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Hôpitaux (Hôtel-Dieu) de Saint-Jean

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Hôpitaux de Saint-Jean du comté et diocèse de Nantes.

Quand les croisés arrivèrent en Terre Sainte, sous la conduite de Godefroy de Bouillon, à la fin du Xème siècle, ils trouvèrent à Jérusalem un hôpital dédié à un saint nommé par les uns saint Jean l'Aumônier, par les autres, saint Jean-Baptiste (Histoire des ordres religieux du P. Helyot. III, 72). Les hospitaliers de Saint-Jean qui en étaient les fondateurs avaient autant de raisons de choisir l’un que l’autre : le premier, mort en 619, patriarche d'Alexandrie, s’était illustré en Orient par ses actes de charité, le second, en menant une vie d’anachorète, leur laissait l’exemple de toutes les austérités qui les attendaient dans leur carrière d’abnégation. Je ne prendrai parti pour aucun, quoique saint Jean-Baptiste ait été assurément honoré dans la commanderie de Nantes, car, saint Jean l'Aumônier étant peu connu en Occident, a pu très bien être supplanté dans la suite des âges, par l’immense renommée de son rival.

Ce qui est incontestable, c’est l’accueil empressé que reçurent les hospitaliers dans toutes les provinces de France, de la part des princes et des seigneurs. On sait par une charte du duc Conan, datée de 1160, que les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem possédaient au XIIème siècle, au moins trois résidences nommées aumôneries (eleemosinariœ) sur la rive droite de la Loire, et des vassaux dans toutes les paroisses du pays de Retz [Note : Elemosinarias … de Azarac in episcopatu Nannetensi et de Guenrann et domus de civitate Nannetensi cum appendiciis et unus homo in unaquaque parrochia apud Raes 1160. (Archives départementales, série H)]. De ces trois hôpitaux fondés à Nantes, à Guérande et à Assérac, dépendaient, selon toute vraisemblance, des aumôneries subalternes placées comme toutes les autres sur le parcours des grands chemins. Le texte trop laconique de l’acte n’indique pas si elles étaient nombreuses, mais les chapelles dédiées à saint Jean, dont l’existence s’est prolongée jusqu’en 1790, nous aideront à en recomposer la liste à peu près complète. Ce qu’on connaît des largesses de nos ducs envers les Templiers, nous autorise à croire que l’ordre si utile des hospitaliers n’a pas été moins largement doté. On peut, également penser que la réunion des domaines de l’ordre du Temple à ceux de l’ordre de Saint-Jean au XIVème siècle n’a pas tourné uniquement au profit des milices de la Terre Sainte et que de nouveaux établissements hospitaliers ont été créés à l’aide de cette augmentation de revenus [Note : Papier terrier de la réformation des domaines de 1680, vol. V de la sénéchaussée de Nantes et vol. I de la sénéchaussée de Guérande. (Archives départementales, série B)].

La chapelle de Saint-Jean d'Assérac, qui était à l’origine près de la commanderie de Faugaret, sur le chemin de Guérande au port de Tréhiguier, se trouvait, au XVIème siècle, au village du Trépas de Pont-d'Arm. L’aumônerie a-t-elle subi la même translation ? je ne le présume pas. A cette époque, les titulaires laissaient tomber les aumôneries rurales au lieu de les relever.

A Campbon, le fief des Hospitaliers comprenait les terres de la Croletais, des Poteries, de la Haute-Dagays, du Temple, du Verger, du Maumarché, des Clos-Cornets, du Jaunay, du Clos-Caillon, de Guynetz, lesquelles, toutes ensemble, devaient former dans le principe le temporel de l’aumônerie du bourg qui fut vendue le 18 mai 1791. L’hospitalité n’étant plus exercée au XVIIème siècle, l’ordre de Saint-Lazare fut autorisé à s’en emparer. D’après une note du 20 janvier 1679, des vignerons logés à l’hôpital de Campbon payaient 220 livres par an au procureur des chevaliers, pour la jouissance des bâtiments, des terres et dîmes qu’ils tenaient à ferme (Archives départementales, E 408. — Actes de vente et d’estimation. Série Q. — Archives nationales, S 4857). Le titulaire du bénéfice de l’aumônerie qui continuait d’acquitter les messes fondées dans la chapelle, possédait 19 sillons de terre au Grand-Pancaud et le pré des Trois-Cornières en 1789.

La paroisse de Château-Thébaud renfermait non-seulement des chapelles dédiées à saint Martin, à saint Vincent, à saint Gabriel, à saint Thomas, et une Templerie, mais encore une chapelle sous le vocable de Saint-Jean, dont la destruction paraît remonter assez haut. Le chapelain qui desservait le bénéfice à l’église paroissiale en 1647, déclare qu’il jouit d’un logis de quatre chambres, au lieu de Lardroye, d’un jardin, de deux cantons de terre et d’une autre chambre contenant environ 17 gaules (Archives départementales, E 1407).

La chapelle Saint-Jean de Fay était située au village de la Violais, c’est-à-dire sur le passage de la voie romaine de Nantes à Blain. Faut-il placer là l’hôpital de Fay mentionné sur les bordereaux des créanciers de la Nation en 1790, pour une rente de 164 livres constituée sur le clergé de France en 1776 ? Rien ne le prouve (Archives départementales, série X, Liasse des biens remplacés).

L’aumônerie qui accompagnait la chapelle Saint-Jean fondée dans la ville de Fougeray, a disparu depuis longtemps, car les documents du XVIIème siècle citent l'Hôtel-Dieu de Saint-Armel, comme le seul établissement de cette paroisse [Note : Aveu du marquis de Fougeray de 1680. Sénéchaussée de Nantes, vol. XI, 232. (Ibid.)].

Le bourg de Guémené-Penfao avait encore, en 1790, une chapelle de Saint-Jean que les habitants revendiquaient comme un édifice paroissial (Oppositions aux ventes. - Archives départementales, série Q).

Guérande n’a pas gardé beaucoup plus de renseignements sur les commencements de son Hôtel-Dieu, dont l’histoire certaine se rattache à l’asile que les Hospitaliers bâtirent dans l’enceinte de ses murs, rue de l'Hôpital, sous l’invocation de saint Jean. Quand les administrateurs sollicitèrent en 1752, du roi Louis XV, des lettres de confirmation, ils s’appuyèrent sur ce motif que leur maison existait avant la réunion de la Bretagne à la France et offrirent de montrer un acte de 1527. Cette date peut marquer l’époque où l’établissement négligé par les chevaliers de Saint-Jean tomba à la charge de la municipalité. La plupart des titres et des registres qui nous auraient éclairé sur l’état de l'Hôtel-Dieu pendant les deux derniers siècles ont presque tous disparu avec les archives municipales, lors de la prise de la ville en 1793. C’est à grand’peine et à force de recherches que j’ai rassemblé les éléments de cette notice.

La date de 1650 qu'Ogée nous donne dans son dictionnaire, comme le point de départ de l'Hôtel-Dieu de Guérande, lui a été fournie par une personne trompée par une réorganisation dont le mérite reviendrait à une jeune religieuse sortie du couvent du Bon-Pasteur de Rennes. Parmi les actes que j’ai sous la main, il en est un de 1638 qui nous montre la maison en pleine activité (Titres des hôpitaux. – Archives départementales, série H). C’est une donation de trois oeillets de marais consentie par le sénéchal de Guérande, Claude de Roussillon, à l’intention d’augmenter les distributions de pain qui se faisaient chaque vendredi de carême et le produit de la quête générale des administrateurs. La maison que ce donateur désigne dans l’acte, comme un hôpital et une aumônerie, n’était qu’un modeste asile dont les chambres étroites renfermaient au plus 7 ou 8 lits (Mémoire sur la réunion des hôpitaux de Guérande. - Archives départementales, série H). Les Augustines de la Miséricorde y soignèrent les malades plus de dix années jusqu’en 1693, époque où le roi ordonna de les congédier et de les disperser dans les autres communautés de la province. Les persécutions auxquelles étaient exposés tous les jansénistes suffisent à expliquer ce renvoi sans qu’on ait besoin de recourir à d’autres conjectures (Minutes de notaires. – Archives départementales, E 1491 et 1493). Rien ne prouve qu'Ogée n’accuse pas les filles appelées à remplacer les religieuses quand il avance que l’hôpital fut ruiné par la mauvaise administration de ses gouvernantes.

Un homme de bien, M. de la Bouëxière, sénéchal de Guérande, qui, pendant plus de 30 ans, 1720 à 1752, siégea au bureau des administrateurs, se chargea de réparer le mal. Suivant Ogée, il aurait consacré de sa propre fortune une somme de 120.000 livres au rétablissement de la maison. Si les chiffres sont un peu enflés, il est tout au moins certain que ses générosités permirent de porter le nombre des lits au chiffre de 16. « Il est vrai, dit un témoin, que l'Hôtel-Dieu doit beaucoup aux aumônes et secours continuels qu’il tire de la libéralité de M. de la Bouëxière qui l’a garni de tous ses meubles, linges et ustensiles qu’on peut souhaiter depuis 30 ans » (Mémoire sur la réunion des deux hôpitaux).

Quand l'Intendant de Bretagne demanda des informations sur la situation de l'Hôtel-Dieu vers 1728, il lui fut répondu qu’il avait été fondé pour recevoir les artisans malades et les pauvres passants fatigués, jusqu’à ce que les 16 lits fussent remplis et les revenus épuisés. Il y a un aumônier et deux filles ou soeurs dévotes, dit le correspondant, qui se sont données pendant toute leur vie pour soigner les malades. Il y a de plus un valet et une servante. La dépense des vivres et de l’entretien intérieur est évaluée à 15 ou 1.800 livres dans un état et dans un autre à 530 livres [Note : Archives municipales de Guérande. — Intendance de Bretagne (Archives d'Ille-et-Vilaine, C 1290)]. En balance, on oppose un revenu fixe de 1.000 à 1.100 livres provenant de maisons, de marais salants et de rentes foncières. On ne se faisait pas scrupule alors d’exagérer la détresse d’une maison hospitalière, quand on s’adressait au magistrat chargé de la répartition des secours du roi et des Etats. L’intérêt des pauvres excusait les subterfuges.

Dans les 25 années qui suivirent ce compte rendu, les donations arrivèrent si nombreuses que les revenus avaient doublé en 1752. Les lettres patentes de confirmation qui furent octroyées à cette époque accusent une situation excellente. Les salles contiennent 14 lits, 7 pour les hommes, 7 pour les femmes, nombre qui est ordinairement suffisant pour les malades de la ville et de la paroisse, mais qui est augmenté en faveur des soldats de la marine, quand il est nécessaire ; les revenus fonciers montent à 2.473 livres et les casuels à 330 livres, ce qui fait annuellement une somme de 2.803 livres, tandis que la dépense, année commune, ne dépasse pas 2.720 livres (Titres des hôpitaux. – Archives départementales, série H).

En 1756, le trésorier avait assez d’avance pour se dispenser de recourir à la vente des sels (Mémoire au contrôleur général de 1756. - Archives municipales). Ses recettes se décomposent ainsi :

Rentes foncières et constituées : 1.800 livres.

Fermes de prés et de maisons : 350 livres.

65 oeillets de marais salants : 500 livres.

Quêtes et aumônes : 250 livres.

Total : 2.900 livres.

Dans le total moyen de la dépense qui est de 2.200 livres, les charges ordinaires figurent pour les chiffres suivants :

Aumônier : 120 livres.

Chirurgien : 150 livres.

Médecin : 30 livres.

Pauvres honteux : 120 livres.

Acquit des fondations : 67 livres.

Lessives : 60 livres.

Gages des domestiques : 72 livres.

Rente viagère : 60 livres.

Le prix de la journée étant alors estimé pour chaque malade à 14 sous, on est forcé de conclure que les 14 lits n’étaient pas toujours occupés. Les soldats admis payaient une pension de 20 sous par jour.

A l’hôpital général de la même ville, les comptes ne se balançaient pas avec la même facilité, les ressources n’étaient pas toujours en rapport avec les besoins des pauvres renfermés et la détresse venait quelquefois jeter le trouble dans l’administration. Témoins de la sécurité et de l’aisance dont jouissaient leurs collègues de l'Hôtel-Dieu, les directeurs jetaient des regards d’envie de leur côté et se demandaient si la caisse des malades réunie à celle des renfermés ne leur fournirait pas l’appoint qu’ils avaient tant de peine à trouver. En 1756, ils osèrent parler de fusion et mirent en discussion leurs projets. Les mémoires qu’ils répandirent dans le public exposent ainsi leurs plans et leurs motifs. L’installation de l'Hôtel-Dieu, au milieu de la ville, est une cause d’insalubrité et un danger permanent pour la santé publique ; ses bâtiments conviendraient pour établir l’école qui se fait dans une chapelle ; c’est d’abord un double avantage à réaliser (Titres des hôpitaux. – Archives départementales, série, H). Puis, les malades seront beaucoup mieux dans les dépendances de l’hôpital général dont l’appropriation ne sera pas coûteuse et le personnel d’un seul établissement pourra suffire aux deux, lorsqu’ils seront dans la même enceinte ; on diminuera les frais d’administration intérieure et les revenus des pauvres seront augmentés d’autant [Note : Il y a un principal chargé et payé pour instruire la jeunesse gratuitement, dit le mémoire].

Malgré l’habileté des partisans de la réunion des deux maisons, ces raisons furent accueillies sans empressement, à Guérande, tandis que la défense des protecteurs de l'Hôtel-Dieu rencontra, au contraire, beaucoup d’applaudissements. Ceux-ci répondirent que la ville n’avait jamais ressenti, depuis trois siècles et plus, aucune incommodité de la proximité des malades soignés intra muros, que les salles non occupées par l’écolâtre ne seraient pas recherchées par les locataires et que la chapelle Saint-Jean, très grande, très belle et très fréquentée, ne pouvait être abandonnée. Les bâtiments de l’hôpital général sont d’ailleurs trop étroits pour la population ordinaire, ajoutait-on ; ils sont mal éclairés, et le corps de logis qu’on propose pour la translation n’est pas mieux établi. Ce sont d’anciennes écuries resserrées entre le pavé bruyant du faubourg Saint-Michel et une cour réservée aux loges des fous et des furieux. Le projet de réunion ne peut s’exécuter sans la construction de nouveaux bâtiments dont les frais absorberont bien vite l’excédant de ressources que l’hôpital général convoite ; les pauvres renfermés ne seront donc pas plus riches quand ils auront tiré les malades de leur ancienne résidence.

Il y a, au surplus, une autre considération à examiner, disait le mémoire de l'Hôtel-Dieu. En changeant la destination des revenus de chaque hôpital, on manquera de fidélité aux intentions des bienfaiteurs. « Il est de principe que, jusque dans les charités, il entre de la prédilection ; les uns, affectionnent plus les pauvres malades, les autres, les enfants, la charité des uns et des autres se ralentira par la crainte que les aumônes que l’on veut faire ne soient appliquées à l’usage pour lequel on les destine » (Titres des hôpitaux, mémoire de 1756. – Archives départementales, série H).

Le contrôleur général auquel on avait transmis les mémoires des deux administrations fut plus touché des objections exposées par les partisans de l'Hôtel-Dieu indépendant que par les prétendus avantages proposés par leurs contradicteurs, et refusa de prêter la main à une fusion. Les deux établissements de Guérande vécurent donc, dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, dans les mêmes conditions qu’auparavant, c’est-à-dire avec des revenus et une direction distincts, sans que le zèle se soit ralenti d’aucun côté.

Toujours favorisé par les âmes généreuses, l'Hôtel-Dieu ne cessa de recevoir de nombreuses donations qui, en 50 ans, triplèrent ses revenus. Sur le compte de la période comprise entre le mois de septembre 1773 et le mois de février 1779, les recettes s’élevèrent à 30.703 livres et les dépenses à 21.656 livres. Dix ans plus tard, quand la nation en détresse convoita le bien des pauvres et demanda un état de situation, l'Hôtel-Dieu de Guérande accusa 3.859 livres de revenus annuels, qui se décomposaient ainsi [Note : Extrait des délibérations de la Com. Admin. du 15 frimaire an V. (Archives départementales, série X)] :

Constituts : 2.670  livres.

Loyers de maisons : 150 livres.

Marais salants : 1.027 livres.

Droit d’échoppe sous la halle : 12 livres.

Les espérances qu’on fondait, en 1756, sur les dispositions charitables de M. de la Bouëxière et sur la riche succession qu’il devait laisser après lui, se sont-elles réalisées ? Je l’ignore. Devant, les largesses qu’il fit de son vivant, il est inadmissible qu’il ait oublié dans son testament la maison qu’il s’était appliqué à relever. Le don de 120.000 livres que lui attribue Ogée, résume sans doute toutes les charités de cet homme de bien envers l'Hôtel-Dieu de Guérande. Dans tous les cas, il est certain que le nom de M. de la Bouëxière doit figurer en tête des bienfaiteurs de cet établissement. Voici les autres noms que j’ai pu recueillir :

1624 André Ropert, rente de 24 sous.

1637 René Aynius de Regnac, apothicaire, 5 oeillets de marais salants.

1638 Claude de Roussillon, sénéchal, 3 oeillets de marais.

1639 Jean Margat, deux pièces de terre.

1640 Claude de la Bouëxière, 300 livres.

1642 Denis Birgan, emplacement de maison avec jardin de 5 sillons.

1644 Ph. Brenic, maison, jardin et pré.

1651 Guillemette de Saint-Martin, 32 livres.

1655 R. Noblet, deux oeillets de marais.

1661 Jean Richeux, 400 livres.

XVIIIème siècle, l’abbé Guilloré, rente de 160 livres. M. Le Pennec, 1.200 livres.

L’hôpital Saint-Jean de Nantes était, au carrefour qui porte toujours son nom, sur le terrain que traverse la nouvelle rue de Strasbourg ; son cimetière a été plus d’une fois mis à découvert pendant les terrassements exécutés dans ce quartier. Le vocable de Saint-Jean-des-Arreptins qui lui était appliqué, suivant l’historien Travers, indiquerait qu’il avait une destination exclusive, car on nommait Arétins ceux qui étaient atteints du mal caduc (Histoire de Nantes, t. II, 439). Il faut croire que les chevaliers de Saint-Jean avaient des soins particuliers pour ce genre de maladie, puisque ce mal affreux était aussi nommé mal de Saint-Jean, de même qu’on appelait mal de Saint-Georges le feu qu’on guérissait par l’intercession de saint Georges [Note : Près de l’abbaye de Saint-Georges de Rennes, il y avait un cimetière dit des martyrs, auquel « étaient ensepulturez ceulx qui decebdoient en faisant neuvaine devant l’autier de monseigneur Saint-Georges, on les doiz et membres qui durant celui temps leur chéoint par cas de maladie appelée le mal M. Saint–Georges ». Cartulaire de Saint-Georges, n° LVI].

Certains titres désignent cet hôpital sous le nom d’aumônerie de Saint-Jean et de Sainte-Catherine, pour rappeler que la maison des Templiers, élevée à l’embouchure de l'Erdre, avait été réunie à l’ordre de Saint-Jean. L’administration était conduite par un prieur, assisté de quelques frères, auxquels on reconnaissait voix délibérative dans toutes les affaires importantes.

Il passait avec raison pour le plus ancien établissement bâti dans l’intérieur de la ville de Nantes ; on ne le nommait pas au XIVème siècle, sans lui donner la qualification d’antique, tandis qu’à la même époque, l’hôpital des bourgeois, dédié à Notre-Dame-de-Pitié, prenait la dénomination de nouvelle aumônerie [Note : « Ad domum hospitalis antiqui Nannetensis 1333 » (Titres de l'Evêché. Procès du ban à étanche. Archives départrementales, série G I)].

Sur la question si intéressante de ses ressources et de l’administration intérieure, les archives sont muettes comme sur les causes de son déclin ; on douterait même de son existence au XVIème siècle, sans le témoignage d’une donation de maison sise à Nantes, consentie par les époux Jean Hux, à la date de 1544, où il est expressément nommé. La confrérie de Saint-Jean-Baptiste, qui tenait ses assemblées dans la chapelle, à l’exemple des autres confréries fondées près des hôpitaux, ne s’était établie sans doute près des Arétins, que pour exciter davantage ses membres à la pratique de la bienfaisance. Elle était ancienne, considérable et chargée de beaucoup de fondations pieuses, dit Travers (Histoire de Nantes, t. II, p. 439 et 280). Une déclaration de 1554 nous révèle qu’elle possédait trois maisons à Nantes et 4 livres de rente (Livre des bénéfices, f° 92. - Archives départementales, série B). Chaque associé devait une messe de requiem à son confrère défunt. La concurrence que lui fit la confrérie du Saint-Sacrement de Sainte-Croix, en admettant les laïques aux mêmes conditions, causa sa ruine. Elle s’éteignit en 1577. L’abbé Travers, qui nous a conservé ces détails historiques, en ajoute quelques autres sur le monument. Il a vu les armes de la duchesse Jeanne de France, épouse du duc Jean V, sur les vitraux de la chapelle et il en induit que cet édifice avait dû être rétabli aux frais de cette princesse, en conformité d’un voeu émis pendant la captivité de son mari (Histoire de Nantes, t. I, 523).

Quand l’ordre de Saint-Lazare fit la recherche de toutes les fondations charitables, sans emploi au XVIIème siècle, l’hôpital Saint-Jean de Nantes était, je ne sais comment, entre les mains d’une femme, la veuve Simonneau, qui est désignée comme administratrice. Le 21 avril 1674, elle fut condamnée par défaut à résigner son office, à rétablir les lieux en bon état, à rapporter le produit des 29 dernières années de la recette et à déposer les titres (Archives nationales, Z 7607).

La rue Saint-Jean de Nozay nous indique où était l’aumônerie de cette ville. La chapelle, entretenue par le prince de Condé, servait de lieu de réunion à une confrérie de Saint-Nicolas (Brevet de 1783. – Archives départementales, série G). En 1554, l’administrateur Julien Simon déclara que l’aumônerie, composée d’une maison avec jardin, n’avait pas plus de 27 sous de revenu annuel et que néanmoins il était obligé de loger les pauvres de la ville comme les pauvres passants et de leur fournir des vivres (Livre de déclarations. - Ibid., série B). Le bâtiment pouvait contenir de 15 à 20 personnes. Dans les procès-verbaux qui furent dressés à la requête de la Chambre royale de réformation en 1675 et 1678, il est constaté que la salle basse ne contenait ni lits, ni paillasses, ni pauvres. Charles Chrétien de la Bodinière, possesseur de l’aumônerie, se défendit, en répondant que la maison n’avait aucune dotation particulière, qu’il assistait les indigents avec le seul secours des aumônes qui lui étaient, remises. Après de longues procédures, l’ordre de Saint-Lazare fut envoyé en possession, par arrêt du 16 janvier 1679, mais pour peu de temps, car au siècle suivant le produit du jardin voisin de la chapelle figure parmi les revenus du bureau de charité qui remplaça l’aumônerie avec avantage, grâce aux nombreuses donations des habitants de Nozay [Note : Archives nationales, S 4857. — Fonds de l'Intendance de Rennes. (Archives d'Ille-et-Vilaine, C 1290. — Archives départementales, séries H et Q)].

Outre la métairie de l'Hôpital, que j’ai signalée sur le grand chemin nantais, les chevaliers de Saint-Jean possédaient en la paroisse d'Orvault un ténement situé au bourg avec jardin, rues et issues, près du moulin à eau de la Salle, nommé l'Hôpital (Aveu de 1492. – Archives départementales, B, Biens de main-morte). Il serait surprenant que ce domaine n’ait pas eu la même destination que les précédents.

L’hôpital Saint-Jean de Savenay était situé au nord-est de cette ville, à l’endroit qu’occupe aujourd’hui la ferme de l'Aumônerie, dite aussi la Monnerie, sur le bord du chemin qui conduisait au Temple. Son existence nous est révélée pour la première fois dans les débornements d’une prairie qui fut donnée, en 1450, a l’hôpital Saint-Armel par Jean de Château-Giron [Note : « Lego aliam peciam prati in quadam valle dicte parrochie de Savenayo, vulgaliter appellata la Valée-Mabile inter iter per quod itur de burgo de Savenayo ad villagium de la Gouërie et molendinum de l’ Aulmônerie spectans domino de Rex » (Titre de fondation de l’hôpital de Saint-Armel de Savenay)]. Ce passage, doublement précieux, nous indique même que la fondation en était due à la famille de Rieux ou à ses prédécesseurs, les premiers barons de la Roche. La vallée Mabille, où elle était située, renfermait jadis trois moulins à eau, dont l’un portait le nom de l’aumônerie et servait, selon toute vraisemblance, à la mouture du pain des pauvres. Sa chapelle était sous l’invocation de saint Jean ; c’est du moins une induction que je me crois autorisé à fonder sur le livre des visites de 1670, où je trouve la mention d’une chapelle Saint-Jean tombée en ruines sans indication d’emplacement (Archives du chapitre de Saint-Pierre de Nantes). Tous les sanctuaires de Savenay et de Bouée, sa trève, sont connus ainsi que leurs vocables ; celui-ci est le seul dont le souvenir se soit perdu dans le pays, et le nom même de l’aumônerie des sires de Rieux est enseveli dans un oubli non moins profond depuis des siècles. Cette égalité de fortune n’est-elle pas une preuve que la chapelle Saint-Jean et l’aumônerie des sires de Rieux ne formaient qu’un seul établissement ? La déclaration produite par le prieur d'Er et de Crossac, pour la réformation du papier terrier de 1680, me semble lever les derniers doutes. Ce religieux s’avoue possesseur de la chapelle Saint-Jean « laquelle est tombée et ruisnée où il n’y a présentement que vieille vestige de muraille, » bornée d’un côté par le grand chemin et pavé des deux bouts, d’autre côté par la maison du sénéchal Le Tuilleux. Le même titulaire ajoute qu’il jouit des offrandes, des dîmes à lever sur la gagnerie de la Monnerie et le village de la Gouërie et d’une rente de 60 sous à lui due par les chapelains de la Monnerie (Terrier de la réformation, Vol. XXIII de la sénéchaussée de Nantes).

Il existait des bénéfices sous l’invocation de saint Jean, richement dotés dans les paroisses de Belligné, de Bouin, de Casson, de Couëron, de Crossac, de Héric, d'Herbignac, de Machecoul, de Mesquer, de Montfaucon, de Montrelais, de Mouzillon, d'Oudon, du Pallet, de Riaillé, de Saint-Léger et de Trans, sur lesquels je n’ose rien affirmer. Je ne serais pas surpris que par de nouvelles recherches on parvînt un jour à relier leur origine à l’ordre des Hospitaliers, notamment à Héric, où se rencontre tout à la fois une chapelle Saint-Jean avec les villages du Temple et des Chevaliers (Estimations de 1790. – Archives départementales, série Q).

Par les documents que j’ai cités ailleurs comme par les observations constantes présentées dans les chapitres précédents, il me semble avéré que la petite ville du Croisic, malgré sa situation subalterne de fillette de l’église de Batz, sa mère au point de vue de la foi chrétienne, n’avait pas moins de deux hôpitaux au Moyen-Age. A celui de Notre-Dame-de-Pitié, dont il est fait mention dans un acte du XVème siècle, et que je place près de la chapelle du Crucifix, je suis tenté d’en ajouter un autre qui aurait été établi près de la chapelle dite de Saint-Goustan, dont l’édifice subsiste encore à l’extrémité occidentale de la presqu’île. Aucun emplacement ne petit offrir de meilleures conditions de salubrité que cette petite langue de terre dont l’atmosphère est sans cesse renouvelée par les brises ou par les rafales violentes de l'Océan. Si Piriac a renfermé plusieurs maladreries certaines, il n’est pas hasardeux de penser que le Croisic a eu deux établissements de même nature. Mes présomptions à l’égard de Saint-Goustan ne reposent pas sur de simples inductions, elles se fondent sur l’existence d’un cimetière indubitable signalé autour de la chapelle par un terrier du XVIIème siècle ; or, comme la sépulture des habitants du Croisic se faisait, suivant les règles, autour de l’église tréviale érigée au centre de la ville, on ne comprend pas pourquoi cet autre cimetière aurait été fondé, si l’on refuse d’admettre dans le voisinage une maladrerie quelconque [Note : Terrier de la sénéchaussée de Guérande, t. XIV, n°s 2411 (Archives départementales, série B). L’un des hôpitaux de la ville d'Auray était dédié à saint Goustan]. Le silence et le mystère qui enveloppent le passé des deux chapelles du Crucifix et de Saint-Goustan ne me permettent pas d’en dire davantage sur leur existence. Leur naissance, leur destination et leur déclin se cachent sous le même voile qui enveloppe l’histoire des innombrables léproseries que j’ai indiquées dans toutes les directions. N’est-ce pas une raison suffisante pour les ranger dans la classe des établissements nés avant et pendant les Croisades ?

L'Hôtel-Dieu actuel du Croisic, dédié d’abord à saint Jean, puis à saint Louis, n’a pas une origine aussi lointaine ; il s’est formé sous le règne de Louis XIII vers 1622, avec les seules libéralités des habitants du pays, en dehors des fondations que je viens de rappeler. Il est né non pas de la volonté d’un grand seigneur, d’un riche négociant ou d’un ecclésiastique généreux, mais d’une résolution prise en commun par les principaux bourgeois de la ville. L’acte constitutif de l’établissement n’existe pas et n’a jamais existé à aucune époque dans les archives pourtant très complètes de cette maison. Cette lacune insolite montre bien qu’il y a là une oeuvre collective.

Quand on questionnait le Conseil de ville sur les commencements de l'Hôtel-Dieu, il répondait toujours qu’il avait été « fondé par plusieurs particuliers » (Intendance. – Archives d'Ille-et-Vilaine, C 1290).

Il y a une telle accumulation de documents autour de l’année 1622, qu’il semble très raisonnable de la prendre pour point de départ du mouvement charitable de cette ville. Les comptes les plus anciens ne remontent pas au-delà et, de plus, les inventaires indiquent tous qu’à la date du 15 mai 1622, l’évêque accorda la permission de faire placer des troncs dans toutes les églises et chapelles de la paroisse de Batz, avec l’autorisation d’instituer un administrateur des deniers des pauvres. N’est-ce pas là un témoignage qui implique une création récente et un encouragement décerné à des hommes qui entrent dans la carrière. Il est singulier aussi, on le confessera, qu’aucune donation d’immeubles ne soit antérieure au mandement épiscopal, et qu’à partir de 1623, il ne se passe presque pas d’année sans que le revenu foncier de l’hôpital ne soit augmenté par l’abandon gratuit de deux, trois et quatre oeillets de marais salants. Cette concordance ne peut être fortuite. Elle démontre clairement, à mon avis, que les bourgeois du Croisic, par cette multiplicité d’efforts, voulaient assurer le succès de leur tentative en constituant promptement un avoir solide à l’hôpital naissant.

L'Hôtel-Dieu n’a pas changé d’emplacement ; il est à l’endroit même où fut placé le siège primitif de l’administration. La première maison qui servit de logement aux malades ne comportait pas une installation étendue, quelques pensionnaires suffisaient à la remplir.

Bien que l’acquisition des bois de lit et des paillasses soit des années 1631 et 1632, il n’est pas douteux que les chambres aient été habitées dans les années antérieures, car les comptes font mention d’aumônes remises à des pauvres demeurant à l’hôpital en 1626 (Archives de l’hôpital, GG 36). On ne sait rien des travaux exécutés pendant le XVIIème siècle, mais l’aveu rendu au roi en 1680 va nous peindre la physionomie de la maison exactement :

« L’hospital du Croisic, situé en la rue dudit hôpital consistant en une petite chapelle, une grande salle et galtas au-dessus, une salle basse, chambre et grenier au-dessus de l’allée et montée de pierres entre deux, avec son jardin au derrière et vers soleil levant de ladite chapelle, un petit logis neuf avec son jardin au derrière... le tout couvert d’ardoise... ayant de face le tout de ladite chapelle et logis sur ladite rue de l'Hôpital, 116 pieds, et de profondeur le nombre de 200 pieds » (Terrier de la Sénéchaussée de Guérande, XV, n° 1). Ce logis neuf avait été construit en 1679 pour le chapelain.

La suppression de l’hôpital général du Croisic, prononcée en 1693, et sa réunion à l'Hôtel-Dieu, auraient été une occasion avantageuse d’augmenter le nombre des lits à offrir aux malades si les bâtiments avaient été plus vastes. Il fallut ajourner tout agrandissement jusqu’en 1736. Des personnes charitables ayant, à cette époque, réuni leurs offrandes, furent assez heureuses pour constituer un capital de 1.550 livres qu’on employa de suite à l’achat d’une maison voisine de l'Hôtel-Dieu. D’autres bienfaiteurs ayant offert une somme de 800 livres pour améliorer le sort des malades, la direction se trouva assez riche pour acquérir en octobre 1769 une cour, un jardin et un appentis [Note : Il en coûta 1.120 livres. Livre des délibérations, p. 76]. Le nombre des lits fut alors porté à 16. Enfin, en 1787, les époux Yves Griffé et Marthe Benoist abandonnèrent aux pauvres une maison avec jardin attenant à l’établissement, plus la moitié d’une autre maison en ville à la charge de payer une rente de 34 livres à la fabrique du Croisic (Livre des délibérations, p. 76). Ainsi l’enclos de cet hôpital s’est formé peu à peu en dehors de toute subvention municipale, avec le seul secours des dons particuliers.

Nous ferons la même remarque si nous observons les accroissements successifs de son patrimoine ; nous verrons que l’initiative privée a pourvu, dans presque toutes les circonstances, aux besoins de la classe indigente de ce pays. C’est le 21 août 1622 que Guillaume Macé, vice-recteur du Croisic, commença à recueillir les libéralités des gens de bien de sa paroisse. A son exemple, les prêtres et les bourgeois aisés se firent quêteurs et, dans l’espace d’une année, ils parvinrent à récolter 515 livres. Les quêtes des années postérieures furent moins fructueuses : elles descendirent à 200 et à 150 livres, mais le trésorier trouva une compensation dans le produit des oeillets de marais salants qui furent donnés à partir de 1623. Dans l’espace de 60 ans, l'Hôtel-Dieu reçut donation de plus de 100 oeillets de marais, de trois maisons et de 21 livres de rentes constituées.

Le distributeur n’épuisait jamais toutes ses ressources dans le courant de son exercice ; il avait toujours un reliquat de 300 ou 400 livres à transmettre son successeur. En 1639, il y avait en caisse 418 livres au commencement de l’année ; la recette totale monta à 851 livres et la dépense ne dépassa pas 369 livres. Dans le compte de 1656, le reliquat figure pour une somme de 637 livres qui, jointe aux recettes de l’année, fournit un total de 1.117 livres, sur lequel on préleva 517 livres pour la dépense (Archives de l’hôpital, GG 36). Les marais salants affermés en 1724 sur le pied de 980 livres (Intendance de Rennes. - Archives d'Ille–et–Vilaine, C 1290), suivant un mémoire adressé à l'Intendant de la province, ne sont plus estimés que 500 livres dans une autre réponse de 1749 (Délibérations de 1749, f° 9). Dans le premier, les quêtes ne sont portées que pour mémoire, sans indication précise, dans le second, elles sont évaluées à 200 livres, auxquelles on ajoute le produit de quelques vignes, prés et terres labourables : soit en total 800 livres.

La seconde moitié du XVIIIème siècle fut une période plus prospère. Pendant les deux années 1765 et 1766, la recette monta à 13.393 livres et la dépense à 12.025 livres (Archives départementales, série H). En 1778, les revenus fonciers, joints au casuel, donnaient un total de 3.228 livres.

Le casuel se composait des quêtes, des amendes de police, des 40 livres de deniers à Dieu versés par l’adjudicataire de la ferme de l’impôt de billot, de l’octroi du papegault, des secours des Etats, qui s’élevaient ordinairement à 60 livres, et aussi des offrandes volontaires qu’apportaient les patrons de navire au retour d’un heureux voyage (Compte de 1652, f° 142 et ailleurs. - Archives de l’hôpital, GG 36). Le privilège de la vente de la viande de carême, le seul qui eût été concédé à l’hôpital du Croisic, après avoir été adjugé 22 livres en 1736, 65 livres en 1742, 84 livres en 1785, monta à 122 livres en 1789. Les démarches faites au Parlement en 1747, et à la Cour en 1768, pour obtenir le privilège des tentures funèbres, furent sans résultat. En résumé, quand l'Administration déposa son bilan devant la Nation en 1790, les recettes se décomposaient de la manière suivante :

Rentes constituées : 1.081 # 80 sols.

Papegault : 126 #.

Boucherie de carême : 60 #.

Quêtes : 150 #.

Bénéfice de la pharmacie : 100 #.

Dons et aumônes : 200 #.

Marais salants : 1.010# 21 sols.

3 arpents de vigne : 96 #.

Locations de maisons (Liasse des biens remplacés. – Archives départementales, série X) : 139 #.

Total : 2.963 # 1 sol.

En l’an VI, les 880 livres de rentes constituées que l’hôpital du Croisic possédait sur le clergé et sur les tailles royales, n’avaient pas encore été remboursées et le décret de 1807 ne lui accorda pas la moindre compensation pour les pertes que la Révolution lui avait infligées.

Cet hôpital n’a jamais été régi par plus d’un directeur à la fois. Il prenait le nom de Père des Pauvres, suivant l’usage, et rendait ses comptes, chaque année, dans le principe. Plus tard, la durée de ses pouvoirs fut fixée à deux années. Un bureau, composé du recteur, du maire et de trois notables, était chargé de régler avec lui les affaires importantes. Il est curieux d’étudier dans l’emploi des fonds portés sur les registres, à quels devoirs ce personnage était astreint par ses fonctions. En 1635, par exemple, on voit que l’administrateur en charge reçut 82 livres d’aumônes destinées au paiement de la rançon d’un marin pris par les Turcs. Ce mandataire des gens de bien pratiquait largement l’assistance à domicile. Il avait la mission de distribuer des secours tout à la fois aux orphelins, aux passants, aux marins en détresse, aux malades reçus dans les chambres de l'Hôtel-Dieu, aux blessés retenus chez eux et aux familles nécessiteuses qui avaient honte de leur dénuement. En 1784, neuf pauvres honteux recevaient chacun 18 livres par mois. Après la suppression de l’hôpital général, on lui imposa l’obligation de recevoir quelques vieillards.

A toutes les époques, les soldats et les marins blessés ou malades furent accueillis. On n’hésitait même pas à renvoyer les pauvres du pays, quand un régiment arrivait avec un grand nombre de malades. En 1769 et en 1778, tous les lits furent livrés aux troupes du roi. La ville du Croisic voulait sans doute montrer, par cet empressement, que son hôpital n’était pas indigne des lettres patentes qui lui avaient été octroyées par Louis XV en 1768.

Au début de l’établissement, le gouvernement intérieur fut remis à un serviteur à gages et à sa femme. Plus tard, on trouva des filles désintéressées, telles que la soeur Dreseuc, qui consentirent pendant de longues années à remplir les fonctions d’économe avec l’assistance d’une servante. Olive Bataille se présenta en 1742 avec tous ses biens meubles et immeubles qu’elle offrit de laisser à l'Hôtel-Dieu, si on voulait lui confier le poste de gouvernante (Livre des délibérations de 1742). Elle fut acceptée. Les soeurs de la Sagesse, qui lui succédèrent au nombre de trois, furent installées le 2 juillet 1766, avec l’agrément du gouverneur de la province et de l’évêque du diocèse. Il fut stipulé avec le supérieur de la congrégation, dans un traité signé le 21 mai 1766, que chaque soeur recevrait 70 livres par an, outre la nourriture, l’ameublement et le logement et que l’une des trois saurait assez de pharmacie pour être en état de remplacer le chirurgien (Livre des délibérations de 1742). Les administrateurs furent si satisfaits de leurs services qu’ils refusèrent de les astreindre au serment, quand vint le moment d’appliquer la constitution civile du clergé. Loin de prêter l’oreille aux déclamations du club qui avait dénoncé les soeurs au district de Guérande, ils répondirent le 19 août 1791 qu’elles n’appartenaient pas à la classe des fonctionnaires assujettis au serment, qu’elles seules connaissaient le service de la pharmacie, au Croisic, qu’elles étaient indispensables au soulagement des malades et qu’au surplus leur zèle, leur exactitude et leur économie méritaient les plus grands éloges [Note : Délibérations de l’hôpital, 1791, f° 40, et délibérations de la ville du 9 juin 1792. (Archives municipales du Croisic)]. Elles furent expulsées en juin 1792, sous prétexte qu’elles appelaient des prêtres réfractaires pour confesser les malades.

 

BIENFAITEURS DE L'HOTEL-DIEU DU CROISIC.

1623 Jean de Sarigain, chirurgien et Jeanne Le Naizet : 2 oeillets de marais.

1624 Guillemette Anthoine : 2 oeillets.

1627 Geneviève Trimault : 5 oeillets.

1628 Jean Le Mauguen : 45 livres et 2 oeillets.

1628 Guillaume Bellinger : 5 oeillets.

1631 Jeanne David, veuve Le Mauguen : 100 livres et 2 oeillets.

1631 Marc Garenne de Cardinal : 300 livres et 8 oeillets.

1632 Jean Le Pourceau : 9 oeillets de marais.

1632 Anne Hougar : 2 pièces de terre.

1633 M. Laharpe : 782 livres.

1637 Jean 0llivero et Olive Blais : une maison avec jardin et 5 oeillets.

1642 Marguerite Le Bihan : 46 livres.

1642 Jeanne d'Isson : 100 livres.

1643 Catherine Le Mauguen : 45 livres.

1646 Jean Boisot : 100 livres.

1646 Michelle Allaire : 36 livres.

1647 Jeanne Eslan : 60 livres.

1647 Marthe Yviquel, veuve Legruyer : 7 oeillets.

1652 Catherine Fouquer de Saint-Gourlay : 13 oeillets.

1653 M. du Quelnec : 60 livres.

1654 Jeanne Carahais : une maison.

1654 Jacquette David, veuve Allaire : 80 livres.

1654 Pierre Huguelin et son épouse : 4 oeillets.

1656 Jean Le Mauguen du Lot : 30 livres.

1657 Catherine Boizot : 1 oeillet.

1659 Michel Yviquel du Parc : 108 sous de rente.

1661 Julien Madec de la Ville-au-Blay : 9 oeillets.

1661 Olive Garenne, veuve Leroy de Kersalio : 5 oeillets.

1662 Marguerite Dominé : 2 oeillets.

1664 Guillaume Brenic : rente de 3 livres 15 sous.

1664 Renée Mollé : rente de 7 livres 10 sous.

1665 Jeanne Hanneton, veuve P. Richard : une maison.

1667 Aliette Le Mauguen de Castouillet : 6 oeillets.

1667 Marie Fouquer du Couhourdez : 10 oeillets.

1675 Marie Moreau : rente de 12 livres.

1679 Pierre Legruyer du Couhourdez : 400 livres et 7 oeillets.

1686 Pierre Henry, clerc tonsuré : une maison avec jardin et quelques terres labourables.

1687 Julien Madec de la Ville-au-Blay : 300 livres.

1701 Marie Julienne et Olive Robert : rente de 6 livres.

1709 Jeanne Toussaint : don de meubles.

1719 Renée Le Corre : 64 sillons et 2 journées de terre.

1727 Jean Yviquel, Renée Gontier et Renée Yviquel, 16 oeillets, une maison et une moitié de maison, rue Saint-Yves, un pré de 19 sillons et une rente de 6 livres, à la charge de payer leurs dettes, de les nourrir et entretenir durant leur vie et de faire célébrer un service funèbre.

1732 Marie Lehuedé, veuve Pichon : 45 livres.

1741 M. de Combles : 1.500 livres.

1759 J.-B. Coquard de Coespéan, négociant à la Martinique : 20.000 livres.

1778 Olive Bataille : rente de 80 livres.

1785 L’abbé Guillaume Chevalier : 600 livres.

1787 M. et Mme Gouffé : une maison avec jardin.

 

AUMONERIE DE NOZAY.

Ensuict la déclaration des terres, héritaiges et rentes que Mre Jullien Symon, administrateur de l’aulmosnerie de Nozay baille suivant les lettres du roy nostre sire à vous noble homme Mre Charles Lefrère, conseiller du roy et séneschal de Nantes à ce depputé. Et premier :

Déclaire que, à ladite aulmosnerie, y a une maison avecq sa court et jardrin au derrière, sise en la ville dudit Nozay, contenant le tout quart de journal de terre ou environ que pourroyt valloir de revenu annuel quinze solz.

Item est deu à ladicte aulmosnerie, douze solz six deniers de rente que doibt Jehan Ferault, sur ses héritaiges, à la charge à l’administrateur d’icelle aulmosnerie de louger les paouvres de ladicte parroisse et aultres paouvres passans audit Nozay et leur administrer vivres.

Quelle déclaration ledit Symon a dict et affermé par devant nous notaires soubzsignez contenir vérité et nous en a requis le présent acte consenty à Nantes le premier jour de décembre l’an 1554. Ainsi signé Symon administrateur (Livre des déclarations de bénéfices, f° 82. - Archives départementales, série B).

 

LETTRES CONFIRMATIVES DE L’ÉTABLISSEMENT DE L'HOTEL-DIEU DE GUÉRANDE.

LOUIS, par la grâce de Dieu, roy de France et de Navarre, à tous présents et à venir salut.

Les administrateurs de l'Hôtel-Dieu de Guérande, diocèse de Nantes, nous ont fait représenter que cet Hôtel-Dieu est établi depuis plusieurs siècles et, existait avant l’union de la province de Bretagne à la couronne, comme on le voit, par les actes qui sont dans ses archives ; qu’il est composé de 14 lits, 7 pour les hommes et 7 pour les femmes, nombre qui est ordinairement suffisant pour les malades de la ville et de la paroisse, qu’en temps de guerre, ce nombre est augmenté en faveur des soldats de la marine qui sont reçus et traités avec tout le soin possible ; que les revenus certains en rentes et héritages se montent à 2.473 livres et les casuels à 330 livres, ce qui fait annuellement la somme de 2.803 livres, mais que, comme dans cette dépense ordinaire les réparations des bâtiments ne sont pas comprises, on peut dire que la dépense et la recette sont parfaitement égales ; que tout ce qui manque à cet établissement, dont l’utilité est sensible, est d’être autorisé et confirmé par nos lettres patentes ; que lesdits administrateurs nous ont très humblement fait supplier de vouloir bien accorder en faveur de cette ancienne maison, avec le titre d'Hôtel-Dieu royal, la jouissance des prérogatives attachées à ce titre ;

A ces causes et autres considérations à ce nous mouvans, de l’avis de notre Conseil, pleine puissance et autorité royale, nous avons approuvé, autorisé et confirmé, et par ces présentes, signées de notre main, approuvons, autorisons et confirmons l’établissement dudit Hôtel-Dieu, dans la ville de Guérande, sous le titre d'Hôtel-Dieu roial, voulons qu’il jouisse des privilèges, prérogatives, exemptions, franchises et immunités attachées à ce titre et puisse accepter et recevoir tous dons, legs, aumônes et libéralités, pourvu qu’elles soient de la nature de celles qu’il est permis aux gens de mainmorte de posséder, suivant et relativement à notre édit du mois d’août 1749. Confirmons en tant que besoin les dons, gratifications, legs, donations et autres dispositions qui ont été faites, jusqu’à présent, audit Hôtel-Dieu. Si donnons en mandement à nos amez et féaux conseillers les gens tenantz notre Cour de Parlement à Rennes et à tous autres nos officiers qu’il appartiendra que ces présentes ils ayent à faire enregistrer, etc.

Donné à Versailles, au mois de mars, l’an de grâce 1752 et de notre règne le XXXVIIème, signé Louis, et sur le repli par le roy Phelypeaux (Livre d’office de la sénéchaussée de Guérande, 1751-1757, f° 30. – Archives départementales, série B).

 

LETTRES-PATENTES CONFIRMANT L'ÉTABLISSEMENT DE L'HOTEL-DIEU DU CROISIC.

LOUIS, par la grâce de Dieu, roy de France et de Navarre, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut.

Nos chers et bien amés les administrateurs de l’hôpital de la Charité de la ville du Croisik, nous ont fait représenter que l’établissement de cette maison est dû au zèle des habitants de ladite ville pour le bien de notre service et le soulagement des malades ; que les bâtiments de cet hôpital et les revenus dont il jouit à présent, le mettent déjà en état de remplir l’objet de la fondation ; qu’il y a 45 lits destinés à nos soldats, matelots et autres malades qui sont envoyés dans cette maison et qu’ils sont secourus par trois soeurs de la charité qui y ont été placées pour la desserte dudit hôpital, que pour assurer la durée dud. établissement et le mettre à portée d’être encore plus utile que par le passé, ils auroient reconnu la nécessité de se pourvoir vers nous, à l’effet d’obtenir nos lettres-patentes confirmatives aud. hôpital, sur quoy ils nous auroient très humblement fait supplier de vouloir bien leur accorder cette marque de notre protection.

A ces causes et après nous être fait rendre compte plus particulièrement des avantages qui résulteront de cette fondation dans ladite ville du Croisic, de l’avis de notre conseil et de notre certaine science, pleine puissance et autorité royale, nous avons approuvé et confirmé, approuvons et confirmons par ces présentes signées de notre main, les fondations dud. Hôpital, en la ville de Croisik ; voulons qu’il jouisse de tous les droits, privilèges, franchises et indemnités dont jouissent les autres hôpitaux de notre royaume et qu’il continue d’être régi et administré comme par le passé. Si donnons en mandement, etc.

Donné à Fontainebleau, au mois d’octobre 1768, signé Louis, par le roy Phelypeaux (Archives de l'Hôtel-Dieu) (L. Maître).

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