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LE MANOIR DU PARC A KERFEUNTEUN

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I.

Il est possible que la terre noble du Parc ait eu anciennement des seigneurs particuliers. Quatre familles de Bretagne ont porté ce nom patronymique. D'autre part, le nom de Parc, sans autre désignation, a été donné à nombre de terres. C'est ainsi, pour n'en citer que deux exemples pris auprès de nous, que les titres des Cordeliers nous montrent Charles du Parc, seigneur du Parc (1538), Marie du Parc (1594) [Note : Titre des Cordeliers F. F. 2. On lit au Rentier des Cordeliers de 1636 (septembre) « Le Sr de Couettenez, en acquit de Marie du Parc, fille aînée de la maison du Parc Coetsquiriou sur le Manoir du Parc »], fille aînée de la maison du Parc, faisant des fondations avec hypothèque sur une terre nommée Le Parc ; et il nous faut lire les pièces d'un procès pour apprendre que le Parc a passé après Marie du Parc à Sébastien Troussier, seigneur et bientôt vicomte de la Gabtière, et que le 4 janvier 1635 François, baron de Penmarc'h, en est devenu seigneur par acquêt [Note : La Baronnie de Penmarc'h était en l'Evêché de Léon ; et c'est une singulière méprise que de la placer, à cause de la similitude du nom, dans le canton actuel de Pont-l'Abbé. Tréoultré-Penmarch était une paroisse comprise dans la Baronnie de Pont. Quand on touche à l'histoire de Pont-l'Abbé, il est indispensable de lire in-extenso l'aveu du Baron (de 1732) déposé aux Arch. départ. très beau vélin et très bien écrit. Le nombre des feuillets effraie peut-être, il y en a 380, soit 760 pages ; mais il est très instructif].

Ces dates et ces faits ne laissent aucun doute ; ce n'est pas de cette terre que nous nous occupons.

De même, Quimper a eu successivement deux sénéchaux, le père et le fils, qualifiés seigneurs du Parc (1675-1724) [Note : Je veux parler de Charles et de Guy-Augustin Dondel. Le premier mort à la chambre du Conseil du Présidial, le 9 mai 1722, fut inhumé par les Cordeliers devant leur autel au-dessus de l'Évêque Raynaud. Il avait exercé ses fonctions pendant près d'un demi-siècle. Son fils lui succéda et mourut à 32 ans, moins de deux ans après son père ; il fut inhumé, à la Chandeleur, le 9 avril 1724] ; ce n'est pas du Parc, en Kerfeunteun, qu'ils prenaient leur nom, et nous allons faire connaître les possesseurs du Parc à ces différentes dates.

Le manoir du Parc à Quimper (Kerfeunteun) en Bretagne.

Entrons dans la cour du manoir ; du premier coup d'œil nous reconnaissons une construction de la fin du XVème siècle ou du commencement du XVIème. Les trois fenêtres à croix et rectangulaires de l'édifice principal, les deux corps de logis se coupant d'équerre, la tourelle d'angle contenant l'escalier ne laissent aucun doute sur la date de la construction [Note : Le bâtiment servant d'écurie avec ses portes et ses fenêtres en plein cintre est de date plus récente. La toiture et la charpente très anciennes ont été refaites l'an passé (1886)].

La plus ancienne description qui nous reste est de 1661 ; la voici en résumé [Note : Minus fournis à l'Evêque les 28 décembre 1661, et 5 août 1669] :

« Le manoir noble du Parc, situé en la paroisse de Kerfeunteun, ainsi que ses maisons, cour, basse-cour, jardin, dans lequel est le colombier, aire et verger, ainsi qu'un petit plessix derrière les dites maisons dans lequel est la fontaine ô (avec) ses viviers et une petite prée fauchable y joignant contenant une journée à faucheur...... Plus un parc...... ». Suit la description des terres.

Après deux cents ans, presque rien n'est changé. Le colombier seul a disparu [Note : Il était en ruines dès 1720. Inventaire des titres de l'évêché. Arch. dép. G. 52]. Mais la cour d'entrée est la même : voilà à gauche le jardin, à droite la façade de la maison dont les vieux écussons ont été grattés ; derrière les maisons voici le « petit plessix » humide, herbeux, comme autrefois. Voici abritée par deux ormeaux et cachée sous les branches d'un pommier qu'étouffe un vieux lierre, la fontaine mystérieuse comme celle auprès de laquelle se montrait la Dame Blanche d'Avenel : elle coule aussi limpide et remplit ses viviers transformés en lavoirs. Les acquéreurs de 1661, s'ils revenaient en ce monde, reconnaîtraient les lieux qu'ils ont si bien décrits ; mais supposez qu'au moment où ils sortent de la porte surbaissée du vieux manoir, un coup de sifflet retentisse, qu'ils lèvent les yeux et qu'un train couronné de fumée passe rapide comme l'éclair. De quelle stupeur ne seraient pas saisis les vieux habitants du Parc à la vue de ces merveilles de notre industrie !

Au milieu du XVIème siècle, le manoir du Parc était la propriété de Jean Kerbezeat, seigneur de Buliec. Il vendit cette terre à Jean Legac qui avait pour femme Marguerite Goalichet, et mourut vers 1566. Celle-ci rendit aveu à l'Évêque le 16 mars 1566. D'après l'aveu elle doit foi, hommage, obéissance au fief des Regaires ; mais elle ne déclare aucune cheffrente ; elle ne déclare non plus ni droit de bail ni droit de rachat [Note : Inventaire des titres de l'évêché. Arch. départ. G. 52. Titres du Parc, G. 16].

II.

Cette terre était, dans la seconde moitié du XVIème siècle, aux mains de François de Coetanezre, mari de Hélène Geffroy ; celle-ci avait une sœur, Marguerite, mariée à Pierre du Dresnay ; ceux-ci avaient acquis le Parc, par échange, avant 1605. Marguerite devenue veuve mourut sans enfants, et le Parc passa alors par héritage à la seconde fille d'Hélène Geffroy, Gilette de Coetanezre, pendant que l'aînée, Julienne, transmettait les Salles à sa fille, Marguerite de Kercourtois, dame de Bragelonne.

Gilette, dame du Parc, épousa Julien Brouard ou Bouard, seigneur de La Grée, et ils habitèrent le manoir [Note : Du moins ils l'habitaient en 1618. Titres des Cordeliers T].

Gilette de Coetanezre avait marié sa fille aînée à René de Tromelin, Sr de Lancelin, conseiller du Roi au Présidial. Elle mourut au Parc, en février 1629, et, le 24 de ce mois, elle fut inhumée dans la tombe des Salles, près du grand autel, dans l'église de Kerfeunteun.

Cette inhumation n'avait pu se faire qu'avec l'autorisation de la dame de Bragelonne et de son frère utérin Claude, seigneur et dame indivis des Salles. De même, lorsque en 1633, Marguerite de Tromelin, fille de René de Tromelin, mourut, la même autorisation fut nécessaire.

Mais les Bragelonne voulurent mieux faire et, au lieu d'accorder un permis d'inhumer à chaque décès, ils se dépouillèrent purement et simplement de la propriété de leur tombe armoriée de Kerfeunteun en faveur de leurs parents du Parc.

Cet acte du 8 octobre 1632, auquel j'ai fait de nombreux emprunts, est curieux à lire. Il est clair qu'il y a entre noble homme René de Tromelin et sa femme, d'une part, et les Bragelonne de l'autre la même distance qu'entre le conseiller au présidial de Quimper et le conseiller du Roi en ses conseils d'Etat et privé : eh bien ! ce sont les donateurs qui dictant l'acte prennent soin de rappeler aimablement pour leurs cousins et d'expliquer très aimablement pour nous la parenté qui les unit aux donataires.

L'acte conclut ainsi « Lesquels Sieur et Dame de Bragelonne, en considération de la parenté et des bons et agréables services qu'ils reconnaissent avoir avant ce jour reçus en leurs affaires pendant leur absence et autrement des dits Sieur et Dame de Lancelin, ont par cestes fait don irrévocable à jamais aux dits Sieur et Dame de Lancelin acceptant pour eux leurs hoirs et cause ayants, de leurs pierres tombales estantes au pied du grand autel de l'église paroissiale de Kerfeunteun, armoyées de trois épées, armes de la maison des Couettanezre, souche commune des parties en l'estoc maternel, en lesquelles leurs prédécesseurs communs ont été de tous temps inhumés, et tous droits honorificques dus à cause d'icelles ..... ». [Note : Acte du 8 octobre 1632. Insinué le 10 novembre].

Cette donation était faite en temps opportun. Le dimanche 2ème jour de juillet 1634, Anne Bouard mourut ; et, le jour même, elle fut inhumée dans la même tombe qui avait reçu sa mère et sa fille. Un père capucin prononça l'oraison funèbre [Note : Reg. du Présidial. 30 juillet 1635].

Est-ce que la libre possession de la tombe de Kerfeunteun aurait été contestée à René de Tromelin ? ou bien plutôt n'a-t-il pas eu simplement besoin des actes d'inhumation de sa belle-mère, de sa femme et de sa fille pour une liquidation ? Toujours est-il que, en 1635, il demanda des extraits de ces actes ; et vous allez voir quel luxe de formalités il lui faudra accomplir.

C'est une instance judiciaire qu'il va falloir suivre par procureurs. Le demandeur devra, tant en privé nom que comme tuteur et garde naturel de ses enfants, donner assignation à Messire Pierre Le Bosse, curé, devant « le bailli, lieutenant civil et criminel, pour qu'il ait à faire apparoir le papier et registre contenant les enterrements faits en la dite église depuis 1629, afin de prendre extrait des articles concernant les enterrements de sa belle-mère, de sa fille et de sa femme ».

Le 30 juillet 1635, « le bailli tenant le siège, l'heure de une heure de l'après-midi rendue pour s'assurer être sonnée et passée, Me François Bougeant, son procureur, comparait pour René Tromelin, présent en personne ». Le curé comparaît de son côté assisté de son procureur, « lequel, adparu le registre dont est cas a dit n'avoir à débattre que ledit demandeur n'ait à faire extraire tels articles que bon lui semblera ».

Sur quoi le bailli adjuge extrait des enterrements dont est cas, et la sentence s'exécute séance tenante. Les trois actes d'inhumation sont copiés à la suite sur le procès-verbal du juge, et « il sera délivré expédition au sieur de Tromelin pour s'en servir comme il voira » [Note : Guarant pour la tombe du Parc. Extrait d'acte du Présidial du 30 juillet 1635].

Que de temps, de papier et d'argent mal employé, et que de gens mal à propos dérangés ! Combien notre mode de procéder est plus simple et plus expéditif Les actes de l'état-civil sont publics ; et, sans permission de personne, chaque citoyen, moyennant paiement, peut en avoir une copie.

René de Tromelin se remaria le 28 mai 1641, il avait été pourvu de l'office de président au Présidial [Note : Arch. du Parlement. Provisions] ; au commencement de l'année suivante, un fils lui naissait ; il demandait à la ville de Quimper d'en être le parrain ; et la communauté délibérant le 8 mars 1642, nommait « deux commissaires pour aller complimenter le président de Lancelin ; le remercier de l'honneur qu'il fait à la ville, nommer la commère, assister au baptistère et faire tous les honneurs de leur advis » [Note : Ville de Quimper. Arch. départ. E].

René de Tromelin mourut le 5 mai suivant.

Il avait eu au moins deux enfants, un fils nommé Corentin-René et une fille nommée Claude.

Corentin eut en héritage cette maison de la place Maubert qui devait être, en 1682, l'objet de débats entre l'Évêque et le Roi. L'Évêque l'avait comprise dans son aveu du 14 juillet 1682. Elle payait au Roi et à l'Évêque alternativement une rente de « deux écus de douvelles (deux boucliers de bois) deux seillères (selles) à chevestre sans garniture ». Quand la rente était due au Roi, les écus étaient « peints de deux lyons rampans » ; quand elle était payée à l'Évêque, on y figurait « une crosse et une mitre » [Note : V. Promenade à Quimper, p. 124].

La sentence de réformation débouta l'Évêque de sa mouvance ; mais, sur la plaidoirie d'Hévin, l'arrêt du parlement de 1693 la lui rendit.

On voit par l'aveu de l'Evêque que Corentin Tromelin ne vivait plus en juillet 1682 [Note : Maison appartenant aux héritiers de Corentin-René de Tromelin, écuyer, Sr de Lancelin. Un de ces héritiers était Claude-René Tromelin, Sr de Lancelin, qui fut inhumé le 10 septembre 1687 (Saint-Julien). Il laissa un fils, Charles de Tromelin, Sr de Lancelin, écuyer, qui mourut vers 1747, et les biens de sa succession furent adjugés à bail cette année. Arch. départ. B. 73].

III.

René de Tromelin et sa femme avaient habité le manoir du Parc ; après eux, le manoir n'a plus eu l'honneur d'être la demeure de ses propriétaires et, comme beaucoup d'autres maisons même plus importantes de ce pays, par exemple Pratanraz et Pratanroux, il a été donné à ferme avec les champs qui l'environnent.

Claude de Tromelin avait épousé Charles de Lesguern, seigneur du Cleuzmeur et de Quiquellou.

Les époux habitaient ce dernier manoir, en la paroisse du même nom, au fond de l'évêché de Léon. Claude de Tromelin ayant pour toujours renoncé à son pays d'origine n'avait aucun intérêt à conserver une propriété si lointaine à cette époque.

Le 8 août 1661, noble homme Prigent Gouesnou, Sr de Kerguenès, et sa femme Levenèze Tanguy devinrent acquéreurs du manoir et du lieu noble du Parc.

C'est à eux que nous devons la plus ancienne description qui nous reste et que j'ai donnée plus haut. Cette description nous apprend que le manoir avec ses dépendances était tenu à simple ferme pour en payer par an la somme de 300 francs sans aucune cheffrente.

Mais le minu ne fait pas connaître tous les droits des seigneurs du Parc, puisqu'il omet les prééminences. Nous avons vu, en effet, !e seigneur des Salles abandonner au Parc sa tombe en l'église de Kerfeunteun [Note : Je ne parle pas de la tombe que les acquéreurs du Parc avaient dans la chapelle des Cordeliers. Il semble bien que c'était une concession personnelle comme sont aujourd'hui les concessions dans les cimetières. La preuve c'est que l'héritier de Prigent Gouesnou, Joseph Corentin, et sa femme, Ursule Papias, furent inhumés en cette tombe (8 janvier 1713 et 27 août 1710) quand ils n'étaient plus propriétaires du Parc].

Prigent Gouesnou était encore propriétaire du Parc en 1672.

Peu après, le Parc passa à son fils Pierre, mari de Thérèse Guesdon, Sieur et Dame de Keraval [Note : En 1627, Keraval appartenait à Marie Gouesuou, femme da Sébastien Le Gubaer. Cordeliers. Z. (12 février)], demeurant « sur le quai et rive de Quimper ». Pierre Gouesnou consent des baux en 1675, 1676 et 1684.

Il a pour héritier son fils Joseph-Corentin Gouesnou, seigneur de Kervern, mari de Ursule Papias, demeurant rue Keréon [Note : Demeurant à Quimper-Corentin, ville close. T. des Cord., 31 juillet 1679, fond. Y. 7]. En 1689, celui-ci donne le manoir à ferme, en se réservant cependant une chambre et un cabinet.

Le 30 janvier 1696, Le Parc change de mains. Il est acquis par Pierre Després et Antoinette Lecoq, sa femme, les mêmes que nous avons vu acquérir la terre des Salles en 1708.

Voilà donc ces deux terres voisines réunies dans les mêmes mains pour la première fois depuis au moins deux cents ans ; mais elles seront bientôt de nouveau séparées.

Anne-Jacquette Després, fille des acquéreurs, épouse Charles Cossoul, dont nous avons parlé à propos du manoir des Salles. Celui-ci arrondit la terre du Parc, en y adjoignant diverses parcelles, notamment (en 1737) le pré de l'Ile, qu'il acquit de Gouy, boucher rue de Mezcloaguen. Il continue la ferme du manoir, mais en se réservant les jardins.

Anne Després mourut le 22 août 1740. A cette époque, son mari survivant fournit un minu que nous pouvons rapprocher de ceux fournis en 1664 et 1669 par Prigent Gouesnou. La description est à peu près la même ; mais le prix de ferme, qui était de 300 francs en 1664, est de 400 francs en 1740 [Note : Pour être tout à fait exact, il faut rappeler que Charles Cossoul avait un peu augmenté la contenance de la terre ; en sorte que, dans cette période de 76 ans, l'augmentation de revenu n'a pas été de cent francs. Ce minu est la seule pièce qui nous donne idée du revenu du Parc il y a 140 ans].

La mort de Anne Després sépara encore une fois le Parc des Salles. Dans le partage fait entre ses enfants, le Parc advint à Marie-Anne, femme de écuyer Louis Gouesnou, Sr de Kerdour, de Kervastard, de Kerlagatu, demeurant à la Terre-au-Duc, pendant que les Salles appartenaient à la dame Duval de la Poterie. Le 11 septembre 1750, M. Gouesnou donnait le Parc à ferme, mais en réservant le jardin et le petit jardin donnant sur la rivière, entre la cour, le pont Saint-Yves et le chemin qui conduit au pont, plus une chambre dans la maison et il imposait au fermier de suivre le moulin de Pontigou.

M. Gouesnou avait ajouté à la terre du Parc une petite prairie nommée du joli nom de l'Ile-Verte, au bout du pont Saint-Yves. Après lui et par acte du 12 octobre 1767, sa fille Madeleine-Renée, dame de Kerlagatu et du Parc, demeurant au monastère des religieuses bénédictines de Locmaria, acquit, à titre de cens perpétuel, le verger dit du Parc et une petite parcelle voisine avec maison.

Peu après elle épousait écuyer Pierre Le Bouteiller, ancien officier d'infanterie ; et leurs descendants directs possèdent encore le manoir du Parc vers 1888.

Nous pouvons maintenant prendre le chemin de Saint-Yves, que nous avons déjà suivi ensemble en revenant de Pratanroux et Pratanros et qui nous ramènera en ville.

Nous venons de visiter quatre manoirs anciennement nobles Pratanroux et Pratanros avaient la même origine. Avant 1789, de ces six terres nobles, cinq étaient en mains très dignes de les posséder, mais roturières, enrichies par le travail, le commerce et l'industrie. Une terre noble bien plus importante, ayant haute justice, le Plessix-Ergué (paroisse d'Ergué-Armel), était de même possédée par un roturier ; Pratanraz et Coatfao réunis allaient avoir le même sort, lorsque le Roi accorda la noblesse à leur acquéreur, M. de Madec, qui l'avait si bien méritée. Vous le voyez, sur huit terres nobles prises au hasard dans le rayon d'une lieue autour de Quimper, en voila six (sans compter Pratanraz) possédées par des non nobles.

Ce mouvement n'était pas particulier à la Cornouaille; et il ne faut pas croire qu'il eût commencé au XVIIIème sièc!e. Cent quarante-huit ans avant 1789, le 29 novembre 1641, Louis XIII déchargeait du service du ban et de l'arrière-ban les fiefs nobles possédés par des roturiers et le motif principal de la déclaration c'est que « la plus grande partie des fiefs nobles sont aux mains des ecclésiastiques, communautés et roturiers ». Vingt-huit ans plus tard, l'Ordonnance des Eaux et Forêts d'août 1669 porte au Titre des Chasses : « Défense est faite à tous roturiers non possédant fiefs, seigneuries et hautes justices, etc. ». Il y avait donc en 1669 des roturiers seigneurs hauts justiciers et assez nombreux pour que la loi, qui ne statue pas sur les faits exceptionnels, eût réglé leur situation.

(Société Archéologique, 1888).

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