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LA REVOLUTION A LANDELEAU

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La Révolution frappa l'Eglise dans ses biens et dans ses institutions : dans ses biens, en décrétant que ceux-ci appartenaient à la nation ; dans ses institutions, en supprimant les Ordres religieux et en voulant imposer aux prêtres des paroisses le serment de la Constitution civile du Clergé. Serment hérétique, puisque ladite Constitution remettait à un collège électoral, donc à des laïques, le choix des évêques ; serment schismatique, puisque la Constitution ne reconnaissait pas au Pape le pouvoir de conférer aux évêques l'institution. canonique.

Le recteur de Landeleau était alors Jean-Guillaume Le Bris, originaire de Mur, une ancienne paroisse de Cornouaille, et qui se trouve maintenant dans le diocèse de Saint-Brieuc. Il était recteur depuis 1781 ; le vicaire s'appelait M. Poupon. Tous les deux refusèrent de prêter le serment en 1791, restant ainsi fidèles à leurs engagements sacrés, et devenant, de ce fait, au regard de la loi civile, ainsi que la grande majorité de leurs confrères bretons, des réfractaires ou des insermentés. Dans la séance du 21 avril, les administrateurs du Finistère prirent un arrêté qui obligeait les prêtres réfractaires à s'éloigner à la distance d'au moins quatre lieues de leur résidence, sous peine d'être poursuivis comme perturbateurs de l'ordre public. Toutefois, dans les paroisses à plusieurs prêtres, on tolérait en certains cas et avec une autorisation la présence de l'un d'entre eux pour les besoins du ministère. Ceci explique pourquoi le recteur de Landeleau dut s'en aller de sa paroisse ; mais le vicaire, bien qu'il fût autorisé à rester, préféra partager son sort. Il écrivit aux membres du district de Carhaix : « Selon ma conscience et mes principes, jamais je ne consentirai à rester à Landeleau à l'exclusion de vrai pasteur. J'y retournerai aussitôt que j'aurai appris que M. le Recteur sera assuré de rester paisible possesseur de la paroisse ».

Le district de Carhaix transmit aux administrateurs du Département la lettre du vicaire en ajoutant : « Vous verrez par la lettre ci-jointe que M. Poupon s'obstine à ne pas vouloir continuer ses fonctions, afin d'exciter les gens au soulèvement. Nous demandons à ne pas lui payer son traitement et à prendre sur la somme les frais occasionnés pour sa recherche et sa mise en arrestation ». Cette démarche du district est du 17 décembre 1791. Depuis le 1er novembre, le Finistère avait un évêque constitutionnel en la personne d'Expilly, nommé par les électeurs conformément à la loi. Le Pape ayant refusé de le reconnaître, Expilly était, ni plus ni moins, un évêque schismatique. Tout de suite il rencontra une vive opposition de la part du clergé. Les révolutionnaires étaient furieux et disaient que seul un moyen viendrait à bout de ces prêtres : les réduire par la famine en les privant de leur traitement. Les membres du district de Carhaix vont encore plus loin : anticipant sur des mesures qui seront décidées plus tard quand la Révolution aura pris une tournure plus violente contre l'Eglise, ils veulent non seulement priver de ses moyens de subsistance, mais jeter en prison un vicaire coupable de s'être solidarisé avec son recteur.

Il nous faut rendre ici hommage à la municipalité de Landeleau. Par délibération du 30 décembre, elle réclama ses prêtres ; à trois reprises différentes elle pria le district de lui laisser son recteur. Devant l'inutilité de ses démarches, elle s'adressa aux administrateurs de Quimper, leur déclarant qu'elle ne voulait ni trouble ni émeute, mais simplement la liberté du culte. Cette énergique intervention eut son effet. Le 2 janvier 1792, le Directeur départemental renvoyait cette pétition au district, et celui-ci répondit au Département que, « par condescendance », M. Le Bris était rappelé à ses fonctions de recteur et que M. Poupon était établi comme vicaire.

M. Le Bris demeura donc à Landeleau où l'attachement de ses paroissiens le dédommagea de son exil temporaire. Il prêta le serment en 1793. Nous avons vu qu'il refusa celui de 1791, qui était formellement condamné par le Pape. Mais il y eut un autre serment dit de Liberté et d'Egalité. La Convention Nationale, par décret des 21 et 23 avril 1793, l'imposa à tous les prêtres et à tous les religieux, sous peine de les déporter à la Guyane. Par ce serment de Liberté et d'Egalité, les citoyens, prêtres comme laïques, devaient jurer de maintenir, même au prix de leur vie, la liberté, l'égalité, la sûreté des personnes et des propriétés. Ce serment n'était pas aussi mauvais que celui qu'imposait la Constitution civile, car il impliquait la reconnaissance de la liberté des personnes et de la propriété. Si, comme nous le supposons, c'est ce serment-là que prêta M. Le Bris, il est justifié du reproche de schisme : le Pape, en effet, ne porta là-dessus aucun jugement ; il se borna à répéter jusqu'a cinq fois une règle pratique qui renvoyait les jureurs à leur conscience. C'est-à-dire que ceux-ci, pour savoir s'ils avaient péché ou non, devaient se rendre compte de l'état de leur conscience au moment où ils avaient fait le serment : s'ils étaient alors dans le doute, ils n'avaient pas le droit de le faire ; mais s'ils l'avaient prêté de bonne foi, ils ne devaient pas être inquiétés. En 1795, M. Le Bris rétracta son serment.

(L. Kerbiriou).

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