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LANDUNVEZ SOUS LA REVOLUTION 

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Au moment de la Révolution, Landunvez avait pour recteur, depuis 1784, M. François-Marie Roulloin, né à Saint-Pol, le 23 Décembre 1748, prêtre en 1773 ; licencié en Sorbonne, il avait été, en 1775, vicaire à Saint-Sulpice de Paris, puis vicaire à Roscoff, en 1776. En 1790, il avait été choisi comme électeur du nouvel Evêque, et s'était rendu à Quimper pour l'élection, dans l'espoir d'arrêter le schisme, en choisissant Mgr. de la Marche ; mais l'on sait comment cette fausse manoeuvre ne réussit pas. En Janvier 1791, M. Roulloin refusa le serment, ainsi que M. Joseph Godebert, son vicaire, né en 1756, prêtre en 1783, professeur 5 ans à Léon, puis vicaire à Landunvez depuis 1788.

M. Roulloin émigra en Angleterre, d'où il revint au Concordat, et reprit sa paroisse de Landunvez jusqu'en 1805, époque à laquelle il fut nommé curé de Ploudalmézeau, où il mourut en 1821.

Le 29 Mars 1791, le District de Brest choisissait, comme curé constitutionnel de Landunvez, M. Louis-Marie Thomas, né à Saint-Houardon, le 21 Février 1750, et en 1790, curé de La Forêt-Landerneau. L'intrus fut fort mal accueilli dans sa nouvelle paroisse ; il en était réduit à réclamer la force armée, pour célébrer tranquillement sa fête patronale, en Septembre 1791.

Le District de Brest écrivait, le 9 Septembre 1791, à MM. Corric et Smith (District de Brest – Registre de correspondance) : « Dimanche est le pardon de Landunvez, où des gens malintentionnés de cette paroisse et des circonvoisines se proposent de se réunir en grand nombre, pour insulter ceux qui voudraient assister à l'office du curé constitutionnel. Nous avons pris le parti d'y envoyer 75 hommes, qui doivent se mettre en route demain, à la porte ouvrante, pour dissiper cet attroupement et se conformer aux intentions des commissaires conciliateurs. Il est inutile de vous rendre les motifs qui nous ont engagés à vous nommer, et nous sommes intimement persuadés que votre présence et vos exhortations auront tout l'effet que nous attendons ».

Le District adressait en même temps au Département, la lettre suivante : « 11 Septembre 1791. La paroisse de Landunvez est pourvue d'un nouveau curé depuis cinq mois ; mais quels efforts qu'il ait fait, il n'a réussi à se concilier qu'un très petit nombre de ses paroissiens, et il en a d'autant plus de désagréments à essuyer, qu'il se trouve placé entre deux communes très populeuses, Porspoder et Ploudalmézeau, qui ont conservé leurs anciens prêtres. L'église de la collégiale de Kersaint-Trémazan avait été fermée à raison de votre arrêté du 21 Avril. Jeudi dernier, la Municipalité s'est vue forcée d'ouvrir cette église, et l'intention de ceux qui se sont portés à cette violence est sûrement d'y faire célébrer les offices par des prêtres réfractaires, et par là de faire déserter l'église paroissiale. Ils avaient, en outre, formé le complot de tomber aujourd'hui, jour de la fête patronale, sur ceux qui assisteraient à la messe du curé Constitutionnel. Celui-ci est venu déposer ses craintes dans notre sein, et nous y avons envoyé 75 hommes et des commissaires conciliateurs. Le détachement est parti hier ; nous présumons qu'il reviendra demain ».

La paroisse de Landunvez conservait encore son ancien vicaire, M. Godebert, dont M. Thomas, curé constitutionnel, était réduit à tolérer la présence (L. 112). « Le refus constant (écrivait-il le 26 Août au District) de M. Godebert de communiquer avec moi in divinis, ne me permet pas de le considérer comme mon vicaire ; il se borne à dire la messe tous les jours sans la sonner, il dit la première messe les dimanches et fêtes, confesse quelques personnes ces jours-là ; c'est une tolérance que j'ai cru devoir concéder au bien public ».

Le sieur Thomas avait bien de la peine, en revanche, à se faire tolérer lui et son bedeau (L. 112. - Lettre au District, du 15 Septembre 1791), « qui, depuis mon arrivée (écrit-il au District, en demandant pour lui un traitement), me rend à l'église tous les services qui sont en son pouvoir ; il partage toutes mes peines et brave à cette occasion tous les genres d'outrage »

Enfin, le 24 Janvier 1792, il adresse une plainte en règle au District (L. 272) : « 24 Janvier 1792. Je soussigné (Thomas, curé de Landunvez), ayant pendant longtemps gardé le silence sur les abus qui régnaient dans la paroisse dans l'administration des sacrements, silence commandé par les derniers égards qu'il devait à des individus auxquels il était et désirait demeurer attaché, se trouve enfin forcé de le rompre par leur obstination à enfreindre les lois anciennes et nouvelles de la Nation, obstination qui entretient le peuple de la campagne dans ses préventions contre les curés constitutionnels. ... Le susdit curé dénonce au District de Brest :

1° M. Sébastien Salaun, maire de Landunvez, qui, après le refus que je lui ai fait de faire baptiser un enfant, à lui né ou à naître, par M. Le Hir, ex-chanoine de Kersaint, ennemi déclaré de la Révolution et de l'Empire français, a eu la témérité d'engager son épouse à faire ses couches sur la paroisse de Porspoder ;

2° Le recteur de Porspoder (M. Vaillant), qui a baptisé l'enfant du susdit maire.

Il espère que le District de Brest va prendre des mesures promptes et sûres pour qu'il jouisse paisiblement des droits attachés à sa place ».

Le District transmit immédiatement cette plainte au Département (Registre de correspondance – Lettre du 24 Janvier 1792) : « Les curés constitutionnels nous portent journellement des plaintes des entreprises de juridiction que se permettent sur leur territoire les anciens recteurs ou prêtres insermentaires. Ce qu'il y a de plus malheureux, c'est que les officiers municipaux de campagne favorisent non seulement ces manoeuvres, mais sont encore les premiers à s'y porter personnellement. Le sieur Sébastien Salaun est de ce nombre. Nous réclamons une punition éclatante. Il n'est que trop vrai que, presque partout, les nouveaux curés sont rassasiés d'amertume et d'outrages, que plusieurs d'entre eux sont personnellement en danger, et il n'est que trop à craindre que bientôt ils ne quittent leur poste ».

« La punition éclatante » n'intimida guère le maire de Landunvez, car, le 13 Mars 1792 (L. 112), le sieur Thomas écrivait encore au District : « Le bruit court, et il m'est confirmé par d'honnêtes citoyens, que le maire de Landunvez, pour donner une nouvelle preuve de sa bienveillance pour son curé, doit lui refuser un certificat de résidence qui lui sera nécessaire pour toucher le second quartier de son traitement. Que faire ? ».

Le 30 Juillet 1792, le sieur Thomas croit toucher à son dernier jour, et fait part de ses inquiétudes au District (L. 112) : « Mes jours et ceux de mon chantre sont exposés, le projet infâme est conçu par les ennemis de la Constitution de nous faire périr. Samedi dernier 28, cinq citoyens travaillaient chez... (souffrez que je vous laisse encore ignorer son nom), la conversation pendant les travaux roulait sur l'affaire des prêtres assermentés et non assermentés. Ce quidam, à qui je laisse pour quelque temps l'incognito, dit que lui et ses adhérents, à la première nouvelle qu'ils auraient que les prêtres non assermentés qui leur restent dans les environs seraient capturés et conduits à Brest, ils s'empresseraient de nous venir prendre au milieu de l'office d'un jour de dimanche, que mon chantre serait d'abord assommé et que moi, par une prédilection sans doute spéciale, et pour faire allusion à la fâcheuse affaire de Ploudalmézeau, je serai traîné au château de Tremazan pour y demeurer. Sur l'observation qui leur fut faite que je pourrais facilement m'évader, il répondit : " Nous l'en empêcherons bien, car nous ne le quitterons qu'après l'avoir massacré ". Ce même malheureux, ce fanatique aveugle ajouta, dans la suite de la conversation, qu'il m'avait vu, il y a quelque temps, parcourir ses champs, qu'il avait un regret très grand de ne m'avoir pas fait périr pour lors. J'ai, disait-il froidement, et c'est dans ce calme apparent que le fanatique est le plus à redouter, j'ai chez moi un taureau furieux qui se jette sur tous ceux qu'il rencontre et qu'il ne connaît pas. Je l'aurai fait courre sur lui et le déchirer, si j'avais vu quelqu'un dans les environs. — Pourquoi des témoins, lui dit-on ? ce n'était pas le cas, ils vous auraient nui. Non, vraiment, répondit le scélérat, l'on aurait bien vu que le curé tombait victime de la fureur de mon animal, que je n'étais donc pas assassin. Ni moi ni mon chantre n'avons pas encore perdu toute sécurité, nous tiendrons encore à notre poste. La disposition des esprits n'est pas meilleure dans le reste du canton de Ploudalmézeau. Je me flatte que vous allez prévenir les maux qui menacent toute cette contrée ».

Le 22 Novembre, nouvel appel désespéré du même curé contre la municipalité de Landunvez (L. 112) : « Au mépris de l'arrêté du 2 Juillet 1791 et de l'ordre du 14 Novembre que vous avez donné à la municipalité de s'y conformer relativement à l'église de Kersaint, cette église s'est trouvée encore ouverte le 17, les cloches y ont été sonnées avec affectation, à raison de deux baptêmes administrés municipalement ce jour-là. Le cimetière de ma paroisse n'est plus à ma disposition, deux enterrements y ont été faits sans qu'on m'ait prévenu... Ce château de Brest, dont on menace les citoyens, je vous en supplie, qu'il soit connu du maire de Landunvez qui, formellement, se joue des décrets de l'Assemblée conventionnelle... ».

Des chanoines de Kersaint, il ne restait plus, en 1791, que quelques vieux qui ne prêteront pas serment, auquel du reste ils n'étaient pas soumis, puisque la collégiale était supprimée.

Deux d'entre eux furent incarcérés aux Capucins de Landerneau, d'Août 1794 à Avril 1795 :

M. Guillaume Bothuan, né en 1724, qui avait été, pendant vingt ans, vicaire sacristain à la cathédrale de Léon ;

M. Joseph Lescalier, né en 1736, chanoine de Kersaint depuis 1786. En Avril 1795, il avait perdu la parole, et n'était plus en état de sortir de sa prison, dont les portes lui étaient ouvertes.

M. Augustin Le Hir, ancien vicaire de Landunvez, chanoine de Kersaint depuis 1784, avait quitté le pays.

(Archives du diocèse de Quimper et de Léon).

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