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GABRIEL-HYACINTE COUPPÉ DE KERVENNOU

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GABRIEL-HYACINTHE COUPPÉ DE KERVENNOU.

Sénéchal de Lannion.

Député de la sénéchaussée de Lannion.

(Lannion, 15 mars 1757. — Tonquédec, 25 février 1832).

Il y avait au XVIIIème siècle, sur le territoire qui forme le département des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), deux familles Couppé, qui avaient sans doute une commune origine, mais qui ne se confondaient plus. Les Couppé des Essarts et de Kernevé, en Saint-Brieuc, portaient : d'argent à six hermines de sable et furent déclarés nobles en 1737. Les Couppé du Port-Blanc, en Tonquédec, de Kervennou et de Lestimbert, portaient : d'azur à une quintefeuille d'argent accompagnée de 3 étoiles de même et avaient été déboutés à la réformation de 1668, mais ils devaient passer le XVIIIème siècle presque tout entier dans les charges municipales et judiciaires de Lannion, et c'est d'eux qu'est sorti notre député.

En 1762, le duc d'Aiguillon vint à Lannion pour poser solennellement la première pierre du quai qui porte encore aujourd'hui son nom. Les fêtes furent splendides. Un Couppé de Lestimbert était alors maire de la ville, et un de ses frères ou cousins, Couppé de Kervennou, ancien maire, était alloué. Tous les deux firent assaut de magnificence. Le couvent du Pochour avait été disposé pour recevoir le gouverneur de la province. C'est là qu'il tint sa cour. Pendant les repas, les portes restaient ouvertes, les dames et les notables circulaient autour du couvert, comme au dîner du roi. — Quels sont ces jolis enfants, demanda-t-il un jour ? — Ce sont, lui fut-il répondu, ceux de l'alloué, M. Couppé de Kervennou. Aussitôt le duc les fait approcher et les comble de bonbons et de caresses (De Penguern, à la Biblioth. Bret., 1,289, d'après les souvenirs de Mlle Couppé).

Ces enfants étaient au nombre de trois : deux garçons et une fille : l'un des garçons était le futur député aux Etats-généraux et à la Convention, qui n'avait encore que cinq ans ; l'autre devint plus tard recteur de Loguivy, et la petite fille, restée célibataire, devait vivre presque centenaire, pour donner à M. de Penguern les détails qui précèdent, en 1847.

Gabriel-Hyacinthe naquit à Lannion, le 15 mars 1757 (voir la note 1 qui suit), de noble maître Hyacinthe-François Couppé de Kervennou, alors maire de la ville et alloué au siège royal, et de Marie-Thérèse Salion, de bonne famille bourgeoise. Ses parrain et marraine furent « noble Gabriel-Marie Motais, sieur de Braux, et demoiselle Marie-Gabrielle Couppé, dame dudit lieu (voir la note 2 qui suit). Il était, comme on le voit, prédestiné au nom de Gabriel, souvent répété dans la famille, car son grand-père,

Note 1 : La Biographie bretonne, dans sa notice sur Couppé, commet un grand nombre d'erreurs de détail. Couppé, assure-t-elle, naquit à Lannion le 19 mars 1757, et non le 5 novembre, comme le dit la Biog. universelle. Or, j'ai sous les yeux un acte de naissance dûment certifié, qui porte le 15 mars.

Note 2 : Voici toutes les signatures que je relève sur l'acte de baptême qui m'a été obligeamment communiqué par M. Le Taillandier, maire de Lannion : « Marie-Gabrielle Couppé, Gabriel-Marie de Braux-Motais, fils, Oriane Le Prestre de Kerbriand, Françoise Couppé, Marie-Anne Sallion. Julienne Motais, de Braux-Motais, père, Kerprigent-Riou, de Lestimbert-Couppé, Kervennou-Couppé, Hervé Nouvel, recteur de Lannion ».

Couppé de Kervennou, que je trouve subdélégué de l'intendance à Lannion en 1720, le portait aussi.

On avait dans la famille des prétentions à la noblesse et l'on destina Gabriel à l'état militaire ; mais cela n'était point dans les goûts du jeune homme, qui préféra bientôt la robe à l'épée et se fit recevoir avocat au parlement de Rennes. En 1786, à l'âge de vingt-neuf ans, il était pourvu de la charge de sénéchal de la juridiction royale de Tréguier, au siège de Lannion, et, pendant quarante ans, il devint, malgré les vicissitudes de la Révolution qui, pour ses électeurs et pour lui, semblèrent ne pas exister, le représentant attitré de la population lannionnaise. Nous le retrouverons, en effet, après l'Assemblée constituante, à la Convention, au Conseil des Cinq-Cents et aux assemblées législatives de l'Empire et de la Restauration.

A l'Assemblée nationale, Couppé vota avec la gauche et fit presque constamment partie du comité des rapports. Comme Lanjuinais, contre qui il fit certain jour une observation personnelle, il avait un frère prêtre et cela ne l'empêcha point de concourir à l'établissement du schisme : il est vrai que l'abbé Lanjuinais prêta le serment à la constitution civile et devint vicaire de Le Coz : je ne puis dire s'il en fut ainsi du frère du député de Lannion.

Couppé travaillait beaucoup et parlait peu. On trouve cependant plusieurs fois son nom dans le Journal des États-généraux et aux Tables du Moniteur. Au moment de la division de la France par départements, il observa que la base territoriale était vicieuse dans le pays inculte des landes de Bretagne et il insista pour que le comité chargé des arrondissements fût nommé par la généralité (Journal des Etats gén., H, 379). A la fin de janvier 1790, il fit remarquer que plusieurs des membres de la commission intermédiaire des évêchés de Tréguier et de Vannes s'étaient retirés, en sorte que l'assiette de l'impôt ne pouvait plus se faire dans ces régions et que la perception allait cesser. Il proposait de décider que les citoyens qui, après les membres en question, avaient réuni le plus de suffrages fussent autorisés à remplir les fonctions que ceux-ci avaient abandonnées ; mais l'ajournement fut prononcé (Journal des Etats gén., IV, 126). Trois mois après, le 15 avril, il se plaignait que, dans le pays de Lannion, les commissaires chargés de mettre les rôles des contributions en recouvrement n'eussent pas rempli leur devoir et eussent même blâmé les paroisses qui avaient commencé à payer (Ibid. V, 351). Puis il parla sur le traitement des officiers de justice et des administrateurs (Tables du Moniteur, I, 326), mais nous ne trouvons de motion un peu importante de sa part que tout à fait à la fin de la Législative, lorsqu'il demanda la suspension de traitement des militaires et des ecclésiastiques qui seraient élus à l'Assemblée législative. Ce qu'on doit retenir de plus remarquable à son sujet pendant toute cette période de l'Assemblée nationale, c'est qu'il signa la Constitution de 1791, en qualité de secrétaire.

Elu maire de Lannion à son retour, puis juge au tribunal du district, il opta pour ces dernières fonctions et laissa la mairie à son collègue Baudouin de Maison-Blanche : mais celui-ci, effrayé des progrès de la Révolution, rentra sous sa tente à la fin de 1792, tandis que Couppé n'hésita pas à briguer les suffrages de ses compatriotes pour les élections à la Convention.

L'assemblée électorale des Côtes-du-Nord s'étant réunie à Dinan, Couppé fut élu, le 2 septembre, commissaire à la vérification des pouvoirs, pour le district de Lannion ; le 3, commissaire pour l'examen des procès-verbaux attaqués des assemblées primaires ; le 4, secrétaire de l'Assemblée par 132 voix sur 616, et, le 6, premier député du département. Ce ne fut pas sans peine ; car, le 5, deux tours de scrutin avaient eu lieu sans résultat, et Palasne de Champeaux disputait vivement la première place. Au deuxième tour, sur 526 votants, Couppé obtint 135 voix et Palasne en réunit 145 ; mais le 6, au troisième tour, Couppé fut élu, par 292 voix (voir la note qui suit) et Palasne passa second député le lendemain. Les élections étaient alors fort longues,et il fallait ordinairement un jour par député, car on ne votait pas par scrutin de liste, quoique l'assemblée fût unique pour tout le département.

Note : La Biographie bretonne dit que Couppé fut élu à la Convention à l'unanimité. On voit qu'il fallut 3 tours de scrutin, et les chiffres que je cite sont les chiffres officiels extraits du procès-verbal imprimé de l'élection.

A la Convention, Couppé vota d'abord avec la Gironde. La Biographie bretonne l'en félicite, mais nous savons, depuis que M. Biré a détruit pièce à pièce, la légende de la modération girondine, qu'il n'y a guère à louer « la sagesse des principes » de ce groupe révolutionnaire. C'est lui qui dès la fin de 1792, demanda le décret d'accusation contre le général Arthur Dillon. Mais le procès de Louis XVI devait enfin lui ouvrir les yeux. Là fut son chemin de Damas : et, pendant que les vrais girondins n'hésitaient pas à voter la mort, il se rangea, dans tous les scrutins, du côté le plus modéré. Il vota d'abord pour l'appel au peuple, puis pour la réclusion pendant la guerre et le bannissement à la paix ; enfin, lorsque la mort eut été décidée, pour le sursis. Ces votes le désignaient aux fureurs de la Montagne. Il aggrava encore sa réputation de modérantisme en signant la protestation des 73 contre l'attentat du 31 mai et fut obligé de prendre la fuite avec Kervélégan, du Finistère, pour échapper au sort de la Gironde.

On rapporte qu'arrivés à Mantes, les deux fugitifs, ayant demandé un cheval à un maréchal-ferrant, qui n'offrait qu'une rossinante, à un prix exorbitant, Couppé le traita de voleur.

— Et qui êtes-vous donc, vous qui faites l'insolent ? s'écria le maréchal, avez-vous des papiers ?

— Et de quel droit me les demandez-vous, répliqua le député des Côtes-du-Nord ?

— Je suis officier municipal, répliqua l'homme en montrant à Couppé interdit une écharpe tricolore sous sa souquenille. Et vous, ajouta-t-il, en s'adressant à Kervélégan ?

— Moi, j'en ai, dit le Quimpérois, en tirant avec sangfroid la première lettre venue de son portefeuille et la tendant au municipal, qui ne savait pas lire.

— C'est bien, dit celui-ci d'un ton magistral, vous êtes en règle et vous pouvez partir. Quant au citoyen qui fait l'insolent, il va être arrêté.... (Biographie bretonne).

Kervélégan continua sa route et Couppé fut ramené à Paris. Ayant déclaré qu'il avait quitté son poste par crainte de voir se renouveler les journées de Septembre, il fut considéré comme démissionnaire, remplacé par son premier suppléant, Coupard, puis écroué à la Conciergerie et de là à la Force, d'où le délivra seulement le 8 thermidor. Dans l'intervalle, une nouvelle discussion à son égard avait eu lieu au sein de la Convention et elle avait été suivie d'un décret qui le déclarait simple citoyen (Tables du Moniteur), ce qui ne l'empêcha pas d'être compris, le 3 octobre 1793, dans le fameux rapport d'Amar, sur l'Etat nominatif des députés signataires des protestations des 6 et 19 juin, auxquels s'appliquait le terrible article IV du décret de proscription en masse :

« Ceux des signataires des protestations des 6 et 19 juin derniers, qui ne sont pas renvoyés au tribunal révolutionnaire seront mis en état d'arrestation dans une maison d'arrêt et les scellés apposés sur leurs papiers ».

Je ne trouve pas dans les mémoires du temps de détails particuliers sur Couppé pendant sa détention, mais le traitement infligé aux 73 n'était, semble-t-il, pas précisément celui de la douceur.

Rentré à la Convention, le 18 frimaire an III, sur la demande de Guyomar, de Guingamp, qui obtint le rapport du décret par lequel il avait été réputé démissionnaire, avec rétroactivité des indemnités de député depuis le dernier paiement, Couppé s'éleva avec force contre les terroristes, fit rejeter la proposition de percevoir une partie des biens nationaux en nature et demanda un rapport sur les représentants dénoncés comme complices de Robespierre (Ibid.).

En 1795, il fut envoyé en mission dans le département de la Seine-Inférieure pour activer et protéger l'arrivage des subsistances attendues à Paris, et il se conduisit en ces circonstances avec un zèle et un désintéressement remarquables. Une lettre que lui écrivit, le 3 messidor an III, son collègue Gautier, de Portrieux, prouve même qu'il lui fallut parfois faire acte de courage :

« Mon cher collègue, écrivait Gautier, j'apprends avec plaisir, par ta dernière lettre, l'heureux et assez considérable envoi de grains que tu as fait parvenir à cette commune : mais tu ne me dis pas tout. Belleville ne cesse de nous tourmenter, Kervélégan et moi, pour provoquer à la Convention un décret de mention honorable en ta faveur, parce que, nous a-t-il annoncé, il est constaté au Comité de salut public, qui est muet, qu'une frégate anglaise empêchait l'entrée au port du Havre d'un navire américain chargé de subsistances, que Tu as monté sur une autre frégate pour lever l'obstacle et que tu as réussi. Certes, nous sommes disposés à te rendre justice, mais tu te bornes à nous dire que tu as fait un coup hardi. Quand tU arriveras, nous saurons le tout .... » (Cité par la Biographie bretonne).

Sa mission terminée dans la Seine-Inférieure, Couppé fut envoyé comme représentant du peuple à l'armée du Nord, où il resta peu de temps, car la nouvelle constitution allait amener un changement de législature.

A la fin de la Convention, Couppé ne fit pas partie des deux tiers conventionnels qui entrèrentde droit dans les nouveaux conseils législatifs créés par la constitution de l'an III, mais il y entra par une porte beaucoup plus honorable, car il fut élu par cinq départements à la fois, les Côtes-du-Nord, la Somme, la Seine-Inférieure, le Finistère et le Morbihan, au Conseil des Cinq-Cents, où il siégea jusqu'en prairial an VII.

Là, ses motions furent fréquentes et ses travaux productifs. En 1797, nous le voyons appuyer la demande présentée au Conseil pour faire quitter aux enfants les surnoms de Marat, Robespierre, etc., qu'on leur avait donnés pendant le règne de la Terreur, puis persiffler le rapport de Duplantier sur les sociétés populaires et s'opposer à son impression. Cela dénote des idées passablement réactionnaires. Peu après, il réclamait l'appel nominal sur le prononcé du président, portant qu'il ne serait point exigé de déclaration des ministres du culte. Ceci était moins libéral : mais il prenait aussitôt sa revanche et demandait la question préalable sur l'établissement d'une commission qui étudierait les peines à infliger au Directoire pour le retard qu'il apportait à la promulgation des lois.... (voir la note qui suit).

Note : Tables du Moniteur. — La Bibliothèque de Rennes conserve de lui la pièce suivante qui date de cette époque : Rapport de Couppé (des Côtes-du-Nord) sur les réclamations de plusieurs communes du département du Nord, qui demandent à être distraites du canton de Velin, pour en former un autre dont Pholenpin serait le chef-lieu. — Séance ou 4 brumaire an VI.

En 1798, l'assemblée électorale du département des Côtes-du-Nord lui témoigna la continuation de sa confiance en le nommant président du tribunal criminel de Saint-Brieuc, fonctions que confirma bientôt le gouvernement consulaire, avec l'adjonction du titre de juge d'appel à la cour de Rennes.

Membre de la Légion d'honneur le 25 prairial an XII, élu député au corps législatif en 1803, en 1808 et en 1813, il fut nommé, lors de la réorganisation judiciaire de 1811, conseiller à la Cour impériale de Rennes et figura dans la Chambre des députés de la première Restauration, en 1814 ; mais il refusa toute candidature lors des élections à la Chambre des Cent-Jours, et il y fit nommer son ami Tassel. Cette abstention ne l'empêcha point d'être destitué de son siège par la seconde Restauration, et il se retira dans son château de Tonquédec, aux imposantes ruines féodales, où il vécut fort tranquille pendant les dix-sept dernières années de sa vie, méditant sur l'inconstance des choses humaines (voir la note qui suit).

Note : Il figure en l'an XI sur la liste des 550 plus imposés du département des Côtes-du-Nord et en 1802, comme vénérable sur celle de la loge maçonnique Saint-Jean de Saint-Brieuc, sous le titre de la Vertu Triomphante.

Le ministère Polignac lui envoya pourtant des lettres de conseiller honoraire, mais il ne les accepta qu'après 1830. Il mourut deux ans après, à soixante-quinze ans, sans laisser d'enfants de sa femme, Rose-Marie-Thérèse Robiou de Troguindy, qui l'avait précédé dans la tombe.

On a deux portraits de Couppé, l'un de Bonneville, l'autre gravé par Courbe, d'après Labadye, pour la collection Déjabin (Voir la note qui suit). La physionomie est calme, régulière, et répond bien à l'idée qu'on se fait de celle d'un magistrat.

Note : On trouve des notices sur lui à la Biogr. univ. de Michaud ; aux Fastes de la Légion d'honneur, V ; à la Biog. bretonne, I, 477-479, etc.

(R. Kerviler).

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