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Nous venons de nommer la paroisse de Langoat voisine de Tréguier et sa patronne sainte Pompée dont le tombeau est très vénéré. Pompée que les Bretons appellent Koupaia était sœur de Riwal, roi de Domnonée, et mère de saint Tugdual. Quand ce bienheureux évêque passa au VIème siècle de Grande-Bretagne en Armorique, sa mère déjà veuve s'embarqua avec lui ainsi que sainte Sève sœur de saint Tugdual. Les deux pieuses femmes prirent l'habit religieux et se consacrèrent au Seigneur sous la conduite de l'évêque de Tréguier. Elles s'établirent, croit-on, dans les solitudes de Langoat et sainte Pompée y mourut avant son fils ; elle fut inhumée là où s'élève l'église de Langoat.

Le tombeau actuel de sainte Pompée porte la date, de 1370 ; il est élevé d'environ un mètre de terre ; plusieurs bas-reliefs retracent divers événements de la vie de la Bienheureuse : c'est d'abord Tugdual, Pompée et la petite Sève conversant à la porte de leur château en Grande-Bretagne — puis leur navigation et leur arrivée en Armorique. — La troisième scène figurant sainte Pompée sur son lit de mort, une femme à ses pieds lui présentant son enfant, indique sans doute le culte que lui rendent les mères en l'invoquant pour leurs enfants en bas âge. — Enfin le dernier tableau retrace les obsèques de la sainte qu'accompagne une longue file de religieux. Sur le sarcophage est couchée la statue de sainte Pompée, de grandeur naturelle ; elle a les mains jointes et est enveloppée d'une robe à longs plis cachant tout le corps ; la tête est entourée d'une guimpe, les pieds reposent sur un jeune lévrier et deux anges soutiennent un coussin sous sa tête.

Le pardon de sainte Pompée se fait très solennellement à Langoat le jour de l'Ascension. La coutume était jadis que le Chapitre de Tréguier portât ce jour-là à Langoat les reliques de saint Tugdual qu'on y rapprochait de celles de sainte Pompée.

Cette cérémonie, abandonnée après la Révolution, a été rétablie il y a quelques années. Le jour du pardon de sainte Pompée le clergé de Tréguier, portant les reliques de saint Tugdual, vient chanter les vêpres dans l'église de Langoat ; une foule nombreuse l'accompagne ; outre les paroissiens de Tréguier et de Langoat, ceux de la Roche-Derrien, de Pommerit-Jaudy, de Camlez, du Minihy, accourent en masse. « Dès qu'elle voit apparaître la bannière de Tréguier, cette foule entière éclate en une immense, une triomphante acclamation : Arri eo zant Tual da welet he Vamm ! (Voilà saint Tugdual qui arrive pour voir sa mère !). La bannière de sainte Pompée s'avance alors vers celle de saint Tugdual, les deux bannières se saluent et toute la foule pleure de joie » [Note : De la Borderie, Revue de Bretagne et de Vendée, 1888 ; II, 430].

(Abbé Guillotin de Corson, 1902).

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