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JEANNE D'ARC ET GILLES DE RETZ

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Gilles de Retz a laissé dans l’histoire de Bretagne un souvenir sinistre, mais à l’heure où parut la Pucelle, il était un gentilhomme jeune et plein d’ardeur, artiste, généreux jusqu’à la prodigalité, brillant entre tous par la beauté du geste. Rien n’annonçait alors les honteuses défaillances auxquelles l’amenèrent un jour ses difficultés d’argent. Le 4 mai 1429, il conduisit à Orléans un fort convoi de vivres et de munitions. C’était un mercredi. Dès l’aube matinale, c’est-à-dire vers quatre ou cinq heures en cette saison, Jeanne d'Arc sortit des remparts avec 500 combattants et ses meilleurs capitaines français pour aller au-devant de l’armée de secours qui arrivait de Blois. Elle la rencontra vers 6 heures, à une lieue de la ville, et organisa une manoeuvre qui était à la fois une marche militaire, un défilé et une procession. Les prêtres chantaient des cantiques ; au milieu d’eux, Jean Pâquerel portait la bannière de Jésus crucifié ; elle-même les précédait, son étendard à la main ; les soldats avançaient en bon ordre et ils passèrent ainsi devant les bastilles anglaises et devant les retranchements, sans livrer la moindre escarmouche.

Aussitôt parvenue dans Orléans, cette troupe prit de la nourriture et du repos ; Jeanne d'Arc, qui avait chevauché longuement pour pourvoir à cette entrée glorieuse et en régler le détail, détacha son armure et s’étendit toute habillée sur son lit.

Gilles de Retz, mêlé aux autres capitaines, rêvait avec eux un beau fait d’armes dont la gloire leur appartiendrait en propre. Tandis que Jeanne d'Arc dormait, ils sortirent à la tête de 1500 hommes et attaquèrent la bastille de Saint-Loup avec impétuosité, mais y rencontrèrent une résistance opiniâtre qui brisa leur élan. Il y avait près d’une heure qu’ils bataillaient, en perdant beaucoup de monde, quand Jeanne d'Arc se réveilla.

—   Le sang de nos gens coule, cria-t-elle à d'Aulon, son écuyer : mes armes, mon cheval !  

Entendant sa voix, son aumônier, Jean Pâquerel, monta dans sa chambre avec les gens qui se trouvaient en bas.

—   Où sont ceux qui me doivent armer ? leur dit-elle ; le sang de nos gens coule par terre ! Au nom de Dieu, c’est mal fait ; pourquoi ne m’a-t-on pas éveillée plus tôt ? Nos soldats ont beaucoup à besogner devant une bastille. Mes armes ! Apportez-moi mes armes ; amenez-moi mon cheval !

Elle descendit l’escalier et, apercevant son page, Louis de Coutes : — Ah ! sanglant garçon, vous ne me disiez pas que le sang de France fût répandu.

Pendant que d'Aulon achevait de l’armer, on alla chercher son cheval ; elle se mit en selle et s’aperçut que son étendard était resté dans sa chambre. D’un bond le page monta et, par la fenêtre, le lui mit entre les mains. Alors elle éperonna son cheval et partit au galop, à travers les rues silencieuses, dans la direction de la porte de Bourgogne.

Là, elle se heurta aux premiers fuyards de l’armée de sortie qui rentraient précipitamment en ville et y ramenaient des blessés.

—   Jamais, dit-elle, je n’ai vu couler le sang français sans sentir mes cheveux se dresser sur ma tête.

Jeanne d'Arc, suivie de quelques chevaliers, marche droit aux remparts de la bastille Saint-Loup où les assaillants l’accueillent avec des cris de joie. Gilles de Retz est là avec ses Bretons. Sûre de la victoire, elle défend de piller l’église qui se trouvait au centre des retranchements ennemis et avait donné son nom à leurs redoutes . Ne lui semble-t-il pas qu’elle est déjà maîtresse de la place ? Pourtant la lutte dure encore trois heures, mais les Anglais sont vaincus.

En cette affaire Gilles de Retz, par sa vaillance, conquit le titre de maréchal de France, et, quatre jours après, il entrait avec Jeanne d'Arc dans la ville d'Orléans délivrée de ses assiégeants. Les jours suivants, il combattit encore à ses côtés à Beaugency, à Patay surtout. Avec elle, il accompagna le roi dans sa marche sur Reims et il y entra le 16 juillet. Le sacre fut fixé au lendemain qui était un dimanche. De grand matin, Gilles de Retz s’en alla avec le maréchal de Boussac, l’amiral de Culans et le sire de Graville, à cheval, armé de toutes pièces, bannière en mains, jusqu’à l’abbaye de Saint-Remy et pénétra, sans descendre de sa monture, jusqu’au choeur. L’abbé de Saint-Remy l’attendait, lui et ses compagnons, pour se mettre en marche vers la cathédrale. Il était revêtu d’une chape d’or et s’avançait sous un dais magnifique, tenant la sainte Ampoule, mystérieuse relique qu’il remit à l’archevêque Regnault, de Chartres.

La cérémonie commença à neuf heures du matin pour se terminer à deux heures. Gilles de Retz y remplit auprès de Charles VII les fonctions de pair de France, bien qu’il n’en eût pas le titre et fût un simple officier de la couronne.

A la fin de la cérémonie, Gilles de Retz escorta dans le même apparat l’abbé de Saint-Remy qui emportait sa précieuse relique. Journée glorieuse pour le chevalier breton, comme pour l’armée de Charles VII ! Le but premier de la mission de Jeanne d'Arc est rempli : la légitimité de Charles VII sanctionnée par le sacre ne sera plus discutée par les vrais français.

Gilles de Retz resta longtemps fidèle à tous ces souvenirs de sa jeunesse généreuse. Après la mort de Jeanne, il organisa dans Orléans même un mystère en 25.000 vers représentant les principales scènes du siège de 1429. Des centaines de personnages y paraissaient sur la scène en grand costume. Cette fête coûta près de 100.000 écus.

Malgré la grandeur du drame évoqué, cette représentation fut une folie de ce prodigue qui, avec un sens artistique plus affiné qu’équilibré, dépensa sans compter pour ses demeures seigneuriales. Accablé de dettes, il vendit successivement ses domaines, et pressé par ses créanciers, demanda à l’alchimie, à la sorcellerie, aux songes creux de sinistres exploiteurs, le secret de la pierre philosophale. Entraîné à des crimes honteux par ses diaboliques conseillers, coupable assurément, mais plus fou encore, il fut jugé par des tribunaux qui rendaient alors la justice, sans tenir compte du rang des coupables, et fut brûlé à Nantes le 27 octobre 1440.

Grande leçon ! Jeanne d'Arc sauva le royaume de France beaucoup plus par sa vertu que par sa vaillance, et Gilles de Retz l’oublia trop vite. Les nations meurent de l’égoïsme qui substitue le souci du bien particulier à celui du bien public.

Il y a quelques années, Sir Edward Clarke, président du Reading Club de Londres, traducteur de l’ouvrage d'Andrew Lang : The Maid of France, La Vierge de France, après avoir signalé le mouvement Johannique qui entraîne l'Angleterre vers la noble figure de notre héroïne, disait ces paroles significatives qui commentent notre pensée : « Votre nation a été privilégiée entre toutes les autres par Dieu. Que la cérémonie du 18 avril soit un présage heureux pour la France. Le peuple que l’on dit être le plus libre de la terre, formule ce souhait en faveur du peuple qui a traversé des crises si douloureuses ces derniers temps. Puisse la France reconnaître que ce n’est pas par l’égoïsme que l’on peut remédier aux maux sociaux, mais en imitant ceux qui, comme Jeanne d'Arc, se sont dévoués jusqu’à la mort pour le bien public, la justice idéale, la paix de Dieu ».

(Du Bois de la Villerabel).

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