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LA TROMENIE DE LANDELEAU

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C'est en mémoire de ce parcours que saint Théleau accomplit sur son cerf que tous les ans, le jour de la Pentecôte, on refait le même chemin en portant les reliques du Saint ; aussi la procession est-elle appelée Tro or relegou, le tour ou parcours des reliques : « Ces reliques, lisons-nous dans le Bulletin diocésain d'Archéologie, sont contenues dans un reliquaire rectangulaire en étain, soutenu aux encoignures par des cerfs de même métal, mais dorées ; les jambes de ces animaux sont coupées, probablement pour donner plus d'assiette au reliquaire dans les rudes secousses qu'il doit éprouver durant la procession : pour plus de précaution, il est placé sur un solide brancard et sous la sauvegarde d'une forte garniture en fer formant une sorte de cage en berceau au-dessus des reliques ».

Il nous est arrivé de porter les yeux sur une relation assez récente de la procession traditionnelle de saint Théleau, parue dans notre principal périodique breton et intitulée : « Est-ce la dernière Troménie ? ». La raison de ce mélancolique sous-titre est l'état de délabrement dans lequel se trouve la chapelle de Pénity-Saint-Laurent, halte principale dans le parcours de 15 kilomètres. Madeleine Desroseaux, de son côté, a vu cette chapelle le jour du pardon « pendant le règne des genêts qui fusent des talus, et fleurissant jusqu'au bout des branches, s'étalent sur le seuil du sanctuaire. Au milieu d'une lande, des murs bas, un clocheton, le sol en terre battue plein de crevasses, un autel de pierre, de vieux saints de bois vêtus de larges rubans brochés de violet et de vert, pailletés d'or et d'argent, la Vierge vêtue elle aussi de larges rubans enluminés de fleurs aux couleurs voyantes et l'Enfant-Jésus qu'elle tient par la main, portant la robe et le petit bonnet des enfants du pays... (Tout cela) dans un parfum indéfinissable de miel et d'amandes qui flotte dans l'air. Malgré cette pauvreté et son délabrement, ce sanctuaire a une âme : des femmes, des hommes — montagnards au fin profil — s'agenouillent avec ferveur devant l'autel. La chapelle marque un coin de terre consacrée depuis que le clocher a tracé son signe sur le ciel. On sent qu'il y a là quelque chose d'écrit, quelque chose qui ne s'effacera plus ». Mais la toiture va-t-elle s'effondrer, les murs vont-ils s'écrouler et les pieux fidèles en seront-ils réduits à venir prier sur l'herbe ?

Ces ruines ne suggèrent pas de moins mélancoliques réflexions à l'auteur de l'article précédemment cité ; il ajoute : « N'y a-t-il pas à craindre que tout cela s'écroule à la prochaine tempête ? Une réfection complète s'impose au plus tôt, sans quoi il en sera de cette chapelle comme des deux autres qui, avant la guerre, servaient de stations à la Troménie : de celle de Bonne-Nouvelle il ne reste plus que l'emplacement et le souvenir ; de celle de Saint-Roch, seuls les murs subsistent, et alors qu'en sera-t-il de la Troménie, cette dévotion millénaire à laquelle Landeleau doit ce qu'il a de meilleur ?.. Pour le bien et l'honneur de Landeleau, nous espérons qu'une prompte entente et une parfaite collaboration de la municipalité et du clergé aura bientôt décidé et réalisé les réparations nécessaires, si urgentes, qui conserveront leur chapelle et assureront la perpétuité de leur belle Troménie ».

Depuis que ce vœu a été exprimé, le nouveau recteur de Landeleau, M. Stanislas Jaffrès, dont le zèle est activement secondé par l'esprit d'initiative, est en train de réaliser (vers 1942) ce qui fut le rêve de ses prédécesseurs, et en particulier de M. Kervella. Il a fait appel à la générosité des paroissiens et les paroissiens lui répondent largement. La chapelle sera relevée de ses ruines et le rédacteur anonyme du compte rendu pourra se rendre le témoignage d'avoir préparé les voies à cette restauration.

C'est ce qui nous met du chaud au cœur en lisant la partie descriptive de son article :

« Chaque année, par monts et par vaux, sur la rive droite du canal de Nantes à Brest, de l'église de Landeleau au confluent de l'Ellez et de l'Aulne, a lieu une Troménie qui, pour être moins célèbre et moins fréquentée que celles de Plouzané, Gouesnou et surtout Locronan, n'en est pas moins longue ni moins pittoresque ; pas de touristes, ici ; seulement les fidèles de Landeleau et des paroisses voisines. Le matin de la Pentecôte, à 8 heures, au son de l'harmonieux et puissant carillon des quatre cloches et au chant des Litanies, à travers la foule qui remplit l'église, s'avance le modeste reliquaire reposant sur deux cerfs et solidement fixé sur un brancard que porteront sur tout le parcours les mêmes deux paroissiens ; à leurs côtés, deux amis, armés chacun d'une baguette de coudrier, dépouillée de son écorce, ont mission d'empêcher toute bousculade et de réprimer la ferveur indiscrète de certains pèlerins. A la sortie du cimetière, où sont déjà rangées en bon ordre les croix (dont une magnifique, en vermeil), les statues, bannières et oriflammes qui rentreront à l'église après avoir conduit la procession jusqu'à l'emplacement de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle (au Lannac'h, où on les gardait naguère), onze clairons, accompagnés de deux tambours donnent le signal du départ ; leurs accents entraînants faciliteront l'ascension des plus rudes côtes et signaleront les croisements de routes ainsi que les agglomérations, près desquelles se groupent les fidèles empêchés de suivre la Troménie, mais désireux de donner à leur saint patron un témoignage de dévotion en passant sous ses reliques que les porteurs soulèvent aimablement à cette intention. Après une heure un quart de marche, le plus souvent à travers champs et par chemins creux où, malgré la sécheresse persistante se rencontrent des bourbiers presque impossibles à éviter (on y enfonce jusqu'à la cheville), ayant enjambé un ruisseau quatre ou cinq fois sans que se ralentisse le chant des cantiques (celui du Saint avec ses 32 couplets et son refrain retentira deux fois au retour comme à l'aller), on arrive au chêne dit de saint Théleau, vigoureux et magnifique descendant de celui sur lequel le saint dut monter pour échapper a la fureur du seigneur de Castel-Gall. D'un talus face à l'arbre que contournent ou déchiquettent nombre de dévots, le « pardonneur » fait une exhortation très courte à cause de la brise et de l'ombre qui ne seraient pas sans danger pour certains pèlerins « en nage » ; puis l'on repart vers la « Montagn-Braz » pour ensuite descendre au Pénity-Saint-Laurent. Il est 10 h. 15 ! Un quart d'heure de répit et la grand'messe commence... avec sermon de circonstance. L'office terminé, on pique-nique un peu partout, sur la garenne et dans les champs voisins en contemplant un splendide panorama : de gauche à droite, les prairies et les coteaux de Plouyé et de Kergloff coupés par l'Ellez et l'Aulne, et par delà le canal, Cléden-Poher, Spézet et un coin de Saint-Hernin.

Dirac ho relegou - Ni ho bromet, sant Thelo - Kerzet var ho roudou - Ha betec hor maro.

A 1 h. 30 se reforme la procession qui, après avoir fait le tour de la chapelle et dévalé la garenne, reprend le chemin du bourg en gravissant l'autre versant de « Montagn-Braz », du côté du canal ; les clairons aident à gravir la rude côte, et le ravissant horizon qui se découvre là-haut jusqu'à la Montagne-Noire fait vite oublier toute fatigue ; mais l'on s'engage bientôt en de mauvais chemins, secs heureusement, dans lesquels on bute souvent tout préoccupé que l'on est du grand saint Théleau qui, si souvent, accomplit ce même trajet. Une rapide descente conduit à un ruisseau qui, l'hiver, doit se tronsformer en torrent et au-dessus duquel se dressent les murs béants de l'ancienne chapelle Saint-Roch. On récite les prières traditionnelles, et la procession reprend sa marche pour remonter jusqu'au Menez Lannac'h où attendent les croix, statues et bannières venues au devant des pèlerins. Au chant du cantique de saint Théleau qui domine les accents des clairons et la joyeuse sonnerie des cloches, on arrive à l'église paroissiale où commencent aussitôt les vêpres solennelles suivies de la bénédiction du Saint-Sacrement et du baisement des reliques qui dure vingt bonnes minutes. La Troménie est finie. Il est 4 h. 30 ».

(L. Kerbiriou).

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