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L'ANCIEN CHATEAU DE LAMBALLE

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Bâti l'an 991, le château de Lamballe avait été démoli, en 1420, par ordre du duc Jean V, après la révolte des Penthièvre.

En 1555, reconstruit en partie sur l'emplacement de l'ancien par Jean de Bretagne, comte de Penthièvre et duc d'Etampes [Note : Jean de Bretagne, arrière petit-fils de Jean de Brosse et de Nicole de Châtillon, rentré en possession des biens de la maison de Penthièvre en 1535, fixa sa résidence à Lamballe. Il embellit cette ville par de nombreux travaux et fit bâtir les maisons de plaisance du Bocage et de Lanjouan. Il mourut à Lamballe en 1565 et tut inhumé à Guingamp dans l'église des Cordeliers], il pouvait, dit-on, grâce à ses fortifications et à sa position sur un rocher escarpé, soutenir le siège et l'assaut d'une armée de 10.000 hommes avec 500 soldats de garnison. Ce n'était donc pas une place méprisable, et s'il est vrai qu'Henri IV en apprenant la mort de La Noue Bras-de-Fer ait qualifié cette forteresse de bicoque, il y a lieu de croire que ce roi avait été inexactement renseigné.

Mais si le château était défendu par de sérieux ouvrages, il n'en était pas ainsi de la ville dont les murailles avaient été démantelées l'an 1420. En 1555, le duc d'Etampes avait bien songé à les rétablir en même temps que celles du château et il avait même fait dresser à ce sujet « un état authentique des maisons, cours, jardins situés sur les murs, dans les douves et sur les contrescarpes de l'ancienne clôture de la ville » mais pour des raisons que nous ignorons, il n'avait pas donné suite à ce projet, et depuis les choses étaient restées telles quelles.

Aussi, pendant la Ligue, la situation des habitants de Lamballe fut-elle des plus malheureuses. Plusieurs fois la ville fut dévastée par les royalistes. La Chronique de Lamballe, écrite par les chanoines de la Collégiale de Notre-Dame fait notamment mention de la prise de la ville le 17 septembre 1589, après vêpres, par l'armée royale qui égorgea et pilla « avec violement de filles et de femmes ».

L'année suivante, au mois de janvier, le prince de Dombes s'étant emparé de Moncontour vint attaquer le château de Lamballe. L'approche du duc de Mercœur et l'énergique résistance de la garnison qui, sous les ordres des capitaines Ménage et la Fresnaye fit une sortie dans laquelle elle tua beaucoup d'ennemis, l'obligèrent à battre en retraite. Mais, cette fois encore, les infortunés Lamballais eurent à endurer la violence et les déprédations de la soldatesque huguenote. Les lansquenets royalistes, après avoir mis le feu en divers endroits, livrèrent les églises au pillage, enlevèrent les vases sacrés, foulèrent aux pieds les hosties et répandirent les saintes huiles. Enfin, en juillet 1591, le prince de Dombes, renforcé de la compagnie de gendarmes de Montgommery et de dix huit cents lansquenets et ayant auprès de lui l'illustre La Noue qu'Henri IV avait envoyé pour l'aider de son expérience et de ses conseils, revint assiéger le château. 

Ce siège demeuré célèbre à cause de la blessure mortelle qu'y reçut La Noue, fut entrepris à l'instigation du marquis d'Assérac et du baron de la Hunaudaye qui voyaient dans la forteresse de Lamballe un danger pour leurs châteaux situés dans le voisinage. Le baron de la Hunaudaye était alors René Tournemine, chevalier des Ordres du roi, seigneur de la Guerche en Rays, qui avait hérité de la baronnie et de la seigneurie de la Hunaudaye ; après le décès de sa cousine Magdeleine d'Annebaud,. fille de Claude d'Annebaud, amiral de France, et de Françoise Tournemine (Du Paz, Histoire généalogique des Maisons illustres de Bretagne).

René Tournemine avait été nommé par Henri III, en 1575, lieutenant-général de Bretagne. Poste important qu'il conserva sous son successeur à qui il rendit des services signalés. Il gouverna notamment cette province en l'absence du jeune prince de Dombes et contribua à faire rentrer dans le parti du roi la grande ville de Rennes. Aussi était-il considéré, et écouté. Malgré les avis de Montmartin (Note : Jean du Mats, seigneur de Terchant et de Montmartin, gouverneur de Vitré, a laissé sur les troubles de la Ligue des Mémoires qui se trouvent aux preuves de Dom Morice) qui représenta que le château avait une nombreuse garnison, que l'on était sans argent et que les forces royalistes n'avaient pour toute artillerie que deux canons traînés par des boeufs, qu'enfin Mercœur n'était pas loin et qu'il pouvait à l'improviste tomber sur les quartiers de l'armée et les enlever ; malgré le sage de Poigny qui assura que l'on s'embarquait sans biscuit, le siège fut décidé ; il le fut même après que La Noue eût reconnu la place et déclaré que l'entreprise était au-dessus de ses forces.

Le château fut donc investi, et les deux canons ayant été mie en batterie firent une petite brèche à la muraille, mais sans entamer le rempart fortement protégé par des fascines et du gazon. Le 18 juillet, vers midi, La Noue Bras de Fer voulant s'assurer par lui-même de l'état de la brèche, monta dans une échelle plantée derrière des ruines. Il avait ôté son casque qui, ce jour-là, était garni de laurier. Comme il allongeait la tête pour mieux observer, une balle d'arquebuse ayant donné contre une pierre vint par ricochet le frapper au front (Note : On croit généralement que l'endroit où La Noue Bras de Fer fut atteint mortellement est une impasse situé au haut de la rue de Bario). Renversé par la violence du coup, La Noue demeura suspendu entre deux échelons par une jambe blessée au siège de Paris et qui n'était pas encore guérie. Débarrassé par ses gens et transporté à son logis, il demeura une heure sans connaissance. Trois jours après, conduit à Moncontour, il ressentit de vives douleurs à la tête. Les chirurgiens consultés étaient d'avis de lui faire subir le trépan. Mais celui qui le soignait habituellement, et en qui il avait une extrême confiance, soit présomption, soit méchanceté, s'opposa à cette opération. Le mal ne fit dès lors qu'empirer et le quinzième jour de la maladie, la paralysie s'étant mise sur la langue, La Noue ne tarda pas à perdre l'usage de la parole. Alors Montmartin qui ne le quittait pas, lui prit la main et lui dit : Monsieur, souvenez-vous de ce passage de Job : « Je sais que mon Rédempteur est vivant, et qu'à la fin des temps, il me ressuscitera de la poussière, et lorsque mes membres seront de nouveau revêtus de ma peau alors dans ma chair même je verrai Dieu ». — Vos os et votre chair le verront, ajouta Montmartin, ne le croyez-vous pas ? — A cette parole, le moribond levant la main au ciel en signe d'acquiescement la tint quelque temps dans cette position, puis regardant les assistants du même oeil qu'il les conduisait au combat, rendit tranquillement l'esprit (Voir Dom Morice). Ainsi mourut, à l'âge de soixante ans, François de La Noue, une des gloires les plus pures de ce temps. Il fut à la fois regretté des catholiques et des protestants, et Henri IV qui l'aimait sincèrement, fit de lui un éloge remarquable en disant « qu'il perdait un grand homme de guerre, mais encore plus un grand homme de bien ».

La blessure de La Noue Bras-de-Fer [Note : Chez La Noue Bras-de-Fer le désintéressement égalait la bravoure. Témoin le trait suivant : En 1589 les ligueurs ayant mis le siège devant Senlis, les royalistes trop peu nombreux pour les attaquer se bornèrent à vouloir faire entrer dans la place des munitions et des vivres, mais les marchands ne voulaient pas les livrer sans argent et les traitants refusaient de l'avancer. « Tant que j'aurai, dit La Noue, une goutte de sang et un arpent de terre, je l'emploierai pour la défense de l'Etat où Dieu m'a fait naître » et aussitôt il donna comme gage une de ses terres aux marchands qui devaient fournir les munitions] causa la délivrance du château de Lamballe.

Le prince de Dombes, reconnaissant l'impossibilité de réduire la place avec si peu d'artillerie et de munitions, se retira avec son armée entre Lamballe et Moncontour, mais ses lansquenets et les anglais du général Norris laissaient d'horribles traces de leur séjour. Ils avaient brûlé la maison d'Olivier de Tronquidy, ravagé la vigne, dévasté les métairies et les moulins de la seigneurie, démoli la halle. Lanjouan, l'ancienne maison de plaisance du duc d'Etampes, à peu de distance de la ville, n'avait pas davantage été épargné ; le pavillon et la chapelle étaient devenus la proie des flammes. Enfin quantité de maisons avaient été détruites. 

Le duc de Mercoeur, en apprenant l'attaque du château de Lamballe, s'était porté au secours de cette place. Il s'avança jusqu'à trois kilomètres de la ville, mais ayant appris la levée du siège, il se retira avec ses Espagnols vers Pontivy et Josselin. Le prince de Dombes alla se loger à Saint-Brieuc où il fut rejoint par le marquis de Lavardin qui lui amenait du Maine un renfort de 900 arquebusiers et de 80 ou 100 hommes de cavalerie bien armés. Le duc de Mercoeur dont les forces s'étaient augmentées dans le même moment d'une troupe de 1.200 Espagnols, craignant que son adversaire n'attaquât de nouveau Lamballe, se rapprocha de cette ville et s'établit à Jugon. Le prince de Dombes marcha aussitôt à sa rencontre et prit position à Plestan. Les avant-gardes des deux armées en vinrent aux mains à la tombée de la nuit ; à peu de distance de Jugon. Les ligueurs furent obligés de se retirer, mais firent prisonnier La Tremblaye, un des principaux officiers de l'armée ennemie. Le lendemain, le prince de Dombes alla se poster à Collinée « grand village au bord de la lande du Menez » (Voir Montmartin, Mémoires). Là, il essaya de se mesurer de nouveau avec son adversaire. Le duc de Mercœur ne voulut pas quitter la position avantageuse qu'il occupait. Il se borna seulement à attaquer la compagnie de du Liscouet qui était fort belle et à laquelle il enleva quelques chevaux. Alors, comme la maladie et la mort faisaient de grands ravages parmi les Anglais, victimes de leur intempérance, le général Norris demanda que l'on prît le chemin de Saint-Brieuc où il voulait refaire sa troupe. Le prince de Dombes y consentit, et l'armée royale, quittant Collinée, gagna Moncontour, puis Saint-Brieuc. Son séjour n'y fut du reste que de courte durée. Son chef, brûlant de plus en plus du désir de combattre, se remit à la poursuite de Mercœur qui se dirigeait vers Saint-Méen. Mais il ne fut pas plus heureux cette fois que la précédente. Le duc de Mercoeur s'était fortement établi aux environs de Saint-Jouan dans un endroit d'accès difficile. Les chefs royalistes s'étant concertés n'osèrent engager le combat et furent d'avis de battre en retraite. Les bataillons du prince de Dombes, s'ébranlant de nouveau, prirent la direction de Rennes et de Fougères. Mercœur était arrivé à ses fins sans courir les risques d'une bataille, il était parvenu à empêcher une nouvelle attaque contre le château de Lamballe. Son lieutenant, Saint-Laurent d'Avaugour, fut moins heureux et se fit battre complètement. Il assiégeait l'antique Tour de Cesson qui, par sa situation, commandait l'entrée du Légué, lorsque Rieux Sourdéac, gouverneur de la Basse Bretagne pour Henri IV, vint au secours de la forteresse assiégée. Sans abandonner le siège, Saint-Laurent, à la tête d'une troupe d'infanterie et de cavalerie, se porta à sa rencontre. Le combat tourna à l'avantage des royalistes. Saint-Laurent, fait prisonnier par le bourreau des lansquenets qui saisit son cheval par la bride, fut enfermé dans la tour où il s'était proposé d'entrer d'une autre façon, puis à Guingamp d'où il trouva moyen de s'évader. Quant à ceux de ses gens qui étaient demeurés au siège de la Tour, abandonnant canons et bagages, ils se retirèrent à Lamballe commettant, sur leur passage, de nombreux actes d'indiscipline et de pillage. C'est ainsi qu'au bourg de Planguenoual (à deux lieux de Lamballe), ils s'emparèrent des ornements d'église, des provisions et des meubles du recteur qui avaient été cachés dans le clocher (Cornillet, Notes manuscrites sur Lamballe). 

Au cours de l'année 1596, les affaires du duc de Mercœur prirent une mauvaise tournure. Les pluies ayant été très abondantes en Bretagne, toute la récolte fut perdue Le peuple des campagnes souffrit cruellement de la disette. Dans les villes la majeure partie des habitants était réduite à mendier, et, par suite, s'irritait fort contre une guerre qui avait semé partout la ruine et la désolation. Le mécontentement avait même gagné les villes du duché de Penthièvre, patrimoine de la duchesse (Note : Philippe-Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur, beau-frère de Henri III, avait épousé en 1575 Marie, fille unique de Sébastien de Luxembourg, duc de Penthièvre. Marie était de la descendance de Charles de Blois, et c'est pour faire valoir les anciens droits de sa femme à la souveraineté de la Bretagne que Mercœur entra dans le parti de la Ligue). « Cette année-là, écrit M. Cornillet, les vassaux de la seigneurie de Lamballe ayant refusé de travailler aux fortifications, le duc de Mercoeur par lettres expédiées de Nantes, le 30 décembre, et adressées aux juges et officiers, les condamna chacun par défaut à une amende de 10 sols. Cela, d'après le compte de Guillaume Guérin, produisit une somme de 4141 livres qui fut employée à fortifier le château ».

Chaque jour les défections se faisaient plus nombreuses dans les rangs de ses partisans. Ses lieutenants même commençaient à l'abandonner. En 1597, Quinipili d'Aradon, Montigni firent leur soumission au roi et lui rendirent Hennebont, Vannes et Succinio. Montmartin compare alors l'état du chef de la Ligue en Bretagne à celui de « ces oiseaux désemparés qui ne peuvent plus voler par la perte de leurs plumes et ailes ». La prise de Dinan lui porta un coup funeste. Il entretenait dans cette place une nombreuse garnison que commandait Saint-Laurent, son homme de confiance. Les habitants, fatigués des insolences et des exactions de certains officiers, résolurent de s'emparer de la ville et de la remettre au roi. Ils firent parvenir à Saint-Laurent une fausse lettre du duc disant que les places qui couvraient la Loire étant fort exposées, il lui ordonnait de venir le rejoindre en ne laissant à Dinan que les hommes strictement nécessaires pour la garde de la ville. Saint-Laurent donna dans le piège et partit avec ses meilleures troupes Or une nuit de février, les habitants prirent les armes et, avec l'aide des Malouins, s'emparèrent des tours de l'Hôtellerie. Ils assiégèrent ensuite le château qui se rendit après quelques jours de résistance et dont la garnison, aux termes de la capitulation, fut envoyée à Lamballe. La prise de Dinan et la nouvelle que le roi de France s'avançait vers la Bretagne avec douze mille hommes d'infanterie, deux mille chevaux et douze pièces de canon déterminèrent le duc de Mercoeur à demander sérieusement la paix. Déjà il avait fait proposer à Henri IV le mariage de sa fille Françoise, âgée de six ans (née à Nantes en 1592), avec le fils naturel du roi et de la duchesse de Beaufort (Gabrielle d’Estrée), César de Vendôme qui n'en avait que quatre (né à Coucy en 1594) mais cela sans succès. Il renouvela sa proposition, et, pour arriver plus facilement à son but, s'adressa directement à la mère du jeune prince qui, paraît il, n'avait pas été mise au courant des précédents pourparlers. Celle-ci dont l'empire sur le roi était considérable, et qui ne pouvait souhaiter un plus bel établissement pour son fils, manoeuvra si bien qu'elle finit par gagner le monarque. Henri IV, malgré ses conseillers, Sully entre autres, fit à son ennemi des conditions très acceptables. On peut dire que ce dernier, à l'exception du gouvernement de la province qu'il était impolitique de lui laisser, obtint à peu près tout ce qu'il désirait. En effet, le roi en considération du mariage de son fils avec Mlle de Mercœur, et en même temps pour le dédommager de sa place de gouverneur de Bretagne, lui accordait une somme de 235.000 écus, en outre une pension de 16.666 écus par an. Il l'autorisait à garder une compagnie de 100 hommes d'armes, lui permettait de lever 5.000 écus sur ses vassaux du duché de Penthièvre enfin lui garantissait l'entretien de 50 hommes pour la garde des villes et châteaux de Lamballe, Moncontour, Guingamp et Bréhat (voir Dom Morice). 

Comme on le voit, Mercœur s'en tirait à bon compte. C'est ce qui se disait hautement dans l'entourage du roi. Quand, après la vérification de l’Edit par le Parlement (26 mars), il vint en grand équipage saluer Henri IV qui chassait dans les environs d'Angers, il reçut un accueil si bienveillant que les meilleurs serviteurs de ce prince en furent surpris, choqué. A quelques jours de là furent célébrées avec autant de pompe que pour des enfants de France les fiançailles de César Monsieur et de Françoise de Lorraine. Le cardinal de Joyeuse présidait la cérémonie. Le contrat passé au château d'Angers portait que le duc et la duchesse de Mercœur faisaient à leur fille une dot de seize mille écus de rente sur le duché de Penthièvre et la vicomté de Martigues. Le roi donnait à son fils le duché de Vendôme avec titre de duc et pair de France, la duchesse de Beaufort le duché de ce nom et l'instituait son héritier. Désillusionné, jugeant opportun de quitter la France, Mercœur se retira en Hongrie où il servit contre les Turcs. Sa valeur, son expérience des choses de la guerre lui valurent d'être nommé général en chef de l'armée de l'empereur Rodolphe. Il était sur le point de rentrer en France pour voir sa femme et sa fille, lorsqu'il mourût de la fièvre pourpre à Nuremberg le 19 février 1602, à de 42 ans). 

Ainsi se termina cette longue et sanglante guerre de la Ligue qui déchaîna tant de maux sur la Bretagne. Celle-ci demeura longtemps à panser ses plaies. Ce fut seulement après la conclusion de la paix que Lamballe commença à se relever de ses ruines et que l'achèvement de la Halle permit d'y établir le marché qui, depuis le siège s'était tenu dans les écuries du Jeu de Paume, dépendances du pavillon de l'écuyer. C'est seulement à cette époque que fut repris le pèlerinage annuel de saint Sébastien en Pléhérel, interrompu pendant toute la durée des troubles (Note : Le pèlerinage à cette chapelle située à quatre ou cinq lieues de Lamballe exista jusqu'à la Révolution, et chaque année le clergé s'y rendait, croix en tête et bannières déployées). Dans son prône à ce sujet le recteur de Notre-Dame engageait beaucoup ses paroissiens à y prendre part attendu que « la contagion régnait fort de par le monde ». En effet, la peste sévissait violemment et faisait d'innombrables victimes. Elle dura depuis le mois de mai jusqu'en décembre. A cela il faut ajouter la disette, puis le brigandage qui, depuis le commencement des hostilités, avait pris un développement considérable. Dès 1593 le duc de Mercoeur avait fait venir à Lamballe M. Leprince de la Vannerie, lieutenant de son prévôt avec plusieurs archers pour juger et punir les voleurs. Mais les quelques exécutions qui furent faites n'avaient pu enrayer le mal, et le duché de Penthièvre était sillonné par des bandes de brigands qui, se disant ligueurs, volaient, rançonnaient et tuaient journellement (Note : Si l'on en croit Ogée, il n'y avait alors pour toute la province que vingt-neuf cavaliers de maréchaussée). Il fallut pour les détruire employer souvent des forces nombreuses et bien commandées. 

Le désordre était partout. Au mois de juin 1603. dit M. Cornillet, la duchesse de Mercœur obtenait de Jean du Bec, évêque de Saint-Malo, l'autorisation de publier à Dinan et ailleurs un monitoire pour parvenir à la découverte des meubles, tapisseries, titres et lettres qui avaient été transportés des châteaux de Lamballe et Moncontour en celui de Dinan et qui avaient été pillés et dispersés lors de la prise de cette ville par les royalistes. En 1613 la duchesse en faisait lire un autre dans les églises et les chapelles de l'évêché de Saint-Brieuc pour le recouvrement des titres égarés ou perdus pendant les troubles de la province. César de Vendôme prit possession du Penthièvre en 1619. C'était, comme on l'a dit justement, un homme d'esprit, mais remuant et sans portée politique. En 1626, voulant renouveler les prétentions de son beau-père sur la Bretagne, il entra dans le complot formé contre Richelieu par Gaston d'Orléans et le comte de Soissons, mais les temps étaient changés, et il n'était plus possible de recommencer les exploits de Mercœur. La main du redoutable cardinal s'abattit sur César Monsieur qui, arrêté en même temps que son frère le grand prieur, fut enfermé à Amboise (12 juin). Bien plus, on lui retira le gouvernement de Bretagne et Louis XIII, à la demande des Etats réunis à Nantes, ordonna la démolition des forteresses de Lamballe, Guingamp et Moncontour. Cette ordonnance en ce qui concerne Lamballe fut exécutée avec une rigueur extrême. Le château fut complètement rasé en quelques semaines par les paysans des paroisses voisines dirigés par un exempt des gardes du roi. La démolition, commencée le 15 septembre, fut terminée le 28 octobre. Il ne resta de cette vieille forteresse que sa remarquable collégiale connue sous le nom d'église Notre-Dame (Note : La construction de Notre-Dame remonte au XIIIème siècle ; en 1435, le duc Jean V érigea en cette église une collégiale sur le modèle de Saint-Guillaume de Saint-Brieuc. Le même duc la pourvut d'un Doyenné en 1437 et l'année suivante d'une chantrerie. D'après l'acte de fondation 36 livres de rente étaient allouées à chacun des chanoines et 70 au doyen. Celui-ci avait le privilège d'assister aux délibérations de la Communauté de Lamballe) et une tour située à l'occident. Encore cette dernière fut-elle démolie en 1730, lorsque le sieur Plancher, agent général du duché, fit bâtir l'Hôtel de Penthièvre. Vingt ans plus tard, sur l'emplacement du château, Julien Chauvel, syndic de la Communauté, fit planter des arbres. C'est là l'origine des promenades de Lamballe qui, par leurs frais ombrages et leur bel horizon, sont un des jolis sites du pays. 

César de Vendôme mourut à Paris le 22 octobre 1665. Depuis 1650 il était grand-maître et surintendant général de la navigation et du commerce en France. Ce haut et puissant seigneur qui passa une partie de sa vie dans les cabales et les complots ne se montra guère généreux à l'égard de ses vassaux de Lamballe. En effet, après la démolition du château, ceux-ci ne voulant pas se soumettre au paiement du droit de guet, César s'en plaignit à Louis XIII qui, par lettres patentes du 22 octobre 1639, lui donna l'autorisation de les y contraindre. En 1649, la régente ordonna que la province de Bretagne compterait au duc de Vendôme 330.000 livres comme dédommagement de la démolition de ses places-fortes de Lamballe, Guingamp, Moncontour et Ancenis (CORNILLET). La communauté de ville ne lui en garda pourtant pas rancune et voulut rendre publiquement hommage à sa mémoire. Le 3 novembre 1665, elle fit célébrer dans l'église Saint-Jean avec tout l'éclat possible un service à son intention. L'église était entièrement tendue en blanc et en noir jusqu'à la hauteur du lambris. Le choeur était garni de satin blanc et noir avec 250 écussons armoriés, peints, dorés et argentés sur toile ; 10 douzaines de cierges entouraient la chapelle ardente. L'oraison funèbre du prince fut prononcée par messire Clanchet, l'un des trois recteurs de Lamballe. Les frais de la cérémonie dépassèrent 600 livres. 

Quatre ans après, Françoise de Lorraine suivit son époux dans la tombe. Ses deux fils moururent également en 1669. L'un, Louis de Vendôme, duc de Mercoeur, qui était entré dans les ordres après la mort de sa femme, Laure Mancini, nièce de Mazarin, était, lorsqu'il mourût, cardinal et légat du pape Clément XIV en France. L'autre, François de Vendôme, duc de Beaufort (Note : D'après la tradition, le duc de Beaufort aurait été élevé au château de Lanjouan dont il a été question plus haut), surnommé pendant la Fronde « le Roi des Halles » dont il parlait le langage, dit le président Hénault, eut une fin glorieuse à Candie où il commandait avec le duc de Navailles les forces que Louis XIV avait envoyées au secours de cette place assiégée par les Turcs. Dans une sortie, en voulant rallier les siens, pris de panique par l'explosion d'un magasin de poudre, il reçut un coup de mousquet qui lui troua la poitrine. On ne retrouva pas son cadavre, mais certains historiens racontent que les Turcs, l'ayant reconnu, lui coupèrent la tête et envoyèrent ce sanglant trophée à Constantinople (25 juin)(A. Botrel).

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