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LES SEIGNEURS DE LANDELEAU

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Landeleau fut la paroisse d'origine d'une lignée de seigneurs appartenant à l'une des branches de la famille du Chastel qui était, par ses alliances et ses domaines, l'une des grandes maisons historiques de Bretagne. Au nord de la commune, sur un sommet dominant le cours de l'Aulne, au milieu de bois coupés par des avenues où, selon la légende, les chiens poursuivaient saint Théleau monté sur son cerf, s'élevait le somptueux manoir de Castel-Gall, en français Châteaugal. Toscer a décrit, il y a quelque 40 ans, ce qui en subsistait: des pans de murs très épais, des traces de douves, une ébrasure de portail à colonnettes moulurées, un escalier de pierre descendant en colimaçon dans les caves, en bref le type idéal des ruines, portes ouvertes sur le rêve. C'est là qu'habitaient les seigneurs du Chastel, marquis de Mezle. Depuis 1438, la seigneurie de Châteaugal était passée par alliance à cette branche de Mezle, dont la devise était : Da vad e teui et Mar car Doue. Le blason de la famille contenait trois tours d'or, un collier d'Ordre.

Jehan du Chastel, qui vivait en 1531, était le principal seigneur et le premier prééminencier de Landeleau, avec préséance par conséquent sur les seigneurs du Granec et de Pratmaria qui possédaient des terres dans la paroisse et faisaient aussi des aumônes à l'église. Le seigneur de Châteaugal était également en possession de haute, moyenne et basse juridiction. Ces droits étaient attachés à la seigneurie depuis 1427. Messire Jean de Kermellec, chambellan du duc de Bretagne et alors possesseur de la terre et seigneurie de Châteaugal, avait été autorisé par le duc à faire bâtir sur ses terres trois piliers patibulaires, ce qui lui donnait le droit de haute justice : ainsi il pouvait connaître de toutes les causes civiles et criminelles de ses vassaux, porter une sentence dans toute accusation entraînant une sanction judiciaire et faire exécuter ses ordres par des fonctionnaires ou officiers de son choix, tels que sénéchal, bailli, procureur, greffier, notaire. Enfin le seigneur de Châteaugal jouissait du droit de prééminences en plusieurs églises, comme possédant des terres à Kergloff, Saint-Trémeur, Plounévézel et autres lieux.

Le membre le plus connu de la famille est François, fils d'Antoine. C'est lui qui, pendant les guerres de la Ligue, étant capitaine de la place de Quimperlé, laissa surprendre cette ville et s'enfuit, pour échapper au massacre, avec ceux des habitants qui purent passer la rivière. C'est de lui encore qu'il s'agirait dans la fameuse ballade de Marie de Keroulas, Pennerez Keroulas, fille unique de François, seigneur de Keroulas, en Brélès. Contrainte par sa mère d'épouser le marquis de Mezle, alors que son choix s'était porté sur un jeune gentilhomme, la plaintive et charmante héritière en mourut, dit-on, de chagrin. Au milieu du siècle suivant, de vieilles gens de Landeleau racontaient qu'une dame de la maison de Châteaugal, que l'on nommait de Keroulas, avait été enterrée dans l'église d'où ses restes devaient être transférés dans une autre sépulture si les guerres de la Ligue n'avaient mis obstacle à la réalisation de ce projet. Le marquis de Mezle se serait remarié deux fois, épousant d'abord Catherine de Quélen, puis à la mort de cette dernière, Anne de Kerouzéré.

En 1605, le seigneur de Châteaugal et marquis de Mezle est Vincent du Chastel, fils de François ; à la suite d'une fondation qu'il fit à Notre-Dame du Folgoët, il s'était acquis le droit de nommer un organiste à l'illustre sanctuaire marial.

L'an 1660, par contrat en date du 23 octobre, Claude du Chastel, époux de dame Yolande de Goulaine cède la terre et seigneurie de Châteaugal avec ses droits de justice à Messire Jacques de Musuillac, seigneur de Pratulo, en Cléden-Poher. Le 29 août 1676, Jeanne-Jacquette de Musuillac est baptisée en la chapelle de Châteaugal par son oncle Ollivier du Louët, archidiacre de Poher, avec l'autorisation de François de Coëtlogon, évêque de Quimper ; elle fut tenue sur les fonts baptismaux par Jacques de Musuillac et Jeanne du Louët, dame du Guilly. Cette Jeanne de Musuillac, fille unique de René-Louis, épousera Charles-Claude de Marbeuf, comte du Gué, de la famille de la « bonne de Marbeuf » qu fut liée avec Madame de Sévigné.

Le regretté M. Le Guennec a laissé sur cette famille de Marbeuf des notes pleines d'intérêt. Charles-Claude était d'une puissante lignée de magistrats qui prirent place sur les sièges fleurdelysés dans les salles armoriées du Palais de Rennes ; il fut lui-même conseiller au Parlement de Bretagne et président aux Enquêtes. Par son mariage, la famille de Musuillac se fondit avec celle de Marbeuf. De son union avec l'héritière de Musuillac naquit Claude de Marbeuf qui fut baptisé en l'église de Landeleau en 1700 par Jacques Hardy, recteur. Le parrain fut le comte du Gué et la marraine Demoiselle de Musuillac. Nous trouvons ce Claude de Marbeuf sur la liste des présidents à mortier du Parlement de Bretagne en 1724. Son frère Louis-Charles-René (1712-1788) est plus connu encore : étant gouverneur de la Corse, il fit entrer Bonaparte à l'école de Brienne, décidant ainsi de la fortune du grand Napoléon. Le dernier des Marbeuf fut tué en 1812 au combat de Krasnoié pendant la campagne de Russie.

Depuis 1756 la seigneurie de Châteaugal était louée à Maître Théophile Postec, seigneur des Isles, pour 2.000 livres par an. Trente ans plus tôt, Charles-Claude de Marbeuf avait vendu les bois de la seigneurie pour 6.600 francs. Le Guennec, qui a si bien étudié la question des terres nobles, dit qu'à la fin de l'ancien régime les trois quarts de ces terres étaient passés entre les mains de bourgeois et de paysans.

(L. Kerbiriou).

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