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La paroisse de Langrolay-sur-Rance durant la Révolution.

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Renseignements ecclésiastiques. — Langrolay (aujourd'hui Langrolay-sur-Rance), cure de l'ancien diocèse de Saint-Malo, relevait autrefois de l'archidiaconé de Dinan et du décanat de Poudouvre, dont le siège, avons-nous déjà dit, avait été fixé à Saint-Enogat, l’an 1386. Le diacre Saint Laurent, dont le culte, naguère en grand honneur dans notre région (feu St. Rolland) aurait été importé d'Espagne en Bretagne, au dire de Jourdan de la Passardière (Topologie des Paroisses du Léon, op. cit.), le diacre Saint Laurent, disons-nous, était dès avant 1789 et est maintenant encore le patron de Langrolay-sur Rance. On conserve sa statue de bois dans l'église, ainsi que celle de Saint Divy, vieux saint breton dont nous parlons à l'article Trégon.

Langrolay qui, au moyen-âge, relevait du domaine des vicomtes de Dinan, puis de celui des ducs de Bretagne à compter du duc Jean Le Roux, dépendait directement du roi de France lors de la Révolution. Le propriétaire de la terre et haute justice de Beauchesne, érigée en 1679 au rang de chatellenie, possédait dans l'église de Langrolay les droits de seigneur fondateur. En 1702, ce domaine appartenait à Jacques Gouin, intrépide navigateur malouin, auquel le chanoine Manet a consacré une notice dans sa Biographie des Malouins célèbres, op, cit., p. 68.

La présentation de la cure de Langrolay dépendait de l'ordinaire. Le seigneur de Beauchesne partageait par moitié les dîmes de la paroisse avec le recteur. La part de celui-ci s'élevait, en 1790, à 975 livres, tous frais déduits.

L'église de Langrolay, note le Pouillé de la Bastie vers 1750, est « neuve, en bon état, un peu petite et n'est pas encore payée ». Quant au presbytère, quoique agrémenté d'un colombier, de trois petites dépendances recouvertes en paille et d'un four à cuire le pain, le document que nous utilisons le juge « peu de chose », et assez éloigné de l'église. Cette appréciation, du reste, s'applique encore très justement aujourd'hui à cette modeste demeure.

Il y avait autrefois à Langrolay une chapelle frairienne dédiée à Saint Méen, dont il ne subsiste plus présentement que quelques ruines ensevelies, sous les ronces, Un aveu rendu en 1720 par les seigneurs de Pontbriand, nous révèle aussi l'existence à Langrolay d'une chapellenie ou prestimonie Saint Pierre, au titulaire de laquelle les marquis de Pontbriand reconnaissaient devoir annuellement six boisseaux de paumelle sur les dîmes de Pleurtuit. (Archives de Loire-Inférieure, B 1272). Mentionnons aussi que, le 27 mars 1806, Gillette de l'Echapt demandait l'autorisation de rembourser à la fabrique de Langrolay le capital d'une rente foncière annuelle consistant en 8 livres en argent, laquelle avait été créée par ses ancêtres le 4 juillet 1752.

D'après un compte de fabrique pour l'an 1748, en notre possession, l'on voit qu'à cette époque l'église de Langrolay jouissait d'une petite dîme qui lui rapportait 6 boisseaux 2 godets de revenu, et qu’elle possédait par ailleurs 7 boisseaux de blé de rentes foncières. Le tout vendu aux enchères, avait produit 62 livres 11 sols cette prédite année, De plus, l'offrande du blé des commençailles avait rapporté 3 livres ; le fil donné à l'église, 6 l., et les pommes du cimetière, 2 l. 1 s. seulement. Somme toute, le recettes de l'église s'étaient élevées cette année à 136 livres 5 sols, et les dépenses à 65 livres 7 sols. La plus lourde de celles-ci comportait 55 livres 10 sols pour le coût du luminaire, non compris 9 sols 6 deniers pour une livre de chandelle destinée à éclairer l'église lors de la messe de minuit, à la fête de Noël. Notons aussi 30 sols pour l'achat de l'encens et 4 sols pour les saintes huiles.

A ces renseignements, les seuls que nous ayons trouvés sur le Langrolay de l'ancien régime, le Pouillé de la Bastie ajoute que cette paroisse possédait alors « plusieurs fondations assez en ordre ». Celles-ci étaient assises sur les pièces de la Prée et de la Grande et de la Petite Jeannaie, qui furent acquises comme biens nationaux dès le 26 septembre 1791. La vigne de Saint-Méen, contenant un journal de terre inculte, pourpris de la chapelle dont nous avons parlé, fut liquidée à cette même date.

Le 10 mars 1794, conformément aux arrêtés en vigueur, les municipaux de Langrolay déposèrent à Dinan une moyenne cloche, quatre grilles en fer, huit chandeliers de cuivre, un Christ, un fanal et une lampe, les trois en cuivre, et un poteau en bronze.

Une première vente des ornements de l'église de Langrolay produisit 96 frs 60 le 16 juin 1794, une seconde rapporta 74 livres le 6 juillet suivant.

Le 24 août de cette même année, on expertisait à Dinan, avant de l'envoyer à la Monnaie, un pied de ciboire avec son couvercle et un croissant pesant 2 marcs, 2 onces, 4 gros et demi d'argent blanc ; un ostensoir, deux calices, deux patènes et la coupe d'un ciboire, pesant 6 marcs, 5 onces, 6 gros d'argent doré ; une croix pesant 9 marcs, 6 onces, 6 gros aussi d'argent doré ; 4 marcs, 6 onces, 2 gros de galon d'argent blanc, et 2 marcs, 4 onces, 4 gros de galon, d'argent doré.

Enfin, pour achever le dépouillement de leur église, les municipaux de Langrolay déposèrent encore à Dinan, le 16 octobre 1794 : cinq devants d'autel et cinq rideaux, deux nappes, une cuve en plomb, provenant des fonts baptismaux, et « les papiers de la ci- devant fabrique », que l'on n'a jamais revus depuis. Le 4 octobre 1796, nous lisons que l'église de Langrolay, mesurant 76 pieds de long, est en mauvais état, ne sert de rien et est notée comme « bonne à vendre ».

Nous verrons à l'article du clergé comment Langrolay fut supprimé comme paroisse et réuni à Plouër en 1792. Le gouvernement consulaire le rétablit en succursale en 1803.

Disons pour finir que, sous l'ancien régime, le jour d'adorations paroissiales était fixé pour Langrolay au 31 janvier, et que cette localité était groupée pour les stations de prédications avec Pleurtuit et Tréméreuc.

 

CLERGÉ.LAURENT-JEAN MARTIN, recteur, originaire de Saint-Père-Marc-en-Poulet, avait obtenu Langrolay au concours le 29 janvier 1755, au trépas de M. J.-B. Bohuon, décédé le 2 novembre 1754, mais M. Martin, après avoir durant 45 ans administré sa paroisse, mourut à son tour le 11 juillet 1790, âgé de 76 ans.

Il eut pour successeur. GURVAL-TOUSSAINT BILLARD, né le 3 juin 1752 du mariage de Toussaint et de Renée Geoffroy, à Monteneuf, alors trêve de Guet, dans le Morbihan actuel, mais à cette époque du diocèse de Saint-Malo. Le jeune Billard, après avoir fait à Saint-Malo de Beignon ses études secondaires, entra au Séminaire, où on le note comme « fort lent et ayant de la difficulté à s'exprimer ». Nous trouvons l'abbé Billard tonsuré dès le 27 septembre 1772. Nous savons ensuite qu'il était vicaire de Guillac depuis le 22 mars 1787, quand, le 2 septembre 1790, il obtint au concours la cure de Langrolay, pour lors vacante, ainsi, que nous l'avons vu plus haut.

Le 14 octobre suivant, Billard prit possession de son rectorat, puis quand vint l'instant de prendre parti pour ou contre la Constitution Civile, malgré l'opposition de son vicaire et le sentiment de la majorité de ses ouailles, ce prêtre, crut qu'il était avantageux pour lui de s'assermenter, afin de conserver sa place. Du reste, le nouveau constitutionnel était fort attaché à ses intérêts temporels et sut fort bien mettre à profit la bonne aubaine des biens nationaux. C'est ainsi que vers cette époque, il acquit à Monteneuf, canton de Guer actuel, la métairie de Trézon avec les bois y attenants, de même que la prairie de la Gouraie, le tout dépendant de l'ancienne fabrique. Il y joignit encore le pré Raoul, qui appartenait à la chapellenie Doniaud, et, le 28 octobre 1791, il écrivait au district de Ploërmel afin de connaître le montant des versements annuels qu'il devrait effectuer pour se libérer du coût de ses récentes acquisitions. (Archives du Morbihan, L 855).

Mais tout cela n'avançait guère ses affaires à Langrolay, où il éprouvait une vive opposition depuis sa prestation de serment. La paroisse était maintenant divisée : les uns soutenant le recteur, et les autres se ralliant au contraire autour de son vicaire et d'un prêtre habitué non assermenté originaire de la localité. En conséquence, Billard ne cherchait-il qu'à se débarrasser de ces deux gêneurs, quand l'arrêté du Département du 18 juin 1791 vint lui en fournir les moyens. Aussitôt, deux bonnes commères de Langrolay, Guillemette de l'Echapt et Perrine Chas, vinrent-elles, toutes émotionnées, déclarer, le 21 juin, aux administrateurs du district de Dinan, que les propos tenus par le vicaire Prioul « les faisaient trembler pour leur salut ». Le surlendemain, ce fut le tour de leurs maris, qui ne manquèrent pas de renchérir sur les dires de leurs moitiés. Puis, le 24 juin, le curé Billard y alla à son tour d'une lettre dans laquelle il se plaignait amèrement des troubles que, disait-il, ne cessait de susciter dans sa paroisse le clergé insermenté. Tant de démarches ne pouvaient demeurer vaines : aussi les membres du Directoire du District décidèrent-ils, le 25 juin suivant, d'envoyer deux commissaires accompagnés de deux hommes en armes enquêter à Langrolay.

Il est vraisemblable que le résultat de la susdite enquête ne fut pas en tous points favorable à Billard, car, le 4 juillet 1791, le procureur syndic du District proposa, entre autres mesures propres à rétablir la paix, « d'inviter le recteur à se montrer plus circonspect dans ses propos, de lui défendre de s'immiscer ou de s'entremettre, soit directement, soit indirectement, dans les affaires municipales, et de lui demander de s'employer de tout son pouvoir à rétablir la paix et l'union ».

Le fléchissement du vicaire qui, plus ou moins terrorisé, s'assermenta, le 26 juillet 1791, n'amena aucune détente dans les esprits. Le 2 novembre de cette même année, le curé Billard, dans une longue dénonciation adressée au district, énumérait les nombreux dangers que lui avaient fait courir, à l'occasion de l'exercice de son ministère, « ceux qui voulaient un curé non jureur », parmi lesquels Joseph Leroux, Jean Bourdas et Laurent Testu, sans oublier le maire Sevestre, « qu'accompagnaient plus de 100 personnes ».

Au reçu de cette lettre, le Directoire de Dinan envoya le 4 novembre le commissaire Jérôme Elias, accompagné de 12 volontaires et d'un gendarme national, enquêter à Langrolay. Le curé, encore cette fois, n'y parut pas exempt de blâme. « Il semble, dit le District, entêté dans ses systèmes, et ne pas chercher à ramener les esprits troublés.. C'est un homme singulierement minutieux et qui pourrait avec raison être taxé d'intolérance ». Aussi hésitait-on à lui accorder l'octroi de garnisaires à Langrolay, soi-disant, prétendait-il, pour sa sécurité, mais plutôt destinés, dans la pensée de l'excellent homme, à intimider la population et à obtenir, le 11 novembre, l'élection d'officiers municipaux suivant son coeur.

Les anciens étaient en effet, au dire du District, « fort attachés à leurs opinions soi-disant religieuses, et s'efforçaient de fatiguer Billard, afin de le voir abandonner sa place, que le prêtre Percevault se serait trouvé là tout exprès pour remplir ».

Nos renseignements s'arrêtent là sur les troubles religieux suscités à Langrolay par la Constitution Civile. Lorsque mourut Hercouet, le curé assermenté de Plouër, le 15 mars 1792, Billard, choisi pour lui succéder dans ses peu enviables fonctions (cf. article Plouër), s'empressa d'accepter, et, le 10 novembre de cette année, il eut le plaisir de voir ses anciennes ouailles de Langrolay officiellement groupées avec celles de Plouër pour le spirituel.

Billard, dont les prônes à Plouër consistaient, paraît-il, à lire en chaire les lois et décrets révolutionnaires, continua d'y harceler l'administration de ses dénonciations. Le 20 février 1793, il signalait même comme ecclésiastique réfractaire, un simple laïc, nommé Pierre Boussé, qui put prouver, heureusement pour lui, qu'il n'avait rien d'un curé, et encore moins d'un curé réfractaire. (Cf. Archives des Côtes-d'Armor, L 161, f° 159, L 283, f° 25, et Lm 5, 38).

Par ailleurs, nous ne sommes aucunement renseigné sur les faits et gestes de l'intrus Billard à Plouër. Tout ce que nous savons, c'est qu'il y fut arrêté le 22 octobre 1793, et incarcéré à Saint-Brieuc, mais nous ne pouvons dire la raison de sa détention, non plus que si c'est le désir de voir finir sa captivité qui détermina Gurval Billard à abdiquer avec éclat son état et fonctions dans la cathédrale de Saint-Brieuc, ainsi que le racontent les auteurs de la Révolution en Bretagne, à la page 78 de ce volume. Cependant, cet acte de lâcheté ne rendit pas tout de suite la liberté à Billard, qui ne sortit provisoirement de prison qu'en janvier 1795, sur ordre du Comité de surveillance de Saint-Brieuc. Puis, le 23 février suivant, un arrête des représentants Guezno et Guermeur déclara que l'arrestation de Billard avait été illégale, et rendit sa mise en liberté définitive. (Archives des Côtes-d'Armor, Lm 5, 79).

Nous doutons qu'alors Billard s'en fut offrir ses services aux Plouérais, qui du reste n'y tenaient que médiocrement. Il figure en effet, l'an III et IV (1795 et 1796), sur les états de paiement du district de Saint-Malo, preuve évidente qu'il habitait alors ce territoire. (Archives municipales de Saint-Malo). Le 11 novembre 1797, il était revenu dans le Morbihan et exposait de Ploërmel à l'administration de ce département que, « dans les Côtes-du-Nord et l’Ille-et-Vilaine, il avait toujours été payé de sa pension comme abdicataire, mais qu'il n'a rien touché encore depuis qu’il est revenu dans le Morbihan et que, de plus, il est trop imposé pour ses propriétés de Monteneuf » (Archives du Morbihan, L. 858).

Toujours fidèle au schisne constitutionnel, l'ex-curé de Langrolay-Plouër ne put assister au synode que les partisans de l'évêque Lemasle tinrent à Lorient, mais il ne manqua pas de leur adresser son adhésion.

Quand vint, la pacification religieuse, oeuvre de Bonaparte, Billard, qui avait signé la promesse de soumission exigée par le Premier Consul, et possédait en outre une attestation de l'évêque de Vannes, Mgr. de Pancemont, comme quoi il s'était rallié au Concordat, Billard, dis-je, se montra tout étonné que des marques si faciles de repentir n'eussent pas immédiatement fait oublier ses turpitudes passées aux membres de l'ancien clergé demeurés constamment fidèles à leur devoir. Aussi, le 9 septembre 1802, vint-il se plaindre à l'évêque de Vannes, de ce que « l'abbé Josse, recteur de Monteneuf, prétendait lui interdire de célébrer la sainte messe dans l'église paroissiale, ainsi que d'assister au choeur en costume ecclésiastique ». Nous ignorons ce qu'il advint de cette affaire, et les faits et gestes qui marquèrent les derniers jours de Gurval Billard.

Voir, sur les acquisitions de Billard : chanoine Moisan : La propriété ecclésiastique dans le Morbihan durant la période révolutionnaire, in-8, Vannes, 1911. — Cet auteur nous a bienveillamment fourni des renseignements sur le séjour de Billard dans le Morbihan.

JEAN-OLIVIER PRIOUL, vicaire, naquit à Saint-Suliac le 1er janvier 1755 du mariage d'Olivier et de Catherine Lhuilier. On le note au Séminaire : « étudie beaucoup, mais génie très lent : ne fera jamais beaucoup ». Ordonné prêtre le 22 septembre 1781, il remplit de 1781 à 1784 les fonctions de vicaire à Lancieux. Nommé ensuite vicaire de Châteauneuf, près de Saint-Malo, la faveur de M. Etienne Baude de la Vieuville, seigneur de cette paroisse, lui valut d'obtenir le 5 août 1788 le visa pour les chapellenies de la Ganterie, Launay-Marie et Saint-Martin de Coëtquen, en Saint-Hélen, qui lui rapportaient 400 livres de revenu annuel lors de la Révolution.

M. Prioul fut, le 14 janvier 1790, envoyé en qualité de vicaire de Langrolay, puis désigné le 11 juillet suivant comme curé d'office, à la mort du recteur Martin. Après avoir vainement tenté d'obtenir Langrolay au concours, M. Prioul y demeura vicaire avec l'abbé Billard. Lorsque celui-ci se fut assermenté, l'opposition sourde qui existait déjà entre ces deux prêtres, s'accentua : Billard déclarant aux autorités qu'il ne voulait pas conserver pour vicaire Prioul, qui n'avait prêté qu'un serment conditionnel et restrictif, et celui-ci ne se faisant pas faute de proclamer que son recteur, du fait de son serment schismatique et de son agrégation au clergé de Jacob, l'évêque intrus, avait perdu toute juridiction sur ses ouailles.

Lorsque fut promulgué le décret du 18 juin 1791, prescrivant à tout prêtre vivant dans la paroisse d'un assermenté de s'éloigner d'au moins six lieues de cette localité, s'il gênait le ministère de celui-ci, Billard mit tout en oeuvre pour faire partir son vicaire. Nous avons vu, dès le 21 juin suivant, les femmes Guillemette de l'Echapt, épouse Arhel, de la Grande Chesnaie, et Perrine Chas, épouse M.., du bourg, venir dénoncer l'abbé Prioul au Directoire, l'accusant « de tenir les propos les plus incendiaires » et demandant pour lui punition. Le lendemain, c'étaient pierre de l'Echapt, Joseph Besard, Alexis Arhel, Olivier Gaudu et Julien Le Bigot qui arrivaient à leur tour de Langrolay raconter an District que le sieur Prioul, vicaire, « répandait les nouvelles les plus alarmantes contre la Constitution et qu'il ne fallait pas le souffrir davantage demeurer dans leur localité y troubler les consciences ». Le terrain ainsi déblayé, Billard, le surlendemain, y fut lui-même de sa plainte. Qu'en résulta-t-il par rapport à l'abbé Prioul ? Sans doute avait-il ouï dire que, le 5 juillet 1791, le Directoire de Dinan avait décidé de le dénoncer à l'accusateur public, et se vit-il sous le coup de poursuites judiciaires, traduit devant les tribunaux, emprisonné peut-être ? En tout cas, le malheureux, qui n'avait pas l'âme bien trempée, prit peur et s'assermenta pour retrouver le calme et la paix.

Le 26 juillet 1791, ce prêtre, ayant donc obtenu l'entrée au Directoire de Dinan, s'y présenta de sa personne et fit la déclaration suivante : « D'après la lecture d'un procès-verbal qui porte que j'ai tenu des propos incendiaires et contraires à la Constitution décrétée par l'Assemblée Nationale, et acceptée par le Roy, je déclare ne les avoir point tenus, même que j'aurais eu le plus grand tort, puisque je suis attaché de coeur et d'esprit à ladite Constitution, que je jure de maintenir de tout mon pouvoir ». Puis Prioul prononça la formule, nous allions dire sacramentelle, et signa. Désormais, il appartenait au clergé constitutionnel. Mais sa situation était trop tendue avec le curé Billard pour demeurer davantage en sa compagnie : aussi Prioul accepta-t-il un poste de vicaire avec l'intrus Goupil, à Saint-Pôtan, le 31 juillet 1791. Il y demeura deux mois et cinq jours, jusqu'à son élection à la cure de Pléboulle, le 7 octobre de cette même année.

Cependant, l'histoire de la capitulation de conscience de ce prêtre n'avait pas été sans soulever une grosse émotion parmi les tenants des bons principes ; aussi, l'abbé Prioul s'étant trouvé, au mois d'août 1792, à traverser le bourg de Ploubalay, où il était très connu depuis son séjour à Lancieux, une aubergiste, à la langue bien pendue, la femme Debry, l'ayant aperçu, « sortit par deux fois de sa demeure pour le traiter comme un chien », ainsi que le dénonça le « patriote » Savary au tribunal du District.

M. Prioul décéda à Pléboulle le 15 mars 1794, juste à temps pour éviter d'être emprisonné avec ses collègues constitutionnels des environs. Nous ignorons s'il songea, avant son trépas, à se réconcilier avec l'Eglise :

Vivait à Langrolay comme simple prêtre, en 1790 :

JEAN-MARIE PERCEVAULT, né le 26 septembre 1754 dans cette paroisse, du mariage de Joseph et de Marie Diveu. Il fit son cours au Collège de Dinan, puis, après d'assez faibles examens théologiques, il reçut la prêtrise à Rennes, par dimissoire, en septembre 1785. Revenu comme chapelain dans son pays natal, M. Percevault refusa de s'assermenter, et son opposition constante à la Constitution Civile le rendit odieux au recteur Billard, ainsi qu'au clan clairsemé, mais fort exalté, des « patriotes » de Langrolay, qui le dénoncèrent à diverses reprises au District.

Nous savons, par ailleurs, que ce prêtre avait obtenu, à la date du 14 juillet 1791, de Hamart-La Chapelle, la permission de célébrer la messe à la chapelle de Saint-Buc, en Pleurtuit, et que le 4 novembre suivant, il habitait encore Langrolay, au grand déplaisir de l'assermenté Billard.

Le 17 septembre 1792, obéissant à la loi de proscription du 26 août précédent, M. Percevault s'exila à Jersey par Saint-Malo (Archives de Saint-Malo, LL 109), mais nous ne croyons pas qu'il resta bien longtemps en exil. Cependant, son mobilier fut expertisé, puis vendu 133 livres, le 13 pluviôse an II, comme bien de prêtre déporté.

L'enquête du préfet Boullé, vers 1802, signide M. Percevault comme ayant toujours résidé à Langrolay, et le note comme « un homme paisible, mais peu instruit, à laisser simple prêtre ». Monseigneur Cafarelli ne tint pas compte de ces fiches et, après avoir pensé un instant à désigner cet ecclésiastique comme recteur de Langrolay, dont il était depuis au moins 1801 le curé d'office, il le nomma au rectorat de La Landec, le 7 juillet 1804. C'est là qu'il mourut en fonctions, le 30 août 1818, âgé de 64 ans.

A la réorganisation des paroisses, M. TOUSSAINT MONCOQ, dont on a lu la biographie à l'article Léhon, fut nommé recteur de Langrolay le 16 janvier 1804. Lorsqu'il démissionna de ce poste, M. Jacques-Thuriac Le Teno fut nommé pour le remplacer le 30 octobre 1818. (A. Lemasson).

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