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JEANNE D'ARC ET LE DUC D'ALENCON

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Parmi les lieutenants bretons de Jeanne d'Arc, nous rangerons le duc d’Alençon. Notre prétention paraîtra étrange au premier abord, car Jean Ier, comte, puis duc d'Alençon, son père, était petit-fils d’un frère du roi Philippe de Valois, et par conséquent cousin issu de germain du roi Charles V ; mais nous constaterons tout d’abord qu’il possédait en Bretagne la baronnie de Fougères, ce qui nous serait un argument insuffisant pour revendiquer son fils ; nous noterons ensuite qu’il épousa Marie de Bretagne, fille du duc Jean IV et soeur de Jean V, ce qui est une raison décisive ; enfin nous conclurons en disant que ce fils né d’une mère bretonne fut confié à sa tutelle, dès l’âge de 6 ans, par suite de la mort de son père, tué à Azincourt, et nous appartient encore par son éducation.

Le duc de Bretagne donna pour dot à sa fille, mère de notre lieutenant de Jeanne d'Arc, la ville et la Baronnie de la Guerche et une somme de 100.000 livres dont la moitié fut payée de suite. Jean II, le jeune duc d'Alençon, fit ses premières armés à l’âge de 15 ans, en 1424, en combattant à la bataille de Verneuil contre les Anglais. Fait prisonnier, il connut de bonne heure les lourdes charges de la guerre et dut verser une si grosse rançon que, pour la payer, il fut obligé de vendre sa belle baronnie de Fougères que lui acheta Jean V, heureux d’accroître son domaine ducal de cette belle seigneurie. Par un sentiment très étrange, le jeune duc en voulut à son oncle de ce service rendu, pleura sa belle baronnie, et manifesta plus tard sa rancune, en cherchant chicane au duc pour un reliquat de dot resté en souffrance.

C’est au retour de sa captivité que le duc d'Alençon connut Jeanne d'Arc. Le 8 mars 1429 celle-ci avait eu son entrevue décisive avec Charles VII ; le 9, elle revit le roi, et tandis qu’elle causait avec lui, on annonça un visiteur. Lorsqu’elle le vit s’avancer majestueusement, elle demanda aussitôt son nom, tant sa dignité, sa grâce et sa force l’avaient frappée.

— C'est mon cousin le duc d'Alençon, répondit le roi.

— Soyez donc le très bien venu, dit-elle, s'adressant au duc, plus il y en aura ensemble du sang royal et mieux cela sera.

La sympathie fut réciproque à la première rencontre. Jeanne d'Arc comprit aussitôt qu'elle trouverait dans le jeune prince un précieux appui. Sur le désir du roi, elle chevaucha devant lui, et mania la lance comme un chevalier expert en l'art des tournois.

— C'est vraiment parfait, Jeanne, lui dit le duc d'Alençon, je vous offre votre premier cheval de guerre.

Il fit mieux que de lui offrir un cadeau, il devint son compagnon d'armes. Le Conseil du roi n'ayant pas approuvé le départ immédiat pour Reims, l'armée dut auparavant déloger les Anglais de quelques-unes des villes de la Loire ; et comme Charles VII ne pouvait donner à Jeanne d'Arc le titre de général en chef et le commandement suprême, il désigna le duc d'Alençon, son parent, gendre du duc d'Orléans, influent par son rang de prince de sang, par son mariage et par sa valeur personnelle. L'histoire de Bretagne nous apprend qu'il dut toute la gloire de cette campagne à la Pucelle, car il n'était pas homme de premier rang, mais il brillait au second. Pour corriger la promptitude hâtive de ses jugements, un conseil ne lui était pas inutile, et lui manqua lors de ses démêlés avec son oncle le duc Jean V ; mais au moment où nous le prenons, pressé,  poussé par Jeanne d'Arc,  guidé par elle, il se montra un héros et un chef au vrai sens du mot.

Pourquoi, m'objecterez-vous, tarda-t-il tant à prendre place dans l'armée, puisque sa sympathie pour la Pucelle et sa confiance en elle datent de la première rencontre ?

C'est que, prisonnier de guerre sur parole, il s'était engagé à ne combattre les Anglais qu'après avoir versé intégralement le prix de son énorme rançon. Il souffrit cruellement en son âme de chevalier, de rester inactif tandis que les soldats du roi se battaient sous Orléans, mais l'honneur retenait son bras.

Libre enfin, après avoir réglé sa dette, il reçut avec bonheur le commandement de l’armée que je serais tenté de nommer, en souvenir de 1870-1871, l’armée de la Loire, et accepta, sans aucun retour d’amour-propre, « de se guider en toutes choses et d’agir, suivant le Conseil de la Pucelle ».

Leur nouvelle rencontre eut lieu à l’abbaye de Saint-Florent. Le duc d'Alençon l’avait emmenée chez lui, en cette résidence où habitait son épouse, Jeanne d'Orléans, petite-fille de Charles VI, et sa mère Marie de Bretagne.

Ces deux femmes ne tardèrent pas à remarquer la piété, l’angélique pureté de la jeune fille, et s’attachèrent à elle par les liens d’une profonde affection. La duchesse d'Alençon lui parla avec tant d’émotion de ses craintes pour son mari qui sortait à peine d’une dure captivité, et qui était ruiné par sa dure rançon de 28.000 écus, que Jeanne d'Arc la rassura aussitôt.

—   Ne craignez point et le laissez venir, je vous rendrai votre mari sain et sauf.

Dès lors elle le garda pour ainsi dire sous son égide, le traita comme un frère, l’appelant ingénument « mon beau duc », le pressa de partir en guerre, en lui faisant cette douloureuse et trop certaine prophétie :

—   Je ne durerai qu’un an ; il faut mettre cette année à profit.

Ensemble ils quittèrent Loches et partirent pour Jargeau avec 8.000 hommes, les uns de troupes régulières, les autres encore mal disciplinés. Ceux-ci s’approchèrent si imprudemment des murailles, que Suffolk fit une sortie rapide autant que vigoureuse et sema la panique dans leurs rangs. Jeanne d'Arc rallia aussitôt les troupes régulières :

—   Ayez bon courage et bonne espérance. Cette riposte énergique valut la prise des faubourgs de Jargeau.

Tout à coup une panique s’empare de l’armée ; des bruits mensongers annoncent l’arrivée de Falstoff et d’une armée anglaise de secours ; partout c’est le sauve qui peut. Jeanne accourt avec le duc d'Alençon à qui elle a communiqué sa foi ; ils vont de l’une à l’autre, ramenant les compagnies en fuite sous les murs de Jargeau.

A un moment donné, elle saisit brusquement le duc d'Alençon :

—   Jetez-vous de côté, mon beau duc, et vite, sinon cette machine-là vous tuera.

Son doigt désignait sur les remparts un canon au-dessus duquel une main tenait la mèche enflammée.

Quelques secondes après un éclair brilla et un boulet enleva la tête du sire du Lude qui, sans se douter du péril, avait pris exactement la place du duc d'Alençon.

La nuit tombait : les troupes prirent comme elles purent position pour le sommeil.

—   Il faut bien croire que Dieu était avec nous, s’écria dans la suite le duc d'Alençon, car, cette nuit-là même, nos gens firent très mauvaise garde, et si les Anglais étaient sortis de la ville, l’armée eût couru grand danger.

Le matin, Jeanne d'Arc commande le bombardement et la préparation de l’assaut. Sur les murs il y a un hercule redoutable aux assiégeants. Avec une étonnante activité, il se multiplie, renverse ou brise les échelles, jette de sa main puissante d’énormes projectiles. Le duc d'Alençon s’adressant à un habile artilleur, Jean le Lorrain, lui désigne ce colosse qui tombe frappé à mort d’un coup de couleuvrine.

Suffolk négocie, mais les conditions lui paraissent dures, car, il faut partir sans armes ni bagages. Alors, c’est la lutte désespérée ; les trompettes sonnent, partout retentit le cri de guerre : à l’assaut !

—   En avant ! noble duc, en avant ! à l’assaut ! crie Jeanne au duc d'Alençon, et, comme il hésite, elle ajoute aussitôt :

—   Ah ! mon beau duc, as-tu peur ? Ne sais-tu pas que j’ai promis à ta femme de te ramener sain et sauf ?  

Pendant quatre heures, le duc d'Alençon se bat comme un lion ; Jeanne est blessée d’un trait, mais la ville est prise et Suffolk prisonnier.

Puis c’est Beaugency, Meung, la victoire décisive de Patay où le duc d'Alençon, toujours soutenu par la vaillante Pucelle, ne se ménage point, mais d’où il revient sain et sauf à l’abbaye de Saint-Florent, suivant la promesse prophétique faite à sa mère.

La récompense de tant d’exploits ne tarde guère. Les Anglais, effrayés, n’osent plus rien entreprendre et le roi part pour Reims.

Le duc d'Alençon marche avec lui. Dans la cathédrale du sacre, Jeanne est au premier rang, son étendard à la main, pour être le témoin de la ratification officielle et religieuse de la légitimité de Charles VII. Le duc d'Alençon se met à la tête des six pairs féodaux qui, avec les six pairs ecclésiastiques, entourent le trône au jour du sacre. A vrai dire, le duc d'Alençon est même le seul pair qui ne soit pas un représentant des pairs absents ; les autres sont des officiers de la couronne appelés à remplir une délégation.

Charles VII est d’abord revêtu des insignes royaux disposés sur l’autel, et, après qu’il a prêté les serments accoutumés, le duc d'Alençon l’arme chevalier, puis Regnault de Chartres, archevêque de Reims, lui fait les onctions avec l’huile de la sainte ampoule.

Les épreuves de Jeanne commencent. Il eût été de bonne guerre de profiter de l’enthousiasme du sacre pour se jeter sur les Anglais ; l’entourage du roi n’avait pas foi en Jeanne d'Arc ; le duc d'Alençon lui resta fidèle et nous éprouvons quelque fierté de penser que le sang breton du fils de Marie de Bretagne ne manquait pas à l’honneur de la race.

Le 15 août 1429, à Montépilloy, aux portes de Senlis, Jeanne entendit la messe de l'Assomption, avant d’engager la bataille. Elle reçut la sainte Communion et, à ses côtés, son beau duc reçut aussi le corps du Seigneur. L’armée du régent, commandée par Bedfort lui-même, se trouvait en face de l’armée française ; mais recula devant la bataille et se retira sur Paris.

C’était le moment, pour les Français, de prendre une décision brusque et de la suivre sous les murs de la capitale. Charles VII, ou plutôt ses conseillers timides, hésitèrent malheureusement.

Jeanne n’y tint plus. Aiguillonnée par ses voix, elle laissa le roi battre en retraite lamentablement, et, appelant le duc d'Alençon, elle lui dit :

—   Mon beau duc, faites préparer vos gens et ceux des capitaines qui vous obéissent. Par mon martin, je veux aller voir Paris de plus près que je ne l’ai vu.

Le 21 août, elle partit donc avec lui et un nombreux détachement de l’armée royale ; à Senlis, elle adjoignit à sa troupe une partie des hommes d’armes du comte de Vendôme ; le 25 août, elle entra dans Saint-Denis. Bedford, effrayé de cette marche rapide, se réfugia en Normandie et confia la défense de Paris à son chancelier Louis de Luxembourg.

Tandis que Jeanne d'Arc préparait le siège, le duc d'Alençon négociait avec les échevins, cherchant par des lettres scellées de son sceau à les amener à Charles VII, leur légitime roi ; mais ils avaient renouvelé à ce moment même leur serment de fidélité à Henri VI et ils ne répondirent point à ses avances.

Alors il se dirigea vers Senlis où se trouvait le roi, le 1er septembre 1429. Après une longue résistance, Charles VII se mit en route pour Saint-Denis, renonçant à la retraite que lui avait conseillée La Trémoille, et dîna le 7 septembre à Saint-Denis.

Jeanne n’avait point perdu son temps et avait tenu les Parisiens sous la menace de perpétuelles alertes ; le 8, elle résolut d’entraîner ses hommes au-delà des fossés.

Elle partit avec Gilles de Retz et un premier corps de troupes ; le duc d'Alençon commanda le second qui formait la réserve et devait empêcher tout mouvement tournant en surveillant les portes.

Jeanne d'Arc qu’accompagnait Gilles de Retz, se jeta impétueusement sur la porte Saint-Honoré, franchit la première barrière, renversa les obstacles et, traversant le boulevard qui couvrait la porte, elle descendit dans le fossé son étendard à la main, passa au delà, puis s’apprêtait à descendre dans le second, quand elle le vit plein d’eau par suite d’une crue de la Seine. Les chefs français, par jalousie, lui avaient caché ce détail. Ah ! qui dira le mal occasionné dans le monde par cet horrible vice que nous portons tous en germe au fond de nous-même et que nous reconnaissons si rarement, peste des foyers, ruine de la patrie, péril pour l'Eglise elle-même, puisqu’il empêche le bien, non par amour du mal, mais par crainte de l’auréole qu’il vaut à ses auteurs.

En vain Jeanne sonde le fossé pour trouver un gué avec le pied de son étendard, afin de continuer l’attaque, elle n’en rencontre pas. Tous les archers des remparts la visent ; une arbalète la blesse grièvement à la cuisse ; mais sa blessure si douloureuse ne l’empêche pas de continuer la lutte, alors même qu’elle ne tient plus debout ; elle ordonne de combler le fossé et promet à ses hommes la prise prochaine de la place.

A ce moment se produit la trahison de La Trémoille qui retire ses compagnies et celles des chefs qu’il influence. Jeanne va se trouver réduite à une troupe insuffisante.

—   J’entrerai aujourd’hui à Paris, dit-elle, ou je mourrai ici !

La nuit tombait.

Alors le duc d'Alençon arrive, la saisit à bras-le-corps et l’emporte malgré elle en-deçà des fossés, tandis qu’intrépide jusqu’au bout, elle murmure encore :

—   Si vous aviez continué l’attaque, la place eût été prise !

Paris, affolé, eût opéré une rapide volte-face, et le roi Charles VII y eût fait une entrée triomphale, car des bourgeois parlaient déjà de se rendre.

Les voix n’avaient pas trompé Jeanne, mais la trahison de La Trémoille avait empêché le triomphe définitif.

Croyez-vous qu’elle va se décourager ? Ah ! ce serait mal la connaître. Dès le lendemain matin, elle requiert le duc d'Alençon ; elle souffre horriblement, mais ne songe point à sa souffrance et le supplie qu’on sonne le boute-selle. La voilà de nouveau quittant Saint-Denis et partant pour Paris. Hélas un ordre du roi arrive ; il est formel ; elle a défense de continuer la lutte et se retire la mort dans l’âme.

Au cours de cette longue campagne de 1429, en compagnie du duc d'Alençon, le fils de Marie de Bretagne, se produit la miraculeuse transformation de Jeanne d'Arc en homme de guerre. Ses cheveux noirs, son teint bistré, son regard clair et ferme donnent à sa physionomie une énergie et une loyauté militaires, d’un bond elle saute en selle, sans se servir des étriers, et elle court à la lance comme un chevalier qui a gagné ses éperons par une longue période d’exercices, de tournois et de campagnes. Sur le champ de bataille, elle est aussi vive dans l’action que dans la décision. Elle n’hésite pas, marchant droit à l’ennemi. Sa tactique, sauf pour Reims, n’est pas de marcher vers un but géographique, mais de frapper un grand coup, là où l’adversaire unit ses forces, de le bousculer, de ne lui point laisser le temps de se reprendre, de le harceler jusqu’à ce que, découragé, il crie grâce. Elle prélude à notre stratégie moderne, parce qu’elle ne rencontre pas d’obstacles de la part du duc d'Alençon, jeune, enthousiaste, ardent, qui n’a point sa puissance de décision, et qui n’est qu’un admirable lieutenant, quoi qu’il soit officiellement le chef. La parole de Jeanne est pour lui l’ordre d’un général, et il conquiert assez de gloire dans cette obéissance, pour que nous oublions les taches de son histoire militaire.

Quelle leçon ! l’ennemi de la France catholique est connu ; nous l’appelons par son nom : c’est le franc-maçon, juif, protestant ou catholique renégat. Il ne s’agit pas de construire une cité future avec une conception politique absolue, pour la substituer à la sienne ; il faut courir sus, le déloger de l’esprit public, de la presse, du théâtre, du livre, du pouvoir de toutes les positions fortes d’où il tyrannise le pays. Il occupe la France, comme jadis l'Anglais, et nous avons déjà conclu qu’il le fallait déloger, en constituant dans notre Bretagne une réserve de forces pour la patrie. Nous arrivons maintenant à cette nouvelle conclusion que la seule stratégie est celle de Jeanne d'Arc, qu’en adoptant sa tactique nous frapperons fort et juste. Pas d’atermoiements, de demi-mesures, d’hésitations ; allons au point précis où bataille le franc-maçon, où il trompe le peuple. Chaque fois que nous aurons réformé l’esprit public, en dissipant les nuées de la révolution, du libéralisme tant de fois condamné par Pie IX, Léon XIII et Pie X ; chaque fois que nous aurons démoli les préjugés par lesquels on aveugle le peuple ; chaque fois que nous aurons enlevé les défiances derrière lesquelles la bourgeoisie même chrétienne se met en garde contre l’influence du clergé et de la divine hiérarchie, comme le porc épic dressant ses dards, nous aurons touché l’ennemi au point où il rassemble ses forces et nous l’aurons forcé à la retraite. Alors il ne nous restera qu’à faire la charge, comme à Patay, la lance au poing, pour que la retraite devienne une déroute, par l’intercession de Jeanne d'Arc, la Bienheureuse.

(Du Bois de la Villerabel).

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