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LANDUNVEZ SOUS LE CONCORDAT 

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Au lendemain du Concordat, M. Pelleteur vit son ministère entravé par les menées d'un prêtre déséquilibré, M. Yves Héliès, originaire de Landunvez, sous-diacre au moment de la Révolution. Il fut incarcéré au château de Brest, puis émigra en Angleterre. Rentré en son diocèse, il se posa comme adversaire de toute idée de conciliation entre le Pape et l'Empereur ; il poussa si loin ses écarts de conduite, qu'il fut interdit, par Mgr. de la Marche lui-même. Mais son auréole de confesseur de la foi lui demeurait, malgré tout, et il en profitait pour persuader aux gens des campagnes qu'ils ne pouvaient pas suivre la direction des pasteurs nouvellement nommés en vertu du Concordat. Sous son influence, une petite église s'était constituée à Landunvez, comme nous l'apprend la lettre de M. Pelleteur adressée, le 19 Novembre 1804, à M. de L'Archantel :

« Nos conférences avec M. Héliès n'ont pas eu l'effet que je croyais être fondé à espérer. J'ai répondu à toutes les difficultés qu'il a voulu me faire l'honneur de me proposer, d'une manière à satisfaire un esprit moins bourru et moins prévenu.

Ne pouvant en venir à bout par écrit, je lui ai proposé de venir chez moi, à l'effet de lui justifier de vive voix la légitimité du Concordat, ou de me donner rendez-vous, au lieu et à l'heure qu'il jugeait nécessaire pour sa sûreté. Tout a été inutile. Il se tient scrupuleusement caché, et ne bouge que la nuit. C'est alors qu'il fait ses courses chez ses sectateurs, leur dit la messe dans leurs maisons, les confesse — malgré qu'il soit nanti de l'acte d'interdiction que vous lui avez adressé —, baptise leurs enfants, les marie, et les tient enchaînés à ses erreurs, qu'ils s'effarouchent quand on leur dit qu'ils ont tort de suivre ce Monsieur. Ils nous considèrent comme des intrus... au point qu'ils n'entrent jamais dans nos églises quand nous y sommes. Quand ils ont des enterremens, il les font eux-mêmes, apportant leur croix, cierges, eau bénite, les nôtres n'étant à leurs yeux que des profanations. Ces braves gens sont d'ailleurs irréprochables, mais simples et ignorans ».

Pendant deux années entières, M. Héliès continua ses manoeuvres, et le 21 Février 1806, M. Pelleteur écrivait à Mgr. Dombidau : « M. Héliez continue de jouer son rôle. Il a une adresse singulière pour tromper et séduire les simples. Deux de ses sectateurs l'ont prié, dernièrement, de bénir leur mariage. Il leur a dit, d'abord, qu'il ne le pouvait jusqu'à ce qu'il eût été autorisé par M. de la Marche, notre ancien évêque, que ses pouvoirs avaient besoin d'être renouvelés. Quelque temps après, il leur a fait savoir qu'il avait reçu réponse de ce Monsieur, qui l'autorisait à administrer les sacrements à tous ses diocésains, et en conséquence il les a mariés. Il me fait beaucoup de peine qu'il ait répandu une calomnie aussi atroce sur le compte d'un personnage aussi respectable, aussi pieux et aussi vertueux et qui, certainement, est bien éloigné de penser comme M. Héliez. Je n'ai quitté mon asile de Tolède pour revenir en France que d'après son invitation réitérée ».

Peu après, Mgr. Dombidau écrivait au Ministre :

« J'observerai à Votre Excellence que ce misérable a été interdit, avant le Concordat, par M. de la Marche, et qu'il est physiquement impossible que dans l'espace de temps où il prétend qu'il a demandé des pouvoirs, jusqu'à l'époque où il dit les avoir reçus, il ait pu réellement les recevoir. D'ailleurs, malgré les torts de M. de la Marche dans le refus qu'il a fait de sa démission, il est incapable de donner des pouvoirs à un homme de ce caractère ».

Monseigneur insistait pour que la police s'emparât de M. Héliès et l'éloignât de Landunvez, pour le cantonner près de Quimper, où l'Evêque pourrait le surveiller.

La mort de Mgr. de la Marche, et la mesure prise de l'éloigner de Landunvez obtinrent tout le succès qu'on pouvait en attendre. Il signait la rétractation suivante, non datée mais qui doit remonter au mois de Janvier 1807 :

« D'après les éclaircissements qui m'ont été donnés par M. l'Evêque et des ecclésiastiques dignes de toute ma confiance, je reconnais et je déclare que j'ai suivi dans ma conduite, depuis le Concordat, des principes dont je reconnais l'erreur. Je proteste d'être dans la disposition sincère de désabuser ceux qui m'ont imités dans les mêmes erreurs et que je me soumets à l'autorité de Pie VII, chef de l'Eglise universelle, à celle de M. l'Evêque de Quimper, institué par lui, et enfin que je promets fidélité au Concordat et à S. M. l'Empereur et Roi. J. HELIES, prêtre ».

M. Héliès témoignait encore de sa bonne volonté, en écrivant de Briec, le 12 Mai 1807, à un confrère voisin de Landunvez :

« Je vous prie de dire à tous ceux et celles qui ne veulent pas vous croire ni la lettre que je vous ai écrite, d'aller trouver Anne Héliès, fille de mon frère de Kervajan, en Landunvez. Elle a été me voir à Briec, le 2 Mai, elle m'a annoncé allait, avec sa mère, à la messe de M. Pelleteur. Je lui ai répondu qu'elle faisait bien, et que j'étais charmé de la voir suivre notre Sainte Mère l'Eglise Romaine. Je l'ai supplié de grâce d'avertir, de ma part, tous ceux et celles qui étaient dans l'erreur de s'en retirer. Je suis extrêmement affligé d'entendre qu'ils persistent si longtemps dans leur aveuglement... ».

Mais il est plus facile d'induire les simples dans une mauvaise voie que de les en faire sortir.

Le 14 Septembre 1807, M. Pelleteur écrivait à Monseigneur, pour lui proposer un moyen extrême, dont il espérait bon effet :

« D'après les recherches que je n'ai cessé de faire (depuis que M. Héliès a été enlevé à ses maneuvres), son erreur était répandue et enracinée au delà de ce qu'on pourrait croire et imaginer d'un homme qui paraissait avoir si peu de moyens. Les épines qu'il avait semées dans cette paroisse m'ont coûté et me coûtent encore bien de la peine à arracher, et ont jeté bien de l'amertume dans la satisfaction que me donnent mes autres paroissiens.

A la fin, cependant, j'ai la grande consolation de voir que la très grande majorité de ses partisans sont autant attachés au légitime pasteur qu'ils le lui ont été. Il y en avait environ deux cents et des meilleurs ménages quand je suis venu dans la paroisse. J'y compte encore douze. Ma satisfaction ne sera entière que lorsqu'ils seront tous revenus au bercail. Mais quel moyen mettre en usage pour y réussir. J'ai épuisé tous ceux que j'ai cru pouvoir employer, et tous ont échoué contre leurs résistance et obstination. Il y en aurait encore un autre, lequel, Monseigneur, si Votre Grandeur le juge à propos, serait, je crois, efficace et propre à les forcer dans leurs derniers retranchements : ce serait d'ordonner à M. Héliez de venir lui-même faire l'aveu de son erreur devant ces personnes. Je l'accompagnerais volontiers dans toutes les maisons où il y en a. Elles prétendent que tout ce qu'il a fait, il l'a fait par force. Je n'ignore pas ce que cette démarche est pénible et humiliante ; mais s'il s'est sincèrement donné, il doit faire le sacrifice de son amour-propre, pour sauver les âmes qu'il a séduites et égarées ! ».

Monseigneur adopta cette pensée, et le 9 Janvier 1808 en écrivit au Préfet, qui, le 14, accorda à M. Héliès la liberté de retourner à cet effet dans son pays natal, et ainsi se termina tous ces troubles jetés dans la conscience des meilleures familles de Landunvez et des environs. M. Héliès mourut recteur de Peumerit, le 19 Novembre 1822.

Nous avons signalé, avec quelques détails, cet essai de petite Eglise, car nous n'en avons pas trouvé trace ailleurs, si ce n'est à l'autre extrémité du diocèse, à Rédéné, ancien diocèse de Vannes.

(Archives du diocèse de Quimper et de Léon).

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