Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LANDIVISIAU SOUS LA REVOLUTION 

  Retour page d'accueil        Retour "Ville de Landivisiau"  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

En Janvier 1791, M. Pellen, curé, refusa le serment, et nous ne voyons figurer aucun prêtre de Landivisiau sur la liste des prêtres qui le prêtèrent dans le District de Landerneau. M. Pellen fut détenu au château de Brest et dé­porté en Espagne, ainsi que François Thépaut, prêtre de Landivisiau.

Yves Le Gall, ex-vicaire de Sizun, devint curé constitutionnel de Landivisiau et prit possession le 5 Février 1792 (G. 46). Mais le 23 Juin de la même année, il se plaint au District de son peu de popularité : « Il est notoire, dit-il, que quelques habitants du canton de Landivisiau font ondoyer leurs enfants à la maison, sous prétexte de danger, et ne viennent pas faire suppléer les cérémonies. Comment constater l'état des naissances ? ».

Guy-Gabriel-François-Marie Le Guen de Kerangal, négociant en vin et en toiles, à Landivisiau, né dans cette localité le 27 Mars 1746, fut député aux Etats de Bretagne et nommé membre de la commission intermédiaire pour l'Evêché de Léon, en Février 1789, puis élu député aux Etats généraux, pour la sénéchaussée de Lesneven [Note : Voir la notice que lui consacre M. DE KERVILER, dans son étude : Les Députés de le Bretagne aux Etats généraux, et dans laquelle il détruit la légende qui dit qu'il fut le premier à demander l'abolition des titres féodaux. Il parla, en effet, dans ce sens, mais ce ne fut qu'après M. le vicomte de Noailles et M. le duc d'Aiguillon].

De retour à Landivisiau, à la fin de l'année 1792, et au mois de Novembre, il remplissait les fonctions de fabrique des pauvres ; c'est lui qui était chargé de quêter à la messe, le dimanche, pour leur soulagement ; mais, paraît-il, c'était un sujet de scandale pour les patriotes, car l'un d'eux demanda sa destitution à la municipalité, parce que lui, ancien constituant, affectait, dès la quête terminée, de quitter l'église, sans doute pour ne pas assister à un office célébré par un prêtre constitutionnel (Archives Départementales). Mais la municipalité ne voulut pas se prêter à cet acte d'intolérance.

Cependant, au mois de Décembre 1793, quoique procureur-syndic de la commune, il fut arrêté comme suspect, à cause de son modérantisme, et demeura en arrestation jusqu'au 18 Novembre 1794 (Le Vot).

En l'an VII (1799), Landivisiau était chef-lieu de canton, comprenant les communes de Guimiliau, Lampaul et Plougourvest ; et voici comment « le commissaire près l'administration municipale du canton de Landivisiau », qui signait « Leguen fils », rendait compte au District « de la situation morale et politique » de son canton comptant 7.100 habitants ;

Esprit public. — « Le chef-lieu (Landivisiau) renferme des habitants paisibles, industrieux, amis des lois et du bon ordre.

Guimiliau, commune très tranquille, grâce à l'activité du citoyen Jean Le Maguet, agent municipal.

Lampol, commune très patriote, jouit d'une très grande union ; presque tous ses habitants suivent le culte de deux prêtres assermentés, qui leur prêchent la soumission aux lois.

Plougourvest, la commune la moins instruite, renferme des habitants trop bornés pour apprécier les avantages du gouvernement républicain, mais à l'idolatrie près pour le culte ancien, bons patriotes, bons voisins ».

Instruction publique. — A Landivisiau, « est un instituteur dont le patriotisme, les moeurs et l'érudition promettent à la société des élèves vertueux et instruits ; il élève ses écoliers dans les principes républicains et les conduit assiduement aux fêtes nationales et décadaires ».

Police générale. — « La police est bien soignée par les autorités constituées et la gendarmerie. Il est bon de vous observer que ce canton n'a jamais renfermé, avant la Révolution, aucuns nobles, et que, depuis, nous n'avons eu à surveiller ni rechercher des chouans, rentrés ni émigrés, tant nous faisons bonne garde ».

Police champêtre. — « Point de garde-champêtre dans le canton, à défaut de fonds pour le payer ; néanmoins, pas de dégâts dans les propriétés particulières ni publiques ».

Police du culte. « Le culte [Note : Le culte s'entend ici, naturellement, du culte constitutionnel] est généralement suivi à Lampaul ; peu à Guimiliau ; de la minorité au chef-lieu, et à Guicourvest de personne. Mais, partout, tolérance et protection de la part des autorités ».

Fêtes nationales et décadaires. — « Ces fêtes sont exécutées an chef-lieu (Landivisiau) ; les autorités civiles et militaires s'y réunissent ; on y donne lecture des lois, arrêtés du Directoire exécutif et du bulletin décadaire ; les chants chéris des Français y sont répétés chaque jour décadaire. J'ai la douce satisfaction de voir que, depuis que je suis honoré de la confiance du Directoire, elles sont plus fréquentées ».

Observations générales. « Une image, inventée par le fanatisme, transportée dans ce canton (à Lampaul), dans une garenne appelée Goaren-las, au milieu d'un grand bois ? entourée de tous les attributs de la superstition, donnait des symptômes très alarmants : cinq, six cents personnes venaient journellement en pèlerinage, sous prétexte d'honorer cette statue, et, chaque jour cy-devant fériable, dix, douze mille habitans de tous les départements voisins s'y réunissaient. En vain, les riverains s'étaient plaints de pareilles incursions préjudiciables et à leur sûreté personnelle et à la tranquillité publique ; des prêtres sanguinaires, ennemis de tout repos, avaient jeté dans une commune très patriote, Lampaul, cette poire de discorde, pour se venger de l'attachement constant de ses habitants aux lois du pays. L'Administration centrale, par la lettre du 11 Vendémiaire dernier (2 Octobre 1799), défendait expressément ce rassemblement et ordonnait à la municipalité de le dissoudre. Elle n'y avait point réussi, et j'ignore quelles sont les mesures qu'elle avait prises. Je lui donnais, le 20 Prairial (9 Juin 1800), un réquisitoire vigoureux. L'arrêté qui en a été la suite, exécuté avec sagesse et fermeté, a produit le meilleur effet, et j'ai la douce satisfaction de vous annoncer que ce rassemblement, qui, dans ces circonstances, pouvait devenir très alarmant, par les moyens de correspondance qu'il donnait à nos ennemis de tous les départements voisins, s'est entièrement dissous avec calme, et que la prétendue miraculeuse est logée à la maison commune de Landivisiau ».

 

LE CLERGE APRES LE CONCORDAT :

A la place d'Yves Le Gall, Mgr. André désigna comme curé Paul-François Durest Le Bris, né à Plougastel-Daoulas le 5 Décembre 1754. Ordonné prêtre par Mgr. de Saint-Luc, le 20 Mai 1799, au moment de la Révolution, il était Curé, c'est-à-dire vicaire de la trève de la Forêt-Fouesnant. En cette qualité, il eut le malheur de prêter le serment, ce qui lui valut d'être choisi par les électeurs comme curé constitutionnel de Plougastel-Daoulas. Il eut le bon esprit de ne pas faire acte de présence ni d'adhésion au concile réuni par l'évêque Audrein, en 1799, et c'est peut-être pour cette raison que Mgr. André pensa à lui comme un des anciens constitutionnels, qu'il était tenu de présenter à l'agrément du premier Consul ; toujours est-il qu'il était présent, en 1803, en qualité de curé de Landivisiau, lors de la réunion solennelle à la cathédrale (restauration du culte).

L'adhésion de M. Le Bris au Concordat n'avait pas suffi pour le rendre populaire aux yeux de ses paroissiens. Le 30 Janvier 1804, il écrit à l'Evêché : « Je n'ai pas de presbytère et ne trouve pas de maison à louer ; tous sont prévenus contre moi et triomphent de ma fâcheuse position. Quand je monte à l'autel, le peuple court dehors. Je n'ai administré qu'une personne, et elle était étrangère ; voilà toutes mes fonctions dans quatre Mois ; depuis le 27 Décembre 1803, je ne donne la communion qu'à presque personne ; quand je me présente, tout le monde s'enfuit » (17 Avril 1804).

En 1810, Mgr. Dombideau tenta de lui faire donner sa démission, ou de le nommer à la cure de Daoulas ; mais il répondit qu'il avait bien songé à donner sa démission, se voyant si mal reçu ; mais cela allait mieux, et il restera à Landivisiau.

Ce mieux n'était guère sensible ; car, le 26 Novembre 1812, le curé de Morlaix écrivait à l'Evêché : « Vous connaissez le commentaire étrange dont le Curé de Landivisiau a accompagné la lecture de l'ordonnance de Monseigneur sur la suppression des fêtes. Au beau milieu du prône, il a pris un ton d'énergumène ou plutôt de poissarde, il traitait de canailles les fidèles qui, jusqu'ici, venaient à l'église les jours de fêtes supprimées, il leur a déclaré que si, à pareils jours, il les voyait autour de l'église, il les ferait saisir par des gendarmes et renvoyer chez eux pour vanner leur bled. Une centaine de personnes ont déserté l'église dans le moment, disant que le Curé était possédé du démon ».

M. Le Bris était trop dans les idées du gouvernement impérial, pour que l'Evêque pût songer à obtenir la destitution de ce Curé inamovible ; mais à la Restauration, Monseigneur reçut de M. de Cintré, préfet, la lettre suivante : « 19 Février 1816, je suis informé que M. Le Bris, curé de Landivisiau, exerce dans cette commune la plus dangereuse influence ; il devient urgent de le remplacer, pour arrêter l'espèce de schisme qu'il occasionne dans cette commune, dont une grande partie des habitants vont chercher la messe très loin, plutôt que d'assister à la sienne ».

Mgr. Dombidau profita de cette occasion pour demander une démission catégorique à M. Le Bris, qui se retira à Plougastel, sa paroisse natale ; mais il n'y fut pas chaudement accueilli par le curé, M. Cornily, qui, pour sa foi, avait dû être exilé en Espagne. M. Le Bris vécut encore de longues années, sans avoir franchement renoncé à reconnaître ses erreurs ; ce ne fut qu'en 1828, alors qu'ayant perdu la vue, et ne pouvant plus écrire, il fit rédiger en son nom une rétractation signée de deux témoins, et qui fut publiée en chaire le 2 Mars :

« Désirant sincèrement rentrer en grâce avec Dieu, et pour cela réparer les scandales de ma vie passée, je me crois obligé, pour la consolation de l'Eglise, celle des fidèles, et pour mon propre salut, de rétracter publiquement comme en effet je rétracte le serment que j'ai eu le malheur de prêter à la Constitution civile du Clergé. Je rétracte tout ce que j'ai pût dire ou faire contre la doctrine ou la discipline de l'Eglise. Je reconnais la nullité des actes de juridiction que l'ai exercés sans une mission canonique. Enfin, je demande pardon aux fidèles des erreurs que je leur ai enseignées et des scandales que j'ai pu leur donner. Repentant au fond du coeur d'avoir tant différé la démarche que je fais aujourd'hui, je promets à Dieu de réparer ce délai autant qu'il dépendra de moi, et d'employer le reste de mes jours à faire aimer et respecter cette Eglise catholique dans le sein de laquelle je veux vivre et mourir ».

M. Le Bris eut encore près de deux ans pour expier et réparer sa faute, car il mourut le 19 Janvier 1830.

(Archives du diocèse de Quimper et de Léon).

 © Copyright - Tous droits réservés.