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LA CHOUANNERIE A LANDELEAU

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La Chouannerie est le mouvement d'insurrection qui, à partir de 1793, dressa les paysans bretons et vendéens contre le gouvernement révolutionnaire. 1793 ! Ce sera la Terreur ; c'est l'année de l'échafaud de Louis XVI. Coupée en deux par le glaive qui trancha la tête de son roi, la France se séparait de son passé monarchique treize fois séculaire. La monarchie abolie, la Révolution a voulu supprimer de la vie nationale Dieu et l'Evangile. 1789 était dépassé : les chefs d'alors n'avaient eu en vue que l'amélioration de l'état social, mais ils n'avaient eu ni assez d'habileté pour diriger le cours de la Révolution ni ssez de prudence pour en prévoir les résultats.

En Bretagne, la Chouannerie eut pour principale cause la persécution religieuse. Les nouveaux impôts, les réquisitions, la loi sur la levée en masse, le tirage au sort poussèrent à bout les paysans. Les Morbihannais se soulevèrent les premiers : ils se battirent dans presque tout leur département contre les troupes révolutionnaires. La répression fut terrible : 53 paysans furent arrêtés le 15 mars 1793 ; 12 furent condamnés à mort par une commission militaire réunie à Pontivy et exécutés dans cette ville. Mais l'insurrection ne fut pas domptée. Du Morbihan elle s'étendit jusque dans le Sud-Finistère, où le mouvement fut en connexion étroite avec le mouvement morbihannais et dirigé par lui.

Un des principaux épisodes de la Chouannerie dans le Finistère, et qui causa de chaudes alarmes aux républicains, ce fut l'entreprise contre la poudrerie du Pont-de-Buis. L'expédition de Quiberon se préparait ; les chefs chouans ne l'ignoraient pas, et c'est sans doute à cet effet que fut tentée l'affaire du Pont-de-Buis, afin de s'assurer des munitions par la prise du moulin à poudre. Le 28 prairial an III (16 juin 1795), un détachement de chouans est signalé à Briec. Les administrateurs de Quimper ne prirent pas assez tôt les mesures nécesaires pour arrêter leur avance. Le lendemain, six à sept cents chouans commandés par Lantivy se précipitèrent sur la poudrerie, enlevèrent 6 ou 7 mille livres de poudre, en jetèrent 12 à 13 mille livres à l'eau. Puis ils s'en allèrent sans être encore arrêtés par les républicains qui ignoraient leur marche. Ce même jour, en cours de route, suivant un rapport du district de Châteaulin, ils avaient égorgé un instituteur et trois prêtres assermentés.

A leur retour du Pont-de-Buis, ils passent par Pleyben où les municipaux donnent l'ordre à des détachements de républicains de se rendre à Landeleau pour essayer de leur infliger une défaite et d'intercepter le convoi de poudre qu'ils avaient pris. Mais les commandants républicains ne recevant pas d'ordre du Département, refusèrent de marcher. Le 17 juin, un détachement passe par Gouézec : les hommes portaient différents costumes ; les uns étaient à cheval, la plupart à pied, armés de fusils de différents calibres, de pistolets et de sabres. Ils font venir le maire. L'un d'entre eux lui réclame son fusil et de la poudre ; un autre lui demande 30 écus en numéraire. Le maire cède son fusil et sa poudre, mais n'ayant pas de numéraire, il offre des assignats dont l'autre ne veut pas en disant que ce papier n'a aucune valeur. En le quittant, ils lui dirent que dans deux heures ils auraient rejoint leur compagnie. Le commandant déclara que bientôt leur armée, forte de 30 mille hommes, occuperait le pays et qu'ils combattaient pour avoir un roi.

Ce même jour, une autre troupe de chouans réquisitionnait deux chevaux à Saint-Ségal et forçait leurs propriétaires à les charger de la poudre du Pont-de-Buis. De Saint-Ségal ils se rendirent sans s'arrêter jusqu'au bourg de Plonévez-du-Faou, où ils achetèrent du pain, des crêpes et du beurre en grande quantité. A Saint-Hernin ils congédièrent l'un des deux paysans de Saint-Ségal, nommé Vigouroux, et l'autre, nommé Milin, à Plévin, après les avoir payés en assignats portant l'effigie royale. En passant par le bourg de Landeleau, ils enlevèrent le recteur et sa servante, non sans avoir pillé tous les effets de sa maison. Ces renseignements fournis au district de Châteaulin par Vigouroux et Milin, sont confirmés avec d'autres détails par Grégoire Le Cravec, maire de Landeleau, René Le Guern, officier municipal, et François Le Jeune, procureur de la commune. Ces derniers précisèrent que les chouans qui y avaient passé entre dix et onze heures, escortant trois charrettes chargées, étaient au nombre de sept ou huit cents.

Voici, d'autre part, le rapport du recteur Le Bris, conservé comme les autres rapports aux archives départementales du Finistère : « Trente ou quarante chouans entrèrent au presbytère. L'un d'eux le prit au collet et lui demanda : « As-tu sermenté ? » Il leur répondit : « Oui ». On lui demanda ensuite s'il avait une montre et des armes. Il répondit : « Non ». Durant cette conversation tumultueuse avec quelques-uns, les autres s'étaient répandus dans ses appartements et prirent ce qu'ils trouvèrent de portable comme linges, calice, boîte aux saintes huiles, comestibles, etc. Ils lui firent monter un cheval qu'on lui dit être celui du curé constitutionnel de Gouézec, tué par eux. En montant à cheval il leur dit : « Autant vaut-il me tuer à pied qu'à cheval ». A quoi il lui fut répondu: « Ce n'est pas encore décidé ». Il partit avec l'avant-garde, passa par Pontrifen, par le Bois-Garin et arriva à Saint-Hernin vers une heure de l'après-midi. Ils en repartirent vers trois heures pour se rendre à Branolo, par Lescleden ; en traversant la grand'route de Carhaix à Gourin à Goarenvec, on envoya des gens en avant vers Carhaix, pour savoir s'il venait les forces de ce côté. Rendu près de Plévin, il fut mis en liberté lui et sa domestique et ils retournèrent à Landeleau ».

Enfin les chouans se lassèrent de la lutte ; de son côté, le gouvernement du Directoire renonça à sa politique de persécution et s'engagea dans la voie de la pacification religieuse. M. Le Bris resta à Landeleau jusqu'en 1801 ; il se retira alors à Carhaix où il mourut le 10 août 1810, à l'âge de 77 ans.

(L. Kerbiriou).

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