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CAHIER DE DOLÉANCES DE LANGON EN 1789

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Subdélégation de Redon. — Département d'Ille-et-Vilaine, arrondissement et canton de Redon.
POPULATION. — 1793, 1.082 habitants (Arch. d'Ille-et-Vilaine, série L).
CAPITATION. — Rôle de 1788 (Arch. du Morbihan, série C, fonds de la Commission intermédiaire diocésaine de Vannes) ; 312 articles ; total, 1.483 l. 10 s. 9 d., se décomposant ainsi : capitation, 986 l. 18 s. ; 21 d. p. l. de la capitation, 86 l. 7 s. 1 d. ; milice, 126 l. 1 s. 9 d. ; casernement, 284 l. 3 s. 11 d. — D'après le dernier tableau de répartition que nous possédons pour l'évêché de Vannes, celui de 1777, le total de la capitation s'élevait à 1.002 l. 10 s., réparties entre 323 contribuables, dont 147 avaient une cote inférieure à 3 l. (Arch. d'Ille-et-Vilaine, C 3982).
VINGTIÈMES. — 1.833 l. 12 s. 3 d.
FOUAGES. — 32 feux 3/4 1/22 1/28. — Fouages extraordinaires, 623 l. 12 s. 3 d.
OGÉE. — A 14 lieues 1/3 à l’E.-N.–E. de Vannes ; à 9 lieues 3/4 de Rennes et à 4 lieues de Redon. — 1.000 communiants. — La majeure partie du territoire était jadis plantées en vignes ; elles ont été arrachées depuis plusieurs siècles. On y trouve aujourd'hui des terres en labour, des prairies et des landes ; c'est un pays couvert de monticules. On remarque trois moulins sur le sommet d'une élévation.

PROCÈS-VERBAL. — Assemblée électorale, le 4 avril 1789, au lieu ordinaire des délibérations, sous la présidence de Hypolite-Jacques Chevalier Dutertre, avocat au Parlement, sénéchal et seul juge de la juridiction de Brain et Langon. — Comparants : le sieur Julien Nouel, sieur de la Touche (3,10) ; Louis Grivel (12) ; Jacques Grivel (15) ; Pierre Periguel (capité avec Guillaume Lepeintre, 24) ; Jean Roux (6) ; Jean Provost (fils de Pierre, 19 ; ou fils de Louis, 39) ; Jean Siloret (13) ; Pierre Joubinet (25) ; Pierre Hino ; Alexis Le Blet (9) ; Michel Provost (14) ; Julien Blanchard (6,10) ; Guillaume Le Peintre (capité avec Pierre Periguel, 24) ; Louis Guérin (2) ; noble homme Joseph-Anne Guillemoys d'Yvignac (15 ; pour ses domestiques, 4,5) ; Jean Blanchard (1,10 ou 4,15) ; Joseph Rio (8) ; Joseph Guérin (1,10) ; autre Jean Siloret (2,10) ; Pierre Rio (12) ; Joseph Siloret ; Pierre Roux ; Jean Guérin (3) ; Joseph Jolys (1) ; Julien Hino ; Morice Boutet, débitant (0,10) ; André Nevou (13 ; 1 servante, 1,5) ; Pierre Daniel (5,10) ; Pierre Gérard (3) ; Joseph Gaudichon ; Yves Le Mair (0,10) ; Juste Chevrier, débitant (2) ; François Le Blay (2) ; Jean Guérin (10) ; Claude Gaudichon (0,10) ; Mathieu Hino ; Joseph Simon ; Claude Ridel (2) ; Joseph Gicquel ; Julien Haret (1,10) ; Me de Gaultier Chalvair (6 ; 1 servante, 1,5) ; Me Chevé (7 ; 1 domestique, 1,5) ; Rene Gilbert (1,10) ; Bouteloup (?). — Députés : Guillemoys, sieur d'Yvignac, demeurant au bourg paroissial ; Jacques Grivel, laboureur, demeurant au village de la Glenais.

 

Cahier des demandes du Tiers Etat de la paroisse de Langon, pour être insérées dans celui des doléances et remontrances de l'assemblée générale de la sénéchaussée de Rennes, indépendamment de son adhésion pour toutes demandes faites par le Tiers Etat de Bretagne.

1° — La dîme au dix, que le seigneur perçoit dans cette paroisse, est un grand obstacle à l'agriculture ; le laboureur est souvent obligé de laisser en friche une partie de son terrain ; il serait donc à désirer et nous demandons que la dîme soit au trente ou trente-trois, comme il est d'usage dans les paroisses voisines (voir la note qui suit).

Note : L'abbaye de Redon levait toutes les grosses dîmes dans la paroisse de Langon et donnait au recteur une portion congrue (GUILLOTIN DE CORSON, Pouillé, t. V, p. 40). — Le taux de la dîme était bien à la 10ème gerbe, comme le prouve l'aveu rendu à l'abbé de Redon, le 5 février 1783, par Clément-François du Bot (Arch. d'Ille-et-Vilaine, série E, papiers de famille, fonds Collobel) : ce dernier déclare que, pour deux de ses métairies, qu'il tient roturièrement de l'abbaye il doit « la dîme aux labeurs à la 10e gerbe ».

2° — Ce qui oppose encore l'agriculture d'être en vigueur dans cette paroisse est la disette du fourrage de première nécessité ; il n'y a pas quatre particuliers qui ne manquent tous les ans de foin pour nourrir les bestiaux nécessaires pour faire le labeur ; celui qui peut en acheter est obligé d'aller à deux lieues, ce qui lui conte beaucoup. Nous demandons qu'il y ait une loi fixe et invariable sur les communes el qu'elles soient jugées aux vassaux si le seigneur ne justifie pas lui appartenir (voir la note qui suit).

Note : Dans l’aveu cité à la note précédente, Clément-François du Bot mentionne parmi les terres qui dépendaient de son domaine proche un assez grand nombre de landes ; dans les dépendances du château se trouvaient 167 journaux « tant en bois de haute futaie que taillis, landes, buailles », dans lesquels il partageait le droit de chasse exclusif avec l'abbé de Redon. — D'autre part, un arrêt rendu par le Parlement le 21 mai 1760 à la requête de l'abbé commendataire de Redon, avait enjoint aux habitants de Bains, de Brain et de Langon de réparer les chemins de traverse « chacun en droit soi », et ordonné « que les claies ou barrières nécessaires pour le passage public en certains domaines seront mises et entretenues à tour et rang par les possesseurs de six pièces les plus prochaines desdites ouvertures et aussitôt lesdits domaines ensemencés, et en tous temps pour les vignes ; les juges des lieux pourront y descendre sur le réquisitoire des particuliers ou du procureur fiscal pour l'intérêt public, afin de constater des brèches qui s'y trouveront, et les contrevenants seront, sur leurs procès-verbaux condamnés chacun en 3 l. d'amende ; fait défenses, sous pareille peine, de laisser paître ou vaguer le bestial en aucun temps dans les vignes communes et de le mettre dans les prairies depuis la Chandeleur jusqu'à l'enlèvement entier des foins, parce que toutefois, pour constater desdites contraventions, en quelque nombre que soient les contrevenants, les juges pour leursdits procès-verbaux ne pourront exiger plus d'une vacation par jour, dont lesdits contrevenants seront comptables par égale portion » (Arch. d'Ille-et-Vilaine. série B, Parlement de Bretagne, arrêts de Grand Chambre, liasse de mai 1760).

3° — Que toutes rentes puissent se racheter et que le seigneur ne puisse en demander les arrérages que pour trois années (voir la note qui suit).

Note : D'après l'aveu de Cl.-F. du Bot, de 1783, nous voyons que ce seigneur percevait sur ses tentanciers des rentes en argent et en grains : par exemple, le fief des Portes et de la Couarde lui rapportait 1 l. 10 s. en deniers et 5 boisseaux de froment, sans compter 10 boisseaux d'avoine, qui étaient dus pour d'anciens afféagements. — Outre l'abbaye de Redon et le seigneur du Bot, qui exerçait la moyenne et basse justice, il existait à Langon un assez grand nombre de seigneurie ou maisons nobles, dont on trouvera l'énumération dans (GUILLOTIN DE CORSON, Statistique historique et monumentale du canton de Redon (Mém. de la Société archéologique d’Ille-et-Vilaine, t. XII, pp. 85 et sqq.). — Sur la seigneurie du Bot. voy. GUILLOTIN DE CORSON, Petites seigneuries de Haute-Bretagne, p. 225-236.

4° — Qu'au cas que les rentes soient franchissables, la solidité n'ait plus lieu pour ceux qui s'en seraient affranchis (voir la note qui suit).

Note : Les rentes seigneuriales du fief des Portes et de la Couarde étaient dues solidairement par les tenanciers du seigneur du Bot : voy. l'aveu de 1783 (Arch. d’Ille-et-Vilaine, série E, fonds de Collobel). Voy. aussi les aveux rendus à ce seigneur par ses vassaux au XVIIIème siècle (Ibid.).

5° — Que la loi qui concerne la corvée soit réduite à son origine primitive, et que les charrettes qui casseront sous des pièces trop lourdes pour les charrettes ordinaires soient raccommodées aux frais du seigneur.

6° — Que les vassaux aient la liberté d'aller à quel moulin qu'ils voudront, et que le seigneur qui a plusieurs moulins dans une paroisse ne puisse les affermer au même meunier (voir la note qui suit).

Note : L'abbaye de Redon possédait Langon les moulins à vent de Langon et des Tréaux, ainsi que le moulin à eau de Montenac GUILLOTIN DE CORSON, Statistique historique et monumentale…, loc. cit., pp. 68-69). Le seigneur du Bot exerçait aussi le droit de banalité : dans un aveu de 1783, il déclare qu’il astreint ses vasseaux « à la suite du moulin situé dans l’enclave du fief des Portes et de la Couarde, et près duquel moulin, pour la demeure du meunier, ledit seigneur avouant a fait bâtier une maison ». Dans leurs aveux, les tenanciers du seigneur du Bot déclarent aussi qu’ils sont « obligés de suivre le distroit des moulins sous la banlieue » (Arch. d'Ille-et-Vilaine, série E, fonds Collobel).

7°-8° — §§ 21 (25 du cahier de Redon) et 27 du cahier de Bains.

9° — Que la loi qui regarde les fuies soit observée à la rigueur.

10° — Que le franc-fief soit supprimé.

11° — § 10 du cahier de Bains (12 du cahier de Redon).

12° — Que le chemin de halage établi depuis trois à quatre ans pour la navigation de Redon à Rennes, formant un circuit de plus de deux lieues dans cette paroisse, oblige chaque possesseur à faire une haie vis-à-vis son terrain. Pourquoi nous demandons un dédommagement convenable à cette dépense, sans quoi beaucoup de particuliers seront obligés de laisser vagues leurs possessions (voir la note qui suit).

Note : Sur les travaux entrepris pour améliorer la navigation de la Vilaine entre Rennes et Redon, voy. les papiers de la Commission de navigation intérieure, nommée par les Etats de Bretagne (Arch. d’Ille-et-Vilaine, C 4942-5056) ; ces documents ont été utilisés récemment par F. BOURDAIS, dans un mémoire encore inédit sur La navigation intérieure en Bretagne depuis le Moyen-Age jusqu'a nos jours, dont l'analyse a paru dans les Annales de Bretagne, an. 1908, t. XXIII, pp. 335-341). — Le 4 mars 1784, la Commission de navigation avait donné l'ordre « de faire contraindre les propriétaires et fermiers de terrains sur lesquels passe le chemin de halage de la rivière depuis Rennes à Redon de faire abattre de jour à autre les arbres, haies et buissons qui se trouvent dans la largeur de douze pieds » (Arch. d’Ille-et-Vilane, C 4998). Ainsi s'explique la nécessité pour les riverains de faire de nouvelles haies pour clore leur terrain, et d’autant plus que, de 1785 à 1788, la maréchaussée et les agents de la navigation dressent des procès-verbaux qui constatent des anticipations sur le chemin de halage et des dégradations commises sur les berges (Ibid., C 5001).

[20 signatures, dont celle du président Chevalier-Dutertre].

(H. E. Sée).

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