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Pierre LE VERGER, prêtre guillotiné à Vannes
en exécution de la loi des 29-30 vendémiaire an II.

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288. — Pierre LE VERGER naquit et fut baptisé le 16 mars 1750 au bourg de Lanouée, alors du diocèse de Saint-Malo. Il était fils de Pierre Le Verger, laboureur, et de Perrine Chantrel. Il acheva ses études au collège de Dinan et reçut la tonsure et les mineurs le 18 septembre 1773 des mains de Mgr de Saint-Malo. Ses notes pour l’examen qui précéda cet ordre, comme pour celui préparatoire à son sous-diaconat, qu’il reçut le 24 mars 1774, furent jugées « pas mauvaises ». Admis au diaconat par dimissoire en date du 16 mars 1776, il fut ordonné prêtre le 15 mars 1777 ; il avait alors 27 ans.

Après son sacerdoce, M. Le Verger revint habiter son pays natal en qualité de prêtre auxiliaire, puis, en 1780, il obtint le poste, alors vacant, de chapelain des Forges de Lanouée.

289. — N’étant pas fonctionnaire public, jouissant de l’amitié de M. Tron, directeur des Hauts-Fourneaux, bien noté dans le camp jacobin, M. Le Verger, qui, jusqu’au 15 octobre 1791, avait été officier municipal de Lanouée, ne fut pas tout d’abord inquiété par la Révolution. Aussi, lorsque survint la loi du 26 août 1792, qui condamnait à l’exil les prêtres insermentés, qualifiés fonctionnaires publics, M. Le Verger, qui ne rentrait pas dans cette catégorie, continua son ministère auprès des ouvriers des Forges et s’efforça même de suppléer le recteur et le vicaire de Lanouée, lesquels avaient dû passer à Jersey ; si bien que la municipalité de Lanouée, à la tête de laquelle était son père, demanda au Directoire du département du Morbihan d’autoriser sa présence en ce lieu pour y remplir les fonctions de vicaire provisoire.

L’Administration du Morbihan répondit à cette requête par l’ordre, daté du 19 octobre 1792, de saisir tous les prêtres qui demeuraient encore à Lanouée, au mépris de la loi sur la déportation, et par l’envoi d’une troupe pour perquisitionner dans cette commune. Mais M. Le Verger sut se dérober à toutes les recherches effectuées pour le découvrir.

Aux premiers jours de février 1793, une dénonciation anonyme parvint au Directoire de Josselin, accusant le chapelain des Forges d’avoir célébré publiquement la messe le jour de la « Chandleur », dans la chapelle de l’endroit.

Des enquêteurs aussitôt envoyés, et que tout le monde trompa, rapportèrent aux administrateurs que M. Le Verger était assermenté et entièrement soumis aux lois de la République. — Le chapelain des Forges était trop bon prêtre pour laisser s’accréditer une telle opinion sur son compte. Voici la lettre qu’il écrivit, le 9 février de cette année, pour rétablir les faits :

« M. Tron a dû faire des démarches auprès de vous pour me réintégrer dans les fonctions que j’occupais à la Forge et que je n’aurais pas dû abandonner. Sa démarche même doit vous prouver que je ne suis point récalcitrant aux lois de mon pays ; son civisme reconnu et celui de tous les habitants de la Forge en est un sûr garant et, certainement, il ne s’intéresserait pas dans un homme qui prêcherait la désobéissance aux lois et la révolte.

Que veut-on de moi ? qu’exige-t-on ? Je ne suis point sous le coup de la loi du 26 août 1792, et je n’y serais que conformément à l’article 6, si j’avais par quelque acte extérieur occasionné des troubles, ou que six citoyens, domiciliés dans le département, avaient demandé mon éloignement. Je ne pense pas être dans l’un ni dans l’autre cas : Je paye les impôts, je remplis le devoir de citoyen et je suis prêt à prêter tous les serments que la loi exige en cette qualité.

Chapelain de la Forge de la Nouée depuis 13 ans, j’y suis attaché par inclination et par reconnaissance ; je ne convoite, ni n’ai jamais convoité rien au delà. Content de mon sort, je vous demande au nom de la loi de m’accorder la sûreté et l’assistance qu’on doit à tous les citoyens de la République.

J’espère donc de votre justice que vous me laisserez exercer mes fonctions sans inquiétude.

C’est le vœu de votre concitoyen, Le Verger ».

P. S. — La loi du 14 août 1792 (serment de Liberté-Egalité) n’a, rien de commun avec la situation où je me trouve. Je ne suis point pensionnaire de l’Etat.

Des explications de la nature de celles-ci ne pouvaient satisfaire des individus qui avaient décidé d’expulser ou d’exterminer le dernier prêtre catholique romain en France. Aussi, dès le 9 mars suivant, M. Le Verger fut-il à nouveau menacé dans sa liberté, et les 16 mars et 24 mai de cette même année, on tenta diverses mesures pour s’emparer de sa personne. Mais M. Le Verger savait se dérober à toutes les recherches, et le dimanche 21 mai 1793, il osa même encore célébrer publiquement la messe à Lanouée. Il semble aussi qu’il vécut dans cette paroisse jusqu’aux mois d’octobre et novembre de cette année.

290. — Vers cette époque, trop vivement pourchassé dans son pays natal par la troupe qui occupait les Forges, il se réfugia à Bréhand-Loudéac, alors privé de prêtres. Il y rendit les plus grands services, poussant l’audace jusqu’à célébrer la sainte messe, en pleine Terreur, dans l’église paroissiale.

A la pacification du printemps de 1795, M. Le Verger, se rendant aux désirs des municipaux de Bréhand, s’établit près de l’église de cette localité, dans laquelle il accomplit publiquement les fonctions ecclesiastiques. Cette éclaircie ne dura guère. Après la loi du 6 septembre et surtout celle du 25 du mois suivant, qui, dans l'intention d'anéantir le catholicisme romain, faisait revivre les mesures de persécution les plus cruelles, il lui fallut reprendre la vie de proscrit et se condamner à un demi-martyre quotidien en attendant le véritable. Désormais, lorsque M. Le Verger célébrait la messe à Bréhand le dimanche, tout un réseau de sentinelles veillait à sa sûreté.

Cependant, le 23 février 1796, comme le desservant de Bréhand, vêtu en paysan, longeait le canal qui de la Ville-Jégu va aux Forges, il se trouva tout à coup face à face avec un détachement de soldats de la Révolution. A cette heureuse époque, où tout le monde était plus ou moins suspect, les voyageurs étaient facilement arrêtés. Saisi et fouillé par ordre de l’officier Falba qui commandait cette troupe, M. Le Verger déclara sans hésiter qu'il était prêtre. Trompé qu’il se trouvait, par un faux bruit d’amnistie, il ajouta même qu’il se rendait à Josselin, de ce pas, pour s’y constituer prisonnier avec ses autres confrères, déjà sous les verroux.

Il les rejoignit en effet et passa une dizaine de jours avec eux dans l’infection d’une prison horrible. Puis, le 9 mars 1796, on l’amena, à Vannes, où il fut écroué à la Porte-Prison. C’est là que, le lendemain, il comparut devant l’accusateur public. Joseph-Marie-Prudent Lucas-Bourgerel. Il reconnut sa qualité de prêtre réfractaire, insoumis à la loi de déportation, ayant exercé publiquement du ministère à Bréhand-Loudéac au printemps de 1795, après avoir fait la déclaration prescrite par la loi du 21 floréal an III.

291. — Onze jours plus tard, le 21 mars, M. Le Verger comparut devant le tribunal criminel du Morbihan rassemblé pour le condamner. Le serviteur de Dieu renouvela ses déclarations d'avoir toujours refusé tout serment et de n’avoir jamais quitté le territoire français. Il reconnut aussi avoir fait du ministère depuis la déclaration prescrite par la loi persécutrice du 7 vendémiaire an IV. Enfin, il se garda de dévoiler par des réponses indiscrètes les noms des généreux chrétiens qui l’avaient abrité. Les termes de la loi des 29 et 30 vendémiaire ne laissaient aucun échappatoire aux prêtres insermentés. La sentence des juges ne pouvait que déclancher sur leurs têtes le couperet de la guillotine. S’appuyant donc sur la loi du 3 brumaire an IV (25 octobre 1795) qui remettait en vigueur les mesures sanglantes des 29 et 30 vendémiaire précitées, M. Le Verger fut condamné à mort.

Deux autres de ses confrères, MM. Le Bècre et Hamery, pour le même motif, devaient partager son sort. Ensemble ils se préparèrent pieusement à subir le dernier supplice.

C’est le 22 mars 1796, devant la place de l’Hôtel-de-Ville de Vannes, que M. Le Verger subit la peine capitale, aux trois heures du soir, ainsi que le marque son acte de décès rédigé le lendemain. Son souvenir est encore conservé dans sa paroisse natale par un certain nombre de personnes qui sont très convaincues qu’il a péri en haine de la Foi.

BIBLIOGRAPHIE. — Tresvaux du Fraval, Histoire de la Persécution révolutionnaire en Bretagne, op. cit. (1845), II, p. 233. — R. P. Le Falher, Les Prêtres du Morbihan victimes de la Révolution, op. cit. (1921), p. 193-201. — Chanoine titulaire Moisan, chevalier de la Légion d’honneur, Une Victime de la Révolution, Pierre Le Verger (1750-1796), in-16 de 132 p., Hennebont, imprimerie Méhat, 1928.

(Sources : Arch. départ. du Morbihan, L 301, 882 ; Z 444, 459).

(Articles du Procès de l'Ordinaire des Martyrs Bretons).

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