'abbé Mauny sut admirablement se mettre à l'abri, car nous ne voyons son nom figurer nulle part parmi les victimes du proconsul. La Terreur passée, Mauny reparut et reprit sa paisible existence de petit propriétaire-exploitant.

Malheureusement pour lui, les chouans devenus redoutables dans cette région, ne pouvaient lui pardonner de s'être laissé enrôler dans les rangs du clergé constitutionnel. Ils devaient lui faire cruellement expier cette heure de défaillance. Avaient-ils par ailleurs d'autres faits à lui reprocher ? Nous déclarons n'en rien savoir. Toujours est-il que ce pauvre prêtre périt assassiné chez lui par les chouans le 11 mars 1795 (21 ventôse an III).

Voici relevé sur les registres de décès de Lanrelas le procès-verbal relatant les circonstances de la mort de ce malheureux. Il est regrettable qu'on n'ait pas pris les mêmes précautions lorsque M. Bellouard fut assassiné l'année suivante. Nous posséderions de ce chef des renseignements précieux. Quoi qu'il en soit, voici la copie de la pièce en question.

« L'an III de la R. F., le 25 ventôse (15 mars), nous Félix Duval, etc., sur l'avis qui nous a été donné par les citoyens Lemoine, maire et Jean Thominiaux, officier municipal de la commune de Lanrelas, et par les administrateurs du district de Broons, par leur lettre du 23 courant, que le 21 de ce mois, le citoyen Gabriel Mauny, prestre assermenté, ci-devant vicaire de la commune de Lanrelas, fut tué de deux coups de feu à costé de sa cour au village du Rohan, commune de Lanrelas, par une horde de brigands, d'assassins, connus sous le nom de chouans, nous nous sommes transportés, accompagné des citoyens Laurent Binart, notre greffier, de Joseph Chardemel et de Toussaint Lemoine, notables du dit Lanrelas, de Guillaume Bouvier, officier de santé et de deux détachements de la force armée à cheval actuellement à Broons, où étant arrivé environ les 10 heures du matin, nous nous sommes fait conduire dans la boulangerie où est déposé le cadavre du dit Mauny.

Après avoir vu et visité l'endroit où il a été massacré et avoir vérifié le sang répandu, nous avons requis le dit Bouvier... de procéder à la visite du dit cadavre... et ce a quoy procèdant le dit Bouvier, a remarqué que le même feu Mauny a reçu premièrement un coup de feu passant sous sa machoire inférieure, du côté droit, à costé de l'artère carotide, pénétrant dans la substance du cerveau, allant sortir à travers le parietal gauche, ayant fracassé tout celui-ci, cause plus que suffisante de la mort qu'il a subie ; secondement un autre coup de feu, chargé à trois balles ou chevrotines passant entre la seconde et la troisième coste, à costé des verterbres dorsales, pénétrant au travers le cœur, ayant sorti du costé du sternum du côté gauche, autre cause de mort.

Desquelles déclarations il résulte que le dit Gabriel Mauny est décédé d'une mort violente et qu'il a été tué avec une arme à feu et attendu que la cause de sa mort est connue et que tout autre recherche à cet égard serait inutile, nous avons déclaré que rien ne s'opposait à ce que le dit corps fut inhumé suivant les formes ordinaires.

Nous avons ensuite procédé successivement à une information sommaire pour tacher de nous procurer les renseignements possibles et découvrir si faire se peut les coupables et complices du meurtre dont il est cas.

Comme suite (avons interrogé) Marguerite Fleury, âgée de 54 ans, demeurant au village du Rohan..., laquelle, le serment pris, etc., etc., dépose que la nuit du 16 au 17 courant, environ 11 heures du soir, une troupe de brigands armés entrèrent dans la maison du citoyen Gabriel Mauny, demandèrent ses armes et les lui recherchèrent dans tous ses appartements, le menaçant de le tuer s'ils en avaient trouvées, mais que leurs perquisitions furent inutiles.

Et que le matin du 21 courant, environ 8 à 9 heures du matin, une bande de brigands, sans en savoir positivement le nombre, entrèrent encore dans la maison du citoyen Mauny, l'assaillirent, lui attachèrent les bras ensemble, malgré qu'il leur demanda instamment la vie en leur proposant sa fortune et le conduisirent entre le tour de son pressoir et son amas de glé, au costé et en dehors de sa cour, et qu'incontinent après, elle entendit tirer deux coups de fusil, qu'ensuite il y eut un de ces brigands qui dit à la déposante « de fermer sa porte ou qu'il allait mettre le feu dans sa maison, qu'elle pleurait la mort d'une bête et non pas d’un chrétien » ; ajoute la déposante qu'elle n'a connu en aucune manière ni les uns ni les autres de ces brigands et est tout ce qu'elle a dit savoir..., a déclaré ne savoir signer.

Françoise Ledain, figée de 28 ans, épouse de Jean Jaslet, laboureur, demeurant au Gué Raffray, commune de Lanrelas, etc., etc., interrogée. sur les causes du meurtre du citoyen Gabriel Mauny, prestre, dépose que le 21 courant, étant à faire de l'avoine pour le susdit feu Mauny, dans une pièce nommée le Courtil, située proche Le Rohan; avec Olivier Gicquel, Marie Ermel, Jean Jaslet, Marie Chevalier, elle entendit le citoyen Gabriel Mauny crier : « Laissez-moi la vie » ; qu'à ces mots, elle jeta les yeux vers lui et aperçut environ six personnes à elle inconnues qui étaient armées de fusils ; qu'en continuant après, elle entendit tirer deux coups de fusil, que saisie de frayeur elle quitta le champ avec les autres et s'en alla.

Telle est sa déposition, etc., etc. Ne sait signer.

Marie Ermel, épouse de René Chevallier, laboureur, demeurant à la Ville-Realland, commune de Lanrelas, etc., etc., interrogée, etc., dépose que le 21 courant, esviron 9 heures du matin, étant à hacher à l'avoine pour le citoyen Gabriel Mauny, dans une pièce nommée le courtil Michel, elle entendit le même Mauny demander qu'on lui laissa la vie, qu'à ces cris, elle jeta les yeux vers lui et elle aperçut environ 9 à 10 hommes armés de fusils, qui lui répondirent : « Tout à l'heure, bougre », qu'elle les vit qui avaient leurs fusils armés ; qu'en continuant après, elle les vit tirer deux coups de fusil, elle vit ensuite ces hommes fuir et descendre la pièce du clos de la Porte du dit Mauny, que néanmoins il en resta trois depuis les autres qu'elle ne put connaître, ni n'a vu les autres ; qu'ensuite elle se transporta où elle avait vu tirer les coups de fusils, qu'elle trouva le citoyen Mauny baigné dans son sang, proche un amas de paille de glé, au côté occidental et dehors de sa cour, et est tout ce qu'elle a dit savoir, etc. Ne sait signer.

D'après lecture qui m'a été déclarée véritable par les citoyens Lemoine et Chardemel, de la vérification que j'ai faite du cadavre dont est cas, je, en vertu des pouvoirs qui me sont délégués, rédigé le présent acte que les citoyens Félix Duval, juge de paix, Lemoine et Chardemel ont signé avec moi ».

Signé : Duval, juge de paix ; Binard, greffier ; Bouvier ; J. Juhel, officier public.

(A. Lemasson).

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