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HISTOIRE DE L'EGLISE NOTRE-DAME DU RONCIER A JOSSELIN

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Cette église Notre-Dame du Roncier, célèbre dans toute la région de Josselin par son grand pardon du 8 septembre, appelé le pardon des aboyeuses, parce que, depuis 1728, date de la guérison de trois enfants atteints de cette épilepsie spéciale, il a fait jusqu'à nos jours accourir de loin ce genre de malades, fut, comme le château, fondée par Guéthenoc, au commencement du XIème siècle. Les premiers documents la désignent toujours sous le nom de Notre-Dame du Château, Beata Maria de castello, et Olivier de Clisson, dans son testament, daté de 1407, dira encore simplement « Notre-Dame de Jocelyn ». Le vocable du Roncier est donc relativement moderne. La pieuse tradition qui lui a donné naissance n'a pas de date certaine, mais elle est bien dans l'esprit du XVème siècle. Notre-Dame dépendait de l'évéché d'Aleth (Saint-Malo), dont la rivière d'Oût, formait la limite de ce côté, et fut donnée en partie par le comte Josthon de Porhoët, en 1108, aux mornes bénédictins de Marmoutiers, établis au prieuré de Saint-Martin de Josselin, qui venait d'être fondé. En 1168, Henri II Plantagenêt s'empara de Josselin, détruisit le château, brûla et rasa la ville. C'est donc à l'édifice reconstruit après ces événements, c'est-à-dire dans le dernier quart du XIIème siècle au plus tôt, qu'il faut attribuer les restes d'architecture romane que l'on remarque dans le chœur, à l'intérieur et à l'extérieur. Cet édifice fut continué au XIIIème siècle.

Olivier de Clisson, en 1370, se fait construire une chapelle particulière à droite du chœur et, vers la fin de sa vie, à l'aurore du XVème siècle, entreprend probablement la transformation de l'église, dans laquelle il voulut être enterré, avec sa seconde femme, Marguerite de Rohan, « en une belle tombe et honneste ».

Les travaux de la nef et des bas-côtés furent poursuivis, à plusieurs reprises, pendant tout le XVème siècle.

Au XVIème siècle, pour loger le trésor, on éleva, dans le bas-côté nord, une lourde tour dont la partie haute s'écroula en 1705 et fut reconstruite de 1731 à 1734.

De nos jours, l'église a été restaurée et très remaniée dans beaucoup de ses parties, dont plusieurs ont été refaites.

Elle se compose d'une nef et de deux bas-côtés, recouverts d'une charpente lambrissée, d'un transept, dont les croisillons ne forment pas saillie sur les bas-côtés et dont la croisée est voûtée d'ogives, d'un chœur à chevet plat, également voûté d'ogives, ajouré d'une grande baie en arc brisé, et flanqué, à droite et à gauche, d'une chapelle, celle de droite n'allant pas jusqu'au fond.

Le chevet, fortement désaxé, s'infléchit à gauche.

On y distingue de nombreuses campagnes. De celle de la fin du XIIème siècle, il reste quelques témoins, qui sont, d'abord, une fenêtre en plein cintre, haute et assez étroite, noyée dans la maçonnerie du mur méridional du chœur et que l'on voit de l'extérieur, au-dessus de la sacristie ; puis, à côté, dans la partie supérieure du mur est de la chapelle Sainte-Marguerite, un arc en pierre de taille décrivant un quart de cercle et qui semble un arc-doubleau d'une voûte en demi-berceau ; enfin, à l'intérieur, trois piliers, retouchés en partie, qui soutiennent la retombée de deux arcades brisées, à double archivolte, faisant communiquer le chœur avec l'ancienne chapelle Sainte-Catherine, aujourd'hui de Notre-Dame du Roncier. Ces piliers sont cantonnés de colonnes trapues et sont surmontés de chapiteaux bizarres dont la corbeille, très base, carrée, aux angles non abattus faisant une forte saillie au-dessus de l'astragale, forme une sorte de frise continue, décorée de volutes opposées deux à deux, d'animaux, de feuillages et de personnages traités en fort relief. Cette frise court tout le long du pilier sous un tailloir de même hauteur, à profil compliqué. Malgré la grossièreté des sculptures, on peut attribuer ces piliers qu'à une époque très avancée du XIIème siècle.

Ils durent précéder de peu la campagne du XIIIème siècle, où l’on voûta le chœur et le carré du transept, dont, les quatre piles carrées sont cantonnées de colonnes engagées. Les chapiteaux, beaucoup plus légers que ceux dont nous venons de parler, reçoivent la retombée des arcs-doubleaux qui supportent la croisée. Ces arcs sont robustes et à peine brisés. Les ogives, à profil torique, s'appuient sur de petites colonnettes engagées dans les angles, à mi-hauteur de la retombée des arcs, et portées elles-mêmes par d'autres fines colonnettes qui adoucissent l’angle intérieur des quatre grosses piles. Les ogives du chœur sont de même reçues par de courtes colonnettes engagées dans le mur et supportées en encorbellement par des culs-de-lampe représentant des têtes d'hommes.

A l'époque romane, l'église, autant qu'on peut en juger, devait comprendre une nef non voûtée, épaulée par deux bas-côtés voûtés en demi-berceau, un transept précédant un chevet flanqué de profondes absidioles qui s'ouvraient sur les croisillons et communiquaient avec le chœur par deux arcades. Ce type de plan se répandit de tous côtés, à l'époque romane, sous l'influence bénédictine. Au XIIème siècle, la croisée du transept et le chœur reçurent des voûtes angevines, selon la mode qui se répandit alosrs dans l'Ouest, notamment, mais non exclusivement, comme on l'a prétendu, dans les domaines des Plantagenêts.

Olivier de Clisson transrorma l'absidiole méridionale en chapelle privée à son usage. Elle fut dédiée à sainte Marguerite, dont sa seconde femme, Marguerite de Rohan, portait le nom. Les arcades du chœur durent être bouchées de ce côté par un mur plein, dans lequel on ménagea, pour le connétable et sa femme, une sorte de loggia. La baie en anse de panier qui s'ouvre sur le sanctuaire encadre deux arcs retombant sur un trumeau flanqué d'une colonnette. Son élégant remplage se compose de quatre lobes et de marguerites combinés, surmontés, d'un côté de l'M, de l'autre de la fleur de lys.

Vers la même époque, on entreprit la reconstruction de la nef, dont les deux premières travées, à partir du carré du transept, indiquent, par le profil de leurs piles à colonnes et colonnettes tangentes entourant un noyau cruciforme et par la faible hauteur de leurs chapiteaux prismatiques [Note : A l'exception de la première pile de droite, dont le chapiteau est décoré d'une frise de feuillages], la fin du XIVème siècle. Cette reprise dans la construction s'observe avec la dernière évidence aux deux piles qui soutiennent la croisée du transept, notamment à celle de gauche, où est fixée la chaire.

Les autres travées de la nef, ainsi que les bas-côtés, dénotent encore plusieurs campagnes, dont l'analyse détaillée nous entraînerait trop loin. On y lit, pour ainsi dire, travée par travée, l'évolution de l'architecture gothique jusqu'à l'aurore du XVIème siècle. L'achèvement eut lieu vers 1470, du moins pour le vaisseau central et le bas-côté sud. Deux inscriptions, gravées sur les contreforts de droite et de gauche du pignon central de la façade, portent, celle de droite : Cette chapelle fut commancé le Vème jor d’octobre l’an M CCCC LXI ; celle de gauche : Ce pignon fust commancée le XXIXème jour, de may l’an M CCCC LXX. La chapelle Sainte-Catherine, à gauche du chœur, presque entièrement refaite il y a quelques années, était légèrement postérieure. Un contrefort extérieur porte, en effet, cette inscription : Cest pignon fust faict en l’an M CCCC IIIIxx XI.

Quelque temps après, la grosse tour carrée fut encastrée dans ce bas-côté. Tous les auteurs qui ont étudié Notre-Dame du Roncier ont vu dans la partie basse de cette tour la partie la plus ancienne de l'église, remontant, à l'époque romane : Au contraire, c'est la partie la plus récente, comme on le voit à l'extérieur. La tour est encastrée entre deux contreforts du XVème siècle, dont elle masque les moulures. D'ailleurs, malgré son aspect, archaïque, dû au caractère fruste de sa construction, elle porte l'empreinte du debut du XVIème siècle par son encorbellement à chou frisé, sa petite niche en accolade, sa porte, en anse de panier. On fait état de la chambre du rez-de-chaussée, voûtée de quatre branches d'ogives retombant sur des chapiteaux à entrelacs ; mais ces ogives, au lieu d'être constituées par des boudins, sont des nervures carrées, aux angles abattus en biseau ; les tailloirs et les bases des colonnettes d'angle sont prismatiques et, si les corbeilles des petits chapiteaux sont décorées d'entrelacs, cela tient, ou à un remploi de chapiteaux romans, ou plutôt à la persistance en Bretagne des ornements dérivés des cordages, qui, très fréquents aux XIème siècle et XIIème siècles, reparaissent au XVIème siècle.

L'extérieur de l'église donne l'impression, de tous côtés, d'une suite de pignons aigus à rampants ornés de crochets frisés, flanqués de contreforts à pinacles, qui les séparent, et percés de grandes fenêtres à meneaux flamboyants.

C'est l'aspect que présente aussi la façade, composée de deux grands pignons, l'un au milieu, l'autre à gauche ; à droite seulement, le mur de face du bas-côté sud est amorti par un simple rampant.

Le grand portail, qui fait songer à celui du Folgoët, ést composé d'une arcade à triple voussure en accolade, abritant deux baies géminées, à accolade également : au trumeau s'adosse, sous un dais flamboyant, une charmante Vierge du XVème siècle. Au-dessus du portail, une grande baie à meneaux flamboyants occupe presque toute la partie supérieure du pignon.

Dans le pignon du chevet, qui semble bien être une refaçon, dans le goût du XVème siècle, d'un mur antérieur, probablement roman, s'ouvre une baie semblable, mais ses meneaux sont modernes. Une porte, en anse de panier, s'ouvre sur le bas-côté sud. Des gargouilles, figurant des moines, des diables, des monstres, dont certains avalent des hommes, allongent leur grand col entre les pignons des bas-côtés.

 

Mobilier. — Dans la chapelle Saint-Marguerite se trouve le tombeau d'Olivier de Clisson et de Marguerite de Rohan, placé d'abord dans le chœur, puis dans la chapelle Sainte-Catherine, et transféré récemment où il se trouve. Il est composé d'un mausolée de marbre noir, dont, les côtés étaient ornés de quatorze statuettes de moines pleureurs, placées dans des niches à arcs trilobés, surmontées d'accolades à choux frisés. La plupart des statuettes ont disparu, brisées à la Révolution. Sur la table sont étendues les mains jointes, la tête abritée par des dais flamboyants, les statues de marbre blanc du connétable, dont les pieds reposent sur un lion, et de sa femme, qui oppuie les siens sur une levrette entourée de ses petits. Ces statues, très mutilées à la Révolution, ont été restaurées au milieu du XIXème siècle. La tête, les mains et les jambes d'Olivier de Clisson, notamment, sont restituées. Tout autour de la dalle court une inscription en lettres gothiques rappelant les titres et la date du trépas du connétable.

Dans la même chaplle, on voyait, jusqu'à ces dernières années, des restes de peinture à fresque, que l'on peut attribuer au temps d'Olivier de Clisson, car une frise, chargée d'M couronnés, reproduisait, sur des phylactères, la célèbre devise du connétable : Pour ce qu'il me plest. Leur disparition est d'autant plus regrettable que M. de Bréhier, auquel nous en devons un relevé à l'aquarelle et une bonne description, y trouvait, parmi des scènes de la vie de sainte Marguerite et autres sujets pieux, la représentation probable de châteaux appartenant à Clisson et particulièrement d'une forteresse désignée par les lettres Gosc et qui semblait figurer Josselin tel que l’avait conçu ce grand constructeur.

Dans la chapelle qui fait face à celle-ci, de l'autre côté du chœur, se voyait une autre fresque reproduisant une danse macabre. Son état de délabrement complet l'a malheureusement fait supprimer, comme la précédente, lors des modernes restaurations.

Dans l’angle sud-est de cette chapelle et dans le même angle du chœur, on voit d'élégantes piscines de pierre, de la fin du XVème siècle, avec dais à double accolade, colonnettes à moulures piriformes, chapiteaux à choux frisés et anges adorateurs. L'angle nord-est du chœur est gami d'un tabernacle du XVIème siècle à double étage, crédence dont les colonnettes d'angle supportent un entablement orné de têtes de chérubins.

Il convient de signaler aussi la belle chaire à prêcher en fer forgé et battu, œuvre d'un ouvrier de Josselin, nommé Roussin, qui vivait au XVIIIème siècle et auquel on doit la chaire et la grille de chœur de Carnac ainsi que l'ancienne grille de chœur de la cathédrale de Vannes, aujourd'hui à l'une des portes du parc de la Préfecture ; enfin, quelques restes de vitraux du XVIème siècle, conservés dans les verrières restaurées du bas-côté sud et qui représentent saint André, saint Avertin, saint Francois, etc, se détachant sur des fonds d'architecture très compliquée.

L'écusson de Jean L'Épervier, évêque de Saint-Malo, s'y trouve, comme, au vitrail dit de saint Armel, à Ploërmel. Cayot-Délandre fait observer que la décoration des vitraux de Josselin ressemble beaucoup à celle des vitraux de l'église de Beignon, dans la même région.

(Par M. Roger GRAND).

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