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LES SIEGES DE LAMBALLE

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L'origine du château, ou plutôt du camp retranché (castrum) de Lamballe, remonte à la fin du Xème siècle. Il en est fait deux fois mention dans l'acte de 1084 portant donation, par Geoffroy Ier, au grand monastère de Saint-Martin de Tours, du territoire sur une partie duquel furent édifiés l'église et le faubourg de Saint-Martin de Lamballe. Durant plusieurs siècles, ces travaux de défense n'eurent d'autre but que de préserver la nouvelle ville du sort de l'ancienne, qui, située plus au sud, avait été détruite par les Normands vers 936.

Alors, comme dans les siècles suivants, les descentes de ces pirates sur nos côtes et leurs incursions dans l'intérieur du pays étaient fréquentes ; et les malheureux habitants, dont les maisons s'écroulaient dans les flammes, pouvaient du moins trouver, dans les châteaux et autres forteresses, un refuge pour leurs personnes et pour leurs biens. Ainsi qu'il résulte d'une enquête de 1556, les populations de 45 paroisses se réfugiaient à Lamballe en temps de guerre ou lors des descentes des corsaires sur la côte, et, en échange de la sécurité qu'ils y trouvaient, tous les hommes valides desdites paroisses devaient, en faisant le guet, concourir, avec la garnison, à la défense du château et de la forteresse.

Les ouvrages de défense laissaient toutefois à désirer pour résister à de véritables armées. C'est pourquoi le connétable de Clisson, commandant l'armée française, put facilement s'emparer de Lamballe en 1373, et que, quatorze années plus tard, Beaumanoir, son compagnon d'armes, put surprendre la place par escalade, dans la nuit du 10 octobre 1387.

En 1419, le comte de Penthièvre se trouva conduit, par des circonstances qu'il avait lui-même amenées, à compléter les défenses de la ville et du château. Les fossés furent approfondis, les murailles et les portes surélevées, la porte Moguet fut close de maçonnerie et son pont levis supprimé. Le devant du portail du château, ainsi que ses deux tours, furent exhaussés de dix-huit pieds. Des guérites furent établies sur divers points, ainsi que des barbacanes. La plupart de ces travaux, exécutés de nuit, concordèrent avec les précautions intérieures en vue d'un long siège. Tous les bâtiments et notamment « l'hostel » de l'armurier, les deux moulins à bras, la charrette à bois, la charrette à pierres, le charriot du comte, furent reconstruits ou réparés ; la dépense comprit également les « rasteaux et les graillons des harnois pour les chevaux, la pipe à mettre le pain des chiens, les perches des ouesseaux de Monseigneur et la huche pour enfermer les touailles ».

De tels préparatifs, entourés de semblables précautions, faisaient présager la proximité d'événements extraordinaires, dont l'acte ci-après, prémédité par le comte de Penthièvre, devait hâter l'accomplissement.

Au mois de février 1420, Olivier, comte de Penthièvre, et son frère Charles, fils de Charles de Blois, conspirèrent contre la personne du duc de Bretagne, Jean V, en le retenant prisonnier, par surprise, dans leur château de Chantoceaux, près de Nantes. Dès qu'elle eut connaissance de cette indigne perfidie, la duchesse convoqua les Etats à Vannes, et, dès le 16 février, dans l'intervalle de leur réunion, elle tint un conseil où il fut réglé que, pendant la captivité de Jean V, le vicomte de Rohan remplirait les fonctions de lieutenant-général, que la noblesse de la Basse-Bretagne serait commandée par le comte de Porhoët et le sire de Guéméné et que celle de la Haute-Bretagne marcherait sous les ordres des sires de Rieux et de Châteaubriant. Ces seigneurs prêtèrent le serment de sacrifier leurs biens et de verser jusqu'à la dernière goutte de leur sang pour venger leur souverain et le rendre à la liberté. Les jours suivants, Guy de Laval, Jean de Craon, Robert de Dinan, Guillaume de Montauban, Jean de Beaumanoir, Guillaume de La Motte, les seigneurs de Matignon, de Combourg et de Coëtquen, les nobles et les bourgeois de Dol, de Dinan et de Rennes, prêtèrent le même serment.

Le 23 février la délibération du conseil reçut la sanction unanime des Etats, qui s'engagèrent aussi, par serment, à ne rien négliger pour la délivrance du duc.

Les seigneurs désignés pour commander la noblesse prirent en même temps les armes, et entrèrent en campagne avec les chevaliers et écuyers, dont le nombre peut être évalué à 30,000. De son côté, la jeunesse bretonne, transportée par le désir de délivrer son prince, s'assembla de toutes parts et forma à elle seule une armée de 50,000 volontaires. L'histoire a conservé les noms des chefs et le chiffre de l'effectif des trois plus belles compagnies qui y figurèrent : la première, commandée par le sire de Rieux, était composée de 220 hommes d'armes, 16 arbalétriers et 16 archers ; la deuxième, ayant pour chef le vicomte de La Belliére, comprenait 372 hommes d'armes, 126 archers et 27 arbalétriers ; la troisième, placée sous les ordres de l'amiral Jean de Penhoët, offrait un effectif de 782 combattants, à savoir : 468 hommes d'armes, 255 archers et 59 arbalétriers.

Le maréchal de  Coëtquen ayant pris le commandement général de l'armée, l'une des plus considérables à cette époque de notre histoire, l'ordre lui fut donné de marcher contre Lamballe, ville principale et centre de la domination des Penthièvre en Bretagne. Arrivée le 27 février en vue de la place, l'armée prit position sur les hauteurs de Saint-Lazare, proche du territoire où avait existé l'ancienne ville, et dans une vaste plaine à l'est, dans la direction du château de La Moglais, laquelle a toujours été désignée depuis sous le nom de Champ de Bataille. Les opérations du siège commencèrent aussitôt : le 6 mars on bloqua la ville et le 12 avril la place fut emportée d'assaut, malgré la vigoureuse défense des assiégés, que commandait le capitaine Allain de La Motte. Le 19 du même mois, la duchesse de Bretagne adressa à Foucquet Rénard l'ordre « de faire abattre et dilacérer les ville, chasteau, forteresses, douves, salles et maisons de Lamballe ». L'oeuvre de destruction commença dès lors et fut achevée le 16 juillet 1420. Les fortes murailles, les nombreuses et belles tours dont l'édification et le perfectionnement avaient exigé plus de quatre siècles avaient disparu en moins de trois mois.

A partir de ce moment, il s'écoula une longue période de 135 ans sans aucune nouvelle forteresse pour la ville de Lamballe. Ce fut seulement en 1555 que Jean de Bretagne, duc d'Etampes et comte de Penthièvre, obtint de reconstruire le château, mais non l'enceinte de la ville, dont les anciennes murailles et douves avaient été, par suite d'afféagements, remplacée par des maisons particulières.

En 1589, le duc de Mercoeur, devenu chef de la Ligue en Bretagne, augmenta tellement les fortifications du château que celui-ci se trouva en état de résister aux attaques les plus sérieuses. Le 17 septembre, après vêpres, l'armée royale entra à Lamballe, pilla les maisons, tua un grand nombre d'habitants, mais elle tenta inutilement de s'emparer du château.

En 1590, vers le mois d'août, la même armée pénétra de nouveau dans la ville. Le prince de Dombes, qui la commandait, allait entreprendre le siège du château, lorsqu'il apprit que le duc de Mercœur, venant de Malestroit, se dirigeait vers Dinan ou Saint-Malo. Il s'empressa de marcher à la rencontre de Mercœur, dans l'espoir de lui livrer bataille ; mais celui-ci, satisfait d'avoir amené le prince de Dombes à lever le siége du château, congédia son armée.

Au mois de juillet 1591, le prince de Dombes, dont l'armée venait de recevoir un renfort considérable que le comte de Montgommery lui avait amené, et se trouvait en outre accompagné du brave La Noue, bras de fer, et du général anglais Norris, ayant vu s'évanouir de plus en plus ses espérances au sujet d'une bataille décisive contre le duc de Mercœur, méditait une autre entreprise. Le seigneur de la Hunaudaye et le marquis d'Assérac lui proposèrent le siège du château de Lamballe. Le prince de Dombes se montrait favorable à ce projet. Montmartin, à qui l'on doit le récit détaillé de cette campagne, objecta les motifs les plus sérieux pour le détourner de Lamballe. Il représenta que la place, forte d'elle-même, renfermait une garnison nombreuse, tandis que l'armée du prince manquait de munitions et d'argent et ne possédait pour toute artillerie que deux canons traînés par des bœufs ; qu'enfin, le duc de Mercœur, dont l'armée, plus considérable, n'était éloignée que de deux lieues, pouvait en peu de temps tomber sur les quartiers des assiégeants et les enlever. La Noue, qui ne connaissait pas la place, partageait l'avis de Montmartin ; mais, comme il était aussi entreprenant que brave et en même temps d'un caractère doux et bienveillant, il ne voulut pas combattre le sentiment de La Hunaudaye et des autres officiers qui, en majorité, montraient pour ce siége un grand empressement. Il fut donc décidé qu'on marcherait sur Lamballe. D'après une note insérée au pied d'un acte de naissance du mercredi 16 juillet 1591, le prince de Dombes entra ledit jour avec son armée dans la ville, dont les habitants et le clergé s'étaient retirés pour se réfugier, avec les soldats, dans le château et dans l'église Notre-Dame. Les troupes royales pénétrèrent dans les maisons et y exercèrent le pillage. C'était le troisième que cette ville subissait en vingt mois. Les Anglais et les lansquenets surtout se livrèrent aux derniers excès : ils pillèrent les églises, en enlevèrent les vases sacrés, foulèrent aux pieds les hosties. Cependant, on ne perdait pas de vue l'entreprise projetée contre la forteresse. La Noue, l'ayant reconnue, dit au prince qu'il ne lui semblait pas possible de la réduire, à moins que la frayeur ne s'emparât de l'esprit des assiégés, mais on ne tint aucun compte de son avis. Les deux pièces mises en batterie le jeudi 17 juillet tirèrent toute la journée et ne firent qu'une faible brèche, sans entamer le rempart, formé de terre et fortifié extérieurement avec des fascines et du gazon. Le lendemain 18 juillet, La Noue ayant ordonné à Montmartin d'aller reconnaître la brèche, celui-ci revint dangereusement blessé et rapporta, de concert avec les deux ingénieurs qui l'avaient accompagné, que ladite brèche était insuffisante pour permettre de donner l'assaut avec quelques chances de succès. Voulant observer par lui-même, La Noue ôta son casque qui l'embarrassait, monta sur une échelle appuyée derrière la muraille d'une maison en ruines sise vers le bas et du côté droit de la rue Notre-Dame. Au bout de quelque temps, Montmartin lui dit : « Monsieur, ôtez-vous de là ou reprenez votre casque ». La Noue lui répondit : « Montez ici et voyez ce que nous pourrons faire ». Etant alors descendu pour faire place à Montmartin, celui-ci, après avoir examiné la brèche, affirma de nouveau que l'assaut ne lui semblait pas praticable. La Noue, voulant s'en assurer encore mieux, remonta sur l'échelle, et, au moment où il avançait la tête, une balle d'arquebuse, tirée, d'après la tradition, par Augustin Roger, capitaine du château, l'atteignit au front, et bien que la blessure ne fût que superficielle, elle lui causa au cerveau un ébranlement tel qu'il tomba inanimé, un pied embarrassé dans les barreaux de l'échelle. On le transporta aussitôt dans une maison voisine, où il resta durant quelques heures sans reprendre connaissance. Privé dès lors du concours de La Noue, mis désormais hors d'état de diriger les opérations de l'armée royale, le prince de Dombes leva le siège de Lamballe, le lundi 21 juillet, et marcha sur Moncontour, où La Noue mourut le 4 août suivant, à huit heures du matin, dix-sept jours après sa blessure. Il était né aux environs de Nantes, en 1531. Homme d'étude autant que soldat, François La Noue qui, suivant l'expression de Mézeray, valait seul toute une armée, fut un des serviteurs les plus braves et les plus  dévoués de Henri IV ; aussi, lorsqu'il apprit sa mort, le roi ne put-il s'empêcher de s'écrier : « Nous perdons un grand homme de guerre et encore un plus grand homme de bien. On ne peut assez regretter qu'un si petit château ait fait périr un homme qui valait mieux que toute la province ».

Le château fut détruit sur l'ordre de Richelieu, en 1626, en même temps que les châteaux de Moncontour et de Guingamp. Commencée le 15 septembre, la démolition du château de Lamballe était achevée le 28 octobre ; on y employa les habitants des paroisses voisines, sous la direction d'un exempt des gardes du roi. La majeure partie du terrain qu'il occupait fut nivelée en 1648 et transformée, pour la première fois, en promenade publique.

Lors de la destruction des premiers travaux, en 1420, quelques rares vestiges de l'antique forteresse avaient été ménagés, comme pour montrer aux générations futures ses emplacement et son importance. De ce nombre furent le portail du château proprement dit, avec sa tour à droite, laquelle est mentionnée dans un afféagement de 1507 et servait alors de prison ; la porte Bario, qui existait encore vers le milieu du XIXème siècle ; la porte Saint-Martin, démolie vers la fin du XIXème siècle (1876 ?), et la tour aux Chouettes, dont un entrepreneur utilisera par la suite (vers 1877) les matériaux pour les constructions d'un dépôt d'étalons.

Tous les archéologues regretteront la disparition de ces derniers débris du passé, si chers aux touristes. La religion et l'art ont du moins la consolation de voir encore se dresser, solide sur son rocher, qui domine la ville, l'ancienne chapelle du château, consacrée par un des prédécesseurs de notre éminent Prélat, le 15 août de l'an 1200, à Notre-Dame, nom que cette église, depuis, a toujours conservé avec un titre de plus celui de Notre-Dame de Grande-Puissance, titre bien justifié par le sentiment public et l'empressement de la population, surtout dans les temps de guerre ou d'épidémie.

M. Quernest

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